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  • il y a 5 mois
Avec Béatrice Bertrand, maire de Tuchan (Aude) & Jean-Paul Pelras, ex-maraîcher, Auteur de “Le Sacrifice paysan”, aux Éditions Erick Bonnier

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##LES_GRANDS_DEBATS_DU_MATIN-2025-08-08##

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Transcription
00:00Au débat du matin, nous recevons Béatrice Bertrand, bonjour à vous et bienvenue.
00:06Bonjour, bonjour à tous.
00:08Merci, vous êtes la maire de Tuchan, c'est dans l'Aude et dans le massif des Corbières, Béatrice Bertrand.
00:15Absolument.
00:16Comment s'organise la solidarité après le passage et les ravages de ce méga-feu
00:22qui est désormais, on va dire, sous contrôle si je puis dire, mais il n'est pas éteint, il faut le rappeler.
00:28Absolument pas.
00:29Cette affaire est toujours en cours, Béatrice Bertrand, et votre village qui est situé, on va dire, aux premières loges,
00:37mais il accueille les personnes qui ont fui les flammes, racontez-nous ça.
00:41Absolument.
00:42Donc oui, nous avons été à un moment donné à une vingtaine de kilomètres du feu,
00:46mais nous avons eu la chance de ne pas être touchés par ce feu.
00:49Je salue du reste le travail des pompiers et puis j'ai une pensée bien sûr pour les habitants
00:54et les maires des communes qui ont été touchés directement.
00:56Nous, on était en back-office et on a essayé de faire le maximum
00:59pour accueillir les personnes qui ont été évacuées d'une commune voisine,
01:03d'Urban, qui est à 20 kilomètres aussi, et qui, dans la nuit de mardi à mercredi,
01:08ont été obligées, évidemment, de quitter leur domicile et se sont réfugiées à Tuchan,
01:13tout à fait naturellement.
01:14Oui, très concrètement, parce qu'en fait, ce n'est pas passé près, pas loin de chez vous,
01:17il faut le dire.
01:18Absolument, ce n'est pas passé loin.
01:19Concrètement, Béatrice Bertrand, comment est-ce qu'on s'organise dans ces moments ?
01:23Parce qu'il faut improviser, là.
01:26Alors, nous avons...
01:28Bon, déjà, on a une équipe d'élus, d'agents de la mairie qui sommes très soudés et habitués
01:35à réagir rapidement.
01:36Là, effectivement, il a fallu improviser et on a été aidés en ce sens par les habitants de Tuchan.
01:43Donc, quand on a appris que 250 personnes arrivaient, effectivement,
01:47on a ouvert la salle polyvalente et on a commencé à s'organiser pour accueillir ces gens
01:51dans les meilleures conditions possibles.
01:53Le magasin du village a rouvert pour faire du pain, pour nous donner de quoi nourrir ces personnes,
01:59pour les accueillir.
02:01Les villageois les ont dirigés vers la salle polyvalente.
02:04L'association de la pétangue a fait du café, donc on les a accueillis.
02:07Une fois qu'ils ont été là, tous les habitants du village qui souhaitaient héberger des personnes,
02:12et on les avait prévenus par nos réseaux sociaux habituels, sont venus.
02:16Et en fait, il y a eu une énorme solidarité, un accueil de ces personnes qui sont arrivées
02:20un peu perdues, parfois en colère et choquées, évidemment, des enfants qui avaient vu les flammes,
02:24qui avaient peur.
02:25Donc, ce soir-là, c'était l'improvisation un petit peu, mais qui a bien marché et le fait
02:30de les rassurer.
02:31On a passé beaucoup de temps à discuter avec eux et donc remplir à la fois leur estomac,
02:36si je puis dire, mais également les rassurer, discuter avec eux, faire en sorte de dédramatiser
02:41tout ça.
02:42Donc, cette nuit-là, ils ont été pris en charge par les habitants qui sont venus.
02:50Et également, la préfecture nous a envoyé la protection, la sécurité civile, pardon,
02:54qui nous a amené des lits picots qu'on a installés dans une autre salle communale,
02:58de façon à ce que ces gens puissent dormir.
03:00Oui, c'est beau la solidarité, ça fait du bien par les temps qui courent, Béatrice
03:02Bertrand.
03:03Je vais vous poser la question sur les lits, vous voyez, vous m'avez devancé.
03:06Parce que ça, ce n'est pas du matériel qu'on a dans les communes, il faut le fournir
03:10et très vite.
03:11Et là, vous avez réussi, parce que combien de personnes exactement avez-vous accueillie ?
03:14250.
03:16250 en fait, j'ai dit 200, mais c'est 250.
03:18Et nous sommes 800 habitants.
03:19Et les personnes, il faut le dire, ce sont des voisins, quelque part, des villages,
03:25des villages qui ont été frappés par un incendie.
03:28Et qu'est-ce qu'ils disent ces personnes ? Je n'aime pas l'expression personnes sinistrées,
03:33bon, c'est un langage habituel, mais ce sont des personnes qui sont durement frappées.
03:41Durement frappées.
03:42Voilà, et qui ont été évacuées de leur domicile.
03:45Il y avait une partie de touristes aussi, parce qu'il y a un camping à Durban,
03:48donc le camping a été touché du reste, donc certains avaient peur pour leur matériel.
03:53Dieu merci, il n'y a pas eu de très gros dégâts matériels.
03:55Après, il y avait une grosse odeur de fumée.
03:57Ces gens, c'était pour nous des voisins.
04:00Alors les corbières et les hautes corbières notamment,
04:03c'est des pays sauvages et on se serre les coudes.
04:06Voilà, donc là, on s'est serré les coudes.
04:08Et la réaction des habitants de Tuchan, du boulanger qui nous a fourni les pains
04:13et les croissants tous les matins pour le petit-déj,
04:16de tous les restaurateurs, les campings, le café, tous les habitants.
04:21Il y avait plus de 150 personnes accueillies chez les habitants.
04:25Et le reste, donc on a renforcé notre parc de l'Ipico, si je puis dire,
04:28était accueilli dans les salles de la commune.
04:34Pour ce qui est de la nourriture, c'est à chaque fois un restaurateur
04:38qui a assuré le repas, à chaque fois, pour 250 personnes.
04:42C'est les bénévoles, les agents de la mairie, les élus, les bénévoles
04:45qui sont venus, les associations.
04:47Et comme j'ai parlé d'associations de la pétanque,
04:49eux, ils nous ont fait griller la saucisse, fait le café.
04:53Les personnes que vous secourez, vous hébergez,
04:59elles sont appelées à rester ?
05:00Parce que nous sommes vendredi, il va falloir éteindre ce feu.
05:03Qu'est-ce qui se passe ensuite ?
05:05Alors en fait, la situation a commencé à s'arranger hier après-midi,
05:09mais les consignes de la préfecture étaient encore de ne pas regagner d'urban.
05:13Donc par contre, ce matin, les routes sont sûres,
05:16le village va recommencer à être alimenté en eau,
05:19parce qu'il n'y avait ni eau, ni électricité, ni réseau.
05:21Donc le réseau est revenu hier soir, l'eau va revenir dans la journée,
05:24l'électricité, les gens peuvent plus facilement s'en passer.
05:28Donc là, à l'heure qu'il est, les gens sont en train de repartir sur leur commune
05:32ou les touristes de repartir.
05:34Ces gens nous remercient énormément
05:37et voilà, parce qu'on a tout mis en œuvre pour les accueillir.
05:42Je pense que la qualité de l'accueil des Tuchanais a été remarquée par eux.
05:47On leur a dit que c'était normal, mais ils étaient très touchés.
05:51Nous, ça venait du fond du cœur, c'est de l'humanité.
05:54Et on est habitués à travailler comme ça dans cette commune.
05:57Et là, il y a eu un élan de solidarité, d'humanité, d'accueil de toutes ces personnes.
06:01Et je pense qu'on leur a fait chaud au cœur.
06:03Voilà, je les ai quittés tout à l'heure en leur disant
06:05j'espère ne plus vous revoir dans ces conditions-là.
06:07Voilà, donc c'était une gouttade.
06:09Mais par contre, je dis maintenant, je connais beaucoup de personnes à Durban,
06:12plus qu'avant, et je passerai vous saluer à l'occasion.
06:15Vous savez, Béatrice Bertrand, sur Sud Radio, nous aimons les maires de France.
06:20Vous êtes les élus au contact du réel.
06:23On est loin de Paris ici, quand on parle avec vous à Tuchan.
06:28Est-ce que l'élu que vous êtes aurait pu imaginer un jour une telle situation ?
06:33J'imagine qu'on pense à beaucoup de choses quand on se fait élire,
06:36mais là, franchement...
06:37Très honnêtement, je pense que quand on se fait élire comme moi,
06:41premier mandat, on ne sait pas du tout ce qui est la fonction de maire.
06:45C'est mon premier mandat.
06:46On la découvre et c'est gratifiant, stimulant intellectuellement.
06:51On apprend tout.
06:52Voilà, donc c'est fabuleux.
06:54Des fois, c'est compliqué, certes.
06:56Cette situation-là, non.
06:59Nous avons été touchés à Tuchan par deux incendies le dernier en 2016,
07:03mais là, il n'y avait pas eu d'évacuation.
07:04Donc, on a un plan communal de sauvegarde qui concerne les inondations,
07:09parce qu'on a été touchés en 1999 par les inondations.
07:12Sur ce qui est le feu et l'accueil, on n'avait rien décrit.
07:16Donc, on a improvisé.
07:17Je tiens à dire que malgré ça,
07:21et comme je vous ai dit, avec les élus qui travaillent tout le temps avec moi,
07:25avec les agents de l'Amérique qui se sont beaucoup investis aussi,
07:28ils n'ont pas regardé leur temps,
07:30les personnes qui sont venues nous donner un coup de main
07:32et tous ces Tuchanais bénévoles,
07:33on a mis quelque chose en place.
07:35On s'est structurés dès le lendemain matin.
07:38On a été capables d'accueillir dans l'urgence.
07:40Et le lendemain matin, on s'est structurés avec un poste d'accueil
07:42où on a recensé toutes les personnes qui étaient accueillies,
07:45toutes les personnes qui pouvaient les accueillir chez elles aussi.
07:49Et on avait comme ça les noms, les numéros de téléphone,
07:52parce qu'il faut savoir que dans la panique,
07:53parfois, des gens recherchent leurs proches.
07:55Et comme ça, on pouvait répondre aussi quand on nous appelait.
07:57Les gens qui partaient avaient la consigne de nous informer.
08:01Et nous, nous les tenions informés aussi officiellement
08:04pour éviter les rumeurs.
08:06Parce qu'à un moment donné, la rumeur, c'était que le feu arrivait sur Tuchan.
08:08Ça n'était pas vrai.
08:09Donc, il y avait un tableau d'information officielle
08:11qu'ils avaient à leur disposition aussi.
08:13Vous devez héberger, nourrir les personnes, les rassurer.
08:16Il faut du soutien psychologique, j'imagine, Béatrice Bertrand.
08:19Alors, on n'est pas des professionnels du soutien psychologique.
08:23Même si on est des humains et on a fait jouer nos qualités d'humains,
08:27c'est un métier.
08:28Et ça, ça a été mis en place par la préfecture.
08:31Donc, je sais que la commune de Durban vont aujourd'hui,
08:34par le biais aussi de la sécurité civile,
08:36recevoir du soutien psychologique.
08:37Et ces personnes-là seront prises en charge par les cellules spécialisées.
08:42C'est un métier, vous l'avez dit.
08:43Mais déjà, accueillir les gens et leur parler du fond du cœur,
08:46ça aide déjà beaucoup.
08:47Béatrice Bertrand, il nous reste une minute.
08:50Je passerai bien une heure avec vous, d'ailleurs.
08:51Alain Coste, tout à l'heure, le maire de Ribot,
08:53disait que sa crainte, après le passage du feu,
08:57c'est l'arrivée de l'oubli.
08:59L'oubli.
09:00C'est-à-dire que...
09:00Et oui, c'est quelque chose qu'on constate.
09:03Les pays regardent ailleurs, les politiques aussi, on oublie.
09:07Exactement.
09:07Et même la presse, si je peux me permettre.
09:09Mais c'est vrai que c'est comme ça.
09:10Aujourd'hui, on fonctionne comme ça.
09:11Tout le monde.
09:12Ce n'est pas un reproche, c'est un constat.
09:14C'est effectivement ce qu'on était en train de se dire
09:16avec les élus avec qui je discutais ce matin.
09:20On oubliera.
09:21Bien sûr qu'on oubliera.
09:22Cela dit, si je puis dire quand même,
09:25que ce soit les pompiers qui étaient au front,
09:26que ce soit mes collègues maires qui ont été impactés,
09:28les habitants, nous ici,
09:30on va capitaliser quand même sur ce qui s'est passé.
09:32Donc déjà avec les élus, nous étions en train de dire
09:34l'autre jour, certains suggéraient,
09:35de faire un retour sur expérience,
09:37d'écrire tout ça,
09:38de mettre en place vraiment un plan communal de sauvegarde
09:40pour ce genre de cas.
09:41Donc on a quand même appris.
09:43Donc oui, il va y avoir un oubli,
09:44mais ce qu'on peut craindre, c'est l'oubli des autorités
09:47parce qu'ils vont passer à autre chose.
09:49On le voit, le temps passe, on passe à autre chose.
09:51Demain, il y aura une autre affaire sérieuse.
09:54Oui, c'est un risque.
09:55Et il y a des gros enjeux pour les pompiers
09:58qu'il faut absolument aider
09:59parce qu'aujourd'hui, ce sont des bénévoles.
10:01Ils ne sont pas payés.
10:02Il ne faut le savoir quasiment pas pour ce qu'ils font.
10:04Ils mettent leur vie en danger.
10:05Donc là, il faut faire quelque chose.
10:07Et nous, on a une déprise agricole importante
10:09avec les vignes qui sont arrachées.
10:11et il faut que derrière, on propose quelque chose
10:14parce qu'on ne peut pas laisser des friches comme ça
10:16qui, du coup, ont propagé le feu.
10:18Voilà.
10:19Alors nous, on n'oubliera pas
10:20parce que le paysage est meurtri.
10:21Allez, on ne vous oublie pas non plus sur ceux de radio.
10:23Merci.
10:24Merci beaucoup.
10:24Bravo pour ce que vous faites.
10:26Je vous en prie, je transmettrai aux habitants.
10:30Dites-leur, les 800 là.
10:32Merci Béatrice Bertrand.
10:33Et bon courage pour les jours et les semaines qui viennent.
10:36Dans un instant, notre deuxième échange incendie.
10:39Loi du plomb partiellement censuré.
10:41Les agriculteurs sont-ils les sacrifiés de l'histoire ?
10:45Le Grand Matin Sud Radio.
10:477h10h, Jean-François Akili.
10:509h19 minutes, deuxième grand débat ce matin.
10:54Les agriculteurs sont-ils les sacrifiés de l'histoire, ces incendies ?
10:59Mais également cette loi du plomb partiellement censurée.
11:02Bonjour à vous, Jean-Paul Pelleras.
11:05Bonjour.
11:05Alors, vous êtes ancien maraîcher,
11:07auteur du Sacrifice Paysan aux éditions Éric Bonnier.
11:11Jean-Paul Pelleras, donnez-moi une minute.
11:13Nous allons planter de l'écor avec Albin Texera.
11:17Puis c'est à vous la loi du plomb
11:19qui fait parler d'elle après cette décision du Conseil constitutionnel, Albin.
11:22Oui, hier, les sages ont donc censuré la mesure la plus controversée,
11:26cette fameuse réintroduction de l'acétamipride,
11:30pesticide interdit jugé contraire à la charte de l'environnement.
11:34En revanche, ils ont validé près de 95% du texte initial,
11:38comme les simplifications pour les grands élevages
11:40et le stockage d'eau avec quelques réserves.
11:43Néanmoins, forcément, les trois syndicats agricoles réagissent vivement.
11:47La FNSEA parle d'une décision inacceptable et incompréhensible,
11:51dénonçant une application trop stricte du droit européen
11:54qui autorise l'acétamipride jusqu'en 2033.
11:57La coordination rurale, quant à elle, dénonce l'indifférence des juges
12:00et menace d'agir si le gouvernement ne retire pas les produits importés
12:04traités avec ce pesticide.
12:06Et puis, la Confédération paysanne, de son côté,
12:08se réjouit de cette censure et appelle à poursuivre la mobilisation.
12:12C'est finalement le même discours que les opposants politiques,
12:15comme Marine Tondelier des écologistes,
12:17Emmanuel Bompard de la France Insoumise,
12:19qui saluent cette victoire,
12:20mais restent vigilants sur le reste de la loi.
12:23Enfin, le sénateur Dupont, quant à lui,
12:26et qui était à l'initiative de la loi,
12:28prend acte de la décision,
12:30mais craint plus d'importation de produits traités à l'étranger.
12:34Bon, maintenant, c'est Emmanuel Macron qui va devoir faire les choses.
12:37Il a pris note de la décision
12:39et promet de promulguer la loi dans les meilleurs délais,
12:42avec un délai, on va dire, d'environ 15 jours pour le faire.
12:45Merci Albin.
12:45Jean-Paul Pelleras, que dites-vous de cette décision des sages ?
12:50Quand j'entends dire que Tondelier et Bompard se félicitent de cette décision,
12:55je pense tout simplement à la question,
12:57est-ce que Tondelier et Bompard ont déjà eu à vivre de l'agriculture
13:00et à protéger leur production ?
13:02Je ne crois pas.
13:03À partir du moment où on a affaire à des gens qui s'occupent des affaires des autres
13:08et qui sont prêts à sacrifier tout un secteur d'activité,
13:12parce qu'ils ont mis le pied dans la porte et que ça ne s'arrêtera pas là,
13:15je pense que, malheureusement, l'agriculture est dans une bien mauvaise passe.
13:21Mais parce que ce pesticide, il faut-il le rappeler,
13:24est autorisé jusqu'en 2033 dans l'Union Européenne,
13:28sauf chez nous en France.
13:30Il y a un débat scientifique autour de la toxicité du pesticide en question.
13:38Comment le tranchait ce débat, Jean-Paul Pelleras ?
13:40Parce qu'au fond, on tourne en rond avec cette histoire.
13:42Non, la toxicité n'est pas avérée, puisque les agences sanitaires ne l'ont pas prouvé.
13:48Il y a aujourd'hui, effectivement, un véritable problème de société
13:53qui a été instrumentalisé avec cette pétition.
13:55Bon, attendez, la pétition, c'est 3%, 3% à l'admettant qu'elle soit fiable.
14:00Bon, qu'est-ce qu'on fait des 97% qui restent ?
14:03Aujourd'hui, l'écologie est en train de nous coûter très cher
14:05et elle est en train d'impacter l'ensemble des secteurs d'activité.
14:09Enfin, à mon avis, il faut arrêter.
14:11Je me demande quand même comment on peut laisser faire...
14:16Les sages, qui ne sont peut-être pas si sages que ça,
14:19viennent de donner raison aux écologistes,
14:21viennent de sacrifier l'agriculture française et sa compétitivité.
14:25Parce que demain, on va bouffer du produit d'importation.
14:29Et ce ne sera pas...
14:30C'est ce qui nous pend au nez, vous dites ?
14:33Bien entendu, bien entendu.
14:35Avec la s'étend des prix d'aujourd'hui, avec le reste de même,
14:37puis ça va s'étendre à tous les secteurs,
14:39l'élevage, les grandes cultures, de tout, la viticulture.
14:43On ne pourra bientôt plus rien faire en France
14:46et puis on va tout importer.
14:49Est-ce que les écologistes sont aussi vaillants
14:53pour aller contrôler les marchandises importées
14:56que pour venir emmerder les producteurs français ?
14:58Je ne crois pas.
14:58Vous voulez dire qu'en fait, il faudrait appliquer ce qui rentre la même sévérité ?
15:04Bien entendu, il y a deux poids, deux mesures.
15:06Comment on peut laisser faire ça ?
15:08C'est fini ?
15:08Non, non, je suis personnellement, pour avoir été agriculteur,
15:12je suis très en colère.
15:14Et pour être observateur aujourd'hui,
15:17je suis très inquiet sur le devenir de l'agriculture française.
15:19Jean-Paul Pelleras, vous avez décrit ce que vous appelez
15:23le sacrifice paysan dans votre essai aux éditions Éric Bonnier.
15:28Et l'État, selon vous, a pas joué-t-il dans cette histoire ?
15:32L'État, il joue la prudence.
15:35Aujourd'hui, que ce soit le bon nombre de parlementaires,
15:40de partis politiques jusqu'à Macron,
15:42ils sont en train de dire,
15:44bon, on va voir un petit peu, là, il y a eu l'histoire de la pétition,
15:47on va voir un petit peu comment ça tourne,
15:48on va jauger un peu l'opinion.
15:50Et puis voilà, mais là, maintenant, Macron, il peut y aller.
15:53Là, il est tranquille.
15:53Le Conseil constitutionnel vient quelque part,
15:56à la fois de tracer la route,
15:57bon, on va promulguer la loi, puis terminer.
16:00C'est fini.
16:01Voilà, c'est tout.
16:02Je pense qu'à un moment donné,
16:03l'État, les politiques,
16:05ne savent pas choisir,
16:07entre les écologistes et les agriculteurs,
16:09ou ne veulent pas choisir pour des raisons électoralistes.
16:12C'est l'électoralisme habituel.
16:13Ça va nous coûter très cher.
16:15Jean-Paul Pelleras, dans une tribune que Le Point a publiée,
16:19vous dénoncez les politiques gouvernementales
16:22sur l'arrachage des vignes.
16:25Il en est beaucoup question,
16:26depuis que le feu est contenu, on va dire,
16:28et donc les uns et les autres peuvent s'exprimer aussi,
16:32et font part de leur colère.
16:35Les vignes disparaissent.
16:37Pardon d'utiliser ce mot.
16:40Chez moi, en Corse, on parle du maquis.
16:42Et on n'arrive plus, on passe plus,
16:44et il n'y a que le feu qui s'est passé là-dedans.
16:47Oui, oui, tout à fait.
16:48Alors, il faut savoir qu'il y a une vague d'arrachage
16:51qui a été mise en place.
16:53On peut atteindre 5 000 hectares sur la France,
16:586 millions d'hectos, 6 millions d'hectolitres.
17:00C'est exactement ce qui rentre,
17:02ce qu'on importe d'Espagne et d'Italie.
17:04Voilà, bon, ça c'est déjà un chiffre.
17:06On veut dire qu'on pourrait consommer notre propre vin
17:09et ne pas le faire entrer en arrachant les vignes.
17:11Grosso modo, c'est ça.
17:12Disons que oui, il y a de ça.
17:15Et puis, à un moment donné, 4 000 euros l'hectare,
17:17ça ne paie même pas le tracteur et la chaîne
17:19pour arracher la souche.
17:20Il faut être clair.
17:21Moi, je connais très bien la problématique du midi,
17:23puisque j'en suis issu.
17:25Mais aujourd'hui, ce qu'on a,
17:28c'est qu'on a une extension des friches
17:31dans les garigues, dans les corbières,
17:33dans le midi.
17:34Là où on enlève la vigne,
17:36il n'y a plus rien à faire.
17:38Parce que c'est du type de terre de garigues.
17:41Et avec des productions vandéliques et historiques,
17:45c'est fini.
17:46Derrière, c'est fini.
17:47On perd la production,
17:48on perd le patrimoine,
17:49on perd même la valeur de la terre.
17:50C'est même contraire à ce qu'on dit,
17:54il faut végétaliser,
17:56parce qu'il y a le changement climatique qui est là.
17:59Et là, on arrache.
18:01Oui, mais végétaliser,
18:02on peut très bien végétaliser avec de la vigne.
18:05Voyons, on plante des vignes,
18:08on soutient la viticulture.
18:10Voilà, parce que de ce soit des régions,
18:11je le répète, on ne peut rien faire d'autre.
18:13On ne peut quasiment rien d'autre.
18:13Jean-Paul Pelleras,
18:15vous dites qu'on ne peut rien faire d'autre.
18:17Il y avait ce viticulteur,
18:18pardonnez-moi, des corbières,
18:20qui était très ému au micro de Sud Radio.
18:22Il nous disait,
18:23moi, je deviens un paysagiste.
18:25Voilà, je suis là pour essayer d'entretenir le paysage.
18:30Il ne fait plus son métier.
18:31C'est ce qui nous pend en es.
18:33C'est déplorable, mais c'est comme ça,
18:36parce que la notion de revenu
18:37et l'induction économique et sociale
18:41est complètement bafouée dans ce cas-là.
18:44Bon, évidemment que certains agriculteurs
18:47en sont réduits quelque part,
18:48effectivement, à devenir des paysagistes.
18:50Mais bon, ce n'est pas une solution, ça.
18:52Ce n'est pas une solution.
18:53Il faut vivre son métier, il faut produire,
18:55parce qu'il faut être compétitif,
18:57il faut peser sur la balance extérieure.
19:00À la fois, si on plante des déjeuners et des pains,
19:04bon, je ne crois pas qu'on pèse sur la balance commerciale,
19:06franchement.
19:08En conclusion, Jean-Paul Pelleras,
19:11qu'est-ce que vous attendez aujourd'hui
19:14de la part des pouvoirs publics ?
19:17Du respect.
19:19Du respect pour les paysans.
19:21Du respect pour le monde agricole.
19:22Il faut quand même...
19:23Je crois que ça se résume à ça.
19:25Ça va faire deux ans maintenant
19:26qu'on promet le même davantage.
19:28Vous savez, j'ai pas mal manifesté ma vie.
19:30Cette histoire, ça fait 40 ans que je la connais.
19:33Voilà, on promet.
19:34Aujourd'hui, il reste plus...
19:35Il reste 380 000 agriculteurs en France.
19:37Il y en avait 10 millions au lendemain de la guerre.
19:38Encore un petit coup.
19:415 ans, je crois que j'étais optimiste dans mon titre
19:43quand j'ai dit 20 ans.
19:445 ans, et puis c'est fini.
19:46C'est plié.
19:46Donc, on achètera de l'importation.
19:49Et puis, voilà.
19:49Et puis, on maniera ce qu'on nous proposera.
19:53Et puis, rien d'autre.
19:54Et là, on ne fera pas le difficulté.
19:55Voilà, parce qu'il y a une chose qui commande de tout.
19:58C'est l'estomac.
20:00C'est l'estomac.
20:00Et demain, si, dans les étals, il vient d'y avoir, je termine là,
20:06il vient d'y avoir un mouvement social, un blocage national ou autre,
20:10quand les étals vont se vider,
20:12je ne pense pas que les écologistes fassent la fine bouche
20:15et aillent réclamer des pétitions pour que l'on retire tel ou tel produit
20:19de ce qui leur reste à manger.
20:20Voilà.
20:21Le message est passé en tous les cas ce matin.
20:22Merci Jean-Paul Pelleras.
20:23Merci à vous pour cette intervention ce matin sur Sud Radio.
20:26Ancien Maraîcher, auteur du Sacrifice paysan à lire aux éditions
20:30Eric Bonnier, 0 826 300 300.
20:33Vous nous appelez, vous avez la parole sur Sud Radio.
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