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  • il y a 2 semaines
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Télématin reçoit Jean-Xavier de Lestrade, réalisateur de la série "Des vivants" portant sur les rescapés du Bataclan le 13  novembre 2015.

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Transcription
00:00Alors que l'on commémore dans quelques jours les dix ans des attentats de Paris et Saint-Denis
00:04qui ont fait 130 morts et plus de 400 blessés, France 2 vous propose à partir de ce soir
00:09les premiers épisodes d'une série absolument bouleversante en huit épisodes.
00:14Ça s'appelle « Des vivants » que vous avez réalisé, Jean-Xavier Delestrade.
00:17Bonjour.
00:18Bonjour.
00:18Merci d'être avec nous ce matin.
00:20J'imagine que ce n'est pas simple de se lancer dans un projet comme celui-ci.
00:23On se demande si ce n'est pas trop tôt, si on ne risque pas avec de la fiction
00:26peut-être de blesser un rescapé.
00:29Oui, oui, non, ce n'est pas simple.
00:32Surtout, l'interrogation c'est est-ce que la fiction avait sa place pour raconter ces événements,
00:40pour s'emparer de cette tragédie ?
00:42Et je n'aurais certainement pas fait cette série il y a cinq ans, certainement pas.
00:48Il fallait que le procès se passe, que toutes les parties civiles puissent venir déposer leurs récits
00:55de manière publique.
00:57Mais quand j'ai commencé à travailler dessus, il y a deux ans et demi, trois ans,
01:03ça s'est imposé presque à moi que, oui, il fallait faire une fiction,
01:09il fallait faire une grande fiction, une grande série,
01:13parce que cette histoire commençait aussi à perdre un tout petit peu le souvenir,
01:18ou presque la mémoire de ce qui s'était passé.
01:21Et là, la fiction, elle a ce talent assez incroyable, c'est qu'elle met la violence un peu à distance.
01:31On sait bien que finalement, on voit sur l'écran, voilà, ce sont des comédiens qui interprètent des personnages du réel.
01:37Tout est vrai dans la série, mais ce sont des comédiens qui en interprètent.
01:40Et cette manière de mettre un tout petit peu ce qui est le plus violent à distance
01:47permet aussi de pouvoir le supporter, de pouvoir le regarder, de pouvoir le vivre,
01:53de pouvoir être bouleversé.
01:54Et en empathie, il y a beaucoup d'empathie.
01:57Pardon ?
01:58En empathie, beaucoup.
01:59Et d'être en empathie avec ces personnages.
02:02Et je crois que ce qui forme le socle d'une société,
02:07c'est aussi, et c'est beaucoup, les histoires qu'on est capable de raconter,
02:12et de se raconter, et de partager.
02:14Et cette histoire-là, je pense que c'est bien de se la repartager aujourd'hui.
02:19Justement, la série raconte la lente reconstruction de 7 des 11 personnes
02:23retenues par deux terroristes dans un couloir du Bataclan.
02:26Pourquoi avoir axé cette série sur ces 7 personnes dans ce couloir ?
02:31Parce que déjà, c'est une histoire qu'on connaît très peu, au fond.
02:34On sait très bien que cette nuit du 13 novembre, il y a eu un massacre à Paris,
02:40130 morts, de manière totalement inimaginable, incroyable.
02:44Mais dans ce massacre, au milieu, il y a un groupe de 11 personnes
02:50qui ont été retenues en otage dans un couloir du Bataclan, au premier étage,
02:55pendant presque deux heures et demie.
02:59Or, dans cette nuit-là, ce sont les seules personnes
03:02qui ont été en contact direct avec les terroristes,
03:05qui ont interagi avec eux,
03:09et qui les ont vus, qui les ont regardés,
03:12qui ont parlé avec eux, quand même.
03:13Et qu'est-ce qui s'est passé pendant ces deux heures et demie ?
03:17Qu'est-ce qui a été échangé ?
03:18Qu'est-ce qui s'est dit ? Qu'est-ce qui ne s'est pas dit ?
03:21Ça aussi, je pense que c'était assez passionnant
03:24de raconter ce moment-là.
03:27Après les avoir écoutés,
03:29parce que vous avez recueilli vous-même
03:31beaucoup de témoignages extrêmement précis.
03:33Voilà, les scénarios écrits avec Antoine Lacomblaise
03:38ont été vraiment écrits à partir du récit,
03:42du témoignage de ces rescapés-là,
03:46de ces ex-otages.
03:48Et parmi ces 11 otages,
03:51effectivement, il y en a 7 qui ont constitué un groupe.
03:56Un groupe, ils se sont auto-appelés les potages,
03:59qui est une contraction de potes et d'otages.
04:03Donc, les potes-otages, ça fait les potages.
04:06Donc, ça raconte aussi beaucoup de...
04:09Enfin, l'auto-dérision qu'ils ont eux-mêmes
04:12et l'humour qu'ils peuvent avoir.
04:15Parce que la série, ça raconte,
04:18évidemment, vous l'avez souligné,
04:21ce qui se passe après, leur reconstruction.
04:23Si difficile, on le voit tellement difficile,
04:25cette reconstruction.
04:25Comment on vit avec ça après ?
04:28Comment on vit avec ça aussi ?
04:30L'entourage vit avec ça, la famille,
04:32les amis, les proches.
04:34Et ce n'est pas parce qu'on vous écoute
04:37et qu'on vous a entendu,
04:40que tout le monde a pu s'exprimer.
04:43Ce sont des victimes qui ont pu vraiment s'exprimer,
04:46qu'on a écoutées.
04:47Mais, en fait, très vite,
04:49l'injonction de la société, c'est
04:51maintenant, il faut passer à autre chose.
04:53Passer à autre chose.
04:54Voilà, maintenant, il faut aller mieux,
04:58il faut reprendre le travail,
04:59il faut revenir.
05:00Et ce n'est pas possible.
05:01Ou pas toujours possible.
05:03Et ce n'est, voilà, cette reconstruction-là,
05:07cette manière, déjà, de se réapproprier
05:09la part d'humanité qui nous a été arrachée.
05:13Parce que dans ce couloir, pendant 2h20,
05:16ils étaient convaincus que c'était la fin,
05:19qu'ils allaient mourir.
05:20Et ça, c'est quand même...
05:23Il n'y avait pas d'autre issue possible dans leur tête
05:26que celle-ci, que la mort.
05:28Et donc, comment survivre à ça ?
05:31Comment se réapproprier sa vie
05:34quand on pense qu'elle est terminée ?
05:36Tout ce processus-là, il est long, il est complexe.
05:40Il est douloureux.
05:41Il est pour chacun, il est différent.
05:44Il est douloureux, mais il n'est pas que douloureux.
05:46Parce que la chance, et c'est pour ça aussi
05:48que j'ai voulu filmer cette histoire à travers ces personnages,
05:53c'est parce qu'eux, ils ont constitué un groupe.
05:56Et ce groupe-là, il y a beaucoup de rire.
05:59Ils chantent, ils se retrouvent.
06:01L'importance du lien.
06:03Et il y a aussi beaucoup, beaucoup d'espoir.
06:05Et puis, ces attentats, ça a été aussi un traumatisme collectif.
06:09Des millions de Français qui ont été marqués
06:13sans être forcément touchés directement.
06:15Et on a la sensation, en regardant la série,
06:17de se réparer aussi un peu.
06:19Est-ce que c'est les retours que vous avez ?
06:21Oui, oui, oui. Déjà, moi-même.
06:24Je suis parisien, j'habite à Paris depuis 30 ans.
06:27Et vraiment, j'ai été, comme tout le monde,
06:30très impacté émotionnellement.
06:32J'étais bouleversé.
06:33On était face à quelque chose qui était totalement inimaginable,
06:37de voir ça dans sa ville.
06:39En plus, vous avez tourné au Bataclan.
06:41Et donc, il fallait passer au-delà de cette émotion-là,
06:46d'arrêter d'être submergé presque par cette émotion.
06:50Et je pense que la série permet.
06:53Parce qu'effectivement, elle est très émouvante.
06:58Et on peut pleurer en regardant cette série.
07:00Mais je pense que ce sont des pleurs qui font du bien.
07:05Qui font que cette émotion-là, ressentie,
07:08on peut aujourd'hui la regarder en face.
07:11Et on peut se confronter à ce qui s'est passé,
07:14à notre histoire.
07:14Et je pense que ça, c'est réparateur.
07:19Merci beaucoup, Jean-Xavier Delestrade.
07:21Un mot juste et un grand bravo aux acteurs
07:24qui sont particulièrement justes
07:25et qui sont absolument formidables.
07:28C'est à partir de ce soir sur France 2.
07:29Et c'est déjà « Des vivants » disponible sur France.tv.
07:33Merci d'avoir été avec nous.
07:33Merci.
07:34Merci.
07:35Merci.
07:36Merci.
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