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00:00Générique
00:00Bienvenue dans le débat.
00:06Boilem Sansal-Grassier, l'écrivain franco-algérien emprisonné depuis un an en Algérie,
00:11a donc été gracier et il l'est transféré en ce moment même en Allemagne.
00:16Il est peut-être même déjà arrivé pour des soins médicaux.
00:19Il avait été condamné à 5 ans de prison ferme alors qu'il avait 80 ans.
00:23Il est atteint d'un cancer.
00:25Sébastien Lecornu a exprimé le soulagement du gouvernement français.
00:29C'est le fruit d'une méthode faite de respect et de calme, a assuré le Premier ministre français.
00:34Les relations diplomatiques entre la France et l'Algérie étaient au plus bas.
00:37Le président algérien Tebboune a répondu favorablement à une demande du président allemand,
00:43Frank-Walter Steinmeier, pour qu'il puisse justement être soigné.
00:47Emmanuel Macron a réagi, il a remercié le président algérien.
00:51Il se dit disponible, le chef de l'État français, pour poursuivre le dialogue.
00:55Les réactions, bien sûr, à cette grâce se sont multipliées.
00:58On va y revenir.
00:59Comment cette décision a-t-elle été prise du côté du pouvoir algérien ?
01:03Est-ce le début d'une des escalades, des tensions dans les relations entre la France et l'Algérie ?
01:08On pose toutes ces questions à mes invités.
01:10Myriam Amelal est avec nous.
01:11Bonsoir Myriam, journaliste Afrique de France 24.
01:14Merci d'être là en face de vous.
01:16Belkir Beladad, bonsoir.
01:17Merci d'être là.
01:18Député de Moselle, groupe socialiste et apparenté, membre du groupe Amitié France-Algérie.
01:24Rachel Binas est avec nous ce soir.
01:25Bonsoir.
01:26Journaliste à Marianne.
01:28Et Olivier Weber est avec nous, grand reporter, écrivain.
01:31Vous connaissiez, vous connaissez toujours d'ailleurs Boilem Sans Salle.
01:35Mais vous l'aviez vu peu avant son incarcération, ancien ambassadeur.
01:40Vous êtes aussi d'ailleurs membre du comité de soutien à Boilem Sans Salle.
01:43Et je cite votre livre, Olivier.
01:44« Ma vie avec Gérard de Nerval ».
01:47Bienvenue à vous.
01:48Avant de démarrer cette discussion, je vous propose de faire un rappel des faits en images avec Ludovic de Foucault.
01:55Dimanche aurait marqué une année derrière les barreaux pour Boilem Sans Salle.
01:59Arrêté en novembre 2024 à Alger pour atteinte à l'intégrité du territoire algérien
02:03en pleine crise diplomatique entre la France et l'Algérie.
02:06Après la reconnaissance par Paris de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental,
02:10reconnaissance saluée et reprise à son compte par l'écrivain,
02:13Boilem Sans Salle avait vu sa peine de 5 ans confirmée en appel en juillet.
02:18A l'Assemblée nationale, le Premier ministre salue sa libération
02:21et souhaite qu'il puisse rejoindre ses proches au plus vite.
02:26Je tiens à remercier du fond du cœur celles et ceux qui ont contribué à cette libération
02:32fruit d'une méthode faite de respect et de calme.
02:40Une méthode qui semble pourtant avoir échappé à Paris.
02:43dont les relations avec Alger restent très tendues.
02:45Voici en effet ce que dit le communiqué de la présidence algérienne.
02:48Le 10 novembre 2025, le président de la République,
02:51M. Abdelmajid Tebboune, a reçu une demande de grâce pour Boilem Sans Salle
02:54de la part de M. Frank-Walter Steinmeier, président de la République fédérale d'Allemagne,
02:59pays, ami.
03:00Le président de la République a répondu favorablement à cette demande
03:03qui a retenu son attention par son caractère humanitaire.
03:07Atteint d'un cancer, Boilem Sans Salle, 80 ans, va donc être libéré grâce à la bienveillance
03:11d'un président sensible à la demande humanitaire d'un pays ami, l'Allemagne.
03:16Une manière de dire que la France n'a rien à voir dans cette décision.
03:20La France qui a à plusieurs reprises dénoncé l'emprisonnement de Boilem Sans Salle,
03:23connue pour son attitude critique tant vis-à-vis des islamistes que du gouvernement algérien.
03:27La France qui continue de demander aussi la libération du journaliste français Christopher Gleiz,
03:33condamné le 29 juin dernier à 7 ans d'emprisonnement pour apologie du terrorisme
03:37et propagande nuisant à l'intérêt national algérien.
03:40Son procès en appel est prévu le 3 décembre prochain.
03:43Olivier Weber, je démarre avec vous parce que vous connaissez bien Boilem Sans Salle
03:47et vous êtes membre, comme je le disais, du comité de soutien.
03:50Quelle est votre réaction ce soir ?
03:53Nous sommes extrêmement heureux, nous sommes soulagés.
03:56C'est évidemment un an d'attente avec des mouvements de yo-yo dans la diplomatie, dans les tractations.
04:02Et puis de notre côté, nous les écrivains, les amis de Boilem Sans Salle,
04:06c'est qu'est-ce qu'on pouvait faire ?
04:07Évidemment on a porté cette affaire assez obédiatiquement,
04:10mais c'était toujours, vous savez, il y a des pours et des contres.
04:12Est-ce qu'il faut vraiment claironner sur l'emprisonnement d'un ami écrivain ou pas ?
04:17Là je pense qu'on a bien fait évidemment de continuer à porter le combat,
04:20à porter cette cause.
04:21On a eu évidemment des frayeurs et en même temps des attentes incroyables,
04:25des espérances avec le 5 juillet en particulier, qui est la fête nationale,
04:30avec aussi quelques semaines auparavant la fin du Ramadan,
04:33donc les fêtes de l'Aïd où il y a toujours des grâces présidentielles
04:36accordées par le chef de l'État algérien dans ces circonstances.
04:39Et à chaque fois c'était un non, une fin de non-recevoir.
04:41Et puis bien sûr cette inculpation de 5 ans de prison,
04:45donc pour un délit d'atteinte à la sûreté nationale,
04:49ça veut dire quoi ? Ça veut dire espionnage.
04:51Et Boilem, Boilem sans salle, c'est tout sauf ça,
04:53c'est un écrivain, c'est un poète, c'est quelqu'un qui est généreux,
04:56quelqu'un qui est humaniste, et tout ça va ensemble.
04:58D'ailleurs ça se sent sous sa plume.
05:00Et évidemment le fait d'être libéré, on est tous extrêmement soulagés,
05:04sachant en plus que Boilem sans salle était malade,
05:07il faisait des allers-retours évidemment,
05:08et que l'hôpital Moustapha est resté dans la prison à l'est d'Alger,
05:13enfin près d'Alger en particulier.
05:14Et donc voilà, c'est un grand soulagement,
05:16et on l'espère bien vite à Paris après cette escale salutaire en Allemagne,
05:21où il sera traité médicalement très très vite.
05:23On va écouter Emmanuel Macron tout de suite.
05:27Je viens à l'instant de m'entretenir avec le président Steinmeier au téléphone,
05:32pour lui exprimer ma profonde gratitude
05:35pour les bons offices de l'Allemagne
05:38et notre coopération fructueuse depuis plusieurs mois
05:41sur le dossier de la libération de notre compatriote Boilem sans salle.
05:47Nous avons travaillé en transparence avec nos amis allemands
05:49comme tiers de confiance,
05:50et je remercie sincèrement le président Steinmeier
05:52de cette rendue disponible.
05:55Notre souci a toujours été d'être efficace,
05:57c'est le fruit d'efforts constants de la France
06:00et d'une méthode faite de respect, de calme et d'exigence.
06:04Je prends acte de ce geste d'humanité du président Tebboune
06:06et l'en remercie.
06:08Je reste évidemment disponible pour échanger avec lui
06:10sur l'ensemble des sujets d'intérêt pour nos deux pays.
06:13Et nous pensons aussi à notre compatriote Christophe Gleiz.
06:17Emmanuel Macron qui s'est entretenu par téléphone avec Boilem sans salle.
06:20On l'apprend à l'instant.
06:20Rachet Binaz, vous êtes la journaliste de Marianne
06:22qui avait sorti cette information, la première,
06:25de l'arrestation de Boilem sans salle.
06:28J'imagine que vous êtes soulagée ce soir.
06:29Est-ce que vous avez des informations justement
06:31sur le trajet vers l'Allemagne de Boilem sans salle ?
06:35En effet, c'est un soulagement, soulagement particulièrement fort
06:39parce que l'Algérie jouait depuis, en effet, au moins le 5 juillet
06:45à entretenir un espoir.
06:47On ne savait pas s'il fallait être dans l'espoir ou dans l'espérance.
06:50Le 5 juillet, il faut rappeler que c'est le jour de l'anniversaire de l'indépendance.
06:52On s'attendait à ce qu'il y ait une grâce.
06:54À des grâces.
06:55Et l'ombre d'une grâce planée, en réalité, elle n'est jamais tombée.
07:00Donc c'est un soulagement très fort pour un homme, on l'a dit, de 81 ans aujourd'hui,
07:04malade, qui a aussi la santé de son âge.
07:06Les informations que l'on sait, que l'on a, c'est qu'en effet, un vol militaire allemand
07:14lui a permis de faire ce trajet-là à la suite de la grâce,
07:18c'est-à-dire de passer de la prison à l'avion.
07:22Et l'avion doit l'amener sur le sol allemand.
07:25Sur le sol allemand, il sera pris en charge d'un point de vue médical.
07:28Et puis on peut imaginer en effet que quelques jours après, il puisse rejoindre la France,
07:34qui est aussi son pays, il ne faut pas l'oublier, puisqu'il est franco-algérien,
07:38même si on s'est rendu compte que la nationalité française, finalement, protégeait assez peu.
07:44Miriam, mais là, justement, nationalité française, la France, elle voulait cette grâce.
07:48On pensait effectivement qu'elle allait peut-être arriver le 5 juillet.
07:52Qu'est-ce qui a débloqué la situation du côté du pouvoir algérien ?
07:55Parce que le 5 juillet, ça n'a pas fonctionné.
07:57Alors le 5 juillet, il faut savoir que d'abord, au sein du pouvoir algérien,
08:01il n'y avait pas consensus sur sa libération et sur la grâce.
08:04Ensuite, le 5 juillet, c'est une fête nationale, c'est la fête de l'indépendance.
08:08Et beaucoup estimaient qu'il ne méritait pas d'être libéré le 5 juillet,
08:12qui était la fête de l'indépendance, que lui, il a été condamné pour atteinte à l'intégrité territoriale,
08:17donc pour ses propos qu'il avait tenus.
08:20Et que donc, il ne pouvait pas être libéré un jour comme le 5 juillet,
08:24ou le 1er novembre, qui est passé récemment, qui est le déclenchement de la guerre d'indépendance.
08:31Donc, ça a été exclu.
08:34Ensuite, pourquoi il a été libéré ?
08:36Parce que l'Algérie n'avait pas non plus intérêt à garder un écrivain réputé, reconnu, en prison,
08:46alors que la communauté internationale demandait sa libération,
08:51et qu'il était malade, et qu'il pouvait mourir en prison,
08:54et que comment ça aurait été reçu si Boalem Sansal, par malheur, n'avait pas été libéré,
09:03et qu'il était mort en prison de maladie, parce que, voilà, ça a joué énormément.
09:08Et c'était aussi, permettez-moi de prendre une expression algérienne,
09:11c'était un caillou dans la chaussure de la diplomatie algérienne.
09:16Il fallait aussi trouver une issue, sauf que les tensions entre la France et l'Algérie
09:22ont fait que l'Algérie ne souhaitait pas répondre positivement à la demande de la France,
09:27et c'est pour ça que c'est à la demande de l'Allemagne qu'on a trouvé cette solution
09:31pour, entre guillemets, se débarrasser de ce problème.
09:35Belkir Velladadoui, alors on ne savait pas qu'il y avait une diplomatie allemande
09:38qui s'était mise en place, manifestement, les deux présidents,
09:41Théboun et le président allemand, se connaissent, sont proches, ça a joué.
09:46Et oui, je pense que les relations personnelles jouent énormément
09:52dans la résolution des difficultés entre deux pays, c'était l'occasion.
09:57Et je rappelle que l'Italie a essayé aussi d'entrevoir, il y a maintenant plusieurs mois,
10:01tout comme l'Allemagne, une sorte de médiation,
10:05puisque les difficultés entre la France et l'Algérie sont telles
10:11qu'on ne pouvait pas envisager une résolution à très court terme.
10:18Et je partage totalement les propos qui viennent d'être évoqués à l'instant.
10:21On avait été avec un certain nombre de parlementaires
10:23et d'une délégation d'élus locaux qui nous avaient indiqué
10:28qu'effectivement, il n'y avait pas forcément une intention des autorités algériennes
10:32de vouloir garder Boalem sans salle en prison.
10:37C'était à l'occasion des célébrations et des commémorations du 8 mai 1945.
10:42Mais ils ont attendu un an.
10:43Il a été quand même pendant un an en prison, Rachel Binas.
10:47Mais c'est vrai que ce rôle de l'Allemagne était assez surprenant.
10:52C'était quoi ? Une façon aussi de ne pas perdre la face
10:54dans le cadre des tensions entre l'Algérie et la France ?
10:56C'est une manière aussi d'humilier la France, on va dire les choses.
10:59C'est une manière, en effet, de ne pas rendre à la France son ressortissant
11:03et de passer par un pays tiers, un médiateur.
11:06Alors, très vite, la défense, en réalité, de Boalem sans salle,
11:09au sens large du terme, je mets le comité de soutien
11:12qui a fait un travail extrêmement important,
11:15a eu l'idée de passer par un pays tiers.
11:18L'Italie a été approchée, mais Giorgia Meloni n'avait pas très envie
11:22de se mouiller dans cette affaire-là.
11:23D'une part parce qu'elle entretient plutôt de bons rapports
11:26avec le président Tebboune et elle n'avait pas envie
11:28de présenter ce dossier extrêmement sensible.
11:31Et puis, d'autre part, parce que ça met aussi,
11:33quelque peu, parfois un peu en difficulté,
11:35le chef d'État français face à la chef d'État italienne.
11:39Il faut quand même se rendre compte, la France,
11:41qui est à la fois une puissance nucléaire,
11:42un membre permanent au Conseil de sécurité,
11:45n'a pas réussi à libérer, à faire libérer son ressortissant,
11:50qui était dans un pays qui n'est pas une puissance nucléaire
11:54et qui n'est pas membre permanent du Conseil de sécurité.
11:57En ce sens, il y a en effet une forme de camouflet
12:00pour la diplomatie française.
12:03Et la solution était de passer par une médiation.
12:06Et cette médiation, Olivier Weber, vous confirmez,
12:09vous qui faites partie de ce comité de soutien,
12:12qu'au sein du comité, on dit que ça faisait un moment
12:14que l'Allemagne était impliquée dans les tractations ?
12:17Oui, absolument.
12:20Il y a eu ces différentes tentatives évoquées précédemment,
12:22du côté de l'Italie, même du côté du pape,
12:24et puis du côté de l'Allemagne, par le président de Bundesrat,
12:27une des chambres, en relation avec le président Tebboune.
12:33Alors, effectivement, vous le disiez tout à l'heure,
12:34Stéphanie Antoine, il fallait, pour le président algérien,
12:37sauver la face.
12:38Et en même temps, l'Algérie n'avait pas intérêt à une détérioration
12:40des relations avec la France.
12:43Et donc, il y a eu ce gobituine.
12:45En même temps, le président Tebboune garde un très bon souvenir
12:47de son séjour hospitalier en Allemagne, en 2020,
12:50lors de la crise du Covid.
12:51Et je peux vous révéler aussi une autre chose,
12:52c'est que le procureur qui a donc signé l'acte d'accusation
12:55et de condamnation de Boilem, de Boilem sans salle,
12:58au sein de la grande prison, se fait soigner à Paris régulièrement.
13:01Je ne peux pas vous dire oui, mais il se fait soigner en tout cas
13:03à Paris, en très proche raison parisienne,
13:06donc une ville à côté de Paris.
13:07Mais il fallait éviter la France, effectivement.
13:10Et là, le gobituine, le médiateur idéal,
13:13ça a été effectivement l'Allemagne.
13:15Bon, en même temps, il faut savoir aussi qu'il reste Christophe Gleies,
13:18vous le citiez tout à l'heure, le journaliste de l'équipe,
13:20qui est toujours en prison, donc sous inculpation avec 7 ans de prison.
13:24Il y a 250 prisonniers d'opinion.
13:26Il y a aussi eu des arrestations avec ce fameux mouvement Hiraq,
13:29qui est un mouvement de contestation de la part des jeunes,
13:32qui a surtout agi de 2019 à 2021,
13:36que le président Tebboune a sérieusement réprimé.
13:39Et donc, le délit d'opinion reste quand même très sérieusement une affaire d'État, on va dire.
13:46Et toutes les demandes de liberté religieuse, de liberté politique,
13:49de liberté d'expression, de liberté de la presse sont bafouées actuellement en Algérie.
13:53Donc, évidemment, nous sommes très soulagés de cette libération.
13:57C'est un signe de l'apaisement aussi de la relation entre la France et l'Algérie, grâce à l'Allemagne, mais pas que.
14:03Mais il faut aussi régler les problèmes avec un plan plus large sur les demandes de liberté de la part de la population algérienne.
14:09Est-ce qu'un mot, Myriam Amélal, sur justement les changements de gouvernement en France,
14:14le gouvernement Lecornu et d'ailleurs le Premier ministre, qui remercie du fond du cœur celles et ceux qui ont contribué à cette libération,
14:20fruit d'une méthode faite de respect et de calme.
14:22Emmanuel Macron est revenu aussi sur la méthode de respect et de calme.
14:27Est-ce que, finalement, celui qui est visé dans ses propos, c'est Bruno Retailleau, l'ancien garde des Sceaux,
14:32qui avait une approche beaucoup plus... une ligne beaucoup plus dure dans le dossier algérien,
14:35finalement, qui a été remplacée par Laurent Nunez ? Est-ce que ça aurait facilité les choses ?
14:40Oui, évidemment que ça fait baisser d'un cran, on va dire, la tension entre les deux pays,
14:45mais ça n'arrange pas non plus la situation, parce que le départ du ministre de l'Intérieur n'a pas non plus immédiatement recréé des liens.
14:53Enfin, ça permet de faire un pas, ça permet de tenter une nouvelle fois un rapprochement.
15:00Mais on est au bord de la rupture entre les deux pays et le départ du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
15:06n'a pas non plus scellé les liens entre les deux pays.
15:09Mais effectivement, ça crée un climat qui favorise peut-être un début de dialogue.
15:16Donc on n'en est pas encore là, parce que c'est allé loin quand même.
15:18C'est allé très loin, on peut parler de nos ruptures entre Paris et Alger.
15:22Pour plusieurs raisons, il n'y a pas que la question du ministre de l'Intérieur,
15:25mais c'est vrai qu'en Algérie, on ne comprend pas que l'Algérie devient un sujet de politique française,
15:31notamment entre les mains de l'extrême droite, je dirais.
15:35Et ça, c'est un sujet qui revient souvent.
15:37D'ailleurs, Boalem Sansel, dans plusieurs journaux algériens, est qualifié d'écrivain proche de l'extrême droite.
15:42Il y a aussi ça qui a, je pense, ralenti sa libération, parce qu'il faut quand même le dire,
15:50beaucoup ont été étonnés de voir qu'il est condamné pour atteinte à l'intégrité territoriale à 5 ans de prison.
15:55Les peines sont beaucoup plus lourdes quand on a porté atteinte à l'intégrité territoriale.
16:00Donc tout ça, laisser présager que c'était une condamnation plutôt politique et qu'il allait être gracié.
16:07Mais on ne savait pas quand, effectivement, le 5 juillet, les fêtes de l'Aïd, etc.
16:11Et finalement, ça intervient aujourd'hui à la demande du président allemand.
16:15Et ça se termine comme ça.
16:16Mais il est clair qu'on ne s'attendait pas à ce que l'Algérie le garde derrière les barreaux.
16:22Est-ce que ça voudrait dire qu'il pourrait y avoir une sorte de désescalade dans ces relations entre la France et l'Algérie ?
16:28Rachel Binaz, est-ce que justement Christophe Gleiz, qui travaille pour SoFoot et non pas pour l'équipe,
16:37lui, est-ce que le libérer, ça pourrait aussi ouvrir une nouvelle porte dans les relations entre la France et l'Algérie ?
16:43Vous savez, le contentieux, en réalité, dépasse l'affaire Boilem Sansal.
16:46Boilem Sansal n'est qu'un symptôme de ce qu'il se passe.
16:50Il suffit d'ailleurs de lire tous les matins la presse algérienne, ne serait-ce que francophone,
16:55pour voir à quel point cette affaire est instrumentalisée.
16:58Boilem Sansal n'était représenté à chaque fois dans la presse algérienne
17:01que sous l'angle, en effet, de l'extrême droite, qui est une espèce de deux mots repoussoirs,
17:05ou pris en photo à côté de rabbins ou de personnes portant des kippahs.
17:10On se souvient, et j'ai une pensée pour cet avocat quand même, François Zimré,
17:14qui a dû quitter la défense parce qu'interdit de territoire algérien au motif qu'il était juif.
17:21Donc tout ça se mêle et tout ça montre bien que le conflit, en réalité, est beaucoup plus important
17:27et que le malaise dépasse encore une fois cette affaire.
17:30Quant à la suite, on entend le président Macron, qui est quelque part dans son rôle,
17:34lorsqu'il dit « on va poursuivre la discussion », non, on ne va pas poursuivre.
17:37On va reprendre à la rigueur, on ne va rien poursuivre.
17:42On est à un point, en effet, de rupture très forte.
17:46En choisissant l'Allemagne, finalement, le régime algérien refuse de se mettre à la table
17:51pour aborder les sujets qui fâchent avec la France,
17:55ceux des OQTF, ceux du rôle aussi des pressions sur les opposants politiques,
18:03opposants politiques au régime algérien en France,
18:07qui sont victimes de tentatives d'enlèvement et plus d'agressions.
18:11Donc le compte en souffrance est extrêmement important.
18:15Il ne se réglera certainement pas avec cette seule libération.
18:18Oui, c'est ce que vous pensez aussi.
18:20Oui, je pense aussi. Et puis la méthode, elle est importante.
18:24Et celle qui a été déployée, celle de non pas de montrer les muscles tous les matins face à l'Allemagne.
18:31Parce que vous parlez de la politique.
18:32Ça ne marche pas, ça n'a jamais été essayé.
18:34Mais manifestement, Bruno Retailleau était très couvert par la presse algérienne aussi,
18:38ses positions, il me semble.
18:40Oui ou non ?
18:40Et puis les utiliser pour des raisons de politique intérieure.
18:44On le voit bien à travers, finalement, l'accord de 1968 qui est passé à une voie.
18:52On voit bien l'instrumentalisation qui est faite de la relation franco-algérienne
18:56sur le sujet pour des raisons intérieures.
18:59Bruno Retailleau et en Algérie également.
19:02Et Bruno Retailleau l'a fait au maximum de ce qu'il pouvait le faire pour des raisons intérieures.
19:06D'abord pour obtenir la présidence des Républicains.
19:10Et puis ensuite, pour faire en sorte de faire tomber cet accord de 1960.
19:15Je ne dis pas qu'il ne fallait pas le revoir, etc.
19:17Et je pense qu'en fait, il faut, et c'est la position qui est la mienne depuis déjà longtemps,
19:22qu'il faut, à l'aune de la revoyure de cette relation franco-algérienne,
19:26remettre à plat l'ensemble de la relation, y compris ces aspects.
19:30Mais ces aspects-là, notamment d'immigration, ne sont qu'un petit bout, en fait, de cette relation franco-algérienne.
19:36Et n'oublions pas non plus que l'un des sujets vraiment qui a mis le faux au poudre,
19:42c'est quand même la reconnaissance du Sahara occidental et de sa marocanité,
19:46qui fait qu'aujourd'hui, il est extrêmement difficile, non pas de poursuivre,
19:54mais d'essayer de renouer un dialogue avec les Algériens.
20:01Belkir Beladad, sur cette reconnaissance, justement, du plan marocain comme la solution la plus réalisable,
20:06il y a quelques jours, le Conseil de sécurité des Nations Unies a finalement adopté une résolution
20:12qui va dans ce sens aussi, qui reconnaît le plan d'autonomie du Maroc comme la solution la plus réalisable,
20:17comme une des solutions, en tout cas, la plus réalisable, c'est ce qu'on le dise.
20:20Donc ça, c'était un coup dur pour l'Algérie.
20:22Oui, manifestement, on n'est plus seulement la France.
20:25Là, c'est un ensemble de pays au sein du Conseil de sécurité.
20:28La France compte au sein de l'ONU et c'est pour ça aussi que l'Algérie l'avait très mal vécue.
20:33Et tout à l'heure, on parlait de relation d'amitié entre le président algérien et le président allemand,
20:38mais il y avait aussi une relation de complicité avec Emmanuel Macron.
20:42Et c'est à partir du moment où Emmanuel Macron a annoncé à Abdelmajid Tebboune
20:46qu'il allait reconnaître la marocanité du Sahara occidental,
20:49qu'il y a eu un clash entre les deux hommes et ça a été pris comme une trahison personnelle aussi.
20:59Donc il y a aussi des relations passionnelles entre les deux pays qui font que ça rend les choses encore plus compliquées.
21:05Et je reviens sur la question du Sahara occidental.
21:06Je pense que c'est vraiment, pour reprendre le dialogue, il faut vraiment trouver une solution sur cet aspect-là.
21:14Parce que c'est vraiment ce qui crispe côté algérien.
21:17Mais la France ne reviendra pas là-dessus, a priori, Rachel Binaz.
21:20D'autant plus que maintenant, le Conseil de sécurité va dans ce sens-là.
21:23Donc soutient le projet marocain.
21:26Et puis la question du Sahara est une parmi d'autres.
21:29Mais c'est vrai qu'elle est importante.
21:32Elle est importante, mais elle n'est pas aussi centrale que souvent on le présente publiquement.
21:38Deux choses.
21:39Emmanuel Macron est certainement le président français ayant fait le plus de gestes à l'égard de l'Algérie.
21:45Plus de main tendue.
21:48Souvenez-vous, il est allé, il s'est rendu une fois en Algérie alors qu'il était candidat,
21:52deux fois alors qu'il était président.
21:53La réciproque n'est pas vraie.
21:56La réciproque n'a jamais eu lieu.
21:58Et ça, ça dit quelque chose aussi de l'état des relations entre les deux pays.
22:03Et ça explique peut-être cette volte-face d'Emmanuel Macron.
22:05Olivier Weber, un mot sur cette relation, sur ce plan marocain.
22:11Est-ce que c'est ça vraiment qui avait mis le feu aux poudres ?
22:13Vous pensez aussi dans les relations qui sont devenues exécrables entre Paris et Alger ?
22:20Oui, ça a été de même enjoué, évidemment.
22:22Parce que depuis 1975, c'est une épine dans le pied du Maroc comme aussi dans le pied de l'Algérie.
22:29Et l'Algérie ayant les combattants du Polisario, le Front de Polisario qui demande l'indépendance,
22:33qui sont des guibates, enfin c'est une tribu de Mauritanie et du Saint-Occidental qui demande l'indépendance.
22:38Il se trouve que je les connais bien, j'y suis allé plusieurs fois.
22:40Mais en fait, malheureusement ou heureusement, sans prendre parti en tout cas,
22:43c'est pratiquement une cause perdue pour, évidemment, l'ensemble de l'attitude de la communauté internationale.
22:49Et vous l'avez dit aussi, celle du Conseil de sécurité.
22:51La France a pris position, donc ça fait quand même 50 ans que ça dure, depuis 1975.
22:56Mais Boualem Sansal en a fait les frais.
22:58Quand il a fait cette déclaration, il a le droit de faire une déclaration.
23:01C'est un écrivain, c'est quelqu'un de courageux, c'est quelqu'un d'engagé,
23:04qui a parlé de cette possibilité, en fait, pendant la guerre de libération nationale du FLN,
23:10menée par les Algériens jusqu'en 1962, de rétrocéder une partie de l'Algérie au Maroc,
23:15en échange du passage des combattants pour lutter contre les forces françaises.
23:21Boualem, c'est quelqu'un d'angélique, c'est quelqu'un qui n'a pas mesuré la portée de ses propos, de ses déclarations,
23:26qu'on instrumentalise en disant que c'est un écrivain, pardon, affiné, extrême droite.
23:30C'est totalement faux, c'est quelqu'un d'ocuménique, c'est quelqu'un qui est dans le partage des cultures,
23:36le partage des religions, etc., d'extrêmement tolérant.
23:39Alors, simplement, sur l'affaire du sang occidental, évidemment, ça va être compliqué de, comment dirais-je,
23:45de resserrer les liens entre la France et l'Algérie.
23:47Il n'empêche, rappelez-vous, en 2017, il y a eu cette tentative de réconciliation des mémoires.
23:54C'est devenu très vite, en fait, une sorte de devoir mémorial d'un côté,
23:58mais aussi de rente mémoriale pour le régime de Théboune,
24:00qui en a profité, y compris en réprimant le mouvement Hélac.
24:03Et donc, oui, je crois qu'il faut faire attention de ne pas instrumentaliser non plus ces relations.
24:08Je pense aussi qu'il faut continuer à avoir un rapport d'apaisement,
24:11mais en même temps aussi une logique de rapport de force.
24:14Je pense que les deux pays ont besoin de dialoguer.
24:17Malheureusement, Boalem Sansal est un écrivain qui a fait les frais.
24:19Il était embastillé, comme d'autres écrivains, comme d'autres journalistes se sont embastillés.
24:24D'ailleurs, c'est Amnesty International et Reporters Sans Frontières,
24:27qui, dans leur dernier rapport, parlaient d'un état des médias en Algérie
24:31qui s'est considérablement détérioré depuis 2-3 ans.
24:34Donc voilà, c'est ce combat-là aussi qu'il faut mener,
24:37puisqu'il s'agit quand même d'un régime autocratique,
24:39c'est le moins qu'on puisse dire, avec une rente, non pas simplement mémoriale,
24:42mais une rente économique.
24:43C'est quoi ? Ce sont les hydrocarbures.
24:45On a calculé qu'il y a à peu près un tiers des revenus pétroliers,
24:49qui sont dédiés à la SONATRAC, à un problème d'exploitation,
24:52qui vont au régime, au pouvoir et à l'armée.
24:55Et évidemment, bien sûr, la population algérienne souffre de cette popularisation,
25:00de ce manque de revenus.
25:01Donc c'est une considération globale qu'il faut avoir en tête,
25:05ne pas interférer en tout cas,
25:06mais faire en sorte qu'on n'emprisonne pas les Algériens,
25:09et qu'on n'emprisonne pas des écrivains franco-algériens.
25:12Boalem, je l'ai vu quelques jours avant ce que je qualifie d'enlèvement,
25:15il m'avait montré il y a déjà quelques années les photos de son appartement à Boumerdez,
25:19dans la petite Kabylie, donc tout à fait à l'est d'Alger,
25:22et il me montrait en fait des barbelés à l'étage de son balcon.
25:26Pourquoi ? Parce qu'il a été menacé de fatwa de la part des islamistes,
25:29comme il a été évidemment menacé par le FLN.
25:32C'est quelqu'un de courageux dans ses engagements,
25:35à la fois contre le pouvoir autocratique,
25:37mais aussi contre les menaces du fondamentalisme islamiste en Algérie.
25:40Je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce qui a été dit.
25:46Boalem Sansal n'est pas naïf, il sait très bien,
25:48il a été fonctionnaire en Algérie, il sait très bien que ces propos-là,
25:51les gens qui connaissent l'Algérie savent que ça ne passe pas.
25:54Il a peut-être été naïf en pensant qu'en rentrant en Algérie,
25:56il ne lui arriverait rien,
25:58mais ces déclarations-là, quiconque connaît l'Algérie,
26:02sait très bien que ça ne passe pas, y compris auprès de l'opinion.
26:06Beaucoup d'Algériens considèrent qu'il n'avait pas à être emprisonné,
26:09mais ne soutiennent pas du tout le personnage et l'écrivain
26:12après ces déclarations, parce qu'il était très élu en Algérie il y a quelques années.
26:18Donc dire qu'il n'était naïf sur les propos,
26:20je ne suis pas tout à fait d'accord.
26:22Il reste un écrivain, un écrivain a le droit de s'exprimer,
26:26il a le droit d'écrire, il a le droit de s'exprimer.
26:27Absolument, il a le droit de s'exprimer.
26:30Non, non, mais je n'ai pas dit le contraire.
26:32Pendant un an, un écrivain pour ces raisons-là.
26:34Non, non, mais je suis tout à fait d'accord avec vous.
26:35Ce n'est pas ma position, j'explique l'opinion
26:41et j'essaye d'expliquer en fait qu'il ne pouvait pas ne pas savoir
26:46que ses propos allaient être mal accueillis en Algérie,
26:49surtout quand il s'agit de l'intégrité territoriale.
26:53Ce sont des sujets extrêmement sensibles dans le pays.
26:56Et puis effectivement, il y a des détenus d'opinion en Algérie,
27:00il y en a aussi au Maroc, il y en a en Tunisie,
27:02il y a même des franco-tunisiens qui sont en prison aujourd'hui.
27:04Et on s'étonne aussi, côté algérien, l'opinion algérienne,
27:09qu'on en parle moins que Boalame Sansal.
27:12Ça, il faut aussi le souligner.
27:13On se demande pourquoi, et on en revient toujours au fait
27:16que le cas de Boalame Sansal a été instrumentalisé
27:20une fois de plus par l'extrême droite.
27:22Et ça, c'est quelque chose qui est récurrent en Algérie.
27:24C'est faux, c'est faux.
27:26Bien sûr, il y a des partis.
27:28Je crois que...
27:29Les partis ont essayé de récupérer cela,
27:31mais ce n'est pas du tout dans la démarche de Boalame Sansal.
27:33Je n'ai pas dit qu'il était naïf.
27:34Je dis que c'est quelqu'un d'angéliste, quelqu'un de courageuse,
27:36quelqu'un d'engagé, qui critique aussi bien le pouvoir
27:39que le fondamentalisme.
27:40L'embastiller pendant un an, c'est scandaleux.
27:42Ça reste quand même un ressortissant français.
27:44C'est pour ça que les Français en ont parlé,
27:46et les écrivains et le comité de soutien.
27:48Et donc, on demande la libération d'autres détenus,
27:50et finalement, de par le monde,
27:51qu'ils soient écrivains ou journalistes ou autres.
27:53Rachet Binaz.
27:54J'entends ce que dit Olivier Weber.
27:57Attention à ne pas céder à une forme de dilution de responsabilité.
28:00Finalement, un peu comme la jupe était un peu trop courte,
28:02finalement, il a franchi des lignes qu'il n'aurait pas dû franchir.
28:05Et en cela, je pense que...
28:07J'ai un soupçon plutôt positif à l'égard de Myriam,
28:10mais je pense que ce qu'elle essayait de traduire,
28:12c'était ce que les Algériens pensent en Algérie.
28:16Et c'est vrai que la majorité, il faut le dire,
28:18des Algériens, on peut avoir une analyse un peu empirique,
28:21ne soutenait pas particulièrement Boilem Sansal.
28:23Ensuite, bien entendu, son combat, il est le nôtre,
28:26il est ceux de tous ceux qui sont attachés à la liberté d'expression.
28:29On a vu au cours de cette année,
28:30qu'hélas, le consensus n'était pas aussi large en France
28:34qu'on l'aurait souhaité, notamment au sein des politiques.
28:37Velkir Beladad, là-dessus, justement.
28:39Pour revenir sur le plan diplomatique,
28:41là, pour l'instant, il n'y a plus...
28:43La France avait rappelé, me semble-t-il,
28:45son ambassadeur de France en Algérie.
28:47Il n'y a plus non plus de diplomates algériens à Paris.
28:51On en est où, là ?
28:52Du point de vue diplomatique, c'était au point mort.
28:55C'est ce qu'on appelle le fax.
28:57Il n'y a que le fax qui fonctionnait.
28:59Le fax fonctionnait.
29:01Voilà, ça veut dire qu'on en est au point zéro.
29:04C'était exactement ça.
29:05Et donc, d'ailleurs, avec la délégation parlementaire,
29:08nous étions déplacés pour les cérémonies,
29:10ils déposaient les jarbes de celle,
29:12notamment du président de la République.
29:14qu'il a fallu qu'on soit là et qu'on soit en contact avec les ministres algériens
29:18pour que ça puisse se faire.
29:20C'est pour vous dire à quel point on en était au niveau de la relation.
29:24Donc, pour l'instant, il y a cette annonce qui était...
29:27Un vrai mouvement positif,
29:30ça serait de renvoyer l'ambassadeur de France en Algérie ?
29:34C'est le signe le plus fort d'un rétablissement, d'une relation.
29:39C'est vraiment le minimum du minimum.
29:41C'est vrai que quand on demande à son ambassadeur de revenir,
29:45c'est qu'on est vraiment en une situation,
29:48quelquefois, de point de non-retour.
29:50Mais je pense que la première des mesures,
29:53ce serait peut-être éventuellement celle-là.
29:55On en discutait d'ailleurs il y a quelques mois.
29:56C'est-à-dire un rétablissement de la relation diplomatique.
29:58Mais complètement.
29:59Ça passe d'abord par là.
30:01Nous, en tant que parlementaires, nous l'avons fait.
30:03Nous avons toujours cru que la diplomatie,
30:06c'est l'art de la discrétion.
30:09On l'a fait savoir un homosomologue algérien,
30:12qui, je l'espère, en tout cas,
30:14ont fait passer quelques messages auprès de l'establishment algérien,
30:18en demandant notamment la libération de Boilem sans sable.
30:22On l'avait identifié de date, le 5 juillet, le 1er novembre.
30:27Et on savait que c'était la condition sine qua non,
30:29à un moment donné, pour qu'à minima,
30:32les relations diplomatiques puissent repartir.
30:36Parce qu'elles ont rarement été aussi mauvaises,
30:38Mme Amélal.
30:39Franchement, je n'ai pas le souvenir qu'elles étaient aussi mauvaises.
30:43Il y a toujours eu des tensions entre les deux pays.
30:45Oui, c'est une relation.
30:46D'ailleurs, mais c'est vrai que là, on a atteint vraiment un...
30:51Et comme vous le disiez il y a quelques instants,
30:54c'est vrai qu'Emmanuel Macron est le président qui a le plus fait,
30:57dans les questions mémoriales,
30:59le président de la Ve République qui en a le plus fait.
31:02Mais ça n'a pas suffi.
31:03Ça n'a pas suffi parce que peut-être que, aussi,
31:09côté algérien, peut-être qu'on en attendait plus.
31:11Il y avait des questions, par exemple,
31:14sur la reconnaissance de la mort de l'Arabi Ben-Midi
31:19qui a été tuée par Osares.
31:23Ça a créé des crispations
31:25parce que Osares, à l'époque, n'était qu'un exécutant.
31:31Et on en demande aussi plus.
31:33Alors, des fois, ce qu'il faut comprendre,
31:34c'est que les visions sont tellement différentes de part et d'autre
31:39que, parfois, on a du mal à trouver un terrain d'entente.
31:42On s'attend à beaucoup de choses d'un côté.
31:45De l'autre côté, on pense qu'on en a assez donné.
31:47Et ça crée des crispations et des incompréhensions de part et d'autre.
31:52Et ça rend les choses vraiment très compliquées.
31:55La question mémoriale, je pense qu'il ne faut pas la négliger.
31:57Elle est très importante côté algérien.
31:59En France, on voit aussi qu'elle soulevait des passions.
32:02Il faut la laisser aux historiens, non pas aux politiques.
32:04Et je pense que c'est l'erreur qui a été faite.
32:06Oui, vous pensez que c'est ça, l'erreur ?
32:07Mais en même temps, Emmanuel Macron a insufflé cette commission.
32:10Mais bien sûr, il faut l'insuffler.
32:11Mais ensuite, il faut laisser les historiens travailler ensemble.
32:15Et c'est ce qui s'était fait.
32:16Il y a eu plusieurs rencontres, notamment à Constantine.
32:18Les archives algériennes n'ont pas été ouvertes.
32:20On est d'accord, mais il y a eu un...
32:22Pour se réconcilier, il faut être deux, disons.
32:24On est d'accord, on est d'accord.
32:25Mais le président Tebboune avait eu un certain nombre d'exigences.
32:31Emmanuel Macron, de son côté également.
32:34Et le président Macron, c'est vrai, a beaucoup fait sur cette question-là.
32:38Il a même effectivement répondu favorablement au président Tebboune
32:41en acceptant le fait d'ouvrir les archives avant la guerre d'Algérie.
32:49C'est-à-dire toute la période coloniale depuis 1830.
32:55Et ensuite, je pense qu'il faut laisser les historiens.
32:58Et la politique doit reprendre sur les sujets économiques.
33:04Parce qu'on a énormément de sujets en commun.
33:07Il y a quand même des liens économiques entre la France et l'Algérie.
33:09Mais bien sûr, parce que ce sont nos entreprises qui en payent le prix derrière.
33:13Ce qui est intéressant sur cette question mémorielle, c'est que de part et d'autre,
33:16il y a des lobbies très puissants qui pèsent dans la politique interne et qui font que ça n'avance pas aussi.
33:24Ça, il faut le dire, que ce soit en Algérie ou en France.
33:26Même en Algérie, les anciens combattants, il y a un lobbying quand même qui est assez puissant,
33:31qui parfois peut aussi peser dans la politique interne.
33:35Ensuite, pour ce qui est des relations économiques, oui.
33:38Et on voit aussi que depuis cette brouille, il y a une volonté de l'Algérie de s'écarter de la France.
33:43On l'a vu avec le blé, par exemple, qui a eu des conséquences sur les agriculteurs français.
33:48On a vu que l'Italie est devenue le premier partenaire économique de l'Algérie.
33:52L'Allemagne aussi avance sur ce terrain.
33:55La Turquie, la Chine.
33:57Donc on voit aussi qu'il y a une volonté aussi de s'éloigner de la France.
34:00Alors peut-être que c'est la solution de ne pas avoir une relation aussi forte.
34:04mais de construire une autre relation.
34:05En tout cas, la France n'est plus un partenaire stratégique pour l'Algérie.
34:08Et donc ça, on le déplore.
34:09Vous le déplorez, Olivier Weber, même si vous êtes écrivain.
34:12Il faut aussi avoir des relations diplomatiques avec l'Algérie, des relations économiques.
34:17C'est important ?
34:19C'est très important.
34:20Vous savez, c'est presque une histoire...
34:21Enfin, c'est une histoire passionnelle, la France et l'Algérie.
34:24La France a besoin de l'Algérie.
34:25Et l'Algérie a besoin de la France.
34:26Mais même au niveau des populations, au niveau de la culture, c'est une histoire partagée.
34:30Je suis entièrement d'accord avec ce qu'a été dit.
34:31Il faut laisser le devoir mémoriel aux historiens.
34:34Bien sûr, ouvrir les archives.
34:36Bien sûr, enquêter, dénoncer ce qui a été commis auparavant.
34:39Mais ne pas passionner le débat.
34:40Il faut réapaiser un petit peu ces relations.
34:43C'est des relations extrêmement importantes, bilatérales.
34:45Des relations historiques également.
34:47Et je crois effectivement...
34:48Donc ça fait six décennies qu'il y a l'indépendance.
34:50Entre-temps, il y a eu quand même trois générations qui se sont passées.
34:53Il n'est pas du tout question d'effacer l'histoire.
34:55Au contraire, il ne faut pas que ça altère ce rapport d'amitié qui a existé quand même pendant des années, des décennies, avec des hauts et des bas.
35:02Et je crois que c'est une histoire commune.
35:03C'est la marée Nostrum, la mer Méditerranée, nous sépare et nous unit en même temps.
35:08C'est en face.
35:08C'est en face de Marseille.
35:10Et je sais que mes amis algériens qui sont en Algérie regardent aussi la France toujours avec des yeux d'admiration.
35:16Et c'est réciproque.
35:17Et je crois que cette relation doit être équilibrée.
35:19Elle doit être dépassionnée.
35:20Je déploie effectivement que certaines choses ont été instrumentalisées, y compris l'affaire de Boilem par certains partis.
35:26On aurait aimé entendre d'autres partis.
35:27Mais on n'a pas mis ça, nous, au comité de soutien et avec les écrits humains, sur le terrain politique.
35:32On a mis ça sur le terrain de l'éthique, sur le terrain de la littérature, sur le terrain de la liberté d'expression.
35:37Et je peux vous dire qu'il y a des jeunes écrits algériens qui rêvent aussi de ce pont à nouveau qui s'établisse entre eux et nous.
35:43C'est une relation de la même, de la poésie, de l'art, de la littérature.
35:47C'est une relation nécessaire, c'est une relation, je dirais, éthique.
35:51C'est une relation humaniste.
35:52Et c'est ce que revendiquait Boilem.
35:53Il faut le défendre.
35:55Et je crois que cette relation doit être réaménagée, revue, en dehors de tout ce qui est rentre, qu'elle soit mémorielle, qu'elle soit économique, qu'elle soit de corruption, etc.
36:03Il nous reste quelques minutes, Rachet Binaz, pour justement suivre un peu Boilem sans salle.
36:08Donc, il l'est s'entretenu au téléphone avec Emmanuel Macron.
36:10Il était dans l'avion.
36:11Peut-être qu'à cette heure-ci, il est déjà en Allemagne.
36:14On ne sait pas où en Allemagne, d'ailleurs.
36:15On a une idée, pas vraiment.
36:16Non, et ce n'est peut-être pas nécessaire non plus d'avoir trop des détails.
36:20Mais est-ce qu'on a des nouvelles sur sa santé ?
36:22Les dernières nouvelles qu'on avait n'étaient pas...
36:25Alors, elles sont vraiment à prendre avec des pincettes, dans la mesure où le régime ne communiquait pas,
36:29et où la représentation consulaire n'avait pas la possibilité d'aller le visiter.
36:33Il n'a pas pu bénéficier, par exemple, d'une visite des services de la délégation de l'Union européenne, par exemple, pour le visiter.
36:42Donc, le bruit qui est circulé, c'est que des maladies, notamment grippe Covid, circulaient beaucoup en prison.
36:50C'est un homme, encore une fois, âgé, 81 ans, donc sensible.
36:54Et donc, les risques étaient importants.
36:57Vous l'avez dit, il souffre d'un cancer.
37:01Donc, son état est certainement assez affaibli.
37:03Donc, il sera probablement hospitalisé dès son arrivée en Allemagne.
37:06Oui, il sera hospitalisé, en tout cas, il suivra une batterie de tests, d'examens, pour, avant, éventuellement, d'être envoyé, en effet, en France,
37:14et de retrouver son pays d'adoption.
37:17Donc, ce trajet vers la France, ça sera après ce trajet allégé Allemagne.
37:22Et là, on pourra dire qu'il sera rentré.
37:25Vous avez des nouvelles, vous, personnelles, Olivier Weber ?
37:28Non, pas directement, parce qu'en fait, oui, on sait par la famille, évidemment, qu'il ne se portait pas très bien.
37:33On le sait aussi par l'avocat.
37:36Mais, voilà, il a effectivement 80 ans, 81 ans, il faut qu'il soit soigné.
37:43Le mental, forcément, malgré sa combativité, était atteint.
37:46Et on sait très bien qu'en médecine, évidemment, quand le mental ne va pas très bien, la pathologie peut s'aggraver.
37:53Mais, voilà, c'est quelqu'un de combatif, c'est quelqu'un d'engagé, c'est quelqu'un de courageux,
37:56qui avait refusé pendant des années de venir en France, alors qu'on lui proposait de la nationalité,
38:01il a dit non, je reste dans mon pays.
38:02C'est quand ça a été trop dangereux, trop périlleux pour lui,
38:05lorsqu'il se savait donc inquiété par des diverses incriminations.
38:09Il sait très bien ce qui arrive à certains journalistes, écrivains et poètes.
38:11On a encore condamné hier un poète à 5 ans de prison, si j'ai bonne mémoire,
38:15à vérifier Tadgini sur la peine.
38:20Et donc, voilà, c'était cet engagement à rester sur la terre algérienne
38:25qu'il faut aussi rappeler pour Boilev.
38:27Il est venu en France, il a raison, et donc il est resté franco-algérien,
38:32considéré comme algérien par les autorités algériennes.
38:34Et c'est tout son courage, en même temps c'est tout son malheur,
38:37et j'espère qu'il va s'utiliser de cette pathologie très rapidement,
38:40avec l'aide de nous tous, et merci à vous de le soutenir.
38:43Merci d'être là, Belli Bellada.
38:45Donc, le prochain geste diplomatique, ça devrait être quoi ?
38:50Parce que vous, vous espérez tout de même un rétablissement des relations diplomatiques ?
38:54La libération de Christophe Glez.
38:57Exactement.
38:58Donc, le journaliste ne s'en fout.
38:59Et puis, la condition sine qua non, c'est quand même le rétablissement des relations diplomatiques,
39:04sans quoi on ne pourrait rien faire, en fait.
39:08On le voit bien dans ce cas de figure.
39:10On a très peu, voire pas du tout, de relations diplomatiques.
39:13La situation, ce n'est pas possible. Les deux pays sont trop liés.
39:15Il y a combien de millions d'Algériens qui vivent en France ?
39:19La langue française entre les deux peuples et entre les deux pays.
39:22Il y a trop de liens pour que la situation reste comme ça.
39:26Il faut que ça change, il faut que ça évolue.
39:27Comment ? Je ne sais pas. Je pense que personne n'a la solution.
39:29On a beaucoup de choses en partage avec nos amis algériens.
39:32Là, c'est du côté des politiques que ça se passe plutôt, à votre avis ?
39:35Je pense que c'est, oui, politique, mais essentiellement politique.
39:39Parce que je le disais à l'instant, c'est le rétablissement de ces relations.
39:43Parce qu'à un moment donné, je vois bien les associations qui essayent de travailler,
39:46les associations françaises qui essayent de travailler dans le domaine de la santé
39:50ou de l'éducation avec des associations algériennes.
39:53Et on voit bien qu'à un moment donné, sans le déverrouillage de la situation politique,
39:59ça ne fonctionne pas, malgré toutes les bonnes volontés des uns et des autres.
40:04Un mot de conclusion ?
40:04Oui, de conclusion, d'autant que l'aspiration à la France reste encore très importante.
40:09On le sait, on a plus de 1 000 nouveaux étudiants algériens qui se sont inscrits
40:14dans les établissements supérieurs français.
40:17Des titres de séjour, de visa, qui seront certainement cette année autour de 150 000.
40:23Et les Algériens sont encore la première nationalité à quitter, à prendre la mer,
40:28au péril de leur vie, pour rejoindre, via la Méditerranée,
40:32pour rejoindre la côte espagnole et éventuellement la France.
40:35Tout ça pour dire que, quel que soit le lien entre le régime autoritaire algérien et la France,
40:43il y a des liens extrêmement forts entre les peuples.
40:45Et ces liens-là perdurent et sont encore tenaces.
40:49Et finalement, vont au-delà des conflits politiques.
40:54Des conflits politiques, mais on a besoin des politiques pour rétablir ces relations.
40:59Merci beaucoup Rachel Binas, Belir Belladad, merci Myriam Amelal,
41:02merci beaucoup Olivier Weber d'avoir participé à cette émission.
41:05Merci à vous tous de l'avoir suivie, vous la retrouvez sur les réseaux sociaux.
41:08Demain, émission spéciale entre 18h et 20h,
41:12donc émission spéciale consacrée aux commémorations des attentats du 13 novembre.
41:17Ça démarre donc à 17h55.
41:20J'espère que vous serez fidèles au poste.
41:22A demain.
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