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  • il y a 8 heures
Clara Ysé, autrice et interprète, publie le recueil de poèmes "Des lances entre les phalanges" (Seghers, 9 octobre)

Retrouvez « Le Grand portrait par Sonia Devillers » avec Sonia Devillers sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-9h10

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Transcription
00:00France Inter, la grande matinale, Daphné Burkier, Simon Le Baron.
00:05Avec une question Daphné assez vertigineuse ce matin, peut-on encore croire à la paix ?
00:11Question alors que s'ouvre demain la 8ème édition du Forum de Paris sur la paix.
00:16Chef d'Etat, ONG, diplomate, expert, chef d'entreprise, syndicat, journaliste, 3000 participants en tout
00:21qui vont tenter d'apporter leur modeste contribution face à la brutalisation du monde.
00:27Modeste c'est vous qui le dites, Justin Weiss, bonjour.
00:29Bonjour, oui, on n'a pas la prétention de faire la paix, encore moins la paix universelle, mais on essaye.
00:34Voilà, vous êtes historien, fondateur et directeur général de ce Forum de Paris sur la paix.
00:39Avec nous également Isabelle Lasserre, bonjour.
00:41Bonjour.
00:42Vous êtes correspondante diplomatique au journal Le Figaro, auteur d'un livre intitulé
00:45« Les fantômes de Munich » qui résonne particulièrement avec la question que l'on se pose ce matin.
00:51Il vient de paraître aux éditions de l'Observatoire.
00:54Que signifie la paix donc dans un monde marqué par le retour de la force ?
00:58Voilà la question qu'on se pose.
01:00Depuis 2018 et la première édition de ce Forum, Justin Weiss, la signification du mot « paix » a-t-elle changé ?
01:06Est-ce que vous l'avez vu changer ?
01:07Oui, en 2018, on expliquait encore que la paix, c'était évidemment plus que l'absence de guerre.
01:13C'était le fait de construire une gouvernance mondiale plus efficace pour éviter les facteurs de paix, les facteurs structurels de paix.
01:20Le réchauffement climatique crée des réfugiés climatiques et des tensions entre populations qui amènent la guerre, par exemple.
01:26La cyberinsécurité amène aussi des tensions qui amènent la guerre.
01:30Et donc, on a commencé au Forum à travailler sur tous ces sujets, on dirait, de gouvernance globale qui pouvaient conduire à la paix.
01:37Et puis, à la guerre.
01:38Puis, peu à peu, au fil des années, le monde s'est en effet brutalisé.
01:42On est à peu près à 61 conflits en mi-2025, dont une dizaine de guerres.
01:48C'est le double des années 2010-2015.
01:51Donc, de plus en plus, cet agenda plus direct, disons, de géopolitique s'est imposé et s'est adapté.
01:57Et on a essayé de voir comment on pouvait avoir un impact sur cette situation.
02:01D'ailleurs, on parle de moins en moins de paix.
02:02J'ai l'impression, Isabelle Lasserre, on parle de trêve, de cesser le feu,
02:07qui pourrait éventuellement conduire à un accord pouvant mener à des négociations et à un éventuel accord
02:13qui mènerait à un hypothétique plan de paix.
02:18Voilà ce dont on entend parler, par exemple, sur Gaza ou sur l'Ukraine.
02:21La paix est redevenue une chimère ?
02:24C'est-à-dire qu'en fait, en Europe, on a cru que la paix était éternelle et elle serait éternelle sur le continent.
02:29Et on a cru qu'on avait éloigné pour toujours la guerre et que les conflits entre les États,
02:36désormais, ne se régleraient plus que par la diplomatie, la négociation.
02:39Et on n'a pas vu que, en fait, derrière les frontières européennes,
02:44il y avait tout un tas de pays qui ne pensaient pas de la même manière
02:47et qui s'appuyaient toujours sur la force et qui se réarmaient
02:49et qui, aujourd'hui, utilisent les armes qu'ils ont accumulées depuis très très longtemps.
02:54Donc, aujourd'hui, on a compris que cette paix était une illusion
02:59ou, en tout cas, on a compris que pour pouvoir garder cette paix
03:04et pour pouvoir la défendre, il fallait pouvoir affronter l'idée de guerre
03:08et donc préparer la guerre et donc se réarmer.
03:12Et c'est là qu'on est dans un moment extrêmement difficile parce qu'on s'est désarmé.
03:17Donc, on n'a plus la dissuasion nécessaire pour défendre la paix.
03:20Et avec la paix, c'est toutes nos valeurs de la démocratie parce que c'est la paix et la démocratie.
03:25Et on est dans cette période de faiblesse relative.
03:29Sur le cas ukrainien en particulier, vous avez raison, on parle de cesser le feu.
03:34Pourquoi ? Parce qu'il y a un des deux acteurs, Vladimir Poutine, qui ne veut pas la paix.
03:39Pourquoi ? Parce qu'en fait, il a plusieurs objectifs.
03:42Qu'il se sent en position de force, notamment parce qu'il n'a pas perdu sur le terrain.
03:48Je ne dis pas qu'il gagne sur le terrain, mais qu'il n'a pas encore perdu sur le terrain.
03:51Mais aussi parce qu'il est épaulé par tout un tas d'acteurs qui, eux aussi, s'appuient uniquement sur le rapport de force
03:58qui sont la Chine, l'Iran, la Corée du Nord et qu'en fait, avec ce groupe, ils pensent pouvoir non seulement récupérer l'Ukraine,
04:11mais aussi, parce qu'il y a plusieurs objectifs dans le plan de Vladimir Poutine,
04:15changer l'ordre international et remplacer l'ordre international occidental.
04:18En affaiblissant l'Europe, en affaiblissant l'OTAN.
04:20Voilà, et instaurer un modèle différent.
04:22Voilà, autocratique.
04:24Justement, est-ce qu'aujourd'hui, promouvoir la paix, c'est promouvoir la loi du plus fort et ce modèle autocratique ?
04:31D'une certaine manière, on va en parler, mais pour revenir sur les raisons de cette brutalisation du monde,
04:37Justin Weiss, est-ce que tout est de la faute des États-Unis qui ne jouent plus le rôle,
04:41qui ne veulent plus jouer le rôle de gendarme du monde ou c'est une explication simpliste ?
04:45Non, non, c'est une explication qui est en partie de la validité,
04:48tout simplement parce que les États-Unis n'ont pas la marge de supériorité en termes de puissance
04:52qu'ils avaient acquise après 1945 et qu'ils ont conservée après la guerre froide.
04:56C'est-à-dire, oui, si on se plaignait du gendarme du monde ou du shérif,
04:59c'est parce que les États-Unis soutenaient l'ordre international en partie légal,
05:06c'est-à-dire celui de l'ONU, de la Charte des Nations Unies, etc.,
05:08qu'ils étaient derrière cet ordre et qu'ils étaient prêts à l'appuyer avec leurs 11 groupes de porte-avions,
05:13avec leurs bases militaires partout dans le monde.
05:15Et donc, derrière l'ordre qui nous apparaissait régi essentiellement par le droit, par l'ONU, etc.,
05:21il y avait tout de même la force des États-Unis.
05:23La montée en puissance de la Chine et d'autres pays, rendus possibles, d'ailleurs, par ce monde américain,
05:28c'est-à-dire par la globalisation, par la croissance, par les exportations dans un monde ouvert, etc.,
05:33a changé cette situation.
05:35La puissance n'est plus répartie de la même manière dans le système.
05:37On dit que le système est plus, disons, pluraliste qu'auparavant.
05:44Et, en effet, les pays se croient autorisés à envahir leurs voisins.
05:50C'est le multilatéralisme de la guerre.
05:53C'est la multipolarité, on pourrait dire, dans le jargon.
05:57Mais c'est surtout l'idée que les États-Unis, qui avaient inspiré, soutenu et financé, largement,
06:03tout le système de normes, d'institutions, de règles, qui nous a servi de cadre à nous,
06:09y compris Européens, comme le disait Isabelle, pour s'épanouir,
06:12non seulement ils délaissent ce système,
06:15mais ils estiment maintenant que ce système marche contre eux,
06:17et donc, souvent, ils l'attaquent.
06:20Et, en effet, c'est ça qui, un peu partout dans le monde,
06:22fait que les autres pays se croient autorisés à attaquer d'autres pays,
06:28à avoir des attitudes brutales.
06:29C'est un peu l'exemple qui est donné du haut.
06:31Justement, puisqu'on parle des États-Unis et de Donald Trump,
06:35j'en reviens à la question que l'on se posait, Isabelle Lasserre.
06:38Donald Trump qui promettait de faire la paix en 24 heures,
06:42d'arrêter la guerre en 24 heures entre la Russie et l'Ukraine.
06:45Est-ce qu'arrêter la guerre, c'est faire la paix ?
06:48C'est-à-dire, est-ce qu'accepter des concessions territoriales,
06:53c'est accepter la loi du plus fort et repousser la guerre à plus tard ?
06:58Oui, mais c'est toute la difficulté, c'est la raison de l'échec de Donald Trump.
07:04Bon, 24 heures, de toute façon, il ne connaissait pas Vladimir Poutine,
07:07il ne s'est pas renseigné, visiblement, il n'avait pas l'expérience,
07:10il ne s'est pas intéressé à l'expérience de tous ceux qui avaient avant lui,
07:15et notamment Barack Obama, essayé de faire des resets,
07:18c'est-à-dire des redémarrages des relations avec la Russie,
07:21pour voir que ça ne marchait pas avec Vladimir Poutine.
07:25Au-delà de ça, effectivement, il n'est pas du tout exclu
07:30que dans les semaines ou dans les mois qui viennent,
07:33on ait un cessez-le-feu en Ukraine.
07:35Mais qu'est-ce que ça veut dire un cessez-le-feu en Ukraine ?
07:38On a déjà eu un cessez-le-feu, en fait, après 2014,
07:41accompagné de négociations qui s'appelaient les négociations des accords de Minsk,
07:46qui ont duré pendant des années et des années,
07:48et qui n'ont mené nulle part,
07:50parce que Vladimir Poutine utilisait, en fait, ce cessez-le-feu
07:53pour poursuivre sa guerre à plus basse intensité,
07:57c'est-à-dire réchauffer le conflit quand il en avait besoin,
07:59s'assurer que le pays était tout à fait faible,
08:03donc ne pouvait pas rejoindre le côté occidental,
08:07parce qu'il ne pouvait pas se rapprocher de l'Union Européenne et de l'OTAN,
08:09parce qu'une partie de son territoire était occupée.
08:12Et c'est sans doute aussi l'objectif de Vladimir Poutine.
08:15S'il est contraint à cesser le feu par Donald Trump,
08:19ce qu'on ne peut pas exclure un jour,
08:20ça ne voudra pas dire que la paix sera arrivée,
08:25ça voudra juste dire que la guerre reprendra dans un an ou dans deux ans.
08:29On en revient à ce qu'on disait avec cette notion de paix qui évolue.
08:31C'est extrêmement compliqué, cessez-le-feu, ce n'est pas la paix.
08:33Oui, c'est ça.
08:34Et c'est pareil à Gaza, cessez-le-feu, ce n'est pas la paix.
08:37Et on voit que Donald Trump a obtenu un succès spectaculaire,
08:42et on peut se féliciter, il est le seul à avoir réussi à libérer les otages,
08:47mais là on voit que la deuxième phase, elle patine.
08:51Et on voit que le Hamas est en train de reprendre le pouvoir dans une partie de Gaza,
08:55et que la question du désarmement du Hamas n'est absolument pas réglée.
09:00Or c'est le B à bas pour instaurer une paix dans la région.
09:04Et encore plus loin, c'est la solution politique qui paraît inenvisageable aujourd'hui,
09:10même si la France et d'autres ont reconnu l'état de Palestine.
09:13Et justement, quand on voit ces conflits où la paix paraît aujourd'hui quasi inatteignable,
09:18Justin Weiss en tout cas très très lointaine,
09:21ça vous oblige, j'imagine, à revoir votre grille de lecture.
09:25Oui, alors plusieurs choses là-dessus.
09:27D'abord, sur le conflit israélo-palestinien,
09:29sur lequel on aura quatre sessions pendant le Forum de Paris sur la paix,
09:32à partir de demain matin, à la fois avec l'ancien Premier ministre israélien,
09:35Ehud Olmert et Nasser Al-Kidwa, qui est l'ancien ministre des Affaires étrangères
09:39et qui est maintenant membre du FATA,
09:40avec le ministre Jean-Noël Barraud qui a conduit cette diplomatie depuis six mois,
09:44qui a abouti à des résultats, la diplomatie franco-saoudienne.
09:48Donc un petit mot là-dessus.
09:49Bon d'abord, si Trump a été celui qui a réussi à faire le cessez-le-feu à Gaza,
09:53c'est que c'était le seul qui pouvait réussir à faire le cessez-le-feu à Gaza.
09:56C'est-à-dire qu'il faut toujours juger un succès politique
09:58par rapport aux contraintes qu'on a, aux cartes qu'on a en main.
10:01Et ça, c'est une expression de Trump lui-même.
10:02You have no cards, avait-il dit à Zelensky.
10:04Bon ben lui, à l'inverse, il avait beaucoup beaucoup de cartes en main.
10:07D'une part, c'est le seul à pouvoir influencer Israël,
10:10ce que Biden s'est retenu de faire très largement pendant quatre ans.
10:14Deuxièmement, le Hamas était quand même affaibli,
10:16même s'il n'avait pas disparu.
10:17Il n'y avait plus que 20 otages en vie.
10:19Autrement dit, c'était un moment où il était possible de faire ça.
10:24Alors ça ne retire pas au succès, notamment de Jared Kushner et Steve Witkoff,
10:28donc les négociateurs américains.
10:30Mais enfin, tout de même, il faut bien reconnaître que ça n'était pas si difficile que ça.
10:33Ça, c'est la première chose.
10:34La deuxième chose, c'est qu'en effet, ce qu'on veut faire, c'est aller au-delà de ce cessez-le-feu.
10:38Et si Trump veut un prix Nobel en 2026, puisqu'il a raté celui de cette année,
10:45c'est bien pour la solution politique de long terme,
10:47et non pas simplement pour le cessez-le-feu.
10:49Et là, ça réclame beaucoup plus d'attention,
10:51beaucoup plus de constance,
10:52et beaucoup plus de pression sur les deux partis
10:54qu'apparemment il n'est disposé à en fournir.
10:56Pour terminer, Isabelle Lasserre, il nous reste une minute,
10:59vous parlez de l'esprit municois dans votre livre,
11:021938, la France et l'Angleterre cèdent une partie de la Tchéquie à Hitler
11:06en espérant éviter la guerre, pardon,
11:10on sait ce qu'il est advenu ensuite.
11:12Vous dites aujourd'hui, il faut accepter de revenir au rapport de force.
11:16C'est ça aujourd'hui, c'est la paix par la force.
11:18C'est-à-dire qu'il ne faut surtout pas se laisser à nouveau tenter
11:23par la politique de l'apaisement,
11:25et croire que, comme à l'époque, en 1938,
11:27on avait donné un bout de la Tchéchécoslovaquie,
11:30les Sudètes à Hitler, pensant l'arrêter
11:33et le rassasier en quelque sorte,
11:38il ne faut pas croire qu'en donnant un bout de l'Ukraine
11:43à Vladimir Poutine, c'est-à-dire les territoires occupés,
11:45on va couper court aux velléités d'extension de Vladimir Poutine.
11:49C'est-à-dire qu'en gros, ça n'arrêtera pas son élan et son appétit.
11:53Au contraire, il verra ça comme une preuve de faiblesse
11:57et ça l'encouragera sans doute à aller ailleurs,
11:59en Moldavie, en Georgie, en Pologne,
12:03voire à pousser encore son avantage
12:05pour imposer son influence en Europe,
12:08y compris en Europe occidentale.
12:10D'où la nécessité de se réarmer, dont vous parliez tout à l'heure.
12:13Merci à tous les deux, Isabelle Lasserre.
12:14On vous lit dans le Figaro et dans les pages de ce livre
12:18« Les fantômes de Munich, l'Europe face aux défis du monde contemporain »
12:21aux éditions de l'Observatoire.
12:23Justin Vahis, je vous souhaite un bon forum de Paris sur la paix,
12:28forum dont vous êtes le fondateur et le directeur général.
12:32Merci à tous les deux.
12:33Merci à vous.
12:33Daphné Burki, la suite de la grande matinale avec vous.
15:58Elle a une voix dont on ne sait pas si elle vient du ciel ou d'une caverne.
16:01Elle est chanteuse, poète, romancière.
16:03Elle avance libre entre la scène et la page.
16:05On l'a découverte avec Océano Nox, un premier album au succès retentissant
16:09qui a révélé une artiste hors format.
16:12Et si aujourd'hui, elle est dans notre studio,
16:14c'est parce que j'avais envie de vous présenter son nouveau projet.
16:17Des lances entre les phalanges publiées chez Seugers,
16:19la maison d'édition mythique qui a vu d'autres chanteurs poètes comme Ferré ou Brel.
16:23Et oui, de la poésie dans ce bordel de vie.
16:26On dit que Clara, justement, elle a une voix qui guérit et une langue qui console.
16:30Elle croit, et moi aussi, que les mots peuvent encore sauver quelque chose du monde.
16:34Alors Clara Isé, portrait numéro 35.
16:40Hier, c'était votre anniversaire, donc joyeux lendemain d'anniversaire, Clara.
16:44Merci beaucoup.
16:45Bienvenue sur France Inter.
16:46Tout est son et musique chez vous.
16:48Alors pour nous emmener, et vous aussi qui nous écoutez ce matin,
16:51on vous emmène dans ce monde de poésie avec quelques notes pour nous accompagner.
16:54Votre nouveau recueil, donc, il s'appelle « Des lances entre les phalanges »,
16:58il est paru chez Seugers.
17:00Et je vous lis un extrait.
17:01Il s'ouvre sur une prière.
17:03On inventera une langue sauvage, une langue exilée,
17:06une langue protégée, brûlée et raflée,
17:08une langue désintégrée,
17:10mais pour nous, une langue sauvée,
17:12une langue contre la guerre,
17:13une langue sans patrie,
17:14une langue qui jamais ne trahit,
17:15et que vive la poésie,
17:17et que vive la poésie,
17:18et que vive la poésie.
17:19C'est un texte incroyable,
17:21qui est traversé par la tension entre la guerre et la paix,
17:23entre le deuil et le vivant,
17:24entre la colère et la douceur.
17:26Clara, écrire ce recueil, est-ce que c'était vital ?
17:28Et puis au fond,
17:29à quoi ça sert la poésie, pour vous, dans la vie réelle ?
17:32Oui, c'était vital pour moi.
17:34En tout cas, le geste d'écriture est vital,
17:36et surtout m'accompagne depuis longtemps.
17:38Et la poésie,
17:41la poésie nous est vitale, je crois.
17:44J'ai déjà l'impression qu'en ce moment,
17:45en particulier en France,
17:46il y a aussi un espèce de regain pour la poésie,
17:49que je trouve très heureux.
17:51Et j'ai aussi l'impression que ça vient particulièrement,
17:54c'est une langue qui vient nous sauver la poésie,
17:57à un moment où d'un coup,
17:58on n'a plus confiance dans les mots qui nous entourent aussi.
18:03Et je pense qu'à la fois,
18:05politiquement,
18:07à la fois,
18:08quand on est en présence,
18:11de plus en plus de langues qui nous trahissent,
18:12je pense que la poésie
18:14peut en partie
18:17nous accueillir
18:18et du coup, peut-être nous sauver un peu.
18:20Vous avez souvent dit que vous écriviez partout,
18:22tout le temps, dans les cafés, chez vous,
18:23sur votre téléphone, peut-être même en chemin d'ailleurs,
18:25pour venir à France Inter,
18:27comme si la poésie, ce n'était pas un loisir,
18:28mais c'est une façon d'habiter le monde.
18:30Quand est-ce que vous avez écrit votre dernier poème ?
18:33Hier.
18:34Hier ?
18:34Oui, hier dans l'avion.
18:36Pendant une fête d'anniversaire ?
18:37Non, pas dans une fête d'anniversaire,
18:39je revenais d'un voyage et j'ai écrit.
18:41Celui-ci, par exemple,
18:42à quel moment il a surgi ?
18:44Vous écrivez
18:44« Je t'aime »,
18:45ça m'est tombé dessus comme un soleil.
18:48Celui-là,
18:49celui-là, je sais exactement quand,
18:51mais c'est compliqué de le dire.
18:53Mais oui, je pense que la poésie
18:56m'habite de façon quotidienne depuis...
18:58Enfin, l'écriture en tout cas,
18:59et c'est vrai que j'aime bien défendre aussi cette idée
19:01que le geste d'écrire,
19:03il dépend pas en tout cas chez moi
19:06de pouvoir être enfermé à un bureau
19:08et de solitude et de silence.
19:10J'aime qu'il soit mélangé avec la vie quotidienne,
19:12avec le bruit,
19:13avec une certaine forme de vitalité,
19:16peut-être de fureur aussi.
19:17Vous avez une prescription poétique du jour ?
19:19Quand est-ce qu'on lit le mieux la poésie
19:21pour les auditeurs qui ont la gentillesse
19:22de nous écouter aujourd'hui ?
19:23Je pense un peu tout le temps.
19:24Ce que j'adore dans un livre de poésie,
19:26c'est qu'on peut l'ouvrir quand on veut,
19:28que c'est des espèces de petits talismans
19:29parfois qui sont courts
19:30et qu'on peut aussi se l'approprier
19:32puis refermer le livre
19:33et le rouvrir un an après.
19:34Moi, il y a une poétesse que j'adore
19:36qui s'appelle Laura Vasquez
19:37qui vient de sortir Les Forces,
19:38qui est un roman pour le coup,
19:40mais qui est complètement lézardée de poésie.
19:45Et Joumana Mostafa aussi,
19:46qui est une grande poétesse contemporaine palestinienne.
19:51Vous écoutiez beaucoup,
19:52enfant Léo Ferré,
19:53lui aussi poète-chanteur
19:55qui a aussi écrit des recueils de poésie
19:57mis en musique des poèmes
19:58chez Seguers,
19:59l'éditeur de votre recueil,
20:00maison d'édition dans laquelle
20:01ont aussi été éditées Aragon et Luard.
20:04On l'écoute ?
20:05Oui !
20:05La poésie ne se vend pas,
20:07elle n'est jamais vendue,
20:08elle ne se vendra jamais,
20:08elle ne se lit pas.
20:10Elle n'est lue que par quelques maniaques
20:11ou par des universitaires
20:13qui, la plupart du temps,
20:14la lisent mal.
20:15On ne savent pas la lire.
20:17Et par le truchement de la musique,
20:20c'est facile à comprendre,
20:20on apporte dans l'oreille des gens
20:23ce qui habituellement
20:26ne devrait pas y être admis,
20:28n'est-ce pas ?
20:28C'est un truc.
20:29C'est ce qu'on appelle de l'art.
20:32Et l'art, c'est un trucage noble.
20:35Est-ce que vous diriez aussi
20:49que la musique, c'est un trucage ?
20:51Un peu comme une manière
20:52de faire manger des légumes aux enfants,
20:54qu'on peut faire écouter de la poésie
20:55aux adultes en les mettant en musique ?
20:57Bien sûr, je pense que la musique,
21:01le format de la chanson,
21:02en effet, permet de propager
21:05un peu différemment la poésie.
21:07Et je pense que la grande différence
21:08entre le geste d'écrire une chanson
21:10et le geste d'écrire de la poésie,
21:12c'est quand même que...
21:13Je crois que quand une chanson intéressante
21:16est écrite, à mon sens,
21:17c'est quand d'un coup,
21:18il y a de l'espace qui est laissé
21:20dans la musique pour la parole
21:21et de l'espace qui est laissé
21:21dans la parole pour la musique
21:22et il y a cette espèce d'alchimie
21:24qui se crée, qui fait chanson.
21:25Et dans la poésie,
21:27il y a quand même cette chose
21:28assez dingue
21:29qui est que ça vient creuser le silence.
21:31Je pense que c'est toujours
21:32un dialogue avec le silence.
21:34Mais du coup, la façon
21:34qu'a Léo Ferret,
21:35qu'ont eu aussi plein de brelles,
21:38etc., de mettre les poèmes en musique,
21:41c'est une façon de rendre hommage
21:44à la poésie et de se l'approprier aussi.
21:46Depuis l'enfance,
21:47vous vouliez être chanteuse.
21:48C'est votre grand-mère
21:48qui vous a déniché
21:49l'un des meilleurs professeurs
21:50de chant lyrique,
21:51Iva Barthélémy.
21:52Vous commencez les cours avec elle
21:54à 8 ans
21:54et elle vous verra grandir musicalement
21:56jusqu'à vos 20 ans.
21:57On l'écoute.
21:57La voix, c'est une reine.
22:00Elle n'accepte de passer
22:02que dans des beaux endroits
22:03et où les choses sont belles.
22:06Et votre bouche doit être accueillante
22:09et vos lèvres doivent être belles
22:11dans l'articulation.
22:13Et votre ouverture de A
22:15se fait avec de la douleur.
22:18Il faut donc que vous appreniez
22:20à ouvrir votre bouche
22:22avec une élégance fabuleuse
22:24et que vous vous sentiez belle
22:26parce que c'est de cette joie profonde
22:30d'un être que va naître
22:31la grande voix.
22:34Alors, on y retourne ?
22:36Ah ouais !
22:36Quel conseil vous gardez
22:38et que vous pourriez confier aux auditeurs
22:41quant à la voix ?
22:42Un conseil que m'avait dit Iva
22:44quand j'étais jeune
22:44parce que là, elle parle de la beauté
22:46mais ce qui est très fort chez Iva
22:48c'est qu'il y avait cette idée
22:49d'amener la beauté
22:51à partir de l'endroit
22:52de la déchirure.
22:54Et elle m'avait dit un truc
22:55quand j'étais enfant
22:56qui était trop beau
22:57où elle m'avait dit
22:57Clara, n'oublie jamais
23:00chanter, c'est rendre audible un cri.
23:04Alors, vous, vous avez choisi
23:06de ne pas faire une carrière
23:07de chanteuse lyrique
23:07pour ne pas vous cantonner
23:09justement à un rôle d'interprète.
23:11Vous avez plein de références musicales
23:13très éclectiques autour de vous
23:14mais il y a tout de même
23:15une voix qui vous a bercée
23:17c'est la voix de la Calas
23:18qui pourrait nous accompagner
23:19et je vous tends
23:20un de vos poèmes
23:21pour lire
23:22ce que vous avez créé.
23:28De temps en temps
23:28j'arriverai
23:29au milieu des étoiles
23:31à l'heure où les planctons
23:33changent l'eau en ciel
23:34et que le ciel se charge
23:36pour ressembler à la mer
23:37On allumerait un feu
23:39on écouterait la musique
23:41de la tour de la lanterne
23:42le silence
23:43ou le bruit des oiseaux
23:44on se raconterait des histoires
23:47et je repartirai
23:48quand le ciel se rallume
23:49et que les coquillages réapparaissent
23:51Vous avez reçu une éducation
23:59très libre
24:00on va changer d'ambiance
24:01votre mère
24:02elle voyageait beaucoup
24:03et elle vous a communiqué
24:05ce goût de la liberté
24:05à 18 ans
24:06vous partez seule
24:08avec votre guitare
24:09en Colombie
24:09pour suivre des musiciens
24:11en tournée
24:11et vous découvrez
24:13des musiques du monde
24:14comme le rébetico
24:15rébetico grec
24:17évidemment
24:17qu'on entend
24:18mais aussi le duduc arménien
24:20on dirait d'ailleurs
24:21le début d'un roman initiatique
24:22il y a d'ailleurs
24:24le mélange des langues
24:26dans ce recueil
24:27il y a de l'anglais
24:28il y a la présence
24:29de l'espagnol aussi
24:30en parlant d'adolescence
24:32et là je vous le tends
24:33encore une fois
24:34en parlant d'adolescence
24:35il y a des pages rouges
24:37dans ce recueil
24:38et ce sont les poèmes
24:38que vous avez écrits
24:39donc à l'adolescence
24:40dans cette période
24:41j'en ai choisi deux
24:42vous m'en lisez un très court
24:43jette des feux dans le ciel
24:45lèche les mots
24:47comme des pierres
24:48chante pour les charognes
24:52et puis il y a celui-ci
24:53qui m'a fait une petite flèche
24:54dans le coeur
24:55la lumière toujours s'obstine
24:57c'est ce que vous avez voulu
24:58diffuser avec ce recueil ?
25:00ouais je crois
25:01après je crois
25:02que ce qui est beau
25:03dans la poésie
25:04c'est qu'on se fait dépasser
25:05par la langue
25:05et que du coup
25:06on écrit
25:07et on finit par découvrir après
25:09quelque part
25:10ce qui sort souvent
25:11je pense que les gens
25:11qui lisent les poèmes
25:12ou qui écoutent les chansons
25:13les comprennent mieux
25:14que ceux qui les composent
25:15et qui les écrivent
25:16alors on continue
25:18l'histoire de Clara Aizé
25:19puisque vous revenez
25:20de vos voyages
25:20et puis vous commencez
25:21à écrire des chansons
25:22un premier EP
25:23paraît-il avec 5000 euros
25:24en poche
25:24cinq jours enfermés
25:25avec des amis musiciens
25:26dans une cave
25:27un mixeur
25:28et puis comme
25:28vous ne pouvez pas les payer
25:30alors vous partagez avec eux
25:31vos droits
25:31ça s'aime
25:31vous ne connaissez personne
25:33vous jouez dans les cafés
25:34dans la rue
25:34vous êtes payé au chapeau
25:35une vraie période bohème
25:37et puis depuis la trajectoire
25:38elle a été dingue
25:39elle a été fulgurante
25:40des millions d'écoutes
25:41aujourd'hui vous préparez
25:43apparemment
25:44un deuxième album
25:45est-ce que vous essayez
25:46de retrouver cet esprit
25:47justement de liberté
25:48du départ
25:48ou avec le recul
25:49cette bohème
25:50c'était quand même
25:50un peu le chaos
25:51ah non je cherche le chaos
25:53toujours
25:54enfin dans le sens
25:55il y a Nietzsche
25:57qui dit cette phrase
25:57incroyable
25:58qui dit
25:58il faut encore avoir
25:59quelques chaos en soi
26:00pour générer une étoile
26:01qui danse
26:02j'adore cette phrase
26:03et non c'est des années
26:05en fait j'ai beaucoup
26:06aussi organisé à Paris
26:08ce que j'appelais
26:08des soirées musiques
26:09depuis qu'on est adolescent
26:10avec des amis et proches
26:11et où en fait
26:12on invitait des musiciens
26:13et ça a vraiment brassé
26:14plein de musiciens
26:16qui venaient d'univers
26:16très différents
26:17et c'est quelque chose
26:17que je continue à faire
26:18et qui me nourrit
26:19je pense que ça fait
26:20même partie
26:20peut-être des plus
26:21grosses sources
26:22d'inspiration
26:23dans ce que je fais
26:23donc il y a un deuxième album
26:25oui en préparation
26:27bien sûr
26:27quand même
26:28il faut annoncer des choses
26:29un peu Clara
26:30vous venez tout juste
26:32de terminer une immense
26:33tournée avec
26:34Océano Knox
26:35et donc ce premier album
26:36ce succès éclatant
26:37et puis il y a eu cette chanson
26:39douce
26:39je ne sais pas quel rapport
26:40vous avez avec cette chanson
26:41mais
26:42qu'est-ce qu'elle représente
26:44pour vous ?
26:45c'est une chanson particulière
26:46parce que tout à l'heure
26:47je disais que je pense
26:48que les objets
26:49les plus intéressants
26:50souvent c'est ceux
26:51qui nous dépassent
26:52et moi c'est une chanson
26:54que j'ai composée
26:54en partant vraiment
26:55d'un sentiment
26:57assez intime
26:58de la dissociation
27:00qu'il peut y avoir
27:01parfois
27:01entre
27:01l'identité sociale
27:05qu'on met en place
27:06pour pouvoir exister
27:07et notamment
27:07quand on est une femme
27:08mais pas que
27:09et ce qui nous habite
27:11intérieurement
27:12et aussi les monstres
27:12qui nous habitent
27:13et puis je pense que
27:14c'était aussi important
27:15pour moi
27:16de poser cette chose là
27:18qu'il y a pour moi
27:20un pas entre la colère
27:21et la violence
27:22et que pour que
27:23la colère
27:23ne se transforme pas
27:24en violence
27:25il faut lui trouver
27:26des endroits
27:27pour se dire
27:29pour exister
27:29pour se transformer
27:30et je pense que
27:31la musique là-dessus
27:32est une langue magique
27:34de transformation
27:36je vous propose
27:37d'attraper votre guitare
27:38parce que vous nous faites
27:38un cadeau ce matin
27:39Clara Isé
27:41elle est avec nous
27:41dans le studio
27:42de France Inter
27:43pour nous offrir
27:44justement
27:44cette chanson douce
27:46et peut-être
27:46nous offrir
27:47un tout petit espace
27:48de repos
27:49pour nous
27:50Clara Isé
27:51le studio est à vous
27:52toi qui crois que
28:02je suis douce
28:04respecte quand
28:05je te repousse
28:07car les jours
28:08où l'ennui
28:08me course
28:10moi je sens
28:11l'âme
28:11à mes trousses
28:13tu penses
28:14que je suis sage
28:16je maîtrise
28:17les mirages
28:19j'arrive à te cacher
28:20ma rage
28:22je veux t'épargner
28:23mes naufrages
28:25si tu savais
28:28la haine
28:29qui coule dans mes veines
28:30tu aurais peur
28:31tu aurais peur
28:33si tu savais
28:34la chienne
28:34que je cache à l'intérieur
28:36tu aurais peur
28:37tu aurais peur
28:39si tu savais
28:40la haine
28:40qui coule dans mes veines
28:42tu aurais peur
28:43tu aurais peur
28:45si tu savais
28:46la chienne
28:46que je cache à l'intérieur
28:48tu parles
28:50de ma résilience
28:52mais tu ignores
28:53combien je pense
28:55que la colère
28:56et l'arrogance
28:58nous soignent
28:59autant que le silence
29:00tu penses
29:02que je maîtrise
29:04ma vie
29:05je la déréalise
29:07et quand la peur
29:08me paralyse
29:10je chante
29:11et j'éloigne
29:11la crise
29:13si tu savais
29:16la haine
29:16qui coule dans mes veines
29:17tu aurais peur
29:19tu aurais peur
29:20si tu savais
29:21la chienne
29:22que je cache à l'intérieur
29:23tu aurais peur
29:25tu aurais peur
29:26si tu savais
29:27la haine
29:28qui coule dans mes veines
29:29tu aurais peur
29:31tu aurais peur
29:32si tu savais
29:33la chienne
29:34que je cache à l'intérieur
29:35tu sais
29:37la tendresse
29:38est mon quitte
29:39mais elle opère
29:41en terre à rite
29:43ceux qui m'aiment
29:44le coeur solide
29:46et l'amour
29:47des choses
29:47qu'on dit
29:49si la mesure
29:50nous fatigue
29:52à se sauver
29:53on est rapide
29:55nos chevaux
29:56on les débrite
29:58et on s'élance
29:59dans le vide
30:01quel cadeau
30:05merci beaucoup
30:06merci Claire
30:07merci d'être venu
30:08avec notre guitare
30:09dans ce studio
30:10et chanter cette chanson
30:12douze
30:12qui vous l'avez reconnue
30:13chers auditeurs
30:14elle est tirée
30:15de cet album
30:15fracassant
30:16qui s'appelle
30:18Océano Knox
30:19il y avait déjà
30:19tellement de poésie
30:20dans cet album
30:21vous l'avez écrit
30:22vous le dites
30:22avec beaucoup de pudeur
30:23dans un moment
30:24très particulier
30:25de votre vie
30:25votre mère
30:26la philosophe
30:26et psychanalyste
30:27Anne Dufour-Mantel
30:28venait de disparaître
30:29dans des circonstances tragiques
30:30et vous aviez alors
30:32envoyé vos premières démos
30:33à celles qui allaient
30:34devenir d'ailleurs
30:35votre agente
30:35en parlant
30:36d'une nécessité vitale
30:37d'une urgence
30:39à créer
30:39et on ressent
30:40la même chose
30:41quand on lit
30:41ce recueil de poésie
30:43merci beaucoup
30:44oui c'est vrai
30:45qu'il a été composé
30:46à un moment particulier
30:47mais je crois
30:49que plus généralement
30:50la musique
30:52et puis
30:53et puis les chansons
30:54viennent
30:54je pense
30:55toucher cette zone-là
30:56de déchirure
30:58d'une certaine façon
30:59même pas forcément
31:00de déchirure
31:01douloureuse
31:02ou tragique
31:03je pense qu'il peut y avoir
31:04des déchirures
31:04dans la joie aussi
31:05mais oui
31:07je crois que la musique
31:08elle vient toucher cet espace
31:09et en tout cas chez moi
31:10elle vient toucher fort
31:11cet espace-là
31:12vos œuvres
31:12elles sont traversées
31:13vous l'avez compris
31:14chers auditeurs
31:14par le deuil
31:15mais aussi
31:15par tellement de lumière
31:16il y a des anges
31:18il y a des animaux
31:18par milliers
31:19non c'est ok
31:20oui c'est vrai
31:21la petite arche de Noé
31:23il y a vraiment
31:23une arche de Noé
31:24il y a de l'amour
31:25il n'y a aucune peur
31:26vous vous roulez dedans
31:27je me suis demandé
31:27si vous aviez envie
31:28aujourd'hui ou pas
31:29d'écouter une archive
31:30de votre mère
31:30qui dit justement
31:31qu'il ne faut pas avoir peur
31:33avec plaisir
31:33alors on écoute
31:34Anne Dufour-Montel
31:36ne pas avoir peur
31:37d'aller vers
31:38parfois ce qu'on appelle
31:39les passions négatives
31:40c'est-à-dire
31:42la dépendance
31:44l'angoisse
31:45la tristesse
31:45la peur
31:46parce que
31:47d'une certaine manière
31:48elles sont nos alliées
31:49et c'est en explorant
31:51les bords
31:53et les abords
31:54de ces passions négatives
31:55qu'on peut
31:56se déployer
31:58plus largement
31:59et y compris aussi
32:01vers la joie
32:02je ne voulais pas vous
32:07ah non non non
32:08c'est très beau
32:10est-ce qu'il faut
32:11tout accueillir alors ?
32:13je crois
32:13qu'il faut tout accueillir
32:14après je pense aussi
32:15qu'il y a
32:16un accueil
32:17à être
32:17à avoir une fascination
32:20qui est aussi assez facile
32:21pour les passions négatives
32:22je pense qu'il y a
32:24un équilibre
32:26comme tout
32:26à trouver
32:27mais en tout cas
32:27de pouvoir
32:29de pouvoir accepter
32:31de s'y donner
32:31et d'y plonger
32:32et en tout cas
32:33d'aller voir
32:33quels sont nos
32:34quels sont les monstres
32:36qui nous habitent
32:37quelles sont les
32:38les folies
32:38qui nous traversent
32:40c'est je pense
32:42une
32:42une grande source
32:44de vitalité
32:45dans l'existence
32:46si on peut ouvrir
32:46les yeux
32:47et les regarder
32:48et peut-être
32:49leur donner voix
32:50justement
32:50pour qu'elles se transforment
32:52parce que finalement
32:52je pense que
32:53c'est ce que j'explore
32:54dans ce recueil
32:55et ce que j'explore
32:55aussi dans ma musique
32:56mais je pense que
32:57on sait très bien
32:59que les contraires
32:59s'habitent
33:00et que
33:01la joie est toujours
33:03lézardée de tristesse
33:04d'une certaine manière
33:05que la tristesse
33:05est toujours lézardée de joie
33:07et que donc
33:07dans ces passions
33:09tristes
33:11ou les passions
33:11ce qu'on appelle
33:12les passions tristes
33:12ou les passions négatives
33:14il y a aussi
33:14je pense
33:15du terreau
33:17pour le bonheur
33:18si on sait
33:19sortir de la fascination
33:22je crois
33:22alors un conseil
33:24aux auditeurs
33:25ça passerait
33:25par la poésie
33:26absolument
33:28je pense que
33:29j'ai aucun conseil
33:30à donner
33:31mais je crois
33:32que la poésie
33:32ouvre une porte
33:33vers le monde
33:37qui est une porte
33:37qui peut être
33:39vraiment
33:40incroyablement précieuse
33:41quoi
33:41merci beaucoup
33:43Clara
33:43moi je vais me rouler
33:44dedans
33:45encore une fois
33:45un dernier poème
33:47où vous dites
33:47mon ange
33:48soit furieux
33:48fend la nuit
33:49des lances
33:50entre les phalanges
33:51c'est le titre
33:51de ce recueil
33:52que je vous conseille
33:53chaudement
33:54ça se passe
33:55chez Suggers
33:56à très bientôt
33:56merci beaucoup
33:57merci à vous
33:58merci à tous
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