00:00Mais c'est quoi le problème à 9h21 sur Sud Radio, Félix Mathieu ?
00:07Ils sont qualifiés de poulaillers géants, ces projets d'élevage de volailles
00:14qui se heurtent forcément à des résistances locales.
00:20Pardon Jean-François.
00:21Voilà, vous êtes sorti du poulailler, vous êtes là.
00:23Bonjour Jean-François.
00:25Oui, dernier exemple en date de ces poulaillers qui se heurtent à des résistances locales.
00:29Par exemple, 30 000 poules pondeuses du côté de Saint-Floxel dans la Manche.
00:34Oui, 30 000.
00:35Du monde.
00:35Oui, ça fait quand même pas mal de poules.
00:37Projet porté par un éleveur bovin de la commune.
00:39Alors les riverains s'inquiètent pour les odeurs, les émanations d'ammoniaques liées aux fiantes.
00:44Une gérante de chambre d'hôte pense même qu'elle devra mettre la clé sous la porte
00:47et la mairie n'est pas emballée non plus, indique la presse de la Manche.
00:50Ce genre de situation, il y en a beaucoup comme ça aussi, coin de l'Hexagone.
00:54C'est plus, vous savez, on parlait à une époque, les fermes des mille vaches.
00:57Maintenant, c'est les poulaillers aux 30 000 poules, voire davantage.
01:00140 000 poules à Selle-Lévesco dans la Vienne.
01:0340 000 poulets à Saint-Morel dans les Ardennes.
01:0690 000 à Tieffrin dans l'Aube.
01:10Avec d'ailleurs à Tieffrin un récent feu vert du tribunal administratif de Chalons en Champagne.
01:15En tout cas, dans tous ces cas, comme souvent ailleurs, il y a controverse locale
01:19au moment où le projet est rendu public.
01:21Des recours devant les préfectures, les tribunaux administratifs, les cours administratifs d'appel.
01:28Des bras de fer aussi avec les collectifs de riverains opposés.
01:31Parfois aussi avec les conseils municipaux qui n'en veulent pas.
01:34Oui, et face à ces, vous dites, réticences, voire même des résistances, mon cher Félix,
01:41les professionnels du secteur mettent en avant la hausse de la demande de consommation d'œufs.
01:48On dit les œufs.
01:49Oui, les Français en mangent de plus en plus des œufs.
01:52Plus 4,5% sur un an, selon une estimation Nielsen IQ dévoilée hier par le Parisien,
01:58aujourd'hui en France.
01:59On a même un taux de rupture sur les références de boîte 2 de 13% dans les rayons.
02:05C'est étonnant d'ailleurs.
02:06Vous arrivez d'avoir un rayon vide.
02:08Ça m'est arrivé, il n'y a pas vu tard qu'hier.
02:10C'est surprenant.
02:10Je me dis pourquoi il n'y a plus des espaces ?
02:12Oui, en général, ils ne sont pas complètement vides.
02:14Mais c'est vrai qu'on ne trouve pas toutes les marques habituelles.
02:17C'est ce qui prouve que la demande est forte par rapport à l'offre finalement.
02:21Alors comme d'autres filières, celle des œufs tricolores dénoncent quelque part le deux poids de mesure.
02:26C'est-à-dire qu'on refuserait chez nous ce qu'on accepterait d'importer quand c'est produit ailleurs.
02:34Question de souveraineté alimentaire, forcément.
02:37Ces derniers temps, par exemple, la filière a dénoncé l'importation d'œuf ukrainiens.
02:41Soutien économique à un allié pour cause de guerre d'invasion russe, évidemment.
02:45Mais en étant assez peu regardant sur les normes, quand la filière française s'est vue imposer, elle, des évolutions sur les conditions d'élevage,
02:53le plein air quand c'est possible hors grippe aviaire, ou encore l'ovosexage des futurs poussins dans l'œuf,
02:59afin de ne plus broyer les mâles une fois éclos en vertu de la nouvelle législation française.
03:05J'apprends beaucoup de choses avec vous.
03:06Nous apprenons vraiment décidément des informations étonnantes, mon cher Félix Mathieu.
03:11Bonjour à vous, Yves-Marie Baudet.
03:14Bonjour.
03:14Bonjour, vous êtes le président du CNPO, le Comité National pour la Promotion de l'œuf.
03:23Yves-Marie Baudet, la filière compte malgré tout de nombreux projets d'ouverture d'exploitation de volailles.
03:31Pour la viande ou pour les poules pondeuses ?
03:35Pour les poules pondeuses, essentiellement.
03:37On a besoin de 15,7 milliards d'œufs par an pour satisfaire les besoins des Français.
03:44Vous pouvez redonner le chiffre ?
03:4715,7 milliards d'œufs pour satisfaire les besoins des Français.
03:54Une poule fait 300 œufs par an.
03:57Donc il nous faut à peu près 50 millions de poules pondeuses en France.
04:01C'est mathématique.
04:02Oui, c'est mathématique.
04:0450 millions de poules pondeuses, si vous comptez faire ça qu'avec des élevages de 500 poules ou de 1000 poules, on ne va pas y arriver.
04:11Parce que 50 000 poules pondeuses, on est à combien actuellement ?
04:16On a 50 millions de poules pondeuses en France aujourd'hui.
04:21Oui.
04:22C'est ce que je vous disais.
04:23Par 300 œufs, on est à 15 milliards d'œufs.
04:25Il en faut un peu plus.
04:27En France, on raisonne nos bâtiments en dizaines de milliers de poules.
04:34Chez nos voisins européens, ça se raisonne en centaines de milliers de poules.
04:37Et quand on va un peu plus loin, vers la Pologne, vers l'Ukraine, c'est en millions de poules par élevage qu'on raisonne.
04:43Donc, on est sur un schéma.
04:44En France, on a 3 000 éleveurs.
04:46Pour 50 millions de poules, ça fait à peine 20 000 poules par éleveur.
04:51En France, on est sur une structure familiale.
04:55Des hommes et des femmes.
04:56Ce matin, moi, je suis au travail.
04:57Moi, je vous appelle.
04:58Je suis dans mon poulailler.
05:00Je suis en train de m'occuper de mes animaux.
05:02Et c'est des bâtiments qui m'appartiennent.
05:04Je suis éleveur avant tout, un producteur d'œufs.
05:07Et donc, on est sur des structures familiales qui nous appartiennent.
05:10Et qu'on essaie de développer du mieux possible, tout en respectant, comme vous l'avez dit tout à l'heure,
05:15les animaux avec du bien-être animal.
05:16On a aussi des contrôles sur tout ce qu'on donne à manger à nos poules.
05:22Vous avez parlé tout à l'heure des œufs ukrainiens.
05:25Il se trouve que, sur les œufs ukrainiens, il y a des résidus de substance antibiotiques
05:29qui sont interdits en Europe depuis 15 ans.
05:32Est-ce que c'est possible de mettre en danger le consommateur, le citoyen,
05:38avec des résidus antibiotiques qu'on s'interdit d'utiliser
05:41par souci de préserver la santé de nos consommateurs ?
05:45Oui, vous incitiez sur la qualité France de l'œuf.
05:48Yves-Marie Baudet, est-ce que vous comprenez quand même
05:51les résistances, les réticences locales,
05:56ces riverains qui craignent, je ne sais pas moi,
05:58de voir une perte de valeur de leur habitation ?
06:01C'est quoi ? C'est une spécificité française ?
06:04Les Français ont l'œuf ? Passez-moi l'expression ?
06:07Alors, moi, je ne connais pas ce qui se passe dans les pays d'à côté.
06:11En tous les cas, en France, nous avions une majorité de la production
06:15qui se faisait avec des poules élevées en cages aménagées.
06:18On veut faire une transition.
06:19Le citoyen français ne veut plus voir les animaux élevés dans des cages.
06:23Soit.
06:23Donc, on le fait soit avec des poulets de poules au sol,
06:26soit avec des poulets de poules plein air.
06:28Sauf que là, il nous faut plus de bâtiments
06:30parce que le nombre d'animaux par bâtiment diminue.
06:34Donc, il faut qu'on soit en capacité à construire plus de bâtiments
06:37pour préserver la souveraineté alimentaire en œufs en France.
06:43Donc, c'est un enjeu majeur.
06:44C'est de préserver la souveraineté.
06:46Et donc, peu importe les réticences des uns et des autres.
06:49Félix ?
06:49Oui. Alors, entre ça et le développement de l'ovosexage des poussins
06:54à l'intérieur de l'œuf.
06:55Donc, pour ne plus faire ce qu'on appelait le broyage des poussins mâles,
06:58ça a été beaucoup de gros investissements
07:00pour la filière ces dernières années, finalement.
07:03Oui, voilà.
07:04Comme vous le définissez très bien, cet homosexage,
07:07ça nous coûte 40 millions d'euros par an
07:09de mettre en place cette spécificité franco-allemande.
07:12Franco-allemande, il n'y a que deux pays à le pratiquer,
07:16la France et l'Allemagne.
07:17Donc, on le fait et on ne reviendra jamais en arrière.
07:20Ça, c'est quelque chose qui est acquis
07:21et qu'on accepte de faire passer dans le coup de revient de l'œuf.
07:25Mais c'est une spécificité française que le citoyen demande,
07:29a demandé, on le fait.
07:31Et donc, c'est normal que derrière,
07:33on puisse qu'il soutienne dans cette idée-là.
07:37Mais après, sur le français qui ne veut pas voir se développer des bâtiments,
07:41on veut consommer de l'œuf de poule plein air
07:44et on ne veut pas de poule devant sa porte
07:47à venir brouter de l'herbe et compagnie.
07:49Mais ça, c'est un consomme.
07:51Mais c'est un peu pareil que les Français,
07:53ils veulent des énergies renouvelables,
07:54mais ils ne veulent pas d'éoliennes devant chez eux.
07:58C'est le même problème.
08:00Vous avez raison de le souligner, oui.
08:01Après, moi, j'invite les porteurs de projets
08:05à dialoguer au maximum avec leur voisinage.
08:10Ça, c'est important.
08:11Les personnes directement concernées par ces projets-là.
08:15Donc, dans un rayon du kilomètre ou des trois kilomètres,
08:18à créer des réunions publiques, on va dire,
08:20pour bien expliquer le projet.
08:22Un bâtiment de 30 000 poules,
08:24ça va être trois camions par semaine qui vont circuler.
08:27C'est quand même pas énorme.
08:29Après, sur le séchage des fiantes,
08:30sur les fiantes de poules,
08:33on arrive à les sécher aujourd'hui.
08:34et donc à réduire considérablement l'ammoniaque dans l'air.
08:39Ça, c'est des techniques qui existent
08:41et qui sont largement développées aujourd'hui.
08:43Donc, on est très peu contributifs sur l'environnement
08:47puisque l'œuf est un des produits animaux
08:49le moins émetteur de gaz à effet de serre.
08:52En tout cas, message reçu.
08:55Yves-Marie Baudet sur la nécessité, selon vous,
08:59de développer plus en avant, évidemment,
09:01cette production des œufs de poule.
09:04Yves-Marie Baudet, président du Comité National
09:06pour la promotion de l'œuf.
09:09Merci à vous, mon cher Félix Mathieu.
09:11Avec plaisir.
09:12On ne fait pas d'omelette sans casser les œufs.
09:14J'ai envie de faire un petit trait d'humour, de détente.
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