00:006h49 sur Sud Radio, depuis quelques jours, une inquiétude plane, va-t-on vers une pénurie de beurre cet automne en raison de la production de lait en baisse ?
00:12Des éléments de réponse avec notre invité Yoann Barbe, président de la FNPL, la Fédération Nationale des Producteurs de lait.
00:18Bonjour Yoann Barbe.
00:21Bonjour.
00:21Merci beaucoup d'être avec nous.
00:23Alors tout d'abord, la production de lait est en baisse, quelles sont les raisons de cette baisse ?
00:28Alors, il y a plusieurs facteurs pour expliquer cette production laitière qui est en baisse depuis, on va dire, la fin de l'été.
00:36La première, effectivement, c'est les périodes de canicule qu'on a vécues aussi bien au niveau de nos troupeaux laitiers que nous, en tant que producteurs de lait.
00:43Et la deuxième, c'est peut-être aussi cette crise sanitaire qui reprend un peu sur le camp d'Ouest, donc la Bretagne,
00:49avec l'arrivée, une nouvelle fois, de l'AFCO3 qui attaque nos troupeaux.
00:55Et la dernière, c'est quelque chose de récurrent qu'on voit tous les ans maintenant, c'est qu'on perd des producteurs,
01:02des collègues qui arrêtent le lait ou des collègues qui ne trouvent pas de repreneurs pour reprendre leur ferme et continuer à faire la production laitière.
01:08Et si on donne quelques chiffres, vous estimez votre perte à combien de lait ?
01:14On est environ à une perte de 2% par an sur les cinq dernières années.
01:19Donc il faut absolument qu'on prenne ça en compte et surtout qu'on inverse cette tendance si on veut garder la souveraineté alimentaire laitière française.
01:26Oui, si on veut garder cette production, parce que là, la conséquence, c'est qu'on est obligé d'importer du lait, c'est ça ?
01:31On n'apporte pas du lait directement liquide, parce qu'on apporte directement la matière grasse, le beurre, pour la France en ce moment.
01:41Donc ça, c'est quelque chose que nous, on déplore, alors qu'on aurait la capacité à produire largement le lait pour être autosuffisant en France.
01:47C'est ça. Il n'y a pas de pénurie de beurre a priori qui se profile, mais par contre, ce ne sera pas forcément du beurre français.
01:53C'est ça. Ça veut dire que pour compenser finalement la perte de nos producteurs ou du lié à des producteurs qui disparaissent ou les canicules ou la crise sanitaire,
02:03on fait appel au marché extérieur et on importe du beurre en France en ce moment.
02:08Et la conséquence, est-ce que si la production est plus rare, le beurre, le produit va être plus cher ?
02:15Le beurre peut être plus cher, parce qu'effectivement, on peut se féliciter que finalement, il y a des importations
02:21et que le marché permet de combler ce manque.
02:24Mais le risque à terme, c'est quand même que ces pays qui nous approvisionnent en beurre,
02:29eux aussi soient contraints de baisser leur production, soit par la problématique sanitaire ou aussi la problématique environnementale.
02:36Et je pense notamment aux pays du nord de l'Europe, qui ont une production assez intensive et qui n'ont pas du tout les mêmes normes que nous.
02:42Et donc finalement, d'être dépendant des autres, c'est dangereux à court terme et à long terme.
02:46Et pour enlever cette dépendance, pour être autosuffisant pour cette production de beurre dans ce cas-là,
02:52qu'est-ce qu'il faudrait faire ? Qu'est-ce que vous demandez par exemple au gouvernement ?
02:57Alors le gouvernement, on ne peut pas toujours tout lui demander,
03:00mais ce qui est sûr, c'est qu'il nous faut quelque chose qui soit très réactif.
03:03Ça veut dire qu'il nous faut un prix du lait qui permette aux producteurs d'avoir envie de s'installer pour les futurs,
03:09mais surtout ceux qui sont en place, de continuer à produire en lait
03:12et surtout qu'ils puissent investir sur leurs exploitations, notamment pour améliorer les bâtiments,
03:18pour que les bâtiments des vaches laitières et autres puissent, là, pendant la période de canicule,
03:24avoir des ventilateurs pour que les vaches soient dans de meilleures conditions pour produire plus de lait
03:29et surtout suffire à la demande de nos consommateurs français.
03:34Et on peut également, je crois, alors c'est un peu plus technique, améliorer la qualité du lait,
03:38c'est-à-dire augmenter la quantité de matière grasse dans le lait, c'est ça ?
03:41Mais ça a forcément un coût aussi.
03:44C'est ça en fait, c'est très technique, mais nos producteurs ont la capacité de travailler sur l'alimentation de nos animaux,
03:50des vaches, pour essayer, ou travailler sur les races, pour essayer d'augmenter la teneur en matière grasse d'un litre de lait.
03:57Donc ça, c'est possible de le faire, mais c'est du travail de long terme.
04:00Et pour ça, je dis, c'est vraiment un travail de filière.
04:03Et donc, les transformateurs, ceux qui nous achètent notre lait, doivent donner vraiment un signal positif sur le prix du lait
04:09et sur le prix de la matière grasse pour que les producteurs puissent prendre les bonnes décisions sur leurs exploitations
04:14et surtout qu'ils puissent trouver une rentabilité en produisant de la matière grasse.
04:18Pour vous donner un exemple aujourd'hui, la matière grasse, elle est payée aux producteurs de lait autour de 2500 euros la tonne,
04:26alors que les marchés sont à 7500 euros la tonne.
04:29Donc, on a juste un besoin de répartition de la marge pour que les producteurs aient envie de produire de la matière grasse
04:34et surtout que ça puisse correspondre à l'attente des consommateurs français.
04:38Vous nous parliez du nombre de producteurs de lait qui baissent.
04:41Combien il faudrait de producteurs supplémentaires pour que la France puisse être autosuffisante ?
04:48La France, ça fait un peu plus d'un an maintenant qu'on est passé sous la barre des 50 000 producteurs.
04:53Aujourd'hui, ce qu'il nous faudrait, c'est surtout remplacer ceux qui quittent.
04:56C'est la barre, elle était un peu fatidique, ces 150 000 producteurs.
05:00Donc là, il nous manque quelques producteurs, c'est entre 3 et 5 000 producteurs quand même,
05:05immédiatement si on voulait reproduire le lait.
05:08Et globalement, si on parle en volume laitier,
05:10la France a été capable de produire 24 milliards de litres de lait et produire assez de matière grasse.
05:15Et aujourd'hui, on en produit un peu moins de 23 milliards.
05:17Et c'est ce milliard de litres de lait qui nous manque,
05:20qui fait la manque de matière grasse en ce moment structurelle,
05:24toujours en période de fin d'été.
05:26Merci beaucoup, Johan Barbe, pour toutes ces explications.
05:30Je le rappelle, vous êtes président de la FNPL, la Fédération Nationale des Producteurs de lait.
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