00:07On poursuit donc notre édition spéciale sur la condamnation de Nicolas Sarkozy à 5 ans de prison.
00:13Je rappelle qu'il a été relaxé pour l'effet de corruption, pour l'effet de financement illicite,
00:19pour l'effet de détournement de fonds libyens, mais condamné à 5 ans de prison ferme
00:24avec mandat de dépôt différé pour association de malfaiteurs.
00:29Vous êtes très nombreux à vouloir réagir sur les antennes de Europe 1 en direct avec nous.
00:34On est toujours avec Jules Thores et Christophe Bordet.
00:38Et puis, nous a rejoint dans le studio Pierre Botton.
00:40Pierre Botton, vous avez été condamné en 1996 déjà à 5 ans de prison, dont 18 mois avec sursis pour abus de biens sociaux.
00:50Et avez passé 20 mois en détention.
00:52Et la prison, vous la connaissez.
00:55Vous avez été recondamné 25 ans après.
00:56Et 25 ans après, vous avez été recondamné pour les mêmes faits ?
01:00Les mêmes faits.
01:0125 ans plus tard ?
01:02Et vous avez été condamné...
01:04Ce qui montre une grande efficacité de la prison, comme vous le voyez.
01:07L'efficacité, oui.
01:08La prison et puis...
01:09La tuade.
01:10C'est la grande question qu'on peut se poser.
01:12Mais la question, c'est aussi, puisqu'on aura factuellement pour la première fois de l'histoire de la Ve République et de l'histoire, un président, ancien président de la République qui sera très probablement détenu à la prison de la santé.
01:24Une prison que vous connaissez.
01:25Alors, j'entends s'il y a qu'il y a des quartiers VIP.
01:28Vous allez me faire bondir, Elliot.
01:30Ben, je ne veux pas vous faire bondir, mais j'aimerais bien comprendre.
01:33Non, ça n'existe pas.
01:35Voilà, il y a deux mots qui m'exaspèrent.
01:41C'est le quartier VIP et c'est le club med.
01:43Dire que les prisons sont des club med.
01:44Qu'il y a les gens qui pensent que c'est un club med.
01:46Il n'y a pas de quartier VIP, il y a un quartier des vulnérables qui sont digi-cellules, qui sont placés dans le quartier qui s'appelle le QB4 et qui sont au dernier étage du quartier des arrivants.
01:58C'est digi-cellules où on met les gens qu'on doit protéger de la décension ou qu'il faut eux-mêmes, qu'il faut qu'ils se protègent eux-mêmes.
02:08Quand vous mettez là, actuellement, à l'instant où je vous parle, il y a un gars qui a tué et violé une gamine de 10 ans.
02:14Si vous le mettez dans les détentions, il se fait massacrer.
02:17Voilà, donc on le met dans ce quartier-là.
02:19Voilà les gens que va côtoyer Nicolas Sarkozy.
02:22Est-ce que vous pouvez nous raconter les premières minutes, les premières heures dans ce quartier de la prison de la santé ?
02:28Pas particulièrement dans celui-ci.
02:30Dans toutes les prisons, dès que vous arrivez, vous êtes placé dans un quartier arrivant.
02:34J'ai constitué d'ailleurs, je suis à l'origine, quand j'étais conseiller personnel d'Aliomari, sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
02:42Je veux le dire pour vos auditeurs, pour être honnête, qui est un ami, qui est quelqu'un dont je connais la famille, qui m'a toujours soutenu, qui ne m'a jamais lâché.
02:51Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, je veux essentiellement, non pas le défendre, je ne connais rien au dossier et tout ça,
02:57mais trouver que c'est tellement inutile de le mettre en prison, mais c'est tellement inutile pour la société en plus.
03:03Pour les gens, c'est tellement inutile, mais je ne veux pas prendre que lui.
03:08Comme c'est inutile, excusez-moi, mais de mettre en prison un mec qui a fumé des joints ou qui a délé 10 grammes,
03:15ou un gars qui a circulé sans assurance, ou un gars qui a pris un taux d'alcoolémie élevé dans une voiture, ça ne sert à rien.
03:23C'est tout, voilà.
03:24Et je suis heureux que vous me donniez la possibilité de le dire, c'est aussi inutile pour Nicolas que c'est inutile pour ces gens-là.
03:33En revanche, quand il y a un tueur...
03:34Pardonnez-moi, un monde sépare, moi après, c'est votre avis, moi je ne le partage absolument pas.
03:39Je sais, je sais.
03:39Un dealer, un délinquant de la route, pour moi, il faut des peines exemplaires.
03:45Et en fait, il faut plus de places de prison pour mettre ces gens hors d'état de nuit.
03:49Quelqu'un qui menace la sécurité de l'église.
03:50Ce qui est très intéressant, c'est le... c'est d'ailleurs fou.
03:54C'est-à-dire que maintenant, on va mettre sur un même pied d'égalité, en quelque sorte,
04:00la détention d'un président de la République pour des faits qui lui sont reprochés,
04:04mais qu'on n'a pas trouvé la preuve qu'il les avait commis,
04:07et les dealers, les délinquants de la route, etc.
04:11Les criminels.
04:12L'égalité face à la justice, c'est ce que disait le banque de Théphine.
04:15Merci de me permettre d'échanger sur ce sujet-là.
04:18Moi, je vous ai parlé effectivement des délits routiers.
04:23Ça ne sert à rien.
04:24Vous mettez le mec dans une prison dans laquelle il n'y a ni voiture, ni feu, ni route.
04:31Il ne va pas conduire, il ne va rien faire.
04:33Et vous voulez qu'il sorte, qu'il conduise mieux, qu'il sorte meilleur.
04:35Ça ne sert à rien.
04:36Non, ce n'est pas ça.
04:37On met quelqu'un en prison pour éviter qu'il puisse entacher la société, menacer la sécurité.
04:41Mais je trouve qu'on s'écarte un peu du sujet.
04:43Non, non, non, non.
04:45Quelqu'un qui est un chauffard en prison, il n'est pas chauffard dans la vie.
04:48C'est aussi simple que ça.
04:49Et quand il sort ?
04:51Non, mais ça, ce n'est pas le problème.
04:51Ce n'est pas le problème qu'il sort.
04:53Alors moi, je ne suis pas au syndicat de la magistrature.
04:55Je ne pense pas que la prison, ce soit là pour réhabiliter.
04:57C'est là pour protéger la société.
04:59En l'occurrence, Nicolas Sarkozy, il ne menace pas la société.
05:01Est-ce qu'un chauffard multirécidiviste, il menace l'association ?
05:04Je vais vous dire, j'ai reçu Yannick Alenaud dans ce studio.
05:08J'ai reçu son ex-épouse.
05:11Ils ont perdu leur fils dans des conditions absolument atroces,
05:14avec un chauffard qui était sous le coup de sous-stupéfiants,
05:18qui était recherché, multirécidiviste.
05:21Cet homme n'avait rien à faire de or.
05:24Et malheureusement, il n'était pas mis en état de nuire.
05:27Est-ce que c'est ce style de profil que j'ai donné ?
05:30Vous commencez les premiers méfaits quand vous êtes un dealer,
05:35quand vous êtes un délinquant de la route.
05:37Ça commence comme ça et puis on ne sait pas où ça peut finir.
05:40Le principe de la première sanction est important.
05:42Attendez, le but final, moi j'adore cet échange.
05:44Merci beaucoup de l'avoir sur votre plateau.
05:47Quel est le but final de la prison ?
05:49Isoler la société pendant un moment, mais après ils ressortent ou pas ?
05:52Ça dépend des faits.
05:54Pardonnez-moi.
05:54On est d'accord.
05:55Oui, bien sûr qu'ils ressortent.
05:57Il faut qu'il y ait une sanction.
05:59Mais comme les gens ne connaissent pas la prison,
06:05vous ne vous rendez pas compte
06:07que vous les mettez au milieu de quelque chose de criminogène.
06:14Si vous me dites qu'on fait des prisons différentes,
06:18des prisons où effectivement pendant...
06:21Et à ce moment-là, je suis même pour les petites peines,
06:23pour les peines d'une semaine,
06:26les peines de 15 jours,
06:27les peines de 3 semaines.
06:28Qui se passent en Europe.
06:29Mais pas dans ce que...
06:30J'ai fait un doc pour Canal+,
06:31sur les prisons, les solutions en Europe.
06:34Donc là, qui est actuellement sur le...
06:35Et j'en tourne un autre actuellement.
06:37Mais c'est-à-dire que si vous voulez,
06:40dans l'état actuel des choses,
06:42vous ne faites qu'aggraver les choses.
06:44C'est ça que je vais vous expliquer.
06:45Et concernant Nicolas,
06:49excusez-moi, mais c'est tellement...
06:51Vous me dites, vous faites la même chose.
06:53Ce n'est pas moi qui le fais.
06:54C'est la justice qui décide de le mettre au même endroit que les autres.
06:56Je sais, mais attendez, je ne vous visais pas quand je le disais.
06:58Ce qui est incroyable, c'est qu'aujourd'hui,
07:01d'ailleurs, il a été condamné pour association de malfaiteurs,
07:05un chef d'inculpation qu'on peut utiliser régulièrement
07:09dans des faits de grand banditisme,
07:12dans des faits de terrorisme,
07:13ou encore dans des faits de trafic de drogue.
07:15Vous imaginez...
07:16Donc c'est ça qui est là aussi sidérant dans cette décision de justice.
07:19Et permettez-moi de vous dire une chose.
07:20Vous dites, il faudrait la responsabilité des magistrats.
07:23Mais vous y participez, vous.
07:24Vous avez donné le nom de la présidente ?
07:26Oui, bien sûr.
07:27Moi, je ne l'ai pas entendu, là.
07:29Évidemment qu'on l'a donné.
07:30Parce que moi, je ne l'ai pas entendu.
07:32Attendez, la présidente qui prend la...
07:35D'ailleurs, elle n'est pas toute seule à prendre la décision.
07:37Non, non, ils sont trois.
07:38Exactement, ils sont trois.
07:39C'est intéressant de voir qu'elle a pu avoir,
07:42cette présidente, dans son passé,
07:44un combat militant pour les magistrats
07:47et qu'elle était contre certaines prises de position
07:51de Nicolas Sarkozy en 2011.
07:52On n'ose espérer qu'elle ne mélange pas tout aujourd'hui, quand même.
07:54On n'ose l'espérer.
07:55Bien sûr.
07:55Il est midi 42, on a une courte pause.
07:58On revient dans un instant.
08:00Mais après, je veux vraiment qu'on arrive à parler
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