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  • il y a 9 minutes
Chaque week-end, Emilie Broussouloux vous accompagne de 22h à 00h dans BFM Grand Soir.

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00:00On va maintenant évoquer un tout autre sujet, le sujet de la prison avec ce baron de la drogue qui fait partie des 100 détenus les plus dangereux de France.
00:09Et pour en parler, nous serons avec Henri Guénaud dans un tout petit instant pour vous expliquer ce qui se passe.
00:16Demain, ce monsieur sortira de prison, le temps d'une journée pour un entretien d'embauche sans escorte.
00:21Cette autorisation, elle divise. Pour certains, elle scandalise. Le directeur de la prison y était opposé.
00:27On va se poser la question, pourquoi une telle décision avec vous, notamment Henri Guénaud ?
00:32Merci d'être avec nous. Bonsoir. Ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy à l'Elysée.
00:38Je voudrais d'abord vous faire écouter Xavier Bertrand, qui était l'invité de Marc Fauvel tout à l'heure.
00:44Ce détenu va être accompagné soit d'un membre de sa famille, soit de son avocat et puis aussi d'un conseiller de probation.
00:50Ça ne suffit pas, vu la raison pour laquelle il est interné. Il n'est pas question de l'essai sans surveillance.
00:56Il ne peut pas être accompagné par des policiers. La loi ne le permet pas.
01:00Mais à tout le moins, il est impératif qu'il soit surveillé du début jusqu'à la fin sur l'ensemble de la journée.
01:08Henri Guénaud, est-ce qu'il est dans son rôle, Xavier Bertrand, quand il remet en cause finalement une décision de justice ?
01:15Franchement, je ne veux pas faire la critique de...
01:20Vous, qu'est-ce que ça vous a évoqué quand vous avez...
01:21Des uns ou des autres, mais j'avais cru comprendre que sa position en général était, je ne critique jamais une décision de justice.
01:29Voilà.
01:29On en voit le résultat.
01:31Non, moi je pense qu'on peut commenter une décision de justice.
01:33Et même la critiquer, ça me paraît être la contrepartie minimale de l'indépendance de la justice.
01:41Après, on ne peut pas s'étonner.
01:43C'est la loi.
01:45La loi permet au juge d'application des peines.
01:48Et si j'ai bien compris, la Cour d'appel a validé sa décision.
01:53Voilà, il faut changer la loi.
01:58Vous êtes d'accord avec Gérald Darmanin qui dit qu'il faut changer ça ?
02:01C'est vrai que c'est absolument insupportable.
02:03Oui, mais on ne peut pas changer la loi simplement par petits morceaux.
02:06Comme ça, chaque fois qu'on constate quelque chose qu'on connaissait parfaitement, car ce n'est pas nouveau.
02:10C'est-à-dire, le juge d'application des peines, la manière dont on applique les peines, dont on les aménage,
02:18ou les autorisations de sortie, ça n'a pas commencé avec ce cas-là.
02:21Il se trouve que là, ça prend une dimension médiatique, très politique, très forte.
02:25On est en pleine prise de conscience que le narcotrafic est en train de déboucher sur la constitution de mafia
02:33qui nous condamne à la mexicanisation de la société française.
02:37Donc, évidemment, ça choque.
02:38Mais des cas de ce genre, il y en a eu beaucoup.
02:42Vous, personnellement, ça vous choque, ce monsieur qui est considéré comme l'un des 100 détenus les plus dangereux de France,
02:48baron de la drogue, qui a cette permission de sortir sans surveillant pénitentiaire,
02:53qui s'était déjà échappé il y a 11 ans.
02:57Vous, vous vous dites quoi ? Qu'on marche sur la tête aujourd'hui ?
03:00Oui, on marche sur la tête.
03:01Mais ça fait longtemps qu'on marche sur la tête.
03:03Simplement, là, ça se voit, enfin, on lui donne une visibilité très grande.
03:06Mais voilà, on marche sur la tête, on ne veut pas en tirer les conséquences.
03:11Et chaque fois qu'il se passe quelque chose qui ne paraît insupportable, mais qui existe depuis des décennies,
03:16on se dit, il faut faire une loi, mais à un moment donné, il faut peut-être tout remettre sur la table.
03:21Réviser notre code pénal, réviser la code de procédure pénale, redonner des moyens à la police
03:28pour combattre cette nouvelle forme de crime organisé qui prend des proportions terribles.
03:33On est en train de se demander si, au fond, celui qui a commandité le crime,
03:42l'assassinat du frère du militant anti-narco,
03:47qui est au fond, ça n'est pas l'un des responsables de la délai de mafia,
03:53qui est au fond d'un cachot dans la prison la plus sécurisée de France.
03:57Donc, à partir de laquelle il aurait été organisé dans sa prison.
04:02Bon, tout ça, oui, fait qu'on ne peut que se dire qu'on marche sur la tête.
04:07Mais, encore une fois, ça dure depuis très longtemps.
04:09Arrêtons de faire semblant de nous étonner d'un cas de ce genre.
04:13Et arrêtons de dire tous les jours que la justice est indépendante, qu'on ne peut pas la critiquer,
04:18et que c'est comme ça et pas autrement.
04:19Et puis, chaque fois que quelque chose devient insupportable,
04:22on vient à la télévision, on dit, quand même, c'est scandaleux, ça ne doit pas arriver.
04:26Mais, s'il ne veut pas que ça arrive...
04:27Donc, il ne faut plus en parler ? Ça veut dire qu'il faut arrêter de s'étonner de certaines décisions ?
04:30Non, ça veut dire qu'il va y avoir des élections présidentielles.
04:33Ça veut dire que la réforme de la justice,
04:36la réforme des moyens aussi de la police, du renseignement intérieur et extérieur,
04:41pour lutter contre les nouvelles formes de criminalité,
04:45les nouvelles formes de violence,
04:47doit être un des sujets majeurs de la prochaine campagne.
04:51Voilà, vous ne pourrez pas lutter contre le narcotrafic
04:56et sa mutation en mafia extrêmement dangereuse
05:02si vous ne changez pas le code pénal.
05:04Vous ne pourrez pas lutter contre la montée de la violence physique
05:09si vous ne changez pas le code pénal, le code procédure pénale.
05:14Voilà, d'un côté, vous mettez les élus en prison pour un oui ou pour un non,
05:17et de l'autre côté, les voyous dehors,
05:22les criminels de haute volée,
05:27on leur donne la permission d'aller se promener tout seul.
05:29Alors, il sort pour un entretien d'embauche.
05:32Il faut bien le rappeler de la histoire pour aller se balader.
05:34Il doit être en prison jusqu'en 2029, je crois.
05:36Alors, on nous dit que ça fait partie de la réinsertion des détenus.
05:39Mais non, la prison, c'est très bien.
05:42Il peut y avoir un but de réinsertion,
05:44mais le premier but, c'est la punition.
05:46Le premier but, c'est la sanction de la prison.
05:49Voilà, et donc, il est normalement en prison jusqu'en 2029.
05:53On est en 2025, et on le laisse sortir
05:56pour aller passer un entretien d'embauche.
05:59Ça veut dire quoi ?
05:59Que le juge d'application des peines a l'intention de le libérer demain matin ?
06:03Enfin, je veux dire, il y a quand même quelque chose
06:05qui ne va pas dans cette histoire.
06:08C'est comme le terroriste à qui on fournit un ordinateur,
06:10et puis après on se demande s'il n'a pas eu une clé.
06:12Et bon, on me dit, mais oui, mais il faut bien qu'il lise, qu'il travaille.
06:15On n'a qu'à lui donner des livres, ce n'est pas compliqué.
06:17Plutôt que de lui donner un ordinateur.
06:19Tout ça est fou.
06:20Tout ça est fou, insupportable,
06:22et nous met dans une position de faiblesse terrible
06:24par rapport et à la violence, et à la criminalité,
06:27et au crime organisé.
06:29Antoine Ombardor, vous gesticulez depuis tout à l'heure.
06:31Qu'est-ce que vous pouvez dire ?
06:32Vous trouvez ?
06:33Non, écoutez, simplement,
06:34dès lors qu'on émet une critique,
06:37ou à minima une réserve sur cette décision
06:40qui a donc été prise et validée par la Cour d'appel de Douai
06:43et la juge d'application des peines,
06:45on se voit accusé de porter atteinte au droit
06:47à la réinsertion de ce détenu.
06:48Il n'en est pas question.
06:49Il n'est pas question de cela.
06:51Aujourd'hui, on fait des visios,
06:54mais vous êtes bien placé pour le savoir,
06:56à tort et à travers,
06:57à peu près dans tout le monde de l'entreprise.
06:59Vous pouvez toucher tout à tort et à travers ?
07:01Non, vous certainement pas.
07:02Vous certainement pas.
07:03Mais les visioconférences,
07:05on en fait, je veux dire,
07:06des entretiens d'embauche en visioconférence,
07:08on en fait absolument partout.
07:10Quel était l'obstacle qu'il y avait
07:12à ce que ce détenu, pour honorer son droit,
07:14sa possibilité de se réinsérer,
07:16fasse, prenne attache avec ce futur employeur hypothétique
07:19depuis la prison de Vendant-le-Vieille ?
07:22Absolument aucun.
07:23Quant, effectivement, à la coïncidence des événements,
07:26on a beau tenir ferme et tenir bon
07:28sur le fait de distinguer les cas,
07:30parce qu'il y a un principe d'individuation des peines
07:33et d'application des peines donc,
07:35mais le fait que ce soir,
07:37effectivement, il y ait le profil
07:38de Mamine Escobar,
07:41qui est lui détenu à la prison
07:43de Condé-sur-Sarthe, dans l'Orne,
07:45qui soit soupçonné d'avoir commandité
07:48depuis sa cellule de prison
07:49l'assassinat de Mehdi Kessassi,
07:51frère d'Amine Kessassi,
07:53le militant tué à Marseille,
07:55le profil qu'évoquait Henri Guénaud,
07:57eh bien, si vous voulez,
07:58cette conjonction de circonstances
08:00fait que les Français ne s'y retrouvent pas,
08:02les Français ne peuvent évidemment pas comprendre,
08:04et ce n'est pas fouler la justice au pied
08:07que de dire ça.
08:08Il y a sans doute des évolutions législatives
08:10à prendre.
08:11En revanche, et j'en finis par là,
08:12tout ceci engage la crédibilité
08:14du garde des Sceaux, de Gérald Darmanin,
08:15parce que le détenu en question
08:17qui est soupçonné dans l'affaire Kessassi,
08:21donc Mamine Escobar,
08:23gros baron de la drogue,
08:24on parle de l'une des têtes de réseau
08:26de la DZ Mafia,
08:27eh bien, ce profil-là
08:29a été transféré le 18 novembre
08:30à la prison de Condé-sur-Sarthe.
08:32Donc, ces prisons de haute sécurité,
08:34il faut qu'elles le soient vraiment.
08:36Il ne faut pas que ce soit les passoires
08:37dans lesquelles il est possible
08:38de balancer des portables
08:40coincés entre deux éponges
08:42par-dessus les murs d'institut d'une prison.
08:44Non, non, ce qu'il dit est tout à fait vrai.
08:50Ça n'est pas admissible,
08:52ça n'est pas supportable,
08:54ça n'est pas compréhensible.
08:56Et en fait, on fait preuve là
08:58d'une faiblesse insigne.
09:02Il y a deux choses
09:03sur lesquelles il va falloir réfléchir.
09:05ce que signifie le mot
09:06« justice indépendante ».
09:07Vous n'y croyez plus depuis longtemps ?
09:11Non, moi, je crois que la justice
09:12doit être indépendante
09:13jusqu'à un certain point.
09:14Il n'y a aucun principe absolu.
09:16La souveraineté, c'est un absolu.
09:18L'indépendance, ça n'est jamais un absolu.
09:20Voilà, c'est relatif.
09:22Et d'ailleurs, toutes nos libertés
09:23ne sont pas absolues.
09:24La liberté d'expression,
09:25elle n'est pas absolue.
09:26La liberté d'aller et de venir,
09:27elle n'est pas absolue.
09:28Il y a toujours...
09:29C'est jusqu'à un certain point.
09:30Il va falloir s'interroger
09:31sur le « jusqu'à un certain point ».
09:35Jusqu'où va-t-on ?
09:36C'est-à-dire, est-ce que le juge peut...
09:38Là, l'administration pénitentiaire
09:40était contre,
09:41le parquet était contre
09:42pour le monsieur
09:43qui est allé faire sa petite...
09:44Enfin, qui va aller faire
09:45sa petite promenade.
09:46Bon, donc, il y a quand même
09:47des raisons.
09:48C'est un entretien d'embauche,
09:49Henri Guéno.
09:50Mais non, mais ce n'est pas possible.
09:52Ça ne peut pas marcher.
09:53Donc, il y a ça.
09:53Et puis, deuxièmement,
09:54il va falloir s'interroger
09:55sur ce que veut dire
09:55le droit à la réinsertion.
09:57Là aussi, ça doit être limité.
10:00Encore une fois,
10:01ça ne doit pas venir
10:02contrarier la punition,
10:07surtout pour des gens
10:08qui ont commandité des meurtres.
10:12Ce sont ces gens-là
10:14qui utilisent des enfants,
10:15des mineurs
10:16comme tueurs à gage.
10:18Je veux dire,
10:18on va continuer
10:20à expliquer
10:21que ces gens
10:22ont absolument tous les droits.
10:24Non, ça n'est pas possible.
10:27Ils ont une condamnation.
10:29Quand on veut
10:30une condamnation jusqu'en 2029,
10:32il me semble que
10:32pour ce genre de cas,
10:34il faut des raisons
10:35extrêmement fortes
10:36pour le laisser sortir plus tôt.
10:39C'est pas assez.
10:39Donc, il faut rejoindre
10:40aussi ce que dit
10:41le ministre de la Justice.
10:42Il faut qu'il aille se promener
10:42dans la rue.
10:43Voilà.
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