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  • il y a 3 mois
Jean-Louis Bourlanges, ancien député Modem et ancien président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale est l'invité du Grand Entretien. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-29-septembre-2025-8957505

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00:00France Inter, Nicolas Demorand, Benjamin Duhamel, la grande matinale.
00:06Et avec Benjamin Duhamel, nous recevons ce matin un ancien député Modem,
00:11ancien président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée Nationale.
00:16Il répondra à vos questions au 01 45 24 7000 et sur l'application de Radio France.
00:23Jean-Louis Bourlange, bonjour.
00:24Bonjour.
00:24Et bienvenue sur Inter, on va évoquer avec vous la crise politique française,
00:30l'avenir du nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, après l'échec de votre ami François Bayrou.
00:36Sur le plan international, on évoquera aussi la reconnaissance française de l'État de Palestine
00:42et les réactions européennes à la menace russe.
00:46Mais avant cela, quelques mots sur la condamnation de Nicolas Sarkozy,
00:50déclaré coupable d'association de malfaiteurs condamnés à 5 ans de prison
00:55avec mandat de dépôt à effet différé et exécution provisoire.
01:01Il sera convoqué le 13 octobre par le parquet national financier
01:06pour connaître sa date d'incarcération.
01:10Première question simple, comment avez-vous réagi en apprenant cette nouvelle
01:14et à l'idée qu'un président de la 5e République puisse dormir en prison ?
01:19Avec tristesse, mais je ne suis pas d'accord avec Nicolas Sarkozy sur un point précis,
01:25à savoir que le fait qu'il soit un ancien chef de l'État rend scandaleux le verdict.
01:32Je crois au contraire que nous sommes un peu dans l'envers de ce que dit La Fontaine,
01:38qui dit « selon que vous serez puissante ou misérable,
01:42les jugements de cour vous feront blanc ou noir ».
01:46Là, je pense que, de toute manière, il y a une égalité qui est de plus en plus évidente
01:52de la part des juges entre toutes les formes de justiciables.
01:57Et ça, je crois que c'est quelque chose auquel on doit être attaché
02:00et auquel les Français sont, me semble-t-il, justement attachés.
02:03Alors, sur le fond, je m'associe totalement à ce qui a été dit
02:09à la fois par le président de la République hier et par votre invité tout à l'heure
02:13sur la gravité des menaces, des menaces de mort en particulier, faites sur un magistrat.
02:20Je crois que ça s'inscrit dans un climat général de mise en cause
02:23des autorités publiques, quelles qu'elles soient.
02:26Regardez les menaces qui pèsent sur les maires, les attentats sur les députés.
02:30Vous avez un déferlement de violence, une substitution de la violence
02:36au dialogue, à la contestation, qui est extraordinairement préoccupante.
02:41Alors, sur le fond, je suis quand même toujours un peu inquiet
02:46parce que, vous savez, les juges ont une situation très particulière
02:51qui a été définie par une interrogation du droit romain
02:55qui dit « quis custodes custodet ».
02:58Tradition.
02:59Oui, rassurez-vous, qui gardera les gardiens.
03:03C'est un pouvoir qui est absolument final, au-dessus de tout.
03:08Et qui est insusceptible de recours comment ?
03:11Et ça, c'est extrêmement grave.
03:13Parce que c'est comme ça, on ne peut pas faire autrement,
03:15on ne peut pas faire des juges.
03:17Et ça implique, en principe, et c'est là où je critique un peu le système,
03:21je ne critique pas la décision ou les juges, mais je critique le système,
03:25ça implique qu'on soit extrêmement prudent.
03:27Et notamment, ça justifie qu'un jugement ne soit considéré comme définitif
03:33et exécutoire, en principe, que quand les deux ordres de juridiction,
03:40la première instance et l'appel, ont joué.
03:43Or, on voit, et dans le cas de Mme Le Pen, ce qui est voulu par la loi.
03:46Donc les juges en sont beaucoup moins responsables que les parlementaires
03:49qui ont voté la loi Sapin.
03:51Et dans le cas de Nicolas Sarkozy, on a une exécution alors que la procédure judiciaire
03:57n'est pas achevée.
03:58Et ça, je crois que c'est tout à fait préoccupant.
04:02Mais ça veut dire, Jean-Louis Boulange, que vous considérez comme le président du Sénat,
04:05Gérard Larcher, qui dit qu'il y a des interrogations grandissantes
04:10sur cette question même de l'exécution provisoire.
04:12Sauf que, là encore, et c'était rappelé tout à l'heure par le président du tribunal judiciaire de Paris
04:16et à votre place, tous les jours, dans toutes les juridictions de France,
04:19malgré le double degré de juridiction, il y a des décisions avec exécution provisoire
04:24qui sont ordonnées.
04:26C'est la loi.
04:27– Je n'ai pas trouvé que c'était la partie la plus convaincante de son plaidoyer.
04:30Mais vous avez tout à fait raison, d'ailleurs, vous dites la même chose que moi,
04:34puisque je viens de dire que c'était le système qui était en cause.
04:39Je crois que l'exécution provisoire doit être extraordinairement limitée à trois cas.
04:45le risque de non-représentation, le prévenu qui prend la tangente, le risque de récidive.
04:53Vous poursuivez quelqu'un pour violence à un enfant, vous n'allez pas maintenir l'enfant
04:59en situation de vulnérabilité.
05:01Et le troisième, c'est le trouble à l'ordre public.
05:06En l'occurrence, ça ne jouait en aucune façon pour M. Sarkozy.
05:10Donc, je trouve qu'il devrait y avoir une retenue de la part des juges.
05:15Or, j'observe que cette retenue n'est pas toujours observée.
05:18Regardez, j'ai trouvé et j'avais été extrêmement choqué
05:22par le fait que dans les réquisitions du parquet, du procureur,
05:27on met en cause l'ambition personnelle de M. Sarkozy.
05:30Ah, c'est incroyable, il a été une ambition.
05:33Je ne sais plus quel était l'adjectif.
05:35Moi, vous avez déjà vu un président de la République,
05:37un candidat à la présidente de la République qui n'est pas ambitieux.
05:39S'il y en a eu un, le maréchal de Mac Mahon,
05:42qui a été élu, comme on dirait, à l'insu de son plein gré.
05:44Et ça, ce n'est pas très bien fini.
05:46Oui, mais enfin, c'est très honorablement de sa part.
05:48Mais donc, c'est pas...
05:50Et puis, moi, je reste, alors ça, je reste profondément marqué
05:54par, non pas par l'affaire du mur des cons,
05:59c'est-à-dire par le fait que ça n'ait entraîné aucune conséquence.
06:02Je ne dis pas seulement des conséquences disciplinaires,
06:04mais je trouve qu'il aurait été logique
06:06qu'au sein du syndicat de la magistrature,
06:08le secrétaire général démissionne.
06:10Parce que c'était une faute extrêmement grave
06:12et qui est des natures à porter préjudice
06:14à l'institution judiciaire.
06:16Jean-Louis Boulange, en évoquant effectivement
06:17ce précédent du mur des cons,
06:19vous posez aussi la question,
06:20qui est dans le débat aujourd'hui,
06:21de l'impartialité des juges.
06:23Vous avez entendu l'avocat de Nicolas Sarkozy,
06:26Jean-Michel Darrois,
06:27mettre en avant le fait
06:28que la présidente du tribunal correctionnel
06:29qui a condamné en collégialité Nicolas Sarkozy
06:32avait manifesté contre la réforme de la justice
06:34proposée par l'ancien président en 2011.
06:37Est-ce qu'il y a un sujet aujourd'hui
06:39d'impartialité, de problème
06:41quant à l'impartialité des magistrats ?
06:43Et est-ce qu'il faudrait,
06:43comme certains le demandent,
06:44avancer vers un devoir de réserve des juges ?
06:48J'ai donné des exemples
06:50qui fait que,
06:51et on voit bien qu'il y a une passion,
06:53il y a une passion notamment,
06:55et qui est une vieille passion
06:56des juges contre les hommes politiques.
06:58C'est normal.
06:59Les hommes,
07:00les politiques font la loi.
07:02Les juges l'appliquent et l'interprètent.
07:05Il y a forcément une tension,
07:06alors là c'est là où Mitterrand avait raison,
07:08de dire que ça date de très longtemps,
07:09ça date de l'ancien régime.
07:11Le conflit entre le Parlement de Paris
07:12et l'ancienne monarchie
07:14a été une des causes directes
07:16de la Révolution française.
07:18C'est une tension.
07:19Maintenant, je crois que ça crée,
07:21de la part du côté des magistrats,
07:24ça crée un devoir moral d'impartialité.
07:27Et du côté des politiques,
07:29Jean-Louis Bourlange,
07:31et du côté des politiques,
07:32ça implique quoi ?
07:33Ça implique effectivement...
07:37La retenue quand on critique
07:38l'institution judiciaire ?
07:40Ça implique certainement
07:41qu'on fasse preuve de retenue.
07:44Je trouve d'ailleurs que dans l'ensemble,
07:45pas dans la totalité,
07:47mais dans l'ensemble,
07:48y compris chez les amis de M. Sarkozy,
07:51qui sont d'ailleurs plus tellement ses amis,
07:53c'est peut-être ça l'explication,
07:54il y a eu une très grande réserve.
07:57On a le droit de commenter
07:58une décision de justice.
08:00La seule personne qui n'a pas le droit
08:02de commenter,
08:02c'est un membre du gouvernement.
08:03Parce que là, ça porte atteinte
08:04à la séparation des pouvoirs.
08:06Mais vous et moi,
08:07nous pouvons critiquer.
08:09Mais d'une façon générale,
08:11si vous voulez me faire dire
08:13que les hommes et les femmes politiques
08:15d'aujourd'hui n'ont pas un discours
08:17qui est à la hauteur de leurs responsabilités,
08:19je n'aurai pas trop de mal à vous suivre.
08:20Alors, venons-en à la crise politique française,
08:23si vous le voulez bien.
08:25Qui n'en finit pas ?
08:26Jean-Louis Bourlange,
08:26vous êtes un proche de François Bayrou,
08:29membre du Modem.
08:31Une semaine décisive, pardon,
08:33s'ouvre pour le nouveau Premier ministre
08:34Sébastien Lecornu,
08:36qui n'a pas convaincu pour l'instant,
08:37et c'est le moins qu'on puisse dire,
08:39les socialistes.
08:40Un ultime rendez-vous est prévu
08:42en fin de semaine.
08:43Après une nouvelle journée
08:45de mobilisation sociale,
08:46Sébastien Lecornu se dirige-t-il,
08:50selon vous,
08:51vers le plus court mandat à Matignon
08:54de toute la Ve République ?
08:56Écoutez, je ne sais pas,
08:57je pense que M. Lecornu,
08:59que j'admire beaucoup,
09:02je l'ai bien connu,
09:03je l'ai pratiqué
09:04quand j'étais à la Commission
09:06des Affaires étrangères,
09:07on a participé à des opérations ensemble,
09:11notamment de soutien à l'Arménie.
09:13Je crois que c'est un homme compétent,
09:16intelligent,
09:17habile,
09:18très porté à l'écoute et au dialogue,
09:20je crois qu'il a donc
09:21les qualités requises.
09:22Mais on lui demande de gagner
09:23une partie de poker
09:24avec un deux de trèfle.
09:26Il a absolument,
09:27il l'a dit d'ailleurs lui-même,
09:28il n'a absolument rien dans les mains.
09:30Il dit,
09:30je suis le Premier ministre
09:31sans doute le plus faible
09:32de toute la Ve République.
09:33Il porte en mandoulière
09:35sa propre faiblesse,
09:36qui est une attitude christique
09:37à laquelle on ne peut
09:38que rendre hommage.
09:39mais c'est d'une façon générale,
09:44je crois qu'il est confronté
09:45à une situation très dure
09:46que j'ai dénoncée
09:48dès la dissolution,
09:50c'est qu'il y a,
09:51me semble-t-il,
09:52un décalage abyssal
09:54entre ce qu'attendent
09:55les Français de la politique
09:56et ce que des hommes politiques
09:58responsables peuvent donner.
09:59Aujourd'hui,
10:00si vous voulez,
10:01pour résumer le débat,
10:03aujourd'hui,
10:04on a besoin de travailler plus,
10:06on a besoin d'investir plus,
10:09on a besoin de dépenser moins.
10:14Les partis politiques,
10:15notamment les oppositions,
10:17veulent dépenser plus,
10:19veulent travailler moins
10:20et à travers la taxe Zuckman,
10:22veulent transformer
10:23de l'investissement
10:23en fonctionnement.
10:24Donc, on a un décalage profond.
10:26Il y a deux attitudes face à cela.
10:28Soit vous cédez,
10:30et ce que M. Lecornu
10:32a marqué dans son interview d'hier,
10:35c'est qu'il ne céderait pas.
10:36Soit vous prenez le risque
10:39d'être renversé,
10:41et c'est le risque
10:42qu'a pris François Bayrou,
10:44il a été renversé.
10:46Maintenant,
10:46il s'agit de savoir
10:47si les partis politiques
10:48veulent jouer indéfiniment
10:50à ce jeu
10:50qui, de toute manière,
10:52ne conduit,
10:53il faut bien le savoir,
10:53qu'au Rassemblement National.
10:55Mais Jean-Louis Boulange,
10:56vous dites,
10:56les oppositions veulent,
10:57mais les Français aussi.
10:59Quand on regarde
10:59les enquêtes d'opinion,
11:00ils sont tous très favorables
11:01d'avantage de justice fiscale
11:03à cette fameuse taxe Zuckman
11:05que vous évoquez.
11:06Est-ce qu'on n'est pas
11:07dans une situation paradoxale
11:08où,
11:09pour précisément conjurer
11:10l'instabilité politique,
11:11Sébastien Lecornu
11:12doit faire un certain nombre
11:13de concessions,
11:14et il refuse de les faire
11:14comme si le pouvoir macroniste
11:17n'avait pas compris
11:17qu'il fallait une rupture ?
11:20Non,
11:20ce mot de rupture
11:22est un mot mensonger.
11:24On ne sait pas
11:25avec quoi il faut rompre.
11:26Moi,
11:26je pense que nous ne sommes pas,
11:27si vous voulez,
11:28nous ne sommes pas en 1788,
11:29c'est-à-dire à la veille
11:31d'une révolution nécessaire.
11:33Nous sommes au contraire
11:34dans une situation
11:35où les valeurs fondamentales
11:36sur lesquelles
11:37s'est organisée
11:39la société française
11:40depuis la guerre,
11:41c'est-à-dire
11:42la démocratie,
11:43la prospérité,
11:45une économie libre,
11:47la laïcité,
11:48la démocratie représentative,
11:50la sécurité collective
11:51et l'Europe,
11:52ces valeurs-là
11:52sont fondamentalement menacées
11:54d'un bout à l'autre
11:55du territoire.
11:56Donc,
11:56le problème,
11:57c'est de les sauvegarder,
11:58de préserver cet héritage.
12:00Nous ne sommes pas en
12:011788,
12:05nous sommes en 1938,
12:06sur comparaison
12:07n'est pas raison,
12:07bien sûr.
12:08C'est-à-dire qu'il s'agit
12:09de bien de comprendre
12:10que dans quelques années,
12:12ce sera trop tard,
12:13que nos intérêts,
12:15nos valeurs,
12:16nos lois,
12:16la division,
12:17la protection
12:18de la conscience individuelle,
12:21la laïcité,
12:22tout cela
12:22est fondamentalement menacé
12:24à l'intérieur
12:25et à l'extérieur.
12:26Regardez ce qu'on a vu
12:27sur la Moldavie
12:29et l'attitude des Russes,
12:30regardez les discours
12:31de M. Trump,
12:32tout cela fait partie
12:33d'un immense basculement
12:35et il s'agit de savoir
12:36de quel côté
12:37de ce basculement
12:38on se trouve.
12:39Et les socialistes,
12:40je le dis nettement,
12:41s'ils mènent
12:42cette politique du pire,
12:44qui est celle
12:44que choisit Olivier Faure,
12:46ça n'aura qu'un but,
12:47qu'un effet,
12:48pas qu'un but,
12:49mais qu'un effet
12:49qui est d'installer
12:50le Rassemblement National
12:52au pouvoir.
12:52C'est peut-être
12:53quelque chose
12:54de difficile à admettre,
12:56mais c'est ça
12:56la réalité du pays
12:57aujourd'hui.
12:58Face à ce constat
13:00de blocage,
13:00Jean-Louis Bourlange,
13:02qui inquiète
13:02les Français ?
13:03À quoi faut-il s'attendre ?
13:05Une nouvelle dissolution ?
13:07Un président de la République
13:09contraint à la démission ?
13:11Ou plus simplement
13:12l'immobilisme
13:13jusqu'en 2027 ?
13:15Je ne sais pas,
13:16ça dépend des partis politiques.
13:19Est-ce que le Parti Socialiste
13:20cherchera la dissolution
13:23et c'est-à-dire
13:24le rapprochement
13:24du RN du pouvoir ?
13:26Est-ce que le RN lui-même
13:27voudra gouverner maintenant ?
13:28Est-ce qu'il n'aura pas
13:29la tentation
13:31de faire précéder
13:32son arrivée au pouvoir
13:33d'une victoire présidentielle,
13:35si je puis dire ?
13:36Tout ça est très incertain.
13:38Mais il y a une chose
13:39dont je suis sûr,
13:40c'est qu'aujourd'hui,
13:41ce qui manque,
13:42ce sont des idées.
13:44Ce qui manque,
13:44c'est...
13:45Il n'y a pas de débat politique
13:46en France.
13:47Il y a des débats
13:48sur à qui je prends de l'argent,
13:49à qui j'en donne,
13:50etc.
13:50Est-ce que je diminue de temps ?
13:52Mais vous n'avez pas de débat
13:53sur la politique économique.
13:55Quelle doit être
13:55la politique économique ?
13:56Comment se situer
13:57par rapport au plan Draghi ?
13:59Vous n'avez pas de débat
14:00sur la politique européenne.
14:02Quelle doit être...
14:03Comment doit s'organiser
14:04la relance européenne ?
14:05Comment doit-on prendre
14:06la relève
14:07d'une Amérique défaillante ?
14:09Vous n'avez pas de débat
14:10sur la politique sociale,
14:11en réalité.
14:12Nous voyons bien
14:13que la solidarité sociale
14:17ne peut pas être reposée
14:18entièrement sur les salariés.
14:19Donc, il s'agit de trouver
14:20d'autres formes d'association
14:22au financement.
14:23Tout ça
14:24n'est pas en débat.
14:28Et donc,
14:29les Français sont en face
14:30d'un mur.
14:31Et je pense que l'une des solutions,
14:33l'une des voies,
14:34pas de solution,
14:35que devrait suivre
14:36Sébastien Lecornu,
14:38c'est d'afficher
14:39une véritable offre politique.
14:41Ce que Bayrou a commencé
14:42de faire,
14:42mais qu'il n'a pas fait suffisamment.
14:43Ce que François Bayrou
14:44a commencé de faire,
14:46ça n'a pas quand même
14:46été un franc succès.
14:48Un mot là-dessus,
14:48Jean-Louis Bourlange,
14:49puisque vous êtes
14:49un de ses proches,
14:51François Bayrou,
14:52qui a fait sa rentrée politique
14:53hier à Lille-sur-la-Sorgue,
14:55avec le recul
14:56sur l'échec
14:57de François Bayrou
14:58quant à sa volonté
15:00de sensibiliser
15:02les Français
15:02à la question
15:03de la dette,
15:04à cet ultimatum
15:05lancé aux oppositions.
15:07Comment est-ce que
15:07vous expliquez
15:08avec un peu de recul
15:08ce fiasco ?
15:10– Je n'ai pas été associé
15:11à aucun moment
15:11à l'action de François Bayrou
15:13depuis qu'il a été
15:14Premier ministre.
15:15– C'est pour ça
15:16qu'il a échoué, c'est ça ?
15:16– Non, ce n'est pas
15:17pour ça qu'il a échoué.
15:18Non, comme toujours
15:20dans ce pays,
15:21on échoue pour ses qualités
15:22et on réussit
15:23pour ses défauts.
15:24Mais je pense
15:26que François Bayrou
15:27a eu raison
15:27de poser le problème
15:29dans les termes
15:29où il l'a posé,
15:30mais il a eu tort
15:31de ne pas développer
15:33suffisamment
15:34une alternative.
15:36C'est-à-dire qu'il a
15:37montré,
15:38il a fait un diagnostic,
15:39il a montré l'obstacle
15:40et il n'a pas dessiné
15:42ce à quoi j'ai appelé
15:44il y a un instant,
15:45il n'a pas dessiné
15:46en profondeur
15:48une alternative
15:49au blocage
15:49dans lequel nous étions.
15:51Je crois
15:51que nous avons besoin,
15:53ce pays a besoin
15:54d'entendre un discours
15:55qui n'est pas un discours
15:56qui l'admet volontiers,
15:58mais qui est un discours
15:59fondamental
16:00de redressement
16:02face à une situation
16:03qui est sans précédent
16:05depuis la guerre.
16:06– Ça, vous décrivez
16:07l'enjeu de 2027 au fond.
16:09Parce que dans la situation
16:10politique actuelle,
16:12qui peut tenir des discours ?
16:14– On y est déjà,
16:14vous savez,
16:15on y est déjà.
16:16Moi, je pense que
16:18depuis la réélection
16:19du président,
16:20les choses n'ont pas
16:21été menées politiquement
16:22comme elles auraient dû l'être.
16:23J'ai beaucoup de respect
16:24pour le président
16:24de la République,
16:25mais je crois
16:26qu'il n'a pas mesuré
16:27les conditions
16:28dans lesquelles
16:28il a été réélu.
16:30Et notamment,
16:30c'est à ce moment-là
16:31qu'il fallait recréer
16:32un pouvoir
16:33primo-ministériel,
16:34un pouvoir
16:35de premier ministre fort.
16:37Mais nous vivons
16:38un...
16:40Si vous voulez me dire
16:40que la situation
16:41est très préoccupante
16:43d'ici les présidentielles,
16:44oui,
16:45elle est très préoccupante.
16:46Je crois que nous allons
16:47tout droit
16:47vers le pouvoir
16:49du Rassemblement national.
16:50Et qu'il s'agit,
16:52pour des gens comme moi,
16:53qui ont les valeurs
16:54que j'ai,
16:55qui ont le combat
16:55que j'ai eu
16:56en faveur de l'Europe,
16:58en faveur de la liberté,
16:59en faveur de la démocratie
16:59représentative,
17:01en faveur d'une économie
17:02ouverte et solidaire,
17:03il faut effectivement...
17:05Il y a matière
17:06à s'inquiéter
17:07très fortement.
17:08Venons-en aux questions
17:09internationales,
17:10Jean-Louis Bourlange.
17:11Il y a une semaine,
17:12Emmanuel Macron
17:13a reconnu l'État
17:14de Palestine
17:15à la tribune
17:16des Nations Unies.
17:18En faisant ce geste,
17:20la France
17:20était-elle
17:21dans son rôle ?
17:22A-t-elle retrouvé,
17:24selon vous,
17:25une voix
17:26au Moyen-Orient ?
17:27J'ai eu
17:28à la fois
17:28de la fierté,
17:29mais je ne suis pas naïf.
17:31J'ai eu une fierté
17:33qui était légitime
17:34en écoutant
17:35le Président
17:36de la République
17:36renouer
17:37avec la grande
17:38tradition française
17:39qui est un discours
17:41de raison
17:41et de dignité
17:43face à un monde
17:45absolument convulsé.
17:47Ça a été,
17:47il y a de temps en temps,
17:48nous prononçons
17:49des discours
17:49de cet ordre.
17:50Le général Legault
17:51l'a fait
17:51à plusieurs reprises.
17:53Dominique de Villepin
17:54l'a fait
17:54au moment de la guerre
17:56d'Irak.
17:56et je trouve
17:58que
17:58les propos
18:01du Président,
18:02sa fermeté,
18:02son équilibre
18:03étaient très justes.
18:05Maintenant,
18:06il ne faut pas
18:06être naïf,
18:07moi je vous dirai
18:08mon analyse,
18:08je ne dis pas
18:09que ça va se passer
18:09comme ça,
18:10mais on ne peut,
18:12il faut absolument
18:13trouver une solution
18:14politique
18:14au problème palestinien.
18:16Vous ne pouvez pas
18:17imaginer que
18:18des millions
18:18de personnes
18:19restent
18:20sans représentation,
18:21sans pouvoir,
18:23c'est impossible.
18:25Donc il faut,
18:25alors Israël bloque
18:27toute forme
18:28de solution
18:28actuellement,
18:29les solutions
18:30qui sont imaginées
18:30sont absolument
18:31inhumaines,
18:32c'est-à-dire envoyer
18:33les uns dans le désert
18:34du Sinaï,
18:35les autres en Jordanie,
18:36c'est impossible,
18:38et il faut trouver
18:38une solution,
18:40cette solution
18:40elle passe effectivement
18:41par la reconstitution
18:42d'une autorité
18:43palestinienne,
18:44dont je rappelle
18:45que ce n'est pas
18:46le Hamas.
18:47Et s'il y a quelqu'un
18:48qui sait
18:49que l'autorité
18:50palestinienne
18:50ce n'est pas la même
18:51chose que le Hamas,
18:52c'est Netanyahou,
18:53puisque toute sa vie
18:54il a soutenu le Hamas,
18:56pour empêcher
18:56l'autorité palestinienne
18:58d'incarner
18:59un pouvoir réel.
18:59Mais est-ce qu'on peut croire,
19:00pardon Jean-Louis Boulange,
19:01une seule seconde
19:01que cette reconnaissance
19:02de l'État palestinien
19:03puisse permettre
19:05à l'autorité palestinienne
19:06de reprendre un...
19:06Je vais répondre
19:07en finissant mon raisonnement,
19:09je dis qu'il ne faut pas
19:10se tromper,
19:11pour qu'il y ait
19:11un parti
19:13du dialogue,
19:15de la coopération
19:15avec Israël
19:16qui se produit,
19:17il faut qu'Israël,
19:18le gouvernement israélien,
19:20change d'orientation.
19:21Moi je crois que là,
19:22tant qu'Israël sera fixé
19:23sur la Nouvelle
19:24faisant adopter
19:25une résolution
19:26contre les deux États,
19:28vous savez,
19:28moi je rappelle
19:30toujours la phrase
19:31que m'avait raconté
19:32un diplôme,
19:33m'avait rappelé
19:34un diplomate
19:34dans un déjeuner,
19:35avec Rabin disait,
19:37Isaac Rabin disait,
19:39les deux États
19:40c'est l'avenir du chianisme.
19:42Parce que c'est la seule
19:43façon d'éviter,
19:44soit que l'État juif
19:45soit noyé
19:45dans une communauté
19:46palestinienne
19:47dans laquelle
19:48il serait minoritaire,
19:50soit qu'on crée
19:51un régime d'apartheid
19:52dans lequel il y a
19:53deux communautés
19:54dont l'une est inférieure
19:55à l'autre.
19:56Et je pense que...
19:57Donc rien ne pourra se faire
19:58tant que Benjamin Netanyahou
19:59sera au pouvoir ?
19:59Je pense que,
20:01en tout cas,
20:01tant que l'extrême droite
20:02qui rassemble des gens
20:06qui ont été têtés
20:07pour l'assassinat de Rabin,
20:09il faut bien le voir,
20:11c'est quand même
20:11cette équipe-là
20:13qui a provoqué
20:14la mort de Rabin,
20:16tant que ces gens-là
20:17seront au pouvoir.
20:18Et ce que je dis,
20:19moi je ressens très fortement
20:21la douleur
20:22et la souffrance,
20:24l'inquiétude
20:24de la communauté juive
20:26en France.
20:27Je pense que ce que vivent
20:28les Juifs
20:28est terrible
20:29et compte tenu du passé
20:30c'est vécu
20:31comme une espèce
20:32de répétition,
20:34de retour
20:35à quelque chose
20:36d'horrible.
20:36Mais je leur dis
20:37très sincèrement
20:38qu'ils doivent absolument
20:40non pas préconiser
20:42deux États,
20:42c'est pas ça,
20:44mais expliquer,
20:45prendre leur dit
20:46distance par rapport
20:47à la politique
20:48de Netanyahou
20:48et bien montrer
20:49qu'une solution politique
20:51au problème palestinien
20:52s'impose.
20:53Mais Jean-Louis Broulange,
20:53pardonnez-moi,
20:54mais il est étrange
20:54cet appel.
20:55Pourquoi les Français
20:56de confession juive
20:57se sentiraient tenus
20:58d'une manière
20:58ou d'une autre
20:59par la politique
21:00du gouvernement
21:00de Benjamin Netanyahou ?
21:01Ils sont Français
21:02de confession juive
21:03et non,
21:04pour l'immense majorité,
21:05absolument rien à voir
21:06avec la politique
21:06de Netanyahou.
21:08Pourquoi leur lancer
21:09cet appel
21:10à se désolidariser ?
21:11Parce qu'ils sont
21:14assez largement
21:15solidaires actuellement.
21:16Quand on voit ici
21:19ou là
21:19des mises en cause
21:21du racisme
21:24du président
21:25de la République
21:26en disant
21:27qu'en soutenant
21:28le Hamas,
21:28il soutient
21:28l'autorité palestinienne.
21:30Non,
21:30vous ne pouvez pas.
21:32Je crois que
21:32c'est un...
21:33On peut avoir
21:36des interrogations
21:37sur la reconnaissance
21:38de l'État palestinien,
21:39le timing,
21:40sans être un soutien
21:40de Benjamin Netanyahou ?
21:43Oui, absolument.
21:44Mais je trouve
21:44qu'il y a certains,
21:45par exemple,
21:46la rabbine,
21:47Mme Hervéler,
21:48a fait entendre
21:51une parole
21:51extrêmement positive.
21:52Je ne vous dis pas
21:53que la communauté juive
21:55doive,
21:55comme un ensemble,
21:57voter pour telle
21:59ou telle catégorie.
22:00Vous avez tout à fait raison.
22:01Mais je trouve
22:01que ce serait bien
22:02qu'on entende actuellement
22:04beaucoup plus de voix
22:05issues de la communauté juive
22:07qui disent
22:07nous sommes conscients
22:09parce qu'il y a un lien
22:10profond avec Israël
22:11qui est assumé.
22:12Justement assumé.
22:13Demandez au président du CRIF,
22:14il assume tout à fait ce lien.
22:15Vous demandez ça
22:15à d'autres communautés
22:17ou à d'autres religions en France ?
22:19Bien sûr,
22:19je demande ça à mon parti,
22:20je demande ça à tout le monde.
22:22Pourquoi voulez-vous
22:22que je le demande ?
22:23Moi, j'ai pris cette position.
22:26Mais enfin,
22:27ils sont citoyens français.
22:28Oui,
22:28moi aussi.
22:29Oui.
22:31Pourquoi on appelait
22:32à leur religion
22:33pour interférer
22:35dans la politique
22:36d'un autre État ?
22:37Ce n'est pas interféré.
22:37Donc ils ne sont pas
22:38les citoyens.
22:39Ils ne sont pas interférés.
22:40Nous avons une position française
22:42de la diplomatie française
22:45que je trouve
22:46personnellement
22:47assez légitime.
22:49Et je trouve
22:49que ce serait bien
22:50d'entendre des voix
22:52qui,
22:53effectivement,
22:54du côté de la communauté juive,
22:56montrent bien
22:56qu'une vraie défense
22:59du sionisme,
22:59ça ne passe pas
23:01par l'écrasement
23:01de l'autorité palestinienne.
23:03Un tout dernier mot
23:04avec vous,
23:04Jean-Louis Bourlange,
23:05sur ce qui s'est passé
23:06hier soir et cette nuit
23:07en Moldavie.
23:08La victoire,
23:09les premiers résultats
23:10sont tombés
23:11du camp pro-européen
23:13à l'occasion
23:14des élections.
23:15Et ce,
23:15malgré une campagne
23:16de désinformation
23:17sans précédent
23:17menée par la Russie,
23:20c'est ce qu'a dit
23:20l'Union Européenne,
23:20c'est ce qu'a dit également
23:21la présidente pro-européenne
23:22Maya Sandou.
23:23Vous êtes soulagé,
23:24vous,
23:24Jean-Louis Bourlange,
23:25l'Européen
23:26de ses résultats
23:27en Moldavie ?
23:27Ce n'est pas seulement
23:28l'Européen,
23:29je suis soulagé
23:30le démocrate.
23:32J'ai rencontré
23:33à plusieurs reprises
23:34Madame Sandou
23:35qui nous avait fait visite
23:37à l'Assemblée nationale.
23:38C'est une personne
23:39pour laquelle
23:39j'ai un infini respect.
23:41Elle est à la fois,
23:42elle défend
23:43la démocratie,
23:44elle défend
23:45la liberté
23:46de son,
23:46l'indépendance
23:46de son pays
23:47et elle défend
23:48la moralisation
23:49de la vie publique
23:49dans son pays.
23:50Ce sont trois combats
23:51qui sont extrêmement dignes
23:53et je me réjouis profondément
23:54que malgré
23:55une campagne
23:56de désinformation
23:57sans précédent
23:58de la part des Russes,
23:59elle ait gagné son pari.
24:01Jean-Louis Bourlange,
24:02merci d'avoir été
24:03au micro d'Inter
24:04ce matin.
24:05Il est 8h48.
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