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  • il y a 7 semaines
Avec Bruce Vielle, Président de Méribel Pharma
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##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE_WK-2025-10-18##

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Transcription
00:00Sud Radio, le grand matin week-end, 6h-10h, Maxime Liedot.
00:05Il est 7h45 et Sud Radio vous explique et essaye de comprendre si la souveraineté pharmaceutique de la France est en danger.
00:11Bonjour Prussevielle.
00:13Bonjour.
00:14Vous êtes président de Meribel Pharma Solutions.
00:16On avait envie de vous entendre ce matin parce que, en effet, quand on voit ce qui se profile actuellement dans le budget 2026 en France
00:22et même les petits sujets qui montent, on aperçoit qu'il y a la volonté de réaliser 5 milliards d'euros d'économie l'an prochain
00:29avec des médicaments, des consultations, des mutuelles qui vont certainement coûter plus cher, avec une franchise qui pourrait également augmenter.
00:36Quand vous voyez tous ces débats, quel œil vous portez sur tout ce qui est en train de se discuter actuellement sur le thème plus général de la santé en France ?
00:45Eh bien, je trouve que le monde de la santé aujourd'hui s'appauvrit.
00:49On est uniquement basé sur les coûts et on ne regarde plus le côté innovation, ce que ça peut nous rapporter à long terme
00:59et on est en train de tuer notre filière petit à petit, tout simplement.
01:03On est en train de tuer notre filière petit à petit.
01:05On aura l'occasion d'y revenir dans une poignée de secondes.
01:08Simplement, en effet, quand on voit que l'accès aux médicaments en France devient de plus en plus compliqué,
01:14au cœur de la problématique, c'est quoi ces dernières semaines, ces derniers mois ?
01:18C'est vraiment un problème de souveraineté ? Est-ce que c'est un contexte international ?
01:21On parle notamment des taxes aux Etats-Unis.
01:23Est-ce que c'est des choix français qui ont été faits ces dernières années, qui amènent certaines conséquences ?
01:28C'est la somme de quoi ?
01:30Alors, c'est la somme de plusieurs choses.
01:33Donc, tout d'abord, on a pâti de cette crise Covid qui a vidé les chaînes d'approvisionnement
01:42et qu'il a fallu re-remplir après cette crise, entre 2022 et 2024.
01:49Et en fait, quand vous produisez en France, en Europe, vous êtes capable d'être très agile et de répondre très vite à la demande.
01:55Mais quand les médicaments proviennent de plus loin, c'est beaucoup plus difficile et beaucoup plus long.
02:00Et donc, c'est une partie du problème.
02:04Une autre partie, c'est que les médicaments, aujourd'hui, on est comprimé sur les prix.
02:10Et effectivement, il y a de plus en plus de produits qui sortent et qui vont être produits en Inde, par exemple.
02:15Quand vous dites comprimé sur les prix, pour que tout le monde comprenne, c'est quoi ?
02:18Vous êtes obligé de le vendre à un certain prix, ce qui vous empêche ou ce qui vous oblige, pardonnez-moi,
02:22d'aller le produire à l'autre bout du monde, c'est ça que vous dites ?
02:25C'est exactement ça. En fait, les prix des médicaments...
02:27Donnez des exemples, peut-être, un peu concrets, pour que tout le monde puisse comprendre cet effet, en effet, de compression sur les prix
02:33et le choix que les industriels sont obligés de réaliser derrière Bruce Vielle.
02:37Alors, je vais donner un exemple très concret.
02:38Chez Meribel Pharma Solutions, nous avions des unités de production d'amopticiline
02:42que nous avons été obligés d'arrêter, en fait, ces cinq dernières années.
02:49Et en fait, on sait très bien que ces produits ont été sous tension.
02:52Et en fait, les prix des médicaments sont fixés par l'État
02:54et demandent des réductions, on va dire, annuelles pour faire des économies.
03:01Simplement, nous, en fait, nous avons des coûts qui augmentent tous les ans.
03:05En fait, par exemple, dans une période inflationniste,
03:08nous augmentons les salaires de nos collaborateurs tous les ans,
03:11les prix des matières augmentent, les prix des assurances.
03:14Donc, en fait, on a des coûts qui augmentent tous les ans.
03:16Donc, au bout d'un certain temps, on n'a plus la marge suffisante sur nos produits
03:21pour pouvoir investir et maintenir nos installations
03:25dans les conditions de sécurité du médicament
03:27qui sont prévues par nos instances gouvernementales.
03:31Et donc, en fait, la solution, c'est qu'on est obligés d'arrêter ces productions
03:34parce qu'on n'est plus en condition de les maintenir.
03:37Et vous parliez de l'amoxiciline, c'est ça, il y a un instant.
03:41Il y avait aussi ce débat pendant très longtemps sur l'odolibrane
03:44qui n'est même plus français.
03:47Exactement.
03:47Pour prendre vraiment un médicament que tout le monde connaît,
03:50que tout le monde a dans un coin de sac ou sur le bord d'un tiroir chez soi
03:54pour en avoir toujours un peu sous la main,
03:55c'est vrai que c'est l'archétype et l'argument phare
03:58quand on parle de la souveraineté pharmaceutique dans ce pays.
04:02Exactement.
04:03On est touché par ce problème de prix qui baisse constamment
04:08et que nos coûts augmentent.
04:09Et à un moment donné, on ne se retrouve plus dans l'équation.
04:12Je peux vous redonner un autre exemple.
04:14À Bordeaux, nous produisons un produit innovant pour la narcolepsie
04:18que nous produisons à Bordeaux et que nous vendons aux Etats-Unis.
04:22et en fait, notre client ne veut pas venir en France
04:24parce que les prix sont trop bas.
04:26Et en fait, même nous, nos coûts ne seraient pas couverts
04:29si on vendait ce produit en France.
04:33Mais quand vous dites que les prix sont trop bas,
04:35comprenons-nous bien.
04:36C'est-à-dire qu'il y a énormément de chercheurs,
04:38de labos pharmaceutiques étrangers
04:40qui disent non, non, on ne va surtout pas les mettre sur le marché français
04:42parce que pour nous, mine de rien,
04:44on n'arrivera pas à se faire le minimum syndical d'argent dessus.
04:47On est d'accord ?
04:48C'est exactement ça.
04:51Et c'est ça le vrai problème.
04:54Est-ce que quand on parle aussi du prix, du prix du médicament,
04:56on ne peut pas également parler du temps ?
04:58Quand on s'intéresse à ce sujet,
04:59on voit à quel point la France,
05:01et là aussi malheureusement dans le haut du podium,
05:03quand on parle du temps à attribuer les autorisations nécessaires
05:06pour que les marchés et pour que les médicaments,
05:08pardonnez-moi, arrivent à temps sur le marché.
05:10Est-ce que là aussi, il n'y a pas un vrai travail à réaliser ?
05:13Alors, il y a un travail à réaliser sur le temps, bien entendu,
05:18et le temps, c'est de l'argent,
05:20mais simplement, le développement pharmaceutique coûte beaucoup d'argent
05:27et prend beaucoup de temps.
05:29En fait, il faut accepter de payer aussi ce montant-là.
05:33Et de toute façon, on est contraint finalement d'utiliser ces médicaments.
05:41Quand vous prenez l'exemple du Kétrouda,
05:43qui est un des premiers produits,
05:47en fait, la France se retrouve contrainte de l'acheter
05:50parce qu'il y a un vrai intérêt thérapeutique derrière.
05:54Simplement, comme nous n'y nous vons plus suffisamment en France,
05:57comme nous n'investissons pas suffisamment dans notre filière,
06:01nous n'avons pas d'alternative à proposer
06:02et nous nous retrouvons pieds et poings liés à des pays concurrents.
06:07Et vous voyez la balance commerciale, par exemple, de la France
06:09qui a basculé en 2023-2024,
06:13où on importe des produits de Corée du Sud aussi,
06:16qui coûtent très cher,
06:18parce qu'ils sont innovants, parce qu'on en a besoin.
06:20Et en fait, le vrai problème, ce n'est pas un problème de prix,
06:24c'est de se dire, mais pourquoi en fait,
06:25on n'arrive pas à développer, nous, ces produits en France,
06:28alors qu'on a tout le savoir-faire pour le faire.
06:30Sachant que quand vous parlez, en effet, des médicaments innovants,
06:34vous avez vu également qu'il y a tout un débat
06:37sur l'accès aux médicaments innovants
06:39qui est en train d'être discuté.
06:40Et j'imagine qu'on aura aussi l'occasion de vous entendre.
06:43Et on a bien compris votre combat, en tout cas, Bruce Vielle.
06:46Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin,
06:47président de Méribel Pharma Solutions,
06:50pour nous avoir éclairé.
06:51Et surtout, on a entendu votre alerte.
06:52Concentrons-nous davantage sur l'innovation des médicaments en France
06:55pour assurer notre souveraineté.
06:57Merci beaucoup d'avoir été avec nous.
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