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  • il y a 4 mois
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Pour son interview d'actualité, Télématin reçoit le journaliste musical Olivier Cachin.

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Transcription
00:00L'événement musical du jour. Vous avez probablement reconnu ACDC, concert ce soir au Stade de France après un premier magistral déjà samedi soir dans la lignée en faute d'Estone, de Depeche Mode, pardon, de U2, d'Indochine aussi ici pour nous.
00:17Il y en a un paquet.
00:17En France, on a ces papys du rock, si je peux me permettre l'expression, qui continuent à faire de la scène et à nous éblouir aussi. On va essayer de comprendre ce phénomène avec notre invité.
00:26Bonjour Olivier Cachin. Vous êtes journaliste spécialisé en musique. Vous serez au Stade de France ce soir pour le concert d'ACDC ?
00:32Absolument, j'y serai, oui.
00:33Bien placé ?
00:34J'espère, oui. Pas au pied d'Angus, mais pas loin.
00:38Ce n'est pas votre premier concert d'ACDC ?
00:40Non, ça remonte parce que, vous le disiez, c'est un groupe qui a un certain passé. Moi, je les ai vus en 78. C'était Trust qui faisait la première partie. Il y avait encore Bon Scott, le chanteur historique.
00:48Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'à l'époque, ça envoyait déjà du très très lourd. Et Angus, d'ailleurs, montrait son postérieur comme il a aimé le faire pour le décennie.
00:55C'est notre époque.
00:56Aujourd'hui, ils montent son slip, mais bon…
00:58Et ils sont toujours là. Angus Young, 70 ans. Le chanteur, Brian Johnson, 77 ans. Ça conserve le rock. Comment est-ce que vous expliquez l'intemporalité, l'immortalité même de ces groupes de musique ?
01:10Déjà, il y a ceux qui ont la chance de garder les faveurs du public. C'est le cas d'ACDC, puisque le Stade de France, deux fois, c'est quand même pas rien quand on a une carrière de près de 60 ans.
01:17Mais oui, je crois qu'il y a quelque chose qui fait que dans la musique, c'est toute la différence avec un métier entre gros guillemets normal.
01:23On ne voit pas un comptable dire « je vais continuer à être comptable à 80 ans ». Non, à un moment, on veut se reposer.
01:28Sauf que quand on fait de l'art, c'est quelque chose qui ne s'arrête pas quand on est créatif, quand on aime ce rapport aussi avec le public.
01:33Parce qu'il faut quand même dire une chose, être sur une scène et voir des dizaines, des centaines, des milliers de personnes vous acclamer, hurler votre nom, pleurer en vous voyant…
01:40Oui, c'est une dope très très forte. C'est quelque chose dont on ne peut pas se passer.
01:45Et d'ailleurs, il y a beaucoup de groupes, dans toutes les musiques, que ce soit le rock des années 60 jusqu'à aujourd'hui le rap,
01:50des gens qui disent « ouais, moi je suis là parce que je suis jeune, plus tard je ferai autre chose ».
01:54Et puis, quand arrive le plus tard, on se dit « non mais ça va, j'ai encore ce qu'il faut ». Et on continue.
01:58Mais c'est intéressant parce qu'il y a cet amour de la musique et l'échange avec le public, évidemment.
02:03Il y a aussi tenir le choc physiquement.
02:05Enfin, je veux dire, au bout d'un certain âge, faire de la scène, notamment en Stade de France, c'est pas rien.
02:10Vous, vous dites quoi ? Ce soir, ça va être comment ? 78 ? Ils vont tenir le choc ?
02:14Ils tiennent le choc, mais c'est pas la même chose.
02:16Bon, tout le monde sait qu'Angus a une bouteille d'oxygène pour les rappels,
02:19parce qu'à un moment, c'est vrai que c'est physiquement quelque chose qui prend quand même.
02:22C'est une musique qui envoie du gros son et puis c'est une implication.
02:26C'est pas la même chose, mais disons qu'il y a une énergie qui se transforme.
02:30Parce qu'on ne peut pas demander à un chanteur de 80 ans de faire un salto arrière ou un grand écart.
02:34Mais par contre, on l'a vu il y a deux jours pour le premier concert,
02:38Angus qui fait un solo de 15 minutes.
02:41Et bon, en plus, évidemment, il a un look différent, il ressemble un peu à Giscard d'Estaing, d'ailleurs.
02:44C'est très marrant.
02:46Moi, la dernière fois que je l'ai lu, j'avais que ça en tête.
02:47Je me disais, ça me rendrait un deuil en pensant, bonsoir.
02:50Mais il a cette espèce de truc qui fait qu'on ne se dit pas, c'est pathétique, il est vieux.
02:57On se dit encore.
02:57D'ailleurs, l'année dernière, tout le monde se disait, c'est la dernière tournée.
03:00Ce soir, tout le monde se dit, c'est peut-être la dernière fois qu'on les voit.
03:03C'est peut-être vrai, mais on ne sait jamais.
03:05On peut élargir un peu parce qu'on parle des groupes de rock,
03:07mais on peut citer Paul McCartney, Elton John qui donnait des concerts il y a quelques mois encore.
03:13Il y a des équivalents d'ailleurs en France.
03:14– Ah oui, Alain Souchon, moi je l'ai vu il y a quelques semaines.
03:17Il a 80 ans, il fait 2h20 de concerts avec ses deux enfants.
03:20Il s'amuse, il fait des phrases de débiles, il fait semblant de danser, il chante toutes ses chansons.
03:25– Hugo Fray aussi ?
03:26– Ah non, Hugo Fray, alors c'est autre chose.
03:27Lui, on est à 95 là quand même.
03:29D'ailleurs, je connais son producteur qui est aussi mien et qui me dit,
03:32il a un projet pour ses 100 ans.
03:34Comme quoi, non seulement ça concerne, mais en plus, on fait toujours des plans sur la comète.
03:39– Mais qui va voir ces concerts ?
03:40Est-ce que ce sont des boomers comme on dit
03:42ou est-ce qu'il y a des jeunes qui vont voir ces concerts ?
03:44– Il y a ceux qui les ont connus à l'époque,
03:45mais moi c'est quelque chose que j'ai vu aussi bien à Souchon que Sardou ou d'autres,
03:49ou même Iggy Pop, il y a des jeunes aussi,
03:51parce qu'il y a ceux qui viennent avec leurs parents,
03:53qui leur disent, tu vas voir, c'était autre chose à mon époque,
03:56le classique, c'était mieux avant,
03:57mais il y a aussi plein de gens qui ne vont le voir pas au second degré,
04:00parce qu'à un moment, quand il y a une énergie ou un répertoire,
04:03c'est quelque chose qui…
04:04Sardou, c'était il y a un peu moins d'un an,
04:06je pensais justement que ça allait être vraiment une assemblée de papys,
04:09et je vois plein de jeunes, de couples et tout,
04:11et quand il attaque sur les lacs du Connemara,
04:14tout le monde est à fond de la caisse,
04:15que ça soit à CDC, Sardou, Iggy Pop,
04:17les Sparks, qui sont un groupe de pop qui ont presque 80 ans,
04:20à un moment, il se passe quelque chose sur scène et c'est magnifique.
04:23– Mais c'est marrant parce que ça peut aussi nous interroger
04:25sur l'industrie musicale d'avant et de maintenant,
04:28est-ce que ce qui dure finalement,
04:30c'est ce qu'on a connu dans les années 70, 80, 90,
04:34et aujourd'hui ça marche un peu moins ou pas ?
04:36– En fait, le temps écrème beaucoup les choses,
04:38parce que c'est vrai que si on regarde la musique des années 70,
04:40il n'y avait pas qu'à CDC,
04:41il y avait plein de groupes qui ont disparu,
04:42certains sont morts, d'autres ont arrêté,
04:44il y a ceux qui continuent,
04:45on parlait des Stones aussi,
04:46qui eux sont carrément arrière-grand-père et continuent,
04:49alors il y a plein de motivations,
04:51il y en a qui font semblant de dire que c'est pour l'argent,
04:54ce n'est pas accessoire,
04:55mais à un moment, si avec ça, ça ne suffirait pas,
04:57parce que si on prend les Stones,
04:59je pense qu'ils ont de quoi en vivre encore
05:00quelques dizaines d'existences terrestres
05:03sans avoir de problème de dessous,
05:05mais à un moment, encore une fois,
05:06cette adrénaline, cet amour du public,
05:08cette envie de transmettre ce qu'on sait faire
05:10et ce qu'on aime faire,
05:11c'est ça qui est le plus important.
05:11– Mais multigénérationnel côté public,
05:14ça dit aussi quelque chose,
05:15est-ce que vous pensez que par exemple,
05:16il y a des groupes ou des chanteurs
05:17qu'on a connus là,
05:19qui ont émergé ces dernières années,
05:21qui vont pouvoir durer,
05:22comme les Stones,
05:23comme à CDC,
05:24qu'on verra encore dans 30 ans ?
05:25– Il y en aura,
05:26mais aujourd'hui,
05:26il y a une telle offre pléthorique,
05:28le succès arrive plus rapidement,
05:30mais la descente arrive aussi plus rapidement.
05:32Dans le rap français,
05:33on a des gens qui, en moins d'un an,
05:36sont passés de l'anonymat à l'accord arena.
05:38Moi, c'est le rappeur Medin qui me disait
05:40l'accord arena, c'est notre MJC maintenant,
05:41parce qu'on commence avec des salles aussi grosses.
05:43Après, la durée, c'est ça.
05:45L'important, ce n'est pas la performance,
05:46c'est la durée,
05:47disait un autre rappeur qui s'appelle Lino.
05:48Et c'est vrai qu'il y en aura,
05:50mais lesquels,
05:52c'est toujours très difficile à lire.
05:52Mais on peut dire qu'un artiste comme Booba,
05:54par exemple, qui a presque 50 ans,
05:55ce qui est en âge rap et canonique,
05:57va faire quand même deux ou trois défenses arena à la rentrée.
05:59Olivier, il y a beaucoup d'enthousiasme dans votre discours,
06:03mais il y a des déceptions aussi, parfois.
06:04Moi, j'ai eu deux grandes déceptions.
06:06Renaud et les insus.
06:09Téléphone, qui s'étaient reformés,
06:11parce que j'avais les images de téléphones,
06:13groupes de rock, avec une énergie incroyable.
06:15Et quand je les ai vus au francophonie à La Rochelle,
06:18j'ai trouvé qu'ils faisaient le rage.
06:20Oui, ça arrive.
06:22Après, c'est sûr que Louis Bertinac a les cheveux blancs,
06:25mais il s'est encore manipulé à six cordes.
06:27Pour ce qui est de Renaud, moi, je suis partagé,
06:29parce que je l'ai vu aussi.
06:31Évidemment, c'est particulier, parce qu'il n'a plus de voix.
06:33En même temps, on n'a jamais été voir Renaud
06:34parce qu'il avait une grande voix.
06:35Ce n'est pas Céline Dion, c'est les textes, surtout.
06:37Mais il y a un côté, le public l'aime.
06:39Il est là, il chante avec ces huit jeunes femmes
06:42qui jouent du violon.
06:44Il y a quelque chose qui se passe.
06:45Ce n'est pas pathétique.
06:46C'est vrai que je ne vais pas vous dire que c'est du Pavarotti,
06:48mais il y a quelque chose.
06:49C'est le public qui compense aussi,
06:51parce que quand il ne sait pas chanter le refrain,
06:52il tend le micro et là, il y a 2000 choristes
06:54qui sont tous à bloc sur Mistral Gagnon et le reste.
06:56Une indulgence du public.
06:57Bien sûr, évidemment, heureusement,
06:59parce que sinon, si on se prenait des tomates
07:01quand on monte sur scène à 80 jours,
07:03ça ne vaudrait pas du coup.
07:04Ça serait dommage, effectivement,
07:05et ça apporte de la beauté, finalement, à ces concerts.
07:07Merci infiniment, Olivier Cachin,
07:08d'avoir été avec nous en Télématins.
07:09Merci.
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