Avec Béatrice, maman de Nicolas qui s’est suicidé il y a 2 ans --- ▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts 🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
00:00C'est l'actualité en plus, ce samedi matin 9h21, on voulait prendre le temps de s'arrêter sur un cas qui, on l'espère en tout cas, même s'il est toujours tragique d'en arriver jusque-là, de Nicolas, jeune qui s'est suicidé après un épisode de harcèlement scolaire dans des conditions évidemment effroyables.
00:20Et sa maman accepte de briser le silence qu'elle s'était imposé jusque-là pour affronter ce combat, ce deuil et partager justement l'expérience de la douleur, mais aussi les enseignements qu'on peut tirer d'un cas comme ça.
00:32Bonjour Béatrice.
00:33Oui, bonjour.
00:34Merci beaucoup d'être avec nous ce matin en direct sur Sud Radio.
00:37Je le disais, ça s'est déroulé le 5 septembre 2023 où Nicolas s'est suicidé dans sa chambre à Poissy.
00:44Merci beaucoup d'avoir accepté de témoigner.
00:46Hier, il y avait un concert solidaire en son hommage, on y reviendra.
00:50Mais cela fait un peu plus de deux ans maintenant que Nicolas s'est suicidé.
00:55Qu'est-ce qui vous fait tenir debout ce matin au point d'avoir ce courage de témoigner, de mener ce combat au quotidien ?
01:03Eh bien, c'est de rester dans l'action et c'est vrai que si j'ai mis en place avec une amie Isabelle ce concert,
01:13c'est une autre maman qui a perdu un enfant aussi par suicide, ça m'aide à tenir.
01:21Mais plus qu'un exemple de courage, quand on a échangé hier en dehors de l'antenne,
01:26c'est aussi une manière de faire de la prévention contre le harcèlement scolaire.
01:32C'est-à-dire que vous êtes mis à 3700% dans ce combat, c'est-à-dire vraiment prévenir que ça peut arriver à tout le monde,
01:40ça peut arriver vite, c'est dangereux, il faut savoir le détecter.
01:43Oui, oui, oui, tout à fait.
01:46Alors, c'est vrai que c'est important d'être vigilant vis-à-vis de son enfant.
01:51S'il rentre de l'école avec les lunettes cassées, le tissu arbre déchiré,
01:56ou s'il s'isole de plus en plus dans sa chambre et qu'il se met de plus en plus sur les jeux,
02:04là, il faut vraiment réagir.
02:05Et moi, j'avoue que Nicolas, quand on a vu qu'il n'était pas bien, on a été devant l'école,
02:16on a regardé discrètement, bien évidemment, comment se comportaient les autres enfants autour de lui.
02:24Et c'est vrai qu'il ne faut pas hésiter à agir tout de suite.
02:29Dès que vous savez qu'il est harcelé, vous lui demandez ce qui s'est passé.
02:37Comment ?
02:37Dès que vous avez des doutes, en réalité, dès que vous soupçonnez un comportement inhabituel,
02:41il ne faut surtout pas hésiter à aller creuser un peu.
02:45Oui, tout à fait.
02:46Et dès que vous le savez, vous allez voir l'école,
02:53le comité phare qui doit être en place.
02:56Et s'ils ne réagissent pas, vous faites le 3018.
03:00C'est le numéro par excellence du harcèlement et du cyberharcèlement.
03:05Évidemment, l'éléphant au milieu de la pièce, dans ce drame,
03:07avant qu'on revienne sur l'importance de savoir détecter le harcèlement,
03:12vous présidez une association, on aura l'occasion d'en reparler dans un petit instant.
03:15Mais l'éléphant au milieu, il n'y a plus le piège, je le disais, c'est quand même l'école.
03:19Est-ce qu'après le suicide de Nicolas, l'école a été à la hauteur ?
03:23Vous avez vraiment observé immédiatement une volonté de l'établissement
03:25peut-être de défausser leur responsabilité, de ne pas voir sa responsabilité en face.
03:33Alors, pour ce qui est de l'année où Nicolas s'est fait harceler,
03:38c'est vrai qu'il y a eu un déni de l'établissement.
03:42Ça, c'est indéniable.
03:47Vous parlez même d'un courrier de la honte.
03:52Alors, ce qui s'est passé, c'est que nous, dès qu'on a su qu'il y a eu du harcèlement,
03:58on a été voir le proviseur et malheureusement, on a été reçus comme des chiens dans un jeu de quille.
04:03Et Nicolas était présent, malheureusement.
04:04Ce qui fait que lui, il a été déçu par les adultes.
04:09Et déjà, il n'était pas bien.
04:12Et là, ça a enfoncé le clou.
04:14Et ensuite, malheureusement, comme vous dites, on a reçu le fameux courrier de la honte.
04:18Donc, il y avait entre guillemets harcèlement qui était écrit dessus.
04:26Et on menaçait de 45 000 euros d'amende et de 4 ans de prison si on portait plainte.
04:34Et moi-même, quand j'ai ouvert le courrier et je l'ai lu, j'ai crié.
04:39Et Nicolas me dit, maman, qu'est-ce qui t'arrive ?
04:42Et je lui ai expliqué.
04:43Et là, il me dit, maman, laisse tomber.
04:46Et il a attaqué sa porte de sa chambre.
04:48Et il a rentré dans sa chambre.
04:50Mais comment voulez-vous qu'un enfant ne puisse pas culpabiliser après ça ?
04:55Mais quand on comprenne, avant ce courrier de la honte que vous avoquez, Béatrice,
05:00c'est que vous êtes allée avec Nicolas dans le bureau du proviseur ?
05:06Oui, tout à fait.
05:06C'est-à-dire que vous aviez détecté, vous aviez décelé, on va dire,
05:10ce qu'il se tramait d'anormal dans la vie de Nicolas qui s'est suicidé il y a deux ans.
05:14C'est-à-dire que vous ne faites pas partie des cas tout aussi tragiques,
05:17parfois de parents qui n'ont même pas su détecter auparavant un mal-être ou un changement d'attitude.
05:23Vous, vous êtes allé jusqu'au bureau du proviseur.
05:26Et dans ce bureau du proviseur, il se passe finalement, c'est ce que vous disiez,
05:29on enfonce le coup.
05:30On vous accuse, quoi, d'orchestrer ça ?
05:33Voilà, on est sortis de là d'épiter.
05:37On n'a pas compris ce qui nous arrivait.
05:40Quoi ? Vous n'avez pas de dossier ?
05:42Vous n'avez rien de tangible à nous proposer, à nous présenter ?
05:46Mais on était effarés.
05:47On était effarés.
05:48On s'est dit, mais on n'est pas en France ?
05:50On n'est pas dans un pays normal ?
05:52Qu'est-ce qui se passe ?
05:54Et la suite de ça, j'imagine que vous avez porté plainte après le suicide de Nicolas ?
06:00Moi, je m'étais promis qu'un jour plus tard, si on n'avait pas de nouvelles de leurs actions,
06:09de leur envoyer un courrier.
06:11Et au bout de 15 jours, on n'a pas eu de nouvelles.
06:13Et là, on s'est dit, on porte plainte.
06:15Donc, on a porté plainte.
06:16Mais non, ce n'est pas une plainte, pardon.
06:19On a déposé une main courante.
06:21En fait, notre objectif, ce n'était pas de porter plainte.
06:24Ce n'était pas du tout ça.
06:25Le but, c'était d'alerté sur la situation, j'imagine.
06:28Mais voilà.
06:29Et puis, qu'ils mettent en place des actions.
06:33D'ailleurs, Nicolas avait vu une psychologue cette année-là,
06:36puisqu'il y avait des problèmes de lenteur et puis de notes.
06:40Et il y avait eu des conseils de la psychologue
06:46sur des mesures à prendre pour l'aider.
06:49Vous êtes aujourd'hui la coprésidente de l'association
06:52Faire face au harcèlement, c'est ça ?
06:55Oui, tout à fait.
06:56Ça fait partie de votre combat aujourd'hui
06:57pour tenir sensibilisés le plus de parents possible.
07:00Est-ce qu'aujourd'hui, vous voyez autour de vous,
07:02j'imagine plusieurs cas,
07:03est-ce que les parents sont suffisamment sensibilisés,
07:06sont suffisamment avertis, conscients
07:09de ce que peut représenter aujourd'hui
07:10comme univers violent l'école ?
07:12Et non.
07:15Malheureusement, c'est pour ça que nous avons mis en place ce concert,
07:21justement pour sensibiliser.
07:24Au niveau de faire face, nous, ce qu'on fait également,
07:28c'est qu'on va directement dans les entreprises.
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