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  • il y a 2 semaines
Olivier Faure, député de Seine-et-Marne, Premier secrétaire du Parti socialiste, est l'invité du Grand Entretien, au lendemain de l'annonce des premiers noms du gouvernement Lecornu, déjà critiqué de toutes parts pour sa trop grande ressemblance avec le gouvernement censuré précédent. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-06-octobre-2025-4386121

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Transcription
00:00Et avec Benjamin Duhamel, nous recevons Olivier Faure dans le grand entretien.
00:05Question réaction 01 45 24 7000 et application Radio France.
00:11Soyez le bienvenu, bonjour.
00:13Bonjour à vous.
00:14C'est fait donc, le gouvernement de Sébastien Lecornu est désormais connu.
00:18Peu de renouvellement, quelques entrants dont l'ancien ministre de l'économie Bruno Le Maire,
00:24nommé aux armées, ce qui suscite déjà beaucoup de réactions.
00:27Demain, sur le papier, déclaration de politique générale du Premier ministre,
00:33dont le sort dépend en grande partie de ce que vous, les socialistes, déciderez, censure ou pas.
00:40On va en parler dans un instant.
00:42Le gouvernement, donc, pour commencer.
00:45Les bras nous en tombent, a réagi Marine Le Pen.
00:48Un cortège de revenants, pour citer les mots de Jean-Luc Mélenchon.
00:53Olivier Faure, comment avez-vous réagi en apprenant la composition de cette nouvelle équipe ?
00:58Le sentiment qui domine ce matin, c'est la consternation.
01:05Vous venez de dire à l'instant que le sort du gouvernement Lecornu était dans nos propres mains.
01:10La réalité, c'est que nous assistons à une crise politique sans précédent,
01:15avec un socle commun qui a complètement implosé hier soir.
01:20C'est à la fois les revendications de Bruno Rotaillot, sur la forme comme sur le fond.
01:26C'est ensuite le départ de l'UDI, qui fait perdre au gouvernement sa majorité au Sénat.
01:32Et c'est enfin Gabriel Attal qui fait la démonstration de sa prise de distance avec le chef de l'État.
01:40Et donc, il n'y a là, ce matin, qu'un gouvernement qui est dans une faiblesse incroyable
01:45et qui n'a plus de légitimité pour, en réalité, gouverner et prétendre au pouvoir.
01:53Et donc, nous sommes dans une situation assez incroyable, en réalité.
01:56Vous vous réjouissez de la décision à venir des Républicains de quitter le gouvernement ?
02:03Xavier Bertrand, encore, il y a quelques minutes,
02:05qui dit que les Républicains ne peuvent plus rester au gouvernement.
02:08Vous êtes d'accord avec eux ?
02:09Ils vous rendent service, d'une certaine manière, Olivier Faure ?
02:12Non, je crois surtout qu'ils ne rendent service à personne.
02:15La France est un pays qui est aujourd'hui scruté,
02:19où chacun a le sentiment que nous sommes l'homme malade de l'Europe.
02:24et voir le comportement des uns et des autres
02:29qui, en réalité, jouent une primaire discrète entre les uns et les autres
02:34parce que leur obsession, c'est 2027.
02:36Et donc, on a là une forme de spectacle qui relève plus du cirque que d'autres choses.
02:41Et donc, on est dans une situation incroyable.
02:43Qu'est-ce qui vous pose le plus problème ?
02:45C'est l'entrée de Bruno Le Maire, par exemple ?
02:48C'est le manque de renouvellement de l'équipe gouvernementale ? C'est quoi ?
02:52Mais moi, je ne suis pas très intéressé, en réalité, par le casting.
02:55Ce qui m'intéresse, c'est ce que va produire ce gouvernement
02:58et ce qu'il pourra faire dans les prochaines semaines, les prochains mois
03:01parce que les Françaises et les Français s'intéressent, bien sûr, à qui les dirigent,
03:06mais aussi pour quoi faire.
03:08Et pour l'instant, la copie qui a été présentée par le gouvernement
03:11est une copie qui est très régressive
03:14et qui ressemble diablement à celle que François Bayrou avait proposée au mois de juillet.
03:20Et c'est donc la raison pour laquelle nous nous sommes toujours, nous, prononcés sur le fond.
03:23Nous avons cherché dans les discussions avec le Premier ministre à revenir sur le fond.
03:27Moi, je sais que c'est un gouvernement de droite.
03:29Je n'ai pas...
03:30Au fond, le casting m'intéresse peu.
03:31Ce que je veux savoir, c'est...
03:33Parce que les réactions d'un certain nombre de socialistes, Olivier Faure, hier soir,
03:36étaient de dire que la composition du gouvernement,
03:38c'est une circonstance aggravante, en quelque sorte.
03:42Vous vous dites, au fond, que ce soit Pierre, Paul ou Jacques, ça ne nous intéresse pas.
03:45Écoutez, ça nous intéresse, mais enfin, ça n'est pas là l'essentiel.
03:48Et c'est vrai que le voir, le retour de Bruno Le Maire, c'est une provocation.
03:52Avoir l'homme qui est à l'origine, enfin, en tout cas, pas seul,
03:55parce qu'en réalité, il porte pour l'ensemble du gouvernement,
03:58des gouvernements qui ont précédé celui de Sébastien Lecornu,
04:01il porte sur ses épaules le fait que ce gouvernement,
04:03ces gouvernements ont conduit à avoir 1000 milliards d'euros de dettes supplémentaires.
04:07Et donc, voir qu'à un moment où on parle de faire des efforts,
04:12de demander des efforts aux Français pour venir, justement, solder cette question de la dette,
04:17eh bien, de le voir revenir, c'est quelque chose d'assez cocasse, pour ne pas dire de consternant.
04:21Alors, Olivier Faure, rentrons dans le fond de la discussion,
04:24puisque vous dites, nous, ce qui nous importe, c'est la copie.
04:28Et ceux qui nous écoutent ce matin,
04:31espèrent sans doute savoir si ou non il y aura un gouvernement
04:34qui tiendra encore dans les jours qui viennent.
04:36Et tout cela dépend de la décision que prendront les socialistes,
04:40les députés socialistes, s'il y a un vote sur une motion de censure.
04:42Est-ce que, ce matin, vous pouvez nous dire si, oui ou non,
04:47le Parti Socialiste décidera de censurer le gouvernement de Sébastien Lecornu ?
04:52Je vais dire les choses un peu différemment.
04:54Au moment où nous nous parlons,
04:55je ne vois pas ce qui nous conduirait à ne pas voter la censure.
04:59Mais je sais aussi que, dans les discussions,
05:03tout peut progresser, y compris dans les dernières heures.
05:06Et moi, ce que je souhaite, ce n'est pas, encore une fois,
05:09changer le casting.
05:11Ce que je veux, c'est une politique qui change de cap.
05:14Et pour l'instant, je n'ai pas vu ce cap changer.
05:16Donc, la censure, en l'état pour bien comprendre,
05:18la censure, elle est inévitable ?
05:21Je crois qu'au moment où je vous parle,
05:24je ne vois pas comment nous pourrions l'éviter.
05:26Maintenant, c'est...
05:27Enfin, parce que vous faites en sorte de faire peser sur nos épaules
05:30la responsabilité d'une censure.
05:32Ce n'est pas à nous qu'il faut poser la question.
05:34Non, c'est une question de clarté, Olivier.
05:35Est-ce que ce gouvernement, est-ce que ce président sont prêts ou pas
05:38à faire les gestes nécessaires pour apaiser ce pays
05:41et faire en sorte que nous puissions avoir un vrai renversement
05:45qui permette là de se dire, nous avons changé de séquence ?
05:48Ce n'est pas moi qui ai parlé de rupture.
05:50Pardon, mais enfin, c'est le Premier ministre.
05:52C'est lui qui a dit qu'il voulait renverser la table.
05:54Pour l'instant, on ne voit pas très bien ce qui a été renversé.
05:56La seule chose qui a été, pour l'instant, rendue visible aux yeux
05:59des Françaises et des Français, c'est une grande continuité.
06:02Cette continuité-là, je vous le dis, je n'en veux pas.
06:04Et donc, la question, elle est maintenant posée au gouvernement
06:07et au président de la République.
06:09Sont-ils prêts ou pas à changer les choses
06:11et effectivement à des ruptures et à renverser la table ?
06:14S'ils y sont prêts, j'y suis prêt.
06:16S'ils n'y sont pas prêts, ils seront censurés.
06:18Alors, qu'est-ce qui, concrètement, pourrait vous convaincre
06:21de ne pas voter la censure dès cette semaine ?
06:24Est-ce qu'il y a encore un scénario sur la table ?
06:27Vous venez d'écrire un état d'esprit,
06:30mais est-ce qu'il y a un scénario où les socialistes
06:33ne censurent pas Sébastien Lecornu ?
06:36Je viens de vous le dire, la capacité a changé de séquence
06:40et j'ai noté avec plutôt plaisir le fait que le Premier ministre
06:45avait annoncé qu'il renonçait au 49-3.
06:48C'est une évolution...
06:48Mais ça ne vous suffit pas ?
06:49C'est une évolution que je considère comme positive
06:52parce qu'elle permet de dire que le Parlement aura le dernier mot.
06:57Mais si je l'avais proposé initialement,
06:59c'est parce que nous étions à un moment où nous pensions
07:02que nous devions réclamer pour nous-mêmes le passage à Matignon.
07:06Et donc, ça veut dire que nous aurions eu à ce moment-là
07:08le pouvoir d'initiative.
07:10Nous aurions pu mettre sur la table tous les sujets.
07:13Pour que ceux qui nous écoutent comprennent à peu près ce que je dis,
07:16c'est que la différence qu'il y a entre un Premier ministre de droite
07:19qui n'utilise pas le 49-3 et un Premier ministre de gauche,
07:23c'est que le Premier ministre de gauche, lui,
07:24il met sur la table tous les sujets,
07:26y compris la réforme des retraites,
07:28alors que quand c'est un Premier ministre de droite,
07:30nous ne pouvons pas, nous, du fait de la Constitution,
07:34nous ne pouvons pas nous-mêmes remettre
07:35sur le métier une réforme qui est aujourd'hui
07:38non seulement une question sociale,
07:40mais aussi une question de réparation démocratique.
07:42Ce texte a été adopté par le biais d'un 49-3.
07:45Le Premier ministre considère que c'est une anomalie démocratique,
07:48et donc, il doit remettre ce sujet sur la table.
07:50Donc, et je prolonge la question qui vous était posée par Nicolas,
07:52parce que parfois les propos sont un peu évanescents,
07:55et pour essayer de bien comprendre,
07:57il faut d'ici à demain que le gouvernement
08:01suspende la réforme des retraites,
08:03et c'est à cette condition que vous pourrez décider de ne pas le censurer.
08:07Pour là encore, essayez d'être très précis et très concret
08:10sur ce qui peut advenir dans les 24-48 heures.
08:12Pour être très précis,
08:15aujourd'hui, nous ne pouvons pas nous-mêmes
08:17déposer un amendement au PLFSS
08:20qui permettrait l'abrogation de la réforme des retraites,
08:23parce que nous sommes bloqués par d'autres articles que le 49-3.
08:27Et donc, si le gouvernement est prêt
08:29à ce que cette discussion puisse avoir lieu,
08:31et que nous puissions d'ici à la fin décembre
08:33avoir la possibilité d'abroger la réforme des retraites,
08:37alors, moi je suis prêt à dire que je suis prêt à jouer le jeu jusqu'au bout,
08:40y compris sur les questions fiscales, y compris sur les questions...
08:43Et s'il n'y a pas cette annonce,
08:44s'il n'y a pas d'annonce sur la réforme des retraites,
08:46sur la possibilité de discuter d'une éventuelle suspension,
08:50c'est la condition sine qua non, sinon c'est censure.
08:53Absolument.
08:53Voilà, de ce point de vue-là, les choses sont claires.
08:57Une question, Olivier Faure, sur l'état d'esprit général.
09:02On a le sentiment à vous écouter
09:03que vous demandiez l'abandon du 49-3,
09:06il a été abandonné,
09:07là vous avez, entre guillemets, sorti de votre chapeau une nouvelle condition.
09:10En fait, vous cherchez chaque jour un motif supplémentaire
09:14pour censurer le gouvernement de Sébastien Lecornu.
09:16Il y a eu presque une forme d'ingratitude chez les socialistes,
09:19puisque Sébastien Lecornu vous a concédé quelque chose que vous demandiez.
09:22Écoutez, il nous a concédé un élément qui est un élément de procédure,
09:26mais qui est insuffisant pour que nous puissions remettre sur la table
09:29tous les sujets sur lesquels nous voulons discuter.
09:31Moi je suis prêt à comprendre ce que dit le Premier ministre quand il dit
09:34« Au fond, il y a un Parlement que les Français ont choisi il y a un an,
09:39et donc nous n'allons pas changer le Parlement,
09:40mais nous allons nous soumettre à ces députés,
09:45ces 577 députés qui ont été élus il y a un an.
09:47Mais encore faut-il que nous puissions choisir nous-mêmes le terrain de jeu,
09:51et ne pas être soumis au seul terrain de jeu que se choisit le gouvernement.
09:55Et donc si tous les sujets sont sur la table,
09:57eh bien nous verrons bien,
09:58nous mettrons nous, nous défendrons nos positions,
10:01ils défendront leur position,
10:02et le Parlement tranchera.
10:04Mais je souhaite que le Parlement puisse trancher sur tous les sujets.
10:06Sur la fiscalité, il est fort,
10:09Sébastien Lecornu a déjà donné un certain nombre de pistes,
10:13égrené un certain nombre de mesures,
10:15baisse d'impôts pour les contribuables juste au-dessus du SMIC,
10:19fiscalité sur les holdings,
10:21prolongation de la surtaxe sur les grandes entreprises,
10:24sur les hauts revenus.
10:26Est-ce que vous pouvez dire,
10:27enfin vous pouvez dire que ça ne va pas assez loin,
10:30mais est-ce que ça va quand même dans le sens de davantage de justice fiscale ?
10:37Ça, est-ce que vous le reconnaissez ?
10:38Non, et dans le débat parlementaire,
10:40je ferai tout pour que la copie soit corrigée.
10:44Si le débat parlementaire, il y a.
10:46À comment ça, non, ça c'est bien des augmentations d'impôts pour les plus aisés ?
10:50Non ?
10:50Non, non.
10:51Si vous regardez l'équilibre...
10:52Taxer les holdings, faire contribuer davantage les hauts revenus ?
10:56Enfin, de quoi parle-t-on ?
10:58On parle d'un milliard.
10:59Pour des gens qui vont se distribuer cette année,
11:01pour le CAC 40 simplement,
11:03autour de 100 milliards entre les dividendes et les rachats d'actions.
11:05Pour des fortunes qui se sont gobergées pendant 8 ans
11:10et qui ont doublé,
11:12passant de 600 milliards à 1200 milliards.
11:14Et là, on dit, on va leur prendre un milliard.
11:17Et il faudrait s'en satisfaire et dire, bravo, extraordinaire.
11:20Je vous donne quelques chiffres pour qu'on se comprenne bien, très vite.
11:24Il y avait, dans le budget qui a été adopté précédemment,
11:27celui de François Bayrou,
11:28il y avait 8 milliards de surtaxes à l'IS,
11:32à l'impôt sur les sociétés,
11:33sur les 400 plus grandes sociétés de France.
11:36Et cette surtaxe, elle passe de 8 milliards à 4 milliards.
11:40Et vous considérez-vous que c'est une progression ?
11:43À un moment où nous avons besoin d'engager la transition écologique,
11:45à un moment où nous avons besoin de sauvrer nos services publics,
11:47à un moment où nous avons besoin de droit dans le pouvoir d'achat aux Français ?
11:49Je considère juste que quand on dit vouloir être dans le compromis,
11:53quand on est sur une position qui consiste à dire
11:54que c'est nos mesures à peu de choses près ou rien,
11:57on envoie un signal assez singulier.
12:00Mais ce n'est pas nos mesures ou rien.
12:01Je suis en train de vous faire la démonstration
12:02qu'aujourd'hui, ils ont divisé de moitié la surtaxe à l'IS.
12:07Et ils ont rajouté à cela une taxe sur les holdings qui rapporte 1 milliard.
12:10Vous avez d'un côté 8 milliards qui passent à 4 milliards.
12:14Et ensuite, vous avez un petit milliard qui est rajouté sur les holdings.
12:17Alors même qu'on sait très bien que l'argent que devrait rapporter la taxe Zuckman,
12:21c'est entre 15 et 20 milliards.
12:23Vous comprenez bien qu'on est très loin d'un compromis.
12:26On est là sur quelque chose qui relève en réalité de l'écran de fumée.
12:30Et donc, dans le débat parlementaire,
12:32s'il a lieu aux conditions que je viens d'évoquer,
12:34c'est-à-dire de pouvoir parler de tout,
12:36je défendrais la taxe Zuckman qui me semble être aujourd'hui la meilleure façon d'avancer.
12:41Alors, il y a beaucoup d'auditeurs d'Inter qui souhaitent intervenir dans le débat.
12:46Au standard, déjà, saluons Dominique.
12:49Bonjour, bienvenue.
12:51Bonjour France Inter.
12:53Bonjour les auditeurs.
12:54Et une question pour M. Olivier Faure.
12:57« Êtes-vous conscients que le Rassemblement National sortira vainqueur des querelles des différents partis de gauche et de droite ? »
13:07Merci Dominique pour cette question.
13:09Olivier Faure vous répond.
13:11Merci Dominique.
13:12Oui, j'en suis conscient.
13:13Et c'est la raison pour laquelle je viens de dire ce matin
13:15que la question est dans les mains du Président de la République et du Premier ministre.
13:20Qui peut croire que si nous ne résolvons pas, y compris la question des retraites,
13:24qui est un abcet de fixation pour tout le monde,
13:26et qui depuis trois ans est l'objet de tous les débats,
13:29eh bien, je pense qu'effectivement, nous sommes en train de paver le chemin qui conduit l'extrême droite au pouvoir.
13:35Et vous, non, vous n'avez pas de responsabilité au Parlement, non ?
13:40Nous avons eu de responsabilité, mais ce que je vous dis ce matin,
13:43c'est tout de même que je suis prêt, moi, à accepter l'idée d'un débat parlementaire,
13:46qui soit un débat parlementaire ouvert,
13:48qui soit un débat parlementaire 149-3
13:51et qui permette à un moment de laisser le Parlement décider de tout.
13:55Décider de tout, ça veut dire décider, y compris des sujets,
13:57qui sont des sujets pour l'instant interdits par le gouvernement,
14:00et je veux que tout soit sur la table.
14:01Olivier Faure, pardon, et pour prolonger la question de notre auditrice,
14:04il y a quelques instants, vous nous disiez il y a quelques minutes que,
14:07sauf recul sur la suspension de la réforme des retraites, il y aurait censure.
14:11Ça veut donc dire qu'on se dirige vraisemblablement dans les jours qui viennent
14:14vers une censure de l'Assemblée nationale qui pourrait aboutir à une dissolution.
14:17Ça veut donc dire que vous assumez une situation où, quand on regarde tous les sondages
14:21et qu'on voit que le Rassemblement national est en tête de ces sondages,
14:24vous assumez d'être responsable ou co-responsable de l'accession au pouvoir du Rassemblement national.
14:30Est-ce que vous êtes prêt à payer ce prix, le prix de l'instabilité politique,
14:36qui pourrait conduire à l'accession au pouvoir de Jordan Bardella et Marine Le Pen ?
14:39Je ne suis pas prêt à assumer cette co-responsabilité.
14:41Que voulez-vous que je vous dise ?
14:43Il y a un an, les Français ont voté.
14:45Ils ont donné une priorité à la gauche.
14:47Certes, il n'y a aucune formation politique qui est obtenue de majorité absolue.
14:51Mais quand même, il y a eu une priorité donnée à la gauche.
14:54Depuis un an, à quoi a-t-on assisté ?
14:55On a assisté à chaque fois à des premiers ministres de droite,
14:59avec des gouvernements de droite, avec une politique de droite
15:01qui ne change rien par rapport à la copie initiale.
15:04Et vous voudriez que ce soit moi qui porte cette responsabilité-là ?
15:07Non, je ne la porterai pas.
15:09Il y a aujourd'hui une forme d'évidence au fait que la gauche aurait dû gouverner,
15:13elle ne gouverne pas.
15:14Nous sommes prêts, y compris, à accepter l'idée que ce soit un gouvernement de droite,
15:18alors même qu'aujourd'hui, il n'y a plus rien qui le distingue
15:21puisqu'il y a une majorité très relative qui a éclaté.
15:25Et vous voulez en plus que ce soit moi qui porte cette responsabilité.
15:27Non, mais de censure en censure, on arrive peut-être à la dissolution,
15:30pour reprendre la question de Benjamin.
15:33Et à ce moment-là, vous ne pouvez pas vous exonérer de votre responsabilité.
15:38Mais Nicolas Demorand, j'ai donné ce matin les conditions
15:40à partir desquelles, en fait, on pourrait ne pas censurer.
15:44Et à partir desquelles, en fait, on pourrait avoir la stabilité.
15:46Mais la stabilité, ça ne peut pas être non plus la continuité
15:49avec tout ce qui s'est passé depuis huit ans.
15:52Ça n'est pas possible, ce n'est pas ce que les Français ont demandé.
15:55Et si vous voulez que l'extrême droite arrive au pouvoir,
15:57alors continuez à développer les mêmes politiques que depuis huit ans.
16:01Et nous savons très bien quelle sera la fin de l'histoire.
16:03Moi, ce que je veux, c'est justement qu'il y ait un changement de cap
16:05qui permette à un moment de dire aux Français,
16:08oui, nous ne sommes plus en la même séquence,
16:10et il y a quelque chose de possible.
16:11Une parenthèse, Olivier Faure.
16:12Et puis, on va au standard.
16:13Quand vous demandez la suspension de la réforme des retraites,
16:16que vous répond Sébastien Lecornu ?
16:17Parce que là, ça va se jouer dans les 24 heures.
16:19Si c'est l'élément qui vous permettrait de ne pas censurer,
16:21qu'est-ce qui vous répond, le Premier ministre ?
16:22Mais pour l'instant, il a tout répondu non.
16:25Nous lui avons déjà posé la question à deux reprises,
16:27puisque nous l'avons vu à deux reprises à Matignon,
16:29et les deux fois, il nous a répondu que ça n'était pas possible.
16:31Donc il n'y a pas de raison qui change d'avis.
16:32Écoutez, parfois, la grâce atteint, y compris,
16:36c'est la Saint-Bruno aujourd'hui,
16:37peut-être qu'il y a des miracles qui peuvent varier.
16:40Bruno Rataillot, Bruno Le Maire, voilà.
16:41Voilà.
16:42Oui, c'est des Brunos.
16:43Beaucoup de Brunos.
16:44Mais ce n'est pas la Saint-Sébastien.
16:46Sylvie est au standard d'Inter.
16:48Bonjour, Sylvie.
16:50Bonjour.
16:50On vous écoute ?
16:52Oui.
16:53Alors, je vous l'avoue,
16:55je suis assez ulcérée de ce que je suis en train d'entendre,
16:59de la part de M. Olivier Faure.
17:03Et je précise que j'ai été une électrice pendant plusieurs années,
17:06enfin, une citoyenne qui votait socialiste,
17:09pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté.
17:12Alors, moi, je ne comprends pas,
17:14mais je ne suis pas la seule,
17:16je ne comprends pas, M. Faure,
17:17votre positionnement depuis quelques jours.
17:21Donc, en fait, hier soir,
17:23on n'a pas entendu beaucoup d'hommes politiques
17:26sur les plateaux de télé.
17:28On a entendu quand même M. Jouvet,
17:30qui me disait sans détour que le PS censurerait
17:33s'il n'y avait pas de changement notable.
17:35De même pour Marine Tondelier,
17:39qui est un peu la personne qui nous dit
17:41qu'elle va tout changer,
17:43que tout va être formidable.
17:45Alors, quelle conclusion ?
17:46Non, non, je pose la question,
17:48je pose ma question,
17:49ne vous en faites pas.
17:50Lorsqu'il y aura censure du gouvernement,
17:55puisque c'est ça dont il est question aujourd'hui,
17:57que va-t-il se passer, en fait ?
18:00Écoute du budget et de la configuration du Parlement,
18:04qui ne dégage pas une majorité,
18:07quoi qu'on dise.
18:08Donc, moi, c'est ça qui m'inquiète.
18:12On a du mal à ne pas croire
18:14qu'aujourd'hui, la position du Parti Socialiste
18:17ne s'explique pas uniquement
18:21par le fait que les élections municipales approchent,
18:25et par le fait d'une probable alliance des socialistes
18:29avec ceux, le NSP, dans les mairies.
18:33Voilà.
18:34Merci.
18:35Je voulais dire à M. Fort que j'avais mal à ma gauche.
18:38Voilà.
18:39J'ai mal à ma gauche.
18:40Merci infiniment, Sylvie.
18:43Olivier Faure vous répond.
18:44Merci, Sylvie, de cette question,
18:46qui va me permettre d'être peut-être plus clair.
18:48Mais je crois, j'essaye en tout cas de l'être.
18:51Ce que je dis, moi, je suis partisan, en fait,
18:55d'un retour à un clivage simple
18:57entre la droite et la gauche au Parlement.
19:00Le Premier ministre s'est soumis à l'idée
19:03qu'il fallait en finir avec le 49-3,
19:06ce qui autorise ce débat.
19:07Ce débat, il est possible à une condition,
19:10c'est que sur tous les sujets que nous soyons évoqués,
19:15il puisse avoir lieu.
19:16À cette condition-là, je suis prêt à jouer le jeu,
19:18y compris au Parlement,
19:20à être parfois battu, parfois à l'emporter.
19:23Mais je souhaite que sur tous les sujets,
19:24nous puissions avoir ce débat.
19:25Et ça n'est pas anormal, je me répète peut-être,
19:28mais comment voulez-vous que nous ayons aujourd'hui
19:31des socialistes qui acceptent de valider un gouvernement
19:34dont la composition a été décriée jusque dans les rangs de la droite,
19:38avec un projet qui a été déposé devant le Haut Conseil aux Finances Publiques,
19:43qui, pardon de le dire,
19:44mais enfin, est un projet très régressif.
19:47Quand vous dites que vous prenez un milliard sur les holdings,
19:49mais vous allez piquer neuf milliards sur la protection sociale,
19:53pardon, mais moi, ce qui me fait mal à ma gauche,
19:55madame Sylvie,
19:57eh bien écoutez, c'est d'avoir un gouvernement qui,
19:59aujourd'hui, au moment où nous allons fêter les 80 ans de la sécurité sociale,
20:03est en train de revenir sur cet immense acquis
20:06auquel tous les Français sont très attachés.
20:08Et donc, ce que je souhaite,
20:09c'est que nous puissions effectivement
20:11relever le défi d'un changement de cap
20:14et non pas rester sur la politique conduite
20:16parce qu'elle nous met dans le mur
20:17et qu'elle amène typiquement l'extrême droite au pouvoir.
20:20Olivier Faure, le Rassemblement National demande une dissolution de l'Assemblée,
20:23du côté de la France Insoumise,
20:24on demande carrément la démission du Président de la République
20:26et une nouvelle élection présidentielle.
20:28Est-ce que votre parti est prêt à une dissolution de l'Assemblée Nationale ?
20:33Est-ce que vous êtes prêt à repartir en campagne ?
20:35Mais on est toujours prêt à repartir en campagne.
20:37On ne peut pas avoir peur de ce que sera le jugement des électrices et des électeurs.
20:41Mais je ne vous ai pas dit ce matin au micro
20:44que j'appelais à la dissolution.
20:46Je vous ai dit que j'appelais le gouvernement
20:48à réfléchir un instant aux conditions de la stabilité.
20:52Les conditions, elles sont simples.
20:54Permettre un débat éclairé sur tous les sujets
20:56et que le Parlement puisse trancher
20:58puisque le Premier ministre lui-même a dit
21:00qu'il était prêt à se mettre sous la tutelle du Parlement.
21:02Eh bien, s'il est prêt à se mettre sous la tutelle du Parlement,
21:04s'il est prêt à renoncer au 49-3,
21:06eh bien qu'il accepte aussi de remettre en jeu
21:08une réforme qui précisément n'a été adoptée
21:11que grâce au 49-3
21:13et qui est l'objet, dans toutes les enquêtes d'opinion depuis trois ans,
21:17d'un rejet massif.
21:19Deux questions sur l'application Radio France
21:21qui vont un peu dans le même sens.
21:23Marie, j'ai l'impression d'être dans une cour de récré
21:26et les parlementaires de tous bords
21:28ne sont pas à la hauteur des enjeux.
21:31Ils mettent en péril la démocratie.
21:34Michel, se rend-il compte de l'image lamentable
21:37que donnent les politiques de toutes parts ?
21:39La France a besoin de stabilité et non de chaos.
21:44Mais je partage ce point de vue.
21:46Je partage le point de vue
21:47qu'il faut justement rendre à la démocratie tous ses droits.
21:51Et ce que je vous dis depuis tout à l'heure,
21:52c'est que justement, je suis un partisan absolu de la démocratie.
21:55Je ne vous ai pas dit que je demandais
21:57à ce que mes mesures soient appliquées,
22:00que ce soit tout mon programme,
22:01qu'il soit demain le programme de Sébastien Lecornu.
22:02J'ai dit que j'acceptais l'idée
22:04qu'au Parlement, il y ait un débat sur tous les sujets
22:06et que nous puissions les trancher
22:08avec un Parlement qui n'est pas le mien.
22:11Je n'ai pas de majorité absolue au Parlement
22:12et je suis prêt à prendre ce risque.
22:14Mais je souhaite que tous les débats soient sur la table.
22:16Et à cette condition-là, il y a quelque chose qui peut se jouer.
22:18Et la démocratie pourra retrouver tous ses droits
22:20parce qu'effectivement, qu'est-ce que me disent
22:22les gens que je rencontre en permanence
22:24au-delà de ceux qui nous parlent ce matin ?
22:26C'est qu'ils nous disent
22:26« On manifeste, ça ne sert à rien.
22:28On fait des gilets jaunes, ça ne sert à rien.
22:30On vote, ça ne sert à rien.
22:33Vous faites vous-même des votes, ça ne sert à rien. »
22:35Eh bien, à un moment,
22:37on finit par croire que la démocratie,
22:39ça n'existe plus.
22:40Et moi, ce que je veux ce matin,
22:42c'est dire que nous pouvons rétablir
22:44véritablement la démocratie,
22:46mais ça suppose que tout le monde
22:47en prenne sa part
22:49et que tout soit sur la table.
22:51Olivier, un mot sur Raphaël Glucksmann
22:52qui a fait sa rentrée politique ce week-end à la Réole.
22:55Moi, j'ai été interpellé parce que vous avez dit de lui,
22:58ouvrez les guillemets,
22:58il n'est pas le candidat des socialistes,
23:00il est pour l'instant le candidat de place publique.
23:02Pourquoi avoir si peu d'enthousiasme
23:04à l'égard de celui qui est le mieux placé
23:06dans les sondages en vue de 2027 ?
23:08Mais ce n'est pas une question d'enthousiasme.
23:10Je dis simplement la réalité,
23:13c'est qu'aujourd'hui,
23:14il est le candidat de lui-même
23:15et que s'il veut être le candidat des autres,
23:19il faut quand même, à un moment,
23:21accepter l'idée de se plier
23:22à un exercice qui est collectif.
23:25Moi, je n'ai rien contre Raphaël Glucksmann.
23:27Je l'ai même proposé à deux reprises
23:28prêtre la tête de liste des socialistes
23:30à l'élection européenne.
23:32Mais simplement, c'était à l'époque,
23:34avec une idée simple,
23:35c'est que nous avions une coproduction
23:37sur le projet
23:38et que nous étions dans une situation
23:40où nous partageons en réalité une vision.
23:43Là, moi, je ne suis pas prêt
23:45à me soumettre à l'idée d'un homme
23:47ou d'une femme providentielle.
23:48Ça n'existe pas.
23:49Non, mais si vous avez envie de gagner, Olivier...
23:51Non, mais au fond,
23:52on se demande quand on vous écoute
23:53s'il n'y a pas un peu de jalousie de votre part.
23:56C'est parce que vous espéreriez vous-même
23:57être candidat
23:59et qu'il vous fait de l'ombre, Raphaël Glucksmann ?
24:01Il n'y a aucune jalousie de ma part.
24:03J'ai toujours dit la même chose,
24:04c'est que moi,
24:05je suis prêt à me soumettre
24:06au jugement peut-être d'une primaire
24:08qui permettrait de dire
24:10quel est le mieux placé
24:12et qui est celui
24:13qui porte un projet collectif
24:16pour l'élection présidentielle de 2027
24:18parce que je ne veux pas prendre le risque
24:20de l'arrivée de l'extrême droite.
24:21Et donc, Raphaël Glucksmann
24:22peut être celui-là.
24:24J'ai dit que je souhaitais
24:25un rassemblement de Ruffin à Glucksmann.
24:27Je ne peux pas être plus clair.
24:28Et donc, ce que je dis,
24:30c'est que simplement,
24:31ça suppose que Raphaël
24:32accepte l'idée
24:33qu'il ne sera pas simplement
24:35l'élu des sondages,
24:36qu'il doit être celui
24:37qui se pliera à un artiste collectif
24:39de Ruffin.
24:40Il ne veut pas d'une primaire,
24:42il l'a dit comme Jean-Luc Mélenchon.
24:43Donc, vous pouvez lui demander
24:43mais il a l'air assez
24:44ragoûté sur ce point.
24:46Mais pardon,
24:47il dit
24:48je ne veux pas participer
24:49à une primaire
24:49parce que Jean-Luc Mélenchon.
24:50Mais Jean-Luc Mélenchon
24:51n'est pas dans la primaire.
24:52Donc, quel est le problème ?
24:53En fait,
24:54moi je veux savoir aussi
24:55avec qui on gouverne demain.
24:57Si on veut engager le changement,
24:58il faut non seulement avoir
24:59un président de la République
25:00mais il faut aussi une majorité.
25:02Et donc,
25:02quelle serait cette majorité ?
25:04Moi, je veux être clair.
25:05Si demain,
25:06il y a un président de la République
25:07de gauche,
25:08il gouvernera avec une majorité
25:09de gauche
25:09qui lui sera peut-être donnée
25:11par les électrices
25:12et les électeurs.
25:12Mais donc,
25:12cette information principale
25:14et importante que vous nous donnez,
25:15si pas de débat
25:16sur la suspension
25:17de la réforme des retraites,
25:17le Parti Socialiste
25:18censurera le gouvernement
25:20de Sébastien Lecornu
25:21demain ou en tout cas
25:22dans la semaine.
25:22Moi, je souhaite que,
25:23effectivement,
25:24la réforme des retraites
25:25soit remise sur le tapis
25:26et que donc,
25:27nous puissions avoir un vote
25:28pour ou contre
25:30la réforme borne.
25:31Et à partir de là,
25:32effectivement,
25:32les choses peuvent s'ouvrir.
25:33Olivier Faure,
25:35premier secrétaire
25:35du Parti Socialiste.
25:37Merci d'avoir été au micro
25:39de France Inter ce matin.
25:41Merci d'avoir regardé cette vidéo !
25:43Merci d'avoir regardé cette vidéo !
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