00:00A l'occasion d'Octobre Rose, le mois dédié au dépistage du cancer du sein,
00:06Sébastien Garnier, vous recevez un oncologue de l'ICM, l'Institut du cancer de Montpellier.
00:10Le professeur William Jacot, bonjour.
00:13Bonjour.
00:13Merci d'être avec nous ce matin.
00:15Le cancer du sein dans l'Hérault, ça représente quoi ?
00:17Combien de cas ? Quel profil de malade ?
00:21Et est-ce que notre département est plus ou moins touché que d'autres ?
00:25Alors, on estime aujourd'hui, grâce au registre du cancer de l'Hérault,
00:28qui nous permet d'avoir une idée fiable, qu'on a un peu plus de 1100 cas,
00:331100 nouveaux cas par an de cancer du sein, principalement des femmes, 99%,
00:381% des cancers du sein arrivent chez l'homme, et avec un âge moyen d'environ 63-64 ans.
00:451100 cas par an, 1100 nouveaux cas, c'était combien il y a 10-20 ans en arrière ?
00:52Alors, on a des idées assez précises, le registre date de 1987,
00:57donc on a l'évolution dans l'Hérault.
00:59A l'époque, on avait à peu près 420 nouveaux cas par an,
01:02et on voit que, comme ça, sur une quarantaine d'années,
01:05on a plus que doublé le nombre de cas progressivement,
01:09de manière régulière, un peu avec l'évolution démographique.
01:13Oui, c'est ça, c'est que la population, elle a augmenté aussi.
01:15Mais pas que, parce que ce genre de registre nous permet de standardiser,
01:19après, d'évaluer avec les variations de population,
01:23il y a quand même aussi une augmentation du risque par femme,
01:26pas que du risque de la population.
01:28Et comment se situe notre département par rapport aux autres ?
01:30Est-ce qu'on est dans la moyenne, plus ou moins touchée ?
01:32On est un peu dans la moyenne haute.
01:35On a une population un peu plus vieillissante que d'autres départements français,
01:41et avec des facteurs de risque.
01:44On n'est pas des meilleurs élèves que le reste de la France sur les facteurs de risque,
01:48mais je pense qu'on y reviendra un peu plus tard.
01:50Alors, le nombre de cas augmente un peu plus chaque année.
01:54Est-ce qu'on sait pourquoi ?
01:55Sociétalement, on sait que notre société, les sociétés industrialisées,
02:02ont des facteurs de risque que je dirais sociétaux.
02:06Le nombre d'enfants par femme, l'âge de la grossesse,
02:10mais aussi sur des facteurs de risque modifiables.
02:13Clairement, puisqu'on sait que le surpoids a une incidence sur le cancer du sein,
02:17on sait que l'obésité aussi, bien sûr, l'inactivité physique, l'alcool, le tabac.
02:22Donc, tous ces changements sociétaux qui se sont accentués sur ces dernières années
02:26vont augmenter le risque global de la population et le risque des individus.
02:31Oui, parce qu'on pourrait se dire, le cancer du sein, c'est quelque chose,
02:34ça vous tombe dessus, c'est la faute à pas de chance, j'ai envie de dire.
02:37Il y a quand même des facteurs de risque et des choses qu'on peut éviter
02:40pour limiter les risques, justement.
02:41Oui, on n'a pas de facteur de risque aussi caricatural que le cancer bronchique,
02:47par exemple, avec le tabagisme.
02:49Bien sûr.
02:49Mais, on estime que plus du tiers des cancers du sein sont liés
02:55à des différences de mode de vie, donc des différences des modes de vie modifiables.
03:00Est-ce que le cancer du sein se soigne mieux aujourd'hui ?
03:03On meurt encore du cancer du sein, mais j'ai l'impression moins qu'avant.
03:07Oui.
03:07Quand on regarde au niveau, là, pour vraiment faire cette comparaison,
03:11si on sort de l'héros pour prendre au niveau européen, par exemple,
03:15on voit que cette augmentation, on la voit dans tous les pays d'Europe,
03:18mais on voit qu'en même temps, la mortalité, donc le nombre total de morts
03:22liées au cancer du sein, reste à peu près stable.
03:24Ça fait toujours trop, mais si vous avez deux fois, trois fois plus de cas de cancer du sein,
03:30mais pas plus de morts, c'est qu'à l'échelle individuelle,
03:33vos chances de guérison n'arrêtent pas d'augmenter.
03:35On estime qu'actuellement, plus de 80% des patientes qui vont être diagnostiquées
03:39d'un cancer du sein en seront guéries.
03:43Est-ce que vous pensez qu'un jour, ça sera une maladie qui ne fera plus peur ?
03:48Le cancer de manière générale, et le cancer du sein en particulier ?
03:50Je l'espère.
03:51Mais après, ne plus faire peur, c'est bien.
03:54Il ne faut pas que ça empêche d'être pris avec sérieux.
03:59Et pour ça, il y a le dépistage.
04:01Ce mois d'octobre, c'est l'occasion de rappeler l'importance du dépistage.
04:05Les femmes ne se dépistent pas suffisamment dans les rots ?
04:08Non seulement elles ne se dépistent pas suffisamment,
04:10mais je pense qu'elles n'ont pas vraiment l'impact du dépistage en tête.
04:14On estime que sur l'amélioration des chances de guérison
04:17que l'on a gagnées sur ces 30 dernières années,
04:19la moitié était liée au dépistage.
04:23Parce qu'un dépistage, c'est diagnostiquer un cancer beaucoup plus petit
04:26que ce qu'on diagnostiquerait à la palpation
04:29ou sur des symptômes plus évidents.
04:31Et plus le cancer va être petit,
04:33plus vous augmentez les chances de guérison
04:34et plus vous augmentez les chances de ne pas avoir de traitement agressif.
04:39Et malheureusement, même si l'héros a été moteur
04:44dans le déploiement du dépistage avec l'ama mobile, etc.,
04:48on n'est pas des bons élèves.
04:49Moins d'une femme sur deux, c'est ça ?
04:50Moins d'une femme sur deux.
04:52Moins d'une femme sur deux.
04:53Avec un décrochage depuis le Covid,
04:56on est, suivant les années, entre 42 et 47%.
05:00Donc il faut vraiment le faire.
05:01Et c'est à partir de 40 ans ?
05:03Alors, dans l'héros, une expérimentation l'a lancée à partir de 40 ans.
05:08Au niveau national, 50 ans.
05:10Je pense que nous sommes dans la bonne cible dans l'héros.
05:14Nous sommes en avance par rapport au reste de la France.
05:19Il faut 40-50 ans à faire de discussion, mais jusqu'à au moins 74 ans.
05:25Tous les deux ans, une mammographie, que ce soit chez votre radiologue ou dans l'ama mobile,
05:30prise en charge intégralement par la Sécurité sociale,
05:34grâce au papier que vous recevez par la Poste tous les deux ans.
05:37Ce n'est pas un moment agréable, on l'imagine, mais c'est vraiment important de le faire.
05:41Merci professeur William Jaco, oncologue à l'Institut du Cancer de Montpellier.
05:46Je vous souhaite une bonne journée.
05:47Merci.
05:48Je rappelle ces quelques événements pour Octobre Rose,
05:50notamment ce week-end à Espendéillon, sur le plateau de Trascastel.
05:54Un vide de grenier samedi matin et un loto dimanche après-midi à la salle des fêtes.
05:58Et puis aussi une marche au profit d'Octobre Rose.
06:01C'est donc dimanche à 10h30 depuis la salle Ramadier.
06:05Allo Dave, il est 7h53.
