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  • il y a 2 jours
Christian Delhomme , directeur régional Centre-Val de Loire de la Banque de France

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Transcription
00:00Quelles sont les conséquences économiques de l'instabilité politique en France ?
00:04Marie d'Orsay, alors que le nouveau gouvernement Lecornu doit présenter aujourd'hui en Conseil des ministres
00:08les projets de budget de l'État et de la sécurité sociale,
00:12on fait le point ce matin en recevant le directeur régional du Centre-Val-de-Loire de la Banque de France.
00:16Bonjour Christian Delhomme.
00:18Bonjour Marie d'Orsay.
00:19La Banque de France en Centre-Val-de-Loire publie aujourd'hui son enquête mensuelle sur les tendances économiques.
00:25Quelles sont les dynamiques chez nous ?
00:27Alors les dynamiques chez nous sont un petit peu dans la même veine que celle du national,
00:31mais avec quelques inflexions, à savoir que le bâtiment notamment est plus dynamique qu'il ne l'est au niveau national,
00:39où il est plutôt encore en repli.
00:41Alors dynamique veut dire dans une période difficile bien évidemment,
00:44mais notamment la construction de maisons individuelles a rebondi le mois dernier,
00:50et le second oeuvre a accentué sa progression.
00:52Donc ça c'est plutôt un bon signal que je relis d'ailleurs avec le fait que les crédits nouveaux à l'habitat
00:57sont toujours à un niveau élevé, qui est remonté ces derniers mois.
01:01On est à plus de 12 milliards d'euros sur la France entière,
01:04et ils sont très dynamiques dans la région Centre-Val-de-Loire.
01:07Donc finalement ça ne va pas si mal si on vous écoute ?
01:09Voilà, alors évidemment dans d'autres secteurs, je pense aux services, c'est un petit peu moins dynamique.
01:15L'industrie est variable suivant les secteurs, mais avec des secteurs très dynamiques et d'autres un peu moins.
01:20Donc effectivement, on pourrait dire que dans une période où l'incertitude demeure quand même très majoritaire,
01:27dans les décisions des chefs d'entreprise comme des particuliers,
01:30le corps économique, le tissu économique tient.
01:33Il tient grâce à la résilience des Français, des chefs d'entreprise,
01:38parce qu'on a l'impression notamment depuis le Covid, mais que ça s'aggrave parfois,
01:42et que la situation politique économique, l'incertitude justement n'arrange pas les choses.
01:46Pour autant, vous nous dites ce matin, finalement ce n'est pas si mal.
01:49Voilà, alors effectivement cette incertitude, elle pèse du côté des entreprises sur les décisions d'investissement,
01:57c'est-à-dire qu'il y a beaucoup moins d'investissement que ce qui était prévu en début d'année.
02:01On va refaire notre enquête annuelle pour qualifier précisément et par secteur cette baisse d'investissement,
02:09et puis les perspectives pour 2026, on la présentera en février.
02:12Mais on a vraiment le sujet aujourd'hui de chefs d'entreprise qui sont parfois déboussolés,
02:18pour savoir comment investir ou investir sur quels nouveaux outils, nouveaux produits,
02:23dans cette période d'incertitude, à la fois nationale et géopolitique au plan international.
02:27Sachons qu'il y a une frilosité des chefs d'entreprise,
02:30qui ne peuvent pas, comme les Français, les citoyens individuels, mettre de côté.
02:35Parce qu'on parle beaucoup de l'épargne qui est en hausse,
02:38mais les chefs d'entreprise, eux, ne peuvent pas, ne vivent qu'avec ça.
02:41Oui, alors ils peuvent, je dirais, essayer de renforcer leur trésorerie,
02:45et c'est d'ailleurs un des sujets à l'heure actuelle où les trésoreries sont parfois sous tension,
02:49dans plusieurs secteurs industriels notamment.
02:51Mais effectivement, l'arbitrage de l'investissement, il est par rapport à l'avenir,
02:57une certaine inquiétude par rapport à l'avenir du court terme notamment,
03:01et puis des situations de fragilité qui ne sont parfois pas traitées par les chefs d'entreprise,
03:06qui ne viennent pas avoir les services de l'État, les services d'accompagnement, la Banque de France,
03:11et qui, face à une situation dégradée, vont au tribunal de commerce,
03:16parfois pour des redressements, voire pour des liquidations.
03:19Sans demander de l'aide avant nécessairement.
03:21Exactement. Or, il y a des dispositifs d'aide,
03:23qui sont d'ailleurs très organisés avec l'écosystème qu'on a bâti dans la région,
03:27et qui permettent de résoudre parfois jusqu'à deux tiers des situations de difficultés, en amont.
03:32Des situations de difficultés causées, on le disait, par aussi la période de flou.
03:38On en parle énormément, effectivement, le gouvernement doit se doter la France d'un budget.
03:42Qu'est-ce qui se passe pour l'économie, si la France n'a pas de budget pour 2026 à la fin de l'année ?
03:47C'est une situation inquiétante, que nos concitoyens ont un petit peu intégré aujourd'hui,
03:53avec une hausse de l'épargne, qui a atteint des niveaux jamais connus,
03:57même pendant la crise Covid, on est à près de 19% de taux d'épargne,
04:01donc ça indique bien une incertitude sur l'avenir,
04:04et peut-être l'argent mis de côté en vue de futurs impôts ou taxes.
04:10S'il n'y a pas de loi à voter pour les budgets de la Sécurité sociale ou de l'État d'ici la fin de l'année,
04:17on est dans une loi spéciale qui doit être votée,
04:19avec la reprise de la tendance naturelle des dépenses publiques actuelles,
04:24qui est une tendance à la hausse.
04:25C'est-à-dire que nos dépenses publiques sont globalement toujours à la hausse,
04:29on n'est pas dans une situation de baisse de ces dépenses,
04:32ni même de maîtrise, ce qui est la difficulté.
04:35Ça veut dire que cette hausse, elle nous éloignerait de la possibilité d'atteindre l'engagement qu'on a pris,
04:40au niveau européen, de 3% de déficit public en 2029.
04:43Ce 3%, c'est uniquement le coût de la charge d'intérêt de la dette,
04:47si on arrivait donc à stabiliser nos dépenses au niveau de l'inflation.
04:50Ce qui n'est pas encore fait.
04:51Ce qui n'est pas encore fait.
04:52En fait, ça veut dire que si on a un budget aujourd'hui en déficit de 5,4%,
04:57aller à 3%, c'est faire 2,4% dans les 4 ans qui viennent,
05:02ça veut dire faire un effort de 0,6% chaque année, en moyenne.
05:05Et ça, c'est un effort quand même significatif de baisse des dépenses dans leur processus de hausse.
05:11Il faut espérer, en résumé, qu'on maîtrise, en tout cas que la France maîtrise à peu près son budget,
05:17pour pouvoir peut-être relancer aussi l'économie.
05:20C'est ça vous dit ce matin ?
05:20Absolument, c'est ça.
05:21C'est-à-dire que ça a un impact sur la croissance économique,
05:24qui sera dans nos prévisions en 2025 de 0,7, en 2026 de 0,9,
05:30et on pourrait gagner 0,3 ou 0,4 points de croissance supplémentaires
05:33avec une partie de l'épingle dans la consommation des ménages.
05:36Ça va être à suivre donc évidemment avec ce projet de budget.
05:39Merci beaucoup Christian Delhomme d'être venu nous expliquer tout ça ce matin.
05:43Je rappelle que vous êtes directeur de la Banque de France Centre-Val de Loire.
05:45Bonne journée à vous.
05:46Merci, bonne journée à vous tous.
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