00:00Sud Radio, le grand matin week-end, 6h-10h, Maxime Liedot.
00:05Et elle a une ce matin sur Sud Radio, il est 8h19, il faut forcément parler de ces agriculteurs choqués des déclarations du président de la République depuis le Brésil.
00:14Le président Emmanuel Macron s'est dit plutôt positif sur le Mercosur, évidemment quelques semaines seulement après avoir pourtant affirmé au monde agricole sa ferme opposition à cet accord.
00:24Bonjour Véronique Lefloc.
00:26Bonjour.
00:26Merci beaucoup d'être avec nous ce matin, président de la Coordination Rurale.
00:30On a vu énormément de réactions de syndicats agricoles, notamment la FNSEA qui s'est dite folle d'orage.
00:37Vous, votre réaction ce matin, ou votre réaction quand vous avez entendu le président de la République dire qu'en réalité, cet accord pouvait être plutôt positif ?
00:46Eh bien écoutez, je m'excuse, je suis à la gare.
00:48En tout cas, notre première réaction a été de dire mais quelle hypocrisie !
00:53Jusqu'au bout, on nous aura fait croire pendant deux ans que tout serait fait, que cet accord ne passerait pas, alors qu'il a continué à échanger, à discuter.
01:01En fait, cet accord, le président de la République, il en veut.
01:05Cet accord, c'est faire passer l'agriculture dans des échanges alors que l'agriculture doit être exclue.
01:12Inclure l'agriculture dans les accords du Mercosur, c'est nous sacrifier.
01:17C'est juste considérer qu'on peut se passer de notre alimentation, faire croire à tous les consommateurs que demain, on peut très bien avoir des clauses de sauvegarde,
01:28c'est-à-dire émettre un veto pour suspendre ces importations parce qu'elles ne satisferaient pas à nos normes via des clauses miroirs
01:37ou que notre marché serait fortement perturbé parce que l'entrée massive de ces produits, plus 50% de viande bovine, plus 55% de viande de volaille,
01:46entraînerait la baisse de nos prix.
01:48Eh bien, ce sont ces pays qui se retourneront contre nous et qui nous feront payer quand même.
01:52Il faut préciser, Véronique Lefloc, même si pour vous c'est une évidence et même si beaucoup de nos auditeurs savent forcément un peu de quoi on parle quand on évoque le Mercosur,
02:00en réalité on parle de cet accord de libre-échange entre une partie de l'Amérique du Sud et l'Europe,
02:06avec le risque évidemment pour l'agriculture d'être envahie de viande dopée aux hormones, de poulet brésilien.
02:11Je caricature volontairement, mais c'est ça, vous me confirmez, la crainte.
02:15Alors tout à fait, leurs normes de production leur permettent d'utiliser des activateurs de croissance,
02:21des hormones, croire que demain ils ne viendront pas perturber et entraîner la fermeture de nos fermes,
02:28de nos abattoirs, des vétérinaires, eh bien c'est se mettre le doigt dans l'œil.
02:33Ils sont hyper compétitifs, ils ont de la productivité maximale, ils ont des étendues que nous n'avons pas.
02:40Nous, nous entretenons un territoire, nous entretenons 13 millions d'hectares de prairies,
02:44tout ça c'est du stockage de carbone, c'est de l'entretien de nos paysages, c'est la biodiversité, et on va nous sacrifier.
02:50Et qu'est-ce que vous répondez, pardonnez-moi Véronique Lefloc, avec le président qui bien sûr,
02:54après avoir vu les quelques réactions des syndicats agricoles, s'est dit, bon, peut-être que j'y suis allé un peu trop,
02:59il dit, mais en réalité je vais rester vigilant, bien sûr, sur ces fameuses clauses, ces fameuses conditions,
03:04et surtout, surtout, je défends les intérêts de la France.
03:07Vous ne le croyez pas sincère, le président de la République, quand il affirme cela ?
03:10Non, on sait très bien que ça va sacrifier l'agriculture, parce que cet accord, il se cumule avec d'autres accords,
03:16avec celui de la Nouvelle-Zélande, avec celui du Canada, avec bientôt l'Inde, avec tous les accords que l'on signe,
03:22et à chaque fois, c'est l'agriculture qui est la variable d'ajustement.
03:26Nous, ce que nous demandons, c'est d'exclure l'agriculture de tous ces accords de libre-échange,
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