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00:0013h15, Europe 1 Info.
00:0214h18 sur Europe 1, la suite d'Europe 1 Info avec vous, Clélie Mathias,
00:06c'est vos deux chroniqueurs du jour, les deux journalistes, Éric Revelle et Victor Hérault.
00:10J'aimerais comprendre avec vous ce qui se passe.
00:12Ça fait des semaines, voire des mois, voire des années qu'on nous parle de la dette,
00:16de la situation budgétaire de la France,
00:18de ces agios qui s'accumulent, de cette situation qui devient inextricable, impossible.
00:24Et pourtant, hier, Jean-Luc Mélenchon, le chef des Insoumis, a dit ceci, il était sur France 2.
00:30La France est la catastrophe, tout est perdu, nous sommes submergés.
00:33Ce n'est pas vrai. Je vais vous le dire, madame...
00:35Il n'y a pas de problème de dette en France, Jean-Luc Mélenchon ?
00:37Non.
00:38Il n'y a pas de problème de dette ?
00:39Mais non, il n'y a pas...
00:393 000 milliards, c'est les cosmétiques.
00:41Non, mais là, vous répétez le... Vous faites le répondeur automatique, madame.
00:45Non, ce n'est pas la somme qui compte, c'est les recettes que vous avez.
00:48Et c'est le poids de la charge de la dette.
00:503 300 milliards, sur la période pendant laquelle il va falloir le rembourser,
00:54il y aura des revenus, d'accord ? De la production, des impôts, etc.
00:58Eh bien, c'est sur 8 ans.
01:00Sur 8 ans, cette dette représente 13% de ce qui va être récolté.
01:05Aujourd'hui, la charge de la dette dans le budget,
01:08qui est la seule réalité matérielle de la dette,
01:10elle représente 2% de la richesse produite.
01:13C'est-à-dire 0, presque 1 point de moins qu'il y a un an et demi.
01:18Alors, Eric révèle.
01:19François Bayrou vient de tomber sur le mur de la dette,
01:21comme son prédécesseur.
01:23À gauche comme à droite, on parle de la dette,
01:25et Jean-Luc Mélenchon nous dit qu'il n'y a pas de problème de dette.
01:28Qui dit vrai ? Que dire aux Français ?
01:29Expliquez-nous.
01:31Alors, je ne sais pas si Jean-Luc Mélenchon,
01:34quand il a acheté un appartement,
01:35s'il est propriétaire, a eu un crédit,
01:37mais je pense qu'il a remboursé, si vous voulez, son crédit.
01:40Sinon, son appartement aurait été saisi.
01:42Vous voyez ?
01:43Alors, il y a plusieurs choses dans ce qu'il dit.
01:45Alors, il y en a une qui est factuelle et qui est juste,
01:48c'est que ce qu'il faut rembourser, en premier lieu,
01:52c'est le service de la dette,
01:53c'est-à-dire les AGO, les intérêts,
01:55qu'on paye sur le stock de dette,
01:56c'est-à-dire sur les 3 300 milliards d'euros.
01:59Il faut quand même savoir qu'aujourd'hui,
02:01c'est à peu près 60 milliards d'euros,
02:04c'est quasiment le budget de l'éducation nationale.
02:06En 2029, ça sera 100 milliards d'euros.
02:09Tout ça parce que depuis 1974,
02:12comme on n'a pas un budget en équilibre,
02:13l'État dépense plus qu'il n'a de recettes.
02:17Allégements pour les entreprises ou pas.
02:19L'État dépense plus qu'il n'a de recettes depuis 51 ans.
02:24Bien.
02:25Donc, vous avez les marchés financiers auprès desquels vous empruntez,
02:28qui vous regardent un peu de travers,
02:29qui disent, oui, vous êtes un pays riche,
02:32vous produisez...
02:34Vous savez prélever l'impôt.
02:35Alors, vous voyez, quand Jean-Luc Mélenchon
02:36explique que ce n'est pas très grave,
02:40parce que dans les années qui viennent,
02:42la croissance va augmenter, normalement,
02:44ce n'est pas sûr non plus.
02:46Et que donc, on sera en capacité de rembourser plus.
02:48Oui, mais au rythme ouvrant les choses,
02:49la dette aussi va s'accroître.
02:52La dette aussi va s'accroître.
02:53Donc, le service de notre dette va aussi s'accroître.
02:57100 milliards, hein.
02:57100 milliards en 2029.
02:59Je rappelle que François Bérot a expliqué, à raison,
03:02qu'on empruntait sur les marchés financiers
03:04pour rembourser le service de la dette,
03:06même pas la dette.
03:07Maintenant, il y a un autre argument
03:08que j'aurais bien opposé à Jean-Luc Mélenchon.
03:10Il y a un précédent dans l'histoire mondiale.
03:13Il y a un précédent.
03:14Jean-Luc Mélenchon a dit, non mais ce n'est pas grave, en fait.
03:1660% de notre dette est détenue par les étrangers.
03:19Donc, il y a les 40% qui sont détenus par les ménages français.
03:22Bon, ben, il n'y a qu'à pas rembourser les étrangers.
03:26Eh ben, ça s'est produit dans l'histoire, Clélie.
03:28Ça s'appelle les emprunts russes.
03:30Les emprunts russes, quand l'empire tsariste est tombé,
03:34les bolcheviques qui sont arrivés au pouvoir,
03:36je ne fais pas la comparaison avec M. Mélenchon,
03:38mais je m'interroge,
03:38on dit, on ne rembourse pas les emprunts russes.
03:42Mais vous avez plein de petits porteurs,
03:45notamment français, qui ont tout perdu du jour au lendemain.
03:48Et il a fallu des années et des années et des années
03:50avant que l'État bolchevique revienne sur les marchés.
03:53Nous, on ne peut pas se permettre ça
03:54parce qu'on a un système de prestations sociales à financer,
03:57parce qu'on a une fonction publique à financer,
03:59on a des dépenses d'État à financer.
04:01Je ne sais pas si j'ai été clair.
04:03Très clair.
04:03Jean-Luc Mélenchon le sait, tout ça, quand même.
04:05Donc, Victor Ayrault, pourquoi tenir ce discours ?
04:08On ne touche pas le micro, Victor Ayrault, s'il vous plaît.
04:11C'est une salle mal énerveuse.
04:12Ah oui, ça vous a énervé.
04:14Non, mais pourquoi tenir ce discours ?
04:17Il a conscience des arguments.
04:19Mais il le sait, mais Jean-Luc Mélenchon est loin d'être un imbécile
04:21et c'est très bien compté.
04:22C'est un classique de l'argumentaire de gauche.
04:25C'était le même numéro lorsque François Fillon
04:27tirait la sonnette d'alarme durant la campagne de 2017.
04:29La gauche vous dit que les politiciens du centre ou de la droite
04:33essayent d'orchestrer une casse sociale
04:36et d'installer une rigueur budgétaire
04:39et que tout ça est parfaitement factice,
04:41que les arguments pour mener à cette rigueur budgétaire sont factices
04:43et que l'objectif de la droite et du centre,
04:45c'est de faire des cadeaux aux riches en prenant aux pauvres,
04:48en expliquant aux plus pauvres des Français
04:50qu'il le faut impérativement pour le bien du pays.
04:52Ça, c'est une rhétorique de gauche classique, basique,
04:54c'est-à-dire de monter le peuple qui voudra bien l'entendre
04:57contre les élites parce que, vous comprenez,
04:59les élites nous mentent et nous disent qu'il y a une dette
05:02alors qu'il n'y en a pas.
05:03Là où Jean-Luc Mélenchon, ça me tend énormément,
05:05c'est pour ça que je touche le micro,
05:05est complètement irresponsable financièrement,
05:09il souhaite une mort à crédit à la France.
05:11C'est-à-dire que Jean-Luc Mélenchon,
05:12effectivement, s'en fiche complètement de la dette.
05:13Pourquoi ? Jean-Luc Mélenchon a 74 ans.
05:16Ce n'est pas Jean-Luc Mélenchon qui remboursera la dette.
05:18Ce sont ses enfants et ses petits-enfants.
05:20Il peut avoir cette conscience-là, non ?
05:22Il ment à ses électeurs.
05:23Non, parce que Jean-Luc Mélenchon veut arriver au pouvoir.
05:25Mais il ment à ses électeurs.
05:26Vous voyez, lorsque François Bayrou dresse ce constat-là,
05:29et pourtant je ne suis pas le premier des Bayrouistes,
05:30mais lorsque François Bayrou parle de la dette,
05:32des retraites et du poids sur la jeunesse
05:34et sur les futures générations, tout le monde lui tombe dessus,
05:36tout le monde lui tombe dessus, alors que c'est un langage de vérité.
05:38Mais politiquement, c'est un suicide.
05:40Et bien Jean-Luc Mélenchon fait l'exact inverse.
05:42C'est-à-dire que Jean-Luc Mélenchon ment à la jeunesse.
05:44Donc c'est électoraliste ?
05:45Mais complètement.
05:46Il explique aux jeunes, on ne remboursera jamais la dette,
05:48on s'en fiche, c'est complètement faux,
05:49c'est lui qui ne la remboursera pas.
05:51Les jeunes qui auront voté pour lui, eux la rembourseront
05:53et s'en morderont bien les doigts.
05:54Éric Revelle.
05:55Oui, deux choses.
05:55Il y a un débat qu'on peut avoir, en revanche,
05:57qui est intéressant,
05:59c'est de savoir si on a trop de dépenses
06:01ou pas assez de recettes.
06:02La gauche dit plutôt, il n'y a pas assez de recettes,
06:05il faut, bon, évidemment, c'est pas ma voix,
06:07il faut fiscaliser davantage.
06:08Ça, c'est un débat qui peut être...
06:10Il y a l'idée qu'on peut faire de l'investissement public
06:12à condition que ça crée de la croissance,
06:15mais pas pour faire vivre les structures de l'État.
06:18Ça, ça crée de la haute croissance.
06:19Dans le pays le plus imposé au monde,
06:20la question des recettes est assez très grise.
06:22On a vécu une période quand même
06:23où la gauche a été violemment au pouvoir.
06:26C'est la période à l'arrivée de François Mitterrand au pouvoir.
06:2881, ça a duré deux ans.
06:30Oui, c'est ce que j'allais dire.
06:30En 83, après, hop, on a appelé le tournant de la rigueur.
06:33Et les seuls qui ont fait beaucoup d'argent,
06:35c'est les banques d'affaires,
06:36parce qu'elles ont nationalisé
06:38ce que voulait nationaliser François Mitterrand,
06:40et ensuite, elles ont privatisé
06:41ce qui était remis au privé.
06:43Vous voyez, elles ont fait l'aller-retour.
06:44Mais pour le reste,
06:45l'idée de dépenser de l'argent qu'on n'a pas,
06:48elle a vite rattrapé François Mitterrand,
06:51parce qu'évidemment,
06:52on ne pouvait pas continuer sur ce rythme-là, c'est tout.
06:54Elle va vite rattraper aussi les Français, quand même.
06:56Sans parler des recettes à 60 ans, puis des 35 ans.
06:58Quel ménage français est bien au courant
06:59de comment fonctionne une dette,
07:00et à quel point il ne faut pas dépenser l'argent qu'on n'a pas.
07:02C'est la même chose pour un État.
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