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  • il y a 5 mois
Patrick Dutartre, général de l’armée de l’air et ancien leader de la patrouille de France, était l’invité de BFM Politique de ce dimanche 13 juillet. Il a notamment été interrogé sur l'état des armées, la menace russes ou encore le budget de l'armée.

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00:00BFM TV, BFM politique, Guillaume Daray.
00:04Vous êtes bien sur BFM politique dans moins de 7 heures désormais.
00:08Le président de la République, Emmanuel Macron, va prononcer un discours qui est extrêmement attendu.
00:13Discours aux armées dans lequel il va dessiner l'avenir de l'armée, l'avenir de notre défense nationale face aux nouvelles menaces.
00:22Pour décrypter, analyser cela, notre invité, bonjour Général-Général Patrick Dutartre,
00:27ancien Général de l'armée de l'air, ancien leader de la Patrouille de France à mes côtés,
00:31toujours pour vous interroger, Amandine Attalaya et Bruno Jeudy.
00:36Mon Général, c'est un discours qui est annoncé comme un discours avec des mesures extrêmement fortes par l'entourage du chef de l'État.
00:43Première chose, déjà avant d'entrer dans le détail des mesures et de certaines pistes avancées par le ministre de la Défense ce matin dans les colonnes de la tribune dimanche,
00:50pourquoi c'est un discours majeur et aussi important ?
00:53Parce qu'on vit aujourd'hui dans un environnement international très instable,
00:58où le premier marqueur que signalait d'ailleurs Thierry Burckhardt dans sa conférence de presse...
01:03Le chef d'État-major.
01:04Absolument original vendredi, c'est que le premier marqueur c'est la force, l'emploi de la force.
01:11Donc nous sommes avant tout en France des acteurs de la défense, des acteurs de paix.
01:17Et malheureusement, nous avons donc eu une armée pendant 30 ans, après les dividendes de la paix,
01:23nous avons désaussé en fait nos armées.
01:27Et là, il faut être réaliste.
01:29Si on veut être entendu aujourd'hui en France, en Europe et dans le monde,
01:34il faut simplement avoir les moyens de sa politique.
01:36Qu'est-ce qu'il faut attendre très concrètement du discours du chef de l'État ?
01:39Quels sont les enjeux ? Qu'est-ce que vous allez regarder ?
01:41On parle de l'augmentation du budget de l'armée, mais est-ce que c'est qu'une histoire d'argent finalement ?
01:46Quand même beaucoup, mais après des choix en fait et des priorités.
01:49Qu'est-ce que vous allez regarder ?
01:51Évidemment, tout ce que va dire le président est important,
01:54mais surtout éventuellement les choix budgétaires dans les priorités.
01:59Je pense qu'on ne peut pas être partout.
02:02C'est ce qu'on fait aujourd'hui.
02:04L'armée française est absolument remarquable.
02:06On peut dire qu'elle est au top de la technologie quasiment dans tous les secteurs de l'activité.
02:10On dit qu'elle est devenue échantillonnaire, mais effectivement, comme vous disiez très justement, Bruno,
02:15on est échantillonnaire.
02:16C'est-à-dire ?
02:17C'est-à-dire qu'on n'a pas de puissance, c'est-à-dire qu'on va pouvoir faire un coup, deux coups, trois coups,
02:20et au bout d'une semaine, il n'y a plus de munitions.
02:23Donc il n'y a même plus d'hommes suffisamment pour soutenir l'effort de guerre.
02:27Qu'est-ce que ça veut dire ? Il nous faut des munitions, il nous faut des hommes.
02:29Qu'est-ce qui nous manque prioritairement quand vous dites que l'armée aujourd'hui est désaussée ?
02:33Des avions, des munitions ?
02:36Vous savez combien on a de rafales dans l'armée d'air française ?
02:38109.
02:39Il en faudrait ?
02:40300.
02:41Donc on n'y arrivera pas à une échéance raisonnable ?
02:45Il faut repartir.
02:46On ne pourrait même pas les produire.
02:48Si, on peut les produire, mais évidemment, ça prend un certain temps.
02:50Donc il faut, bien sûr, certains armements majeurs, notamment comme les avions de combat,
02:54mais d'autres matériels aussi, faire un effort.
02:57Il nous faut surtout des munitions et il nous faut des personnels.
03:00Et des personnels, bien sûr, on n'a pas les moyens, il faut être réaliste,
03:04d'avoir une armée de métiers qui dépasse nos 200 000 hommes.
03:07Mais effectivement, il faut faire preuve de beaucoup d'astuces et beaucoup d'initiatives
03:11en termes de souplesse avec une sorte de contingent ou une réserve active.
03:16Mais là, il faut être pragmatique, il ne faut pas partir dans tous les sens.
03:19Donc vous allez dans le sens de ce que dit aujourd'hui, dans les colonnes de la tribune dimanche,
03:23le ministre des Armées qui dit qu'il va falloir une réserve professionnelle et spécialisée,
03:27mais pas de retour du service militaire.
03:29– Alors, je pense que dans un avenir, peut-être un peu loin,
03:32je pense que ce serait une bonne chose d'avoir un service national, mais ce n'est pas le sujet aujourd'hui.
03:36– Pourquoi ? – Moi aussi, c'est intéressant.
03:37– Non, je pense que…
03:39– Vous vous dites qu'il faut le retour du service militaire ?
03:41– Non, j'ai dit un service national, dont une partie militaire.
03:44– C'est quoi la différence pour ceux qui nous écoutent ?
03:45Service national et retour d'un service militaire complet, c'est quoi la différence ?
03:50– C'est-à-dire que c'est surtout une question de moyens, en fait, on n'a pas les moyens,
03:53mais je pense que tout individu, tout jeune français, si vous voulez, doit donner un peu de son temps pour son pays.
04:00Voilà, c'est extrêmement simple.
04:01Ou toute personne qui arrive et qui prend une nationalité française devrait pouvoir donner du temps à son pays,
04:05au service de son pays.
04:06– Et donc le service national que vous évoquez, ce serait quoi concrètement ?
04:10– Non mais l'idée, l'idée.
04:11– Non mais l'idée.
04:12– Non mais c'est-à-dire quelque chose…
04:13D'ailleurs, je note que Michel Barnier, lorsqu'il était candidat à la présidence de la République,
04:19dans son programme pour l'ILR d'ailleurs, puisque François-Xavier Bellamy était là,
04:23proposait un service national de 6 mois.
04:26Mais on peut en parler longtemps, je pense que ce serait une chose bien à la fois pour la cohésion de la nation
04:31et à la fois évidemment pour en support des armées.
04:33– Et la réserve professionnelle, effectivement, dont parle Sébastien Lecornu ?
04:36– Alors c'est peut-être ça.
04:38Aujourd'hui, on a besoin de plus de support dans un temps immédiat, de support pour les armées.
04:43Alors là, il faut trouver une réserve, si vous voulez, qui soit intelligente.
04:47Je prends un exemple.
04:47Depuis une quinzaine d'années, on a fermé 10 bases aériennes en France.
04:5110 bases aériennes, je crois.
04:53Et ces bases aériennes, elles avaient une zone opérationnelle, ça faisait 2000-2500 personnes.
04:57Tout ça s'est fermé.
04:59Or, on aurait besoin aujourd'hui, si on avait une menace, de se redéployer dans ces bases.
05:02Et bien, autour de ces bases, il faudrait avoir une sorte de réserve de personnes
05:06qui sont, localement, qui viennent faire une période de un samedi sur deux, par exemple,
05:14pendant une année, ça fait une vingtaine de jours, 25 jours, et puis réactive la zone opérationnelle.
05:19Pourquoi ? Parce que les chasseurs qui sont peut-être d'un monde marsan,
05:22ils ont besoin de se déployer comme ça en quelques heures.
05:26Et bien, tout de suite, ces réservistes viendraient activer cette zone,
05:29feraient une zone opérationnelle.
05:32On réactivait une chose qui est extraordinaire et qu'on a construite durant la guerre froide,
05:36ce sont les hangarettes.
05:38C'est-à-dire que nos avions, contrairement aux Russes, sont protégés.
05:41Sont protégés dans des hangarettes.
05:43Celles-là, elles dorment quelque part, je ne sais pas dans quel état elles sont d'ailleurs,
05:46aujourd'hui.
05:47Mais vous voyez, ça, c'est extrêmement concret, extrêmement pratique.
05:50Donc, il ne faut pas partir, à mon sens, dans toute activité,
05:54mais être extrêmement pragmatique pour chaque unité.
05:56Je parle de l'armée de l'air parce que je connais un peu mieux,
05:58mais c'est la même chose pour l'armée de terre.
05:59L'armée de terre, si vous voulez, elle a des régiments.
06:01Il faudrait qu'elle ait une réserve de niveau 1,
06:04c'est-à-dire que presque des réservistes en se perdent,
06:08comme un backup pour chaque individu.
06:10Et puis une réserve de niveau 2, c'est-à-dire qu'on pourrait unité par 2 ou par 3 des effectifs
06:14en fonction des deux amènes.
06:15– Organiser une réserve professionnelle, ça veut dire aussi former ces personnes mobilisables
06:21quelques jours dans une année, ça prend du temps, c'est beaucoup d'argent.
06:28– Alors, vous avez tout à fait raison, Bruno,
06:29mais je pense qu'il y a une chose qu'on n'utilise pas assez, ce sont les anciens.
06:33Je prends un exemple.
06:34L'armée de terre forme des jeunes conscrits maintenant pendant 5 ans.
06:38Après, ils s'en vont.
06:40Mais ces jeunes-là, ils ont été formés pendant 5 ans.
06:41Et donc ceux-là, ils devraient, pour la plupart, d'ailleurs c'est ce qu'on appelle un peu
06:45une réserve plus ou moins active, mobilisables au moins pendant 5-6 ans.
06:49Ils ont été formés.
06:50Ils ont juste besoin de temps en temps, une journée ou deux de rafraîchissement.
06:53Et ça, ça vous donne, si vous voulez, un capital.
06:56Et en fait, on n'utilise peut-être pas assez nos anciens.
06:58Donc en fait, en fonction des moyens, en fonction des unités,
07:02il faut, à mon sens, responsabiliser les commandants d'unité
07:05pour qu'ils aient, si vous voulez, des réservistes adaptés à leurs besoins.
07:10Le président de la République, on le sait, sa fonction, c'est aussi d'être chef des armées.
07:14Ce soir, justement, à 19h, à suivre, bien sûr, en direct sur BFM,
07:17il va prononcer ce discours à l'hôtel de Brienne, au ministère des Armées,
07:20qui est un discours aux armées.
07:22Quel est l'enjeu pour le chef de l'État vis-à-vis des armées ?
07:24Qu'attendent les militaires, au-delà des mesures ?
07:27Les militaires, c'est simple.
07:28Ils veulent simplement un cap le plus précis possible.
07:32Ils n'ont pas besoin d'un défi d'annonce.
07:34Ils veulent des choses extrêmement pragmatiques.
07:36Savoir où est-ce qu'on va et surtout savoir quelles sont les priorités.
07:39Il ne faut surtout pas qu'on parte dans tous les sens.
07:41On a des moyens limités, on les connaît bien.
07:45Je pense qu'il annoncera qu'il y a un effort particulier qui est demandé pour la défense
07:48et on le comprend compte tenu du contexte international.
07:51Et maintenant, il faut fixer les priorités et chacun se responsabilise
07:55et donner la confiance, dire que c'est ce qu'on demande à un chef politique
08:00et à un chef des armées, la confiance envers ses troupes.
08:04Et quand on vous écoute, Général, ce n'est pas forcément très rassurant
08:07sur la façon dont on pourrait se défendre en tant qu'armée française face aux menaces ?
08:14Notamment la menace russe.
08:16On se dit, est-ce qu'on peut vraiment ?
08:18Vous posez une très bonne question.
08:19Pourquoi ? Parce qu'on ne parle qu'en France.
08:20Laissez-la finir sa question. Est-ce qu'on peut vraiment ?
08:22Est-ce qu'on peut vraiment ?
08:24On nous dit aujourd'hui que la Russie, et c'est ce que dit par exemple
08:26le chef d'état-major des armées, a désigné la France comme le principal adversaire.
08:30Bon, très bien, mais admettons que ça arrive.
08:32La France, on s'effondre tout de suite ?
08:34Non, pas du tout. Pourquoi ?
08:35Parce que déjà, vous avez une profondeur stratégique de 2000-2500 kilomètres
08:38avant la frontière avec la Russie.
08:41Ça veut dire quoi ?
08:42C'est que du jour au lendemain, vous n'aurez pas des troupes russes
08:45qui vont envahir la France.
08:46C'est impensable. Pourquoi ?
08:46Parce qu'elles passeront d'abord par la Pologne,
08:49enfin déjà franchir complètement l'Ukraine,
08:51deuxièmement la Pologne, troisièmement l'Allemagne.
08:53On a le temps de voir venir déjà,
08:55donc on n'a pas une menace à nos frontières.
08:57Qu'est-ce que ça veut dire, pour répondre à votre question ?
08:59C'est que toute cette défense-là doit s'inscrire
09:01dans un contexte européen et otanien.
09:04Ça veut dire qu'il faut que chacun prenne part, si vous voulez,
09:07et qu'on répartisse en fait nos efforts budgétaires, militaires,
09:11en fonction des caractéristiques de chaque pays.
09:13Mais ça, ça semble impliquer du long terme,
09:16là où la menace par exemple russe pourrait être à court ou moyen terme.
09:20Oui, mais alors, parlons-en, vous vous posez encore une très bonne question,
09:22je le remercie.
09:23Non, mais c'est bien pour ça que ce que dit Thierry Burkhard,
09:25et je partage complètement cette opinion,
09:28aujourd'hui, ce qui se passe en Ukraine,
09:30c'est la pointe de notre défense.
09:33Ça veut dire qu'aujourd'hui, l'Ukraine est quelque part
09:35le bouclier de l'Europe et le bouclier de l'OTAN.
09:38L'Ukraine, c'est notre guerre ?
09:39Mais oui, malheureusement, mais c'est comme ça,
09:42même si on ne le voudrait pas, c'est notre guerre,
09:44ça nous concerne, et je suis très fier d'ailleurs
09:46que notre président et que les Britanniques suivent également,
09:50parce qu'ils ont pris conscience.
09:53À quoi sert l'OTAN ?
09:54À quoi ça sert l'OTAN ?
09:55C'est une organisation, l'Atlantique Nord,
09:58qui ne sert qu'à une seule chose, défendre les pays.
10:00Or, qui nous menace ?
10:02Il n'y a qu'une seule menace, il n'y en a pas deux.
10:04Il y en a une, c'est la Russie.
10:05Et la Russie est en pointe aujourd'hui sur l'Ukraine,
10:07qui ne fait pas partie de l'OTAN, mais qui est aux portes de l'OTAN.
10:10Elle est aux portes de l'Europe, elle sera peut-être un jour dans l'Europe.
10:12Eh bien, on doit défendre l'Ukraine, parce que c'est notre intérêt.
10:15Quand on vous entend, quand on entend le chef d'état-major vendredi,
10:18ces mots extrêmement forts, on a le sentiment que nous sommes en guerre.
10:22Vous diriez que nous sommes en guerre ?
10:23Non, mais enfin, je dirais qu'on est en guerre froide.
10:26C'est-à-dire que, comme on a vécu pendant 35 ans,
10:28c'est-à-dire qu'il y a un bloc qui s'appelle aujourd'hui la Russie,
10:32la Fédération des États de Russie, et puis qui menace directement ses voisins.
10:36Et ses voisins, il y a bien sûr l'Ukraine, tout le monde le connaît,
10:39mais à côté, il y a l'Estonie, il y a la Finlande.
10:42Avec une différence peut-être par rapport à la guerre froide
10:45que nous avons connue dans les années 50-60,
10:48c'est que les États-Unis ont un rôle un peu ambigu dans cette guerre froide,
10:53celle que vous décrivez aujourd'hui ?
10:55Exactement. S'ils n'avaient pas ce rôle ambigu,
10:57il y aurait peut-être moins d'urgence, en tout cas,
10:59moins de décisions importantes à prendre.
11:02On nous demande maintenant d'être capables de faire sans les Américains.
11:06On peut le comprendre aussi.
11:07Il faut que l'Europe, c'est extrêmement simple,
11:09la France et l'Europe prennent leur autonomie stratégique sur tous les plans.
11:13Vous parlez de l'OTAN, mais on est bien certain que les États-Unis de Donald Trump,
11:17si, par exemple, la Russie envahissait la Pologne ou un pays voisin, interviendraient ?
11:22Est-ce que les États-Unis, au titre notamment de l'article 5,
11:26feraient ce qu'ils s'engageraient à faire par le passé ?
11:27Il faut que l'OTAN puisse fonctionner, si nécessaire, sans les États-Unis.
11:32Et c'est possible ?
11:33C'est d'où l'importance du pilier européen au sein de l'OTAN.
11:38L'OTAN, la première alliance militaire au monde, c'est une chose extraordinaire.
11:44Elle doit vivre avec ou sans, même son contributeur.
11:46Et on s'en sort sans les États-Unis, franchement, aujourd'hui ?
11:49Mais pourquoi pas ?
11:50Bien sûr qu'on a moins de puissance, moins d'efforts,
11:52mais c'est bien pour ça qu'il faut une prise de conscience des uns et des autres,
11:55qu'on doit assumer notre propre défense.
11:57Donc vous approuvez ce qui s'est passé cette semaine,
12:00la brique qui a peut-être été posée pour aller vers ça,
12:02c'est-à-dire cet accord entre la France et l'Angleterre
12:05pour une force dite de supervision, si je reprends les mots ?
12:10Oui, cette force-là, aujourd'hui, ce n'est pas la force de la coalition des volontaires,
12:14je pense que c'est ça que vous avez évoqué, Bruno.
12:15Tu passerais à 50 000 hommes ?
12:17Oui, pour l'instant, on n'est envisagé que dans le cadre d'un processus de paix.
12:22C'est-à-dire qu'à partir du moment où il y aurait un cessez-le-feu,
12:25ou au moins un cessez-le-feu, qui va surveiller ce cessez-le-feu ?
12:29Et là, l'Europe, notamment la France, la Grande-Bretagne et les volontaires,
12:33proposent une force sous présidence éventuellement française, britannique ou d'autres,
12:39avec des États-majors qui vont passer de l'un à l'autre en fonction des contributions
12:43et mettre en œuvre cette force de surveillance d'un cessez-le-feu.
12:49Malheureusement, aujourd'hui, on n'en est pas là.
12:51Alors que ce soit en Ukraine ou juste à côté, franchement, je pense que les Russes
12:55n'accepteront jamais qu'on déploie cette force-là dans l'Ukraine.
12:59Mais vous mettez juste à la frontière, vous pouvez faire presque le même travail.
13:02Est-ce que dans le cadre de cette réorganisation des armées européennes,
13:08et chaque pays a sa propre doctrine, est-ce que vous approuvez totalement,
13:13parce que c'est vrai que c'est quelque chose qui risque de se passer dans les années qui viennent,
13:16une montée en puissance d'une armée allemande,
13:19comme on n'en a pas connue depuis la fin de la seconde guerre mondiale ?
13:22Je dis ça parce que, par exemple, il y a un parti, LFI, Jean-Luc Mélenchon,
13:26qui lui pose des questions là-dessus, dit, mais est-ce que finalement,
13:30on ne s'interroge pas sur, est-ce que l'Allemagne peut se réarmer
13:34comme elle l'entend le faire maintenant ?
13:36Moi, je pense qu'on est passé à autre chose.
13:39Après presque trois guerres mondiales, enfin en tout cas trois guerres avec les Etats-Unis,
13:42la guerre de 70, avec les Allemands, 70, 14, 18 et 39, 45, c'est fini.
13:48Et on a fait des trois, mais non, on passe à autre chose.
13:50Non, mais après 80 ans de paix, c'est le plus grand succès de l'Europe.
13:54Je me souviens, Michel Barnier, quand j'ai débarqué au Quai d'Orsay,
13:56il me dit, tu sais, le plus grand succès de l'Europe, c'est quoi ?
13:58C'est la paix.
13:59Parce que, je souligne ce que dit Bruno, c'est une révolution.
14:02Le fait que l'armée allemande et que l'Allemagne décident
14:05de réinvestir massivement dans son armée, c'est un tabou.
14:08Et peut-être devenir la première armée européenne à moyen terme.
14:11Ça dit de la bascule qu'on est en train de vivre au niveau mondial.
14:14Je dis tant mieux, tant mieux parce qu'on a besoin de l'Allemagne,
14:17on a besoin de la Grande-Bretagne, on a besoin de la Pologne,
14:19on a besoin des pays européens alignés pour défendre leur formidable espace
14:25de liberté, d'égalité et de fraternité.
14:27Quand on voit le monde dans lequel on est,
14:29Vladimir Poutine, Donald Trump, Benjamin Netanyahou,
14:32est-ce que vous diriez, comme certains auteurs,
14:35notamment Julien Odompoli, qu'on est d'entrer aujourd'hui dans un monde de prédateurs ?
14:40On peut le dire.
14:41Je ne sais pas si tout le monde n'a pas le même sentiment de la prédation.
14:45mais effectivement, je ne dirais pas forcément des prédateurs
14:49parce que quand vous parlez d'Israël, le premier droit d'un peuple,
14:54celui du peuple israélien, c'est celui de se défendre.
14:56Et donc, il est essentiellement dans la défense,
14:58même si sur Gaza, bien sûr, il y a beaucoup de choses à dire.
15:01Poutine, Trump, c'est un monde de prédateurs ?
15:03Je ne sais pas si Trump...
15:05Trump, vous savez, ce n'est pas un guerrier.
15:06Il n'aime pas la guerre.
15:08Franchement, je le pense sincère sur le sujet.
15:10Il n'aime pas la guerre.
15:11Ce n'est pas bon pour le business.
15:13Il y a tous ceux qui aiment le business, n'aiment pas la guerre.
15:14Les Chinois, d'ailleurs, entre parenthèses, sont très sensibles à ce sujet.
15:17Ça ne l'empêche pas d'aller frapper l'Iran ?
15:19Alors, ça n'empêche pas d'aller frapper l'Iran.
15:21Pourquoi ? Parce que c'est une menace existentielle pour non seulement Israël,
15:24mais pour l'équilibre du monde.
15:26On ne peut pas supporter que le régime des Mollahs iraniens
15:29dispose de la bombe nucléaire.
15:31Est-ce que vous pensez, comme Emmanuel Macron,
15:33pour poursuivre cette idée du monde des prédateurs,
15:35que les générations futures ne toucheront pas les dividendes de la paix ?
15:39C'est la grande phrase d'Emmanuel Macron.
15:41Écoutez, nous, nous tous ici, autour de cette table,
15:45on a touché les dividendes de la paix.
15:47On a vécu dans...
15:49Moi, le premier, je suis ravi qu'on ait vécu cette période-là,
15:52même si on a participé à tous les conflits qui ont eu lieu ces dernières années.
15:56Dieu sait s'il y en a.
15:57Mais non, demain, je pense qu'on vit une période de l'humanité assez troublée.
16:04Toutes les zones de conflit éclatent d'une manière ou d'une autre.
16:07Je ne pense pas à une guerre mondiale, je n'y crois pas.
16:10Par contre, il faut être vigilant, il faut montrer ses forces.
16:13Parce que si on n'a pas un minimum de force, on va rentrer dans votre jardin.
16:16Quand, justement, Sébastien Lecorni dit « Attention, on doit tout faire
16:21pour ne pas devenir une puissance régionale et rester une puissance mondiale ».
16:26Pour les téléspectateurs qui nous regardent, ça veut dire quoi ?
16:28Une puissance mondiale par rapport à une puissance régionale,
16:31ce serait-à-dire qu'on deviendrait un indiplomatique militaire ?
16:32Est-ce qu'on ne l'est pas déjà ?
16:34Je rappelle que le secteur diplomatique français,
16:38c'est le deuxième vecteur diplomatique au monde.
16:40Donc, on a des organisations partout qui font un travail formidable.
16:42Là, il parle de l'armée.
16:44Alors, au niveau de l'armée, je pense que ce n'est pas nous d'aller faire la police,
16:48ça n'engage que moi, d'aller faire la police à Taïwan.
16:51Franchement, dans l'étroit de Taïwan.
16:53On peut soutenir l'idée, bien sûr, mais ce n'est pas nous d'aller faire la police là-bas.
16:57On ne peut pas être partout.
16:58Donc, il faut faire des choix.
17:01Pourtant, le président de la République a de grandes ambitions sur ce qu'on appelle
17:04la zone indo-chinoise.
17:10Pour moi, il y a trois priorités.
17:12Nous avons trois priorités, trois menaces d'ailleurs,
17:14qui ont été rappelées par Thierry Burkard, le chef d'état-major des armées.
17:17Un, le terrorisme.
17:21On connaît bien le sujet, on ne va pas rentrer dans les détails, malheureusement.
17:24Deux, la Russie aujourd'hui.
17:27Il n'y a qu'un seul pays qui nous menace directement, c'est la Russie.
17:29Et trois, la cohésion nationale.
17:33C'est extrêmement important dans une démocratie comme la nôtre, où tout le monde s'exprime,
17:37qu'on garde un minimum de cohésion nationale vis-à-vis des dangers extérieurs.
17:41Et ça, on a tous une responsabilité, les citoyens, mais également les politiques,
17:45de garder un minimum de cohésion nationale.
17:47Alors, tout ce qu'on voit, ça veut dire que l'enjeu est encore plus fort, effectivement,
17:50pour le discours du président de la République, ce soir à 19h sur BFM TV.
17:54En un mot, comment vous résumeriez l'enjeu pour le président de la République ce soir ?
17:59Ça fait longtemps qu'un discours, le 13 juillet à l'Hôtel de Brienne,
18:01qui est un discours traditionnel, qui est fabuleux, mais n'avait pas eu autant d'importance.
18:05Comment vous qualifiez ce moment-là et ce rendez-vous que le chef de l'État a avec les armées ce soir ?
18:11Je pense qu'il est parfaitement dans son rôle.
18:14C'est le chef des armées.
18:15Aujourd'hui, on a une période...
18:16C'est un moment historique.
18:18En fonction de ce qu'il dira, c'est un moment historique.
18:20Mais vous savez, aujourd'hui, l'histoire a beaucoup de boulassements chaque jour, chaque semaine.
18:25Donc, souvenons-nous de ce qui s'est passé en Iran.
18:26On ne s'y attendait pas.
18:2845 ans après l'arrivée de Khomeini,
18:31les Américains ont bombardé l'Iran.
18:33On ne s'attendait pas à ça.
18:34On ne s'attendait pas à ça.
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