La première cérémonie de commémoration des attentats du 13-Novembre s'est tenue au Stade de France, en mémoire de la première victime des attaques terroristes survenues à Paris, Manuel Dias. Sa fille, Sophie, a déploré «une absence immense, un choc intact et une incompréhension qui règne toujours».
00:00Je prends la parole aujourd'hui avec une émotion immense, celle d'une fille, d'un parent, d'un frère, d'une soeur, d'un ami, d'une personne à qui l'on a arraché quelqu'un que l'on aimait profondément.
00:17Depuis ce 13 novembre, il y a un vide qui ne se comble pas, une absence qui pèse chaque matin et chaque soir depuis dix ans.
00:26Mais il y a aussi les souvenirs que rien ne pourra effacer.
00:32Mon père aimait la vie. Il croyait en la liberté, en la joie simple d'être ensemble, de partager des moments précieux avec les siens et nous a inculqué les valeurs de la République.
00:46C'est cela que la haine a voulu détruire. Mais c'est cela justement que nous portons aujourd'hui.
00:51Plus fort que tout, malgré la douleur, malgré l'absence et ce trou béant, nous restons debout.
01:01Cette terrible nuit du 13 novembre, il nous a été arraché, lui qui était passionné de foot, qui se faisait un plaisir de venir une fois de plus, dans le cadre de sa profession, dans ce stade de France en effervescence, pour y déposer des supporters.
01:21Ces appels frénétiques toute la nuit, dans l'espoir de le retrouver, restent gravés à jamais.
01:30Ces minces espoirs auxquels nous nous accrochions, après chaque appel reçu, pour enfin avoir la confirmation le lendemain midi.
01:39Je tiens à remercier l'indéfectible aide du consulat du Portugal, ici présent, et qui nous a soutenus dans les recherches tout au long de cette nuit interminable,
01:54qui a pu nous confirmer la fin tragique et inacceptable.
01:56La bienveillance de la cellule interministérielle mise en place juste après les attentats du 13 novembre, et qui a été à notre écoute des jours durant.
02:08A la mairie de Saint-Denis, qui s'en relâche chaque année depuis dix ans, s'efforce à nous rassembler, pour ne pas oublier ce terrible drame, nous n'oublierons jamais.
02:19On nous dit de tourner la page dix ans après, mais l'absence est immense, le choc est intact, et l'incompréhension règne toujours.
02:32Dix ans après, j'aimerais savoir pourquoi, j'aimerais comprendre, j'aimerais que ces attentats cessent, malheureusement, nous sommes impuissants.
02:41On ne peut accepter ces agissements à répétition, cette haine envers notre pays et notre peuple.
02:52Le devoir de mémoire est précieux.
02:56Puissons-nous sensibiliser les jeunes générations, leur transmettre les valeurs de notre République,
03:02leur rappeler tous ces innocents tombés, comme mon papa, partis bien trop tôt, sans raison aucune.
03:08Que les commémorations de cette tragique nuit du 13 novembre, qui débute ce matin, au Stade de France, ne soient pas les dernières.
03:19Que les générations à venir l'honorent et qu'elles perdurent dans le temps.
03:24Nous serons là et espérons que les gouvernements successifs le soient aussi.
03:29Que le site du Stade de France ne soit pas oublié dans les livres d'histoire.
03:36Que nos écoliers connaissent ce lieu où tout a commencé.
03:41La mémoire de mon père Manuel Dias vit à travers chacun de nous, dans chaque geste de paix, dans chaque regard d'amour.
03:49Puissons-nous ne jamais oublier, et continuer à faire vivre ce qu'il incarnait.
03:56Le respect, la tendresse, l'amour de son prochain et de la vie.
04:02Puissons-nous vivre dans un pays libre et serein.
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