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Vendredi 31 octobre 2025, retrouvez Michel Ruimy (Économiste associé, SPAK) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.
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00:00Le dernier quart d'heure de Smartbourg, chaque soir c'est le quart d'heure thématique, une fois par mois, le thème c'est celui de l'éducation financière avec un décryptage économique réalisé de main de maître par Michel Rumi, économiste associé de SPAC à mes côtés en plateau.
00:24Bonsoir Michel, un thème parfait je trouve pour conclure cette semaine. Parlons de la croissance française, des déterminants de la croissance française en particulier, mais des déterminants de la croissance économique en général.
00:38Je veux bien quand même votre lecture de ce chiffre qui a pu surprendre à la fois les économistes, les prévisionnistes, l'univers politique également peut-être parce qu'on avait déjà affiché 0,3% de croissance au Q2 pour la France qui est déjà une performance un peu supérieure au standard habituel et là on se retrouve avec un plus 0,5.
00:57Tout à fait, c'est ce qui est assez surprenant et ce qu'il faut bien voir c'est qu'en 2025 maintenant avec cette performance on va arriver à plus de 0,7%.
01:09La quête à plus 0,8% moi j'ai vu.
01:10Voilà exactement.
01:11Oui non mais plus 0,7% j'ai ralenté.
01:14Donc ça veut dire que c'est mieux qu'attendu et donc c'est positif.
01:18Et donc là, malgré tout, je dirais, dans le contexte européen, c'est bien mais il peut mieux faire, on va dire ça comme ça.
01:26Mais il y a plusieurs facteurs en fait qui peuvent expliquer cette performance.
01:31La première des choses c'est la consommation des ménages qui est relativement dynamique et qui reste le moteur de l'économie française.
01:39Mais ce qu'il faut bien voir c'est qu'avec un pouvoir d'achat qui est contraint notamment avec l'inflation,
01:44eh bien cette consommation a changé de nature, on va dire la baisse de la consommation alimentaire,
01:49mais a été compensée, plus que compensée par la consommation, je dirais, de l'énergie.
01:55Tout à fait.
01:56Et en même temps aussi, bon, il y a toujours le soutien ciblé de l'État.
02:00Et puis également aussi, on a le marché du travail qui est relativement stable autour de 7,5% de la population active.
02:06Donc ça peut donner un climat de confiance.
02:08Et par contre, ce qui est surprenant, c'est que les entreprises ont montré une capacité d'adaptation.
02:13En fait, il y a les exportations de manière globale où on se sent mieux comporté,
02:17les importations se sont repliées et les investissements des entreprises, on va dire, se sont relativement bien maintenus.
02:25Donc ce qui veut dire qu'on a une croissance pas spectaculaire, mais elle est significative, soutenue notamment par le rôle de l'État.
02:33On a du mal à dire spectaculaire, mais encore une fois, un trimestre à plus 0,5% pour la France,
02:37c'est pas tous les quatre matins, Michel, je parle sous votre contrôle.
02:41Vous dites soutien budgétaire ciblé de l'État ?
02:43Enfin ciblé, mais néanmoins à un niveau élevé quand même.
02:45Oui, oui, oui, tout à fait.
02:46D'accord.
02:47J'avais l'impression qu'on ciblait la dépense publique.
02:52C'est quand même, oui.
02:53C'est important.
02:53C'est un pilier costaud.
02:54Voilà.
02:55Comment la France se situe dans ce moment conjoncturel par rapport aux autres pays européens ?
03:01Ce qui se passe, c'est que la zone euro, en fait, devrait croître aux alentours.
03:06Je dis bien toujours aux alentours d'un peu moins de 1% en 2025, il est prévu 1,4% en 2026.
03:13Ce qui veut dire que la France, malgré ses résultats significatifs, croît moins vite que la moyenne de la zone euro,
03:22et notamment à partir de ceux des pays de l'Est.
03:24Et ce qui veut dire que la France se situe dans des performances basses au niveau européen.
03:28Et donc, aujourd'hui, ce qu'il faut bien voir, ce n'est pas de croître, mais de croître, on va dire, autrement,
03:33notamment plus efficacement, plus équitablement, parce qu'aujourd'hui, il y a des grands problèmes.
03:38Et puis, durablement, en fait, si je veux faire une formule, il faudrait avoir une croissance en quête de sens.
03:42On va dire, ce qui ferait qu'on pourrait faire des choses...
03:46Agnabes, quoi.
03:47Voilà, exactement.
03:48Bon, qui contribue à cette croissance le plus ?
03:52En fait, la croissance est soutenue par les services.
03:57La valeur ajoutée des services constitue à peu près 56% du PIB,
04:01et aussi par des investissements classiques ou la construction.
04:05Et ce qu'il fait, c'est qu'au-delà de la croissance, il y a aussi certains secteurs industriels, exportateurs ou haut de gamme.
04:13Et c'est ça qui fait un peu cette dynamique économique française.
04:19Mais malgré tout, c'est quand même très restreint, et ça limite, en fait, les possibilités de croître de façon, on va dire, plus dynamique et plus certaine.
04:30Non, mais c'est intéressant quand même de rappeler les services marchands, dont on parle souvent assez peu.
04:38Mais il y a deux segments, là, ça a été relevé par un des économistes de Rex et Code.
04:41Le segment information et communication qui progresse d'1,6%, 1,6% sur le trimestre.
04:49On était déjà positif à plus de 0,4% sur le trimestre précédent.
04:52Et le secteur des services aux entreprises aussi, il y a un globe, par exemple, les services financiers,
04:58qui lui aussi croient à plus de 1% sur ce trimestre.
05:02Il y a quand même une performance technologique et financière à travers ces services, qui est bonne.
05:07La France a un écosystème technologique performant et des activités financières dynamiques et performantes,
05:14qui soutiennent la croissance.
05:15Ce qui soutient la croissance.
05:16Malgré tout, on est limité, on va dire, un peu sur l'industrie.
05:20Oui, oui, c'est là où le relais industriel est un peu moins puissant.
05:26Comment la partie dépense publique, justement, influence la croissance économique, Michel ?
05:30Eh bien, en fait, la France est l'un des pays où la dépense publique est la plus élevée,
05:34puisqu'on est à plus de 55% du PIB.
05:38Et dans le contexte actuel, le moteur privé est hésitant,
05:43ce qui veut dire que les entreprises ont des réticences à investir.
05:46C'est pour ça que, tout à l'heure, quand je disais que les investissements se sont repartis,
05:49se sont redressés, c'était assez exceptionnel.
05:52Et donc, en fait, la dépense publique va jouer un rôle de stabilisateur automatique
05:57à travers les transferts sociaux, comme les allocations, les retraites,
06:01qui maintiennent, on va dire, un niveau de demande,
06:03mais également les investissements publics dans les infrastructures,
06:07qui vont créer de la valeur ajoutée en même temps des emplois,
06:09et puis aussi des plans de soutien ciblés, comme je disais,
06:12qui évitent les faillites en chaîne, comme on l'a vu après la crise énergétique.
06:16Mais malgré tout, toute cette dépense a aussi une limite,
06:19c'est qu'elle gonfle le déficit public.
06:21Et à court terme, certes, ça évite une récession, mais à quel prix ?
06:24– Oui, c'est ça.
06:25Et puis, est-ce que ce déficit continue de générer des points de croissance ?
06:29Enfin, quelles sont les implications du déficit public
06:32et du niveau de déficit public aujourd'hui en France pour notre économie ?
06:35– C'est ça qu'il faut bien saisir, c'est que c'est l'autre face du miroir.
06:42Aujourd'hui, on estime que le déficit public sera d'environ,
06:47légèrement supérieur à 5% du PIB, et donc au-delà du seuil européen.
06:52Et ça veut dire que l'État vit au-dessus de ses moyens,
06:56mais la question du déficit et de la soutenabilité des finances publiques
07:00pose, on va dire, deux questions.
07:03À court terme, ça ne pose pas trop de problèmes
07:04parce que les taux d'intérêt se sont stabilisés
07:07et la France conserve à ce jour la confiance des marchés,
07:10mais à moyen terme, cela n'évite pas la question de la réduction des déficits structurels.
07:17Et donc, il va falloir repenser tout le modèle des prélèvements, etc.
07:20Et donc, aujourd'hui, c'est, et c'est la question qui pose,
07:23c'est faut-il réduire les dépenses publiques pour entrer, on va dire,
07:26dans les clous des finances publiques européennes,
07:29ou doit-on soutenir la croissance,
07:31quitte à retarder, on va dire, cette, je dirais,
07:35le respect de ces finances, des créneurs,
07:37et donc, en même temps, ça pose la question de l'efficacité de la dépense publique.
07:40Oui, c'est la question centrale du sujet français,
07:46mais pas que, un sujet global pour beaucoup d'économies.
07:51Justement, comment vous, en tant qu'économiste,
07:53vous regardez ce débat sur la nécessité de concilier la croissance économique
07:59avec ce qu'on appelle la justice sociale aujourd'hui ?
08:03C'est une question majeure et un enjeu majeur,
08:06parce que ce qu'il faut bien voir, c'est que la croissance française
08:09profite peu à la classe moyenne et aux classes populaires.
08:12Et il y a un sentiment d'injustice qui apparaît,
08:14parce que les prix augmentent plus vite que les salaires,
08:17et en même temps, la dépense publique
08:19semble moins cibler les plus fragiles.
08:22Et donc, c'est là la fête.
08:25Et donc, l'objectif, c'est de concilier croissance et équité.
08:28Et en fait, il y a, à mon sens, trois axes.
08:31C'est d'abord réorienter les dépenses publiques vers la formation,
08:35la transition énergétique et le logement,
08:37parce que ça, ce sont des investissements à long terme
08:39qui vont créer des emplois,
08:40mais en même temps, ça résout certains petits problèmes,
08:43même des grands problèmes pour la population.
08:45Également aussi renforcer la progressivité de la fiscalité,
08:48notamment en allégeant la charge sur le travail
08:51et ciblant mieux les ailes,
08:52mais en même temps aussi, il faut voir le côté des entreprises.
08:55Et puis aussi, favoriser la mobilité sociale,
08:58parce qu'en fait, si on s'aperçoit que même en travaillant,
09:01on n'a pas d'évolution au niveau professionnel,
09:04eh bien, la croissance perd un peu son sens pour la population.
09:09Et donc, c'est pour cela qu'il faut recréer un sentiment de confiance.
09:13Une croissance injuste est aussi une croissance fragile,
09:16comme vous dites, Michel.
09:17Oui, tout à fait, parce que la question qu'il fait,
09:21c'est qu'à un moment donné,
09:22on n'est pas à l'abri de retours de bâton sur les tensions sociales,
09:28de se sentir à côté du chemin de la croissance,
09:31et ça, ça peut poser des problèmes par la suite.
09:33Oui, oui.
09:33Bon, ben justement, c'est quoi les risques à court terme,
09:35là, pour l'économie française, selon vous, Michel ?
09:38Eh bien, aujourd'hui, je dis que la France tient bon,
09:41mais ça ne suffit pas.
09:42Ça ne suffit pas, il faut réorienter les moteurs de la croissance,
09:46notamment par rapport aux voisins européens.
09:49Il y a trois grands risques, à mon sens.
09:50Le risque budgétaire, si les taux d'intérêt remontent,
09:54eh bien, la charge de la dette va être de plus en plus élevée.
09:57Ça veut dire que les premières estimations
09:59font plus de 70 milliards en 2027,
10:01ce qui veut dire que ce serait le premier poste de dépense.
10:03Donc, c'est une mauvaise image,
10:04et en même temps, il faudra gérer la situation.
10:06La deuxième, c'est le risque social,
10:08parce qu'on n'en voit pas, on ne le sent pas,
10:10on parle toujours finance,
10:11mais le risque social est important,
10:13parce que beaucoup de personnes se sentent un peu à l'étroit.
10:17Et donc, si cette tension, cette contestation se prolonge,
10:21ça va créer des freins pour l'investissement,
10:23pour le climat social,
10:24et entamer, on va dire, la confiance en général.
10:27Et puis, en même temps, le risque externe,
10:29c'est que la France, elle n'est pas tout seule.
10:30On dépend beaucoup de l'Allemagne,
10:32on dépend aussi, je dirais, des exportations
10:35vers la Chine ou d'autres secteurs.
10:37Et si nos voisins viennent à ralentir leur croissance,
10:41nous, on serait, on va dire, touchés par cet effet de second tour.
10:45Donc, c'est cela qu'il faut poser le problème.
10:47Là, maintenant, il y a des opportunités.
10:49Il y a des risques positives, quand même.
10:50Oui, oui, oui, oui, des opportunités.
10:52On va terminer sur quelque chose de positif.
10:54Il y a une réindustrialisation,
10:57il y a la transition énergétique qui peut aussi servir,
11:00il y a l'innovation technologique,
11:01mais qui peuvent donner une nouvelle dynamique de croissance.
11:04Mais simplement, ça, c'est beaucoup plus long,
11:06qui nécessite aussi toujours le problème du financement.
11:08Et on retombe sur le débat actuel.
11:10Merci beaucoup, Michel.
11:11Débat en cours au moment où on se parle à l'Assemblée nationale.
11:15Michel Rumi, économiste associé de SPAC,
11:17avec nous une fois par mois,
11:19le dernier vendredi du mois
11:20pour cet exercice de décryptage économique,
11:23en l'occurrence,
11:24au temps des déterminants de la croissance française
11:26pour ce troisième trimestre.
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