00:00Voilà pour cette prise de parole de celui qui est devenu ce lundi le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République.
00:09A peine un mois, Matignon, Sébastien Locornu, qui a démissionné il y a moins d'une heure maintenant et fait assez inédit.
00:16Mais ici en France, on va d'inédit en inédit ces derniers mois.
00:19Vient de régler ses comptes en direct à la télévision avec nombre de formations politiques qu'il n'a jamais nommées.
00:26Mais on a bien compris de qui il parlait. Il faut toujours préférer son pays à son parti, a conclu Sébastien Locornu.
00:33Vous êtes à Matignon, Julie Dangeloff. Bonjour Julie.
00:36Un Premier ministre qui a fustigé pendant une petite dizaine de minutes en improvisant, en tout cas apparemment, l'incapacité de ses partenaires au compromis.
00:47Oui, tout à fait. Il a renvoyé dos à dos à la fois les oppositions mais aussi les partis du socle commun.
00:56On se souvient que cette démission surprise de Sébastien Locornu, qui avait été nommé, je vous le rappelle, le 9 septembre,
01:04intervient notamment après les déclarations hier soir à peine nommées de Bruno Rotaillot, le patron des Républicains,
01:10qui condamnait quelque part ce gouvernement qui n'allait pas suffisamment vers la rupture.
01:15Sébastien Locornu, qui s'est donc exprimé pendant une dizaine de minutes,
01:19qui a indiqué que les partis politiques continuent à adopter des postures,
01:24comme s'ils avaient tous la majorité absolue,
01:28que cette composition du gouvernement avait donné lieu à des appétits partisans,
01:33et faisant allusion notamment à l'échéance présidentielle de 2027.
01:36Et là, il visait très probablement notamment précisément Bruno Rotaillot et le patron des LR.
01:43Et puis, il a indiqué également Sébastien Locornu qu'il fallait en effet préférer son pays à son parti.
01:51Donc, une déclaration qui va évidemment contre toutes ces formations politiques,
01:56les formations politiques qui ont d'ailleurs réuni leurs états-majors tout au long de cette matinée.
02:02On pense notamment aux réunions qui vont avoir lieu chez les LR, au Rassemblement National.
02:07Le Parti Socialiste a indiqué tenir un bureau politique à 13h.
02:11C'est le cas également des écologistes.
02:14Donc, la France se trouve à nouveau dans une situation politique très compliquée,
02:18avec un Premier ministre qui n'aura duré même pas un mois.
02:22Julie Denguelloff, depuis Matignon et non pas à l'Élysée.
02:26Et Julie, merci. Je crois qu'on est toujours en ligne avec la députée socialiste du Val-d'Oise, Aïda Adizadeh.
02:32Non, elle n'est plus là.
02:33Eh bien, je vais vous poser la question à vous, Flore.
02:36Parmi les explications que le Premier ministre a données pour expliquer sa démission,
02:41on l'a dit, il a quand même accusé les différentes formations politiques,
02:46y compris la sienne d'ailleurs, de mettre leurs intérêts propres avant celui du pays.
02:51Et puis, on en parlait avec précisément Aïda Adizadeh, juste avant son intervention.
02:56Il semble avoir été assez vexé que les oppositions, en l'occurrence la gauche,
03:02en l'occurrence le Parti Socialiste, n'aient pas apprécié à sa juste valeur
03:06la concession qui était celle de renoncer à l'utilisation de l'article 49.3,
03:12notamment dans les négociations sur le budget.
03:14Oui, exactement.
03:15Il a d'ailleurs dit que les oppositions ne s'étaient pas rendues compte que le 49.3 était une vraie rupture.
03:22C'est ce qu'il avait dit au moment de la passation de pouvoir avec François Bayrou.
03:25Il y aura une rupture et il a estimé que celle-ci était une vraie rupture,
03:30qu'il redonnait la main au Parlement et que c'était une demande, en effet, des socialistes.
03:35Mais c'est vrai qu'il a donné quelques gages aux socialistes quand même.
03:37Alors, il a dit non à la taxe Zuckmann, que les socialistes ont continué à demander,
03:41mais il a quand même dit...
03:42Il a parlé de justice fiscale dans son discours.
03:43Oui, exactement. Et puis, il avait quand même dit, voilà, il n'y aura pas de taxe sur le patrimoine,
03:47mais il y aura une taxe sur les holdings.
03:51Voilà, ce qui était quand même...
03:52Il y a la reproduction d'une autre taxe qui était déjà en place sur les revenus supérieurs à 250 000 euros.
03:58Oui, c'est ça.
03:59Donc, deux taxes.
04:00Donc, deux taxes sur les plus aisés. C'est aussi ce que demandait la gauche.
04:05Bon, il a dit non, en effet, à la suspension de la réforme des retraites,
04:08mais il a estimé avoir donné certains gages à la gauche, notamment ce 49-3.
04:12Et en effet, ce discours très court, cette allocution de moins de 10 minutes, était sans détour.
04:18Voilà, il a estimé qu'il avait quand même parlé trois semaines avec et les partis politiques,
04:24et les syndicats avec qui il a renoué le dialogue, qui s'était sérieusement abîmé sous François Bayrou.
04:30Donc, on comprend dans cette allocution que Sébastien Lecornu estime, lui, avoir fait les efforts nécessaires pour aller vers un compromis,
04:39et qu'en effet, certaines oppositions, voire même certains au sein de son socle commun, n'ont pas fait le même pas vers lui, on va dire.
04:45C'est un classique, Gauthier Ebinski, de voir un Premier ministre, sur le départ, dire sur le perron de Matignon,
04:52« J'ai fait du mieux que j'ai pu, c'est pas tout à fait de ma faute, bon courage à vous ».
04:57Alors, il a voulu finir par une note d'optimisme en disant qu'il suffisait de peu pour que ça fonctionne, Sébastien Lecornu. Est-ce qu'il a raison ?
05:05C'est intéressant, cette phrase, parce que s'il suffit de peu, ça veut dire quoi ?
05:12Ça veut dire que, comme il l'a signalé, il a dit « Dans le secret du bureau, certaines lignes rouges deviennent oranges et elles passent au vert, ensuite ».
05:19Et après, il a dit qu'il n'y en avait pas beaucoup.
05:21Mais ça veut dire, si on suit cette hypothèse-là, ça veut dire qu'on est à nouveau dans une représentation de la politique
05:28qui éventuellement secoue la stabilité du pays, mais qu'en réalité, on aurait pu faire beaucoup mieux.
05:36Juste après, il a ajouté qu'il fallait s'occuper du fonds.
05:39Ben oui, c'est ça. C'est ça le problème.
05:41C'est que si un certain nombre de personnes, dans une négociation, dans le secret du bureau, passent d'une ligne rouge à une ligne verte,
05:49c'est que soit ils n'ont pas la colonne vertébrale politique solide, soit ils sont prêts à faire des compromis.
05:55Et c'est là qu'il y a quelque chose d'important, parce qu'effectivement, l'abandon, le renoncement à l'utilisation du 49-3,
06:02je crois qu'il faut rappeler rapidement ce que c'est, c'est un vote qui permet, enfin, c'est un dispositif constitutionnel
06:09qui permet à un gouvernement de faire passer une loi sans vote au Parlement, de sorte que la procédure est accélérée
06:16et surtout qu'elle n'est pas phagocytée ou vérolée par X amendements.
06:22Bon, c'est important parce que ça veut dire que si on abandonne l'utilisation de cet article, ça redonne un pouvoir garanti au Parlement.
06:31Or, la question qui se pose suite à cette démission et aux événements d'aujourd'hui, c'est
06:37est-ce que certains partis politiques veulent-ils vraiment de cette ouverture pour remplir pleinement leur rôle au Parlement ?
06:45Et donc, à partir de là, le réveil des appétits, comme il a dit, pour la présidentielle,
06:51tout ça fait penser à l'existence de ce qu'on appelle les écuries présidentielles,
06:55qui veulent bien dire ce que ça veut dire, c'est-à-dire que ce sont simplement comme dans les courses de chevaux,
07:00on entretient un cheval qui est la figure de proue, et puis après on se dit, vogue la galère,
07:06on verra bien ce qu'il en a dit.
07:07Donc, ce discours, cette déclaration était intéressante parce que, à la fois, il dit qu'il est optimiste,
07:15mais il pointe au fond le manque d'humilité, et moi j'ajoute l'irresponsabilité de beaucoup,
07:21parce que s'il y a une vraie responsabilité, il y a précisément des compromis qui sont possibles,
07:28ou surtout, ce n'est pas la question du compromis pour le compromis, c'est de savoir vers où l'on va.
07:34Et s'il y a une possibilité d'aller vers un mieux, il ne faut pas l'abouder.
07:37Or là, on a le sentiment que les uns et les autres, pour des raisons très différentes,
07:41ont dit, l'intérêt général passe après nous, et c'est pour ça d'ailleurs qu'il dit à la fin,
07:47Sébastien Lecornu, il reprend d'ailleurs, j'ai noté que ça rappelait ce qu'avait dit Joe Biden
07:51quand il avait annoncé son retrait de la course à l'élection de 2024,
07:55il avait dit, il faut préférer son parti, son pays, pardon, à son parti,
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