L'édito de Jules Torres : «Narcotrafic : la mexicanisation de la France» - Vidéo Dailymotion

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Dans son édito du 15/11/2025, Jules Torres revient sur le meurtre de Mehdi Kessaci à Marseille.

Transcript

00:00Oui, la France a basculé en plein après-midi, jeudi 14h30 à Marseille.

00:04Mehdi Kessassi, 20 ans, se garde devant une pharmacie.

00:07Deux hommes casqués surgissent sur une moto, approchent, ralentissent

00:11et se placent à hauteur de la vitre.

00:13L'un d'eux ouvre le feu, trois balles de 9mm dans le thorax,

00:16une quatrième dans la main, Mehdi s'effondre.

00:18Il mourra une heure plus tard.

00:20Une scène qu'on associe au pays d'Amérique latine ravagé par les cartels

00:23ou au film sur les caïds de la drogue.

00:25Et pourtant non, c'est la France en plein après-midi

00:27dans la deuxième ville du pays.

00:29Et la cible n'est ni un narcotrafiquant, ni un rival.

00:32C'est le frère d'un militant antinarcotrafique,

00:34un jeune homme déjà frappé en 2020 par le meurtre atroce d'un autre de ses frères,

00:38retrouvé calciné dans une voiture par les narcos.

00:41Une ligne rouge a été pulvérisée cette semaine.

00:44Les narcotrafiquants ont choisi la vengeance la plus vile, la plus lâche,

00:47sans prendre au petit frère, frappé à un innocent,

00:50un gamin qui rêvait d'intégrer la police

00:52et devait repasser le concours de gardiens de la paix dans quelques semaines.

00:56Ce qui s'est passé n'a donc rien d'un fait divers.

00:58C'est un acte politique, un acte de terreur pur,

01:01une manière d'annoncer en plein jour devant tout le pays.

01:04Désormais, même vos familles ne sont plus à l'abri.

01:07Exécuter les proches pour intimider toutes les autres,

01:10c'est la signature d'un narco-pays,

01:12d'une narco-république qui s'installe à ciel ouvert.

01:14Est-ce qu'on peut donc parler de mexicanisation du pays ?

01:16Bien sûr, la France vit bel et bien un processus de mexicanisation,

01:20comme l'avait annoncé Bruno Rotaillot il y a quelques mois,

01:22provoquant à l'époque l'indignation automatique de la gauche et des médias.

01:26Aujourd'hui, même Gérald Darmanin parle de point de bascule.

01:30Les mots ont changé, mais la réalité aussi.

01:32Certes, la France n'est pas encore le Mexique,

01:34mais les méthodes, elles, y ressemblent de plus en plus.

01:37On ne se contente plus d'éliminer un concurrent sur un point de deal.

01:40On s'attaque aux militants, aux élus, aux policiers, aux magistrats

01:44et désormais à leurs familles.

01:45On cherche à terroriser ceux qui croient encore à l'ordre.

01:49C'est ça, la véritable mexicanisation.

01:51Non pas la quantité de morts, mais la qualité de la violence.

01:54Une violence destinée à produire du silence

01:56et à instaurer un ordre parallèle.

01:58Car aujourd'hui, Marseille comme ailleurs,

02:01la drogue n'est pas qu'une économie souterraine,

02:03c'est une contre-société, une bête tentaculaire

02:05dont les chiffres donnent le vertige,

02:07l'équivalent d'une entreprise du CAC 40,

02:097 milliards de chiffres d'affaires,

02:10300 000 personnes qui en vivent directement ou indirectement

02:13et des têtes de réseau planquées au Maghreb,

02:16en Thaïlande ou dans les pays du Golfe,

02:19pilotant leurs opérations à distance

02:20comme des véritables PDG du crime.

02:22Avec ce meurtre, c'est la France conteste.

02:24Nos ennemis veulent s'amoir jusqu'où elle pliera,

02:27jusqu'où elle reculera.

02:28Et depuis trop longtemps, à Marseille,

02:30les narcos avaient précisément appuyé

02:33là où l'État reculait.

02:34Face à ce vide, ils ont installé non pas un quartier,

02:37mais une narcosité.

02:37L'État peut encore faire quelque chose

02:39face à cela ou c'est trop tard ?

02:41D'abord, il faut le dire,

02:42il faut arrêter avec les mots.

02:44On ne combat pas des tueurs avec des slogans,

02:46ni avec un plan Marseille en grand

02:48devenu un monument de lenteur administrative.

02:52Ce n'est pas quelques visites présidentielles à Marseille

02:54qui vont endiguer ce narcotrafic.

02:56Et ce n'est certainement pas non plus

02:58la légalisation du cannabis

03:00ou la multiplication des salles de shoot,

03:02comme s'obstine à le proposer la gauche.

03:04Face à ces criminels,

03:05une seule réponse tient debout,

03:07la peur, mais la peur dans le bon sens,

03:09la peur de voir la vraie sanction,

03:10la peur de la vraie prison,

03:11la peur de la vraie expulsion,

03:13la peur de voir enfin leur bastion

03:15devenir des territoires de loi

03:17et non des zones franches du trafic.

03:19Depuis des années,

03:20on prétend mener la guerre au trafic,

03:21mais une guerre se gagne avec des coups portés,

03:23des filières démantelées,

03:24des cités reconquises,

03:26immeuble par immeuble,

03:27quartier par quartier,

03:28palier par palier.

03:29Ce meurtre,

03:30ce n'est donc pas seulement une tragédie,

03:31c'est un test grandeur nature,

03:33un test national.

03:34La France est-elle encore capable

03:36d'affronter ceux qui veulent l'intimider ?

03:38Où va-t-elle,

03:39comme d'autres nations avant elle,

03:40reculer jusqu'à ce que la violence

03:42devienne la norme ?

03:43Mehdi Kessassi voulait devenir policier.

03:45On l'a dit,

03:46son exécution pose donc

03:47une question brutale.

03:48L'État sait-il encore protéger

03:50ceux qui veulent le défendre ?

03:52Parce que la prochaine ligne rouge

03:53ne doit plus être franchie

03:54par les narcotrafiquants,

03:56elle doit l'être par la France elle-même,

03:58en décidant enfin

03:59d'arrêter de reculer.

04:00Sous-titrage Société Radio-Canada

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