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  • il y a 2 mois
À Marseille, un cabanon les pieds dans l'eau Par-delà les calanques marseillaises, la cité phocéenne est depuis toujours tournée vers la mer. D'abord ville de pêcheurs, ces derniers construisent des abris appelés cabanons dans lesquels ils peuvent conserver leur marchandise. Avec la révolution industrielle, le XIXème siècle voit Marseille se remplir d'ouvriers, et les cabanons deviennent de véritables habitations. Les cases créoles, petits palais de Guadeloupe En Guadeloupe, à côté des demeures coloniales s'élèvent des bicoques plus modestes mais aussi plus colorées,couvertes par des chapeaux de tôle ondulée. Plus qu'une simple maison traditionnelle, la case créole représente l'un des ancrages de l'architecture guadeloupéenne. Un habitat né dans la douleur de l'esclavage, mais que le peuple guadeloupéen a su se réapproprier et qu'il met en valeur encore aujourd'hui.ainsi que les garants d'une manière de vivre à la marseillaise...
Les cases créoles, petits palais de Guadeloupe En Guadeloupe, à côté des
demeures coloniales s'élèvent des bicoques plus modestes mais aussi plus colorées, couvertes par des chapeaux de tôle ondulée. Plus qu'une simple maison traditionnelle, la case créole représente l'un des ancrages de l'architecture guadeloupéenne. Un habitat né dans la douleur de l'esclavage, mais que le peuple guadeloupéen a su se réapproprier et qu'il met en valeur encore aujourd'hui. Année de Production :

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00:00Musique
00:30A Marseille, il existe un sésame qui ouvre les portes du paradis.
00:43Un modeste abri entre rochers étincelants et criques turquoises,
00:47où l'on se sent toujours en vacances, à quelques encablures du centre-ville et de sa bonne mère, le Cabanon.
00:54Le Cabanon, c'est un endroit où les gens se retrouvent après la pêche, pour partager un repas,
01:08pour profiter de la plage, de faire la sieste, écouter le bruit de la mer, c'est le partage.
01:16Ces Cabanons, à l'origine simples abris pour pêcheurs, racontent l'âme populaire de la cité phocéenne.
01:24Témoins de l'industrialisation des Calanques et de l'arrivée des congés payés,
01:30ils ont suivi le développement de Marseille, une ville si tentaculaire
01:34qu'il est possible d'y partir en week-end, en changeant simplement de quartier.
01:41Agrandis, régularisés et transmis de génération en génération,
01:46ils sont parfois même devenus des maisons habitées toute l'année,
01:49et incarnent toujours un certain art de vivre.
01:52Le petit port des Goudes, au bout d'une route sinueuse où les collines se jettent dans la mer,
02:05est surnommé par les Marseillais le bout du monde.
02:09L'enchevêtrement de Cabanons colorés, lovés au fond de leur calanque,
02:14confère au lieu des aires de villages isolés.
02:16Pourtant, les Goudes font partie du 8e arrondissement de Marseille.
02:22Bon, les Goudes, c'est depuis toujours un petit village de pêcheurs,
02:27entre la mer et la montagne.
02:29À l'époque, les gens vivaient de tout ce qu'on trouve à la mer,
02:32du poisson, des crustacés,
02:34la Méditerranée était beaucoup plus riche que maintenant.
02:39La pêche ancienne, c'était la madrague.
02:42C'était un filet pour capturer les thons.
02:44Sous l'Ancien Régime, à côté de cette pêche réservée aux riches notables,
02:53les artisans locaux pratiquent une petite pêche côtière,
02:56acheminée jusqu'au marché du centre-ville.
03:01Au fil du temps, les pêcheurs construisent dans les calanques
03:04des abris pour entreposer leur matériel et passer la nuit.
03:09Ces constructions sommaires préfigurent les cabanons
03:12qui vont se développer dans les calanques à partir du XIXe siècle.
03:19Il y a plein de verdure chez vous, c'est bien ça, peut-être pas ?
03:22On essaye d'agrémenter les pêcheurs.
03:24C'est très bien, c'est très bien.
03:28Puis les voitures ne viennent pas, c'est royal.
03:33Les premiers cabanons, c'était un peu comme dans la montagne,
03:36c'est-à-dire que c'était fait avec des pierres,
03:39mises une au-dessus de l'autre,
03:41et au-dessus, c'était ni des héboriques ni des tuiles,
03:44c'était des planches.
03:46L'architecture des goudes est fidèle à ces cabanons
03:49parce que, premièrement, il n'y a aucun vide sanitaire,
03:54donc le cabanon est construit à même le sol,
03:58donc il y a les remontées, bien entendu, d'humidité,
04:00et surtout, les pierres sont scellées entre elles
04:04avec du sable de la plage.
04:06Donc c'est une sable qui est salée.
04:09Et même, il y a des cabanons qui ont été faits
04:11avec de la chaux, du sable, et même de l'eau dans la mer.
04:17Bon, ben, on le faisait comme ça, et puis voilà, ça tenait, quoi.
04:20Les goudes deviennent au XIXe siècle un important port de pêche.
04:30Aujourd'hui, les pêcheurs professionnels se comptent sur les doigts d'une main,
04:34mais la pratique reste une grande passion chez les goudois.
04:39Les puristes possèdent encore les bateaux traditionnels en bois.
04:43La barquette et le cabanon vont tout à fait ensemble,
04:49et tous les gens qui avaient un cabanon avaient une barquette.
04:54La particularité de la barquette, c'est qu'elle soit pointue des deux côtés,
04:58ce qui avait l'avantage de pouvoir aller vers l'avant ou vers l'arrière.
05:04Et pour la petite pêche, c'est-à-dire les oursins, les violets, les poulpes, les sols, tout ça,
05:12on pouvait pêcher par l'arrière.
05:16Une petite pêche consommée parfois directement à l'arrière du bateau.
05:21Des plaisirs simples, en communion avec la nature,
05:25qui ont façonné l'histoire de ces calanques, aujourd'hui classées parque national.
05:34Au cours du XIXe siècle, ces abris de pêcheurs vont peu à peu être investis par les ouvriers.
05:41Les espaces de nature préservés deviennent une zone de relégation des industries les plus polluantes.
05:47À l'époque, Marseille embrasse pleinement la révolution industrielle
05:51et s'impose comme l'un des plus grands ports commerciaux au monde.
05:56Des faubourgs industriels se créent au périphérie de la ville,
05:59à l'image du port de Montredon, à quelques kilomètres des Goudes.
06:03Jusque-là, entièrement tournés vers la pêche,
06:06ce village au sud de la ville connaît une véritable métamorphose.
06:12Il y a vraiment une volonté au XIXe siècle d'éloigner les industries du centre-ville,
06:18de leur offrir aussi des cadres où elles peuvent travailler,
06:22puisque là, on est en bord de mer, donc les bateaux peuvent accoster,
06:25apporter les matières premières dans les usines,
06:27et notamment la Madrague-Montredon, qui dispose déjà d'un petit port,
06:30va commencer au cours du XIXe à vraiment survaliser.
06:35On va avoir une verrerie, on va avoir une usine de plomb
06:37qui se transformera en usine de tartre,
06:40on va avoir d'autres usines tout le long de la côte
06:43qui vont s'installer et qui vont produire des matériaux
06:46qui vont être assez nocifs.
06:49Pas moins de 12 usines sont alors installées dans les Calanques.
07:01Pour répondre aux besoins en main-d'œuvre de ces industries,
07:05les travailleurs affluent des vallées alpines et d'Italie.
07:09En l'absence de logement, ils s'établissent de manière plus ou moins anarchique
07:13sur les collines du littoral, à proximité des usines.
07:19On a une véritable ville dans la ville, avec le tramway d'ailleurs,
07:22qui venait jusqu'à Montredon
07:24et qui permettait de relier cet ancien village finalement
07:27et de l'incorporer peu à peu à la ville
07:30à l'image des 110 autres villages qui forment Marseille à l'heure actuelle.
07:39Ces cabanes de pêcheurs qui constituent un habitat plutôt sommaire à la base
07:43vont être améliorées pour accueillir ces ouvriers avec leur famille.
07:48Donc on va avoir des constructions beaucoup plus solides,
07:50beaucoup plus imposantes parfois,
07:52mais qui restent quand même à échelle humaine.
07:55On n'a pas d'énormes maisons
07:58où on n'a pas de cité ouvrière,
08:00comme ça peut être le cas dans le nord de la ville.
08:03Ici, on a vraiment des constructions qui sont très diverses,
08:06qui se mélangent,
08:07mais qui a ça de recréer une ambiance assez villageoise finalement
08:11dans ce quartier de Montredon,
08:13une ambiance qui est conservée aujourd'hui.
08:15Lorsque les industries ferment progressivement
08:20au cours du XIXe siècle et du XXe siècle,
08:23les usines s'excentrent davantage au nord de la ville,
08:27laissant la nature reprendre ses droits dans les calanques.
08:31Après avoir été investis par les pêcheurs,
08:33puis les ouvriers,
08:35les cabanons deviennent un lieu de villégiature
08:37des classes populaires marseillaises
08:39qui viennent y passer leur week-end
08:40ou quelques semaines l'été.
08:43Se développe alors tout un art de vivre autour du cabanon,
08:47dont Calelong,
08:48un des ports les plus au sud de la ville,
08:51se fait le digne héritier.
08:58Bonjour messieurs, bonjour Maurice,
09:00bonjour, bonjour Boulle.
09:02Ça va Jean-Michel, ça va Guy ?
09:03Ça va Piro ?
09:06Ah là là là !
09:08Piro, prends la triplette, hein !
09:10La pétanque, on y joue depuis qu'on est tout petit,
09:13d'ailleurs ici, dès que c'est les vacances,
09:15les enfants ont leur petit coin pour jouer de leur côté.
09:17On se fait des concours entre nous.
09:19Oui, bien !
09:19Ici, les habitants ont même investi les usines laissées à l'abandon.
09:29La famille de Sylvaine a été parmi les premières à s'y installer en 1904.
09:36Ils ont demandé et négocié pour avoir la possibilité d'occuper les murs de l'usine
09:42dans lesquelles, vous allez le voir tous,
09:44ils ont construit chacun son cabanon,
09:47en moyennant un loyer, ainsi comme ça.
09:50La calanque s'est peuplée, la plupart du temps, de façon très populaire.
09:55On se connaît tous, on se rend service,
09:57et puis on se connaît tous d'autant plus qu'on est de génération en génération.
10:00Nous-mêmes, on en est à la 7, voire 8e génération.
10:03Déjà aussi, il y a eu des alliances.
10:05Des gens se sont connus ici, mariés ici,
10:07mes propres parents se sont connus ici et mariés ici.
10:10Donc c'est tout un parfum d'enfance.
10:12Le cabanon, c'est toute notre vie.
10:14C'est un endroit où on y fait des blagues, on y fait des bouillages.
10:19On y chante, on est souvent entre nous, entre hommes.
10:22On vient y jouer la partie de boule.
10:23On vient faire tout un tas de choses qu'on ne sait pas expliquer.
10:27Il faut le vivre pour pouvoir le comprendre.
10:29Si un jour vous avez l'occasion, venez, on vous y englobera au cabanon.
10:32Et vous savez, c'est pas sûr que vous retourniez ailleurs.
10:35Tournant résolument le dos au luxe et au progrès,
10:44le cabanon, c'est l'antibastide,
10:46ses grandes demeures réservées aux notables marseillais.
10:49Les classes populaires revendiquent elles aussi leur résidence secondaire,
10:53mais dans leur propre style,
10:54célébrée par les opérettes de Vincent Scotto,
10:57icône marseillaise de la chanson populaire des années 30.
11:00Le cabanon, c'est quelques pièces, un maximum deux,
11:11en général, peut-être une petite alcove supplémentaire.
11:16En général, c'est meublé, des meubles récupérés,
11:18dans la famille, dans le reste des amis.
11:22On dit comment ? De briquet de broc.
11:23Puis après, il y a un extérieur, ça c'est important,
11:25si possible à l'ombre.
11:27Là, ici, il a été, on va dire, gagné sur l'environnement, sur la colline.
11:32D'autres ont une terrasse devant, qui est ombragée aussi,
11:35et qui sert à l'apéritif.
11:39Les valeurs de partage et de solidarité,
11:42si chères aux cabanonniers,
11:44sont toujours indispensables pour s'intégrer à Calelongue.
11:48Et l'apéritif reste un moment sacré,
11:51indétrônable depuis des générations.
11:53À votre santé !
11:54Salut à tous !
11:56Sur la corniche,
12:03le rituel s'est quelque peu modernisé.
12:06Cet art de vivre,
12:08certains le font perdurer toute l'année,
12:10en plein cœur de la ville.
12:13Le Vallon des Oufs
12:14est aujourd'hui l'un des lieux les plus courus de Marseille
12:17pour trinquer en fin de journée.
12:19Au fil des décennies,
12:21les maisonnettes multicolores du port de pêche
12:23sont devenues des biens très recherchés.
12:27Avec les prix des publics augmentent,
12:29moins de Marseillais peuvent s'offrir ce genre d'habitat,
12:32moderne et agréable,
12:34au bord de l'eau.
12:35Il y a de plus en plus d'étrangers,
12:37de Normand, de Bretagne, de Paris, de Suisse, d'Amérique,
12:42qui achètent des maisons ici pour les rénover
12:44et s'en servir comme maison de blégiature
12:47pour profiter du bord de l'eau et de Marseille.
12:52Nous, on a racheté, ma famille et moi, il y a 20 ans.
12:55On a réuni deux cabanons qui étaient délabrés
12:57pour en faire un lieu de vie
12:58où j'habite depuis 15 ans.
13:00On a fait assez simple.
13:02On a gardé les quatre murs qu'on a épaissis.
13:04On a creusé de ce côté-ci
13:06pour faire plus de volume.
13:08On a monté un peu la toiture
13:10et pour faire un grand lieu de vie, en fait,
13:14qui soit plus agréable, plus ouvert,
13:16en mettant en même temps la lumière qui est rentrée.
13:19Comme on disait, les rues sont étroites, en fait.
13:20On a besoin des fois de feutrer un peu les fenêtres
13:22pour ne pas avoir trop de vis-à-vis avec les voisins.
13:25Et on a mis la lumière par-dessus.
13:30Ce que les Marseillais continuent d'appeler les cabanons
13:33ne ressemble plus toujours
13:35aux modestes habitations improvisées d'antan.
13:38Mais ils demeurent les garants
13:40d'une certaine manière de vivre marseillaise.
13:42C'est une île peuplée de vieilles dames
14:03aux robes boisées, colorées
14:06et aux chapeaux de taux l'ondulés.
14:10Pas un village, une ville, un paysage
14:13qui ne soit scandé par ces silhouettes
14:15à l'apparente fragilité.
14:18Aux côtés des demeures coloniales
14:19d'inspiration européenne,
14:21les cases créoles sont l'un des ancrages
14:23de l'architecture guadeloupéenne.
14:26Cette case, c'est la fierté de la famille.
14:29Il y a des monguiers,
14:29il y a des cocotiers,
14:31il y a un jardin qu'on peut planter,
14:33que de bonnes de plus.
14:36Moi, personnellement,
14:37j'appelle cette maison-là
14:39la maison de Dieu.
14:41Un patrimoine populaire
14:43qui se veut aussi vecteur
14:45d'affirmations identitaires.
14:47Car plus qu'une simple maison traditionnelle,
14:50la case créole renferme
14:51entre ses planches
14:52l'histoire d'une revanche.
14:54Celle d'un habitat
14:55né dans la douleur de l'esclavage,
14:58mais que le peuple guadeloupéen
14:59a su se réapproprier,
15:00faisant de ses frêles demoiselles
15:03une fenêtre vers l'espoir
15:04et la liberté.
15:22La case créole
15:24est d'abord le fruit
15:25d'un long métissage
15:26et de la rencontre
15:27des cultures africaines,
15:29européennes,
15:30mais également amérindiennes.
15:33Sur la basse terre,
15:35la commune de Capester-Bello
15:37renferme des vestiges
15:39de villages construits
15:40par les Amérindiens,
15:42les premiers habitants de l'île
15:44arrivés des 6000 avant Jésus-Christ.
15:46Nous nous retrouvons ici
15:51sur l'embouchure
15:52de la rivière Pérou,
15:54qui est très représentative
15:55des lieux d'implantation
15:57privilégiés des Amérindiens,
15:59qui sont des peuples navigateurs,
16:01qui arrivent avec leurs
16:01grands canoës par la mer
16:03et qui vont rechercher
16:04des rivières d'eau douce
16:06pour implanter leur village
16:08et plusieurs sites
16:09de roches gravées,
16:10qui sont des sites symboliques,
16:12des sites sacrés,
16:13où on va réaliser
16:14plusieurs rituels.
16:16L'élément principal
16:21de ces villages
16:22est la grande place centrale
16:24où vont se dérouler
16:25la plupart des activités
16:26sociales, culturelles.
16:29Les maisons en elles-mêmes
16:30sont des maisons dites familiales.
16:32On emploie en créole
16:33le terme carbet.
16:35Ce sont des maisons rondes,
16:37ouvertes,
16:37il n'y a pas à proprement
16:38parler de murs,
16:39qui sont constituées
16:40de poteaux de bois,
16:42un bois très noble
16:43qui est imputressible.
16:44Donc une fois ce squelette
16:46de poteaux installé,
16:48on va faire un treillis
16:49de branchage
16:50qui va permettre
16:51de maintenir
16:52ces poteaux aussi entre eux
16:54et on va ensuite
16:56installer le toit,
16:58un grand toit
16:58de feuilles de palmier
16:59tressé.
17:00Une architecture
17:04dont vont en partie
17:05s'inspirer
17:06les futures populations
17:07africaines déportées
17:08dès le XVIIe siècle.
17:12Quand le système
17:13de la plantation esclavagiste
17:15va se mettre en place
17:16dans les cases des esclaves,
17:18ils vont reprendre
17:18des techniques
17:19à la fois européennes,
17:20africaines,
17:20pour la construction
17:21elle-même
17:22avec des petits piquets,
17:24parce que la construction
17:25de la maison amérindienne
17:27dans elle-même
17:27avec du beau bois noble
17:28n'est pas accessible
17:29évidemment pas du tout
17:31aux esclaves par définition.
17:33En revanche,
17:34ils vont reprendre
17:34les techniques
17:35de couverture
17:36pour le toit.
17:43La case de l'esclave
17:45prend traditionnellement
17:46place au sein
17:46des habitations,
17:48notamment sucrières,
17:50à l'instar
17:50de la Mahodière
17:51située à Ansebertrand
17:52dans le nord
17:53de la Grande Terre.
17:57Des plantations
17:59qui obéissent
18:00à des règles précises
18:01d'organisation
18:02de l'espace.
18:06De façon générale,
18:08la maison du maître
18:09se situe sur un monde.
18:10Ce qu'on appelle
18:11le monde,
18:12c'est l'élévation
18:14que l'on voit ici.
18:15Là, on va
18:16vers l'habitation principale.
18:17Et à l'ouest
18:18de cette maison du maître,
18:20vous avez
18:21le pancabeu,
18:23les pancats animaux
18:24d'une façon générale,
18:25les chevaux,
18:25les ânes,
18:26etc.,
18:26et les esclaves,
18:28bien évidemment,
18:28parce que tout ce
18:29qui est moyen de production
18:31s'assemble sous le vent.
18:33Pourquoi ?
18:34Parce que les alizés
18:35balaient les odeurs
18:37et les emmènent
18:37vers l'ouest.
18:38Alors, concernant les esclaves,
18:54ils étaient logés
18:54dans des cases
18:55faites en gaulettes,
18:57tout simplement
18:57produites à partir
18:59d'un arbuste.
19:00Il n'y a pas
19:00de plancher.
19:01Ce sont des maisonnettes
19:03qui n'ont pas de porte.
19:04et puis présentent ainsi
19:06une sorte de litière
19:08en feuille de canne
19:09sur laquelle
19:10l'esclave,
19:11la femme,
19:11l'homme,
19:11l'enfant,
19:12etc.,
19:13ils passent
19:14le temps
19:15pour le repos.
19:22Pour les asservis,
19:24ces cases
19:24sont pourtant loin
19:25de constituer un refuge.
19:26Leur contrôle,
19:30il est total
19:30dès le départ.
19:32C'est un parocatislage.
19:33Les maisonnettes
19:34sont alignées
19:35selon une régularité
19:37qui permet
19:38le contrôle
19:39en ligne droite.
19:41Cela,
19:41à mon sens,
19:42représente d'abord
19:43un casernement.
19:46Vous attachez
19:47le captif africain,
19:49son esprit,
19:50son âme,
19:51à cette case,
19:53c'est-à-dire
19:53à cet endroit,
19:55à ce site
19:56où il apprend
19:57à être
19:58pour ne plus penser,
20:01ne plus se souvenir
20:02de l'Afrique,
20:05c'est-à-dire
20:05de son village,
20:08de ses habitudes,
20:09de ses mœurs,
20:10de ses coutumes.
20:11Donc,
20:12en fin de compte,
20:12la case
20:13à esclave
20:14prend place
20:15dans la batterie
20:17des éléments,
20:18des choses,
20:20des phénomènes
20:21qui doivent construire
20:22un nouvel univers
20:24à l'esclave
20:25et le créoliser,
20:27c'est-à-dire
20:28le rendre
20:29un nouvel habitant
20:31de l'espace
20:32concentrationnaire
20:33que constitue
20:34l'habitation.
20:37Les esclaves
20:38vont cependant
20:39progressivement
20:40planter les fondations
20:41de leur future émancipation.
20:42vous avez les hommes libres
20:50qui vont très rapidement
20:52apparaître dans cette société
20:53à la fin du XVIIe siècle.
20:55Et ces hommes libres
20:55créent un nouvel espace
20:58entre la maison du maître
21:00et la case à esclave
21:01qui imprégnera
21:02évidemment
21:03l'espace servile
21:05et qui au XIXe siècle,
21:08disons deux siècles plus tard,
21:10construira
21:10la notion
21:11de case moderne,
21:13la notion
21:13de case actuelle.
21:18À partir de l'abolition
21:20de l'esclavage
21:21en 1848,
21:23la case
21:23change peu à peu
21:24de dimension
21:25aux yeux
21:26de la population.
21:28Bien que rudimentaire,
21:30elle devient
21:30le symbole
21:31de la construction
21:31de l'individu antillais
21:33et de la liberté
21:34retrouvée.
21:35C'est la naissance
21:36d'un habitat populaire
21:38qui va se disséminer
21:39à travers tout l'archipel,
21:41comme dans le village
21:42côtier de Déhé,
21:44dans le nord-ouest
21:45de la basse terre.
21:51Lorsque vous êtes au service,
21:54je dirais,
21:55d'un pouvoir
21:56et lorsque,
21:58ensuite,
21:58après,
21:58vous vivez
21:59de vos propres deniers
22:01sur un terrain,
22:02vous avez une autre
22:03appréhension de l'espace.
22:04Vous avez d'autres modes
22:05d'appropriation
22:05et la case,
22:07à mon avis,
22:07a commencé à évoluer
22:08à partir de là.
22:09La case a commencé
22:10à s'aménager.
22:12C'est vrai que
22:12quand on avait
22:13deux pièces-case,
22:14on disait,
22:14en pièces-case,
22:15deux pièces-case,
22:16on se portait déjà mieux.
22:18Et au fur et à mesure,
22:19la case a évolué
22:20en carré comme ça
22:20avec un système
22:21de chambres supplémentaires
22:24dans un plan
22:25extrêmement simple
22:26qui était symétrique
22:28et qui était fait
22:29suivant les principes
22:30de l'architecture marine.
22:31et au fur et à mesure
22:33qu'on avait les moyens,
22:35la maison s'enrichissait
22:35de décors.
22:37Alors,
22:37on trouvait ces décors
22:38dans les fanfreluches,
22:39dans aussi la hauteur
22:40de la maison,
22:40dans les matériaux,
22:41du chaume,
22:42on est passé
22:42à la tôle ondulée.
22:44Et ces évolutions,
22:45on peut les lire,
22:45surtout dans le bourg de Deye,
22:46on peut les lire
22:47parce que le bourg de Deye
22:48est un des rares
22:49qui véhicule un savant mélange
22:51entre ruralité
22:51et urbanité.
22:52Située en entrée de bourg,
23:00la maison d'Albert à Foix
23:02en est un parfait exemple.
23:05Cette maison-là,
23:06c'était à mon aïeul
23:08qui a donné à mon grand-père.
23:10Mon grand-père a donné
23:11à mon père
23:11et il me l'a donné.
23:13Avant,
23:14il n'y avait pas la télé.
23:16On était à peu près
23:1725 à 6
23:19sur les marches
23:20et mon grand-père
23:21nous disait
23:22les histoires
23:23qui s'est passée.
23:25C'est une souvenir
23:25qu'on n'oublie pas.
23:29En fait,
23:29cette maison d'hérite
23:30d'être classée,
23:30on voit tout de suite
23:31qu'elle est dans son jus
23:32et qu'elle vit en fait.
23:33Elle n'est pas à l'abandon,
23:35elle vit
23:35et puis elle a été peinte,
23:37elle a été refaite
23:38mais le propriétaire
23:39a su préserver
23:40les éléments fondamentaux
23:41même de sa typologie.
23:43Du coup,
23:43ça lui donne
23:43beaucoup de force
23:44et beaucoup de beauté.
23:47La casse créole
23:49va bientôt devenir
23:50un exemple
23:50d'adaptation
23:51et de mobilité.
23:54Au XXe siècle,
23:55les ouvriers agricoles
23:56doivent se déplacer
23:57au gré
23:58des propositions de travail.
24:02Très souvent,
24:03la terre n'appartenait pas
24:04à ces gens
24:06qui l'habitaient.
24:07Donc forcément,
24:07il fallait pouvoir
24:08déplacer rapidement
24:09sa maison.
24:10Donc elle n'était jamais
24:11ancrée au sol
24:11pour la plupart
24:12mais les maisons
24:13étaient sur des roches,
24:13des roches galettes
24:14suffisamment plates
24:15et on la déposait dessus.
24:16Ça permettait
24:17de la transporter.
24:20Mais ce mode de vie
24:23se voit menacé.
24:25Dans l'immédiate
24:26après-guerre,
24:27la Guadeloupe
24:28quitte son statut
24:29de colonie
24:29et devient un département.
24:32À partir des années 60,
24:33les nouvelles politiques
24:34d'urbanisme
24:35imposées de l'Hexagone
24:36remettent en cause
24:38cet habitat traditionnel
24:39perçu comme inapte
24:41à résister aux cyclones
24:42qui s'abattent régulièrement
24:43sur l'archipel.
24:47La case a été balayée.
24:49Elle a été balayée
24:50parce qu'on s'est servi
24:51des cyclones,
24:52on s'est servi
24:53de l'assainissement,
24:53on s'est servi
24:54de la pauvreté.
24:55Vous dites maintenant,
24:56vous êtes devenu département,
24:57vous avez droit
24:58aux mêmes choses
24:58que les hexagonaux,
25:00donc on va faire du logement.
25:01Et on faisait du logement
25:02de masse,
25:03ces logements
25:03que nous sommes en train
25:04de détruire aujourd'hui.
25:05Et dans ces logements,
25:06on a mis des gens
25:06qui étaient dans des cases.
25:08Et là,
25:08il y a eu
25:09un véritable traumatisme.
25:10Et suite à ce traumatisme,
25:12il y a une prise
25:13de conscience identitaire.
25:14Et vu l'histoire
25:15de ce pays,
25:17c'est vital pour nous
25:18d'avoir un référent,
25:19un référent en architecture.
25:21Et la case devenait
25:22symboliquement vraiment
25:23l'objet même
25:24de la résistance,
25:25je dirais de la résilience.
25:29Un patrimoine
25:30qui a cependant tendance
25:32à être délaissé
25:33par les nouvelles générations
25:34en quête d'habitats
25:36plus modernes
25:37et moins modestes.
25:40A Pointe-à-Pitre,
25:50une association
25:50de bénévoles,
25:52Pliebelle-Lari,
25:53Plus belle la rue,
25:54en créole,
25:55s'est donnée pour mission
25:56de redonner vie
25:57aux cases en déshérence
25:58ou défraîchies.
26:01Ces lames de Pointe-à-Pitre,
26:02ça fait des générations
26:03que les gens
26:03habitent ici.
26:04Il y avait des couleurs
26:05magnifiques
26:05il y a quelques années.
26:06Aujourd'hui,
26:06elles se sont passées.
26:08Et nous,
26:09en tant qu'association,
26:10aujourd'hui,
26:10on a dit effectivement
26:11c'est important
26:12de remettre
26:13le pied de trier,
26:14de dire aux gens
26:15écoutez,
26:16vous avez quelque chose
26:16de magnifique
26:17entre les mains,
26:18ne le gâchiez pas surtout.
26:32Un travail de restauration
26:34dont a pu bénéficier
26:35la maison de Max,
26:36une habitante
26:37du centre historique.
26:38C'est une maison
26:41qui est à peu près
26:42100 ans
26:42et les générations
26:44se suivent,
26:46voilà,
26:46les unes après les autres.
26:48C'est une heure de vivre
26:49qui n'a rien à voir
26:50avec les appartements
26:52qu'on nous épouse.
26:53là, c'est la culture des maisons
26:57qui jouent sur notre comportement.
26:59La maison créole,
27:01c'est une maison
27:01qui est d'ouvertes,
27:03ouverte au soleil,
27:04ouverte au vent.
27:05Donc ça laisse passer
27:07la fraîcheur,
27:07on n'a pas besoin
27:08de climatisation.
27:10Donc elle a tous
27:10ces éléments
27:11qui font qu'on est
27:12en harmonie
27:12avec la nature.
27:15Je dis toujours,
27:16elle est bioclimatique,
27:17on dépense des milliards
27:18pour pouvoir réinventer
27:20ce qu'est bioclimatique,
27:22mais en fait,
27:22on l'avait déjà.
27:24Et puis c'est une architecture
27:25qui est belle.
27:26Elle n'est pas simplement,
27:28je veux dire,
27:28pratique.
27:30Elle est très belle.
27:31J'adore ma maison créole.
27:48Sous-titrage Société Radio-Canada
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