Nicolas Pouvreau-Monti : «Entre 2022 et 2024, le Royaume-Uni a reçu une immigration nette de plus de 2 millions de personnes»

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il y a 2 mois

Plus de 110.000 personnes ont battu le pavé britannique ce samedi en plein cœur de Londres, à l'appel du leader nationaliste Tommy Robinson. Récemment incarcéré pour ses propos sur l'immigration, l'homme de 42 ans demande entre autres la démission de Keir Starmer. Pour le directeur de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie, Nicolas Pouvreau-Monti, «entre 2022 et 2024, le Royaume-Uni a reçu une immigration nette de plus de 2 millions de personnes».

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00:00Très clairement, et c'est vrai que dans le commentaire médiatique qui a entouré cette manifestation,

00:03on a beaucoup parlé du profil des organisateurs, du nombre des manifestants,

00:07mais il semble que la réaction qui est dominée, ce soit la surprise, en vérité,

00:10comme si cette manifestation avait été une sorte de surgissement imprévu

00:14dans une société britannique qu'on nous présentait depuis des années comme apaisée, comme multiculturelle.

00:19Donc un sentiment d'incompréhension, en vérité, et quand il y a une incompréhension, il faut en revenir aux faits,

00:24et les faits en la matière sont assez simples.

00:26Il n'y a jamais eu autant d'immigration au Royaume-Uni que ces dernières années.

00:30Avec des records qui sont absolument frappants.

00:32En l'espace de trois ans, entre 2022 et 2024, le Royaume-Uni a reçu une immigration nette de plus de 2 millions de personnes.

00:39C'est absolument sans comparaison, y compris sur le continent.

00:42On a maintenant 18% de la population de l'Angleterre et du Pays de Galles qui est née à l'étranger.

00:47A titre de comparaison, c'est plus qu'aux Etats-Unis.

00:48Les Etats-Unis qui sont pourtant la nation d'immigrés par excellence,

00:51qui ont une part qui est elle-même un record dans leur histoire nationale aujourd'hui.

00:55Des phénomènes encore plus marqués localement.

00:56Dans le Grand Londres, maintenant, la moitié de la population est née à l'étranger.

01:00Et donc tout ça dessine évidemment un emballement migratoire que le gouvernement britannique semble avoir assez largement subi.

01:06Mais avant même cet emballement très récent, il faut garder en tête qu'il y a eu plus de deux décennies d'immigration nombreuses,

01:12très nombreuses au Royaume-Uni.

01:13Et de ce point de vue-là, il y a eu un moment pivot, un tournant, qui a été l'élection de Tony Blair.

01:18Donc Tony Blair est élu en 1997.

01:20Dans les 25 années qui précèdent l'élection de Tony Blair, le solde migratoire cumulé,

01:24c'est-à-dire en gros la différence entre les gens qui entrent et les gens qui sortent du territoire au Royaume-Uni,

01:28a été en cumulé de 68 000 personnes, c'est-à-dire quasiment zéro.

01:32Et dans les 25 années qui ont suivi l'élection de Tony Blair, le solde migratoire, il a atteint 6 millions de personnes.

01:37C'est-à-dire qu'il a été 100 fois plus élevé dans les 25 années après l'élection de Tony Blair que dans les 25 années qui l'ont précédé.

01:44Et donc ça s'est poursuivi après lui, avec David Cameron, jusqu'au référendum sur le Brexit,

01:48qui s'est fait assez largement sur cette question de l'immigration.

01:51On se souvient que le slogan des partisans du Brexit, c'était « take back control »,

01:54donc reprendre le contrôle sur les frontières, sur la maîtrise de l'immigration.

01:57Ça a été aussi la promesse de Boris Johnson, qu'ensuite il s'est fait élire pour mettre en œuvre le Brexit.

02:02Et on en arrive à cette situation assez incroyable où, en l'espace de 15 ans,

02:07les Britanniques ont voté cinq fois pour réduire significativement l'immigration.

02:11Le Brexit, quatre majorités du Parti conservateur qui s'étaient engagées à chaque fois à réduire significativement les flux.

02:18Et on arrive avec les records que je vous décris.

02:20Et donc on comprend évidemment le sentiment de trahison démocratique,

02:23qui de toute évidence est ce qui meut véritablement la mobilisation d'hier.

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