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  • il y a 16 heures
Vendredi 10 octobre 2025, retrouvez Hervé Bonnaud (Président, Nex&Com;), Pierre-Jean Lamy (Directeur scientifique, Groupe Inovie) et Marie Pirotais (PDG, Biosency) dans SANTÉ FUTURE, une émission présentée par Alix Nguyen.

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00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Santé Futur, votre rendez-vous dédié à l'innovation et à l'avenir de la santé sur Be Smart for Change.
00:18La prévention est-elle enfin en train de prendre le pas sur le curatif ? Maladies chroniques, cancers, santé mentale, vieillissement dans tous les domaines,
00:28les professionnels s'accordent, mieux vaut prévenir que guérir. Pourtant en France, la médecine préventive reste sous-exploitée et souvent à la charge des patients eux-mêmes.
00:40Alors que faut-il pour changer de paradigme ? Quels outils, quels modèles, quelles politiques publiques ? Pour y répondre, j'ai le plaisir d'accueillir le docteur Pierre-Jean Lamy,
00:49biologiste médical, oncogénéticien et directeur scientifique du groupe Innovi. Il y aura aussi l'analyse du docteur Bono.
00:59Hervé nous propose cette semaine un regard très direct sur les paradoxes, parfois absurdes, de notre rapport à la prévention.
01:07Et puis la pépite santé du jour, c'est Biosensi. Pour en parler, je reçois Marie Pirotet, CEO de la start-up RENES.
01:14Elle est spécialisée dans la télésurveillance prédictive des maladies respiratoires chroniques, grâce notamment à la création d'un bracelet connecté.
01:27C'est parti pour une nouvelle émission.
01:33Docteur Pierre-Jean Lamy, bonjour.
01:35Bonjour.
01:35Bienvenue. Merci d'avoir répondu présent.
01:38Merci à vous.
01:38Je le disais, vous êtes biologiste médical, oncogénéticien et vous dirigez la stratégie scientifique du groupe Innovi, un acteur clé de la biologie médicale en France.
01:51Depuis plusieurs années, vous portez une conviction forte.
01:54Notre système doit passer d'un modèle curatif à une médecine fondée sur l'anticipation et la détection précoce des risques.
02:03On parle beaucoup de prévention, mais très peu du rôle central que peut jouer la biologie médicale.
02:11Concrètement, quelles innovations permettent aujourd'hui de mieux prévenir certaines pathologies ?
02:18Merci pour cette introduction.
02:20Oui, en effet, la biologie médicale, c'est 70% du diagnostic, mais 70% du diagnostic qui est souvent réalisé au moment des symptômes.
02:28C'est-à-dire qu'en fait, aujourd'hui, on utilise relativement peu la biologie médicale en amont, là où on pourrait prévenir, comme on l'a dit, plutôt prévenir que guérir.
02:37Donc, la conviction chez Innovi, c'est effectivement d'essayer de remonter ces lignes d'utilisation de la biologie.
02:42Il y a de nombreux tests.
02:43On a aujourd'hui de l'innovation avec l'utilisation de marqueurs multiples, l'utilisation de l'intelligence artificielle, par exemple.
02:51On peut avoir la génétique aussi.
02:53Toutes ces innovations peuvent nous permettre, effectivement, d'aller plus vers ce qu'on appelle le dépistage.
02:59Et de quelles pathologies s'agit-il exactement ? Ce sont les maladies chroniques ?
03:06Oui, beaucoup, parce que les maladies chroniques, aujourd'hui, c'est ce qui explose.
03:10Le diabète, l'insuffisance cardiaque, l'insuffisance rénale, on pourra en parler.
03:14Et puis, on a aussi des maladies comme les maladies sexuellement transmissibles, qui sont aussi en pleine recrudescence,
03:21et qu'on détecte souvent aussi au moment du diagnostic, alors que pour certaines, elles sont silencieuses,
03:25et elles sont transmises durant cette période de silence.
03:28Donc là, c'est important.
03:29On a mis en place aujourd'hui, avec d'ailleurs l'assurance maladie, un programme de dépistage des maladies sexuellement transmissibles,
03:36VIH pour tout le monde, et puis aussi pathologies plus particulières, hépatite B, chlamydia, gonorrhée, pour les moins de 26 ans.
03:43Sans ordonnance, c'est-à-dire que l'objet aussi, c'est de faciliter l'entrée dans ces tests pour les patients,
03:51sans être obligé de prendre rendez-vous, de consulter.
03:54Quand on n'a pas de pathologie, on n'est pas amené forcément à consulter,
03:57mais on peut se poser la question et aller directement au laboratoire pour avoir ces résultats.
04:01Et donc, s'agissant des MST en l'état, c'est plutôt un succès ?
04:05Alors là, c'est vraiment un succès, parce qu'aujourd'hui, à peu près sur 20 personnes qui viennent, on en dépiste une.
04:10Alors, c'est quand même un nombre assez important, puisqu'effectivement, après, derrière, il y aura une prise en charge thérapeutique,
04:16et puis éviter des contaminations futures.
04:19Et cette approche plus accessible du dépistage sans prescription médicale, notamment, est-ce que ça peut s'appliquer à d'autres champs ?
04:28Oui, alors en fait...
04:30Est-ce que vous pouvez donner des exemples ?
04:31Oui, tout à fait. On s'est engagé dans deux grands domaines.
04:35Bon, l'insuffisance cardiaque.
04:36L'insuffisance cardiaque, on a tous en tête la personne de notre entourage qui fait un infarctus aux alentours de 50 ans.
04:45Pas de signe préalable, rien.
04:47Tout à coup, la catastrophe, alors bon, peut être sauvée ou pas, mais ça va dépendre.
04:51Ça, c'est un vrai problème.
04:52Aujourd'hui, on dépiste très, très mal les pathologies cardiaques.
04:54Et donc, on a mis en place un travail, particulièrement dans le sud de la France, là où est né Inovi, sur le 34, dans l'Hérault,
05:03pour proposer à des patients qui sont en consultation dans les établissements de soins, un test rapide, avec le résultat en 10 minutes.
05:12On analyse la molécule qui s'appelle le ProBNP, qui est un marqueur d'insuffisance cardiaque.
05:16Et on l'a proposé, on a fait cette première campagne avec 800 patients.
05:1970 ont été détectés avec une insuffisance cardiaque, pardon, frustre.
05:25Donc, c'est vraiment un succès et c'est quelque chose qu'on va réitérer.
05:28Mais on ne va pas se limiter simplement au dépistage, on va aussi aller vers l'accompagnement.
05:33Parce que le dépistage, c'est bien, c'est mettre en place aussi...
05:36Oui, il y a le parcours de soins ensuite.
05:37Voilà, un changement de vie, tout simplement.
05:41Peut-être diminuer le poids, moins manger de sel, traiter l'hypertension sous-jacente, etc.
05:46Et ça, on va l'accompagner et on va continuer aussi le suivi par les marqueurs biologiques.
05:52Et donc, ce sont des pathologies qui pourraient bénéficier d'un dépistage systématique ?
05:58Alors, le mot systématique, c'est complexe, parce que ça veut dire qu'on s'adresse à tout le monde.
06:00Est-ce que c'est le cas pour les MST ?
06:02Alors, pour les MST, oui, c'est ouvert.
06:03Et ça ne pourrait pas pour le cardiovasculaire ?
06:05Le cardiovasculaire, peut-être qu'il faut...
06:08C'est quand même assez complexe à mettre en place, mais oui, en tout cas, c'est une tendance.
06:11Et je pense qu'on peut aussi informer les patients qu'on peut aller dans un laboratoire pour, par exemple, avoir un bilan lipidique.
06:17Et un bilan lipidique, un taux de cholestérol élevé, un taux de triglycérides élevé,
06:21c'est des facteurs de risque très importants d'une pathologie cardiaque qu'on peut simplement détecter par un simple test.
06:28Et ça, c'est très peu fait, finalement.
06:29Donc oui, on encourage à ce type de pratiques.
06:32En France, on ne peut pas accéder librement à son propre ADN, même dans un but de prévention.
06:40Est-ce que c'est quelque chose que vous déplorez, vous ?
06:42Moi, je suis généticien, donc je pense qu'il faut...
06:47C'est normal de border l'utilisation.
06:50Mais c'est vrai que dans d'autres pays, on peut y avoir accès.
06:52Je pense qu'en tout cas, il y a une sous-utilisation du potentiel des analyses génétiques en France.
06:57On le sait aussi pour les maladies rares, c'est un véritable problème.
07:00Bon, on a une culture qui est extrêmement restreinte.
07:06On a vraiment envie de très, très contrôler...
07:09Que certains qualifieront juste d'éthique ?
07:11Alors, il y a l'éthique, mais je pense qu'on peut quand même avoir une utilisation beaucoup plus large
07:16et en respectant l'éthique.
07:18L'éthique, c'est ce qu'on en fait après.
07:21Ne pas vouloir savoir, c'est finalement se créer un handicap complètement artificiel.
07:26Aujourd'hui, on peut le lever.
07:27Les technologies font que les coûts de séquençage sont quand même beaucoup plus bas.
07:32On a accès vraiment à un savoir qui est extrêmement important.
07:34Et puis surtout, il y a des possibilités de changer la vie des patients.
07:38Mais donc, ça veut dire qu'aujourd'hui, c'est un frein à la médecine préventive ?
07:41C'est un peu un frein à la médecine préventive, mais je pense que ça évoluera.
07:44Est-ce qu'il faut s'inspirer pour vous de certains modèles étrangers, justement, à ce propos ?
07:50Potentiellement, oui.
07:51On sait qu'on est extrêmement en retard.
07:53D'ailleurs, c'est dans des rapports aujourd'hui sur l'état de la santé en France qui l'ont pointé.
07:58Vous avez en Angleterre un nombre de génomes qui se comptent par centaines de milliers qui ont été réalisés.
08:04Donc, c'est aussi augmenter le savoir, d'avoir pu séquencer toute cette population.
08:11Et en France, oui, on est extrêmement en retard.
08:13Donc, je pense qu'il y a un retard à...
08:14Mais donc, on peut...
08:16Parce que vous participez aussi à l'élaboration de normes pour l'utilisation de l'IA en médecine de laboratoire.
08:24Tout à fait.
08:25Bon, concrètement, qu'est-ce que ça implique ?
08:27Alors là, ça implique de l'éthique aussi, bien sûr.
08:29Oui.
08:30On a des actes.
08:30D'ailleurs, il y a une réglementation européenne qui a été mise en place.
08:33On y travaille.
08:35Ça, c'est vraiment un cadre.
08:36Il faut respecter globalement, finalement, l'éthique de la santé.
08:40C'est-à-dire, ce sont des technologies nouvelles.
08:41Elles ne doivent pas s'affranchir de ce que l'on sait.
08:45Globalement, ne pas nuire, protéger et être bienveillant.
08:48C'est le grand cadre.
08:49Et ça, aujourd'hui, en l'état, on est suffisamment armé pour garantir que l'usage de l'IA dans le dépistage biologique soit fiable et éthique ?
08:59Alors, fiable, on y travaille.
09:01Ça, c'est, je dirais, le côté technique.
09:02Et on a, nous, tout un groupe de travail chez nous qui travaille sur l'IA en biologie médicale, avec des résultats, notamment, par exemple, sur le dépistage de l'insuffisance rénale, qui est extrêmement important.
09:14Et derrière, oui, on respecte les cadres.
09:16Et je pense que quand on donne ces outils et qu'on les laisse dans les mains des médecins, des soignants, eh bien, on est dans ce cadre de respect de la personne et de respect des normes.
09:26Donc, les laisser à d'autres serait dangereux.
09:30Et ça, on y veille, effectivement.
09:31Et aujourd'hui, justement, en l'état, on dit que la qualité des données, c'est déterminant.
09:36Absolument.
09:37Quelles garanties, aujourd'hui, sont mises en place dans vos laboratoires pour que l'IA repose sur des bases solides ?
09:44Justement, en fait, on travaille sur nos propres données dans nos laboratoires.
09:49Ce sont donc des données qui sont extraites des laboratoires avec l'accord des patients.
09:54Là, on est absolument sur le respect, en fait, des accords que peuvent donner les patients pour participer à une étude clinique.
10:05Donc, ça, c'est un cadre qui est parfaitement défini et qu'on respecte.
10:08Et puis, bien derrière, c'est le travail des scientifiques, de travailler sur des données qui sont fiables.
10:12Et pour ça, on a des data scientists, on respecte absolument tout développement scientifique.
10:19Et justement, en laboratoire, l'IA permet déjà de croiser des marqueurs biologiques pour mieux prédire les risques.
10:25Est-ce que vous pouvez nous en dire plus ?
10:27Je vous en parlais, là, c'est l'insuffisance rénale.
10:30On a des marqueurs classiques.
10:31On peut doser une molécule qui s'appelle la créatinine pour mesurer le débit de filtration du rein,
10:37qui est un signe, en fait, de la bonne santé du rein.
10:41On peut ajouter des analyses qui sont des analyses urinaires et faire des rapports entre albumines,
10:45présence aussi de sang dans ces urines.
10:48Mais on peut aller beaucoup plus loin et analyser globalement des analyses classiques,
10:51celles que vous allez faire traditionnellement sur la prescription d'un médecin généraliste,
10:56une numération formule et puis quelques molécules autour.
10:58Eh bien, avec ça, on est capable aujourd'hui maintenant de prédire la dégradation de la fonction rénale à trois ans.
11:05Et donc, potentiellement, de mettre en place des mesures d'hygiène et de changement de vie
11:10pour retarder le jour où il y aura besoin d'une dialyse.
11:14Ces innovations, elles sont puissantes.
11:17Mais est-ce que les patients ou même les médecins généralistes, ils sont réellement informés ?
11:24Ça, c'est un enjeu extrêmement difficile.
11:27On a une population d'abord française qui est importante et puis une population médicale qui l'est aussi.
11:31C'est vrai que les innovations vont très vite aujourd'hui.
11:34Il y a un problème d'acculturation à toutes ces innovations.
11:38Donc, il faut communiquer.
11:40On est là aussi pour ça.
11:42Faire de l'enseignement post-universitaire.
11:44Mais les laboratoires, justement, ils ont un rôle à jouer dans la prévention ?
11:46Oui, absolument.
11:47Qui est sous-estimé ?
11:48Oui, moi, je pense, oui.
11:49Parce que, comme je vous le disais, souvent, les tests, on les prescrit au moment des symptômes.
11:54L'insuffisance rénale, pour reprendre cet exemple, 30% des patients sont détectés à un moment donné d'urgence.
12:00C'est-à-dire qu'ils vont être envoyés le lendemain en dialyse.
12:03On pourrait le faire peut-être dix ans auparavant.
12:05Et là, éviter, en fait, et repousser largement le moment où il faudra les mettre sous dialyse,
12:11ce qui est quand même un changement de vie radical.
12:12Et dans quelle mesure vous pourriez être des acteurs d'accompagnement, même dans le parcours de soins ?
12:17On l'est déjà, parce qu'en fait, comme je disais, les patients sont suivis.
12:21Et d'ailleurs, ils le savent eux-mêmes.
12:22Souvent, on leur prescrit, au cours de leur pathologie, des examens de suivi.
12:27C'est-à-dire que vous les orientez vers les bons professionnels ?
12:29Exactement.
12:30On les oriente vers les bons professionnels.
12:31Et eux-mêmes nous font confiance, ensuite, pour le suivi de leurs patients.
12:34Ça, c'est, je dirais, la vie d'aujourd'hui.
12:36Mais on peut peut-être aller plus loin en intégrant aussi ces données au dossier médical,
12:40en ayant une analyse globale plus complète, en fait, de l'état du patient,
12:46et aller détecter peut-être d'autres pathologies qui ne sont pas encore arrivées,
12:50finalement, au moment où on les détecterait de façon clinique.
12:54Donc, c'est vraiment là l'enjeu de la biologie de demain.
12:57Et si vous aviez une seule réforme à recommander pour accélérer ce virage préventif,
13:05quelle serait-elle la priorité ?
13:07La priorité, c'est quand même le financement, parce qu'avec ça, évidemment,
13:11on ne peut pas le faire sans financement.
13:12Alors, il y a des programmes de financement qui existent.
13:14Je pense qu'il faut les généraliser.
13:16Et peut-être plus globalement, inclure dans le paysage médico-économique,
13:20le coût de la biologie.
13:22La biologie est aujourd'hui toujours vue comme un coût, un surcoût,
13:25alors qu'en fait, elle peut faire économiser énormément d'argent.
13:27Et alors, justement, comment les convaincre,
13:29les décideurs d'investisseurs davantage dans ce modèle ?
13:32Alors, on a très peu de médico-économistes en France.
13:35Ça, c'est un déficit.
13:37Je pense qu'il faudrait développer ces études médico-économiques.
13:41Et puis, que le logiciel aussi des décideurs et puis des payeurs,
13:44soit d'intégrer les tests.
13:46Dans la médecine personnalisée, qui est un autre domaine,
13:48on a un grand congrès qui se tient en ce moment à Paris
13:52sur la médecine personnalisée.
13:54De nombreux tests, aujourd'hui, ne sont pas pris en charge par l'assurance maladie,
13:57alors qu'ils débouchent sur l'utilisation de molécules innovantes
14:00et qui ont apporté un changement radical,
14:03notamment dans le traitement des cancers.
14:04Ça, c'est un vrai problème.
14:06Donc ça, il faudrait vraiment arriver à aller beaucoup plus vite
14:09sur la prise en charge de ces tests
14:10pour que les patients puissent y avoir accès et être mieux traités.
14:14Merci beaucoup, docteur Pierre-Jean Lamy.
14:17Le message est passé.
14:18Vous restez avec nous.
14:19On passe tout de suite à l'analyse du docteur Bonneau.
14:24Et place maintenant à l'œil affûté de Santé Futur,
14:31celui du docteur Bonneau.
14:33Salut Hervé.
14:33Salut Alix.
14:35Hervé, on vient de l'expliquer,
14:36la prévention a enfin pris son tournant,
14:39ou du moins est en bonne voie.
14:41Mais toi, tu soulèves pas mal de paradoxes et de contradictions, c'est ça ?
14:46Oui, effectivement, c'est une bonne nouvelle, la prévention médicale.
14:49J'adore, c'est formidable, on sauve des vies.
14:51Et franchement, je suis très admiratif.
14:52Mais je voudrais juste revenir à un petit paradoxe culturel français, n'est-ce pas ?
14:56On dit donc que c'est une bonne nouvelle.
14:57Mais comment on dit en français bonne nouvelle ?
14:59On dit ça s'arrose, santé, champagne, tout ce qu'on veut, on fait la fête.
15:03On parle donc d'alcool.
15:04Et l'alcool, c'est un produit dangereux,
15:06sur lequel la prévention pourrait être plus forte, on va dire.
15:10C'est la deuxième cause de mortalité totalement évitable en France.
15:1341 000 morts par an, tout de même, ce sont des jolies petites villes qui disparaissent,
15:17comme Nier, Bastia ou Bayonne, ça donne la taille quand même du sujet.
15:21Avec 45 litres de vin, et je ne parle pas du reste, par habitant en moyenne par an.
15:25Évidemment, c'est beaucoup.
15:27Mais c'est aussi un secteur économique lourd, 15 milliards de chiffre d'affaires.
15:32Et je comprends certains députés, surtout actuellement,
15:35ils ne vont pas aller titiller les exploitants vinicoles de leur région.
15:39Donc, ce n'est pas le bon moment.
15:42Et il y a un deuxième champion, qui est souvent associé à l'alcool,
15:45mais c'est le tabac.
15:46Le tabac, et lui, ce qui m'épate, c'est que ce n'est pas très rentable, cette histoire.
15:51Je me suis dit, oui, on laisse les Français fumer,
15:54parce qu'on gagne 14 milliards d'euros de taxes par an,
15:57sur chaque paquet de cigarettes, il y a 90% de taxes.
16:00On ne paye pas plein de retraites, donc c'est une autre bonne nouvelle.
16:03Presque 3 milliards de retraites non payées.
16:05Et néanmoins, on dépense 120 millions pour réparer les dégâts du cancer.
16:09Donc, le solde est très négatif.
16:11Alors, je me demande pourquoi on laisse poison,
16:15parce que c'est quand même à peu près le mot qu'il faut utiliser,
16:18en vente libre en France.
16:19Eh bien, peut-être, c'est mon explication,
16:21parce que c'est un vrai réseau de proximité, les buralistes.
16:24Il y en a 23 500, alors qu'il y a moins de 20 000 pharmacies.
16:27Donc, le vrai réseau de proximité, c'est eux.
16:30Pas de bol, c'est un réseau qui vend de la mort.
16:32Et dans ce contexte, que peuvent encore apporter les vaccins en matière de prévention ?
16:36Alors, les vaccins, énorme progrès.
16:38J'imagine qu'on pourrait parler des vaccins qui vont nous protéger des cancers.
16:42Et c'est vraiment tout à fait formidable.
16:44Ce qui m'inquiète, là, c'est l'émergence ou le maintien des vaccino-sceptiques.
16:50On a quand même en France des intellectuels qui critiquent la vaccination.
16:54On a bien vu ça pendant la pandémie Covid.
16:57La bonne nouvelle, c'est qu'ils étaient drivés par deux éminents intellectuels,
17:00Francis Lalanne et Jean-Marie Bigard.
17:02Ça a, on va dire, relativisé leurs propos.
17:06Mais aux USA, c'est terrible, parce qu'ils ont quand même un ministre de la Santé,
17:10Robert F. Kennedy, qui est carrément vaccino-sceptique,
17:14et qui nous déclare que les vaccins, c'est ça qui donne l'autisme aux pauvres petits-enfants.
17:19Le paracétamol aussi, tout ça sur des bases scientifiques extrêmement prouvées.
17:22Résultat, un Américain sur six ne vaccine plus ses gamins,
17:27et dans l'IDAO, par exemple, il y a moins de 80%,
17:31mais vraiment moins de 80% d'enfants vaccinés contre la rougeole,
17:34ce qui fait qu'on a eu des morts récemment.
17:35C'est un peu ballot, on va dire.
17:38Et ça n'est pas qu'aux USA.
17:40En Italie, on montait un groupe de travail sur la vaccination
17:43avec deux vaccino-sceptiques célèbres,
17:45un pédiatre qui est certain que le vaccin entraîne l'autisme,
17:49et un hématologue qui est persuadé que la vaccination contre la Covid-19 n'a servi à rien.
17:55Le groupe a été dissous, enfin il a quand même été créé, tout ça est très bien.
17:59Et en Afrique, au Nigeria, j'ai vu que 50% des enfants âgés entre 1 et 2 ans
18:06ne sont pas vaccinés contre la polio dans certaines grandes villes du Nord,
18:11grandes villes islamistes, parce que c'est Bill Gates, la 5G,
18:14et on vient manipuler le cerveau des musulmans.
18:17Quand on voit ça, on se dit qu'on n'est pas vaccinés contre la bêtise.
18:20Est-ce que finalement on n'assiste pas à une médecine préventive à deux vitesses ?
18:24Alors oui, c'est autre sujet qui m'interpelle,
18:26c'est qu'on a une médecine avec un check-up formidable pour les chefs d'entreprise.
18:32Il faut compter à 2 500 euros.
18:35Et là, c'est vraiment l'expérience premium.
18:38On a un espresso dans un café en cuir et tout va bien.
18:41C'est sûr qu'on est un peu loin de la médecine préventive,
18:45la médecine du travail, la médecine scolaire,
18:46qui a bien des difficultés à s'imposer en France.
18:50Donc oui, là on peut dire que la prévention progresse, mais à deux vitesses.
18:54Donc la médecine gratuite, basique, qui peine à séduire,
18:57et la médecine peut-être pour les privilégiés,
19:00qui elles, semblent se développer très bien.
19:03Mais bon, mon histoire dans tout ça, c'est que tant qu'on pourra bouffer n'importe quoi,
19:06boire jusqu'au coma, fumer en terrasse et critiquer les vaccins,
19:09la prévention ne va pas prendre un tournant historique,
19:12elle va se prendre le mur.
19:14Merci Hervé, du point de vue tranché.
19:17Docteur Lamy, est-ce que vous êtes d'accord avec ces contradictions que relève Hervé ?
19:23Je suis 100% d'accord sur l'alcool et le thama,
19:26m'occupant beaucoup de cancérologie, ça c'est évident.
19:29Après, c'est extrêmement difficile de modifier les pratiques des gens,
19:32c'est toute la limite de notre médecine.
19:36On ne peut pas les forcer à, il faut adhérer à quelque chose,
19:39et c'est le problème aussi des vaccins.
19:41Il faut adhérer au fait qu'il nous paraissait une évidence,
19:44parce que quand même toute l'histoire des vaccins a montré leur grand succès,
19:47mais aujourd'hui on a ces gens qui agitent certains épouvantails.
19:52Mais donc, est-ce qu'il y a un travail aussi « culturel » à faire pour que la prévention soit efficace ?
20:01L'un ne marche pas sans l'autre.
20:02Il y a un travail d'éducation, il y a un travail d'éducation à la science.
20:06Ça, c'est vraiment ce qui manque aussi beaucoup dans nos pays.
20:08Je dis que la science avance beaucoup, très très vite,
20:10mais les mentalités traînent un peu derrière.
20:12Donc il faut arriver à faire effectivement que les gens adhèrent,
20:15et pour qu'ils adhèrent, il faut qu'ils comprennent.
20:16Donc il faut vulgariser.
20:18Merci beaucoup, merci beaucoup, docteur Pierre-Jean Lamy,
20:21biologiste médical, oncogénéticien et directeur scientifique du groupe Innovi.
20:26C'est l'heure de la pépite santé.
20:32Et on termine avec la pépite santé.
20:34Hervé est toujours là, fidèle au poste, bien sûr.
20:37Et aujourd'hui, nous avons le plaisir de recevoir Marie Piroté,
20:41CEO de Biosensi.
20:43Bonjour Marie et bienvenue.
20:44Bonjour.
20:44Vous êtes à l'origine de Biosensi,
20:47donc qui s'attaque à un enjeu énorme,
20:49mieux prendre en charge les pathologies respiratoires chroniques
20:53grâce à l'IA et au suivi prédictif à distance.
20:56Je ne me trompe pas.
20:57C'est exact.
20:59Concrètement, votre solution repose sur un bracelet connecté,
21:02une plateforme de télésuivis et un algorithme prédictif.
21:07C'est tout à fait.
21:08Est-ce que vous pouvez nous éclairer sur son fonctionnement, s'il vous plaît ?
21:12Alors je vais d'abord préciser un point,
21:14c'est qu'en fait, on traite les insuffisants respiratoires,
21:17mais les patients atteints d'une pathologie en particulier,
21:20qui est la BPCO, la bronchopneumopathie chronique obstructive.
21:24C'est une maladie qui est assez peu connue,
21:26qui est pourtant la quatrième cause de mentalité mondiale.
21:29Il y a pas loin de 500 millions de patients dans le monde,
21:323 millions et demi en France.
21:35Et un des enjeux majeurs de cette pathologie,
21:38qui est un enjeu de santé publique,
21:40est la dégradation de la santé du patient,
21:43qui on appelle une exacerbation.
21:45Excusez-moi, j'ai un petit virus.
21:46Non, ça illustre bien le...
21:48Heureusement, pour moi, c'est pas chronique.
21:51Donc les exacerbations, ces crises, en fait,
21:54engendrent des hospitalisations en urgence,
21:56et elles ont surtout des conséquences dramatiques,
21:58puisque le taux de mortalité,
22:00un an après la première exacerbation sévère,
22:02est de 26%.
22:03Et en fait, c'est pour répondre à cet enjeu
22:06que nous avons voulu créer Biosensi
22:08avec mon associé Yann Le Guillou,
22:10en se disant qu'on souhaitait apporter
22:11une solution de médecine prédictive
22:14qui permette d'anticiper ces crises,
22:17d'annoncer le risque d'exacerbation,
22:19pour laisser le temps aux médecins
22:20d'adapter le traitement
22:22et d'éviter l'hospitalisation
22:23et les conséquences associées.
22:25Pardon, mais pourquoi elle est si peu connue,
22:27cette pathologie ?
22:29Non, ça, je ne vais pas pouvoir tout le coup dire.
22:32Non, mais si elle est si...
22:33Honnêtement, je ne sais pas trop.
22:37C'est une maladie qui est liée au tabac,
22:39dans 80% des cas.
22:41D'accord.
22:42Le résultat, c'est souvent
22:43les maladies professionnelles.
22:45C'est une maladie un peu honteuse
22:46et qui a aussi, à une époque,
22:48été mal enseignée, tout simplement,
22:50dans les facs de médecine aussi.
22:53Il y a peut-être une tente de...
22:54Et ça passait beaucoup
22:55sous des bronchites chroniques, etc.
22:57Donc, voilà, on a identifié un peu mieux.
23:00Enfin, la science avance,
23:01mais effectivement, c'est heureux.
23:03C'est malheureusement assez peu connu.
23:04Et alors, pardon, Renan...
23:05Donc, je vous ai dit tout ça,
23:06mais je ne vous ai pas répondu à la question.
23:08Voilà.
23:09Donc, pour pouvoir apporter
23:10cette solution de médecine prédictive,
23:11en fait, on a un bracelet
23:13qui mesure les signes vitaux du patient.
23:15Donc, on mesure la fréquence respiratoire,
23:17le rythme cardiaque,
23:18le taux d'oxygène dans le sang.
23:19Et basé sur ces signes vitaux,
23:21en fait, on calcule chaque heure
23:22un score prédictif
23:24qui permet de mesurer le risque
23:25d'exacerbation
23:26et de prévenir le médecin.
23:28Et donc, nos études cliniques
23:29démontrent qu'on est capable
23:30de prédire,
23:31grâce à notre algorithme
23:32basé sur l'intelligence artificielle,
23:34donc 86% des cas,
23:36en moyenne,
23:374 jours avant l'hospitalisation
23:39et jusqu'à 7 jours avant.
23:40Donc, ça peut même empêcher
23:41l'hospitalisation, la prévenir ?
23:43Le fait de prévenir, en fait,
23:45permet au médecin
23:46d'adapter le traitement
23:47et il peut éviter l'hospitalisation.
23:50Et s'il n'arrive pas
23:50à éviter l'hospitalisation,
23:51le fait d'anticiper,
23:52il va à minima diminuer
23:54la durée d'hospitalisation
23:55et les conséquences
23:55sur la santé du patient ensuite.
23:58Rien que le coût en France
23:59des hospitalisations
24:00liées à cette pathologie,
24:02c'est 1 milliard d'euros par an.
24:04Donc, en ce moment,
24:05on cherche quelques économies.
24:07Je dis comme ça.
24:08On ne va pas faire
24:08trop d'actualité, peut-être.
24:10Mais effectivement,
24:12il y a l'enjeu de santé
24:13pour la santé dont je vous ai parlé
24:15avec le risque de mentalité,
24:16mais aussi, tout simplement,
24:17des économies, en fait,
24:18très conséquentes à réaliser.
24:20Est-ce que ça transforme aussi
24:22directement les pratiques
24:24des professionnels de santé ?
24:26Oui.
24:26En fait, nous,
24:27on a une solution digitale
24:28avec notre plateforme
24:29qui permet de s'insérer
24:30dans tous les parcours de soins
24:31parce qu'on est très flexible.
24:33Mais ça nécessite,
24:35c'est une transformation
24:36du parcours
24:37parce que le patient,
24:38aujourd'hui,
24:39il ressent les symptômes,
24:40il va aux urgences,
24:40il est hospitalisé,
24:42parfois,
24:43dans 12% des cas,
24:44en réanimation.
24:46Nous, ça nécessite
24:46d'avoir un parcours,
24:47une cellule de télésurveillance
24:49qui va suivre les données
24:50parce que le médecin
24:51n'a pas forcément le temps.
24:52Donc, il y a une infirmière
24:54ou un kiné, etc.,
24:55qui regarde les données,
24:57qui alerte le médecin
24:58et quand il y a justement
25:00cette alerte,
25:01que les symptômes
25:01sont confirmés, etc.
25:03Donc, c'est un nouveau parcours
25:04et c'est effectivement...
25:05Et ce qui est un peu compliqué,
25:07c'est de changer la pratique
25:08des médecins
25:09avec ces innovations
25:10et de passer
25:11à un mode prévention,
25:12c'est bien ça,
25:13tout le sujet.
25:14Hervé.
25:15Oui, moi, j'ai une question.
25:17J'adore votre invention.
25:19Et c'est formidable.
25:20C'est juste pour l'accès
25:20au remboursement
25:21parce que ça va exploser
25:22le jour où tous les médecins
25:23pourront prescrire largement
25:24votre solution.
25:26Je n'arrive pas à comprendre
25:26comment vous allez pouvoir
25:27faire une étude
25:28de supériorité
25:29ou de non-infériorité
25:30versus un traitement
25:31de référence
25:32qui n'existe pas.
25:33Donc, c'est là
25:33où j'ai une question.
25:34Comment vous allez faire
25:35pour démontrer
25:36l'intérêt,
25:37pas médico-économique,
25:38mais médical
25:39de votre solution ?
25:40On a une étude
25:41qui est en cours actuellement.
25:43C'est une étude
25:43contrôlée, randomisée,
25:44multicentrique.
25:45Alors, pardon pour le terme
25:46un peu technique,
25:47mais concrètement,
25:48il y a deux bras
25:49dans cette étude.
25:50Un qui est en soins courants
25:52et l'autre qui est
25:53avec notre solution
25:54de télésurveillance.
25:55Et on va mesurer
25:55entre les deux
25:56le nombre de jours
25:57d'hospitalisation
25:58qu'on a évité
25:59grâce à notre solution
26:01prédictive.
26:02Et donc là,
26:03on démontre
26:03un vrai bénéfice
26:04et un impact
26:06sur la morbidité
26:07des patients,
26:08sachant qu'on a déjà
26:09une étude
26:09qui a démontré
26:10un impact
26:10sur la qualité de vie
26:11uniquement par la télésurveillance.
26:13En fait,
26:14c'est des patients
26:15qui sont plutôt âgés,
26:16souvent isolés,
26:17les deux tiers
26:18en zone rurale.
26:19Et donc,
26:20ils se sentent rassurés
26:21par le port du bracelet
26:22et le fait de savoir
26:23qu'il y a un professionnel
26:23de santé
26:24qui regarde,
26:25en fait,
26:25sur la plateforme
26:26comment ils vont.
26:28Et dans 95%,
26:29ils sont rassurés,
26:30ce qui fait qu'on a
26:31un très beau taux
26:31d'observance
26:32sur le bracelet
26:33puisqu'ils le portent
26:34dans 86% du temps,
26:37la nuit,
26:37le jour,
26:38etc.
26:38Ce qui permet vraiment
26:39au médecin
26:39d'avoir des données
26:40en vie réelle,
26:41vraiment représentatives
26:42de l'état de santé
26:43du patient
26:44dans son quotidien
26:45et à domicile surtout.
26:47Merci beaucoup Marie.
26:48C'est déjà la fin.
26:49Merci d'avoir répondu présente.
26:53Marie Piroté,
26:54CEO de Biosensi.
26:56Merci à toi Hervé.
26:57On se dit à dans deux semaines.
26:59C'est déjà la fin
27:00de cette émission.
27:01A bientôt
27:01sur Bismarck for Change.
27:02Sous-titrage Société Radio-Canada
27:16Sous-titrage Société Radio-Canada
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