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Assassinat du frère d'Amine Kessaci à Marseille : faut-il parler de «narcoterrorisme» ?
Europe 1
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il y a 3 jours
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00:00
Europe 1, Eliott Deval et vous.
00:02
11h30 sur Europe 1, bienvenue si vous nous rejoignez, Eliott Deval et vous, c'est votre rendez-vous jusqu'à 13h chaque week-end.
00:08
Et Eliott, direction maintenant Marseille dans ce nouveau quart d'heure d'émission après l'assassinat de Mehdi Kessassi,
00:13
frère du militant contre le narcotrafic Amin Kessassi.
00:16
Peut-on parler de narcoterrorisme ? On en pose la question aux auditeurs, bien sûr, vous pouvez nous appeler pour réagir 01 80 20 39 21.
00:24
Et on est toujours avec Alexandre Devecchio et Georges Fenech.
00:27
Mehdi avait 20 ans. Il rêvait de devenir policier.
00:31
Son frère, Amin Kessassi, est connu à Marseille parce que c'est un militant écologiste.
00:36
Et Amin, depuis 2020, lutte contre la drogue dans sa ville.
00:41
Amin et Mehdi avaient perdu un frère il y a un peu plus de 5 ans, dans des conditions dramatiques.
00:48
Là aussi, sur front de trafic de stupéfiants, son corps avait été retrouvé dans une voiture calcinée.
00:52
Et Mehdi, dont 20 ans, a été abattu jeudi après-midi à Marseille, en plein jour, à 14h30.
00:59
Gérald Darmanin parle d'un point de bascule effrayant.
01:03
Et je suis sidéré de voir cette indifférence politique et médiatique,
01:09
alors qu'on est en train de vivre peut-être un fait majeur dans notre société,
01:14
c'est-à-dire une victime du narcoterrorisme.
01:18
Pour en parler avec nous, on est en direct avec Alain Bauer,
01:22
qui est professeur de criminologie au Conservatoire National des Arts et Métiers,
01:25
auteur de « Au bout de l'enquête ».
01:27
Je vous propose d'écouter attentivement le sujet qui revient sur les faits
01:31
de Vincent Fahendez et Stéphanie Rouquet.
01:33
Il est aux alentours de 14h30, jeudi, à Marseille.
01:38
Devant ce pôle de santé, Mehdi, 20 ans, vient de se garer,
01:42
lorsqu'il est froidement abattu par deux hommes à moto.
01:45
Le jeune homme est en fait le frère d'Amin Kessassi.
01:49
Placé sous protection policière, il est engagé auprès des victimes du narco-banditisme.
01:55
Selon le procureur de la République, il pourrait bien s'agir d'un assassinat d'avertissement.
02:00
Certains spécialistes notent un mode opératoire bien spécifique au grand banditisme.
02:05
Deux tueurs sur une moto, une arme de 9 mm,
02:10
ils parviennent, après avoir exécuté leur cible,
02:14
à disparaître, à échapper aux courses-poursuites et à échapper à la police.
02:19
Donc c'est un contrat, pour le coup, malheureusement bien rempli.
02:24
Pour Frédéric Ploquin, la méthode a évolué, elle est tout simplement plus brutale.
02:28
Jusqu'à présent, le tir d'intimidation en France,
02:33
on faisait référence à ce qu'on appelle, en Italie, à ce qu'on a appelé les jambisations.
02:38
C'est-à-dire qu'en gros, pour avertir des individus,
02:41
jusque-là, on leur tirait dans les pattes, mais ils restaient en vie.
02:45
Donc c'est là aussi où il y a un cap franchi.
02:48
Concernant la mort de Mehdi, le parquet a une certitude.
02:51
Le jeune homme au casier vierge était totalement extérieur au narcotrafic
02:55
et à la criminalité organisée.
02:57
Merci Alain Bauer d'être en direct avec nous dans Eliott de Vallée-Vous.
03:01
Bonjour.
03:02
Bonjour. Alain Bauer, ça s'est passé jeudi après-midi à Marseille.
03:07
Jeudi, on commémorait les 10 ans des attentats terroristes et islamistes du 13 novembre 2015.
03:14
Est-ce que jeudi après-midi, selon vous, on a vécu du côté de Marseille un fait narco-terroriste ?
03:22
C'est-à-dire qu'on bascule là aussi dans le narco-terrorisme.
03:25
C'est une expression qui avait été employée par l'ancien ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau,
03:29
mais également par le ministre de la Justice aujourd'hui, Gérald Darmanin.
03:33
Alors, le néologisme est parfois utile.
03:37
On l'a vu sur l'apparition du terme féminicide,
03:39
qui a engagé un mouvement culturel de révolution pénale.
03:44
En la matière, on est déjà passé à Marseille sur le terrain du narco-micide.
03:49
Pourquoi pas un narco-terrorisme ?
03:51
On revient légèrement en arrière.
03:52
Marseille, c'est une ville qui a vu un magistrat assassiné.
03:56
C'est une ville où, juste à côté, en tout cas, et par les mêmes opérateurs sans doute,
04:01
un gendarme a reçu 11 balles en tentative d'intimidation en mai dernier,
04:08
et où le groupe criminel qui avait organisé cette opération,
04:13
composé de 4 personnes, dont 3 mineurs, a été interpellé.
04:18
C'est un espace où, après une guerre de sécession et de succession depuis 2006,
04:23
il y a aujourd'hui une victoire du premier groupe criminel
04:27
qui ressemble un peu à la Camorra, qui est la DZ mafia,
04:31
qui s'est à la fois enracinée et qui a réussi une expansion territoriale remarquable
04:35
quasiment jusqu'en Belgique.
04:38
Donc, on peut dire que Marseille, qui depuis 100 ans,
04:41
avec carbone et spirito, est une sorte de kyste criminel français,
04:44
la ville étant victime de cet enracinement,
04:48
connaît de manière systématique une poussée des méthodes, des modes opératoires
04:55
et surtout de la désinhibition des auteurs, toujours plus jeunes,
04:58
de plus en plus mineurs.
04:59
Et Frédéric Ploquin a sans doute raison de souligner ce qui est un nouveau degré,
05:06
mais pas une véritable révolution,
05:08
en raison des éléments que je viens de vous indiquer,
05:11
c'est-à-dire des précédents criminels qui ont déjà eu lieu.
05:15
J'ai l'impression, Alain Bauer, que notre société, la France, finalement,
05:21
subit cette nouvelle fièvre du narco-banditisme,
05:25
sans pour autant réagir, comme si elle l'avait en quelque sorte accepté.
05:30
Moi, je suis sidéré de voir que depuis jeudi après-midi,
05:33
il n'y ait pas un mouvement général du côté des politiques,
05:36
même de la population, de s'imaginer une très grande mobilisation à Marseille,
05:44
en hommage à Mehdi, ce gamin de 20 ans qui rêvait d'être policier
05:47
et qui a été tué jeudi après-midi.
05:50
Est-ce que, tout simplement, on a accepté que la guerre contre la drogue
05:54
était en partie perdue ?
05:57
Alors, d'abord, Marseille est habituée, malheureusement,
05:59
aux règlements de comptes, en général, entre criminels,
06:01
de temps en temps, hélas, en victime collatérale,
06:06
mais ça fait très longtemps, avec des vagues de surcriminalité majeures,
06:11
la guerre des Machines à sous,
06:15
les opérations qui avaient amené Farid Berrama à tenter de prendre le contrôle
06:19
du crime organisé marseillais avant lui-même d'en être victime,
06:23
la guerre entre DZ Mafia et le groupe dit Yoda,
06:26
il y a une forme d'habitude et de désinhibition dans les modalités de passage à l'acte.
06:33
Et puis, le deuxième problème, c'est qu'effectivement,
06:35
la classe politique marseillaise, mais aussi nationale,
06:39
n'a pas voulu voir ce qui se passait.
06:41
La commission d'enquête sur le narco menée au Sénat l'année dernière
06:47
avait été d'une rare lucidité, mais 20 ans trop tard.
06:51
Quand un grand journal du soir qui paraît le matin désormais
06:55
explique qu'on n'a pas voulu voir,
06:59
non, on n'a pas vu, on n'a pas vu parce qu'on ne voulait pas se rendre compte
07:03
du lent effondrement du dispositif,
07:07
de l'enracinement du narcotrafic partout dans les grandes villes,
07:12
les banlieues, les moyennes villes, les petites villes, les zones rurales,
07:16
ce qui s'était déjà passé aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne
07:19
et qui a fini par nous atteindre, mais nous étions tellement persuadés
07:23
que ça ne nous arriverait pas, que ça nous est arrivé.
07:26
Or, le service public de la police comme le service public de la justice
07:29
est sinistré, comme d'ailleurs l'ensemble des institutions publiques du pays,
07:34
ce qui montre la très grande défiance des citoyens sur ce sujet,
07:37
mais aussi une certaine forme d'apathie en attendant qu'un jour,
07:42
peut-être, quelqu'un fasse quelque chose et réagisse.
07:46
Et plus c'est tard, plus ce sera brutal.
07:47
C'est David Lissnard qui a réagi, très peu ont réagi hier et avant-hier
07:54
pour rendre hommage à Mehdi, peut-être qu'il y a finalement une prudence,
07:58
peut-être qu'il y a aussi une peur du côté des politiques
08:01
de prendre ce drame en main.
08:04
David Lissnard qui dit, il y a quelques mois,
08:05
des prisons françaises étaient attaquées à l'arme lourde de façon coordonnée.
08:10
Hier, un jeune militant de gauche investi dans la lutte contre le narcotrafic
08:13
a perdu un frère inconnu des services de police, assassiné en pleine rue à Marseille.
08:20
Alain Bauer, vous dites effectivement, et vous avez raison, historiquement,
08:23
Marseille a été touchée, on pense à la French Connection,
08:27
par le trafic de stupéfiants, par ces guerres de gangs.
08:30
Mais cette fois-ci, on a l'impression qu'en France, il y a des quartiers
08:36
qui sont de plus en plus nombreux, où la réalité dépasse la fiction,
08:43
où ce qu'on pouvait voir en Amérique du Sud, on est en train de le vivre sur notre sol.
08:49
Oui, alors c'est plutôt une importation italienne que l'américaine,
08:53
parce qu'il n'y a pas encore d'armée criminelle,
08:55
mais des groupes criminels, des petits opérateurs.
08:59
Mais la structuration de Desen Mafia, comme je vous l'indique, change la donne.
09:03
Pour la première fois, on a quelque chose qui ressemble à une proto-mafia
09:08
sur le territoire national, et qui s'affronte directement,
09:13
menace les magistrats et les magistrates dans leur propre cabinet d'instruction,
09:17
menace les surveillants et les responsables de l'administration pénitentiaire,
09:22
n'a peur de rien. Vous l'avez vu d'ailleurs dans l'attaque
09:26
qui avait permis la libération d'un narco-criminelle
09:31
avec assassinat de plusieurs membres d'administration pénitentiaire.
09:35
Heureusement, le narco et ses complices ont été arrêtés ultérieurement,
09:40
mais ces groupes criminels sont en train de s'étendre, de s'enraciner,
09:43
de se rajeunir et de se développer un peu partout.
09:46
Et on est dans une phase un peu précancéreuse de ce point de vue-là,
09:50
avec une immense difficulté pour l'appareil d'État à se remobiliser,
09:55
d'abord parce qu'il a un peu sacrifié sa propre filière judiciaire
10:00
à l'intérieur de la police nationale, qui survit comme elle peut,
10:05
et ensuite parce que l'adaptation entre une sorte de
10:10
« oui, mais tout le monde a fumé dans les années 60 et 70,
10:14
et donc ce n'est pas si grave », est un problème culturel.
10:17
Et donc il y a une mobilisation culturelle, sociale et globale
10:23
qui doit être réalisée.
10:24
Le rapport du Sénat a été une première étape,
10:27
un peu comme le rapport de Georges Fenech sur le terrorisme en a été une autre.
10:31
On se rend bien compte que nous réagissons avec beaucoup de retard
10:34
de ce point de vue-là, notre système institutionnel,
10:37
plutôt un moteur diesel qu'une Ferrari.
10:39
– Georges Fenech qui est dans le studio d'Europe 1 et qui vous écoute.
10:42
– Je salue Alain Bauer pour le travail remarquable qu'il fait.
10:46
– Alain Bauer, il nous reste une minute avant la pause
10:49
et je vous sais presser, alors il faudrait des heures bien évidemment,
10:53
mais est-ce que, que faudrait-il faire que l'État ne fait pas aujourd'hui
10:57
à court et moyen terme pour endiguer ce fléau qu'est le narcoterrorisme ?
11:03
– Il faut que l'État prenne en compte ce qu'est la nature
11:07
des trois piliers de la lutte contre les narcos.
11:09
Un, gérer le consommateur, sans consommateur pas de trafic
11:12
et le consommateur n'est pas juste un criminel, c'est aussi un malade.
11:16
Et la gestion des addictions et de la problématique du sevrage
11:19
et de la réponse médico-sociale qui a été oubliée depuis quasiment
11:23
Claude Livenstein, il y a 50 ans, est toujours une impasse
11:27
dans la réflexion sur ce sujet.
11:30
Et deuxièmement, c'est la saturation du territoire,
11:31
ce qui implique beaucoup de courage parce que ça va impliquer
11:34
beaucoup de violence et de contre-violence.
11:37
Mais il n'y a pas 36 solutions pour interrompre dans un premier temps
11:41
puis rétablir l'ordre.
11:42
Je rappelle que les mafias ne s'étaient jamais implantées en France
11:45
tant qu'elles avaient peur de notre État, de notre police
11:48
et de notre système judiciaire.
11:50
Elles n'ont plus peur et peut-être est-ce la vraie bonne question
11:52
qu'il va falloir se poser désormais.
11:54
Merci.
11:55
Merci.
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