00:00Raphaël Lejean, le Premier ministre, a donc annoncé hier qu'il y aura un nouveau discours de politique générale le 8 septembre
00:05avec à la clé un vote de confiance, c'est la crise politique.
00:08Bah oui, Laure, il faut être très clair, il n'y a quasiment aucune chance pour que la confiance soit votée à François Bayrou.
00:16Hier, Olivier Faure, le patron du PS, a parlé d'un scénario inimaginable pour les socialistes qui sont la clé de ce vote.
00:23La messe est dite, c'est quasiment plié.
00:26Dans deux semaines, jour pour jour, il faut s'y préparer, la France risque de se retrouver sans gouvernement.
00:32Comme il y a un an, c'est un peu le retour à la case départ.
00:35Alors, pourquoi il a fait ça ? Est-ce qu'il s'auto-saborde ?
00:39C'est tout simplement parce qu'il n'y avait plus d'échappatoire pour François Bayrou sans ce coup de poker.
00:45Il aurait été renversé par la motion de censure déposée par la France Insoumise le 23 septembre
00:50ou plus tard sur le budget par le Rassemblement National.
00:53Comme le confiait hier un ministre, François Bayrou ne voulait pas finir étranglé dans une négociation interminable façon Michel Barnier.
01:03Mais derrière la tactique, il y a aussi de la stratégie du côté du Béarnet.
01:08De nombreuses sources commencent à le dire au sein du gouvernement.
01:12Les langues commencent à se délier.
01:13François Bayrou n'a probablement jamais voulu porter ce budget en réalité.
01:20On ne peut pas douter de sa sincérité sur le redressement des comptes publics.
01:24Il a construit sa carrière politique là-dessus.
01:27Mais face à une classe politique biberonnée à la dette depuis plus de 50 ans,
01:31son ambition, il s'en est rendu compte cet été, était condamné.
01:35Il a essayé de jouer l'opinion publique.
01:37Ça n'a pas pris.
01:39Désormais, son véritable objectif, c'est 2027.
01:43Et pour cela, il a choisi la carte Mendes France par aller directement au peuple.
01:49Certains y voient du panache, d'autres une fuite en avant.
01:53Le problème, c'est que tout cela nous mène probablement au final vers la politique du pire.
01:57Il part la tête haute comme un prince pour lui-même.
02:00C'est ça que vous nous dites ?
02:02Oui, exactement. Sauf que tout cela nous amène une instabilité dommageable.
02:07Un laissé-aller économique qui va peser sur la croissance du pays.
02:11Et l'économie, elle, ne pardonne jamais.
02:14Depuis des mois, les agences de notation préviennent.
02:17Et hier, ça s'est vu sur les marchés.
02:19Ça s'est vu sur le CAC 40 qui a décroché de 1,6%.
02:24Le taux d'intérêt de la dette française à 10 ans a lui bondi à 3,50%.
02:29Il était à 3,42% en fin de semaine dernière.
02:32C'est une progression importante.
02:33On est presque au niveau de l'Italie, qui a longtemps été la lanterne rouge de l'Europe.
02:37Et dans les prochaines semaines, les courbes pourraient même se croiser.
02:40Autrement dit, la France risque de payer ses dettes plus chères que Rome.
02:46Et face à ce danger, quel est le mot d'ordre de la mobilisation populaire du 10 septembre ?
02:52Deux jours après la probable décision, tout bloqué.
02:56Et voilà où en est la France.
02:58Une France bloquée, sans gouvernement.
03:01Alors, pas à pas, oui, le scénario du pire se met en place.
03:05François Bayrou, lui, regarde déjà vers 2027.
03:08Mais d'ici là, les marchés n'attendront pas.
03:10Mais vous qui aimez la politique, Raphaël, contrairement à moi, je ne me cache pas.
03:14Vous avez trouvé ça malin, cette dramatisation à l'extrême ou pas, de la situation économique ?
03:20Ce n'est pas une question d'être malin, c'est une question de lucidité.
03:24François Bayrou est très clair depuis le printemps.
03:28Il a multiplié les conférences de presse pour alerter sur l'état de nos finances publiques.
03:31Et il a raison.
03:33La dette, on ne meurt pas de ces dettes, on meurt de ne plus pouvoir en faire.
03:38Et la charge de la dette va exploser d'ici 2029.
03:42On va rapidement arriver à 100 milliards d'euros par an.
03:44On est à 60 milliards aujourd'hui.
03:45Il va falloir trouver 40 milliards de recettes uniquement pour payer nos créanciers.
03:49Ça veut dire qu'on ne peut plus investir, qu'on ne peut plus travailler sur les retraites,
03:54qu'on ne peut plus investir dans notre hôpital, dans notre police, dans notre justice, dans nos routes.