«On se sentait piégés dans cette Philharmonie de Paris», témoigne le rabbin Gabriel Farhi

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Alors que des appels au boycott avaient été lancés, le concert de l’orchestre philharmonique d’Israël, dirigé par le chef Lahav Shani, a été perturbé jeudi soir à la Philharmonie de Paris par des militants pro-palestiniens. Ils ont allumé des fumigènes et semé la panique dans la salle. Pour le rabbin Gabriel Farhi, présent, «on se sentait piégés dans cette Philharmonie de Paris».

Transcript

00:00Bonsoir, merci pour votre invitation.

00:02Je vous reprends juste sur un point, si vous voulez bien,

00:04mais je crois que c'est important,

00:06c'est que c'était l'Orchestre de l'Armonie d'Israël

00:08qui est composé très majoritairement de Juifs israéliens,

00:11mais il y a également des Arabes israéliens dans cette formation.

00:14Voilà, je voulais juste dire ceci.

00:15C'est important.

00:16Eh bien écoutez, c'est important.

00:18Mon épouse avait eu la gentillesse de prendre des places

00:21il y a des mois et des mois,

00:22parce qu'elles étaient rares pour que nous allions voir ce spectacle.

00:25Vraiment, on attendait cela avec une grande impatience.

00:28Nous étions donc assis côte à côte.

00:30Et il s'est trouvé qu'exactement derrière nous

00:32se trouvait une jeune fille qui s'est levée une première fois

00:37en jetant des boules puantes, en ayant des tracts à la main

00:40et en criant « Israël, assassin, Israël, assassin ! »

00:42Et cette jeune femme a été sortie de la salle.

00:45Très bien.

00:46Elle a été sortie de la salle par un monsieur

00:49qui était juste derrière moi, très courageux par ailleurs,

00:52j'y reviendrai dans un instant,

00:54très courageux, et puis qui a disparu au moment de l'entracte

00:57parce qu'il était assez choqué par tout ce qu'il avait vu.

00:59Et puis ensuite, il y a eu le deuxième incident

01:01qui est ce que vous avez montré à l'antenne tout à l'heure,

01:03ce fumigène.

01:04Et puis, cette jeune femme qui était derrière et qui était sortie,

01:08eh bien, tenez-vous bien,

01:0920 minutes après à peu près,

01:11elle est rentrée cette soirée à la même place,

01:12mais cette fois-ci avec une perruque,

01:14en ayant changé de vêtement,

01:16en ayant un gros sac avec elle,

01:19tout ça pendant la représentation,

01:20alors que vous savez probablement que

01:21dans un opéra ou une philharmonie,

01:23on ne rentre pas comme ça au milieu d'une représentation.

01:26elle est rentrée,

01:27l'agent qui donnait les places la fait rentrer,

01:32apparemment, il se connaissait,

01:34je ne veux pas trop m'engager,

01:35mais il paraît assez certain qu'il se connaissait,

01:37et elle s'est assise de nouveau,

01:39juste derrière mon épouse,

01:40et donc derrière moi également.

01:42Et puis, elle s'est donc levée de nouveau,

01:45et là, elle a allumé un fumigène,

01:47je me suis retourné,

01:48et j'ai vu le fumigène aller en direction de mon épouse,

01:50et là, sans mauvais jeu de mots,

01:53j'ai vu rouge,

01:54je me suis levé,

01:56je ne suis pas un violent,

01:58croyez-le bien,

01:58je suis rabbin, vous le comprenez,

01:59je suis plus un homme de paix et de dialogue,

02:02mais là vraiment,

02:03je voyais mon épouse qui était en mauvaise situation,

02:08je me suis levé,

02:09ce monsieur très courageux qui était derrière moi,

02:12s'est saisi du fumigène,

02:13parce que le fumigène,

02:15vous savez, c'est une arme par destination,

02:16ce n'est pas juste un petit peu de feu,

02:19de rouge comme cela,

02:20il y a des mèches qui vont un peu partout,

02:22on est dans un espace qui éclot,

02:24il faut que vous sachiez qu'après,

02:25l'espace, la philharmonique est grande,

02:27était remplie de fumée,

02:28littéralement remplie de fumée,

02:30il s'est ségi du fumigène,

02:32il a descendu les marches le plus rapidement possible

02:35pour trouver un point d'eau,

02:36et éteint de ce fumigène,

02:37et moi, pendant ce temps,

02:39j'ai saisi cette femme,

02:41que j'ai bousculée vers la sortie,

02:45je ne l'ai pas frappé,

02:46je n'ai pas donné de claques,

02:49de coups de poing,

02:49enfin, je n'aurais pas la force pour différentes raisons,

02:53et honnêtement, je pense que si j'en avais eu la force,

02:55je l'aurais fait,

02:56mais je l'ai poussée violemment vers la sortie,

02:58parce que la philharmonique est ainsi faite

03:00que même quand on passe une porte,

03:02on entend encore la personne de l'autre côté de la porte,

03:04donc elle continue à crier,

03:05il serait l'assassin,

03:06génocidaire,

03:07enfin, que sais-je encore,

03:08et donc je l'ai sortie, sortie, sortie,

03:11jusqu'à ce qu'elle soit dehors,

03:14et prise en charge,

03:15apparemment par un agent de sécurité,

03:18je dis apparemment parce qu'on n'a rien vu,

03:20on était seul dans cette salle,

03:21on était 2500,

03:23on n'a pas vu d'agent de sécurité,

03:25on nous dit qu'il y avait des policiers en civil,

03:27sûrement,

03:28mais on n'en a vu aucun qui est intervenu,

03:31on n'a pas vu de pompier non plus qui est intervenu,

03:33pour venir éteindre à deux reprises les flammes,

03:35enfin, c'était une scène qui nous a tous mis très mal à l'aise,

03:38et nous avons tous pensé,

03:39je terminerai là-dessus,

03:40nous avons tous pensé,

03:41vraiment,

03:42que nous étions à une semaine

03:44de ce fameux triste anniversaire du Bataclan,

03:47du 13 novembre 2015,

03:50et je crois que tout le monde avait cela en tête,

03:52et on se sentait piégés

03:53dans cette Philharmonie de Paris.

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