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00:00Générique
00:00Bonjour, l'essence est de retour mais au compte-gouttes à Bamako,
00:11après bientôt deux mois de blocus imposés par les djihadistes du Jnim.
00:16Ce groupe, affilié à Al-Qaïda, a surpris en montrant sa capacité à couper les voies d'approvisionnement
00:20qui mènent à la capitale malienne et afficher ainsi les limites de l'agente au pouvoir,
00:25elle qui s'était donnée pour objectif de reconquérir l'ensemble du territoire malien
00:29en s'appuyant au passage sur son allié russe.
00:33Est-ce la fin d'une illusion, un point de bascule vers l'instauration d'un régime islamiste ?
00:38Vous nous donnerez votre point de vue de spécialiste, Sedi Kabar, journaliste, écrivain et universitaire.
00:44Vous présidez le Centre international de réflexion et d'études sur le Sahel
00:47et vous êtes l'auteur entre autres de Mali-Sahel, notre Afghanistan à nous, paru chez Impact Edition.
00:55Bamako a donc vu cette semaine arriver l'une des rares livraisons de carburant en deux mois,
00:59de quoi réapprovisionner une partie seulement des automobilistes et pour combien de temps ?
01:04Reportage de Nicolas Bertrand et Fabien Fougère pour France 2.
01:10Sous bonne escorte de l'armée malienne, ces camions de carburant entrent dans Bamako.
01:15Les militaires sont tendus, ils ont sécurisé le convoi sur des centaines de kilomètres depuis la côte d'Ivoire
01:23et cette fois ils sont passés.
01:27Bamako en avait bien besoin.
01:29Sur les 700 stations essence de la ville, 600 sont aujourd'hui encore à sec.
01:33Car ces derniers mois, de nombreux camions de ravitaillement avaient été pris pour cible
01:37et détruits par des djihadistes avant d'arriver en ville.
01:41Dans les stations qui ont été ravitaillées, c'est la cause.
01:48Faites la queue, si vous faites comme ça, personne ne va avoir de carburant.
01:51J'ai eu toutes les difficultés du monde.
01:55J'ai dû pousser ma moto sur environ 9 kilomètres sans jamais avoir de carburant.
02:00Une situation qui complique la vie de centaines de milliers d'habitants
02:03qui ne peuvent plus aller travailler.
02:06Parmi eux, les chauffeurs de taxi de la capitale.
02:10Celui-ci souhaite rester anonyme.
02:13Tu quittes la maison pour aller travailler, puis tu rentres chez toi les mains vides.
02:17Ce n'est pas facile.
02:18On n'arrive plus à trouver de quoi préparer le repas pour la famille.
02:21Vraiment, nous souffrons.
02:23C'est toute l'économie qui est durement touchée.
02:25Toute la vie dans la capitale.
02:28Jusque sur les petits marchés où les prix ont parfois grimpé de 40%.
02:31Ça, c'est 250, ça, c'est 300.
02:35C'est cher.
02:36Pourquoi c'est si cher ?
02:38C'est à cause des problèmes d'essence.
02:39Tout a augmenté.
02:42Bamako est étranglé par cette crise avant tout économique.
02:45Mais au niveau sécuritaire, proprement dit,
02:48il n'y a pas de problème dans le centre-ville.
02:50Les attaques se concentrent sur les grands axes qui mènent à la capitale.
02:55Il est devenu extrêmement dangereux de sortir de Bamako.
03:00La France vient de rappeler une partie de son personnel diplomatique non essentiel à Bamako,
03:05après déjà avoir appelé ses expatriés français, près de 4000, à rentrer en France.
03:12Après déjà, les États-Unis et le Royaume-Uni.
03:15On en est là.
03:15Bamako est assiégé aujourd'hui.
03:17Je crois qu'il faut lire ces différents rappels et ces différentes mesures prises par les pays occidentaux
03:23comme un principe de précaution.
03:26Aujourd'hui, les chiffres que nous avons sur les 19 rejoints que compte le Mali,
03:33plus le directeur de Bamako qui a le statut de rejoint,
03:36il n'y a pas une région qui est entièrement contrôlée par les groupes djihadistes.
03:40Donc, la situation n'est pas alarmante au point d'évacuer les ressortissants.
03:46Mais elle reste préoccupante, la situation sécuritaire.
03:49Moi, je conçois la mesure prise par les différentes chancelleries occidentales
03:55comme une mesure de précaution plutôt qu'un indicateur de la dégradation de la situation sécuritaire à Bamako.
04:01Pourquoi les djihadistes d'Ujnim se sont-ils alors lancés dans ce blocus de la capitale
04:07dans le but de conquérir ou plus simplement de montrer leur capacité de nuisance à Bamako,
04:13de saper peut-être la confiance des Maliens en l'armée, c'est ça ?
04:16Vous faites bien de soulever cette évolution de la stratégie d'Ujnim.
04:20Jusqu'à cette décision de bloquer les deux corridors Dakar-Bamako et Abidjan-Bamako,
04:26la stratégie était plus d'attaquer les emprises militaires, d'attaquer les symboles de l'État.
04:34Mais là, il y a un basculement vers une stratégie d'étouffement économique du pays
04:39dans l'espoir sans doute d'accroître l'impopularité du pouvoir
04:44et peut-être même de créer les conditions d'un effondrement à l'intérieur du pouvoir.
04:49Mais il ne s'agit pas à ce stade d'une volonté de venir prendre le pouvoir et de l'exercer
04:55parce que tous les défis n'est pas de prendre simplement le pouvoir,
04:58c'est aussi de pouvoir l'exercer dans une ville comme Bamako
05:01qui est immense de 3,5 millions d'habitants
05:04et qui a une étendue territoriale de moins de 250 km².
05:11Ce n'est pas évident que l'Ujnim, dans sa situation actuelle,
05:14soit dans la capacité d'avoir les ressources humaines qu'il faut pour administrer une ville comme Bamako.
05:18Comment se traduit cette présence djihadiste aux abords de la capitale malienne, Serge Daniel ?
05:24Les djihadistes affiliés à Al-Qaïda annoncent la seconde phase de leur blocus dans le sud du Mali.
05:31Jusque-là, les camions citernes en provenance de la Côte d'Ivoire ou du Sénégal
05:34étaient arrêtées et brûlées par ces mêmes djihadistes,
05:38mais désormais, préviatines, les chauffeurs de ces camions citernes
05:41seront considérés comme des cibles militaires et traitées comme telles.
05:47Les djihadistes se frottent les mains après la première phase du blocus
05:52qu'ils ont imposée au sud du Mali.
05:54Ils estiment que la charia est désormais appliquée sur des tronçons qu'ils contrôlent,
06:00notamment dans des bus de transport en commun,
06:02où on voit effectivement les femmes séparées des hommes et les femmes voilées.
06:07Le porte-parole des djihadistes dans un communiqué officiel diffusé sur les réseaux sociaux
06:12va plus loin en affirmant qu'à Bamako, la capitale malienne,
06:17désormais, il faut éviter les lieux de dépravation.
06:21Par lieu de dépravation, il faut entendre les bars, les restaurants,
06:24où on vend notamment de l'alcool.
06:27Sedi Kabba, le Gini, mais en français,
06:28groupe de soutien à l'islam et aux musulmans,
06:31dispose de quel soutien au sein de la population malienne ?
06:33Non, en réalité, il n'y a pas un soutien populaire,
06:36il n'y a pas d'adhésion, une adhésion spontanée
06:38aux valeurs qui sont prônées par le Gini,
06:41parce que le Mali est un pays multiconfessionnel.
06:44S'il y a 90% des musulmans,
06:47il y a une partie du Mali, le Dogon, le pays Dogon, le Bandiagara,
06:51où il n'y a pas que de musulmans.
06:53Donc le principe d'apporter un soutien spontané et massif
06:56à des pratiques comme la charia n'est pas encore à l'heure du jour.
07:00Et les gens restent traumatisés par la gouvernance
07:03qui a été celle des groupes terroristes
07:05pendant la période de 2000 à 2012 dans le nord du Mali,
07:09avant que ces régions ne soient libérées par l'opération Serval.
07:14Donc pendant cette période, la musique était interdite,
07:16il y avait de lapidation des femmes, etc.
07:19Et ce traumatisme fait qu'aujourd'hui,
07:21il n'y a pas d'adhésion à un principe d'un gouverneurat islamique
07:25avec l'application de la charia.
07:26Les Maliens sont plus, à mon avis, partisans d'un Mali laïque
07:31avec un multi-confessionnel qu'un Mali
07:34où le groupe djihadiste instaurerait la charia.
07:37On en parle depuis un moment, mais d'où vient le JNIM
07:40et jusqu'où s'étend-il aujourd'hui ?
07:42Jusqu'où est-il sa présence au Sahel, Maïa, Naïsia Taghen ?
07:46Alors le JNIM se présente comme la branche officielle d'Al-Qaïda au Mali.
07:51Derrière cet acronyme, le groupe de soutien à l'islam et aux musulmans,
07:55une coalition qui est dirigée par un Touareg
07:58et qui unit sous la même bannière plusieurs groupes avec des motivations différentes
08:02car le JNIM est né en 2017 de la fusion de plusieurs groupes djihadistes.
08:07Vous les voyez ici, dont Hakmi Al-Qaïda au Maghreb islamique.
08:12Leur présence au JNIM est partie du nord du pays.
08:15Vous le voyez ici, dans cette zone de Kidal.
08:18Et ensuite, elle s'est étendue vers le sud pour devenir, selon l'ONU,
08:22le groupe djihadiste le plus puissant de la région.
08:25Il y commet de nombreuses attaques meurtrières.
08:28Vous le voyez au Mali, au Burkina Faso ou encore au Niger.
08:32Parmi leurs revendications, il y a la mise en place d'un État islamique
08:36gouverné par la Sharia, la loi islamique.
08:38Et cela passe par éliminer les influences étrangères.
08:41Hier la France, aujourd'hui plutôt la Russie.
08:44Peu à peu, le JNIM a évolué d'un mouvement insurrectionnel
08:48vers un mouvement qui est beaucoup plus politique,
08:50mais qui continue pour essayer d'installer cet État islamique
08:55qui continue à faire des attaques violentes.
08:57Depuis quelques mois, le JNIM accentue ses actions.
09:00Vous les voyez dans les petits points jaunes sur cette carte.
09:03Il multiplie les attaques.
09:05Rien que cette année, c'est plus de 2100 morts.
09:08Depuis le début de 2025, c'est un chiffre sans précédent.
09:11Cédic Abba, le JNIM est aujourd'hui une force de déstabilisation
09:15pour l'ensemble des États du Sahel qui prospèrent dans cette région
09:19dite des trois frontières.
09:21Absolument.
09:21Comme il a été si bien rappelé, le JNIM est une fêtière en fait des mouvements.
09:25C'est une fédération de plusieurs mouvements importants qui ont été évoqués.
09:30Et le JNIM aujourd'hui a acquis une capacité opérationnelle,
09:34une capacité logistique du fait des attaques qu'il a pu opérer
09:40sur les armées et les armes qu'il a récupérées,
09:43mais aussi des sommes importantes qui ont été versées sous forme de rançon
09:46dans cette énorme somme de 50 millions.
09:50Avant cela, il y a aussi, il ne faut pas oublier,
09:53qu'en 2020, en octobre 2020 précisément,
09:56pour obtenir la libération de la française Sophie Petronin
09:59et de Soumaïla Sissé, on avait versé une importante rançon,
10:03là aussi, de l'ordre de 15 à 20 millions d'euros.
10:05Avant cela, en 2013, pour obtenir la libération de cet employé d'Areva,
10:09on avait obtenu...
10:10Donc, si vous mettez ensemble tout cela,
10:12ça donne au JNIM une capacité qui lui a permis d'avoir l'argent nécessaire,
10:17le trésor de guerre nécessaire, pour s'équiper avec des drones,
10:20pour acheter tout le matériel d'un écrit,
10:22et surtout, pour moi, le plus important,
10:24pour pouvoir faire du recrutement,
10:25parce que le terror favorable au recrutement de jeunes,
10:29notamment, n'a pas été tari,
10:30malgré toutes les différentes interventions qu'on a connues.
10:32– Oui, on leur promet notamment de l'argent,
10:34et ces 50 millions auxquels vous faisiez allusion,
10:3650 millions d'euros ont été versés
10:37pour la libération de ressortissants émiratis
10:41par leur pays, les Émirats Arabes Unis.
10:44Il y a aussi une autre organisation
10:45qui tente de se développer au Mali,
10:47qui a pris appui ces dernières années,
10:48le groupe État islamique,
10:50le JNIM et Daesh,
10:51aujourd'hui, sont dans une lutte à mort ?
10:53– Ah oui, il y a des phases
10:55où il y a une phase de compromis
10:59pour chacun occuper une partie du territoire,
11:01notamment dans la zone des trois frontières,
11:03mais il y a une rivalité très forte
11:05avec des affrontements très meurtriers,
11:08et on voit que le JNIM, par exemple,
11:11est présent avec l'État islamique,
11:13se partage la zone des trois frontières,
11:15ce qu'on appelle la zone des trois frontières,
11:17Mali, Burkina, Niger,
11:18et là, il y a autour des Ménakas,
11:20où l'EGS est très présent,
11:23il y a des affrontements très meurtriers
11:24entre les deux,
11:26et puis de temps en temps,
11:27il y a des phases où on fait
11:28une cohabitation pacifique,
11:30vous gérez telle partie du territoire,
11:31on gère telle partie du territoire,
11:32mais au regard des derniers développements,
11:35on a l'impression que le JNIM a acquis
11:36une suprématie qui permet
11:38de régner un maître dans une partie du Sahel,
11:42et de pouvoir même exporter
11:44la menace des pays du Sahel
11:46vers les pays du Golfe de Guinée,
11:47je pense particulièrement au Bénin,
11:49au Togo,
11:50et même à la Côte d'Ivoire
11:51qui ont été attaqués par le passé.
11:52En face, le gouvernement de la Junte
11:55au pouvoir au Mali
11:56refuse de parler de crise
11:58et évoque même des résultats
11:59dans la lutte anti-djihadiste.
12:00Écoutez le ministre des Affaires étrangères,
12:02Adoul Aïdiop.
12:04Ici, c'est le Mali,
12:06nous sommes bien à Bamako.
12:08Voilà, nous ne sommes pas encerclés,
12:11nous sommes en toute liberté.
12:12L'armée malienne
12:13et les forces de défense
12:14et de sécurité
12:15travaillent au quotidien
12:16pour assurer la sécurité
12:18de l'ensemble du territoire national.
12:21Aveuglement ou déni,
12:22Sedi Kaba,
12:23pourquoi les autorités maliennes
12:25refusent-elles
12:25toute forme d'alarmisme aujourd'hui ?
12:27Je crois qu'il y a le fait
12:30que le GINIM
12:31ne soit pas en capacité
12:33d'administrer une seule
12:34de 20 rejoins du pays
12:35laisse le sentiment
12:37que la situation
12:38n'est pas encore perdue
12:39du côté du pouvoir malien
12:41qui estime que
12:42tant que le GINIM
12:43n'aura pas conquis
12:44de l'intérieur du pays.
12:45Il n'y a pas de raison
12:46de s'inquiéter.
12:47Il n'y a même pas
12:48de raison pour le pouvoir
12:49de Bamako
12:50de faire appel
12:51au mécanisme de solidarité
12:53qui devait se mettre
12:53en place automatiquement
12:54entre les pays
12:55du G5 Sahel.
12:56Il y a ça
12:57qui participe
12:58à l'explication
12:59de la sérénité.
13:00Et puis,
13:00il y a aussi
13:01le fait que,
13:02au Bamako,
13:03on est convaincu
13:03que la solution
13:04va être militaire.
13:05il y a l'augmentation
13:07comme partout au Sahel
13:08des budgets
13:09de la défense
13:09pour donner
13:11un ordre de grandeur.
13:12Lorsque le G5 Sahel
13:14entre 2010 et 2018,
13:16les dépenses
13:17de sécurité
13:17ont été augmentées
13:18de 126%
13:19à l'espace des pays.
13:20Donc,
13:20ça prouve
13:21qu'il y a cette volonté
13:22d'être convaincu
13:24qu'on pourrait
13:24revenir à bout
13:25de cette situation
13:26par les moyens militaires.
13:28Et puis,
13:28le fait que le GINIM
13:29n'ait pas encore
13:30été capable
13:31d'occuper
13:31de façon permanente
13:33une seule des 20 régions
13:34fait croire à Bamako
13:36qu'on n'a pas encore
13:37perdu la main
13:38et qu'on est encore
13:39maître de la situation.
13:40On n'a même pas besoin
13:41de l'aide extérieure.
13:42Quel rôle
13:43peuvent encore jouer
13:43auprès de la jeune
13:44les supplétifs russes
13:46autrefois
13:46groupe Wagner
13:47désormais regroupé
13:50sous le contrôle
13:51plus direct
13:51de l'État russe
13:52au sein du corps
13:52expéditionnaire
13:53Afrika-Corse ?
13:54Absolument.
13:55Il y a deux moments
13:56importants
13:56dans l'appartenance
13:57dans le partenariat
13:59avec la Russie.
14:00Entre 2021
14:01et mai 2021,
14:02l'arrivée du second
14:03coup d'État
14:04et juin 2025,
14:07là c'était
14:07les mercenaires
14:10de Wagner
14:11qui étaient impliqués
14:13dans l'accompagnement
14:14de l'armée marienne
14:15sur le terrain.
14:16On se souvient tous
14:17de la reconquête
14:18de Kidal
14:18en novembre 2023
14:19qui s'est faite
14:20avec l'accompagnement
14:21de la Russie.
14:22La bataille de Tinsawaten
14:23en juillet 2024.
14:25Là aussi,
14:26et à partir de juin 2025,
14:28maintenant c'est Afrika-Corse
14:29qui relève
14:30du commandement militaire
14:31de la Russie
14:32où on a là
14:33le sentiment
14:34de beaucoup moins
14:35d'implication
14:36puisque les mercenaires
14:37leur agenda
14:38c'est de gagner
14:39de l'argent
14:39et là,
14:41on a pu le voir,
14:42la Russie
14:42a moins impliqué
14:44les Afrika-Corse
14:45peut-être parce qu'elle-même
14:46elle est engagée
14:46dans sa guerre.
14:47On ne peut pas oublier
14:48que la Russie
14:48a sa propre guerre
14:49et qu'elle peut avoir
14:50besoin d'un certain
14:52nombre d'éléments
14:53y compris des troupes
14:53et là,
14:54on a le sentiment
14:55qu'il y a beaucoup moins
14:56d'engagement aujourd'hui
14:57que sous Wagner.
14:58C'est pour taire
14:59ces défaillances
14:59que l'État malien
15:00a fait suspendre
15:01successivement
15:02France 24,
15:03RFI ainsi que
15:05France 2 et TV5
15:06montent temporairement
15:07et puis plus récemment
15:07TF1 et LCI.
15:08Oui, je crois
15:09qu'il y a une confusion
15:10au niveau du pouvoir malien
15:11en pensant que ces médias
15:13sont la voix de la France
15:14alors que dans la pratique
15:15tout le monde sait
15:16que le Quai d'Orsay
15:17ne téléphone pas
15:18à France 24
15:18pour dire
15:19ce qu'il faut dire
15:20ou ce qu'il ne faut pas dire.
15:21Je vous le confirme.
15:21Mais il y a
15:22cette mauvaise perception
15:24de mon point de vue
15:25du rapport
15:26entre ces médias
15:27qui sont des médias
15:28indépendants
15:28et l'État français
15:29et puis là,
15:30si on devait
15:32simplement interdire
15:33les médias,
15:34il y a CNN,
15:35il y a Associated Press,
15:36il y a Reuters,
15:37il y a d'autres médias
15:37qui couvrent.
15:38À mon avis,
15:40cette réaction épidermique
15:41n'est pas dans l'efficacité
15:43parce que les médias,
15:44les autorités maliennes
15:45peuvent avoir accès
15:46à RFI
15:47pour donner leur version,
15:48peuvent avoir accès
15:49à France 24.
15:49Pour moi,
15:50ce n'est pas la meilleure solution
15:51que d'interdire les médias.
15:53Une situation en tout cas
15:54qui pèse
15:55sur toute l'économie
15:56de la sous-région
15:56comme au Sénégal,
15:58Sarasako.
16:001300 kilomètres
16:01relient Dakar à Bamako
16:03et transportent
16:03vers le Mali enclavé
16:04des produits pétroliers,
16:07du ciment
16:07et des produits alimentaires.
16:09Le transport
16:10est donc un secteur
16:11affecté par cette crise malienne
16:13côté Sénégal
16:14avec des chauffeurs,
16:16des transporteurs
16:17qui refusent désormais
16:18de faire la route
16:19parce qu'elle est trop dangereuse.
16:20C'est ce que nous a expliqué
16:21l'Union des transporteurs
16:23routiers du Sénégal
16:24qui explique que
16:25beaucoup de ses membres
16:27se sont rabattus
16:28sur le fret local
16:29avec pour conséquence
16:30un manque à gagner pour eux
16:31et des marchandises
16:32qui restent stockées
16:34au port de Dakar.
16:36Il faut se souvenir
16:37qu'en septembre,
16:38six chauffeurs sénégalais
16:39avaient été enlevés
16:40dans l'ouest malien
16:41par des hommes armés
16:42relâchés quelques heures plus tard.
16:44Mais c'est un événement
16:44qui a vraiment semé
16:45la psychose
16:46dans le métier.
16:48À côté
16:49de ces conséquences
16:50bien concrètes,
16:52il faut aussi noter
16:53que les flux commerciaux
16:54entre les deux pays,
16:56le Sénégal et le Mali,
16:57restent très importants.
16:58Pour le mois de septembre,
16:59d'après une statistique officielle,
17:02le Mali a capté
17:0220%
17:03des exportations sénégalaises.
17:05Cédric Abba,
17:07les armées du Mali,
17:08du Burkina Faso
17:09et du Niger
17:09avaient justifié
17:11leur coup d'État
17:12par la volonté
17:12de résultat
17:13face à ces groupes djihadistes
17:16forcés de constater
17:17que l'alliance
17:18des États du Sahel
17:19qu'ils ont constitués
17:19depuis
17:20n'a pas permis
17:21de réduire
17:22ni la présence
17:23ni les attaques
17:24des djihadistes,
17:25bien au contraire.
17:26Oui,
17:26l'horreur a été
17:28de bâtir
17:30la stratégie
17:31uniquement sur le plan
17:32militaire et sécuritaire.
17:33Tous les aspects
17:34non-militaires
17:34qui est par exemple
17:37le chômage de jeunes,
17:38il y a des pays
17:39de la sous-région
17:40où c'est 230 000 jeunes
17:42qui arrivent
17:42sur le marché
17:43de l'emploi.
17:44Il n'y a que 30 000
17:44possibilités d'emploi,
17:45les 200 000
17:46vont se trouver au chômage.
17:47Donc toutes les dimensions
17:48non-militaires,
17:49par exemple la forme
17:50de l'État,
17:51le Mali fait
17:511 240 000 km²,
17:54on ne peut pas
17:55administrer le Mali
17:55avec un État jacobin,
17:57ni même le Niger.
17:58Donc tous ces aspects
17:59non-militaires
18:00n'ont pas été
18:00intégrés
18:02à la stratégie
18:02des pouvoirs militaires
18:04qui sont arrivés
18:04et l'absence
18:06de cette réponse
18:06holistique
18:07explique aujourd'hui
18:09les mauvais résultats
18:10sur le plan sécuritaire.
18:12Il ne faut pas le cacher,
18:13il y a eu
18:14une extension
18:15territoriale
18:16de la menace
18:16et il y a eu
18:18encore des attaques
18:19sur le plan
18:19de la létalité
18:20beaucoup plus fortes.
18:21Donc je crois
18:22qu'il y a
18:23un besoin aujourd'hui
18:24non seulement
18:25de construire
18:26cette réponse
18:26transnationale
18:27qui est portée
18:27par l'AS,
18:28mais d'intégrer
18:29toute la dimension
18:30non-militaire
18:31et non-sécuritaire
18:32à la stratégie
18:33sinon on en serrait
18:34au même résultat.
18:34Les Nations Unies
18:35cette semaine
18:36appelaient ces États du Ciel
18:37à joindre leurs forces
18:37contre la menace
18:38djihadiste.
18:39Le Tchad,
18:40on le sait,
18:40est la principale
18:41force militaire
18:42de la région,
18:43elle n'a pas rejoint
18:44pour l'heure
18:44l'AES
18:45après avoir pourtant
18:46rompu lui aussi
18:47son accord
18:47de coopération militaire
18:48avec la France.
18:49Alors pourquoi ?
18:50Oui, je pense que le Tchad
18:51a aujourd'hui
18:53un rapport
18:54tout à fait particulier
18:55avec d'excellents rapports
18:57avec le pays
18:57de l'AS.
18:59Les premières manœuvres
19:02militaires conjointes
19:03de l'AS
19:03ont eu lieu
19:04en mai 2024
19:05au Niger.
19:06Le Tchad
19:06et le Togo
19:07étaient les pays
19:08non-membres de l'AS
19:08qui sont invités.
19:09Il y a des rapprochements
19:10et le président
19:11Mahmoud Idriss Déby
19:12était à Niamey récemment
19:14après avoir participé
19:15cette année
19:16au FESPACO
19:17à Ouagadougou.
19:18Donc il y a
19:18un rapprochement
19:19mais pour l'instant
19:20le Tchad n'a pas
19:20franchi le pas
19:22d'adhérer à l'AS
19:23et de devenir
19:24un membre de l'AS
19:24mais il y a
19:25des rapprochements
19:26qui sont en cours
19:27qui peuvent être
19:28parce qu'il faut savoir
19:29que les pays de l'AS
19:30qui ont décidé
19:31de créer une force unifiée
19:33qui n'est pas encore
19:33opérationnelle
19:34travaillent aussi
19:35à ce qu'ils puissent construire.
19:37Il y a déjà
19:37des officiers de liaison
19:39de trois pays
19:40qui sont arrivés
19:41dans chacun
19:41des capitales respectives.
19:42Il y a cette avancée
19:44dans la construction
19:45d'une force unifiée
19:46mais je crois que
19:47tôt ou tard
19:47il y aura besoin
19:48de travailler
19:49entre les pays de l'AS
19:51même avec les pays
19:52de la CDAO
19:52et le Tchad
19:53pourrait avoir
19:54un rôle à jouer.
19:55Par le passé
19:56du temps où il était
19:57membre du G5 Sahel
19:58le Tchad a envoyé
19:59des troupes
19:59dans le Fuso Ouest
20:00c'est-à-dire
20:01sur la frontière
20:01entre le Niger
20:02le Mali
20:02et le Burkina
20:031200 soldats tchadiens
20:05étaient arrivés
20:05à cette époque
20:06et puis maintenant
20:07comme le G5 Sahel
20:11a disparu
20:11donc le Tchad
20:12a retiré son armée
20:13mais je crois
20:13qu'il y a encore
20:15des discussions
20:15pour voir
20:16quel type
20:17de coopération
20:17le Tchad
20:18et l'AS
20:18peuvent avoir.
20:19Et avec la fin
20:19de cette coopération
20:20militaire
20:21la France
20:22elle a mis fin
20:22à sa présence
20:23permanente
20:24au Sahel
20:24qui durait
20:35depuis plus
20:36de 50 ans
20:36et pourtant
20:37certains pays
20:38l'avaient expressément
20:39demandé
20:40cette présence
20:41militaire française
20:42alors revenons
20:42en arrière
20:43et notamment
20:43en 2012
20:44où le Mali
20:45fait face
20:46à une rébellion
20:47Touareg
20:48vous le voyez ici
20:48il demande
20:49à instaurer
20:50il cherche
20:50à instaurer
20:51un état
20:52un état islamique
20:53à Tombouctou
20:54Kidal
20:54Gao
20:55et ils vont essayer
20:56donc de se battre
20:57contre cette rébellion
20:58Touareg
20:59ils demandent de l'aide
21:00à la France
21:00notamment
21:01Paris va envoyer
21:01des hélicoptères
21:03des avions
21:04mais aussi
21:04des soldats
21:05au sein
21:05de l'opération
21:06Serval
21:07elle est ensuite
21:08remplacée
21:09cette opération
21:09par Barkhane
21:11déployée
21:12vous allez le voir
21:12sur cette carte
21:13sur une zone
21:14qui est aussi grande
21:15que l'Europe
21:16entourée ici
21:17en jaune
21:18mais malheureusement
21:19les attaques
21:20ne vont pas disparaître
21:21la situation politique
21:22restera instable
21:24et plusieurs pays
21:24ceux que vous voyez
21:25en orange
21:26vont connaître
21:27des coups d'état
21:28et les militaires
21:29arrivés au pouvoir
21:30vont demander
21:30les uns après les autres
21:31à Paris
21:32de retirer leurs troupes
21:33ce que la France
21:34accepte de faire
21:35au Mali
21:36puis au Burkina Faso
21:37et enfin au Niger
21:38Barkhane
21:39est officiellement arrêté
21:40en novembre 2022
21:42par Emmanuel Macron
21:43les généraux au pouvoir
21:45vont ensuite décider
21:46de s'allier aux Russes
21:47et notamment
21:48à des paramilitaires
21:49comme le groupe
21:50Wagner
21:51la Russie
21:51qui propageait
21:52pendant plusieurs mois
21:53plusieurs années
21:54de la désinformation
21:55contre l'ancien colonisateur
21:57français
21:57alors ces mercenaires
21:59ils sont chargés
21:59d'épauler
22:00les autorités locales
22:02mais en réalité
22:02ils commettent
22:03des exactions
22:04des pillages
22:05et puis surtout
22:05ces groupes sont affaiblis
22:07au fur et à mesure
22:07des mois
22:08par le conflit
22:09qui s'enlise en Ukraine
22:10depuis 2022
22:10c'est dit
22:12la France
22:13est responsable
22:14de la situation
22:15actuelle
22:15au Mali
22:16non
22:17je crois que
22:17c'est une accusation
22:18de facilité
22:19la France
22:20a commis l'erreur
22:21de penser
22:22qu'on peut
22:22résoudre la question
22:23de façon militaire
22:24et sécuritaire
22:25après le sommet de Pau
22:26de janvier 2020
22:27la France a envoyé
22:28600 soldats de plus
22:30mais la France
22:31ne peut pas être tenue
22:32pour responsable
22:33les pouvoirs en place
22:35eux aussi
22:35ont continué
22:36dans la même lancée
22:38de la solution
22:38sécuritaire et militaire
22:39il y a un échec
22:41collectif
22:42pour moi
22:42qui s'explique
22:43par l'option
22:44qui a été faite
22:45de ne pas construire
22:46une réponse holistique
22:47mais de penser
22:48qu'en achetant
22:49des drones
22:49à la Turquie
22:50en augmentant
22:51les effectifs
22:52de force de sécurité
22:54ou en emplaçant
22:55la France
22:55par la Russie
22:57plus tôt
22:58on viendrait à bout
22:59je crois qu'on ne peut pas dire
23:00que la France
23:00est responsable
23:01de la situation
23:02océale aujourd'hui
23:03revenons aux heures glorieuses
23:05de cette relation
23:05entre la France
23:06et le Mali
23:06lorsqu'en février 2013
23:08François Hollande
23:09alors président français
23:10s'était rendu
23:11à Tombouctou
23:12et Bamako
23:12sous les acclamations
23:13la France alors
23:14venait de débuter
23:15l'opération Cerval
23:16pour repousser les djihadistes
23:17qui déjà menaçaient Bamako
23:19Bamako en bleu blanc rouge
23:25pour accueillir François Hollande
23:27les Maliens ont sorti
23:28les drapeaux français
23:29les photos du président
23:31soigneusement encadrées
23:33et surtout des sourires
23:34à la hauteur
23:35du soulagement général
23:36ils sont venus nous sauver
23:38on est contents
23:39c'est à cause de ça
23:41j'ai mis la peinture
23:42de la France
23:43à Tombouctou
23:45quelques heures auparavant
23:46même accueil en libérateur
23:47spontané
23:52et pas toujours
23:52très protocolaire
23:53un joyeux désordre
23:56dans cette ville du nord
23:59occupée il y a encore
24:00une semaine
24:01par les islamistes
24:01les hommes ont ressorti
24:03les tam-tams
24:03qui avaient été interdits
24:04les femmes ont enlevé
24:07les voiles
24:07retrouvé les boubous
24:09colorés
24:10et leurs chants rieurs
24:12nous sommes très fiers
24:14de ce qu'il a fait
24:15nous sommes très fiers
24:16de l'intervention française
24:18vive la république
24:19dans la France
24:19Dieu merci
24:20Dieu merci la France
24:21c'est parce que
24:22c'est la France
24:23qui a pu sauver
24:25le monde entier
24:26ce n'est pas
24:26le Mali seulement
24:27une ferveur
24:29qui laisse le ministre
24:30des affaires étrangères
24:31au bord des larmes
24:32en guise de cadeau
24:40de remerciements
24:41pour le travail accompli
24:42François Hollande
24:43s'est vu offrir
24:44un dromadaire
24:46je l'utiliserai autant
24:51que je pourrais
24:52comme moyen de transport
24:53après les remerciements
24:57enthousiastes
24:58quelques moments
24:58de gravité
24:59une visite
25:00de la plus grande
25:01mosquée de Bamako
25:02et d'une bibliothèque
25:03où les islamistes
25:04ont brûlé
25:04d'anciens
25:05et précieux manuscrits
25:06ça s'était brûlé
25:10dans la nuit
25:10le mois de janvier
25:11c'est les islamistes
25:14qui ont brûlé
25:15les traces
25:17de leur passage
25:17sont encore visibles
25:19pour les Maliens
25:21cette journée
25:22de liesse
25:22ne doit pas faire oublier
25:23que la menace
25:24des djihadistes
25:25plane toujours
25:26sur leur pays
25:26c'est dit
25:30qu'à bas
25:31lorsqu'on voit
25:31cette ferveur
25:32on se dit
25:32que les temps
25:33ont bien changé
25:34à l'époque
25:34la France
25:35travaillait de concert
25:36notamment avec l'Algérie
25:37pour tenter
25:38de régler
25:39cette crise
25:39au Mali
25:41aujourd'hui
25:42il est temps
25:42qu'un rapprochement
25:43entre Paris et Alger
25:44permette à nouveau
25:45une concertation
25:47et une lutte conjointe
25:48contre ces mouvements
25:49l'amélioration
25:50des relations
25:50entre la France
25:51et l'Algérie
25:52d'une part
25:52mais entre l'Algérie
25:53la France
25:54et l'état malien
25:55peut permettre
25:56d'amorcer
25:56ce qu'on avait vu
25:57en mai 2015
25:59lorsqu'on a signé
26:00l'accord d'Alger
26:00l'Algérie étant
26:02le pays médiateur
26:03et le président
26:03du comité de suivi
26:04la France à ses côtés
26:06on peut revoir
26:07encore comment
26:07ça peut se faire
26:08ce qui est important
26:09dans ce qu'on a vu
26:10c'est qu'il y a eu
26:12cette phase de serval
26:13où la France
26:15a été accueillie
26:15avec de yu
26:16et de tantam
26:17et puis
26:17la deuxième phase
26:18de Barkhane
26:19où presque
26:20elle a quitté
26:21le Mali
26:21avec des jeux de pierre
26:22je crois que l'erreur
26:24de la France
26:24a été de vouloir
26:25rester après Serval
26:26le choix de basculer
26:28de Serval
26:29à Barkhane
26:29avec un mandat
26:31complètement flou
26:33puisque Barkhane
26:33ambitionnait
26:34de lutter contre
26:35le djihadisme
26:36de la Mauritanie
26:37au Tchad
26:392,5 millions
26:40de kilomètres carrés
26:41et cette erreur
26:42fait qu'on s'est retrouvé
26:43dans la situation
26:44d'aujourd'hui
26:44et il y a aujourd'hui
26:46un nouvel agenda
26:47international
26:48à mettre en place
26:49au Sahel
26:50en commençant par le Mali
26:51avec la réconciliation
26:53entre la France
26:53l'Algérie
26:54et le Mali
26:55et puis avec le reste
26:56des pays du Sahel
26:57tout n'est pas perdu
26:58de mon point de vue
26:58Merci Sédicaba
26:59pour ce message d'espoir
27:01et c'est ainsi
27:01que nous terminons
27:03cette émission
27:03merci de l'avoir suivie
27:04rendez-vous la semaine prochaine
27:06et d'ici là sur internet
27:07pour le monde
27:07dans tous ses états
27:08Sous-titrage Société Radio-Canada
27:15Sous-titrage Société Radio-Canada
27:16Sous-titrage Société Radio-Canada
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