Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 22 heures
Le producteur Crayon sort son nouvel album "Home Safe". Il est notre invité.

Retrouvez "A la régulière" sur le site de France Inter : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/a-la-reguliere

Catégorie

🎵
Musique
Transcription
00:00Musique
00:00Bienvenue dans A La Régulière, l'émission de toutes les cultures.
00:14Aujourd'hui, on reçoit un artiste qu'on suit depuis longtemps
00:16qui continue de tracer une route singulière dans la musique électronique française.
00:20Il s'appelle Crayon, producteur, compositeur, et il vient de sortir un très beau premier album intitulé Home Safe.
00:26Un disque à la croisée de la folk, de la soul, du R'n'B, où chaque morceau semble vouloir recréer un sentiment simple, celui du refuge.
00:34Crayon, beaucoup l'ont découvert au sein du label Roche Music, aux côtés de Dabble ou de Hichon après,
00:38dans cette génération qui a redonné des couleurs à la musique électronique française, quelque part entre club et confession.
00:43Et avec ce premier album, il passe un cap, celui d'un artiste complet qui ne se cache plus derrière ses machines,
00:48mais qui raconte enfin son propre monde.
00:50On va parler de cet album, bien sûr, de son processus de création, de ses inspirations,
00:53et de ce que veut dire rentrer chez soi quand on fait de la musique qui voyage autant.
00:58On est avec Crayon, pendant une heure, à la régulière.
01:10Comment ça va Crayon ?
01:11Ça va super et toi Médie ?
01:12Très bien, très bien, très bien.
01:14On parlait un petit peu hors antenne, on s'est rencontrés il y a longtemps dans un club où tu jouais,
01:21qui s'appelait le Dandy à Pigalle, un club qui n'existe plus aujourd'hui, c'était au début des années 2010.
01:27Aujourd'hui, tu sortes ton premier album.
01:29Évidemment, entre ces deux événements, il s'est passé beaucoup de choses.
01:32Tu as commencé à faire de la musique, tu as sorti des projets.
01:34Comment se fait-il que ce premier album n'arrive que maintenant ?
01:38Je pense que j'ai toujours fantasmé et sacralisé le fait de faire un album.
01:45Et je pense que déjà, à l'époque, on s'est rencontrés au Dandy, je savais que je ne serais a priori pas chanteur, interprète, tout ça.
01:50On ne se rencontrait pas.
01:51Toi, tu étais un DJ, tu ne me calculais pas.
01:52Moi, j'étais devant et toi, tu étais avec...
01:54Il y a une photo qui prouve le contraire.
01:55C'est vrai.
01:56On la mettra là, comme on fait ça.
01:58C'est très bien au montage.
02:00Non, non.
02:01Soit je ne calculais personne parce que dans ma tête, justement, j'allais faire un album digne de Discovery.
02:05Soit au contraire, j'étais juste content d'être là parce que déjà, faire de la musique, c'était déjà un truc de ouf pour moi qui ne vient pas du conservatoire, qui ne joue pas d'instrument, etc.
02:13Donc, en fait, pour répondre à ta question, il m'a déjà fallu le temps d'apprendre à faire de la musique.
02:18Et ensuite, dans cet apprentissage, comprendre comment raconter un truc personnel quand tu n'es pas chanteur ni vraiment songwriter.
02:26Et j'ai eu la chance de travailler avec énormément d'artistes en faisant leur disque avant, quelque part aussi pour comprendre comment incarner un album à ma manière.
02:38Et voilà, ça a pris tout ça.
02:39Je l'ai dit un petit peu dans l'introduction, tu as beaucoup associé à Roche Music, tu faisais partie de cette équipe-là.
02:44Roche Music avait un côté évidemment très chaud, très feel-good, très disco sur ce premier album-là.
02:49Non pas que ce soit pas feel-good, mais c'est un peu différent, justement, dans le mood que tu as recréé.
02:53Et ce premier album-là, il ressemble notamment à ça.
03:09Extrait du titre, donc Kill Your Idols, qu'est-ce qui a fait que justement ta première proposition, en tout cas en tant que sur un long format, sur cet album,
03:25ce soit différent justement de ceux pour lesquels on pourrait te connaître un peu rapidement con.
03:29Si on ne connaît pas bien ta musique, on va imaginer Crayon comme quelque chose peut-être de beaucoup plus presque, même de disco.
03:34Alors que tu n'es évidemment pas que ça, mais cet album surtout est très différent.
03:39En fait, c'est vraiment la musique que j'ai toujours rêvé de faire, aussi toujours écouter.
03:43Je pense que ça a fait partie du processus à l'époque de Roche Music, que ça s'est créé, j'avais 21 ans.
03:50On sortait beaucoup, on se croisait en soirée, il y avait ce truc hyper, comment dire, innocent, que tu vois, on célébrait vachement.
03:58Edoniste aussi peut-être.
04:00Exactement le mot que je cherchais, c'est exactement ça.
04:02Et en fait, c'est une partie de ce que j'aime et ça m'a, tu vois, quelqu'un comme Darus, Kartel, FKJ, Dabeul, j'ai appris énormément à leur côté.
04:11J'ai appris à faire de la musique avec tous ces gens.
04:13Maintenant, pour trouver ce que moi je voulais dire et tout, ça a été plus long.
04:16Et tu vois, il y a eu un gros passage dans le rap quand même et qui était déjà différent, tu vois, dans les codes et dans ce qui allait être raconté aussi.
04:23Et en fait, je ne sais pas, ça m'a, ça m'a, c'est bête à dire, mais je me suis beaucoup plus trouvé, en fait, à la croisée de tous ces chemins.
04:32Pareil, tu vois, en antenne, on parlait de Jossman, Is It You, ces rencontres.
04:35Tu as travaillé avec Jossman notamment.
04:37Oui, rencontre extraordinaire, déjà d'un artiste immense, mais aussi humainement.
04:42Quand on a fait intro, je me rappelle que c'est un morceau qu'on a fait en journée.
04:45Il m'a vachement dit, mais regarde, tu vois, tu peux très bien travailler la journée sainement et ne pas être là à la nuit dans un truc un peu torturé.
04:51Et en fait, tout ça pour dire que je pense que la vérité se situe un peu à la rencontre de tout ça.
04:57Et j'ai eu besoin d'énormément me chercher, mais c'est vrai que le son roche tel qu'il était, je ne me suis jamais complètement retrouvé dedans.
05:03Et en même temps, c'est une telle famille au sein de laquelle j'ai évolué.
05:07Ce sera toujours une famille pour moi, tu vois.
05:10Mais je pense que ça raconte autre chose aussi.
05:14Et ça, pour moi, j'avais besoin de le raconter.
05:16Je crois que c'est à un moment-là que tu as commencé à travailler dessus presse depuis le Covid.
05:19Qu'est-ce qui a débloqué aussi cet album-là ?
05:22À quel moment tu te dis, bon, là, il faut y aller, là, je vais le finir.
05:25Là, il va ressembler à ça.
05:26Qu'est-ce qui s'est passé pour que vraiment tu décides à conclure ce projet ?
05:30Justement, il y a eu plusieurs ruptures, entre guillemets, notamment celle avec Roche déjà.
05:35Parce qu'après l'album avec Dune, moi, j'ai eu besoin d'aller voir ailleurs.
05:37Et j'ai trouvé ce label qui est E-Race Tapes.
05:39C'est un label très identifiant, pour ceux qui ne le connaissent pas,
05:42qui a vraiment presque un son à part.
05:43Un peu comme Roche dans un registre très différent.
05:45Mais Roche, c'est une signature musicale.
05:48Et E-Race Tapes, c'en est aussi une autre très différente.
05:50C'est complètement ça.
05:51Et j'adhérais plus à cette signature-là que tu décris.
05:53Ce côté beaucoup plus introspectif, cette musique instrumentale aussi.
05:58Parce que j'avais vraiment besoin d'exprimer mon truc sans forcément faire appel à des gens.
06:02Bon, au final, ça a été un gros album de featuring.
06:04Mais ce n'était pas l'idée au départ.
06:06Et je pense que quand je suis retourné habiter chez ma mère, à la maison, en sécurité,
06:11c'est un peu ça que ça a fini par raconter.
06:13J'ai commencé à regarder l'album se faire un peu comme ça,
06:16un peu tout seul aussi, dans ce cocon.
06:19Et je pense que c'est un peu comme ça que ça a pris cette forme.
06:23Des musiques comme la folk que j'écoutais quand j'étais gamin.
06:28Mais évidemment, il y a beaucoup de soul, de R'n'B, de hip-hop,
06:30des trucs comme ça.
06:31Mais c'est devenu un peu le genre socle, la folk.
06:34Le truc un peu intimiste.
06:37Je voulais vraiment que ça raconte un peu cette chambre dans laquelle j'étais.
06:39Et forcément, ça ne raconte plus du tout la même chose que...
06:42Mais tu parles de rap, évidemment, il y en a,
06:44ou en tout cas, il y a des artistes qui viennent du rap,
06:46même s'ils font des choses très différentes.
06:47Et je m'en sentais un mot à Swing sur un morceau Christo Liquide.
06:50Un artiste que j'aime beaucoup, Swing, un artiste belge avec qui tu as déjà travaillé dans le passé.
07:14Est-ce que sur cet album-là aussi, il y avait une volonté de retrouver tes potes aussi,
07:18et de les faire rentrer un peu dans ton refuge à toi, en tout cas,
07:21parce qu'on retrouve le saupardo des gens à qui tu as déjà travaillé dans le passé, en fait ?
07:24Oui, bien sûr.
07:26C'est complètement ça.
07:27En fait, même les gens qui ne sont pas mes potes,
07:29comme on va dire Ray ou Eliza,
07:31ce sont des gens dont je suis fan et qui ont inspiré ce disque.
07:32Donc, imagine un peu cette grande réception avec tous les gens que tu aimerais avoir.
07:38Tu vois, j'avais besoin aussi de cette chaleur humaine.
07:43Je ne pouvais pas le faire tout seul, je n'avais pas le moral à le faire seul.
07:48C'est hyper ambitieux, déjà, pour faire un disque de producteur, je trouve,
07:51et encore plus quand il a cette volonté d'être autant instrumental que chanter.
07:56Et je me suis dit, attends, mais tu n'es pas R, mec, tu n'es pas Sébastien Tellier,
08:00tu ne vas pas y arriver.
08:00Et pourquoi pas ?
08:03Parce qu'en fait, j'ai le sentiment aussi que tu parlais de la torture, etc.
08:06Il y a toujours ça chez toi.
08:07Il y a un peu ce côté où tu te poses des questions, en fait.
08:10Tu te poses toujours beaucoup de questions.
08:11Extrêmement, oui.
08:13Et tu t'interdis de chanter ?
08:15J'ai essayé, mais je suis trop confronté aux talents que je...
08:20Que tu cherches.
08:21Que je cherche et puis ceux que je côtoie, surtout.
08:23Tu vois, on parle de Josmane, il y a 5 minutes,
08:25on retrouve toi en studio avec des mecs qui ont cette maîtrise-là
08:30de leur voix, tout simplement, de comment ils la posent et tout.
08:34Moi, je crois au pouvoir de la spécialisation.
08:39Je pense que si tu mettais 10 000 heures dans un truc,
08:42tu peux devenir bon, tu peux devenir pertinent.
08:45Et moi, je pense que Ableton Live, c'est devenu un peu mon instrument à moi.
08:49Ma voix, parfois, ça me rend triste, mais de me dire dans cette vie,
08:53peut-être que je n'explorerai jamais ce fantasme avec lequel j'ai grandi,
08:55du singer-songwriter, et peut-être que ça, ça me rend torturé aussi.
08:59Peut-être que j'ai cette petite place du producteur
09:03qui a besoin de sa reconnaissance aussi.
09:06Tu vois, c'est un rôle un peu de mec de l'ombre
09:08que je ne sais pas à quel point je...
09:10Je ne sais pas si tu l'assumes complètement.
09:12Exactement.
09:13Si je suis honnête, je ne sais pas jusqu'où je l'accepte.
09:16Tu parais de voix, en tout cas, je te propose,
09:17parce qu'on écoute un morceau avec Yamey,
09:20quelqu'un qui gère plutôt bien sa voix.
09:22C'est le morceau qui s'appelle Home Safe, justement, le morceau éponyme.
09:27Pourquoi tu le voulais sur cet album ?
09:30Et sur ce morceau éponyme, en plus.
09:32Parce que Yamey, il fait de la musique en France
09:35qu'on n'a pas encore entendu en France.
09:39Et on parlait de ça tout à l'heure en off.
09:41On parlait d'un immense artiste, pour moi, qui est Onra.
09:45Et moi, j'ai cette frustration.
09:47Et c'est aussi un truc que j'ai vécu avec Roche Musique,
09:49où je trouve que parfois, on a des talents français
09:51parce qu'ils ne correspondent pas forcément aux codes de la musique française
09:55telle qu'on l'imagine ou au hype actuel.
09:58Et je trouve ça très dommage.
10:01Et en fait, quand Yamey est arrivé, ça n'a pas été...
10:02Le moment où on a fait Home Safe,
10:04ce n'était pas du tout l'explosion qu'on lui a connue après.
10:06Avec Bécane, notamment, bien sûr.
10:07Mais Bécane qui était déjà sorti.
10:09Et ça, c'est très français.
10:10Je pense à F.A. Orphibetteur de Phoenix
10:12qui passait sur les ondes de voltage quand j'avais 11 ans
10:16et d'être fou en écoutant ce morceau à la radio.
10:18Puis après, il n'est plus passé.
10:19Et à l'époque, comment tu voulais retrouver un morceau ?
10:21J'ai dû attendre 2, 3, 4 ans
10:22que cette chanson, elle retrouve sa vraie hype.
10:25Breakbot, il te racontera ça avec Baby Amures
10:27qui a mis 3 ans à devenir un tube.
10:30Alors Bécane, c'était plus rapide parce que les réseaux.
10:32Mais ce n'était pas immédiat.
10:33Et donc moi, je rencontre ce mec.
10:34C'est encore un outsider.
10:35Et j'étais complètement, tellement séduit.
10:40Et je me disais, mais c'est vraiment de la musique comme ça
10:43qui nous manque en France.
10:44C'est ce truc singulier.
10:45Tu vois, ça fait combien de temps qu'on avait Young Thug déjà ?
10:48Ou King Kroll.
10:49Enfin, tu vois, quand tu regardes par rapport à des pays,
10:51il y a ces identités fortes, notamment vocalement.
10:54Et c'est rare que j'ai le flair.
10:56C'est bizarre à dire en tant que producteur à une émission,
10:58mais c'est rare que je dise ça.
10:59Souvent même quand je dis, ça, ça ne va pas péter, ça pète.
11:02J'ai le flair inversé, tu vois.
11:04Mais Yame, tu l'as eu.
11:05Mais Yame, je l'ai eu.
11:07Et je dis, toi, passe au studio.
11:09Il est passé, c'était génial.
11:10On écoute ça tout de suite.
11:12Crayon, Yame, home safe.
11:13Moi, je crois que ce que je vois est...
11:28Crayon, Yame, home safe.
11:58Crayon, Yame, home safe.
12:28Crayon, Yame, home safe.
12:58Crayon, tu es notre invité ce soir.
13:28La même s'appelle home safe.
13:29Et dans home safe, j'imagine qu'on recherche un peu ce...
13:31Je parlais du refuge, le confort, retrouver une forme de cocon.
13:35Je vais donner des situations.
13:36Tu me dis si elles sont confortables ou pas pour toi.
13:38Ce qui permet de mieux te connaître, évidemment.
13:41Produire, faire de la musique à 4 heures du matin.
13:43C'est confort ou pas ?
13:44C'est confort absolu.
13:46Ah ouais, t'aimes travailler la nuit ?
13:48J'ai besoin de travailler la nuit parce que j'ai besoin de quitter un peu la terre.
13:53Encore un truc archi-cliché d'artiste torturé.
13:56Tu me dis 4 heures du matin, je me revois cette nuit comme ça en pyjama.
14:01Confort total.
14:02Créer dans le silence total, sans lumière, sans rien.
14:05Confort absolu.
14:06Ah ouais, mais tu vas vraiment pas bien, en fait.
14:08Mais au contraire, au contraire, je pense que c'est pour entendre...
14:12Non, non, non, justement, j'ai trouvé l'apaisement là-dedans.
14:15Mais oui, ça passe un truc super torturé.
14:16Au contraire, genre non, non, non, silence, calme.
14:18J'ai du mal en studio quand c'est le bordel derrière, tu vois.
14:21J'ai un peu devenu ce daron-là.
14:23Ouais, ouais, il faut que ce soit...
14:24Ouais, calme.
14:25C'est vraiment important.
14:27Partir en vacances, ou à l'heure d'ailleurs, une semaine sans musique.
14:31Sans écouter de la musique.
14:32Je ne dis pas sans en faire, sans en écouter.
14:35Non, pas confort.
14:36Ouais.
14:36Ah non, pas confort.
14:37Tu as besoin d'en avoir avec toi tout le temps ?
14:39Non, et c'est pour ça que j'aurais pu un peu, tu vois, choisir la réponse un peu plus sensationnaliste.
14:44C'est-à-dire, parce que j'ai besoin de silence et j'écoute pas toujours de musique.
14:48J'écoute rarement même de la musique, en vrai, chez moi et tout.
14:51Mais voyage et musique, il y a un truc qui est obligé de se passer.
14:55Enfin, moi, j'ai voulu faire de la musique pour ces moments-là où j'ai dû voyager gosse.
14:59Tu prends l'avion, tu écoutes les radios locales, les radios dans l'avion même.
15:05Moi, j'ai découvert trop de musique comme ça.
15:07Donc non, voyage et musique, ça va tellement ensemble.
15:10C'est inévitable.
15:12Confort d'en avoir.
15:13Inconfort de ne pas en avoir.
15:14On a reçu, il y a quelques semaines ici, Aneta, qui est une productrice et DJ qui voyage beaucoup aussi,
15:19qui racontait la complexité que ça peut être, même si évidemment elle est heureuse du métier qu'elle a et que c'est une chance.
15:24Mais ça peut vraiment être dur, justement, les voyages, le rythme.
15:27Comment tu le vis ?
15:28Parce que tu dis que tu as aussi fait ça pour voyager.
15:30Et j'imagine que ça doit être excitant de voyager avec ses amis, etc.
15:33Mais parfois, la vie d'un DJ aussi, parce que tu es aussi DJ, c'est voyager seul.
15:39Comment tu vis, toi, ce rythme-là ?
15:40Est-ce que c'est plutôt du plaisir ou est-ce que parfois il y a aussi ce poids ?
15:45Moi, je suis team poids, mais du coup, c'est pour ça que je fais la musique que je fais et que j'ai choisi cette voie-là,
15:50qui est quand même d'être beaucoup plus en studio et beaucoup plus dans un processus créatif constant.
15:56Parce que le truc que je vivais le plus mal avec le fait de devoir partir faire des dates,
15:58attention, je n'ai jamais vécu des tournées type DJ Snake, Avicii, tout ça.
16:04Mais même à mon échelle, j'étais quand même tellement bien dans des moments de création,
16:08typiquement à 4 heures du matin, et d'un coup, il fallait prendre un avion.
16:11Et ça m'a souvent arraché à ces moments-là où du coup, j'étais frustré par rapport au fait de pouvoir produire.
16:16Et aujourd'hui, c'est aussi pour ça que cette casquette de producteur me va très bien.
16:20Je tourne quasi plus, je voyage très peu.
16:22Mais je suis trop content de l'avoir fait dans ma vingtaine.
16:24C'était une chance immense.
16:25Et comme tu l'as dit, avec mes amis, en plus qu'on l'a fait avec Roche.
16:27Et beaucoup plus ailleurs qu'en France.
16:30C'est aussi le bon côté d'avoir été peut-être un petit peu snobé ici.
16:34C'est que tu vois, voir l'Asie, voir tous ces endroits-là, c'était extraordinaire.
16:37Mais je ne souhaiterais pas forcément le refaire.
16:39Parce que c'est vrai que Roche Music, qui est un label qui est effectivement très identifié,
16:43rempli de succès, est parfois bien plus identifié au Japon,
16:46ou je crois en Californie, par exemple aux Etats-Unis, qu'en France.
16:49En France, ça existe évidemment.
16:51FKJ, les Olympiades, Apple aussi.
16:53Mais je veux dire, ce n'est pas forcément aussi gros que ça allait à l'étranger.
16:56C'est ça qu'on ne sait pas forcément.
16:58Bah du coup, moi j'y étais directement confronté.
17:01C'était vraiment surprenant.
17:02Typiquement, tu parlais de Los Angeles, du Mexique, de la Corée.
17:07C'était fou d'aller peut-être, je crois, plus souvent jouer à Séoul qu'à Toulouse.
17:11Et en même temps, moi je suis un amoureux de la musique francophone aussi.
17:15Peut-être que j'étais frustré de ça à un moment.
17:17Et donc maintenant, je suis content de rester un peu du côté de chez moi.
17:21Bon, on est avec Rayon ce soir pour parler de l'album Home Safe.
17:33On était en train de parler de Roche Music justement.
17:36Et je propose qu'on s'écoute un extrait d'un morceau que j'aimais beaucoup.
17:39You and I.
17:40Ça, c'est un morceau qui s'appelle You and I, comme je le disais.
18:08FKJ, Darius, Wayne Snow et toi-même à être crédité sur ce morceau.
18:13Et c'est vrai que dans Roche Music, il y avait cet esprit de groupe, en tout cas, qu'on imaginait.
18:17On vous imaginait tout le temps ensemble.
18:20Aujourd'hui, dans ce que tu décris, t'as l'air d'être peut-être plus seul dans la création.
18:25C'est là où justement, toi, t'as eu l'impression de t'accomplir peut-être dans une forme d'obsession un peu solitaire,
18:31de creuser des sons, de tenter des choses.
18:33C'est là où tu t'es accompli en tant que musicien.
18:35Ouais, grave, ça fait du bien, la promothérapie comme ça, toujours.
18:38Merci.
18:39Je t'en prie.
18:39Parce que c'est vraiment ça, en fait.
18:41Et je ne l'avais pas autant conscientisé.
18:43Tu vois, là, j'entends ça et je revois le moment où on est tous en studio, en train de jammer, en train de le faire.
18:47Et ça s'entend, tu vois, on est en train de tous kiffer.
18:49C'est de la musique de kiffer, c'est génial.
18:51Est-ce que moi, tout seul, j'incarne ça, comme tu peux le voir, un peu au fil de l'entretien, pas trop ?
18:57Et c'est un moyen de s'assumer déjà, tu vois, de plus planquer derrière tes copains, tu vois, les grands du collège.
19:03Et toi, tu es un peu en sixième et vas-y, c'est cool, ils vont te défendre et tout.
19:06En fait, à un moment donné, tu es grand aussi.
19:09Et je pense que j'ai toujours été assez impressionné par les skills et le succès de chacun.
19:16Tu vois, FKJ, Darius, c'était mes grands, en fait.
19:19Et c'est cool, c'est des moments, tu vois, j'espère qu'on va en vivre d'autres, ces moments-là, en studio et tout.
19:25Mais c'est vrai qu'il y a quelque chose en moi que je ne pouvais pas raconter autrement qu'en faisant un disque un peu seul.
19:31Alors, avec, encore une fois, tous les invités, tous les gens qui m'ont aidé à le faire, tous les musiciens aussi, tu vois.
19:36Il y a Danny Lascar, dont il faut absolument parler, parce que c'est The Hop, un groupe dont j'étais fan.
19:40Ouais, The Hop.
19:40Tu vois, immense projet français aussi.
19:43Et Danny, le guitariste de The Hop, est présent sur tout l'album.
19:46Il est là à chaque moment de création que j'avais, donc je ne suis jamais complètement seul.
19:50Mais c'est aussi de pouvoir raconter ton truc.
19:52Et je pense qu'à un moment donné, il faut s'assumer, il faut le dire.
19:56Et tu ne peux pas forcément le faire quand tu es caché derrière les mots d'un grand rappeur
20:01ou quand tu es caché derrière la musicalité d'artiste, tu vois, déjà accompli et reconnu pour un son comme Dabble, FKJ, Darius.
20:10Et donc, c'est vraiment un moyen d'affirmer mon truc, tu vois, tout simplement.
20:14Et ça doit se faire un peu seul, forcément.
20:16Sur l'homme, il y a aussi tout un aspect visuel qui est important dès la cover.
20:21Toi, je ne sais pas si ça a un lien, mais en tout cas, tu es dessinateur aussi.
20:25Tu as commencé comme ça.
20:26J'ai commencé comme ça.
20:26Quand on lit la bio de crayon, en tout cas, c'est peut-être plus comme ça que tu te décris aujourd'hui,
20:29parce que je pense que la musique a pris toute la place.
20:32Mais en tout cas, tu as aussi ça.
20:33Est-ce que ça a été aussi une manière pour toi de développer l'aspect visuel ?
20:38Est-ce que c'est quelque chose que tu as dessiné ou en tout cas pensé avant de le faire ?
20:42Comment ça s'est mis en place, cet aspect-là ?
20:44Ça a toujours fait partie de mon fantasme créatif.
20:48Je ne me vois pas.
20:51Déjà, on a toujours grandi, je pense, avec des visuels forts.
20:54Tu vois, toi, comme moi, tu t'imagines.
20:56Je ne sais pas, on a eu entre 10 et 15 ans quand tu as eu Discovery, Daft Punk est sorti.
21:00Ça fait deux fois que tu cites cet album.
21:02C'est mon album.
21:02En ce moment, j'y reviens énormément.
21:04Je m'excuse déjà auprès des auditeurs et auditrices,
21:06parce qu'on parle de Daft Punk dans toutes les émissions.
21:09Mais c'est OK.
21:10C'est génial.
21:11Il y a pire comme sujet.
21:12Mais vraiment, ils sont mentionnés tous les jours, je crois.
21:14Eux, c'est la musique, quoi.
21:15Tu ne peux pas ne...
21:16Ça, Pharrell Williams, comment tu peux...
21:20Il y a des trucs qui sont...
21:20C'est inévitable.
21:22Et en plus, on y revient, je trouve, avec ce Revival 2000 aussi.
21:24Le son Neptune, il est partout à nouveau.
21:27Et donc, moi, forcément, ça me fait replonger même dans l'album de remix
21:30qu'il y avait Discovery.
21:31Tu avais un remix de Slum Village, tu avais un remix de Neptunes.
21:33Exactement.
21:34Et toutes ces rencontres-là, ces hybrides-là de cette époque.
21:36Enfin, moi, en tout cas, j'y reviens beaucoup.
21:38Mais il y avait des visuels très forts à cette époque.
21:40Il y avait, dans une autre esthétique,
21:42mais tu vois le côté musique et images avec Sofia Coppola et Thomas Mars,
21:47des films comme Virgin Suicide qui m'ont traumatisé.
21:50Et je n'aurais jamais fait de musique si je n'avais pas eu ces visuels.
21:55Et quand je dessinais, surtout à l'internat,
21:57quand j'étais au lycée, je passais des heures à écouter de la musique.
21:59C'était impossible de dessiner sans l'impulsion de quelque chose à écouter.
22:04Donc, je suis obligé, en fait, si je n'ai pas une image en tête
22:08et même un concept, il n'y a pas vraiment de musique qu'en découle.
22:10Et ce, même quand je fais de la musique pour des gens,
22:12on parlait de morceaux quand même,
22:14avec des performances de Dinos.
22:15C'est des morceaux où la couleur du morceau, du synthé même,
22:19elle est directement inspirée par comment j'imagine la musique du gars,
22:22de tout l'univers que je lui prête.
22:24Donc, il y a un peu toute une pièce à chaque fois qui se forme.
22:28Et après, c'est genre, OK, on va la décorer de cette manière.
22:31Et c'est vraiment visuel, le processus.
22:33Est-ce que le cinéma t'influence ou pas forcément ?
22:37C'est vraiment toi et tes propres inspirations et ton propre cerveau.
22:40Si, si, bien sûr.
22:41Tu vois, je t'ai pris par Virgin Suicide comme exemple.
22:43C'est autant l'étalonnage, l'aspect visuel, les textures visuelles que la musique.
22:49Donc, vraiment, pour moi, c'est indissociable.
22:51Et c'est pour ça que l'aspect visuel, il démarre quasi quand je démarre un projet, en fait.
22:55Il y a un autre morceau sur Stalum Home Safe.
22:57C'est le morceau Diamond Minor.
23:29Je me suis réveillé avec ça ce matin, moi.
23:37Trop bien.
23:38Est-ce que tu vois ça plutôt comme une musique du matin ou plutôt une musique nocturne ?
23:45Je vois vraiment ça comme une musique nocturne.
23:46Ok, parce que c'est lié à toi.
23:48Mais c'est vrai, je me demande comment toi tu voyais ça parce que moi, peut-être parce qu'on a pas la même vie, je vois ça plutôt comme quelque chose de matinal, tu vois, quand j'écoute ton album.
23:55Je trouve ça génial parce que j'y vois une connotation hyper, tu vois, c'est le matin, c'est le renouvellement, tu vois, il y a un truc, je trouve ça hyper positif.
24:02Déjà, moi, je suis pas trop du matin et je sais pas si moi, ça me foutrait pas un peu le blues, tu vois, d'écouter ça le matin.
24:11Je pense que j'ai besoin de trucs si je dois écouter quelque chose qui vont quand même me mettre dans un mood, tu vois.
24:16Non, pour moi, c'est nocturne et c'est assez écoute solitaire aussi.
24:20Je suis pas sûr que j'écouterais ça avec du monde dans la pièce.
24:22Ok, puisque tu parles de groove, je propose qu'on écoute un morceau, alors, pas issu de l'album, mais est-ce que tu connais l'artiste Aubong Jaillard ?
24:30Ouais, bien sûr.
24:30Je savais que tu connaissais.
24:32Et je propose qu'on écoute un morceau, justement, qui finalement aurait presque, presque, pu sortir sur Roche Music à l'époque, tu vois.
24:38C'est un morceau qui s'appelle Just Cool, qui est vraiment un morceau qui fait du bien, justement, qu'on peut écouter le soir, le matin et qu'on va écouter tout de suite, aujourd'hui, à 22h et quelques.
24:47Aubong Jaillard, Just Cool.
24:48C'est fou que tu mettes ça, parce que c'est le prochain feat que je convoite.
24:53Ok, incroyable.
24:54Je suis complètement en train de sélectionner des artistes.
24:56Hop !
25:18Just let me cool
25:20Just let me cool
25:20Just sucker, sucker
25:22Just suck your motherfucker
25:24Just let me cool
25:26I just want to cool
25:28Cool
25:29Hey, you're something busted
25:46Don't let me know
25:49Sous-titrage MFP.
26:19C'est parti.
26:49C'est parti.
27:19C'est parti.
27:49C'est parti.
28:19C'est parti.
28:21C'est parti.
28:23C'est parti.
28:25C'est parti.
28:27C'est parti.
28:29C'est parti.
28:31Quel plaisir en effet, et tu le disais au moment où on a lancé le morceau, c'est que tu aimerais bien collaborer avec lui en plus.
28:37C'est vraiment le featuring convoité du moment, et je le dis ici et maintenant, j'ai un début de...
28:43C'est très rare, j'ai pas de prod prête en avance, mais là comme je compte vraiment lui en envoyer, j'ai mis 3-4 trucs dans un petit dossier genre...
28:51C'est parti.
28:53C'est parti.
28:55C'est parti.
28:57C'est parti.
28:59C'est parti.
29:01C'est parti.
29:03C'est parti.
29:05C'est parti.
29:07C'est parti.
29:09C'est parti.
29:10C'est parti.
29:11C'est parti.
29:12C'est parti.
29:13C'est parti.
29:14Et j'ai envie de commencer avec celui qui, pour moi et pour beaucoup, est sûrement celui qui a été un des plus illustres.
29:18C'est Tupac, qui évidemment d'abord, c'est un rappeur mythique, mais avant de devenir l'icône même du rap West Coast, il a été formé comme comédien.
29:24Il étudiait le théâtre à Baltimore et il a joué du Shakespeare.
29:27Il a toujours eu l'idée que l'expression scénique, quelle qu'elle soit, faisait partie de son expression artistique.
29:32Et donc en 1992, il explose au cinéma avec Juice où il joue Bishop, un ado charismatique, magnétique et dangereux, un rôle presque mythologique où la rage qu'il exprime dans ses textes trouve un exutoire visuel.
29:43La performance est si puissante que certains critiques s'emballent et lui prédisent une grande carrière de comédien.
29:48C'est sûrement son rôle le plus marquant.
30:17Et puis après, il y a eu Poétique Justice avec Janet Jackson, Above the Rim, Gridlock avec Tim Ross et à chaque fois, Tupac surprend.
30:23Il incarne tour à tour le bad boy, le romantique, le junkie désabusé.
30:26Il meurt, comme on le sait, à 25 ans en 1996 et son dernier film sera à Gang Related avec James Bellucci.
30:32Sa carrière d'acteur laisse entrevoir un « et si » fascinant.
30:35Et si Tupac avait survécu, il aurait peut-être pu devenir l'un des acteurs les plus en vue des années 2000.
30:40Un morceau qui s'appelle « In Night Evie » présent sur « Me Against the World », un morceau que j'adore de Tupac.
30:59Est-ce que c'est un artiste important pour toi ou moins Tupac ? Est-ce que tu l'as écouté, peut-être vu aussi dans des films ?
31:05Eh ben non.
31:06Ok.
31:07Ça faisait partie des trucs où j'ai fait impasse alors que j'avais plein d'autres rappeurs préférés.
31:11Je crois que je ne me suis jamais pris sa musique là où son perso est extravagant.
31:17Oui, oui.
31:18T'as peut-être déjà eu un t-shirt Tupac mais t'as pas forcément.
31:20Mais alors que j'adorais Nas par exemple quand j'étais gamin et je pense que c'est vraiment un truc strictement musical.
31:27Eh ben, tu me fais une transition parfaite car deux ans après la mort de Tupac, en 1998, le réalisateur Hype William signe Bailey.
31:34Donc un film culte, parfois incompris, qui met en scène DMX et Nas donc, l'histoire deux amis d'enfance plongés dans le trafic qui cherchent chacun leur rédemption.
31:42Mais Bailey c'est pas tant un scénario qu'une atmosphère, c'est un clip géant, un rêve un peu humide de fin de siècle, des éclairages bleus, des ralentis hypnotiques, des visages filmés comme dans un clip.
31:50Normal Hype Williams vient de là.
32:04Alors, le film divise à la sortie mais il devient culte avec le temps parce qu'il capture un moment du hip hop où tout devient possible, les rappeurs deviennent des mythes, les vidéastes deviennent des auteurs et la frontière entre cinéma et clips s'efface complètement.
32:30Bailey c'est un peu la bible visuelle de cette époque, le crime stylisé, la spiritualité qui affleure, la musique omniprésente et surtout, cette idée que le rap peut être cinéma dans sa narration, son esthétique, sa manière d'occuper l'écran.
32:42Bon, tu parlais de bon que j'aillard, t'as pas vu l'écran.
32:48Bon, tu parlais de bon que j'aillard, t'as pas vu d'écouter Nas, on est bon.
33:02Donc ça, c'est un morceau grand finale qui est présent sur la bande-son de Bailey.
33:18Est-ce que t'as vu ce film ou pas ?
33:20Non.
33:21Franchement, c'est un très mauvais film, mais il faut le voir.
33:24Mais il y a un truc où là, ce que t'as passé, on aurait dit, tu sais, ça pourrait être l'intro d'un morceau de Prince Wally.
33:28Enfin, j'avais l'impression de ne pas avoir eu accès à cette culture, tu vois.
33:31Prince Wally, je pense qu'il a vu 40 fois le film.
33:34C'est pas possible.
33:35C'est un film qui, encore une fois, n'est pas un très très bon film, si tu le prends avec un œil de...
33:39Mais qui est tellement culte, genre tout est stylé.
33:43La manière de filmer Carac Williams, encore une fois, c'est pas un réel de film, mais c'est vraiment un grand réel de clip.
33:48Et t'as vraiment juste envie de ressembler à DMX et à Nas dans tout le film.
33:52Donc je pense qu'il faut le voir, ne serait-ce que pour l'aspect visuel, plus que pour l'œuvre.
33:56Ouais, et pour se reprendre Nas, quoi.
33:57Exactement.
33:58Parce que ce son est dedans, du coup.
33:59Exactement.
34:00Incroyable.
34:01Et puis, quatre ans plus tard, on a le film Paid in Full qui sort, produit par Rocafella, la belle donc de Jay-Z.
34:06Le film raconte l'ascension et la chute de trois jeunes dealers dans le Harlem des années 80.
34:10Cameron, il joue Rico, un personnage inspiré du véritable Alpo Martinez, légende du crime new-yorkais.
34:15Et il crève l'écran.
34:16Son jeu est brut, nerveux, parfois improvisé.
34:19Il incarne à la perfection le charisme dangereux de ces figures mi-héros, mi-voyous que le rap adore raconter.
34:24What's up ?
34:25Nigga need some work, man, what's going on ?
34:28Ain't nothing pumping right now, B.
34:31Come on, man, I know you got something.
34:34The fuck is you deaf, man ? I said we ain't got shit going on right now, B.
34:37So niggas supposed to stop cause your man got shot ?
34:40What ?
34:41Come on, man.
34:42Et c'est pas un hasard quelque part si c'est Rocafella, donc la belle de Jay-Z qui produit.
35:03Pay in Full raconte quelque part le rêve américain à la sauce rap et peut-être qui
35:07mieux que Jay-Z incarne ce rêve américain-là.
35:09Aujourd'hui encore, le film est cité dans les lyrics de toute une génération.
35:11Les jeunes rappeurs parlent du personnage de Cameroun, les mêmes circulent, les punchlines
35:15reviennent.
35:16Pay in Full, c'est devenu une référence culturelle autant qu'un film.
35:41Ça, c'est le morceau Oh Boy de Cameroun et de Joel Santana qui est présent sur le même
35:48Come Home With Me de Cameroun qui sort en 2002.
35:51Voilà, c'est des quelques, il y en a énormément, quelques films avec des rappeurs puisque aujourd'hui
35:56même, Aurel San sort son deuxième film dans lequel en tout cas, il joue la comédie.
36:00Est-ce que toi, cette époque-là, ce rap un peu des années 2000, Cameroun, Dipset, Jay-Z,
36:06t'as écouté ça aussi ? Tu viens aussi de là ?
36:09Génération radio et surtout, évidemment j'écoutais Skyrock et surtout c'était un
36:15son que je me prenais énormément.
36:17Tu vois, il y a eu l'album de Dre, c'était un des premiers albums que j'avais dans
36:20Monkman.
36:21Chronique 2001 ?
36:22Chronique 2001.
36:23Ouais, ouais, non, bien sûr.
36:24Est-ce que, parce que toi qui es producteur, est-ce que c'est aussi à ce moment-là que tu
36:28comprends ce que c'est peut-être de mettre en son des albums, tu sais, parce que Dre,
36:32il y a un peu une sorte de perfection ultime quand on est du rap.
36:35Souvent les producteurs disent ça, comment ça sonne, comment c'est produit.
36:38Est-ce que tu comprends ça à ce moment-là ?
36:40Pas du tout, je comprends pas du tout comment c'est fait et c'est ça qui est génial d'ailleurs,
36:43c'est une sensation qui me manquera toujours de rien comprendre.
36:46C'est un pur, c'est de l'entertainment.
36:48C'est-à-dire que maintenant tu analyses un peu tout quand t'entends une bonne prod.
36:51Tout le temps, et c'est ça qui fait qu'un Dre, on s'en souviendra plus que d'autres producteurs
36:55de cette époque-là, c'est ça qui fait que je réécoute Nas en ce moment pour entendre
36:58des chops de premiers, etc.
36:59Mais à l'époque j'y comprenais rien, rien du tout, c'était abstrait, je ne comprenais
37:02même pas comment on jouait de la guitare.
37:04C'est tombé, c'était beaucoup trop abstrait.
37:06Est-ce que ça t'est arrivé récemment de ne pas comprendre d'une manière dont un morceau est
37:10fait ?
37:11Oui, quand t'écoutes de la musique, dès que tu reviens avant les années 50, dès qu'il
37:15y a plus de musique séquencée, dès que t'écoutes de la musique, je sais pas si j'écoute Debussy
37:19par exemple, je comprends rien.
37:21Donc ouais, faut revenir sur, il y a presque plusieurs siècles en tout cas pour vraiment
37:26être choqué en tout cas par d'autres techniques de production.
37:29Bah pour moi oui, parce qu'il y a une forme d'abstraction, c'est quoi le point de départ ?
37:31Oui il est au piano, mais qu'est-ce que tu vois, est-ce que c'est le thème ?
37:33Qu'est-ce que t'as voulu raconter ? Est-ce que c'est cet accord-là qui a fait que t'as commencé ?
37:37C'est trop abstrait, tu vois.
37:39Flying Lotus ça m'avait fait ça aussi dans le côté musique de fait sur un logiciel, mais c'est
37:43le côté par où tu commences.
37:45Mais le rap souvent c'est ça quand même, il y a des boucles, des trucs.
37:47Tu comprends comment c'est fait techniquement, mais comment t'as pensé à ça ?
37:50Ouais mais c'est ça, de toute façon qui est le plus fascinant chez tous les artistes.
37:52Bien sûr, et aujourd'hui les mecs qui retrouvent les samples sur YouTube, c'est un tel bonheur,
37:57les samples du Wu-Tang et tout, genre comment il a pris ça et ça dans un morceau.
38:01Enfin moi je trouve ça fou.
38:02Crayon est notre invité ce soir.
38:14Crayon, la BO de ta vie, tout de suite.
38:17Des questions, tu me donnes un morceau qui correspond.
38:20Ok.
38:21On en parlait un petit peu tout à l'heure, un morceau pour te mettre en route, pour démarrer
38:25la journée.
38:26Je pense que j'ai besoin d'un truc très feel good, pour vraiment pas allier au potentiel
38:31A l'intristo-réalité de l'existence.
38:34Au poids qui pourrait crouler sur mes épaules à peine l'œil ouvert.
38:38Non mais, un album, Just Charming Man, Les Smiths, tu vois.
38:43On va prendre de la Britpop, on va prendre un truc comme ça, un peu solaire, un peu évasion,
38:48un peu désinvolte en même temps.
38:50Let's go, let's go sur Les Smiths.
38:52Direct.
38:53Un morceau que tu aurais aimé produire toi-même.
38:55Tu l'écoutes et tu te dis...
38:57Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe.
38:58La grande question, ça change tout le temps, ça change tout le temps, un morceau que j'aurais aimé produire.
39:03Là en ce moment, je vais devenir Nassiz Like.
39:06Ok, donc Nassiz Like qui est un prod de DJ premier.
39:09Donc tu parlais de Primo en plus, qui est présent sur un album I Am, si tu ne dis pas de bêtises.
39:13Un album un peu mal aimé, mais avec quelques très très grands morceaux, notamment bien sûr Nassiz Like.
39:18Tu vois, créer une atmosphère comme ça, une boucle. J'aurais pu dire un morceau qui ressemble à ma manière de sonner ou un truc de radio, mais en fait, trouver cette boucle dans ce speech de Lincoln, je crois.
39:31Tu me poses une colle, c'est possible.
39:33C'est un speech qui a été mis en musique et il a pris un bout comme ça du violon.
39:38Et quand tu vois comment c'est découpé, tu aurais aimé être au moins dans la pièce pour regarder comment le truc naît dans sa tête.
39:45C'est intéressant parce que tu fais de la musique qui ne ressemble pas à celle du DJ premier, mais c'est ça aussi qui peut te...
39:51En tout cas, sur l'album que tu sors aujourd'hui, même quand tu produis à MG Performance, par exemple pour Dino dans des projets rap, je trouve que tu n'es pas un producteur rap traditionnel.
39:59Et Dieu sait que DJ premier a été recopié et c'est tout à fait normal. En France, il y avait tellement un son important et influent.
40:07Mais je trouve que toi, la musique que tu fais depuis que je te connais, elle est différente de ça.
40:11Mais malgré tout, c'est quelque chose qui est finalement, pas à l'opposé, mais différent de ce que tu fais qui peut t'impressionner en fait.
40:17J'adore ce sujet. C'est une discussion que j'ai eu l'occasion d'avoir avec Isidio justement sur comment lui et comment le rap de manière générale est une musique qui s'inspirait de tous les autres genres pour en créer un.
40:26Et ma démarche était littéralement l'inverse, c'est-à-dire que je suis tellement inspiré par ce genre dont je n'ai pas les codes, dont je ne me sens jamais complètement légitime d'y appartenir.
40:37Et du coup, c'est ce genre-là qui va m'inspirer à aller vers tous les autres. Et tu vois, j'ai découvert énormément de trucs en écoutant Jay Dilla.
40:44Bill Evans, j'ai découvert en écoutant Jay Dilla.
40:46Donc Jay Dilla qui est un producteur légendaire de rap de Détroit, qui nous a quittés bien sûr, et qui est vraiment un des grands architectes.
40:55Mes gars préférés, ton rappeur préféré.
40:57Exactement.
40:58Mais tu vois, c'est vraiment une musique qui m'inspire. Un de mes premiers amours, tu me demandais tout à l'heure le rap des années 2000 et tout, c'était Les Sages Poets de la Rue.
41:05Vraiment, tu vois, la boucle double-moi.
41:07Là, tu parles à mon petit cœur.
41:08Bah tu sais, Boulogne.
41:09L'émission s'appelle à la régulière.
41:10Mais j'ai vu que je l'avais reçu en plus.
41:12Bien sûr.
41:13J'ai trouvé ça incroyable.
41:14Ces boucles-là, ces atmosphères-là, avant même de comprendre le rap, pourquoi, comment, qu'est-ce que ça voulait dire.
41:20Juste cette boucle.
41:21Le jazz.
41:22Mais le jazz en boucle.
41:23Je ne pourrais pas me farcir tout le simple.
41:25Tu vois ce que je veux dire ?
41:26Je comprends tout à fait.
41:27Tu vois, c'est exactement là que mon inspi se situe en fait.
41:32Donc c'est hyper important.
41:33Du coup, quand je veux faire du rap pour quelqu'un, ça va directement aller puiser là-dedans aussi.
41:37Et c'est comment faire avec mes codes à moi.
41:39Mais en tout cas, c'est une des musiques qui m'inspire le plus pour faire de la musique et pour en écouter d'autres même.
41:44Puisque tu viens de les mentionner, le premier album des Sages Poets de la Rue s'appelait Qu'est-ce qui fait marcher les sages ?
41:48Le single éponyme s'appelait aussi comme ça.
41:51Et on va en écouter un extrait.
41:52Qu'est-ce qui fait marcher les sages même sous l'orage à pas la rage ?
41:54Qu'est-ce qui fait marcher les sages même sous l'orage à pas la rage ?
41:56Qu'est-ce qui fait marcher les sages même sous l'orage à pas la rage ?
41:58Qui nous rendent de plus en plus sauvages ? Qu'est-ce qui fait marcher les sages même sous l'orage à pas la rage ?
42:21Qu'est-ce qui fait marcher les sages même sous l'orage à pas la rage ?
42:24Qui nous rendent de plus en plus sauvages ?
42:28Qu'est-ce qui fait marcher les sages même sous l'orage à pas la rage ?
42:30Qui nous rendent de plus en plus sauvages ?
42:32Je frime avec mes potes bottes buttes les blottes clottes
42:34Sur le beat je flotte crotte sur tes potes si ça me botte
42:37J'ai tellement duplex que j'éclate comme une rue fixe dans mes faces
42:40Si les gènes sont ridicules je spécule peut-être mais j'aurai plein de pécule
42:44Ça c'est les années 90
42:46Donc c'est les sages pouettes de la rue bien sûr
42:48Et je conseille à tout le monde de regarder les clips de ce morceau
42:51C'est intéressant parce qu'il y a tout le rap boulonné en fait qui n'est pas encore identifié
42:55Et on retrouve dedans Booba, Mala etc. qui sont encore des jeunes boulonnés
42:59Derrière le groupe de l'époque et les sages pouettes de la rue
43:02C'est une pièce d'histoire
43:04C'est une pièce d'histoire et c'est une éducation
43:06Je me sens tellement reconnaissant d'avoir pu connaitre ça
43:09Parce que comme tu le dis c'est avant le succès de Lunatic
43:13Donc là je dois avoir 6 ans tu vois
43:15C'est 1995 ça
43:16J'ai 4 ans
43:17Donc tu vas dire d'écouter Skyrock à cette époque là
43:19Tu le fais un peu en cachette
43:21Tu vois ce que je veux dire ?
43:22Et c'est ce côté interdit
43:24Et ça ça m'inspire à toute ma vie
43:28J'espère te faire encore plus plaisir avec le morceau qu'on va écouter maintenant
43:31C'est un morceau extrait de la Walk Tape
43:33Et un morceau que j'adore
43:34Qui est dans la playlist personnelle
43:35Arrête !
43:36Bien sûr !
43:37C'est un featuring entre...
43:38Playlist matin
43:39Ou 16h du matin
43:40Ou 16h de l'après pardon
43:42Ou 16h tout cool
43:43C'est un morceau de Julien Grenelle avec Simka
43:45Qui s'appelle Ailleurs que tu as produit
43:47Et on va s'écouter ça
43:49Grave !
43:50Ça c'est bon ça !
43:51Ça fait longtemps !
43:52C'est le moment de le mettre !
43:53Voilà !
43:54Playlist du matin
43:55Playlist du matin
43:56Et des morceaux du matin qu'on avait fait
43:58C'était le dernier jour de la Walk Tape avec Julien Grenelle
44:00On avait pas encore Slimka dessus
44:02C'était vraiment...
44:03C'était un peu une blague presque
44:04Imagine là dessus on ramène...
44:05Slimka !
44:06Ouais !
44:07Lui tu vois !
44:08C'est parti !
44:09On l'a fait !
44:10...
44:11C'est parti !
44:12C'est parti !
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations