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00:00Ce qui est très important pour nos Français, c'est qu'on est attaché à la bagnole, on aime la bagnole, et moi je l'adore.
00:05Moi j'adore la bagnole.
00:06Moi j'ai vécu avec ça, j'ai 60 ans, donc là c'est quand même un outil de liberté extraordinaire.
00:11Ah oui, j'avoue que j'aime bien ça, ce qui ne veut pas dire que j'aime polluer, mais j'aime bien la voiture.
00:15J'aime la voiture comme une grande majorité des Français.
00:18Dans le pays, il faut accompagner les gens, même les plus précaires, à pouvoir acquérir des voitures moins polluantes.
00:23Ça s'appelle le principe de réalité.
00:30Eric Revelle, l'automobile traverse une crise assez profonde et malheureusement, j'imagine qu'elle sera assez durable.
00:41Est-ce que l'avenir, est-ce qu'il y a des... Aujourd'hui, on peut réfléchir à des choses et changer le cours de cette descente aux enfers ?
00:48Écoutez, j'en sais rien. Moi je porte un message d'espoir, mais en tant que, j'allais dire, conducteur et amoureux de la bagnole.
00:55Mais quand je lis, par exemple, ce que disait Luc Châtel, le président de la plateforme automobile, c'était dans le Figaro, il y a plusieurs semaines,
01:01où il dit que c'est minuit moins deux pour l'avenir du secteur automobile.
01:06Xavier Oran, le DG de Mobiliance, dans Valeurs Actuelles, qui explique que la concurrence chinoise est telle aujourd'hui,
01:15qu'on se demande combien de marques, finalement, résisteront à l'horizon 5-10 ans.
01:21Marques européennes, marques françaises. Voilà. Et puis il y a le sujet dont parlait Philippe David tout à l'heure, qui est très important,
01:29et qui semble, sur le point de connaître une reculade, c'est la fameuse fin des moteurs thermiques en 2035,
01:35puisque le chancelier allemand fait pression pour dire, en gros, cette année, cette date est complètement folle.
01:43Voilà. Mais moi, ce qui m'inquiète, mais on va écouter le président, les spécialistes,
01:46moi, ce qui m'inquiète, c'est la montée en puissance des voitures japonaises. Vous savez, il n'y a pas très longtemps,
01:51j'étais à Strasbourg, j'attendais un taxi, et je vois une bagnole incroyable qui arrive,
01:56et je me dis, tiens, c'est une nouvelle marque, c'est un nouveau modèle de Tesla.
02:00Je rentre, je dis au type, mais alors, qu'est-ce que c'est ? Il me dit, non, monsieur, ce n'est pas une Tesla,
02:04c'est une BYD, c'est une chinoise.
02:06C'est chinois, hein ?
02:06Chinois, chinois. Et je me suis dit, ah, voilà. Donc, bon, et puis j'ai en tête le mot de Xavier Oran.
02:1230% du marché mondial aujourd'hui.
02:13Qui dit qu'en fait, aujourd'hui, les voitures chinoises sont des smartphones avec 4 roues,
02:19c'est-à-dire qu'ils savent tout faire. Voilà, c'est ça. Et là, on a, à mon avis, accumulé du retard.
02:25Justement, Philippe Baudin, vous êtes le président d'Equipe Auto, 50 ans, on vient de le dire,
02:29c'est le dernier anniversaire. Et pourtant, on sent ici qu'ils sont très résilients et surtout très motivés.
02:33Ils ne sont pas résilients, il y a une réalité marché. Aujourd'hui, quand on parle de la Chine 2 minutes,
02:41il y a 146 constructeurs chinois aujourd'hui. Les 146 constructeurs chinois, l'année dernière,
02:46en fabriquaient 30 millions de bagnoles. En 1994, c'était 250 000. La France en fabriquait
02:52par loin de 3,5 millions ou 4 millions. On va péniblement faire 1,2 millions à la fin de l'année.
02:56Alors, ça, c'est une réalité, c'est des chiffres. On est, je pense, en train de perdre ce qu'on appelle
03:01notre souveraineté industrielle en France parce que je pense qu'on n'a pas, et ça n'engage que moi à ce que je dis,
03:06mais on n'a pas assez écouté les industriels et les pros de l'auto.
03:10Je donne juste quelques chiffres. L'industrie automobile française, aujourd'hui, c'est 350 000 personnes sur 4 000 sites.
03:17Exactement. Et donc, quand on regarde l'arrivée massive des Chinois, on peut difficilement ne faire que de le constater.
03:26Aujourd'hui, ils arrivent à proposer... On est allé en Chine récemment et on a vu des voitures qui sortent à des prix,
03:31on va dire, entre 10 et 25 000 euros, qui sont proposées en Europe à 45 ou 60 ou 70 000 euros.
03:38La voiture, je le répète, ça reste un outil de liberté. Si on demande à des gens qui n'ont pas les moyens
03:42d'acheter une voiture d'occasion à 15 000 euros d'en acheter une neuve parce qu'elle est électrique à 40 000,
03:46ça ne va pas passer. Il y a un truc qui ne marche pas. Bon. D'un autre côté, et j'en finirai là-dessus juste pour le constat,
03:52c'est que le parc automobile mondial, c'est 1,5 milliard de bagnoles qui roulent.
03:56Il y en a 1,85 qui sont des véhicules 100% électriques. Alors après, je vois bien que 2035, ce soit une échéance.
04:04Ceci étant, il y a une réalité. Quand vous regardez tous les gens qui sont réunis aujourd'hui à Equipe Auto,
04:07c'est des pros de l'auto, ils sont d'abord, c'est un salon professionnel. Il y a une réalité qui fait que les produits
04:14qui s'échangent concernent principalement des véhicules à base de thermique. Donc on a du mal,
04:20on a du mal aujourd'hui à imaginer que l'électrique serait la solution unique.
04:24Ce n'est pas la solution. D'abord, c'est une des solutions. On a eu l'occasion de le dire et de le répéter.
04:29Et je pense qu'il faudrait que les messages que la profession passe soient un tout petit peu plus entendus
04:32et que ce soit plus conforme à la réalité du marché.
04:35Moi, j'ai envie de dire merci au Sénat de s'intéresser enfin à un sujet pour lequel certains tirent la sonnette d'alarme
04:41depuis des années, en se faisant, dans nos avis, que ce soit Mobiliance, par exemple, en se faisant traiter de Cassandre.
04:48Mais c'est vrai que les derniers temps, la priorité, c'était de féminiser la devanture du Panthéon.
04:52Chacun ses priorités. Moi, ce que je trouve absolument dingue, c'est que dans les rapports du Sénat,
04:57il y a quand même une réalité que j'ai rappelée, c'est qu'on ne décide pas la politique commerciale.
05:01Vous avez d'un côté la Chine qui a un marché protégé, alors que nous, nous pratiquons le libre-échange,
05:07on a un marché ouvert. Ça, c'est la première chose.
05:09La deuxième chose, la Chine a une monnaie sous-évaluée quand nous, nous avons une monnaie sur-évaluée.
05:13Troisième chose, ils peuvent faire leur marche sur le marché domestique qui fait plus d'un milliard de consommateurs,
05:18près d'un milliard et demi, tant il est gigantesque pour casser les prix à l'exportation.
05:23Et quand vous rajoutez, en plus, qu'ils ont des coûts de production beaucoup plus bas que nous,
05:27vous comprenez pourquoi le strike est mauvais, mais pour nous.
05:30Allez, on fait une petite pause. On revient dans un instant.
05:32Il y a Claude Cham de Lafièvre qui est avec nous en face.
05:35On va lui demander de prendre un micro et on lui posera deux, trois questions.
05:37Allez, à tout de suite.
05:38Et on est très heureux avec Philippe David d'être ici pour fêter le 50e anniversaire de ce salon Equipe Auto,
06:00des équipementiers français. Autour de cette table, Eric Rebelle est avec nous, direct journaliste et écrivain.
06:05Et puis, Philippe Baudin, président d'Equipe Auto.
06:08Et on a récupéré Claude Cham, qui est président d'honneur de Lafièvre et président de la SAS Equipe Auto.
06:15Il traînait.
06:15Voilà, ça, il traînait.
06:16Il était par là, il était en train d'aider dans les allées.
06:19Dans l'habitude, celui qui traînait, c'était Charles, ce n'était pas Claude.
06:22C'est drôle.
06:23Et on va revenir sur ce rapport sénatoriel qui a l'air sur les...
06:26Claude, il était sur le circuit du Nougaro.
06:27Sur les risques d'effondrement de la filière automobile française avec des premières propositions.
06:34Le report de l'interdiction de la vente des véhicules thermiques, Claude.
06:39On essaye, on essaye, on essaye, mais on n'y croit pas, finalement.
06:43Si, il faut y croire.
06:44Il faut y croire ?
06:45Il faut y croire.
06:46Oui.
06:46Si, si, il faut y croire.
06:48Ça fait maintenant plusieurs années qu'à la fièvre, nous y travaillons avec l'appui d'un certain nombre.
06:53Et je salue quand même que là où beaucoup de gens ne pensaient pas que 2035 était une bêtise,
07:01on voit quand même que le chancelier allemand vient de faire des déclarations.
07:05Et donc l'Allemagne, l'Italie, si la France appuie ce genre de propositions,
07:11je ne dis pas que nous repousserons l'interdiction des véhicules thermiques.
07:16D'ailleurs, je pense qu'il faut aller vers une certaine électrification de la mobilité.
07:21Vous connaissez ma thèse.
07:23La mobilité de demain sera multimodale.
07:25Il faudra de l'électrique.
07:27Il faudra de l'hybridation.
07:29Et il faudra encore des moteurs à combustion interne.
07:32Des moteurs à combustion interne dans lesquels, d'ailleurs, on peut mettre des biocarburants.
07:36On peut mettre de l'hydrogène.
07:37On peut faire des tas de choses.
07:38Ne faisons pas la bêtise d'oublier et de continuer à travailler sur la technologie du moteur à combustion interne
07:45parce que les Chinois, eux, ont décidé de continuer à chercher dessus.
07:49Donc si nous voulons rester compétitifs et cette clause de revoyure qui va arriver,
07:54j'espère que la Commission va se ranger à une vision de bon sens
08:00parce que le temps industriel n'est pas le temps politique.
08:04Deuxième chose, si je puis finir là-dessus,
08:07c'est que vous voyez bien que le marché dont on nous disait que le marché électrique allait partir
08:12comme une hyperbole, eh bien aujourd'hui, il est flat.
08:16Et il y a une personne qu'on a oubliée, à mon avis, dans tout ça.
08:20C'est quand même le consommateur, le client, l'utilisateur.
08:24Et il démontre qu'il n'est pas si fan que ça de toutes ses idées qui sont de bonnes idées
08:30mais qui veulent peut-être s'imposer de façon un peu trop rapide.
08:34Ce qui est fou, c'est comment a-t-on pu prendre une décision comme l'interdiction du moteur thermique
08:39comme ça, d'un seul coup de plume, sans réfléchir aux conséquences
08:43que ce soit pour l'industrie, que ce soit pour l'industrie automobile, bien sûr,
08:47que ce soit pour les sous-traitants, que ce soit pour tous les aspects annexes.
08:51Parce qu'on oublie quand même une chose, une des premières rentrées d'argent des États,
08:56c'est la TIPCE en France, ou l'équivalent, qui sont les taxes sur les carburants.
08:59Comment des gens qui, théoriquement, sont la super élite qui dirige et prend les bonnes décisions,
09:04ont pu prendre une décision aussi stupide ?
09:06Si vous avez une réponse, aidez-moi, je n'arrive pas à trouver.
09:08Philippe Audin ?
09:10J'ai une réponse, ça ne va pas forcément être très simple, mais en tous les cas,
09:14je l'ai dit tout à l'heure, il faudrait que les politiques se mettent à écouter les industriels.
09:19C'est la base.
09:20Il faudrait-il toujours parler au même ?
09:22Oui, peut-être.
09:23Toutes les décisions qui sont prises ne sont pas des mauvaises décisions.
09:26Elles ont été prises peut-être avec un recul pas suffisamment important
09:31pour comprendre quels étaient les enjeux et quels étaient les attentes,
09:34comme le disait Claude, des consommateurs.
09:36Un consommateur, aujourd'hui, il a envie de se déplacer du point A au point B.
09:39Qu'on lui impose un modèle de mobilité,
09:42je trouve ça déjà un petit peu compliqué dans la tête des gens.
09:44Après, il faut que le produit soit adapté à son besoin.
09:48Et on en revient toujours au même.
09:50Malheureusement, les constructeurs aujourd'hui européens proposent des choses qui sont très lointaines
09:55de ce que les Asiatiques sont capables de faire arriver sur le marché.
09:58Mais est-ce qu'on pense à ces européens, finalement, Éric Revelle ?
10:03Moi, cette Europe fédérale, celui-là, ne m'a jamais convaincu.
10:08Je suis plus pour une Europe des nations.
10:10L'Europe qui a le numéro de téléphone.
10:12D'André Kissi-Dior, il y a 51 ans.
10:14Voilà, mais j'écoutais Claude Cham tout à l'heure qui disait un truc intéressant.
10:16Il disait, voilà, l'avenir, c'est le multimodal.
10:20Et puis, il disait, il y a un pilier biocarburant.
10:25Parmi les gens qui réfléchissent fort, les élites,
10:28je ne sais pas si vous avez vu, dans le budget 2026,
10:30présenté par Sébastien Lecornu II,
10:35il y a l'alignement fiscal des biocarburants.
10:39Il y a la fin des avantages pour l'E85, l'éthanol,
10:43et le B100, Colza,
10:44qui vont être alignés sur l'essence et sur le gazole.
10:47Voilà, voilà.
10:48Ben oui, parmi les élites qui réfléchissent,
10:51il y a ce petit codicide dans le budget
10:53qui fera plaisir à Claude Cham.
10:54Oui, bien sûr.
10:56Je connais trop la TICPE, comme vous venez de la rappeler,
10:58parce que la TICPE, ce que les gens ne savent pas,
11:01c'est que lorsqu'ils achètent un litre de carburant,
11:05ils ont essentiellement des taxes.
11:06Et on a même inventé un super concept,
11:10c'est la TVA sur les taxes.
11:11Absolument.
11:11Il faut quand même le faire.
11:13Mais on avait déjà créé la taxe sur la détaxe
11:15il y a quelques années pour les chauffeurs de taxi,
11:17sur les carburants.
11:18Ce qu'il faut dire et ajouter,
11:21c'est la masse que ça représente,
11:23ça représente 43 milliards d'euros par an
11:27qui rentrent dans le budget de l'État.
11:29Donc il y a déjà une personne qui travaille au Trésor
11:33qui a alerté le gouvernement sur la perte de taxes sur le sujet.
11:36Donc je ne suis pas surpris que dans les...
11:39Ah ben c'est écrit, on verra si ça résiste au débat parlementaire, Claude.
11:42Mais voilà, on se dit, il faut faire du biocarburant,
11:45mais on va le taxer pour le même niveau que le gazole et l'essence.
11:48Exactement.
11:49Donc ce que je voudrais répondre, c'est par rapport aux deux questions.
11:51Allez, il nous reste 20 secondes.
11:52Pourquoi ?
11:53Eh bien pourquoi, il y a deux raisons principales.
11:55Il ne faut pas pleurer sur le passé.
11:56Il y a eu un dieselgate
11:58qui n'a pas arrangé les constructeurs automobiles.
12:01Il faut dire les choses telles qu'elles sont.
12:02Et puis par ailleurs,
12:04tant d'années de dogmes anti-voiture,
12:07ça a amené à ce genre de décision extrême.
12:11Voilà.
12:12Merci beaucoup, Claude Cham.
12:14Allez tout de suite, on n'y croit pas.
12:15Merci.
12:16Merci.
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