00:00On vient de voir la diffusion des images de ce qui s'était passé en décembre 2022.
00:05Qu'est-ce que vous en tirez comme conclusion ?
00:08On en tire d'abord la première conclusion.
00:11Premier point, tout se passe très très vite.
00:13Tout se passe très très vite entre l'encerclement du véhicule
00:17et le départ du véhicule conduit par mon client de son lieu de stationnement
00:22pour après quitter les lieux.
00:25On voit, contrairement à ce qui avait été dit pendant très longtemps,
00:28que ce n'est pas deux ou trois personnes qui viennent au contact,
00:31mais le directeur d'enquête l'a bien rappelé, c'est au moins une quinzaine de personnes qui viennent.
00:35On voit enfin un troisième point.
00:37Contrairement à ce qui est indiqué par des parties à la procédure,
00:40le caillou n'est pas projeté à la fin de la course, en tout cas juste sur le départ.
00:45Il est projeté dans un temps concomitant à la sortie de voie,
00:51donc à sa fuite, parce qu'il sait qu'à ce moment-là, il y a quelque chose de particulier qui se passe.
00:55À la fois le drapeau est arraché,
00:56et puis il y a quelqu'un qui a un caillou dans la main qui va être projeté dans un temps très proche,
01:01voire une seconde, voire une demi-seconde,
01:03entre le moment où le drapeau est arraché et le moment où le caillou est jeté.
01:08Donc on voit que les choses vont très très vite,
01:10et c'est cette précipitation, c'est cette imminence du danger
01:13qui font que peut-être il y a une réaction qui est peut-être déraisonnée,
01:17en tout cas prise dans l'urgence, dans la surréactivité par mon client.
01:21Il a aussi dit qu'il avait son petit frère dans la voiture, ce qui est contexté par l'enquêteur ?
01:26Ce n'est pas exactement ce que son petit frère dit.
01:28Son frère dit « je n'étais pas passager avant du véhicule ».
01:31Il ne me dit pas « je n'étais pas du tout dans le véhicule ».
01:33De toute façon, on le reprendra,
01:34et c'est dans une audition qui a été prise sur procès verbal de ce petit garçon
01:39qui, rappelons-le, avait 12 ans au moment des faits,
01:42on peut comprendre pour des raisons,
01:43qui ont peut-être un temps amené à protéger son frère,
01:46mais il a toujours été clair, il était dans ce véhicule,
01:49et on le sait par d'autres éléments qui seront débattus peut-être cet après-midi.
01:52Qu'est-ce que vous attendez de la suite de cette audience ?
01:56La suite, ce sera finalement des témoins, des témoins clés,
02:00des témoins clés qui arrivent un petit peu par miracle au mois de mars et au mois d'avril 2023,
02:08des témoins dont les noms sont cités par la partie civile
02:11et qui ne se sont jamais présentés spontanément auprès des services de police.
02:15Ça questionne sur la spontanéité de leurs propos,
02:17la véracité de leurs propos et leur distance avec les faits
02:22ou peut-être avec ceux qui les ont invités à témoigner.
02:26Ce sont des gens, ces deux témoins,
02:28qui n'ont jamais eu l'intention ou l'idée de se rapprocher spontanément des services de police.
02:33Ça questionne.
02:34Est-ce qu'il est question que les faits soient...
02:37Donc on parle d'homicide involontaire,
02:38est-ce que vous pouvez nous expliquer la différence entre les faits qui sont qualifiés aujourd'hui
02:41et l'homicide involontaire ?
02:42Alors, il y a deux grandes idées.
02:44D'abord, l'idée, c'est que notre client a toujours dit que pour lui, c'était accidentel.
02:49Mais parce que lui, ce n'est pas un sachant du droit.
02:51Il ne fait pas la différence entre une qualification intentionnelle
02:54et une qualification non intentionnelle.
02:56Et c'est justement le sujet d'aujourd'hui.
02:57Le sujet d'aujourd'hui, c'est est-ce que le comportement de notre client
03:01est tel qu'il exprime une volonté particulière d'attenter à la vie
03:05ou à l'intégrité physique d'une personne ?
03:07C'est la différence entre une faute non intentionnelle et une faute non intentionnelle,
03:10entre un homicide involontaire et un homicide volontaire.
03:13Alors, l'homicide volontaire n'a jamais été retenu par les juges d'instruction
03:17ni par la chambre de l'instruction.
03:18On est aujourd'hui sur une position de violence volontaire
03:20ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
03:23Alors, c'est vrai que ça peut être difficilement compréhensible
03:24parce qu'on est entre l'homicide involontaire et puis l'homicide volontaire.
03:30Et cette zone un petit peu grise sur laquelle la cour criminelle va devoir se pencher.
03:35Et on voit qu'au fil des débats, eh bien, peut-être que l'intention de M. Charif
03:40n'a jamais été, comme il l'a dit depuis le début, de faire de quoi moindre mal à qui que ce soit.
03:46Et donc, peut-être qu'en fonction de la tenue des débats
03:49et en fonction des questions qui seront posées aux uns et aux autres,
03:52eh bien, on verra si on ne se planche pas sur une qualification plutôt non intentionnelle,
03:57domicile involontaire.
03:58Les débats et la suite des débats nous amèneront peut-être à éclaircir cette question-là.
04:03Il a eu peur, c'est ce que semblaient dire les experts ce matin.
04:05Ça pourrait donc changer la qualification des faits ?
04:09Peur.
04:10Une peur imminente et une réaction, comme les experts l'ont dit aussi,
04:14un petit peu, non pas disproportionnée, mais surréactive parce que c'est sa personnalité.
04:18Et puis, on voit l'image aujourd'hui, au travers des images qui ont été décryptées
04:21par différents experts, notamment ceux de la jambe armory nationale,
04:24eh bien, on voit que tout se passe très, très vite.
04:26Très, très vite.
04:26La question essentielle de la Cour criminelle, c'est de se dire,
04:30mais comment doit-on réagir face à ce danger imminent ?
04:33Est-ce qu'on réagit en légitime défense ou en agi par imprudence ?
04:37Ce serait la qualification de mission involontaire.
04:38Merci.