00:00Soyez les bienvenus dans ce magazine, une semaine de commémorations en France.
00:07Il y a 10 ans, à la nuit du 13 novembre 2015, une série d'attentats terroristes sans précédent à Paris et Saint-Denis.
00:14132 vies sont à leur fauchée.
00:17Un hommage a été rendu aux victimes du Bataclan, des terrasses et du Stade de France.
00:20Une cérémonie qui a réuni les proches des victimes de ces attentats.
00:24Je vous propose d'écouter tout de suite ces quelques témoignages recueillis par nos confrères de France Télévisions.
00:30C'était important de reparler de mon papa, de ses valeurs, des valeurs qu'il nous a transmises également.
00:39Et puis continuer de faire parler de lui, c'est vraiment important, même si c'est la seule victime décédée ici au Stade de France.
00:46Je conseille de voir un mec me sortir comme ça. Merci.
00:50De rien, il y en a pour vous.
00:54Merci beaucoup.
00:55C'est ton courage.
00:56J'ai perdu l'homme de ma vie au Bataclan.
00:58C'est la première fois que j'assiste à la cérémonie d'hommage.
01:03Il y a beaucoup de monde, ça fait chaud au cœur.
01:06Et puis la peine est toujours là.
01:08Et voilà.
01:09C'est un bel hommage.
01:12À dix ans après, une question revient.
01:14Quel est l'état de la menace terroriste aujourd'hui en France ?
01:17Une attaque de cette ampleur est-elle encore à redouter ?
01:19Autant de questions que nous avons à vous poser.
01:21Yann St-Pierre, bonjour à vous.
01:23Vous êtes le PDG de Modern Security Consulting Group et vous conseillez plusieurs acteurs dans le monde en matière de lutte contre le terrorisme.
01:31Merci de prendre quelques instants pour répondre aux questions de France 24.
01:33Yann St-Pierre, d'abord, cette première interrogation.
01:36Est-ce que la menace, dix ans après ces effroyables attentats, est-ce qu'elle est toujours vive en France ?
01:42Est-ce que la vigilance doit rester de mise ?
01:45Oui, elle est toujours très vive en France et en Europe en général.
01:49Ce qu'on voit depuis dix ans, c'est à la fois une diversification et une multiplication des menaces.
01:54Diversification, c'est qu'en réaction, mais aussi à la fois à la polarisation politique croissante,
02:01mais aussi aux attentats islamistes de l'époque, c'est qu'on voit une montée des attentats de l'extrême droite.
02:07On voit aussi une montée des attentats émergents de milieux conspirationnistes, aussi une montée des attentats d'extrême gauche.
02:17D'autre part, la multiplication, c'est qu'on voit aussi une montée d'acteurs, d'auteurs d'attaques qui agissent de leur propre chef,
02:23s'identifient à une cause, pas nécessairement à une organisation, mais à une cause particulière.
02:28Et donc, dans l'ensemble, on se retrouve avec une menace qui est beaucoup plus diversifiée, qui s'est multipliée,
02:32qui, dans l'ensemble, demeure très problématique, même si les capacités d'organiser un attentat avec l'envergure de ce qu'on a vu il y a dix ans
02:40demeurent beaucoup plus difficiles qu'auparavant en raison des diverses mesures de sécurité qui ont été implémentées depuis.
02:46Le fait qu'il y ait de plus en plus d'acteurs prêts à agir, ça cause un problème.
02:50Ce que disait aussi le patron de la Direction générale de la sécurité extérieure, le patron des renseignements français,
02:55l'assurait, et c'est ce que vous dites aussi, que la menace de l'ampleur de ce qu'on a connu en 2015 était moindre.
03:02En revanche, il faut continuer de rester vigilant quant à ce qu'on appelle la menace dite endogène.
03:08Vous voulez bien nous expliquer de quoi il s'agit?
03:12Oui, c'est-à-dire qu'il va y avoir des gens qui vont s'identifier.
03:16Je prends, par exemple, le renouveau ou les attentats qui sont liés à des appuis pro-palestiniens
03:24depuis les attentats du 7 octobre 2023.
03:27La réponse israélienne, on voit beaucoup un changement démographique.
03:31On voit des jeunes de 14, 15, 16 ans, 17 ans qui sont nés, qui ont grandi dans un pays spécifique,
03:36mais qui s'identifient à une cause externe, qui, au nom de cette cause-là, sont prêts à attaquer,
03:41veulent s'engager au niveau terroriste, d'une façon extrême, radicale,
03:46dans leur pays d'origine, dans le pays où ils ont grandi.
03:52Et donc, cette menace-là, elle continue d'amplifier.
03:55Elle est amplifiée aussi par les réseaux sociaux, par l'accès à des chats, à des plateformes d'échange.
04:02Et donc, la menace endogène, elle est très problématique,
04:05puisqu'on voit un changement démographique très inquiétant et très sérieux qui amplifie cette menace encore.
04:10Et ça veut dire aussi, Anne-Saint-Pierre, que ces individus agissent de manière autonome, seuls?
04:18Tout à fait. On ne parle pas nécessairement de loups solitaires,
04:21parce qu'on voit, on sait que beaucoup de ces acteurs-là, de ces individus-là,
04:26ont quand même des échanges en ligne sur certaines plateformes.
04:31Donc, on voit qu'il y a quand même un échange d'idées, un accès à des ressources, des capacités, un savoir surtout.
04:38Mais ils agissent de leur propre chef.
04:40C'est des gens qui sont très difficiles à cibler, parce qu'ils vont s'entonir à eux.
04:45Ils vont essayer de créer leur propre bulle.
04:48Et dans cette mesure-là, d'essayer d'identifier ces gens-là, c'est très difficile.
04:51Mais plus qu'il y en a de plus en plus, la menace, elle, s'accroît en même temps.
04:55Alors, quels sont les dispositifs mis en place par l'État français?
04:58D'abord, avant d'aller sur l'Europe, mais l'État français, comment est-ce qu'on prévient?
05:02Et comment est-ce qu'on empêche ces individus de passer à l'acte?
05:05Comment est-ce qu'on les surveille?
05:06D'une part, il y a eu beaucoup d'investissements au cours des dernières années dans les tentatives de prévention,
05:14pas nécessairement de déradicalisation, mais d'anticiper la menace.
05:18Il y a aussi un changement d'approche qui dit qu'il s'agit plutôt de contenir une menace plutôt que de pleinement la désarmer.
05:25C'est-à-dire qu'on ne cherche plus nécessairement à déradicaliser des gens, mais on cherche plutôt à limiter la portée de leur agressivité,
05:32à faire en sorte qu'ils ne soient pas nécessairement prêts à utiliser la violence pour expliquer leur grève politique.
05:37Et ça, c'est une approche qui est très importante.
05:39D'autre part, on voit une augmentation très signifiante des mesures cyber de surveillance,
05:44une approche qui est très proactive dans la surveillance des messages, des engagements,
05:50ce qui fait en sorte que c'est possible d'arrêter des gens, de mettre des gens en garde de vue,
05:55beaucoup plus tôt qu'auparavant, lorsqu'on avait les méthodes étaient un peu plus désuètes.
06:00Je précise aussi que des attentats ont été déjoués.
06:02On sait qu'au cours de l'année 2025, cette année en cours, au moins six attentats ont été déjoués.
06:07Mais je voudrais aussi vous entendre sur la coopération entre la France et les États européens.
06:12Est-ce que ça marche de ce point de vue-là?
06:14Parce qu'il y avait clairement eu des failles en novembre 2015, on s'en souvient.
06:19Oui, non seulement la France a été attaquée, mais l'Allemagne, dans les années qui ont suivi, a aussi été une cible.
06:26La Belgique, évidemment. La Spagne qui a eu ces problèmes. Les Pays-Bas.
06:30Donc, les pays européens, à l'époque, ont quand même assez bien compris que l'échange d'informations est primordial.
06:35Les ententes bilatérales et multilatérales se sont améliorées.
06:39L'échange concret, pratique sur le terrain s'est aussi amélioré.
06:43Néanmoins, on fait beaucoup... Il faut quand même souligner que beaucoup de ces échanges d'informations-là sont volontaires.
06:49Et donc, même s'il demeure quand même certaines restrictions, il y a quand même certains acteurs qui sont réfractaires à trop partager d'informations.
06:57Pourquoi? Il y a de Saint-Pierre-en-Lessier.
06:58Question de sécurité nationale. Oui.
07:00Oui, en fait, c'est une question de sécurité nationale.
07:03C'est qu'il y a certaines priorités nationales qui vont dire...
07:06Les échanges, on ne peut pas tout donner. On peut donner certaines choses, mais pas tout.
07:11Et donc, les restrictions, cette approche-là un peu trop protractrice nuit encore à l'échange d'informations.
07:19Mais c'est quelque chose de très classique et très difficile à surmonter.
07:22On parle beaucoup de ce terrorisme islamiste.
07:24On parle de plus en plus, il faut le dire, du terrorisme qui vient des mouvances d'extrême droite.
07:32En 2018, par exemple, l'action des forces opérationnelles a été démantelée.
07:35Des membres de cette organisation ont été jugés.
07:39Est-ce que là aussi, les dispositifs mis en place pour tenter d'empêcher ce type d'action de la part de ces mouvances d'extrême droite est suffisant aujourd'hui ?
07:49Est-ce qu'on mesure aussi cette menace-là dans son importance ?
07:54Savoir si c'est suffisant, ça demeure ouvert.
07:57Mais très certainement, la menace est prise beaucoup plus au sérieux qu'elle l'était à l'époque ou même il y a cinq ans.
08:02Une des particularités des mouvements d'extrême droite, c'est qu'ils visent beaucoup de politiciens.
08:08La France demeure un des pays européens.
08:10Il en fait le pays européen où les tentatives ou les menaces d'attaque contre les politiciens demeurent le plus élevé.
08:16Donc, il y a une réaction politique très sérieuse par rapport à ça.
08:19La menace, elle est réelle.
08:21Donc, les mesures ont été mises en place pour tenter de bien gérer cette menace-là.
08:26Néanmoins, on parle de ressources, de transférer des ressources ou de mettre des ressources à la disposition des forces de sécurité
08:32pour être en mesure de gérer diverses menaces simultanément.
08:36Ça demeure un problème.
08:37Donc, il y a des choix qui doivent être faits.
08:39Dans la phase actuelle islamiste et extrême droite, ça demeure des priorités.
08:44Mais en même temps, il y a des sacrifices qui sont faits, on le voit du côté de l'extrême gauche
08:47ou avec des mouvements conspirationnistes.
08:50Est-ce qu'ils agissent de la même manière quand vous parlez de l'extrême gauche et de l'extrême droite?
08:56Non, pas vraiment.
08:57C'est que d'une part, on voit que du côté de l'extrême gauche,
09:00il y a une plus grande focalisation sur les dommages matériels.
09:03Les dommages des victimes humaines, elles, sont un peu plus...
09:07On parle plus de dommages collatéraux.
09:09Du côté de l'extrême droite, on parle d'attentes à beaucoup plus ciblées,
09:11moins indiscriminées, c'est-à-dire une personne très particulière va être ciblée
09:16ou un groupe de personnes.
09:17Donc, c'est beaucoup plus focalisé que ce qu'on voit avec d'autres organisations
09:21où l'ensemble peut être plus général.
09:23Je pense notamment au mouvement des célibataires involontaires,
09:26INCEL, l'expression anglaise, qui est un mouvement contre les femmes.
09:30Et donc, dans ce cas-ci, c'est plutôt les femmes en général qui vont être visées.
09:33C'est en contraste avec l'extrême droite qui vont chercher à viser des personnalités très précises.
09:37Merci beaucoup, Yann St-Pierre.
09:39Merci d'avoir pris le temps de répondre à nos questions sur France 24.
09:42Ce qui a aussi retenu l'attention cette semaine, c'est cette sortie de prison de Nicolas Sarkozy.
09:47Une incarcération express.
09:49C'est par cette formule que des avocats des partis civils ont accueilli sa libération.
09:53Condamne à 50 prisons pour association de malfaiteurs dans l'affaire du financement libyen de sa campagne de 2007.
09:58L'ancien président de la République n'a finalement passé que trois semaines en détention.
10:02Il sera jugé en appel à partir de mars prochain.
10:04Et avant de refermer ce magazine, ces images de cette nuit magique de sublimes aurores borées à l'observer en France.
10:13Et c'est un fait rare et exceptionnel qui mérite d'être souligné.
10:16Elles sont dues à des éruptions solaires très fortes.
10:19Admirez plutôt le spectacle.
10:20Au cœur de la nuit, le ciel alpin s'embrase.
10:27Festival de couleurs sur les sommets de Meugeve.
10:31Des gerbes de lumière illuminent les montagnes enneigées de Courchevel.
10:37Un spectacle visible pendant près de deux heures aux quatre coins de la France.
10:41Des plages de la Baie-de-Somme, à l'île des Zambiers dans le Var.
10:45Et même en ville, à Nior, où les lumières artificielles atténuent à peine ces aurores boréales.
10:56Un phénomène habituel au cercle polaire, mais rarement observable en France.
11:00Il s'explique par une éruption solaire de forte intensité qui libère des particules chargées électriquement
11:06qui vont percuter le champ magnétique terrestre.
11:09C'est un peu le même phénomène que nos néons lorsqu'ils sont excités électriquement.
11:14Le gaz réagit.
11:15D'habitude, c'est concentré sur les pôles puisque notre champ magnétique va canaliser ces particules vers les pôles.
11:21Et là, comme cette tempête est plus forte, le champ magnétique est un petit peu déformé.
11:25On se retrouve avec ces particules solaires à nos latitudes.
11:30Des cartes postales originales capturées par de nombreux photographes, comme ici,
11:35sur le plateau de Valençol dans les Alpes de Haute-Provence,
11:39bien connues pour ces lavandes qui ont prêté leur couleur au ciel.
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