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  • il y a 22 heures
Dans ce nouveau numéro, « Au bonheur des livres » choisit de rendre hommage à l'imagination romanesque et aux héroïnes qui l'incarnent, en recevant Adélaïde de Clermont-Tonnerre et Joseph Incardona.La première s'intéresse, dans Je voulais vivre (Ed. Grasset), à un personnage d'Alexandre Dumas qui semble universellement haï, mais sans lequel les Trois mousquetaires ne seraient pas tout à fait ce qu'ils sont : Milady de Winter, qu'elle s'emploie à réhabiliter à sa façon... elle-même romanesque, dans un récit particulièrement trépidant.Le second, dans Le monde est fatigué (Ed. Finitude), invente de toute pièce le personnage d'Ève, une femme-sirène qui a perdu ses jambes dans des circonstances qui la pousseront à se venger... Là encore, on devine l'ombre de Dumas dans la manière de construire une intrigue sur le modèle du Comte de Monte-Cristo, tout en jouant d'une certaine verve empruntée au polar contemporain pour construire une fable simplement formidable.Une conversation passionnante que Claire Chazal propose avec ses invités sur la place des femmes dans le roman et les charmes d'une littérature à la fois stimulante et populaire, au meilleur sens du terme. Année de Production :

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00:00Bienvenue dans l'émission littéraire de Public Sénat, je suis ravie de vous retrouver pour un nouveau numéro d'Au bonheur des livres.
00:23Chaque semaine, vous le savez, nous essayons tout simplement de vous donner envie de lire, mais aussi de découvrir ou de mieux connaître les auteurs.
00:31Alors avec nous, deux romanciers dont on n'a pas pu lâcher les livres, tant leurs héroïnes, leurs héroïnes respectives, sont attachantes, mystérieuses,
00:41marquées dans leur corps aussi par la violence des hommes la plupart du temps, et animées par un désir l'une et l'autre de vengeance,
00:48deux très beaux personnages de fiction, et je le souligne parce que ça n'est pas toujours fréquent en cette rentrée littéraire où l'autofiction est très présente, passionnante, mais très présente.
00:58La première romancière est Adélaïde de Clermont-Tonnerre, qui signe Je voulais vivre, chez Grasset, un livre formidable,
01:05qui d'ailleurs est déjà dans la première liste du prix Renaudot, dans bien d'autres aussi.
01:08Et puis le second, c'est Joseph Incardona, qui publie Le Monde est fatigué, chez Finitude, et qui vient lui d'obtenir le prix des deux magots,
01:16et qui dans la liste du Fémina aussi, il faut bien le souligner.
01:20Joseph Incardona, derrière ce très joli titre, un peu énigmatique, dont on va évidemment parler en détail, apparaît votre héroïne, elle s'appelle Ève,
01:28elle joue les sirènes avec une sorte de queue en silicone, mais qui s'avère aussi, cette Ève, avoir subi une épreuve, un terrible accident,
01:36qui l'a mutilée, et qui va l'amener donc à jouer ce rôle un peu bizarre à travers le monde, et aussi d'ailleurs,
01:42elle va être, je le disais, poussée par, évidemment, un désir de vengeance, contre ce quasi-meurtrier qu'il a laissé handicapé.
01:49L'écriture, elle est tenue, il y a beaucoup de lucidité, d'humour et d'émotion.
01:54Adélaïde de Clermont-Tonnerre, je rappelle que vous êtes romancière, diplômée dans Malsup, oui, je précise Saint-Cloud, pour ceux qui sont un petit peu précis.
02:03Fontenay Saint-Cloud.
02:03C'est pas mal.
02:04journaliste, directrice actuellement de la rédaction de Point de vue, et votre livre, Le dernier des nôtres, avait reçu en 2016 le Grand Prix de l'Académie française.
02:14Donc, ce quatrième roman, c'est le quatrième roman, Adélaïde, je voulais vivre.
02:19Alors, j'allais dire qu'il témoigne de votre goût pour l'histoire, mais d'ailleurs, nous, on en était très heureux quand on l'a lu.
02:24Ce goût pour les personnages romanesques, pour les héroïnes qui nous emportent, et c'est le cas de cette personnalité forte, hors du commun.
02:32Et vous avez voulu, d'une certaine façon, donc, réhabiliter ce personnage incroyable qui est Mélodie de Winter, qu'on a bien sûr découvert dans les romans d'Alexandre Dumas.
02:42Comment vous êtes autorisée, j'allais dire, à aller sur la piste d'un personnage de fiction ?
02:46Alors, j'ai eu un moment de vertige, parce que j'aime passionnément Dumas, mais c'est vrai que ce livre, il naît un peu d'un double mouvement.
02:52Cet amour pour la littérature romanesque, avec du souffle qui nous embarque vers d'autres lieux et d'autres temps au galop,
03:01et, évidemment, une sorte de honte rétrospective, parce que j'ai lu et relu et encore relu ce texte, sans jamais avoir un mouvement d'empathie pour Mélodie.
03:11Pour moi, c'était la criminelle empoisonneuse, magnifiquement belle, mais, évidemment, elle méritait bien ce qui lui arrivait.
03:18On ne l'aimait pas beaucoup, c'est vrai.
03:19Non, on ne l'aimait pas, et ça m'a pris des années, et c'est peut-être, au fond, un parcours de femme.
03:24Il m'a fallu 30 ans pour, tout à coup, un jour, être absolument frappée d'évidence et me dire que le traitement qu'on lui fait subir est, en fait, une terrible injustice.
03:33Oui. Vous pourriez partager ce sentiment, Joseph ?
03:36Absolument. Je trouve très courageux, je trouve très intelligent de prendre un personnage de fiction pour le réhabiliter.
03:47Oui. Et ça demande aussi une grande connaissance de l'œuvre antérieure, et je crois que ça, c'est vraiment quelque chose d'assez rare.
03:58Enfin, c'est la première fois que je vois une réécriture ou une paraécriture sur un classique comme ça.
04:04Et qui a donc nécessité, évidemment, sans doute des recherches, parce qu'il faut comprendre pourquoi cette intrigante,
04:09enfin, celle qui nous apparaît à l'époque comme intrigante, empoisonneuse, maléfique,
04:13comment, pourquoi vous êtes allée amener à, j'allais dire, la défendre ?
04:18Est-ce que vous avez senti, tout d'un coup, qu'elle avait souffert dans sa vie, que c'était ça qui allait la réhabiliter ?
04:23En fait, quand on regarde les faits, c'est-à-dire quand on s'abstrait de la merveilleuse capacité d'illusion de Dumas,
04:29les faits sont têtus.
04:30Elle meurt à 25 ans dans des conditions atroces, jugée par des hommes en dehors de toute justice.
04:35Elle est marquée au fer rouge en dehors de toute justice.
04:37Elle est victime d'une première tentative de féminicide.
04:42Et elle est, d'une certaine manière, abusée aussi dans sa relation avec D'Artagnan.
04:48Donc, on est, quand on ouvre les yeux, les faits sont là.
04:52Et d'une certaine manière, c'est un cold case que je rouvre, un très, très vieux cold case, celui de Milady,
04:57en me disant, mais je vais convoquer différents points de vue.
05:00Son ami d'enfance, un D'Artagnan vieillissant, parce que j'aime tellement ce personnage,
05:03que je voulais qu'il puisse porter, finalement, le poids d'une vie,
05:08qui fait qu'il va avoir des doutes quelques instants avant sa mort, au siège de Maastricht.
05:13Il se confie à son jeune lieutenant.
05:15Et il est capable, parce que c'est un homme très courageux, de se dire, au fond,
05:18est-ce que j'ai été du bon côté de l'histoire ?
05:20Donc, je recrée un procès dont le lecteur pourra trancher, finalement, la décision finale.
05:27Oui, parce qu'on a tous en mémoire ses livres.
05:29On avait pris, bien sûr, on fait des causes pour D'Artagnan, Atos, etc.
05:32C'est vrai qu'elle, on l'avait, évidemment, elle nous fascinait, mais on l'avait un peu mise de côté.
05:37On découvre, donc, c'est ce que vous dites, toutes les épreuves qu'elle va traverser.
05:41Et d'abord, donc, dans ce siècle de Richelieu, Louis XIII,
05:43une petite Anne qui va assister au viol et à la mort de sa mère.
05:48Et c'est ce qui va fonder, bien sûr, ce qui va la marquer dans sa vie et dans son cœur.
05:55Jamais.
05:55C'est une petite fille très vive, assoiffée de connaissances, avec beaucoup de capacités.
06:00Et elle est, évidemment, dévorée par le thème Dumasien, s'il en est, le désir de vengeance.
06:05Et ça, c'est aussi un pont avec Ève, l'héroïne de Joseph, qui a aussi un dévorant désir de vengeance.
06:14Et j'ai trouvé ça très beau, en fait, d'aller expliquer comment on devient la grande méchante de la littérature.
06:22Dumas a créé ce personnage qui est une des premières femmes fortes, finalement, intelligentes, puissantes.
06:27Elle a marqué des générations.
06:28Mais comment devient-elle cette terrible femme fatale qui fait fantasmer et effraie des générations de petits-enfants ?
06:38Mais moi, il y a une chose que je trouve très touchante, c'est votre post-face,
06:43où vous vous adressez à Dumas en lui disant, mais au fond, on sent que vous l'aimez, cette héroïne.
06:49Pourquoi vous ne l'avez pas réhabilité ?
06:51C'est très touchant, et moi, j'adore ce jeu un peu à la Borgès,
06:55où on est dans un jeu de miroir, comme ça, on est dans une spirale,
06:59et puis la fiction qui s'intègre dans la réalité, qui redevient fiction.
07:03J'ai trouvé ça vraiment très, très brillant.
07:06Donc, vous supposiez qu'il l'aimait bien, son héroïne.
07:08Mais alors, ce qui est très intéressant, c'est que Dumas lui-même change de position et de point de vue sur elle.
07:14Dans Les Trois Mousquetaires, elle est légitimement punie.
07:16Bon, à 25 ans, il l'exécute, et voilà.
07:21Et au fil des œuvres postérieures, il revient.
07:24Et quand son fils, le fils de Milady, parce qu'on oublie qu'elle est mère, Milady,
07:28le fils de Milady Mordonte vient pour la venger,
07:31cette fameuse punition devient potentiellement un crime.
07:35Et à la fin, dans la pièce de théâtre qu'il écrit, qui s'appelle La Jeunesse des Mousquetaires,
07:39c'est une certitude, finalement, que ce procès a été problématique et a été expéditif.
07:45Donc, Dumas lui-même, en fait, au fil de sa vie, a un peu évolué sur sa propre héroïne.
07:50Et je me suis sentie, du coup, l'autorisation de poursuivre ce qu'il avait esquissé.
07:56Parce que vous l'avez souligné, c'est peut-être le plus grand féminicide de toute la littérature
08:00que l'on lit, auquel on assiste dans ses romans.
08:04– Mais c'est fascinant, parce que, vous me l'avez dit, on a discuté un instant,
08:09juste avant de commencer cette émission, que vous aussi, vous aviez été très amoureuse d'Atos.
08:13– Bien sûr, c'est mon héros.
08:15– Voilà, il est brinde, névoureux, noble, absolument magnifique.
08:19– Et on se rend compte qu'il l'a épousée et que…
08:21– Voilà, il pense avoir épousé une jeune fille pure,
08:24tout toujours cette idée, moi qui m'envoie, de la pureté, de la sainteté,
08:27et malheureusement de la prostituée, de la femme perdue.
08:31Il pense avoir épousé une jeune fille pure,
08:33il découvre sa marque, il en déduit qu'elle n'est pas pure,
08:37et sans lui donner un instant la possibilité de s'expliquer,
08:40il la met à nu et il la pend.
08:42C'est d'une violence inouïe, sauf que dans Dumas, c'est raconté par Atos,
08:45qui le dit à D'Artagnan, donc c'est un peu effacé, la violence est atténuée.
08:51Moi, je donne cette scène à voir, donc je respecte absolument l'histoire de Dumas,
08:55mais simplement en la donnant à voir,
08:56eh bien on prend en compte l'extraordinaire violence de cette réaction.
09:01Bien sûr. Ce qui est évidemment très beau, c'est que d'une certaine façon,
09:07c'est une héroïne de toujours, cette Milady d'aujourd'hui aussi,
09:10on pourrait tout à fait transposer, on parle évidemment beaucoup de violence faite aux femmes,
09:15mais elle est victime de la violence des hommes, naturellement,
09:18et c'est une femme libre, c'est ce que vous disiez,
09:20elle se dit mère, très importante, mais libre, et c'est ce qui explique le titre.
09:24Mais c'est tout à fait ça, c'est-à-dire que c'est une femme qui a un élan vital extraordinaire,
09:27qui, au fond, à une époque où c'est absolument impossible,
09:31veut échapper et au couvent et au mariage.
09:34Elle a envie d'une autre voie,
09:36et moi je pense qu'elle a traversé les siècles et qu'elle a traversé la littérature,
09:40justement parce qu'elle, par sa vie, elle raconte des choses effectivement d'aujourd'hui,
09:46et toutes les femmes aujourd'hui peuvent se sentir en empathie avec elle,
09:49mais j'ai voulu aussi, c'est-à-dire que c'est un livre pour une femme,
09:52mais ce n'est pas un livre contre les hommes,
09:54et d'ailleurs je dédie ce livre à toutes les femmes qui nous ont précédées,
09:58parce qu'elles me bouleversent, toutes ces femmes qui ont ouvert la voie pour nous,
10:01et à tous les hommes qui les ont défendues et aimées.
10:04C'est très beau.
10:05Est-ce que les grands défenseurs d'Alexandre Dumas vous ont fait des réflexions,
10:08vous ont dit, mais c'est bien, là on découvre mieux Alexandre Dumas,
10:12ou au contraire, mais comment tu t'attaques à cette personne ?
10:14Alors j'avais très peur de ça, j'étais très inquiète,
10:17et j'ai beaucoup de chance parce que je crois qu'on ne peut pas ouvrir ce livre
10:21sans se rendre compte à quel point c'est une déclaration d'amour à Alexandre Dumas avant tout,
10:26et Alexandre Dumas maintenant est très à la mode depuis peu de temps,
10:29il a été très longtemps méprisé,
10:32c'était pas de la bonne littérature, c'était du feuilleton, c'était de la série,
10:35c'était facile, et moi je crois que c'est beaucoup plus que ça,
10:39et quand on vient me voir en me disant, mais vous savez quoi,
10:42ça m'a donné envie de lire ou de relire,
10:44et bien j'ai le sentiment que tout est gagné.
10:47J'ai l'impression que Dumas, enfin le père, c'était le Stephen King de l'époque.
10:52Ah oui, c'est vrai !
10:54Parce que moi par exemple, je trouve qu'il y avait des purs chefs-d'oeuvre chez Stephen King,
10:58après il en a fait beaucoup, il y en a des moins bons,
11:00mais je pense que voilà, ça sera un écrivain qu'on réhabilitera sans doute,
11:03comme avec Alexandre Dumas effectivement.
11:05Oui, bien sûr.
11:06Et une autre chose aussi que je trouve assez magnifique,
11:09c'est que finalement, sa destinée tragique est due à cause d'un mensonge initial qui ne la concerne pas,
11:15et en fait on est dans cette société du mensonge, il faut toujours cacher les choses,
11:19et pour cacher une chose, on fait un mensonge un peu plus grand,
11:22et elle n'a jamais, en réalité, c'est qu'à la fin avec D'Artagnan qu'elle peut s'expliquer,
11:26et d'ailleurs, il essaie de la sauver.
11:29Oui, c'est tout à fait vrai.
11:30Et comme ça, vous réhabilitez aussi D'Artagnan.
11:32Oui, ça, je les aime trop pour…
11:35C'était bien de souligner aussi qu'effectivement, D'Artagnan, c'est quand même un être humain
11:39qui apparaît quand même sensible.
11:40Dans sa complexité, en fait, on est dans une époque où la nuance se perd,
11:45et je trouve que la littérature doit rester un refuge d'humanité et de complexité.
11:50Oh combien !
11:51Évidemment, ce succès d'Alexandre Dumas, notamment après Montecristo
11:55et le succès du film, nous réjouit tous.
11:57Alors, Joseph Incarnan, vous, c'est d'une autre victime que vous nous parlez,
12:01brillamment d'ailleurs, dans Le monde est fatigué, c'est le titre du livre.
12:05Je précise que vous êtes un écrivain italo-suisse,
12:09avec une enfance peut-être très différente de celle d'Adélaïde, je pense,
12:13un peu nomade, un peu turbulente, un peu plus chaotique ou chahutée, disons.
12:18Voilà, ouais, chahutée, c'est bien.
12:20Chahutée.
12:22Mais vous avez reçu aussi de nombreux prix,
12:24notamment de littérature policière.
12:26C'est comme ça aussi qu'on vous connaît.
12:27Alors, dans ce livre, nous suivons donc une étrange héroïne
12:30dont on va découvrir, on ne va pas tout dévoiler,
12:33parce qu'il y a aussi, c'est évidemment ce que vous savez écrire,
12:36il y a beaucoup de suspense,
12:37on découvre progressivement ce qui lui est arrivé.
12:40Elle a été victime, cette aide, cette Ève,
12:42et elle va utiliser un drôle de talent
12:45dans ce monde aquatique,
12:48ses talents de sirène,
12:50et c'est dans ce monde aquatique que vous décrivez.
12:52Mais est-ce que, ça veut dire que vous l'aimez particulièrement,
12:55cet univers de l'eau, de la mer ?
12:57Alors, l'eau, la mer, oui.
12:58Parce que je fais du surf,
13:00j'ai toujours eu l'appel de la mer.
13:02Quand j'étais gosse, on allait en vacances en Sicile,
13:05et quand on était à 2-3 kilomètres d'arriver à la plage,
13:08je commençais déjà à me déshabiller,
13:09j'avais déjà mon maillot de bain dessous, prêt,
13:11je sortais de la voiture, je partais dans l'eau.
13:13Donc, l'eau, voilà.
13:14Après, non, l'idée de la sirène,
13:17c'est quelque chose qui est arrivé de manière assez inattendue.
13:20Ce n'est pas un mythe qui vous avait marqué dans l'enfance ?
13:21Absolument pas.
13:22Parce qu'on a eu aussi des contes pour enfants, mais...
13:25Non, d'autant plus que la sirène, à la base,
13:28c'est un être chimérique plutôt néfaste,
13:31plutôt mauvais.
13:34C'est des femmes-oiseaux, en fait.
13:36C'est encore un oiseau.
13:36C'est encore un point commun avec Mélanie de Witte,
13:41en fait, sur le papier.
13:42Et avec le temps, c'est devenu une figure kitsch,
13:44un peu kitsch, pseudo-glamour,
13:46Walt Disney, rose, tout joli, tout mignon,
13:50on fait des bisous bulles, tout ça.
13:51Donc, en fait, il y a déjà ce glissement,
13:55on va dire, sur le personnage.
13:57Quand j'ai appris qu'il y avait des sirènes professionnelles,
13:59et une de mes rencontres avec une sirène...
14:01Oui, ça, on l'apprend dans votre livre.
14:03Dans un avion.
14:04J'étais dans un vol transcontinental,
14:06et il y avait une énorme housse au milieu du siège.
14:08Il y avait trois sièges.
14:09Et j'ai demandé à la jeune femme qui était là,
14:11au bout de quelques heures,
14:12je lui ai dit, oui, c'est ma queue de sirène,
14:14je ne la mets jamais en soute,
14:14elle est trop précieuse,
14:15parce qu'il y a un monopane dedans.
14:17Et c'est comme ça, on en a parlé un peu,
14:19et j'apprends le...
14:20Et voilà, je me suis intéressée,
14:22je me dis, tiens, là,
14:23il y a un personnage déjà marginal de par sa profession.
14:27En plus, il y a quelque chose de l'idée de la fiction
14:29qui rentre dans...
14:30L'idée mythologique de la sirène
14:32qui, tout d'un coup, s'incarne dans quelque chose de réel,
14:34qui est, il y a eu Claire la sirène
14:37dans l'Aquarium de Paris pendant des années,
14:39qui faisait les spectacles pour les enfants,
14:40je m'en suis inspirée,
14:41du métier de sirène,
14:43où j'ai regardé des documentaires,
14:45des choses comme ça.
14:46Et je me dis, tiens, là,
14:48cette idée de ce personnage qui fait des bisous bulles,
14:50qui a le maquillage waterproof,
14:52qui doit mettre des gouttes dans les yeux
14:53parce que l'eau est salée et froide, etc.,
14:55qui est une vraie sportive,
14:57qui doit sourire,
14:58qui ne voit pas ce qu'il y a derrière la vitre,
15:00et qui, à l'intérieur, est dévastée.
15:02Je trouvais que, tout d'un coup,
15:03là, il y avait le déséquilibre initial
15:04avec un personnage.
15:06Alors, comment elle est dévastée ?
15:07Pourquoi ?
15:07Ben voilà, ça,
15:08au fur et à mesure de la construction du roman,
15:10que les choses sont apparues.
15:11On découvre que cette Ève s'appelait,
15:13en fait, Nathalie,
15:14et qu'elle a créé,
15:15enfin, qu'elle a été,
15:16elle a changé de nom
15:17parce que victime d'un très grave accident
15:19qui l'a mutilée,
15:21et, au fond,
15:23elle est marquée dans sa chair aussi,
15:24comme le fut Mélodie de Winter,
15:27mais elle conserve,
15:28et c'est ce que vous dites,
15:29pour faire ce qu'elle fait,
15:30une grande beauté,
15:31une grande force.
15:32C'est ça qui apparaît dans ce personnage,
15:34malgré ce handicap.
15:36Alors, je pense qu'on peut le dire,
15:38parce que ça arrive assez vite.
15:39En fait, elle a les deux jambes amputées,
15:41et une grande partie de son corps
15:43a été reconstituée
15:44suite à un tragique accident,
15:46et elle devient, d'une certaine manière,
15:50un peu transhumaine,
15:51et elle devient sirène,
15:52parce qu'elle est à moite,
15:53c'est une femme tronquée, finalement,
15:56et, effectivement,
15:57dans cette apparence reconstruite,
16:01elle apparaît, en tout cas, de loin,
16:04en tout cas, comme un être presque mythologique,
16:07mythique, et plutôt séduisant,
16:10à l'intersection de l'humain
16:13et d'autre chose.
16:14Et ça, c'est quelque chose
16:15qui m'intéresse aussi de fouiller.
16:18On parle beaucoup de transhumanisme,
16:20et ça va avec l'idée des non-lieux
16:21de Marc Auger,
16:22parce qu'elle ne fait que traverser
16:24des aéroports, des halls de gare,
16:26elle dort dans des hôtels impersonnels,
16:28et puis on est au croisement
16:29avec Cronenberg, Crash,
16:31voilà, la reconstitution,
16:33elle a une mâchoire en porcelaine,
16:35elle a des jambes en titane,
16:36enfin, voilà,
16:37elle est dans quelque chose...
16:38C'est très inégénique, d'ailleurs,
16:39ce personnage,
16:40pourrait être un personnage
16:41de film, tout à fait.
16:43Oui, alors, il n'y a pas eu
16:44encore autant de films
16:44que Dumas, mais...
16:45Ça ne saurait tarder,
16:47ça ne saurait tarder.
16:48Ce qui nous frappe aussi,
16:49c'est sa grande solitude,
16:50c'est cette vie,
16:52qui, comme vous dites,
16:53elle est dans les avions,
16:54toute seule,
16:54alors elle a un ami,
16:57qui lui aussi, d'ailleurs,
16:58un ami proche,
16:59qui lui aussi a un problème
17:00avec son corps,
17:00puisqu'il ne s'assume pas
17:01complètement...
17:02Il est énorme,
17:03il a un problème de thyroïde
17:04et il n'est pas dans le corps
17:06qui le représente,
17:07et ça, c'est quelque chose
17:08de terrible,
17:09et Ève non plus,
17:10elle n'est plus dans le corps
17:11qui la représente.
17:13Et ce rapport au corps
17:14qu'on a en permanence,
17:15dans cette physicalité
17:16qui s'impose toujours à nous,
17:19dans cette résistance,
17:20parfois, du corps,
17:21est quelque chose
17:21qui traverse un peu
17:22tous mes livres aussi.
17:24Et qui nous concerne tous
17:25dans ces sociétés
17:26où le physique est important,
17:27où on se regarde.
17:29Ce qui est aussi, évidemment,
17:30ce qui nous ramène
17:31à l'actualité
17:32ou à la réalité,
17:34Joseph Encardona,
17:35c'est qu'on va découvrir
17:37comment cet accident
17:38s'est produit,
17:38alors ça,
17:39on ne va pas trop le préciser,
17:40mais c'est un chauffeur,
17:42enfin,
17:42elle est renversée
17:44par un deux-roues
17:45très puissant
17:46et conduit à toute allure,
17:48et au fond,
17:49c'est des faits divers
17:49très fréquents,
17:50c'est délit de fuite,
17:52c'est mort sur la route,
17:54inexpliquée...
17:56Alors, déjà,
17:58une chose,
17:59avant de revenir sur ça,
18:00je voulais juste dire,
18:00effectivement,
18:01le sujet du livre,
18:02c'est la vengeance,
18:02mais la thématique,
18:04c'est celle de la perte
18:04et de la solitude.
18:06Et au fond,
18:07on voit toujours
18:07une sirène
18:08sur son rocher
18:09qui regarde au loin,
18:10elle est seule,
18:11il n'y a personne avec elle,
18:12et elle est seule réellement,
18:14Ève.
18:14Et effectivement,
18:15à un moment donné,
18:16je me suis posé la question
18:17qu'est-ce qui apporte,
18:19qu'est-ce qui pourrait être
18:19à l'origine
18:20de sa mutilation ?
18:23Et alors,
18:23j'ai cherché des choses
18:24très complexes,
18:27puis finalement,
18:27je me suis dit,
18:28c'est exactement ce que vous dites,
18:29le simple accident
18:30de la route.
18:31C'est une boigneuse.
18:32Et en plus,
18:33cet accident arrive
18:34où elle est dans un moment
18:35de plénitude absolue,
18:36de bonheur absolu,
18:38et c'est cette Lamborghini noire
18:40qui arrive dans la nuit
18:40et qui ne la voit pas
18:42parce qu'il y a l'arrogance.
18:44Oui, de la richesse.
18:45Voilà,
18:46et puis l'arrogance
18:46de la puissance.
18:48Alors, après,
18:49qui pilote cette voiture ?
18:50Ça, ça sera intéressant,
18:51je ne le dirai pas.
18:51Mais il y a toute cette arrogance,
18:54le lien de l'automobile aussi
18:56avec tout un type
18:57de comportement
18:58et donc le vélo,
18:59on ne le voit même pas,
19:01ça n'existe pas.
19:02Et la chose qui m'est venue après,
19:07parce que c'est souvent,
19:09c'est en écrivant
19:09qu'on comprend
19:10ce qu'on est en train de faire,
19:12c'est que je me souviens
19:13de cette image
19:14des Dents de la mer
19:16avec cette fille qui nage
19:17puis la pointe,
19:17le museau du requin
19:19qui va vers elle.
19:21Et en fait,
19:21c'est pareil.
19:22Elle est là,
19:23elle est dans l'insouciance
19:25du moment
19:25et il y a cette voiture sombre
19:26qui arrive dans son dos.
19:28Et c'est un peu...
19:29Et on rejoint...
19:29Et qui va la dévorer, oui.
19:32Parce qu'il va la dévorer
19:33d'une certaine manière.
19:34Vous voulez dire quelque chose ?
19:35Oui, moi j'ai été absolument
19:37magnétisée par ce livre.
19:38C'est-à-dire que je l'ai dévoré
19:40sans être une lampe.
19:42Au deux héroïnes.
19:42Moi, je l'ai dévoré.
19:45Il a quelque chose
19:47que j'aime beaucoup,
19:48c'est François Zéritier
19:48qui disait ça,
19:49la notion de rémanence.
19:51C'est-à-dire que ce texte,
19:51vous le lisez,
19:52il vous reste,
19:53il vous marque,
19:54il y a des images
19:54qui vous reviennent
19:56et au-delà de la mythologie,
19:58de la beauté,
19:58du magnétisme
19:59de cette femme.
20:01Il y a aussi quelque chose
20:02de très intéressant
20:02qui est une sorte aussi
20:03de critique de la société.
20:06Oui.
20:07Très...
20:08Voilà, très...
20:09Pas virulente
20:10parce qu'elle est dite
20:11de très jolie manière
20:13mais extrêmement précise.
20:14C'est-à-dire que cette société,
20:16je trouve,
20:17vide de consommation
20:19où on voit quand même
20:20des familles extrêmement gâtées
20:22qui offrent cette sirène
20:23pour le goûter des enfants
20:25où on voit tous ces mondes aussi
20:27dans lesquels sont ces aquariums
20:29qui sont vraiment
20:30que des endroits
20:31de consommation,
20:32etc.
20:32Il y a cette manière quand même
20:34d'aller analyser
20:34notre monde contemporain
20:36à travers une histoire
20:37qui est de l'ordre
20:38presque de la mythologie
20:39que je trouve
20:40d'une très très grande puissance
20:41et c'est pour ça
20:42que ça nous reste.
20:42C'est la signification du titre
20:44qui est jolie d'ailleurs.
20:45Le monde est fatigué.
20:46C'est ce qu'elle perçoit
20:47et c'est ce qu'on perçoit
20:48dans ce que vient de dire Adélaïde.
20:50Parce qu'elle,
20:51elle a perdu
20:52et elle est dans une grande solitude
20:53et j'ai l'impression
20:53qu'on vit une époque
20:55où on est en train
20:57de perdre des choses
20:58et on est aussi
20:59dans une forme de solitude
21:00et de perte de repères.
21:03Alors, merci de le souligner,
21:06c'est vrai aussi
21:07que je n'ai pas eu envie
21:08de poser ni de point de vue personnel
21:10ni de morale, surtout pas.
21:12Je pense qu'un écrivain
21:13ne doit surtout pas,
21:14il doit donner à voir.
21:15Non, il y a des réflexions
21:17sur l'état de la planète
21:18puisqu'elle va participer
21:20à des campagnes
21:21pour la sauverte de l'environnement.
21:22Ça, j'y suis arrivé
21:23un peu par hasard
21:24avec cette histoire
21:24du continent de plastique.
21:26Mais voilà,
21:27puis après, ça, c'est un fait
21:28et elle s'y retrouve,
21:32voilà, elle est là-dedans.
21:34Dans ce monde-là, oui.
21:35On voit avec ses yeux
21:37mais elle ne dit rien dessus.
21:38Elle ne dit pas
21:39c'est bien, c'est pas bien.
21:40C'est son amie qui pleure
21:41en voyant ça.
21:42On ne va pas révéler la fin
21:43mais ce qui se passe à la fin
21:45montre bien
21:45qu'elle ne peut pas l'accepter.
21:47Non, oui.
21:48Ça, la fin est extraordinaire.
21:51Avec ce désir de vengeance
21:52qui réunit vos deux héroïdes
21:54et on ne va pas dire contre qui
21:56parce que c'est tout de même
21:57le suspense aussi
21:57qui fait la saveur de ce livre.
21:59Parlons des styles
22:00de vos deux livres.
22:01Je dirais qu'ils sont différents.
22:04Pour vous, Adélaïde
22:05de Clermont-Tonnerre,
22:06c'est très élégant.
22:07Je ne sais pas comment
22:08vous l'avez perçu.
22:09Moi, j'ai vu ça comme ça.
22:10avec beaucoup de fluidité.
22:12Est-ce qu'il y a des auteurs
22:13qui vous ont inspiré ?
22:14Peut-être d'ailleurs
22:15la langue d'Alexandre Dumas.
22:17Je me suis posé
22:18beaucoup de questions
22:19sur la langue.
22:19Je vous remercie.
22:19Vous décrivez comme ça
22:20d'ailleurs depuis le début.
22:22En fait, toute la difficulté,
22:23c'était comment faire voyager
22:25le lecteur dans cette époque
22:26parce qu'on parle quand même
22:27d'un écrivain du XIXe
22:29qui écrit sur le XVIIe siècle.
22:31Et je voulais donc colorer.
22:33Je voulais qu'il y ait
22:34des parfums du XVIIe siècle,
22:36qu'on puisse se projeter
22:37dans ce moment-là.
22:38Mais en même temps,
22:38comme c'est une héroïne pour moi
22:39éminemment contemporaine,
22:41je n'ai pas voulu singer
22:42une langue ancienne.
22:44Donc, j'ai gardé
22:45une langue contemporaine,
22:47mais qui est censée
22:48nous donner le sentiment
22:51de vivre un peu à la bougie,
22:54de pouvoir effectivement
22:56sentir le cuir et le cheval
22:58et entendre les épées,
23:01mais en m'autorisant aussi
23:03des grands moments
23:03d'introspection.
23:04Donc, je joue avec le KPDP
23:06et je joue aussi
23:08avec le roman d'introspection.
23:10Et puis l'historique,
23:11l'aspect historique aussi,
23:12parce qu'il y a plein d'éléments
23:13qui sont là,
23:14mais qui ne deviennent pas lourds.
23:15Parce que ça,
23:16c'est le problème,
23:17il faut que le roman
23:17soit toujours devant.
23:19Sinon, ça devient un essai,
23:20ça devient...
23:21Et là, vous arrivez bien
23:22à le faire.
23:22Il y a vraiment le contexte,
23:23mais en même temps,
23:24elle, on la suit tout le temps.
23:25Enfin, je veux dire,
23:25c'est à elle qu'on s'attache.
23:27Mais en tout cas,
23:27et ça, je pense que c'est
23:28quelque chose
23:28qu'on a en commun,
23:29c'est-à-dire qu'on a envie
23:30de prendre le lecteur
23:33et qu'il n'ait plus envie
23:34de poser le livre.
23:35Parce qu'on a envie
23:35d'offrir les livres
23:36que, en tout cas,
23:37moi, j'aime lire
23:37et que j'ai ressenti
23:38en lisant le livre de Joseph.
23:40Bien sûr.
23:40C'est vraiment...
23:41Voilà, on est embarqués
23:43et ça demande, en fait,
23:45on pense que c'est...
23:47Ça demande pas mal de travail
23:48d'arriver à ne pas laisser
23:50le lecteur descendre de cheval,
23:51en fait.
23:52C'est sûr.
23:52Je dirais que votre style,
23:53Joseph Ancardona,
23:54il est très...
23:55Enfin, oui,
23:55mais il m'est apparu
23:56très différent.
23:57Plus...
23:58aride,
23:59enfin, plus...
24:00Parfois décalé
24:02ou plein...
24:02Avec des petites...
24:05Des virgules de l'humour,
24:07de...
24:07Des petites saïcéniques.
24:08Des petites saïcéniques,
24:09voilà.
24:09J'ai trouvé vraiment différent,
24:11bien sûr,
24:11et c'est...
24:12Là, j'ai l'impression
24:13que ça nous ramène aussi
24:13au roman policier,
24:15ou...
24:15Est-ce que vous avez
24:17des modèles aussi
24:17pour écrire ?
24:19Chaque livre, pour moi,
24:20est assez différent.
24:21J'essaie toujours
24:22d'adapter de manière subtile,
24:26en tout cas personnellement,
24:26la forme au fond,
24:27et puis c'est vrai
24:29que vu qu'on est
24:29dans un monde déshumanisé,
24:32parce qu'elle vit
24:33dans ses non-lieux,
24:34elle ne fait que transiter
24:35d'un hôtel à l'autre,
24:37d'un continent à l'autre,
24:38etc.
24:38J'avais envie
24:39d'une écriture
24:40à la carveur, quoi.
24:41Oui, c'est ça.
24:42Très sèche, très...
24:44Et les moments d'humanité,
24:45ils apparaissent
24:46quand il y a des frottements
24:48de personnages,
24:48on va dire.
24:50Alors que j'ai d'autres moments
24:50qui sont un peu plus baroques,
24:52un peu plus...
24:52Voilà,
24:53où il y a un peu plus
24:54d'adjectifs.
24:54Ce qui n'est pas le cas,
24:55là, c'est pas baroque.
24:56Non, non, là,
24:57on est comme une architecture
24:59de Le Corbusier,
25:00on est dans quelque chose
25:02avec du néon,
25:03avec...
25:04Voilà, on est...
25:04Ce n'est pas très chaleureux.
25:06Et d'ailleurs,
25:06Ève, au début,
25:07je ne sais pas si vous l'avez
25:08perçue comme ça,
25:09mais elle n'est pas
25:09très sympathique.
25:10Non, elle est assez dure.
25:12Et au fur et à mesure
25:12qu'on la connaît...
25:13Oui, bien sûr.
25:15Parce qu'il y a des moments
25:15en même temps d'humanité
25:16assez bouleversantes.
25:17C'est-à-dire que quand
25:18elle espère à un moment,
25:19justement, un homme
25:20qu'elle croise dans un bar
25:21se rapprocher enfin,
25:22avoir enfin, en gros,
25:23une peau contre la sienne,
25:25je ne vais pas dévoiler la scène,
25:26mais moi,
25:26j'ai été extrêmement touchée
25:27parce que c'est là
25:28qu'on sent la solitude.
25:29Donc, c'est architecture,
25:30le corbusier,
25:31mais avec de la chair.
25:32Oui, oui.
25:33Ça, c'est vrai.
25:33Après, il y a un petit tapis
25:34indien par terre et tout.
25:36Il y a un peu de...
25:37Deux héroïnes,
25:39seules,
25:40marquées dans leur chair,
25:41qui veulent se venger.
25:43Et deux livres
25:44qui nous passionnent
25:45du début à la fin.
25:46Ça, c'est vrai.
25:47Adèle Hayde de Clermont-Tonnerre,
25:48ça s'appelle
25:49Je voulais vivre.
25:50Merci beaucoup
25:50d'être venu nous voir.
25:52Et vous, Joseph-Hincardona,
25:53ça s'appelle
25:53Le monde est fatigué.
25:56Alors, juste quelques coups de cœur
25:57pour terminer cette émission.
25:59D'abord, encore un personnage féminin
26:00très fort,
26:01avec le roman de Yakuta
26:02Alikavazovitch
26:03au grand jamais,
26:04ça s'appelle
26:05Chez Gallimard.
26:06Un des très beaux livres
26:07aussi de cette rentrée.
26:08Et puis, pour changer un peu,
26:09alors, une bande dessinée,
26:10là, ils sont tous là,
26:12très littéraire,
26:13qui est assez formidable
26:14parce qu'elle est adaptée
26:15d'un roman de Simonon.
26:16Ça, c'est peut-être
26:16pour vous, Joseph.
26:18Ça s'appelle
26:18La maison du canal
26:19de Bokeh et Édith
26:20aux éditions d'Argot.
26:22Et puis, pour ma part,
26:23puisqu'on parlait
26:24de Normale Sup,
26:24Adèle Hayde,
26:25je vous recommande
26:26le livre d'Éliette Abécassis
26:27qui s'appelle
26:2845 Rue d'Ulme
26:29chez Flammarion.
26:30Elle est normalienne
26:32agrégée de philosophie.
26:34Et dans la collection
26:35assez jolie
26:35qui s'appelle
26:36Retour chez soi,
26:36même très jolie,
26:38eh bien,
26:38elle raconte son retour
26:39à Normale Sup,
26:40dans ce 45 Rue d'Ulme
26:42où elle a été
26:43reçue au concours.
26:45Enfin, ce que vous avez vécu,
26:46j'imagine,
26:47ses quatre ans passés
26:49dans l'école,
26:49retrouvent ses amis,
26:50ses souvenirs.
26:51Ça s'appelle
26:5145 Rue d'Ulme.
26:52Voilà.
26:53Merci beaucoup
26:53à tous les deux
26:54d'être venu nous voir.
26:55Merci beaucoup.
26:56Merci à vous
26:57de nous avoir suivis.
26:57On se retrouve très vite
26:58pour Au bonheur des livres.
26:59À très vite.
27:00Sous-titrage Société Radio-Canada
27:05Sous-titrage Société Radio-Canada
27:10Sous-titrage Société Radio-Canada
27:13Sous-titrage Société Radio-Canada
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