00:00Europe 1 Soir, 19h, 21h, Pierre de Villeneuve
00:03Avec Antonin André du JDD, Louis Ozelter du Figaro, parlons de cette longue interview de Nicolas Sarkozy,
00:09pas d'autre solution que la dissolution, c'est pas ce que pense Amélie de Montchalin,
00:13ministre des Finances Publiques, elle était sur France Info ce matin.
00:16Vous avez plein de gens qui vous disent que la solution c'est la dissolution.
00:19Je pense que les Français voteraient de manière assez conforme à ce qu'ils ont voté il y a à peu près,
00:23vous voyez, un peu plus d'un an et demi.
00:24La dissolution, Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, la réclame,
00:27Edouard Philippe, ancien premier ministre d'Emmanuel Macron, dit qu'elle est inéluctable.
00:30J'imagine que vous êtes une journaliste précise, vous avez lu Nicolas Sarkozy la phrase d'après.
00:35Il dit, je ne pense pas que cette dissolution amènerait une majorité absolue.
00:38Donc c'est quoi le sujet ?
00:39Mais il dit aussi que c'est la seule chose qui pourrait apporter plus de clarté.
00:42Oui, de la clarté mais pas de majorité absolue.
00:43Ce que je dis c'est que soit on change de culture politique et on se remet au travail pour les Français,
00:47et alors on ne sera à la hauteur du moment, soit on reste bloqué.
00:51Et vous savez en 2027, tous ceux qui s'imaginent président, il faut qu'ils se souviennent d'une chose.
00:54Les Français, eux, auront la mémoire.
00:57Convaincu par, j'allais dire, presque la leçon du professeur Montchalin, Louis Osalter ?
01:03Nicolas Sarkozy, dans son interview au Figaro, il décrit une mécanique politique.
01:08Il dit que c'est les règles du jeu, c'est comme ça.
01:11À un moment, on va retourner au peuple.
01:13Il ne dit pas quand parce qu'il ne le sait pas.
01:14De toute façon, comme il le dit par ailleurs, Emmanuel Macron fait en général l'inverse de ce que Nicolas Sarkozy lui préconise.
01:20Donc on ne sait pas ce que va faire Emmanuel Macron.
01:22Mais on a presque l'impression que c'est de l'ordre de l'inéluctable.
01:26Ce qui est frappant par rapport à 2024, c'est qu'autant la première dissolution, personne ne l'avait demandé à Emmanuel Macron,
01:32à part l'ERN, mais sans aucun espoir de l'obtenir, ce qui fait qu'ils ont été les premiers surpris au moment où Emmanuel Macron a dissous le 9 juillet en 2024,
01:39et que l'ERN, contrairement à ce qu'il disait, n'était pas prêt pour une campagne législative décisive.
01:43Alors qu'aujourd'hui, il y a des gens qui l'appellent de leur vœu, soit parce qu'ils la souhaitent,
01:47mais en fait surtout, moins parce qu'ils la souhaitent que parce qu'ils la jugent inéluctable.
01:51C'est le cas de Sarkozy, c'est le cas d'Edouard Philippe qui l'a dit assez tôt,
01:56c'est le cas à mots plus couverts d'un certain nombre de cadres de la majorité,
01:59l'ex-majorité qui se demande comment on va pouvoir faire autrement,
02:02comment va se poser l'équation de trouver un successeur à François Bayrou.
02:07Donc voilà, le raisonnement de Nicolas Sarkozy, c'est vraiment les règles du jeu qui conduiront à ça inéluctablement.
02:13On verra bien, ce qui est sûr, c'est qu'Emmanuel Macron ne veut pas le faire tout de suite.
02:16Là, ce n'est pas une arme qu'il compte activer dans l'immédiat.
02:18Alors qu'on avait, Antonin André, une petite musique il y a 8-9 jours sur le fait que peut-être il activerait ça.
02:25Qu'est-ce qui lui a fait changer d'élu ?
02:27Il dit que ça reste à sa main, parce qu'il ne va pas se séparer d'un métier institutionnel qui est à sa discrétion.
02:33Le raisonnement de Nicolas Sarkozy, il est implacable.
02:35Il est chirurgical, le RN est légitime, il a des élus, et donc il est susceptible de gagner les élections, par définition.
02:45Le fait est que ceux qui s'expriment en ce sens, Nicolas Sarkozy et Edouard Philippe, sont des gens qui aujourd'hui sont loin de la balle, j'allais dire.
02:52Ils ne sont pas immédiatement dans la situation politique.
02:56Or, la réalité politique est la suivante, c'est qu'en dehors du RN, aucun parti politique ne veut la dissolution.
03:02Et quand il fait cette interview, Nicolas Sarkozy, moi j'ai pensé avec empathie, avec compassion, à ses amis de LR.
03:10Parce que ça les met dans une situation absolument inconnable.
03:14Et c'est vrai qu'aujourd'hui, s'il y a une dissolution, et que les digues sautent, LR c'est le faible, le RN est le fort, LR disparaît.
03:22Le PS, s'il y a une dissolution, et c'est pour ça que les efforts se roulent par terre pour aller à Matignon,
03:29il disparaît sous les forges collines de LFI.
03:33Et Renaissance ne sait pas combien de sièges il pourrait sauver.
03:37Donc en fait, je ne pense pas que personne ne veut de la dissolution en dehors du RN,
03:40et que c'est la raison pour laquelle un accord est peut-être possible,
03:44en tout cas c'est là-dessus qu'Emmanuel Macron parie,
03:47sur l'idée qu'on puisse s'entendre avec les socialistes sur un budget,
03:51pas à 44 mais plutôt à 30 milliards,
03:54et en ayant une conscience qui soit suffisamment consensuelle
03:57pour ne pas effrayer les LR et maintenir des figures LR au gouvernement.
04:01Même si les LR ont fait plus, dans les derniers sondages, ils sont à 11, 12,
04:05le RN est à 33, donc ils crassent tout, c'est vrai.
04:10Ce n'est pas le Pérou, mais ils sont presque au niveau de renaissance dans le sondage du Figaro.
04:12Vous savez, entre 2022 et 2024, je discutais avec un ministre LR aujourd'hui,
04:21en 2022, il était dans un territoire où c'était bleu partout.
04:24LR en tête dans toutes les communes.
04:272024, la bascule.
04:28C'est bleu marine.
04:29C'est-à-dire que ce n'est pas bleu marine, mais la poussée est tellement forte,
04:32y compris dans les territoires ruraux,
04:33que si vous voulez, le coup de chance de 2024 pour qu'il se reproduise aujourd'hui,
04:38pour les LR, c'est quand même un coup de poker.
04:39Est-ce qu'il n'y a pas un facteur qui est nouveau ?
04:42C'est qu'il y a encore 2-3 ans, pour beaucoup d'électeurs français,
04:49et aussi, j'allais dire, avec cet arc républicain qui s'était formé,
04:55qui était là, on a fait passer pratiquement, même dans certaines circonscriptions,
04:59des candidats LFI pour contrer le RN.
05:02Est-ce que depuis, quand même, on a eu un narratif,
05:08on a eu des, comment dirais-je, un RN qui s'est imposé face aux Français,
05:14et qui est moins, comme le dit très souvent mon camarade Bocoté,
05:17malodorant, radioactif, infréquentable, etc.
05:21C'est-à-dire que finalement, les gens se disent, comme dit Sarkozy,
05:25Sarkozy dit, moi, je n'ai jamais pactisé, ni avec le père, ni avec la fille, dans votre journal.
05:30C'est important à cet égard.
05:31Mais, si les Français veulent ça, allons-y.
05:34C'est très important ce que dit Nicolas Sarkozy à cet égard.
05:36C'est même un tournant, ce qu'il dit dans le Figaro sur le RN,
05:38parce qu'en effet, il considère que c'est une majorité comme une autre qui peut arriver au pouvoir,
05:42qu'elle est tout à fait légitime à y arriver,
05:43et que, électoralement parlant, c'est le premier parti politique qui arrive en tête dans toutes les dernières élections.
05:51Vous avez raison sur la dédiabolisation du RN, comme on l'a longtemps appelé.
05:54C'est un processus long et qui, je pense, se poursuit.
05:57Mais, quand même, la clé d'un front républicain, comme on l'a encore appelé l'an dernier,
06:01ça reste cet électorat de gauche qui est foncièrement opposé
06:05et qui fera tout pour que Marine Le Pen et ou Jordan Bardella n'arrivent pas au pouvoir.
06:09C'est ce qui s'est passé à l'été 2024, avec l'alliance des macronistes,
06:14alliance plus ou moins assumée par certains d'entre eux.
06:16Je ne vois pas ce qui, dans l'électorat de gauche, a changé.
06:20Je ne vois pas que l'état d'esprit ait changé dans cet électorat-là
06:24pour avoir une configuration qui soit différente.
06:27Donc, si bougé il y a, il viendrait plutôt de ceux qui les aideraient à faire ce barrage républicain,
06:31à savoir des macronistes.
06:32Je rappelle que l'été dernier, c'est Gabriel Attal qui appelle à tout faire
06:37pour empêcher Jordan Bardella d'arriver à Matignon.
06:39Il faut dire qu'il allait lui succéder à Gabriel Attal précisément
06:42et qui donc jugeait que voter RN, c'était plus grave que voter la France en semaine.
06:46Six mois après, dans le GDD, il a fait un bien.
06:48Il a amendé sa position en disant que probablement, il ne ferait pas la même chose.
06:54Ce qui est réel et ce qui peut quand même bouger les lignes,
06:57moi je pense, d'un électorat modéré, pas forcément de gauche ou de centre-gauche,
07:01qui était enclin à faire le front républicain jusqu'à présent,
07:03c'est que la politique, c'est aussi des effets de contraste.
07:06Aujourd'hui, faire barrage au RN en faisant élire des LFI,
07:10on vient d'entendre les propos de Rima Hassan,
07:12c'est quand même un sujet.
07:14C'est-à-dire que, et le RN, on le voit bien dans toutes ses prises de position.
07:17Un sujet, ça veut dire que ça sera une responsabilité qui restera.
07:21Et vous voyez bien les efforts de Jordan Bardella,
07:24qui est toujours dans un discours consensuel, rassembleur,
07:28qui n'oppose pas les communautés les unes aux autres,
07:29qui a, y compris des propos à l'endroit des musulmans,
07:33dont certains étaient considérés par l'ancien RN comme vraiment une immigration,
07:39le péril de l'immigration est réduit à ça.
07:41Non, il s'adresse à la communauté musulmane.
07:43Il s'adresse aux Français de première génération
07:45qui sont arrivés, qui sont intégrés,
07:47qui veulent fermer la porte derrière eux.
07:49Et ce discours de respectabilité,
07:50par contraste avec LFI,
07:53qui joue le chaos et l'opposition des communautés,
07:56moi je pense que le front républicain est extrêmement fragilisé par ça,
08:02et que vous avez plein de circonscriptions,
08:03parce que dans la législative c'est quand même vous votez pour un député,
08:05une personnalité que vous pouvez connaître,
08:07que vous côtoyez parfois.
08:09Les personnalités RN dans certaines circonscriptions
08:12sont beaucoup plus consensuelles que les candidats LFI.
08:15Comment est-ce que vous comprenez cette main tendue,
08:17même si elle a été critiquée ?
08:19On va écouter Jordan Bardella,
08:20le président du RN qui était sur RMC ce matin.
08:24Mais comment est-ce que vous comprenez cette main tendue,
08:27finalement sur l'AME de François Bayrou,
08:30auquel Jordan Bardella, on va l'écouter,
08:32a répondu, très bien,
08:34mais nous on pense autre chose.
08:36François Bayrou propose,
08:38à quelques jours d'une chute probable de son gouvernement,
08:41sans doute d'acheter une forme de mensuétude
08:43à l'égard du Rassemblement National,
08:45mais je ne suis pas dupe,
08:46les électeurs non plus.
08:48J'ai cru voir que dans cette restriction annoncée
08:52dans les prochains jours de ce panier de l'AME,
08:55il y aurait la suppression de la rééducation
08:58par balnéothérapie.
09:00Il reste beaucoup de soins,
09:02si vous me le permettez,
09:03à supprimer avant d'arriver à un sentiment de justice
09:05chez des millions de gens.
09:05Donc on voit bien là que tout ça est fait pour se moquer du monde.
09:08Tout ça est fait pour se moquer du monde,
09:10Antoine André ?
09:10Très brièvement,
09:12François Bayrou est frappé du même syndrome
09:14que Michel Barnier,
09:14c'est-à-dire qu'il a parié sur la mention d'études du RN
09:17et jusqu'au bout,
09:19il va aller faire des concessions
09:20qui évidemment le verront en boubranque
09:22et à la fin,
09:23il chutera.
09:24Trop tard,
09:24dirait le cochon.
09:25Louis Ouzalter,
09:26un mot ?
09:26Je suis parfaitement d'accord avec Antoine André,
09:27sauf que le supplice dure vraiment longtemps
09:29puisque lundi,
09:29normalement,
09:30c'est fini.
09:3119h57,
09:32dans 3 minutes,
09:32le journal de 20h
09:33et juste après,
09:35les leçons d'économie
09:36de M. Gattaz
09:38qui a accessoirement été président du MEDEF.
09:40Le gouvernement cherche péniblement 44 milliards,
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