HOME-JACKING - Christian Flaesch est l'invité de Yves Calvi

rtl.fr

05/06/2025

Cette nuit, l'animateur Christophe Beaugrand et son époux ont été victimes d'une violente attaque à leur domicile. Ils auraient été réveillés en pleine nuit et frappés avec des clubs de golf par deux individus. On en parle avec Christian Flaesch, l'ancien patron de la Police judiciaire parisienne, qui a également été le directeur de la BRI, la célèbre Brigade de Recherche et d'Intervention.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 05 juin 2025.

Catégorie

🗞

News

Transcription

Afficher la transcription complète de la vidéo

00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.

00:03RTL, il est 18h17, bonsoir Christian Flèche, merci beaucoup de nous rejoindre.

00:08Vous êtes, je le rappelle, l'ancien patron de la police judiciaire parisienne

00:11et vous avez également été le directeur de la BRI, la célèbre brigade de recherche et d'intervention.

00:17Cette nuit, l'animateur Christophe Beaugrand et son époux ont été victimes d'une violente attaque à leur domicile.

00:23Ils auraient été réveillés en pleine nuit et frappés avec des clubs de golf par deux individus.

00:27Ce phénomène s'appelle le home jacking. Notre confrère et ami Bruno Guillon en a été victime par le passé.

00:33Mais on peut citer également Anne-Sophie Lapix, Jean-Luc Rechman, Ayana Kamoura

00:37ou encore le gardien de but du Paris Saint-Germain, John Luigi Donnarumma.

00:41Ce type d'attaque est devenu fréquent ?

00:44Alors, ce n'est pas vraiment fréquent, mais si vous voulez, la délinquance, c'est une perpétuelle évolution.

00:50Donc, il y a des cibles, il y a des modes opératoires qui fonctionnent

00:55et puis après, il y a des contre-mesures qui sont prises

00:57ou des équipes qui sont arrêtées qui font qu'on évolue.

01:00Si vous regardez bien, pendant une période, on attaquait les banques.

01:03Il n'y a plus d'argent dans les banques, donc les banques n'ont plus d'intérêt.

01:06Pendant une période, on cambriolait, mais les gens maintenant blindent leurs portes systématiquement,

01:10donc on ne cambriole plus.

01:12Donc, on rentre dans les domiciles de personnes dont on pense qu'elles ont de l'argent.

01:16Donc, pour ça, il faut les cibler.

01:17Donc, on prend des personnalités publiques parce qu'on a plus de facilité à savoir où elles habitent

01:23et qu'on pense qu'elles ont de l'argent.

01:25Pour rentrer à l'intérieur, il faut profiter, par exemple, qu'elles sont absentes.

01:30C'est pour ça que les footballeurs, on regardait le moment où ils étaient sur le terrain de foot

01:35et c'était ce moment-là où les voyous en profitaient pour essayer de rentrer chez eux.

01:38Et puis maintenant, on en est arrivé au fait que même à l'intérieur,

01:43même si les personnes sont à l'intérieur, on essaye de rentrer malgré tout.

01:46Et donc, ces attaques diffèrent des cambriolages classiques, si j'ose dire.

01:50C'est une nouvelle marque de type d'attaque ?

01:53Alors, c'est un nouvel type de délinquance.

01:56C'est-à-dire que le cambriolage, a priori, on s'arrangeait pour que personne à l'intérieur

02:00et quand quelqu'un était là, on partait.

02:03Alors que là, on prend le risque que la personne soit là.

02:06Et avec une délinquance qui est de plus en plus violente.

02:08Mais si vous prenez les derniers faits divers,

02:11notamment les attaques concernant le domaine de la crypto-monnaie,

02:14on voit bien que les malfaiteurs sont de plus en plus jeunes et de plus en plus violents.

02:18On peut parler d'un nouveau banditisme ?

02:21Clairement, bien sûr, clairement.

02:23On est dans un nouveau banditisme, on est dans une nouvelle délinquance.

02:26J'enfonce des portes ouvertes,

02:28mais il y a quand même de grandes études qui ont été faites sur le rajeunissement de la délinquance.

02:34Le préfet de police aussi l'a dit, un peu hurbé et torbi,

02:37qu'il y avait une délinquance des mineurs qui était de plus en plus jeune et de plus en plus violente.

02:42Je ne sais pas si, en ce qui se concerne cette agression, ça concerne des mineurs,

02:47mais en tout cas, c'est une délinquance violente.

02:49Ça, c'est sûr.

02:50Appartements, maisons, tout le monde est touché ?

02:54Oui, oui. C'est sans doute plus facile dans une maison,

02:58parce qu'il y a plus de murs et plus de possibilités d'accéder aux fenêtres.

03:02On l'a compris, les stars sont particulièrement ciblées.

03:06Comment d'ailleurs ? Elles sont suivies, traquées pendant des jours ?

03:08Parce qu'il faut d'une certaine façon mener l'enquête, si je puis dire,

03:11en tout cas pour le futur cambrioleur.

03:14Alors, il y a la publicité que les gens se font eux-mêmes par le biais des réseaux sociaux.

03:19On a vu qu'il y a eu une période où c'était les influenceurs ou les influenceuses

03:24qui étaient visées parce qu'elles avaient tendance à se mettre en scène

03:27chez eux avec leurs bijoux.

03:30Donc, c'était une facilité pour repérer au bout d'un moment

03:35qu'elles avaient de l'argent et pour tenter de savoir où elles étaient.

03:39Après, l'enquête, ça peut être le livreur que vous faites venir

03:44pour livrer tel ou tel produit.

03:48Ça peut être votre abonnement quand vous avez un abonnement

03:52EDF, machin, etc.

03:54Et quelqu'un travaille dans la société et finit par récupérer votre adresse.

04:00Ça peut être aussi le taxi qui vous dépose devant chez vous.

04:04Il y a beaucoup de possibilités qu'on finisse par faire le lien

04:07entre la personne qui est connue et puis l'adresse.

04:11Mais vous diriez à des personnes connues qui utilisent le taxi,

04:15faites-vous déposer 100 mètres avant ?

04:17Vous pensez que c'est une mesure raisonnable aujourd'hui, voire nécessaire ?

04:23Ça peut être une mesure.

04:25Moi, c'est par exemple, quand je prends le taxi, je ne mets pas mon adresse directe.

04:29A-t-on un profil type des auteurs de ces attaques ?

04:33Est-ce que ce sont des braqueurs chevronnés ?

04:35Ou pas du tout, d'ailleurs, toute la pègre au sens large,

04:39même si ce terme n'est pas approprié, peut se retrouver dans ce type d'opération ?

04:43Alors, je pense que ça a quand même beaucoup évolué.

04:46On évoquait, il y a encore quelques semaines, le braquage de Kim Kardashian

04:49dans l'hôtel où elle est descendue à Paris,

04:52où on voit qu'on avait affaire à une équipe de malfaiteurs chevronnés,

04:56des vieux voyous, qui, dix ans après, commençaient à être très fatigués.

05:00Là, on est dans une délinquance qui est plus jeune.

05:04Et si on fait le parallèle avec la crypto-monnaie,

05:06en tout cas, je ne sais pas ce qui se passe dans cette affaire,

05:09mais si on fait le parallèle avec ceux qui sont dans la crypto-monnaie

05:12et qui sont extrêmement violents,

05:13on voit qu'il y a quelques mineurs qui sont impliqués,

05:15des majeurs et un commanditaire à l'étranger

05:17qui est capable de recruter depuis l'étranger

05:19des malfaiteurs qui payent à la tâche

05:22pour voler une voiture, agresser, etc.

05:27Ou détenir des gens à domicile.

05:29Une enquête pour voler violences aggravées a donc été ouverte

05:32dans le cas de Christophe Beaugrand.

05:34On retrouve parfois les auteurs, il y a des arrestations ?

05:37Mais heureusement qu'on retrouve souvent les auteurs, bien sûr.

05:39Bien sûr, parce que là, je ne vais pas vous faire le détail de l'enquête,

05:44mais en tout cas, il y aura des investigations qui vont être menées.

05:47Comme toujours, d'abord, police technique et scientifique,

05:50avec les traces qui sont laissées par ces malfaiteurs,

05:53c'est des traces qui sont des traces de criminalistique

05:57et des traces numériques.

05:58Et derrière, il y a un travail d'enquête qui est fait.

06:01Et je suis sûr qu'il y aura des éléments.

06:03Et puis, si ces malfaiteurs pensent qu'ils ont un filon,

06:06ils vont peut-être essayer de faire une autre équipe,

06:08enfin, d'autres victimes.

06:10Et donc, il y aura des rapprochements.

06:11Ou peut-être ont-ils fait, d'ailleurs, déjà d'autres victimes

06:15qui sont moins connues, dont on a moins parlé.

06:17Et en faisant ces rapprochements, sur des synthèses,

06:20on arrive à avoir des points communs

06:22et des éléments qui permettent de remonter.

06:25Et regardez le travail qu'a fait la brigade de répression de Moditis

06:28sur la crypto-monnaie.

06:29Oui.

06:29On a pu impliquer quelqu'un qui, grâce à la police marocaine,

06:35a été arrêté au Maroc et qui, semble-t-il, est le commanditaire

06:39d'une série d'agressions à domicile.

06:41Christian Flech, qu'en est-il des commanditaires ?

06:44Ils existent ?

06:45C'est ce que j'ai cru comprendre que vous nous suggériez

06:47il y a quelques instants.

06:49Alors, il y a...

06:50Dans les dernières affaires de home-jacking,

06:52j'avais vu qu'il y avait un commanditaire

06:54qui n'était pas forcément celui qui allait sur le terrain.

06:56Oui.

06:57Donc, qui pouvait driver des équipes.

06:59Sur la crypto-monnaie, c'est le cas.

07:01Donc, il peut y avoir des commanditaires,

07:02des gens qui sont un peu plus installés dans le milieu.

07:05On voit aussi, d'ailleurs,

07:06que c'est malheureusement une des leçons de l'affaire d'Amra

07:09que même en prison,

07:11il y a des malfaiteurs qui sont capables de commanditer des choses.

07:14Alors, dans le cadre d'affaires d'Amra,

07:16c'était très, très grave.

07:17C'est-à-dire, ça allait jusqu'à la tentative de meurtre ou à l'armeeutre.

07:20Là, on peut imaginer que même depuis la prison,

07:23maintenant, les voyous continuent leurs activités

07:25et drivent une équipe pour aller essayer de récupérer un peu d'argent.

07:30Lorsqu'on procède à des arrestations,

07:32est-ce qu'il y a des peines particulières ?

07:33J'ai envie de vous dire, que risquent-ils ?

07:36Alors, ils risquent sur des affaires d'agression comme ça,

07:39des vols, ce qu'on appelle aggravés, de nuit,

07:42avec l'utilisation, même si ça semble être un clope de golf,

07:45ce n'est pas une arme, mais c'est une arme par destination.

07:47Et il y a manifestement des blessures graves qui ont été infligées.

07:53Donc, tout ça fait que le risque de peine est fort.

07:58Maintenant, il faut les arrêter, il faut les juger,

08:01et il faut que le jugement se fasse dans un délai qui soit assez rapide

08:06et que la peine soit exécutée.

08:08Voilà, ça fait beaucoup d'écueils encore

08:10avant d'en arriver à la fin de tout cela.

08:13À vous, qui êtes un homme de bon sens,

08:16avant de nous séparer, est-ce que vous avez un conseil

08:17à toute personne victime de ce type d'agression ?

08:21Moi, je pense que d'abord, il faut être prudent.

08:23Bien sûr, vous l'avez compris, je l'ai dit tout à l'heure.

08:26Vous pouvez vivre en cachet,

08:28donc essayons d'éviter de montrer son adresse

08:32ou de faire étalage, je parle assez aux influenceuses,

08:35de faire étalage de son argent.

08:37Et puis, prendre des précautions éventuellement techniques,

08:41c'est-à-dire mettre un système d'alarme,

08:44un système de vidéo,

08:46un envoi d'images sur votre téléphone,

08:48par exemple, quand vous n'êtes pas là.

08:49Et puis, avoir la capacité de connaître les numéros

08:52de la police ou de la gendarmerie

08:54pour pouvoir les appeler le plus vite possible.

08:57Et si vous prenez, puisque vous l'avez évoqué,

08:59Anne-Sophie Lapix, qui a, je crois, été victime

09:01de deux tentatives,

09:02la police est intervenue très vite

09:04et a pu interpeller une partie de l'équipe

09:07parce que, je crois, c'était son fils

09:09qui avait remarqué un manège un peu curieux.

09:12Merci beaucoup de toutes ces précisions, Christian Flaesch.

09:15Je rappelle que vous êtes l'ancien patron

09:16de notre police judiciaire parisienne

09:18et que vous avez également été le directeur de la BRI,

09:20la célèbre brigade de recherche et d'intervention.

09:23À suivre, bien entendu, notre journal de 18h30.

09:26Puis, nous demanderons aux spécialistes

09:28des questions d'éducation, Éric Charbonnier,

09:30de réagir aux propositions d'Elisabeth Borne.

09:32Que pensent-ils du plan sur l'orientation des élèves

09:34dévoilé ce matin par la ministre de l'Éducation ?

09:37Des millions d'élèves français sont concernés.

09:39Rendez-vous à 18h40.

09:40Agnès Bonfillon et Yves Calvi.

09:45RTL Soir.

Recommandations