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  • il y a 7 heures
Etre policier en France, c'est risquer sa vie au quotidien. Agressions physiques ou verbales, lynchages sur le terrain et sur les réseaux sociaux, les forces de l'ordre, autrefois très respectées, subissent chaque jour des comportements intolérables. Les forces de l'ordre sont régulièrement attaquées par certains politiques dans les médias, à travers des discours stigmatisants, qui infusent dans la société, notamment auprès des jeunes. Une pression mentale, qui a poussé certains policiers, à commettre l'irréparable. Qui en veut à la police ? D'où vient cette haine qui ne semble plus avoir aucune limite ? Quelles solutions pour mettre fin à la violence anti-flic et cette insupportable impunité ?

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Transcription
00:00Être policier en France, c'est risquer sa vie au quotidien.
00:05Agression physique ou verbale.
00:07C'est là, vous me maudiez !
00:08Voilà, bande de collards !
00:10Je suis un merde, va !
00:11Viens le dire en face, viens !
00:12Bon là, c'est des nique-ta-mère, c'est des fils de pute...
00:16C'est des policiers qui ne vont rien demander à personne
00:19et on leur a défoncé la gueule.
00:22L'inchage sur le terrain et sur les réseaux sociaux.
00:25Les forces de l'ordre, autrefois très respectées,
00:28subissent chaque jour des comportements intolérables.
00:31Il n'y a plus la peur du policier, comme autrefois.
00:33Moi, je suis pas...
00:34Par contre, toi, tu sais pas du tout faire votre rôle.
00:37Oh, tu baisses d'un temps, t'as compris ce que j'ai dit ?
00:39Oh, tu baisses d'un temps !
00:40Plus révoltant encore, les auteurs de ces actes agissent en toute impunité.
00:45Les agresseurs ne sont pas sanctionnés.
00:48Nous avons passé plusieurs semaines sur le terrain.
00:51C'est la police, arrête-toi, s'il te plaît !
00:52Pour constater cette violence anti-policier grandissante.
00:55T'arrêtes de menacer, d'accord ?
00:56Tu veux faire quoi ?
00:57Tu veux faire quoi ?
00:58Tu veux faire quoi ?
00:59Ces femmes et ces hommes sont en danger en permanence,
01:02même en dehors de leur travail.
01:04Leurs familles sont devenues des cibles.
01:06Fils de pute, gros pédé, enculé.
01:08Tu vois, ton petit garçon, c'est moi qui vais les gorger.
01:10C'est pas normal qu'on vive des choses comme ça.
01:12Tout ça parce qu'on fait partie de la famille d'un policier, en fait.
01:16Les policiers sont régulièrement attaqués par certains politiques dans les médias.
01:23Cette police violente, cette police qui fait ce qu'elle veut, quand elle veut.
01:26Le député Aurélien Taché a donc écrit sur son compte X que la police tue partout.
01:31Nos enfants dans les banlieues sont contrôlés et sont tués par la police.
01:34Des discours stigmatisants qui infusent dans notre société, notamment auprès des jeunes.
01:38Votre avis en général sur la police ?
01:40Raciste.
01:41Les policiers d'Aubervilliers et de la Courneuve, c'est les plus gros fils de pute qui existent en vrai.
01:46Une pression mentale qui a poussé certains policiers à commettre l'irréparable.
01:53J'ai eu un coup de fil, c'était pour m'annoncer que mon fils s'était suicidé.
01:58C'est en train de devenir un cauchemar des flics.
02:00Faut pas s'étonner s'il y a des suicides.
02:02Nous nous sommes rendus au Maroc, où la police est beaucoup plus respectée qu'en France.
02:07Non, ici, tu le tapes chez eux, tu te tapes, tu te envoies au prison.
02:12Même constat aux Etats-Unis où de lourdes peines sont prononcées.
02:15Alors qui en veut à la police française ?
02:17D'où vient cette haine qui ne semble plus avoir aucune limite ?
02:20Quelle solution pour mettre fin à la violence anti-flics et cette insupportable impunité ?
02:25C'est des mecs qui prennent des risques pour protéger la société, qui sont souvent des héros.
02:30On peut pas laisser faire ça.
02:38Pour nous rendre compte de la violence du quotidien des policiers,
02:41nous avons suivi pendant plusieurs jours quatre brigades à Saint-Etienne.
02:44C'est la police, arrête-toi s'il te plaît !
02:46Et parlez mon arbre !
02:47Première arrestation pour ces hommes de la BAC.
02:49Maman ! Maman !
02:50Et premier outrage de la part de ce jeune délinquant,
02:53qui vient tout juste de frapper une femme.
02:55Probablement dans un état second, il se met à menacer les forces de l'ordre.
02:59Et j'amiste-là !
03:00D'accord ?
03:02T'arrête de menacer, d'accord ?
03:03T'arrête de refaire quoi ? T'arrête quoi ?
03:05T'arrête quoi ? T'arrête quoi ! T'arrête quoi ?
03:06Avant de demander à ses amis présents sur place de filmer la scène pour la poster sur les réseaux sociaux.
03:12Malheureusement, les agressions verbales de ce type envers la police ne sont pas rares en France.
03:2215 000 outrages ont été recensés en 2024.
03:25Quelques minutes plus tard, c'est la mère du voyou qui vient s'en prendre directement à la police.
03:30A présent, au tour de la section d'intervention de subir les frasques de cette jeune femme.
03:54Elle vient d'être accusée de vol dans un centre commercial par une caissière.
04:00En l'absence de preuves, elle demande des excuses à son accusatrice et se met à la menacer.
04:18Escortée en dehors du centre commercial, elle se met alors à insulter copieusement les forces de l'ordre, sans raison.
04:24Aussi surprenant que cela puisse paraître, aucune charge ne sera retenue contre elle.
04:44La nuit tombée, nous retrouvons la BST, la brigade spécialisée des terrains.
04:51Comme bien souvent, ces femmes et ces hommes se font prendre à partie par de jeunes voyous mineurs.
04:56Quelques mètres plus tard, un homme leur adresse un doigt d'honneur, mais les policiers décident de ne pas l'interpeller,
05:21par crainte que la situation ne dégénère.
05:23Donc il nous a fait un doigt d'honneur quand on est passé devant nous.
05:27Et du coup, vous laissez faire ?
05:29Ils sont plus nombreux que nous, donc on va dire que...
05:33Je ne dirais pas qu'on n'a pas le choix, mais pour notre sécurité, il vaut mieux qu'on quitte le terrain et que la situation se calme.
05:42Mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle les policiers relèvent de moins en moins ce genre d'infraction.
05:46En théorie, l'outrage à l'encontre d'un agent est puni de 7500 euros d'amende et de 6 mois de prison.
05:53Lorsqu'on agresse un policier, que ce soit verbalement ou physiquement, on risque de la prison parce qu'on s'attaque à l'uniforme de la République.
06:00Et effectivement, il y a une aggravation de la peine de prison parce qu'il y a une insulte ou une agression physique à l'endroit du policier.
06:08Mais face à la rareté de l'application concrète de ces sanctions, de plus en plus de policiers laissent faire.
06:13Lorsqu'on agresse un policier en France, des peines sont prévues. Mais bon, l'outrage, par exemple, plus aucun policier ne l'enlève.
06:20Parce qu'ils savent très bien que ça ne sera pas poursuivi.
06:22L'impuissance d'un côté, l'impunité de l'autre.
06:26Une situation que déplore Maurice Signolet, l'ancien commissaire divisionnaire, a vu l'image des policiers en France se dégrader au fil des décennies.
06:35Moi, j'ai passé 40 ans dans la police.
06:39Je suis entré dans la police à une époque où la délinquance était marginale.
06:44La condition de policier d'il y a 40 ans et la condition de policier d'aujourd'hui, c'est diamétralement différent.
06:49Il y a eu un glissement du sens de la respectabilité, du sens de l'honnêteté.
06:55À mon époque, un refus de t'obtempérer, c'est quelqu'un qui venait de commettre un crime ou un braquage, un vol à main armée et qui prenait la fuite.
07:02Aujourd'hui, c'est presque la norme.
07:06Aujourd'hui, quand un policier va demander à un conducteur, par exemple, de s'arrêter pour effectuer un contrôle routier,
07:12on a aujourd'hui des personnes qui ne s'arrêtent pas, qui n'obtempèrent pas, qui vont délibérément foncer sur le policier et mettre son intégrité physique en jeu.
07:21Sur ces images chocs, un policier municipal de 53 ans est percuté par un individu qui a refusé de se soumettre à un contrôle d'identité.
07:32Ici, un mineur percute un policier à moto après un refus d'obtempérer, avec une sanction dérisoire, 150 euros d'amende.
07:40Insultes,
07:42Geste déplacé,
07:46Manque de respect.
07:48Par contre, toi, tu ne sais pas du tout faire votre rôle.
07:50Prouve-moi que ça arbre.
07:51Tu fais du cinéma.
07:52Oh, tu baisses ton temps.
07:53Tu as compris ce que je dis.
07:54Oh, tu baisses ton temps.
07:55Symbole d'une autorité rejetée par de nombreux délinquants, les policiers sont devenus des cibles du quotidien.
08:00Face à l'explosion des violences à leur rencontre, ils sont obligés de redoubler de vigilance.
08:05Vraiment, maintenant, beaucoup de gens ont des couteaux sur eux et vont régler le problème à coup de bâton.
08:11Parce qu'ils sont capables de tout, maintenant. C'est pour ça qu'il faut surveiller les voitures. C'est pour ça qu'on surveille les collègues.
08:16Regardez, ça n'arrive pas de tous les côtés. Ils sont capables de nous jeter des pavés. Ils sont capables de tout, en fait.
08:21Dans certains quartiers sensibles de Saint-Etienne, des tags s'adressent directement à certains agents en des termes peu élogieux.
08:28Timal, gardien de la paix, découvre sous nos yeux une inscription raciste lui étant destinée.
08:34Donc, en l'occurrence, il faut lui dire un nom de ta mère, notre elle, ce qui veut dire le noir de la nationale, esclave comme ton grand-père.
08:44C'est pour vous, ça ? Visiblement. Visiblement, ils se sont renseignés sur mon âme généalogique.
08:51Ils ont retrouvé même mon grand-père qui était apparemment esclave. Donc, en plus de ça, ils sont très instruits, ces jeunes.
08:57Mais ils ne se rendent pas compte des teneurs, des propos qu'ils inscrivent sur les murs et du temps que ça peut faire.
09:05S'il est aujourd'hui aguerri à ce genre d'attaque, Timal reconnaît qu'il ne s'attendait pas à tant de violences lorsqu'il a démarré dans le métier il y a quelques années.
09:13Quand on arrive dans ce métier, on a plein de bonnes volontés et très vite, on fait face à la réalité du terrain
09:20et on se rend compte que le travail qu'on fait peut nous causer des torts dans notre vie, que ce soit professionnel ou personnel.
09:25On a vraiment l'impression que c'est de pire en pire.
09:29Et ce n'est pas qu'une impression.
09:31Depuis 2000, les actes de violence physique et verbale contre des agents de la police nationale ont doublé,
09:37avec une moyenne de 85 actes recensés quotidiennement.
09:41Les agents de Saint-Etienne font partie des 153 000 policiers français.
09:45Un métier essentiel, de plus en plus risqué et paradoxalement peu valorisé financièrement.
09:51Hors Île-de-France, un policier adjoint gagne en début de carrière 1528 euros net par mois.
09:572161 euros pour un gardien de la paix.
10:002430 euros pour un officier de police.
10:03Et 3224 euros pour un commissaire.
10:06A Saint-Etienne, comme partout en France, de plus en plus de policiers travaillent donc la boule au ventre.
10:14Les difficultés du métier et les violences subies au quotidien peuvent avoir un impact considérable sur leur morale.
10:20Et parfois, les pousser à commettre l'irréparable.
10:27En 2018, un policier de la brigade anticriminalité de Lyon s'est donné la mort chez lui.
10:33Père de famille, il était âgé de 38 ans.
10:36Sa mère, Dominique, toujours sous le choc d'avoir perdu son enfant, nous raconte son histoire.
10:41Mon fils est rentré dans la police, il avait 19 ans.
10:44D'autant que je me souvienne, il a toujours voulu rejoindre les forces de police comme son grand-père et comme son père avant lui.
10:50Il était conscient des difficultés du métier, mais il avait tout de même décidé de consacrer sa vie à servir ses concitoyens.
10:57Il a été gardien de la paix pendant plusieurs années et après, il a décidé de rentrer à la BAC de Lyon.
11:01La BAC, c'est quand même, ils sont en première ligne, c'est vraiment un service très compliqué.
11:06L'homme ne se confiait que très peu à sa mère sur son mal-être au travail.
11:10Mais cette dernière, consciente des risques du métier, s'inquiétait tous les jours pour lui.
11:15Quand je lui téléphonais, je lui disais toujours, tu travailles ce soir ?
11:18Et il me disait non. Et quand il me disait non, j'étais rassuré.
11:24J'étais rassuré parce que je me disais, ben, j'aurais pas de mauvaise nouvelle demain matin.
11:29Je suis rentré du travail et j'ai eu un coup de fil en me disant qu'il y a eu un drame.
11:41Et c'était pour m'annoncer que mon fils s'était suicidé.
11:45Le policier était régulièrement victime d'insultes, de menaces et d'agressions à cause de sa profession.
11:54Un fardeau, une charge mentale dont il n'arrivait pas à se débarrasser dans sa vie privée.
11:59Mon fils a décidé d'en finir parce que je pense que c'est compliqué de concilier la vie de policier avec la fille de famille de nos jours.
12:06Moi, j'ai mon fils plusieurs fois qui m'a dit, maman, quand je fais mon travail, je me prends des crachats en pleine figure.
12:13On me jette des bouteilles de bière et il dit, il faut garder son calme. On peut rien faire.
12:18Si on fait quelque chose, ça va se retourner contre nous.
12:22Suite au drame, Dominique a créé une association pour venir en aide aux policiers victimes de violences.
12:27Elle dénonce notamment un manque de protection des gardiens de la paix de la part de l'Etat.
12:31Les policiers ne sont pas soutenus. Ils partent le matin avec la peur au ventre.
12:35Et même leur famille de savoir, ils partent le matin, mais on ne sait pas s'il va rentrer le soir.
12:39Les voyous ne les respectent pas. Ils entendent des insultes toute la journée.
12:42Et le plus anxiogène pour un policier, c'est quand ça touche leur vie privée.
12:47Ils ont peur d'avoir leur numéro de téléphone sur les réseaux sociaux, des numéros de téléphone sur les allées des immeubles,
12:53d'être suivis dans la rue.
12:55Voilà pourquoi aujourd'hui, si je fais cette interview floutée, ça ne peut pas avoir de représailles.
13:01Et les craintes de Dominique sont légitimes. Aujourd'hui, de plus en plus de policiers sont pris pour cible en dehors de leur fonction.
13:09Comme le fils de Dominique, 27 policiers et 26 gendarmes se sont suicidés en 2024.
13:15Je ne souhaiterais jamais, maintenant, d'avoir quelqu'un de ma famille qui rentre dans la police.
13:23Je ne souhaite à personne. Ils gagnent une misère, ils se prennent des coups.
13:27Moi, je vous le dis franchement comme je le pense.
13:29Pour rentrer dans la police, il faut être fou.
13:31Maintenant, de nos jours, il faut être fou.
13:33Mais malgré la menace permanente qui plane sur le métier, nombreux sont les hommes et les femmes à vouloir encore intégrer la police.
13:43Aujourd'hui, on n'a pas de difficulté à recruter.
13:47Ça passe par des satisfactions qui existent.
13:50Lorsque vous interpellez un auteur de violences conjugales, lorsque vous interpellez des trafiquants de supéfiants,
13:58vous participez à garantir l'ordre public, ça, c'est des sources de satisfaction.
14:03Devenir policier, c'était le rêve de Stéphane.
14:06Moi, je suis rentré dans la police par vocation.
14:08Ce n'était pas un travail, mais une passion.
14:10Mais il y a quatre ans, au bout de presque vingt ans de carrière,
14:13la vie de ce brigadier basé à Agen a basculé.
14:18Donc, ça s'est passé en juin 2021.
14:21On a appelé vers 5h et demi le matin
14:23pour des jeunes qui cassent les voitures
14:27et qui ont jeté surtout un projectile sur la fenêtre qui est juste là.
14:31Ce matin-là, deux jeunes fortement alcoolisés
14:34caillassent un commissariat de police.
14:36Stéphane et un de ses collègues montent immédiatement dans leur véhicule
14:39pour les interpeller.
14:41Au bout de quelques minutes,
14:42ils aperçoivent les deux délinquants.
14:44Le collègue, lui, avait la vitre baissée,
14:46qui n'arrêtait pas de crier « arrêtez-vous, arrêtez-vous ».
14:49Ce n'était pas du tout leur intention de s'arrêter.
14:52Il n'y a plus la peur du policier comme autrefois.
14:54Ça, c'est sûr et certain.
14:56Et s'il faut en découdre même avec nous,
14:58ils n'ont pas peur du tout et ils y vont, ils foncent.
15:01Et justement, Stéphane va réussir à mettre la main sur l'un des deux malfrats.
15:06Un homme robuste, de presque 2 mètres et 100 kilos,
15:09qui ne va pas se laisser faire lors de son arrestation.
15:12Donc je laisse la voiture au milieu de la rue
15:15et je le poursuis en courant jusqu'à cette hauteur
15:19où là, du coup, je le plaque.
15:22Il s'est débattu, il ne s'est pas laissé interpeller.
15:25Il a réussi à se relever avant moi.
15:27Donc j'ai mis ma jambe en opposition.
15:28Il a pris un appui dessus et est tombé de tout son poids,
15:33en fait, sur ma jambe, me cassant la jambe totalement.
15:36Donc du coup, j'ai eu une fracture du fémur à hauteur du genou.
15:40Et donc tout le genou a été touché et abîmé également.
15:46Cette blessure grave due au refus d'obtempérer d'un voyou
15:49a eu de sérieuses répercussions dans la vie de Stéphane.
15:52Aussi bien sur le plan professionnel.
15:54Aujourd'hui, en fait, à cause de cette blessure,
15:57je me retrouve dans un bureau.
15:58Moi, je ne suis pas rentré dans la police pour rester dans un bureau.
16:01Donc il y a quand même une part de frustration vis-à-vis de ça.
16:05Que personnel.
16:07C'est bon, tu as appris tout le dossier ?
16:09Oui.
16:12En gros, voilà ma jambe.
16:15Depuis la blessure, j'ai des douleurs permanentes.
16:18Au niveau du genou.
16:20Stéphane ne peut plus courir ni jouer au foot avec ses enfants.
16:23Aux côtés de sa femme, il se bat pour que justice soit faite.
16:27Mais surprise, les deux jeunes,
16:29dont celui qui a involontairement cassé la jambe de Stéphane,
16:32ont été relaxés.
16:33L'un d'entre eux s'est même permis de narguer sa victime
16:36à la sortie du tribunal.
16:38Le premier procès a été un peu houleux.
16:40Quand il est sorti, il nous faisait des doigts d'honneur.
16:42Pire encore, une phrase du jugement laisse entendre que les voyous
16:46ont eu raison de s'enfuir après avoir caillassé le commissariat.
16:50Après, sur un compte-rendu d'un de mes procès,
16:54il a été mentionné,
16:56« L'instinct naturel poussant l'humain à se soustraire à l'action de la police,
17:00par la seule fuite, à l'exclusion de tout autre geste prouvé,
17:04le comportement de M. Bip,
17:07ne saurait en tout état de cause être érigé
17:11et à une quelconque faute juridique. »
17:13Donc ce qui veut dire, en gros,
17:15ce qu'il a fait,
17:17c'est de l'instinct humain
17:19de se soustraire d'une action de la police.
17:21Donc, en l'occurrence,
17:23ça veut dire que toutes les personnes qui font ça
17:25ou qui seront amenées à le faire
17:27peuvent être relaxées,
17:29vu que ça relève de l'instinct humain.
17:31Là, on est dans l'impunité.
17:33À vous de juger.
17:35L'affaire est actuellement en cassation.
17:39Quant à Stéphane,
17:41il va devoir subir une nouvelle intervention chirurgicale
17:43pour continuer à marcher normalement.
17:47Derrière chaque policier agressé,
17:49c'est souvent toute une famille qui vacille.
17:51Valérie est mariée à un policier depuis plusieurs années.
17:55Menacée de mort par ses voisins
17:57en raison de la profession de son conjoint,
17:59toute sa famille a dû déménager il y a 9 ans.
18:03En 2016, Valérie mène une vie paisible
18:05avec son mari et ses 3 enfants
18:07dans un appartement à Herblay dans le Val d'Oise.
18:09Mais l'arrivée d'une famille
18:11va transformer leur quotidien
18:13en un véritable enfer.
18:15On a une famille qui s'installe en janvier 2016.
18:17Moi, j'habitais dans cet appartement
18:19depuis juillet 2002.
18:21Au début, on n'a pas prêté attention.
18:23C'était une famille lambda comme les autres.
18:25Et ensuite, on commençait les dégradations dans la cage d'escalier,
18:29les problèmes.
18:31C'était le bazar la nuit, la journée.
18:35Ce jour-là, ils ont mis le feu à un canapé
18:39juste en bas de là où j'habite.
18:41Le père apparemment était connu des services de police.
18:45La mère aussi.
18:47Et c'était vraiment une famille qui était déstructurée en fait.
18:49Dans cette famille problématique,
18:51il y a le père, la mère, la sœur et le frère.
18:55Et c'est ce dernier qui va faire le plus de dégâts.
18:57Arrêté par la police et placé sous contrôle judiciaire
19:01pour avoir commis des cambriolages.
19:03Il est persuadé, à tort, que c'est son voisin,
19:06le mari de Valérie, qui l'a dénoncé.
19:08À partir de ce moment-là, il est revenu vivre chez ses parents
19:11alors qu'il avait l'interdiction d'être dans le Val-d'Oise,
19:13quand même, il faut le savoir.
19:15Et il a proféré des menaces contre nous,
19:18contre notre famille.
19:19Donc, il y a eu mon mari, il y a eu moi,
19:21il y a eu mon fils qui menaçait de mort,
19:24menacé d'être égorgé.
19:26Fils de pute, gros pédé, enculé, tu vois,
19:28ton petit garçon, c'est moi qui vais l'égorger.
19:30Toi aussi, petit fils de pute, je vais t'égorger.
19:32Donc, il parlait à mon autre fils.
19:34Toute la famille est traumatisée.
19:38Et particulièrement, les deux plus jeunes fils de Valérie.
19:42Mon beau-fils Matisse passe son bac d'Espagnol
19:45et je crains que cette situation de menace
19:47affecte ses résultats scolaires.
19:49Mon petit garçon de 8 ans qui était présent
19:50a entendu les menaces et m'a supplié en pleurant
19:53de changer de métier.
19:54Car il y avait trop de problèmes en étant policier
19:56pour moi et ma famille.
19:58Ces menaces, le voisin de la famille de Valérie
20:01a bien failli les mettre à exécution.
20:04Un soir, on demande à Ivan de remonter à la maison.
20:07Il jouait avec ses copains dehors et en remontant,
20:09il était attendu dans la cage d'escalier.
20:12Par ce fameux m**** qui avait un couteau sur lui
20:15et il lui a mis un couteau sous la gorge.
20:17Suite à ça, on a porté plainte quand même.
20:22Et quand on est passé en jugement, lui avait droit à un avocat
20:26commis d'office bien évidemment.
20:28Et nous, il fallait qu'on paye un avocat.
20:30Verdict du procès, l'agresseur est condamné à payer 400 euros
20:34de dommages et intérêts qu'il ne versera jamais à ses victimes.
20:38Valérie et sa famille, eux, sont contraints de quitter la région parisienne
20:42et de s'installer à l'autre bout de la France, à Montpellier.
20:45On nous a demandé de quitter notre logement.
20:48Donc lui, on l'a laissé tranquille et nous, victime, on nous a demandé de partir.
20:51Donc nous, on est partis, on a rendu notre appartement,
20:55on a dû trouver une maison où on paye beaucoup plus cher de loyer ici,
21:00quand même, il faut le savoir.
21:02J'étais assistante maternelle, j'ai arrêté mon métier d'assistante maternelle.
21:05La justice, elle ne répond pas, elle n'est pas là, la justice.
21:10Il n'y a pas de justice.
21:11Ce n'est pas normal qu'on vive des choses comme ça.
21:14Tout ça parce qu'on fait partie de la famille d'un policier, en fait.
21:18Un choc pour Evan, le fils de Valérie, qui n'ose même plus parler du métier de son père.
21:23Mon fils, dans les documents administratifs qu'on peut remplir en début d'année,
21:28il ne met pas que son papa est policier.
21:30Non, il ne le met pas.
21:32Il était inspecteur des impôts, mais il ne met plus la profession de son papa.
21:37Moi, mes enfants, quand ils étaient en école primaire,
21:40ils étaient tout fiers de dire que leur papa était policier.
21:43Auprès de leurs copains, les copains,
21:45« Ah, son papa est policier, il a eu une arme, etc. »
21:47Aujourd'hui, c'est... Alors là, dès le primaire, on ne le dit pas, on n'en parle pas.
21:52La vulnérabilité des policiers peut donc les forcer à se loger le plus loin possible de leur lieu de travail.
21:59Le mec qui est flic, admettons, dans une circonscription, peu importe, qui va faire ses courses sur cette circonscription.
22:07Il a quand même de fortes chances de croiser, s'il est là depuis longtemps, des gens qu'il a envoyés en prison.
22:12Ça n'a pas forcément bien se passer aux rayons fruits et légumes.
22:16Avant, on l'aurait regardé en disant, « Merde, c'est le flic qui m'a serré. »
22:21Bon.
22:22Là, possiblement, l'ancien détenu peut aller à l'affrontement avec le policier.
22:27Donc, c'est quand même pas normal que les fonctionnaires de police
22:32se trouvent pénalisés dans leur vie courante, dans leur vie privée, dans leur vie intime,
22:37à cause de leur fonction et qu'ils soient obligés d'habiter à 40 kilomètres de leur lieu de travail.
22:47Ce que vivent les familles, comme celle de Valérie, est le reflet d'un phénomène qui prend de l'ampleur sur le terrain.
22:52La banalisation des violences anti-flics.
22:55La dernière affaire à avoir fait grand bruit remonte à septembre dernier.
22:58Les faits se déroulent dans la ville de Reims.
23:01La nuit du 13 au 14 septembre à Reims, des policiers ont été agressés parce qu'ils ont été reconnus à ce qualité de policiers.
23:09C'est des gens de la vague qui avaient décidé ce soir-là de fêter le départ en retraite d'un de leurs collègues.
23:16Alors qu'ils cheminent tranquillement pour rejoindre leurs collègues au restaurant,
23:21une horde d'individus leur tombent dessus et les tabassent.
23:26Ils sont une dizaine d'individus et ils frappent à coups de ceinture, à coups de ceinturons.
23:31C'est un carnage dont Laura défonce la gueule, mais vraiment défonce la gueule.
23:37C'est inquiétant parce qu'effectivement, il y a quelques années, ça ne serait jamais arrivé.
23:42Il y avait le respect du policier.
23:44Là, j'ai l'impression que les barrières sont en train de s'effondrer les unes après les autres, qu'il n'y a plus peur de rien.
23:51Il y en a deux qui ont été interpellés et c'est extraordinaire, ça aussi, il conteste les faits.
23:57Il y en a un, on lui demande pourquoi tu as du sens sur toi et il répond, j'ai égorgé un mouton tout à l'heure.
24:04En plus, il se fout de la gueule du monde.
24:07On ne peut pas laisser faire ça. Leur tort, c'est quoi ? C'est des flics ?
24:11Mais qui appelle les flics quand on est cambriolé, quand une fille est violée, quand une grand-mère est agressée chez elle ?
24:18Qui y va ? C'est eux. Ces mecs courageux.
24:22Et là, c'est du courage. Ils sont six, les autres sont une dizaine armés de ceinturons.
24:29Et là, malheureusement, les policiers n'étaient pas armés.
24:32Et puis même s'ils avaient été armés, de toute façon, ils n'auraient pas pu faire usage de leurs armes.
24:35Ce sont des images que je voudrais ne plus voir.
24:39Et les agressions envers les policiers sont malheureusement de plus en plus fréquentes,
24:43comme le prouve régulièrement l'actualité.
24:46Octobre 2025, un refus d'obtempérer.
24:49Le policier est traîné sur 200 mètres par le véhicule.
24:52L'individu était sous alcool et sous stup.
24:55Septembre 2025, un policier de la BAC est sauvagement agressé à Tourcoing par plusieurs individus,
25:01notamment des mineurs.
25:03Juillet 2025, Marseille, une élève policière,
25:09violemment agressée dans sa propre cité.
25:12Elle était avec son compagnon.
25:14Son seul tort, c'est d'être dans la police.
25:16La haine envers les policiers n'a plus aucune limite
25:19et va même parfois jusqu'à entraîner leurs morts.
25:22Mai 2021, Eric Masson, policier, il a été tué lors d'un contrôle sur un point d'île en plein centre-ville.
25:31Juin 2016, cette affaire est terrible.
25:35Un couple de policiers sont assassinés à leur domicile.
25:39En présence de leur fils de trois ans et demi, l'auteur a filmé la scène en direct sur son Facebook.
25:48Je me dis qu'il serait quand même temps de se réveiller parce qu'agresser des policiers et accepter qu'on agresse des policiers,
25:54c'est pas possible.
25:56C'est la symbolique d'une société qui déraille.
25:59Je pense que dans d'autres pays, on n'agresse pas les policiers.
26:05Alors, pour vérifier si la police est plus respectée ailleurs, nous sommes partis au Maroc, à Casablanca,
26:13pour demander aux habitants ce qu'ils pensent de la Sûreté Nationale, la police locale.
26:18Et à en croire ces deux jeunes d'une vingtaine d'années, le respect de l'uniforme est une évidence.
26:24Ici, la police respecte les citoyens, et les citoyens respectent la police.
26:30Non, ici, tu le tapes, c'est eux qui te tapent, ils t'envoient aux prises.
26:35Nous décidons de leur montrer ces images tournées à Paris,
26:38où des vendeurs à la sauvette jettent des projectiles sur un fourgon de police.
26:42Les deux Marocains sont médusés.
26:45Non, ici, c'est impossible ce genre de scène.
26:49Pour avoir été souvent au Maroc, le policier est très respecté.
26:53Vous êtes dans un royaume, puisque le roi est le commandeur des croyants.
26:58Nous avons demandé à un autre homme ce que risque un Marocain qui s'en prend à un policier.
27:03Tu t'envoies en prison, tu t'es dans même peut-être 4 ans, 5 ans, moi-même.
27:09Après vérification, la loi marocaine prévoit jusqu'à deux ans d'emprisonnement
27:13pour toute agression envers un officier de police.
27:16Mais à la différence de la France, ici, les peines sont réellement appliquées
27:20et les conditions de détention bien plus strictes que chez nous.
27:23Comme nous l'explique ce jeune qui vient tout juste de sortir de prison.
27:26On va faire sortir ce matin.
27:29Selon lui, les détenus marocains n'ont pas forcément droit à 3 repas par jour comme en France.
27:34Ils ont donné toute la journée un pain, du pain.
27:40Imagine toi mon frère, tu vas manger ce truc de pain avec un petit jus toute la journée.
27:47Vous savez que j'ai connu une époque, moi, quand un Marocain avait une peine,
27:52ou même était placé en garde à vue chez nous, il fallait pas qu'il retourne au Maroc,
27:56parce qu'il allait avoir une peine similaire dans son pays.
27:59À Casablanca, comme dans plusieurs villes du Maroc,
28:03plusieurs manifestations pour l'éducation et la santé ont eu lieu le mois dernier.
28:07La Gen Z, collective de jeunes militants, s'est confrontée aux policiers dans la rue.
28:13Youssef, 24 ans, a été témoin de ces scènes.
28:20C'était vraiment très violent. Il brisait tout. Il cassait les vitrines.
28:26Certains manifestants ont tenté d'attaquer un poste de police près d'Agadir.
28:30Pour les en empêcher, les policiers ont ouvert le feu.
28:33Trois personnes ont été tuées.
28:35Aux Etats-Unis, cette fois-ci,
28:39un policier de Las Vegas n'hésite pas à tirer à travers son pare-brise
28:45pour arrêter des délinquants en fuite.
28:49En Angleterre, certains policiers pratiquent le contact tactique
28:53qui consiste à volontairement percuter un scooter en fuite.
28:57Après avoir commis un délit.
29:00Des scènes qui paraissent complètement inimaginables en France.
29:05À Saint-Denis, en banlieue parisienne, nous avons interrogé plusieurs jeunes
29:09sur l'image qu'ils ont de la police.
29:11Leurs réponses témoignent d'un grand manque de respect.
29:14Votre avis en général sur la police ?
29:16C'est raciste.
29:17C'est raciste ?
29:19Vas-y, ils sont trop à l'aise.
29:21Ils abusent de leurs droits.
29:23C'est ça le truc.
29:24Les policiers d'Aubervilliers et de la Courneuve,
29:26c'est les plus gros fils de p*** qui existent en vrai.
29:29Mais là on est à Saint-Denis, t'as vu ?
29:31Saint-Denis c'est que des bâtards les coffres, t'as vu ?
29:33Il y a un coffre ici à Saint-Denis, il a une tête blanche.
29:37C'est le plus grand fils de p*** du monde.
29:39Alors, pour tenter de réconcilier les jeunes avec l'autorité,
29:43certains tentent de réaliser un travail de fond sur le terrain.
29:48Abdoulaï Kanté, policier âgé de 47 ans,
29:50nous a donné rendez-vous à Sergi Pontoise dans le quartier où il a grandi.
29:54Il se souvient d'une époque où la police était crainte et respectée.
29:58C'est marrant parce qu'ici en fait on était posé avec mes potes.
30:02On se faisait courser par la BAC.
30:04Il faisait peur à la fois mais qu'on respectait aussi.
30:06Aujourd'hui, certains jeunes ne respectent plus tout ce qui peut être la police,
30:10les médecins, les pompiers, etc.
30:12Donc aujourd'hui on en est là.
30:14Abdoulaï Kanté est entré dans la police il y a 26 ans.
30:17Il révèle que ses origines maliennes et sa couleur de peau lui ont valu de nombreuses remarques racistes
30:23durant son parcours, notamment de la part des délinquants qui l'interpellaient.
30:29Effectivement ma couleur ou peut-être mon origine peut poser problème.
30:32Je suis considéré comme un traître par certains,
30:34des personnes qui me voient comme un traître, voilà, un nègre de maison.
30:39Comment ça tu contrôles tes frères et tout, t'es un traître et tout ça.
30:42Ceux de vendu, t'as la botte des blancs.
30:45Moi ce que je dis souvent c'est que l'uniforme en lui-même il est bleu, blanc, rouge.
30:49Il fait distinction, il fait aucune distinction sur la couleur de peau
30:52et on sert n'importe quel citoyen, peu importe son origine et son sexe.
30:56Pour essayer de faire bouger les mentalités, l'homme participe de manière régulière
31:00à des rencontres avec des jeunes dans des écoles.
31:02Des échanges sur le rôle de la police dans notre société.
31:08Je m'appelle Abdoulaye Kanté et je suis policier.
31:11Qu'est-ce qu'on peut rencontrer pour moi à la police ?
31:13Il est inutile.
31:15Il est inutile.
31:17C'est des voleurs, à chaque fois que je me fais contrôler j'ai su qu'ils les prennent.
31:20Après une heure de discussion,
31:24certains jeunes semblent avoir été réceptifs au discours d'Abdoulaye.
31:28La police reste là pour nous aider, reste là pour la France.
31:31Mais d'autres ne sont pas prêts de changer d'avis sur la police.
31:34Est-ce que vous trouvez ça normal qu'on insulte la police comme ça en toute impunité ?
31:41Je vous la fais aussi donc...
31:43Vous aimeriez être flic ?
31:44Moi ? Non jamais.
31:46Pourquoi ?
31:47Parce que pour moi ils sont pas à l'écoute de la population.
31:49Si la propagation de la haine anti-flic semble bien réelle et pas assez sanctionnée par la justice,
31:55la majorité de la population soutient les forces de l'ordre.
31:58Selon un sondage récent, 75% des Français ont confiance en leur police.
32:04C'est parti.
32:05C'est parti.
32:06Sous-titrage Société Radio-Canada
32:07C'est parti.
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