00:00On se retrouve avec mes débatteurs de la première heure, Jules Torres, Véronique Jacquier, mon invité qui est resté quelques minutes de plus,
00:07Laurence Rossignol, sénatrice PS du Val-de-Marne, ancienne ministre, et Louis Dragonel, chef du service politique d'Europe 1 qui nous a rejoint.
00:14Bonsoir Stéphanie, bonsoir à tous.
00:14Bonsoir Louis, alors c'est très agréable d'être avec vous deux, vous êtes pianotés sur vos portables parce qu'on évidemment...
00:18Non, on les pose là, on attend.
00:20Je suis surtout Louis, je suis Louis, c'est lui qui est informé.
00:22Je dis, dis, je téléphone dans la main.
00:24Alors bon, qu'est-ce qu'on sait à ce stade ? Emmanuel Macron aurait exclu l'hypothèse d'une dissolution, manifestement.
00:30Il souhaite nommer un profil issu du socle commun, un socle commun qui est mort, selon Bruno Retailleau.
00:36Emmanuel Macron qui estime qu'il y a un chemin possible ce soir pour tisser des compromis et éviter cette dissolution.
00:43Louis Dragonel, vos pronostics, il est 19h33, on est supposé connaître le nom du Premier ministre avant 20h.
00:49Alors, avant 20h, c'est transformé dans les prochaines heures.
00:55Dans les prochaines heures, vous savez, et puis Emmanuel Macron a une digestion lente.
00:59Donc, tout est possible.
01:01Donc, ça peut être ce soir, ça peut être demain, ça peut être dans les prochains jours.
01:04Sébastien Lecornu avait dit 48h.
01:05Absolument, mais ce n'est pas lui qui décide.
01:07C'est le président de la République.
01:08Vous auriez un mail dans la nuit.
01:09Et on aura peut-être un mail à 3h47.
01:11On dit ça parce qu'on a eu l'annonce de la réunion de cet après-midi dans une déclaration à l'agence France Presse
01:16qui s'est faite à 2h30 la nuit dernière.
01:19Non, ce qui est intéressant quand même, ce qu'il faut retenir de tout ça,
01:22c'est qu'Emmanuel Macron, encore une fois, cherche à gagner du temps.
01:25Du temps, il en a de moins en moins.
01:27C'est-à-dire que l'oxygène se fait quand même rare pour essayer d'échapper à une dissolution
01:31qui, de toute façon, apparaît quand même relativement inéluctable dans les prochaines semaines.
01:37Donc, qui est le prochain Premier ministre qui est capable d'empêcher une censure de son gouvernement ?
01:43Objectivement, on a du mal à avoir la personne qui peut cocher toutes les cases
01:50de la non-censure du Parti Socialiste, de la non-censure des gens un peu plus à droite
01:54et même de la non-censure de son propre camp.
01:56Parce qu'il y a eu aussi quelque chose d'intéressant.
01:59Figurez-vous qu'Emmanuel Macron a posé la question aux membres du socle commun.
02:03Est-ce que qui est encore au sein du socle commun ?
02:06Eh bien, il n'y a que deux personnes qui ont dit qu'il faisait encore partie du socle commun.
02:10Gabriel Attal et Marc Fénaud, le patron du MoDem.
02:14Edouard Philippe est resté silencieux, par exemple.
02:16Les Républicains n'ont rien dit.
02:17Et pourtant, il persiste à penser, à estimer qu'il y a un socle commun de 210 personnes.
02:22Il l'a dit, je crois que c'est Fabien Roussel qui l'a rapporté tout à l'heure.
02:25Pour deux raisons.
02:25Un, il joue à arrête-moi si tu peux.
02:27Donc, il continue de courir, courir, courir en étant persuadé que c'est ça qui va lui permettre d'échapper à la censure.
02:33Et deuxièmement, il mise sur la peur des députés LR, des députés PS, la peur de l'élection.
02:40Et il se dit, c'est peut-être eux qui vont me protéger.
02:42En tout cas, c'est le pari d'Emmanuel Macron.
02:44Laurence Rossignol, vous avez peur.
02:46Alors, pas vous, parce que vous êtes sénatrice.
02:48Mais vos collègues députés ont peur quand même.
02:51Parce que c'est quand même ce qui se dit et ce qui remonte du terrain.
02:55Qu'une dissolution ne serait pas souhaitable pour tous les députés qui auraient certainement moins de sièges.
03:00On n'en sait rien.
03:01D'abord, on n'en sait rien parce qu'on peut avoir aussi un rééquilibrage entre les socialistes écologistes d'une part et la France insoumise d'autre part.
03:10Donc, c'est assez difficile.
03:11On appelle ça les poètes dans notre milieu, ceux qui font les pointages sur les circonscriptions et qui étudient les sondages.
03:18Ils sont moins définitifs qu'on ne pourrait l'être sur l'issue de...
03:23D'ailleurs, ce serait un des problèmes éventuels de cette dissolution.
03:27C'est qu'on retombe sur une assemblée globalement similaire à celle d'aujourd'hui.
03:31C'est pas exclu.
03:31C'est qu'en un an, ça n'a pas bougé les lignes.
03:34Plus 20, plus 40, plus 40, plus 40, mais nouveau Front Populaire.
03:37Donc, en admettant le sondage IFOP pour le Figaro, vous donnez nouveau Front Populaire à 24%,
03:42mais en admettant qu'il y ait à nouveau une alliance avec LFI.
03:45Vous y êtes peut-être pas prêt.
03:46Premier tour des législatives.
03:48Parce que vous avez le NFP, mais vous avez d'autres sondages avec des candidats PS, PC, Écolos d'un côté,
03:53des candidats LFI de l'autre, et les candidats PS, PC et Écolos sont bien devant les candidats LFI dans ces encadres.
04:02C'est compliqué, les sondages sur les législatives, parce que c'est 577 sondages qu'il faudrait faire.
04:07Tout bouge.
04:08Non, mais je pense qu'on aurait eu...
04:13Alors d'abord, première chose, moi de mon point de vue, peut-être pas le point de vue de tout le monde,
04:17je pense que je ne suis pas pressé du tout de voir le Rassemblement National gouverner ce pays,
04:23s'il y arrivait, et je considère encore que le...
04:27Parce que vous estimez que s'il y a des législatives demain, le Rassemblement National sortirait vainqueur ?
04:31Je pense que s'il y avait des législatives demain, il y aurait une hypothèse qui serait
04:35une majorité relative du Rassemblement National complétée par une partie DLR,
04:40une deuxième hypothèse qui serait une Assemblée de toute façon sans majorité absolue possible,
04:48et la troisième, c'est une majorité de gauche.
04:50Bon, voilà, on a trois hypothèses.
04:52Je pense qu'à cette étape, trois Assemblées Nationales en combien ?
04:562022 ? Trois ans ? Une par an ?
04:59C'est une instabilité politique, et puis il y a des conséquences.
05:02S'il y a dissolution, il n'y a pas de budget.
05:04S'il n'y a pas de budget adopté en 2025, il y a des conséquences.
05:07L'autre jour, j'étais avec les associations féministes qui s'occupent de l'accueil des femmes victimes de violences.
05:13Elles me disaient, est-ce que ça va être comme l'année dernière,
05:17où le budget a été voté tardivement,
05:20la mise en œuvre des subventions tardives,
05:22et où il a fallu que pendant les trois premiers mois,
05:25on tape dans nos réserves, et qu'on en a de moins en moins des réserves,
05:28et en plus que tout le monde se demande si les subventions n'ont pas baissé.
05:30Donc il y a des conséquences à l'absence de budget,
05:33il y a des conséquences économiques, des conséquences sociales,
05:36et des conséquences sur le tissu de notre pays.
05:38Le budget qui doit être présenté lundi,
05:40et puis le Parlement à 70 jours pour le discuter.
05:44Attendez, je veux dire une chose,
05:45c'est que nous n'avons pas peur de la dissolution pour protéger nos députés.
05:49Nous pensons que ce n'est pas la meilleure option pour le pays aujourd'hui.
05:53Si nous pouvons en avoir une autre, nous la préférons.
05:55Mais s'il n'y a pas d'autre solution que la dissolution,
05:58enfin plutôt que la censure,
06:00on va trop vite,
06:01que la censure, à ce moment-là, nous prendrons nos responsabilités.
06:04Jules Torres.
06:05Il y a quelque chose qui est très difficile à calculer,
06:08c'est aussi le coût de l'instabilité.
06:10Cette instabilité qu'on vit depuis un an et demi,
06:12sans réforme structurelle,
06:13avec possiblement là un débat sur la suspension de la réforme des retraites,
06:17qui quoi qu'il en soit coûterait de l'argent,
06:19ça aussi c'est un coût qu'on évite bien souvent du débat.
06:22Donc en réalité, il n'y a pas de...
06:243 milliards à dit Sébastien Lecornu,
06:26mais enfin c'est plus dans les années d'après.
06:27Non, ça s'arrête en 2027,
06:29puisqu'en 2027, on vote.
06:30Oui, bien sûr.
06:31Donc on choisit une réforme des retraites.
06:33Oui, alors moi je ne crois absolument pas au fait qu'il y ait ce vote-là,
06:35mais du reste,
06:36c'est vrai qu'on a du mal à voir la situation.
06:39Emmanuel Macron cherche un mouton à cinq pattes,
06:41qui serait capable,
06:42et de gouverner,
06:43et d'éviter la censure.
06:44Je ne vois pas pourquoi,
06:46un Sébastien Lecornu bis,
06:47ou n'importe qui d'autre,
06:48un Jean-Luc Borloo,
06:48même si on sait qu'il n'était absolument pas pour,
06:51d'ailleurs on a vu son nom,
06:52mais Jean-Luc Borloo a confirmé à tout le monde
06:53qu'il n'était absolument pas candidat.
06:55On voit comment il pourrait faire en quelques semaines,
06:58ce que personne n'a réussi à faire depuis un an,
07:00c'est-à-dire tenir.
07:01Duré, Michel Barnier n'a pas réussi,
07:02François Bayrou est allé s'autodétruire avec ce vote de confiance,
07:05Sébastien Lecornu,
07:07avec plein de raisons,
07:08et c'est que s'est autodétruit lui-même aussi,
07:10en montant Bruno Retailleau.
07:11On savait qu'il a plutôt gagné des galons depuis sa prestation en 20 heures.
07:13Oui, vous savez, on adore les perdants magnifiques en France.
07:16Michel Barnier, la première fois qu'il s'est fait applaudir,
07:19c'est quand il a quitté l'Assemblée nationale.
07:21C'est vrai, mais il a gagné concrètement des points dans les sondages.
07:24C'est quand il a levé les yeux sur l'état de notre dette publique.
07:26Et Sébastien Lecornu,
07:27c'est une fois qu'il fait son premier 20 heures après avoir démissionné,
07:30que les gens se disent, il n'est pas si mal ce monsieur.
07:32Pourtant, il ne parlait pas beaucoup,
07:33donc les Français ne connaissaient pas des masses.
07:35Il n'y a vraiment, je ne crois pas d'autre solution,
07:37et on n'en a toujours pas parlé depuis qu'on est dans ce plateau,
07:39mais je ne suis pas sûr que le responsable du blocage,
07:42que ce soit l'Assemblée nationale.
07:43Je ne suis pas sûr que le responsable du blocage,
07:44ce soit le Sénat.
07:46Je pense que le responsable du blocage, c'est Emmanuel Macron.
07:48Donc avant même de parler d'une hypothétique dissolution
07:50qui ne changerait peut-être rien,
07:52peut-être qu'on peut parler de cette démission du président de la République.
07:54Si on suit la logique de la Ve République,
07:56Emmanuel Macron, il aurait dû démissionner depuis longtemps.
07:58Il aurait dû démissionner au lendemain des élections législatives
08:00qui ont été un camouflet pour lui.
08:03C'était la troisième élection nationale
08:04qu'il perdait avec son camp.
08:05Et 61% des Français, selon notre sondage, souhaitent son départ.
08:09Il a perdu les législatives de 2022,
08:12il a perdu les Européennes de manière cuisante
08:14avec du simple au double entre Jordan Bardella
08:16et la candidate Valérie Hayé.
08:18Il a perdu les législatives de 2024
08:19et aujourd'hui, il y a 61% des Français
08:21qui réclament sa démission.
08:22Donc cette question n'est absolument plus taboue
08:25chez les Français,
08:26encore un petit peu dans le personnel politique,
08:28mais on voit bien que ça commence à venir.
08:30Véronique Jacquier.
08:31Oui, j'ai une question pour Laurence Rossignol.
08:33Justement, cette question de la démission du chef de l'État,
08:36est-ce qu'elle traverse la tête de plus en plus de socialistes ?
08:38Non, ce n'est pas une proposition
08:43ni une revendication que nous avons.
08:46D'ailleurs, nous ne soutenons pas la France insoumise
08:48dans ses demandes de destitution du président de la République.
08:51Nous considérons qu'une démission,
08:53c'est 20 jours de camp.
08:54C'est 20 jours.
08:55Entre 20 et 35 jours, sauf s'il dit
08:57je démissionnerai, c'est la date exécutive de la démission.
09:00Sauf s'il obéit à Edouard Philippe.
09:01C'est entre 20 et 35 jours.
09:05Je pense que, alors, c'est un approfondissement terrible de la crise politique.
09:10C'est une absence totale de réponse aux attentes des Français.
09:14Et donc, nous...
09:15Mais elles sont vraiment divergentes, les attentes des Français.
09:18On le voit d'ailleurs à l'Assemblée.
09:19D'ailleurs, j'entendais Sylvain Maillard sur CNew ce matin dire
09:23C'est le vieux monde.
09:24Il faut s'adapter au monde moderne.
09:26Maintenant, on est dans le tripartisme.
09:28Il faut apprendre à travailler comme les Allemands,
09:29à se mettre d'accord.
09:30Parce que, finalement, l'Assemblée reflète l'opinion des Français aussi.
09:34J'en suis d'accord.
09:35Et j'espère qu'il va aller jusqu'au bout de ses souhaits
09:38et qu'il va en tirer des conclusions sur sa capacité
09:40à passer des compromis et à renoncer au totem du Macron.
09:43Lui, il pense que c'est possible ce soir.
09:44Il y a quelque chose de lunaire dans notre pays.
09:46C'est que ce qui marche en Allemagne ne peut pas marcher en France
09:48pour la simple et bonne raison qu'en Allemagne,
09:50on s'accorde d'abord sur un projet de gouvernement,
09:53sur des grandes réformes à mener, sur un budget.
09:56Et ensuite, on choisit l'équipe qui est capable de mener à bien ces projets
09:59et de les faire voter.
10:01Là, on fait le contraire.
10:02On a un président de la République qui, cet après-midi,
10:04ne propose quasiment rien à part le fait de décaler la réforme des retraites.
10:07Ce qui est quand même une abdication
10:09puisque c'est le totem de son quinquennat et de ses deux quinquennats.
10:13La seule chose qui resterait, c'est ça,
10:15et le président est prêt à le sacrifier.
10:17Mais il réunit des gens autour de la table
10:21qui ne sont d'accord sur rien.
10:23En France, on n'a pas...
10:24Et qui sont contre lui.
10:25100% de ceux qui étaient autour de la table
10:27étaient contre Emmanuel Macron.
10:28Le problème qui ne respecte absolument pas l'esprit de la Ve République.
10:30Alors, je trouve que quand même,
10:32dans tout ce débat qu'on a depuis quelques temps
10:33sur la crise institutionnelle, crise politique, etc.,
10:37il y a quand même un éléphant au milieu de la pièce dans nos institutions.
10:39C'est le président de la République, son rôle,
10:41la manière dont il est élu,
10:43et le fait que nous avons un régime qui est...
10:45Alors, si je suis gentil, je dis hybride,
10:46et si je ne suis pas gentil, je dis bâtard.
10:48Merci, Laurence Rossignol,
10:50sénatrice PES du Val-de-Marne, ancienne ministre.
10:52Merci d'être passée par le studio d'Europe 1.
10:54Dans quelques instants,
10:54on sera avec Thomas Ménager,
10:56député RN du Loiret.
10:58Évidemment, le RN qui n'était pas invité à l'Élysée.
11:01Marine Le Pen était au Mans.
11:03Elle s'est exprimée cet après-midi.
11:05On se retrouve dans quelques instants sur Europe 1.
11:07Et puis, on se retrouve dans quelques instants sur Europe 1.
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