- il y a 2 jours
L'invité du Grand entretien de Benjamin Duhamel et Florence Paracuellos est François Hollande, député et ancien président de la République. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-17-novembre-2025-3532701
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00:00France Inter, Benjamin Duhamel, Florence Paracuelos, la grande matinale.
00:07Et dans le grand entretien avec Benjamin Duhamel, ce matin, nous recevons donc l'ancien président de la République et député socialiste de Corrèze.
00:15Vos questions et réactions, chers auditeurs, au 01 45 24 7000 et sur l'appli Radio France.
00:22Bonjour François Hollande.
00:23Bonjour.
00:23Merci d'être avec nous ce matin sur France Inter.
00:26Bien des sujets à aborder avec vous en France.
00:29Le budget, les risques d'enlisement, même si vous, les socialistes, avez obtenu la suspension de la réforme des retraites.
00:36On va aussi parler de la situation de la gauche, alors que les chemins s'éloignent entre partisans d'une primaire et les autres.
00:45Vous faites partie de ceux qui n'en veulent pas.
00:48Mais parlons d'abord de la situation internationale.
00:51Le président Zelensky est à Paris aujourd'hui, dans un moment de grande difficulté pour l'Ukraine.
00:57entre Frappes russes sur les sites énergétiques, la ville stratégique de Pokrovsk.
01:03Sur le point de tomber, il y a urgence à aider davantage l'Ukraine.
01:07La situation est critique ?
01:09Oui, plus de trois ans que cette guerre a été déclarée et a été engagée par la Russie.
01:15Nous avons trop tardé, je le dis clairement, trop tardé à aider militairement l'Ukraine.
01:22Ce qui fait que si elle a résisté dans un premier temps, elle subit aujourd'hui, avec l'usure, les offensives russes.
01:30D'où la nécessité d'accélérer un processus.
01:34Donald Trump avait promis de régler la question ukrainienne en 48 heures.
01:39Il avait même rencontré, il y a quelques mois, Vladimir Poutine pour lui intimer l'ordre d'arrêter.
01:46Un cessez-le-feu n'est pas venu.
01:48Et aujourd'hui, les bombardements ont lieu sur Kiev même, où il y a tous les jours des tués.
01:53Et sur des villes qui sont maintenant les proies de la Russie.
01:57Donc oui, il faut aider l'Ukraine.
02:00Et c'est la raison pour laquelle j'appuie tous les efforts qui sont faits par les Européens et par la France pour livrer un certain nombre de matériel.
02:07Vous dites, François Hollande, on a trop tardé.
02:09Ce qui se dessine dans cette visite du président ukrainien aujourd'hui à Paris,
02:13c'est la possibilité de la conclusion d'un contrat pour que l'Ukraine achète des rafales à la France.
02:18Est-ce que ça, ce serait une sorte de point de bascule ?
02:24On sait que des mirages, des avions mirages avaient été donnés à l'armée ukrainienne.
02:27Là, des rafales, est-ce que ça va dans le bon sens ?
02:30Je ne sais pas si ça sera avec des rafales ou avec des mirages.
02:33Le principal, c'est qu'il y ait contrôle pour les Ukrainiens du ciel.
02:38C'est-à-dire que ce qui tombe chaque jour, ce sont des missiles.
02:41Donc la première demande que font les Ukrainiens, mais depuis longtemps, c'est d'avoir des systèmes anti-missiles.
02:47Les Etats-Unis leur en avaient promis, ils ne sont pas venus, les fameux missiles patriotes.
02:53Et donc, il faut que les Européens puissent, avec leur propre matériel,
02:57et les matériels français sont tout à fait performants,
02:59donner à l'Ukraine une protection de son ciel pour éviter qu'il y ait des bombardements.
03:06Est-ce que des avions peuvent être livrés aussi ?
03:08Il y en a déjà eu, des mirages.
03:11Rafales, pourquoi pas ?
03:12Le coût de ces matériels est très important.
03:14Mais je ne sais pas si l'Ukraine en a des moyens.
03:15La France elle-même manque de ces avions Rafales ?
03:19Il n'y a pas de sujet quant au fait de signer des contrats pour que l'Ukraine en ait ?
03:24Le budget, nous parlerons du budget, mais tel qu'il est présenté,
03:28c'est 6 milliards de plus pour la Défense Nationale.
03:32La Défense Nationale, c'est d'abord la sanctuarisation de notre territoire, à l'évidence.
03:38C'est d'entretenir la force de dissuasion.
03:41Mais c'est aussi la défense de l'Ukraine.
03:44Donc, acheter des matériels pour les Ukrainiens, c'est tout à fait nécessaire.
03:49Livrer des matériels pour la France, c'est tout à fait indispensable.
03:53C'est-à-dire, il faut bien que les efforts budgétaires qui sont consentis par les Européens,
03:57pas simplement en France, puissent être utiles.
03:59Et donc, la défense de l'Ukraine, c'est notre propre défense.
04:02Pour ce qui nous concerne plus directement, François Hollande,
04:05le nouveau chef d'état-major des armées, Fabien Mandon,
04:08considère que l'armée française doit être prête à un choc dans 3-4 ans face à la Russie.
04:15C'est ça aussi, votre analyse ?
04:17Il faut se préparer à un affrontement entre les pays de l'OTAN et la Russie ?
04:21Le rôle des militaires, c'est d'évoquer toutes les hypothèses et de s'y préparer.
04:25Le rôle des politiques, c'est d'éviter qu'il puisse y avoir des conflits qui dégénèrent.
04:30Donc, la meilleure façon de ne pas avoir, effectivement, d'autres menaces de la Russie sur ses voisins,
04:37et donc sur nous-mêmes, puisque nous sommes liés par un système d'alliance,
04:41eh bien, c'est de faire en sorte que l'Ukraine puisse trouver un cessez-le-feu avec la Russie, puis la paix.
04:49Ça sera très important qu'il y ait des garanties de sécurité qui, dans cette hypothèse, seraient apportées.
04:54Donc, légitime que les militaires préparent tous les scénarios,
04:58indispensables que les politiques préparent, eux, les réponses qui sont adaptées.
05:04Ceux qui nous écoutent ce matin et qui ont lu ces propos de Fabien Mandon se disent
05:08« Nous sommes en danger, la France est en danger, les pays de l'OTAN sont en danger.
05:11Si Vladimir Poutine, si la Russie gagne la guerre contre l'Ukraine,
05:15l'étape d'après, c'est un conflit direct avec des pays de l'OTAN et éventuellement avec la France ? »
05:19Pour connaître Vladimir Poutine, pour l'avoir, hélas, pendant un temps pratiqué sur la première guerre d'Ukraine,
05:27son intention première, c'est de reconstituer l'Union soviétique.
05:32C'est-à-dire de faire que ce qu'était la Russie dans l'Union soviétique, avec ses frontières, puisse être reconstituée.
05:39Ensuite, jusqu'où irait-il dans cette hypothèse où il aurait mangé l'Ukraine ?
05:45Pas une partie de l'Ukraine, mais mangé toute l'Ukraine ?
05:47Oui, on pourrait imaginer qu'il y ait d'autres tentations, notamment sur les Pays-Baltes,
05:52sur la Moldavie ou même sur la Pologne.
05:56La Pologne est quand même voisine de l'Ukraine.
05:59Mais nous n'en sommes pas là pour l'instant.
06:01Ce qui va être pour Vladimir Poutine l'essentiel, c'est d'absorber ce qu'il a déjà conquis.
06:06C'est-à-dire le Donbass et l'Est de l'Ukraine.
06:10C'est ça son intention première, et à nous de faire en sorte qu'ils n'y parviennent pas.
06:15Autre dossier international au cœur de l'actualité, François Hollande,
06:18c'est celui des relations entre la France et l'Algérie.
06:21Après la libération de Boilem Sansal, la semaine dernière détenue pendant un an dans les prisons algériennes,
06:28le ministre des Affaires étrangères hier sur France Inter a estimé que c'était un désaveu cinglant
06:34pour les partisans de la méthode forte, de la brutalité et de l'invective.
06:41Oui, la brutalité était quand même des deux côtés.
06:44A la fois du côté algérien de ne pas répondre à des demandes légitimes de la France,
06:49et il y avait aussi l'idée, à l'époque tenue par le ministre de l'Intérieur, M. Rotaillot,
06:55qu'en rentrant dans un rapport de force, il y aurait à un moment une libération de Boilem Sansal.
07:02Et c'était une idée erronée, ça, de jouer le rapport de force ?
07:05Il était nécessaire toujours d'exprimer ce qu'étaient les demandes de la France,
07:10et de faire valoir qu'il y avait quand même une place pour la diplomatie.
07:13La diplomatie, ça sert à ça.
07:15On parlait tout à l'heure des conflits qu'il faut éviter.
07:17La diplomatie, ça permet de faire en sorte qu'on puisse,
07:21mais pas simplement sur le cas déjà tout à fait fondamental de Boilem Sansal,
07:25il y a aussi un autre Français qui est retenu.
07:27Christophe Gilles.
07:28Oui, Christophe Gilles, qui est un journaliste.
07:30Et donc, il est important d'aller toujours plus loin dans, maintenant,
07:33une forme de règlement de ce qui est un contentieux entre la France et l'Algérie.
07:37Mais dans ce règlement et de ce contentieux,
07:40vous avez effectivement d'un côté ceux qui expliquent que la diplomatie,
07:43c'est ne pas parler trop fort,
07:45c'est faire en sorte de faire baisser la pression.
07:48Et vous avez de l'autre ceux qui disent
07:49qu'il y a effectivement l'efficacité ou non d'un bras de fer,
07:52mais vous avez un pays qui refuse d'accepter les ressortissants dangereux,
07:55qui utilise l'histoire parfois à des fins de...
07:59C'est ce que le président de la République avait appelé une rente mémorielle.
08:01Est-ce que l'idée d'une stratégie du bras de fer est tabou avec l'Algérie ?
08:08Vous connaissez l'histoire.
08:09L'histoire entre la France et l'Algérie.
08:11Une histoire douloureuse, une histoire difficile.
08:15Donc, elle n'a jamais été véritablement soldée, cette histoire-là.
08:20Moi-même, comme président de la République, j'ai fait tous les efforts pour qu'on puisse...
08:23Vous aviez vous-même en 2002 renoncé à renégocier l'accord de 1968,
08:26là où c'était évoqué quelques mois auparavant.
08:28Il a déjà été négocié plusieurs fois, donc ce n'était pas le sujet.
08:31Moi, j'avais plutôt des rapports qui étaient, disons, stables avec l'Algérie.
08:36Mais il y avait aussi la question du Sahara, qui a été sans doute un déclencheur.
08:41Donc là, si on veut, avec l'Algérie, avoir des relations durables, stables, compte tenu du nombre de personnes concernées.
08:48À la fois les allées et venues, les personnes qui sont binationales, etc.
08:51Puis les affaires économiques aussi, parce que n'oublions pas que l'Algérie est un producteur de gaz important, etc.
08:56Si on veut avoir des rapports avec l'Algérie, il faut essayer de les dépassionner, de les dépolitiser,
09:03au sens de ne pas capter l'Algérie comme un phénomène de politique intérieure.
09:07Ce que aussi les autorités algènes font avec la France, utilisent la France, son passé colonial, pour faire un sujet politique.
09:15Non, il faut arriver, une fois pour toutes, à traiter la France et l'Algérie comme deux États qui doivent se respecter,
09:21mais qui doivent avoir des relations qui ne permettent pas d'avoir des conflits comme on les a connus
09:25et des compatriotes qui puissent être retenus.
09:29François Hollande, il y a un pays dont il faut parler en ce moment, c'est le Mali,
09:33qui est asphyxié par des groupes djihadistes liés à Al-Qaïda.
09:38Sa capitale, Bamako, est encerclée.
09:40Vous, il y a 12 ans, vous aviez repoussé ce péril djihadiste en engageant la France au Sahel.
09:4812 ans plus tard, la situation, elle est catastrophique ?
09:51Oui, et je vis cette situation avec beaucoup de douleur.
09:56Parce que j'ai été le président qui a envoyé des forces françaises au Mali
10:02et il y a eu plus de 50 morts de soldats et de nombreux blessés pour sauver le Mali.
10:10Pour précisément lui éviter de tomber sous la coupe des djihadistes.
10:13Ensuite, la France s'est retirée, je ne vais pas ici en donner, ce n'était pas ma responsabilité, les raisons.
10:21Il y a eu un coup d'État au Mali, un coup d'État militaire qui n'aurait jamais dû être toléré.
10:25Jamais.
10:26Contenu de ce qu'était la place de la France au Mali et de ce qu'était un régime.
10:31On pouvait dire qu'il était démocratique, oui, même s'il y avait toujours des aberrations.
10:35Vous voulez dire qu'il aurait fallu intervenir ?
10:36Non, il fallait condamner beaucoup plus franchement ce qui se passait.
10:40On a bien vu l'influence russe.
10:41Parce que ce qui se passe là au Mali, finalement vous posiez la première question sur l'Ukraine.
10:46Est-ce qu'il y a un lien entre le Mali et l'Ukraine ?
10:48Oui, il y a un lien.
10:49Parce qu'au Mali, ce sont les services russes qui ont d'abord déstabilisé
10:55et qui ont promis au Mali une sécurité qu'ils ne l'auraient pas donnée.
10:59Donc aujourd'hui, on peut dire que c'est loin, ça ne nous intéresse pas.
11:03Si ça nous intéresse, parce que si Bamako devait tomber, je ne sais pas si c'est encore l'hypothèse la plus probable,
11:09mais quand même, elle est asphyxiée, la capitale.
11:11Si le Mali devenait un état djihadiste ?
11:15C'est la France, dans ce cas-là, qui risque de voir le Mali comme une base arrière du djihadiste ?
11:18Ce n'est pas simplement la France, d'ailleurs.
11:20Ce n'est pas simplement la France.
11:21C'est l'ensemble d'abord du continent africain, parce qu'il y a tout le Sahel,
11:24le Niger, le Burkina Faso, etc.
11:27C'est l'égal.
11:28Et puis c'est l'Europe.
11:29Donc les conflits, il faut toujours les regarder, à la fois par rapport à ce qu'ils provoquent sur place,
11:34mais aussi avec leurs effets sur notre propre continent ou notre propre pays.
11:39Et les Russes, de ce point de vue, sont tout à fait désireux de déstabiliser,
11:44pas simplement le Mali, mais la France.
11:46François Hollande, revenons en France.
11:47Alors que les discussions sur le budget continuent au risque de l'enlisement,
11:51les sénateurs s'apprêtent à détricoter ce qui a été voté à l'Assemblée,
11:54les déficits se creusent, les impôts votés s'envolent,
11:56avec des délais qui, encore cette semaine, ne seront sans doute pas tenus à l'Assemblée nationale.
12:00C'est un naufrage collectif, ces débats budgétaires ?
12:04C'est le produit de ce qu'a été la dissolution.
12:07Il y a un régime qui est devenu un régime d'Assemblée.
12:10C'est l'Assemblée, comme demain le Sénat,
12:14qui va avoir à voter ou ne pas voter le budget.
12:18Mais certains disaient que c'est formidable, ça va être le retour de parlementarisme,
12:21comment dire, à l'européenne, où il va y avoir des compromis qui vont naître.
12:26Ce n'est pas exactement le spectacle auquel assistent les Français depuis quelques semaines.
12:30Parce que la France était sous un système qui était bipartisan, d'abord,
12:36très longtemps, la gauche, la droite,
12:38et avec un poids de l'exécutif qui était très grand,
12:41d'autant plus qu'il disposait, l'exécutif, d'une majorité à l'Assemblée nationale.
12:45Ce n'est plus le cas.
12:46Donc, face à cette situation, il y a deux attitudes possibles.
12:49Une attitude de rupture, en disant, de toute façon,
12:54puisque ça ne peut pas fonctionner, allons vers les élections.
12:57C'est la position du Rassemblement national et, d'une autre façon,
13:01de la France insoumise qui veut destituer le Président de la République
13:04et donc des élections.
13:06Et une attitude de responsabilité.
13:08C'est le choix qu'a fait le Parti socialiste,
13:12c'est-à-dire de faire en sorte qu'il puisse y avoir une discussion, une négociation.
13:15Est-ce que la copie budgétaire, François Hollande, dans l'État, elle vous convient ?
13:18Vous considérez que les compromis qui ont été tissés entre le gouvernement et le Parti socialiste
13:24donnent une copie budgétaire acceptable ?
13:25Elle donne une copie budgétaire meilleure que celle qui était présentée.
13:29D'abord, pour rester sur...
13:31Ça, c'est ce que vous dites, vous !
13:32Non, mais je défends cette position.
13:35Pour rester sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale,
13:38la suspension de la réforme des retraites,
13:41la réindexation des barèmes pour les prestations sociales,
13:48le fait qu'on puisse aussi, sur le plan budgétaire,
13:51remettre l'indexation sur le barème de l'impôt sur le revenu,
13:54de mettre en cause les franchises médicales.
13:56Oui, il y a des progrès dans ce budget.
13:59Il y a des progrès, François Hollande, on est dans une journée
14:00où le gouvernement organise ce qu'on appelle un sommet Choose France
14:03pour mettre en avant l'attractivité du pays
14:06et attirer un certain nombre d'investissements.
14:07Il y a d'ailleurs 30 milliards d'euros d'investissements
14:08qui ont été annoncés par le gouvernement.
14:10Quand, dans un budget, on décide d'augmenter la surtaxe d'impôt
14:13sur les grandes entreprises, quand on crée un impôt sur la fortune
14:15dite improductive, un impôt sur les multinationales
14:18avec un rendement estimé, même s'il y a des débats,
14:20à 26 milliards d'euros, quand on augmente la taxation
14:23sur ce qu'on appelle les holdings, est-ce que, vraiment,
14:25on est sur une copie qui est à même de créer un climat
14:29d'attractivité pour, comment dire, inciter les entreprises
14:34à investir ?
14:34Alors, d'abord, dans ce qui a été voté, par des majorités,
14:38parfois, de circonstances, il y a des dispositions
14:41qui ne sont pas du tout celles qui vont avoir les effets
14:45que vous indiquez.
14:45Par exemple, la taxe sur les multinationales,
14:47il était admis, aujourd'hui, qu'elle ne rapporte rien.
14:50Donc, vous votez un impôt qui ne rapporte rien ?
14:53C'était le LFI et le Rassemblement National.
14:56Donc, ça a été voté.
14:57Ah, les socialistes n'ont pas voté l'impôt sur le multinational ?
14:59Je pense qu'ils n'ont pas voté, en tout cas, je ne l'ai pas voté.
15:02Et donc, à partir de là, ça ne rapporte rien.
15:04Donc, ce n'est pas ça qui va être en cause.
15:07Deuxièmement, sur les baisses d'impôts,
15:10elles ont eu lieu, les baisses d'impôts,
15:12y compris pour les entreprises, depuis 2017.
15:14C'est quand même un comble qu'au moment où il y a un effort à faire,
15:18et on a parlé des demandes qui sont adressées aux plus modestes,
15:24il est quand même assez compréhensible qu'on en demande aussi aux plus fortunés.
15:28Et les grandes entreprises ont reçu beaucoup depuis 2017.
15:33Donc, il est assez, là aussi, logique qu'elles soient également sollicitées.
15:36François Hollande, on a justement une question à ce sujet,
15:41au sujet de la désindustrialisation.
15:44Je crois qu'on a même plusieurs auditeurs au Standard qui souhaitent vous en parler,
15:47mais là, on va en parler avec Louis.
15:49Bonjour, Louis.
15:51Oui, bonjour, aujourd'hui, c'est France Inter.
15:53Bonjour, monsieur le député.
15:55Bonjour.
15:57Depuis 40 ans, il y a une désindustrialisation de la France qui est dramatique.
16:01Et quels que soient les présidents de la République, c'est dramatique.
16:04Donc, c'est un reproche que je fais, on n'entend aucun homme politique,
16:08aucun ancien président de la République en parler.
16:13Je vais prendre un exemple très simple.
16:14Il y a une usine de sidérurgie en Moselle qui risque de disparaître.
16:18Il y a 700 emplois, je crois.
16:20Personne n'en parle, c'est dramatique.
16:22Les emplois, c'est très important pour la vie de tous les jours et ça crée de la richesse.
16:27Personne n'en parle, c'est le reproche que je fais à la classe politique, tout bord compris.
16:32Oui, vous avez raison de mettre en évidence le fait que l'industrie, c'est ce qui permet à l'économie
16:39à la fois d'incorporer de nouvelles technologies, de fournir de nouveaux produits
16:43et de nous donner aussi une forme d'indépendance et de souveraineté.
16:48Alors, dire qu'il ne s'est rien produit, je ne peux pas laisser passer cette observation.
16:53Moi-même, quand j'étais président de la République, il y a eu un rapport, le rapport gallois,
16:58sur précisément le rôle de l'industrie, la place de l'industrie et ça m'a été quelquefois reproché.
17:03Quand j'ai créé le crédit impôt compétitivité emploi, le CICE, c'était pour l'industrie.
17:08Quand j'ai fait en sorte qu'on puisse améliorer les systèmes de formation professionnelle, c'était pour l'industrie.
17:13Ensuite, cet effort n'a peut-être pas été suffisamment poursuivi,
17:16mais quand il y a une entreprise qui est menacée, celle que vous indiquez,
17:20C'est le cas de Novasco.
17:21De Novasco, avec des comportements de repreneurs qui ne sont pas acceptables,
17:25il faut que l'État intervienne.
17:27L'État, ce n'est pas simplement de donner des aides, c'est aussi de vérifier qu'elles sont utilisées.
17:32Novasco, c'est 85 millions d'aides de l'État et des promesses d'investissement qui n'ont jamais...
17:37Qui ne sont pas venues, donc là aussi...
17:39Alors, pourquoi il y a un défaut peut-être d'investissement dans l'industrie ?
17:44C'est que notre épargne, et là ça revient à des sujets, y compris budgétaires,
17:49c'est que notre épargne doit être affectée davantage vers l'industrie
17:53qu'elle n'est aujourd'hui détournée, détournée au sens de la direction,
17:59vers le financement précisément des dépenses publiques.
18:01François Hollande, juste pour rebondir sur ce qu'on disait il y a quelques instants,
18:04les socialistes ont bien voté cet impôt sur les multinationales
18:06avec un rendement effectivement hypothétique à 20 milliards d'euros.
18:09Mais cette mesure tombera, donc elle n'a pas à être une espèce de colifiché
18:14qui était agitée par le patronat.
18:15Mais dans ce cas-là, comprenez aussi la singularité d'un vote qui...
18:19Mais parce que cette assemblée est ainsi faite,
18:22et qu'il y a des votes qui n'auront pas de traduction,
18:24puisque ça va passer dans la boulinette ensuite de la commission mixte paritaire.
18:27Donc ça, ça fait partie de ce que le patronat aujourd'hui exhibe,
18:31alors qu'il sait parfaitement que cette mesure n'a pas été d'interpris.
18:33François Hollande, sur l'anxiété que peuvent créer ces débats budgétaires,
18:36comment est-ce que tout cela termine ?
18:37Puisqu'on le dit, des délais qui vont être largement dépassés,
18:41il n'y aura pas de vote cette semaine, ça va aller au Sénat.
18:42Pour que le budget passe, il faudrait que les socialistes s'abstiennent,
18:46mais pas seulement, également, les écologistes et les communistes.
18:48Comment est-ce que tout ça termine ?
18:50Comment est-ce que la France réussit à être dotée d'un budget à la fin de l'année ?
18:53Est-ce que, par exemple, il faudrait que le gouvernement se dise
18:55« On a renoncé un peu trop tôt au 49-3 ».
18:58Éventuellement, si on se met tous d'accord avec notamment les socialistes
19:01pour une sorte de budget de compromis,
19:03si ça permet de faire passer le budget, allons-y.
19:06Nous ne sommes pas encore au stade conclusif.
19:08Donc, pour l'instant, les textes ne sont pas encore tous envoyés au Sénat,
19:13puisque le PLFSS l'a été dans sa première partie,
19:16le budget va l'être prochainement.
19:18Et ensuite, il y aura une commission mixte parité.
19:21Et vers le 15 décembre, cette question se posera.
19:24Comment ça se conclut ?
19:26Est-ce qu'il y a un vote possible sur ces textes ?
19:30Est-ce qu'il faut prendre des procédures ?
19:32Elles sont prévues par la Constitution.
19:33De toute manière, ce que je peux dire à votre micro,
19:36il y aura un budget.
19:38Il y aura un budget ?
19:39C'est-à-dire que quoi ?
19:40Sinon, il y aura des ordonnances ?
19:42Sinon, il y a des procédures.
19:43Je ne le souhaite pas.
19:44Je pense qu'il est mieux que les budgets soient votés.
19:47Mais de toute manière, il doit y avoir un budget.
19:48Et ma position, puisque j'évoquais la responsabilité
19:51par rapport à ceux qui veulent interrompre
19:54et avoir des élections anticipées,
19:56ma position, c'est qu'il faut que la France ait un budget
19:59et qu'il faut respecter les échéances électorales,
20:02élection municipale, comme élection présidentielle.
20:02Donc avoir un budget, même si cela implique
20:04de passer par ordonnance ou par...
20:06Je préfère, parce que je pense que c'est mieux
20:08de le faire par discussion, par la négociation
20:10et par le vote, mais je veux qu'il y ait un budget.
20:13Et les Français, majoritairement, veulent qu'il y ait un budget.
20:17Et je pense qu'il est mieux pour la démocratie française
20:19que nous respections les échéances,
20:21qu'il y ait des élections municipales à leur date au mois de mars
20:24et une élection présidentielle en 2027.
20:26Qui a intérêt à l'interruption du processus ?
20:29Les partis qui pensent qu'il vaut mieux avoir le chaos
20:34que la responsabilité.
20:37François Hollande, on a une question d'actualité au standard.
20:39C'est une question qui est posée par Sylvain
20:41sur un fait qui nous a tous heurtés, interpellés ce week-end.
20:47Allez-y Sylvain, bonjour, bienvenue.
20:49Oui, bonjour. Merci beaucoup de prendre mon appel.
20:51Bonjour M. Hollande.
20:52Bonjour.
20:52Voilà, moi je voulais avoir votre position concernant
20:56la dépénalisation et la légalisation du cannabis.
21:00On constate depuis des années et des années
21:03l'échec des politiques concernant la lutte contre le narcotrafic.
21:08Qu'est-ce que vous pensez de l'ouverture réelle d'un débat
21:12concernant la légalisation du cannabis
21:15afin de contrer ce trafic et ça permettrait aux forces de l'ordre
21:21de se concentrer sur la lutte contre les trafics de drogues dures
21:28et puis sur plein d'autres choses.
21:31Merci Sylvain.
21:32Merci.
21:33Vous faites référence évidemment au meurtre d'un jeune homme à Marseille,
21:37du frère d'un militant qui se bat contre le narcotrafic.
21:42François Hollande, légaliser le cannabis, ce serait la solution ?
21:45Ce n'est plus le cannabis qui est en cause en ce moment.
21:48Plus avoir ce débat sur le cannabis,
21:51c'est un débat d'il y a, comme l'a dit l'auditeur, 10, 15, 20 ans.
21:55Aujourd'hui, le grand trafic, il se fait sur la cocaïne,
21:58il se fait sur des drogues dures.
22:00Et si on tue, et on tue des enfants,
22:04c'est parce que cette drogue-là,
22:06ces produits stupéfiants sont de haute valeur pour les trafiquants.
22:12Et donc, si vous voulez ma position,
22:14je pense que la question du narcotrafic est aussi grave que la question du terrorisme.
22:20Et je pose mes mots.
22:21C'est-à-dire que j'ai été le président qui a lutté contre le terrorisme.
22:23Aujourd'hui, le narcotrafic à l'échelle internationale,
22:27les sommes qui sont en jeu,
22:28les mafias qui sont là,
22:29les procédés qui sont utilisés,
22:31les enfants qui sont hélas tués
22:33ou qui deviennent des assassins par ce processus-là,
22:36ça s'apparente à du terrorisme.
22:38Et donc, il faut avoir des méthodes de lutte
22:40qui sont de haute intensité,
22:42à la fois dans ce qu'on fait ici en France,
22:44et je pense qu'on doit aller encore plus loin,
22:45de responsabilisation des consommateurs.
22:47Parce qu'on ne peut pas non plus laisser penser,
22:49on dit, oh le cannabis, c'est pas grave,
22:51la cocaïne, qu'est-ce que c'est ?
22:52Donc, dépénalisation, l'égalisation, c'est un faux débat.
22:55Je pense que c'est derrière nous.
22:56Maintenant, cette question est derrière nous.
22:58La question du narcotrafic,
22:59elle est, elle, pas devant nous,
23:01elle est sur nous.
23:02Et il y a maintenant des forces considérables
23:04partout dans le monde
23:05qui utilisent le narcotrafic
23:07pour constituer des fortunes immenses
23:10et les utiliser, y compris dans le domaine économique.
23:13François Hollande, pour terminer,
23:15quelques mots sur la politique.
23:16Ce week-end, les Français ont eu
23:17une nouvelle illustration des divisions à gauche.
23:19D'un côté, vous avez participé
23:20à une réunion publique hier
23:21organisée par Bernard Cazeneuve.
23:24Vous étiez notamment avec Raphaël Glucksmann.
23:26De l'autre, on a vu Olivier Faure,
23:27Marine Thondelier dire,
23:29c'est bon, il y aura une primaire,
23:30ce sera à l'automne 2026.
23:31C'est quoi ?
23:32C'est la machine à perdre
23:33qui est repartie ?
23:35On est là face à des logiques
23:35qui sont totalement irréconciliables.
23:38Alors d'abord,
23:40qu'est-ce qui est en cause ?
23:41C'est d'avoir une alternative
23:42au Rassemblement National
23:44en 2027.
23:47C'est-à-dire d'avoir une force politique
23:48qui puisse être capable,
23:50non seulement d'aller au second tour,
23:52ce qui est quand même la condition,
23:54mais de gagner.
23:55Je pense que cette force-là,
23:57c'est la force socialiste
23:58socialiste et social-démocrate.
24:00Et donc, il faut qu'elle se bâtisse,
24:03et c'est en train de se faire.
24:04Le Parti Socialiste a pris toute sa place
24:06depuis plusieurs mois.
24:08Je soutiens, de ce point de vue-là,
24:10la direction du Parti Socialiste.
24:12Il faut qu'elle s'associe
24:13à Raphaël Glucksmann,
24:15à Bernard Cazeneuve
24:16et à d'autres,
24:16les radicaux,
24:17pour constituer cette force.
24:18Pardon, mais François,
24:19la direction du Parti Socialiste,
24:20là, en l'état,
24:21elle était représentée par Olivier Faure
24:22qui se dirige vers l'organisation
24:25d'une primaire.
24:25D'abord, faire que cette force-là
24:27désigne son candidat.
24:29Cette force-là doit désigner son candidat.
24:31Selon le candidat qui sera désigné,
24:32il ira ou il n'ira pas à la primaire ?
24:34Il décidera d'y aller
24:35ou de ne pas aller à la primaire.
24:37Moi, je vais vous donner mon expérience
24:37puisque j'ai été non seulement candidat,
24:40y compris dans une primaire,
24:41et président de la République.
24:41Il vous a plutôt aidé, d'ailleurs.
24:42Je ne suis pas sûr.
24:43Et président de la République.
24:45Je pense que la primaire
24:46est le plus mauvais des systèmes.
24:47Le rapport avec l'opinion,
24:49c'est une force politique,
24:51une personne pour l'incarner,
24:52un programme qui soit celui de la crédibilité
24:56et aussi de l'espoir,
24:57et d'aller franchement devant le corps électoral.
25:00C'est la seule voie que je connais.
25:02Le reste, on peut faire des primaires,
25:05mais les électeurs, ils sont libres.
25:06Ils iront peut-être pour certains dans la primaire,
25:08d'autres n'iront pas.
25:09Ils veulent qu'il y ait une solution.
25:11Et cette solution, c'est une force politique,
25:13un projet, une incarnation.
25:14Ça pourrait être vous ou pas ?
25:15Non, ça c'est une autre question
25:16parce qu'on mélange après la personne et la force.
25:19Là, j'essaie de donner une méthode.
25:20La seule méthode pour gagner l'élection présidentielle,
25:23c'est d'avoir cette grande force politique
25:25avec un projet qui tienne la route
25:27et une incarnation.
25:29Et l'incarnation, ça ne se décide pas dans une primaire.
25:31C'est un rapport avec l'opinion.
25:33Et moi, je l'ai vécu, le rapport avec l'opinion.
25:35On peut partir de très bas ?
25:36C'est possible.
25:37On arrive très haut à la fin.
25:39Merci.
25:40Pas de primaire pour François Hollande.
25:42Pas de nom sur la candidature.
25:43Merci à vous.
25:44Et par ailleurs, pour faire une primaire en 2026,
25:48octobre 2026, c'est ça ?
25:49Faut-il encore qu'il y ait un budget pour 2026 ?
25:52Très bien.
25:52Merci François Hollande.
25:54La revue de presse est à suivre.
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