00:02Il est 7h39, langue l'écho, François Languet, alors que la discussion budgétaire va se poursuivre toute la semaine à l'Assemblée,
00:09il va y avoir une haie plus haute que les autres à franchir pour le gouvernement, c'est la fameuse taxe Zuckman,
00:14celle qui dans sa version initiale veut taxer à 2% les personnes ayant un patrimoine supérieur à 100 millions d'euros,
00:20en s'en prenant à l'outil de travail.
00:22Alors déjà, ça veut dire quoi, une fois pour toutes, s'en prendre à l'outil de travail, François ?
00:26C'est le cœur de la bataille fiscale, il y aura probablement un nouvel impôt sur le patrimoine des Français fortunés,
00:31mais faut-il faire entrer dans le calcul de cet impôt la valeur des entreprises détenues et dirigées par ces Français qu'on veut faire payer davantage ?
00:41Les Arnaud, propriétaire de LVMH, Beignet, propriétaire de Lactalis, Niel de Fri, on va prendre un exemple,
00:47celui du patron d'Auchan, Gérard Mullier, si on prend en compte tout ce qu'il possède, y compris sa participation dans Auchan,
00:54le patrimoine familial, il est de 25 milliards.
00:57Si on exclut Auchan, c'est beaucoup, beaucoup moins.
01:01Et l'impôt qu'il paierait serait évidemment bien moindre.
01:03Alors, les partisans de la taxe Zuckmann maximalistes veulent la première option,
01:08le centre à l'Assemblée, lui, n'en veut pas, les socialistes sont un peu entre les deux.
01:12Bon, mais quelles seraient les conséquences économiques, selon vous, si cette taxe Zuckmann était appliquée ?
01:17C'est tout le problème. Si on taxe un patron sur la valeur de l'entreprise qu'il possède et qu'il dirige,
01:22il va avoir besoin d'argent pour payer. Des millions, des dizaines de millions chaque année.
01:27Il ne peut trouver cet argent que dans son entreprise.
01:30Il va donc augmenter les dividendes pour régler la note fiscale,
01:35ce qui va quand même limiter les possibilités d'investissement.
01:38Ou alors, il va vendre son entreprise progressivement à des intérêts étrangers
01:42qui ne sont pas redevables du nouvel impôt.
01:44Dans les deux cas, on affaiblit l'entreprise.
01:47En fait, il est très difficile de taper sur les propriétaires
01:50sans taper sur l'entreprise elle-même.
01:53Et c'est pour ça que les impôts sur le capital, chez nos voisins,
01:56soit excluent l'outil de travail, soit taxent à un niveau bien plus faible
02:00que ce qu'envisage Zuckmann.
02:01En réalité, c'est un très vieux débat, enfin.
02:03Vieux débat ? Ce n'est pas nouveau le débat sur la taxe Zuckmann,
02:05même si on ne l'appelait pas comme ça avant ?
02:07La question s'est déjà posée ?
02:08Ah bien sûr ! En 1981, les socialistes projetaient déjà d'inclure les entreprises dans l'IGF,
02:13l'impôt sur les grandes fortunes.
02:15Mais ils en ont été dissuadés par ceux qu'on appelait les patrons de gauche.
02:20Et c'était Antoine Riboud, patron de Danone,
02:22ou bien c'était Jacques Delors, ministre des Finances,
02:25qui connaissait bien l'économie.
02:27Plus récemment, du temps de François Hollande,
02:28il y avait Louis Gallois, l'ancien patron d'Airbus et de la SNCF,
02:32qui était l'inspirateur du pacte de compétitivité.
02:35Le problème, c'est qu'aujourd'hui, il n'y a plus de patron de gauche.
02:37Parce qu'une grande partie de la gauche est partie sur des options radicales et destructrices.
02:42Du coup, les propositions saugrenues fleurissent.
02:45Mais est-ce qu'il n'y a pas quand même un chemin ?
02:46Est-ce qu'il n'y a pas un compromis possible ?
02:48Alors, c'est ce que tente le PS en proposant sa taxe du Kman-Light,
02:52qui exclurait et les entreprises familiales, et les entreprises innovantes.
02:56Encore faut-il s'accorder sur la définition de ces deux termes.
02:59Vous savez, cette proposition me fait penser à un client de restaurant
03:01qui voudrait bien du dessert, mais qui ne veut pas prendre de poids,
03:04et qui finit par se rabattre sur le café gourmand,
03:07il n'y a pas pire en termes de calories.
03:08Vous n'êtes pas obligé de raconter nos déjeuners non plus.
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