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  • il y a 3 jours
Mercredi 4 juin 2025, retrouvez Divya Muzumdar (Associée et responsable RSE, Investir Ensemble), Alexia Germont (Présidente, France Audacieuse), Christian De Perthuis (Fondateur, Chaire Économie du Climat, Université Paris Dauphine-PSL) et Maureen Descombes (Fondatrice, Adapt & Joy) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.

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Transcription
00:00Générique
00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:15Et voici le sommaire, mon invité c'est Divya Mouzoumdar, associé responsable RSE, d'Investir Ensemble, c'est une foncière coopérative qui transforme les taudis en logements bas carbone.
00:26Dans notre débat à l'occasion de la journée mondiale de l'environnement, on se demandera comment aligner pérennité économique et durabilité environnementale,
00:35alors que 6 des 9 limites planétaires sont déjà franchies.
00:39Et puis dans notre rubrique start-up et innovation, vous découvrirez les vêtements Adapt & Joy, conçus pour les millions de Français souffrant d'un handicap.
00:50Voilà pour les titres, on a 30 minutes pour les développer, c'est parti.
00:56L'invité de Smart Impact, c'est Divya Mouzoumdar, bonjour.
01:03Bonjour Thomas.
01:04Bienvenue, vous êtes associé responsable RSE d'Investir Ensemble, c'est une foncière coopérative qui transforme les taudis en logements bas carbone.
01:14On va prendre le temps évidemment d'expliquer tout ça, mais déjà sur le concept, c'est une foncière unique en France, on peut dire ça ?
01:21Tout à fait, c'est vraiment un concept nouveau parce qu'en fait, comme vous l'avez dit, on est une coopérative citoyenne et on se concentre exclusivement sur la rénovation immobilière durable.
01:32Donc on est 225 associés.
01:35Ok, ça, ça fait une coopérative, une vraie, oui.
01:38En effet, et on rénove des taudis pour en faire des logements basse consommation qu'on loue ensuite à des publics dits vulnérables, c'est-à-dire sans garant, sans revenu stable.
01:50Donc typiquement des intermittents, des CDD, des étudiants.
01:56Et ce qui rend Investir Ensemble vraiment unique en son genre, c'est qu'on va venir s'attaquer collectivement et simultanément aux quatre piliers majeurs de la transition.
02:06Donc le climat, la performance énergétique, l'impact carbone et bien sûr la préservation de la nature.
02:13Évidemment, et on pourrait parler de santé aussi parce qu'il y a un effet sur la santé publique.
02:18225 associés avec une volonté qui est une diversité d'âge, de genre, d'origine sociale, ça participe aussi de la spécificité de cette foncière ?
02:31Oui, exactement. Alors on a 225 personnes qui viennent de tous les horizons.
02:36On va avoir des artisans, des juristes, des ingénieurs, des jeunes actifs, des retraités.
02:43Donc c'est vraiment un panel très diversifié.
02:48On a tous en commun une passion pour l'immobilier.
02:51Et en fait, le fait d'avoir autant d'associés, ça permet d'avoir une vraie intelligence collective
02:57qui va nous aider à faire de l'innovation sur tous nos projets.
03:03C'est quoi le modèle économique d'Investir Ensemble ?
03:06Vous gagnez de l'argent quand même en transformant cet Audi en logement ?
03:11Oui, tout à fait. Alors à mon sens, durabilité et rentabilité, c'est indissociable.
03:19Et donc c'est un modèle rentable qui a été conçu pour être reproductible à terme.
03:28Donc c'est pas quelque chose que nous on va faire et qu'on va garder.
03:33C'est pas de la philanthropie.
03:34Non, c'est pas de la philanthropie et c'est pas de la magie non plus.
03:38Il faut qu'on soit rentable et on arrive à avoir une rentabilité parce qu'on va sélectionner des biens
03:43qui vont avoir un fort potentiel de valorisation, qui vont être dans des zones assez dynamiques en développement.
03:52Et puis on va rénover bien, on va rénover vite.
03:56Et donc le fait de mettre des loyers accessibles qui sont capiers, c'est pas du tout une entrave à cette rentabilité.
04:02Au contraire.
04:03Alors on va évidemment s'intéresser à l'impact environnemental de vos projets.
04:10Déjà on peut rappeler que le secteur du bâtiment c'est l'un des plus polluants,
04:14beaucoup plus polluants que l'aéronautique par exemple, qu'on cite souvent.
04:17Vous, c'était l'un de vos objectifs en créant cette foncière,
04:23le fait de transformer finalement des passoires thermiques en logements habitables et rentables ?
04:29Alors c'était non seulement l'objectif, c'était en fait le point de départ de ce projet.
04:36Investir ensemble, c'est né d'une prise de conscience qui est que l'immobilier,
04:42en fait ça représente près de 40% des émissions de gaz à effet de serre en France.
04:4640% c'est énorme.
04:48Donc c'est le levier le plus efficace.
04:50Ah tout à fait, c'est le levier le plus efficace.
04:52Et en fait on parle beaucoup de l'aviation, mais en effet c'est 12 fois plus et on en parle moins.
04:58Alors qu'en France on est quand même confronté à un problème,
05:01qui est qu'on a 12 millions de passoires thermiques,
05:04et on a 85% des bâtiments qui existent aujourd'hui, qui seront encore là en 2050.
05:08Donc on ne peut pas amorcer une transition efficace sans s'occuper de ce parc existant et vétuste.
05:14Oui, effectivement. Et alors pourquoi, la réponse semble évidente,
05:18mais je veux bien que vous expliquiez, pourquoi rénover plutôt que construire,
05:22c'est justement une solution d'avenir ?
05:25Alors pour moi c'est en effet inévitable.
05:28Il y a déjà 12 millions de passoires.
05:30Pourquoi est-ce qu'on s'évertirait à construire plus alors qu'il y a ça à rénover ?
05:34En plus de ça, la rénovation ça va être moins cher que la construction,
05:39ça va être plus rapide, ça va être moins carboné,
05:42donc c'est 4 à 5 fois moins polluant.
05:45Et puis surtout c'est économique en fait.
05:49On constate sur nos rénovations qu'on va avoir des factures énergétiques
05:53qui vont baisser de 70 à 90%.
05:56Et dès qu'on fait une rénovation en basse consommation,
06:01le bâtiment va automatiquement prendre une valeur de 20% sur le marché.
06:05C'est ce qu'on constate en moyenne en France.
06:07Donc la valeur verte, c'est une réalité économique.
06:11Avec quand même quelques défis techniques,
06:13quand on s'attaque à la rénovation,
06:15il n'y a pas eu une solution,
06:17mais des dizaines d'options techniques ou technologiques
06:20qui existent déjà ?
06:22Ou alors ça vous arrive aussi de faire avancer justement
06:25les outils technologiques pour bien rénover ?
06:30On les fait avancer, c'est vraiment ce qu'on cherche.
06:34Et justement le fait d'utiliser l'intelligence collective
06:37comme moteur d'innovation,
06:39c'est quelque chose qui est très fort chez nous
06:41et qui nous permet d'identifier des solutions
06:45et d'imaginer des solutions performantes.
06:47Je ne sais pas si vous avez un exemple en tête,
06:48mais ça veut dire quoi ? On est confronté à un nouveau chantier potentiel,
06:52on se dit ok là, il y a ce défi,
06:53il faut qu'on trouve une solution, c'est ça ?
06:55C'est ça, exactement.
06:56Alors la solution, ça va être...
06:58On va réfléchir déjà à la faisabilité technique,
07:02on va regarder les innovations qui existent sur le marché par exemple.
07:09Là on parle d'efficacité énergétique,
07:11mais il y a une problématique d'utilisation de l'eau aussi.
07:14Et en fait, dans tous nos bâtiments,
07:17on a utilisé de la robinetterie économe,
07:20mais aussi par exemple une chasse d'eau qui s'appelle le Water Flash
07:24qui a gagné le concours Lépines
07:25et qui permet d'économiser 50% des consommations d'eau.
07:32Et ça c'est quelque chose qui vient de la veille de 225 personnes
07:36parce qu'en fait c'est très compliqué de faire de la rénovation bien
07:41et en fait ce qui coûte cher c'est de mal faire la première fois et d'y revenir.
07:45Alors qu'en fait à 225 associés,
07:47c'est 225 cerveaux,
07:49450 bras aussi quand il s'agit de mettre la main à la pâte.
07:53Mais c'est vrai que du coup c'est quelque chose qui nous permet d'aller plus loin.
07:56Alors vous avez obtenu l'habilisation Bicorp,
08:00c'était un choix évident,
08:02un petit défi collectif que vous vous êtes lancé.
08:04Pourquoi vous vous êtes lancé ?
08:06Alors on sait,
08:08alors évidemment c'est un beau défi
08:10et on a obtenu le meilleur score en France en fait.
08:14On a 159,2.
08:15Oui, presque 160.
08:17Pour ceux qui essayent d'avoir le label Bicorp,
08:19c'est très très haut comme score effectivement.
08:21Oui, on a repoussé ce qui s'était fait en France,
08:24tous secteurs confondus, de 20 points.
08:26Mais la raison pour laquelle on se lance dans des aventures comme ça,
08:31j'ai envie de dire, c'est surtout pour voir si on avance dans la bonne direction,
08:37si on n'a pas d'angle mort.
08:39Pour moi, passer un label,
08:40c'est avoir l'état de l'art des bonnes pratiques sur un plateau d'argent.
08:43Donc en fait nous, ça nous permet de voir,
08:45est-ce que le modèle est performant,
08:47est-ce qu'il est durable,
08:48est-ce qu'il correspond bien à ce qui se fait de mieux.
08:50Et c'est comme ça qu'on prouve ça aussi.
08:54Il ne suffit pas de dire, nous on est vert et on fait les choses bien,
08:56mais on peut le prouver.
08:59L'AFNOR nous a qualifiés d'entreprise exemplaire aussi.
09:03On est la première du secteur immobilier.
09:05Oui, mais quand on atteint un tel niveau,
09:07parce que souvent, c'est la question que je pose aux entreprises
09:09qui viennent d'obtenir le Bicorp,
09:11c'est aussi un moyen de se voir progresser.
09:13Quand on est déjà aussi haut, ça va être compliqué de progresser.
09:16Non, il y a toujours des marges de progression.
09:18Là, alors le Bicorp, c'est très bien et ça prouve qu'on est durable.
09:23Maintenant, la prochaine étape, c'est d'être carrément régénératif.
09:26Donc ça veut dire non seulement limiter ses impacts négatifs,
09:29mais en fait, dans tout ce qu'on va faire,
09:30avoir que des impacts positifs.
09:32Et donc, non, il y a toujours de quoi faire.
09:34Votre modèle, il est duplicable ?
09:36Il est duplicable ?
09:38Il est pensé pour être duplicable.
09:40Parce que c'est un modèle citoyen.
09:44On travaille exclusivement avec des artisans locaux.
09:46Et on va identifier des solutions qui sont performantes
09:54et qui peuvent être reproductibles.
09:56Donc, en fait, ce n'est pas de la magie, c'est de la méthode.
09:59Et c'est une méthode qu'on cherche à partager.
10:01Parce qu'avec 12 millions de passoires,
10:04on ne peut pas tout faire tout seul.
10:05Donc, on veut vraiment être copié.
10:06Il y a des freins, je ne sais pas, réglementaires,
10:11à lever, par exemple, pour dupliquer ce modèle ?
10:15Alors, pour dupliquer le modèle,
10:18pas vraiment parce qu'il a été pensé comme ça.
10:21Après, c'est vrai qu'il y a un certain alignement
10:25qui est en train de se faire.
10:27Mais entre...
10:28Typiquement, nous, on fait de la rénovation en centre-ville.
10:32Donc, il y a des problématiques de préservation du patrimoine,
10:37mais aussi d'utilisation de nouvelles solutions.
10:43Donc, par exemple, les panneaux solaires,
10:44en fait, on ne peut pas forcément les mettre partout en ville,
10:47mais c'est quand même quelque chose qui aiderait.
10:48Donc, il y a peut-être un alignement à voir.
10:50Nous, en réalité, on va anticiper les réglementations.
10:53On ne va pas faire le minimum vital,
10:54mais on va voir à 10-15 ans et on va aller plus loin.
10:57Merci beaucoup, Divya Mouzoumdar,
11:00et à bientôt sur Smart Talk Change.
11:02On passe tout de suite à notre débat
11:04« Comment aligner pérennité économique et durabilité environnementale ? »
11:08Comment aligner pérennité économique et pérennité environnementale ?
11:18On en débat avec Alexia Germont.
11:19Bonjour.
11:20Bonjour.
11:20Bienvenue.
11:20Vous êtes la présidente de France Audacieuse.
11:23Avec nous, en duplex, Christian Depertuis,
11:26fondateur de la chaire « Économie du climat »
11:28à l'Université Paris-Dauphine, PSL.
11:31Vous publiez « Carbone fossile, carbone vivant »
11:33vers une économie du climat.
11:34C'est aux éditions Gallimard.
11:36Bienvenue à vous aussi.
11:38Ce 5 juin, c'est la Journée mondiale de l'environnement
11:41organisée par les Nations Unies.
11:43Elle existe depuis 1973.
11:46Bon.
11:48Rien que ça, il y a beaucoup de choses.
11:49Mais voilà, Alexia Germont, je me dis,
11:51bon, ok, très bien, il y a une Journée mondiale de l'environnement.
11:53Alors, évidemment, elle n'a pas rempli ses objectifs.
11:55Comment vous l'expliquez ?
11:57Je pense qu'en fait, pour remplir ses objectifs,
12:00il faut que ça parle aux gens
12:02et que toutes les parties prenantes,
12:05quelles qu'elles soient,
12:06et c'est important, peut-être qu'on y reviendra
12:07dans la discussion,
12:08mais qu'est-ce que c'est qu'une partie prenante
12:09sur ce sujet-là,
12:11puisse se sentir investie individuellement
12:15d'un projet qui est collectif.
12:17Et c'est vrai qu'à la fois,
12:21on a besoin de grandes lignes de conduite,
12:26quelque part.
12:26Donc, de ce point de vue-là,
12:27les objectifs de développement durable,
12:29évidemment, remplissent l'objectif
12:34qu'ils se sont fixés.
12:35Mais maintenant, comment faire le lien avec nous,
12:38chacun d'entre nous,
12:39pour que, quelle que soit la place qui est la nôtre,
12:41nous intégrions cette notion, finalement,
12:44de collectif ?
12:46Parce que l'environnement, c'est du collectif.
12:49Alors après, c'est là où les choses
12:50se complexifient un peu,
12:52c'est comment on arrive à intégrer
12:56ces objectifs-là dans notre mode de production,
13:01de consommation,
13:03également dans notre, je vais dire,
13:06corpus démocratique aussi.
13:08Enfin, c'est plein de questions.
13:10C'est effectivement des questions vastes.
13:12Et on va faire ce constat,
13:13notamment des limites planétaires
13:15déjà dépassées
13:15et de leur impact économique déjà réel
13:18pour un certain nombre d'entreprises
13:19et de secteurs.
13:20Mais je vous pose un peu la même question,
13:21Christian de Pertu.
13:22Pourquoi il y a cet enjeu
13:25d'acceptabilité, finalement,
13:26de la transformation environnementale
13:29et sociétale ?
13:30Pourquoi c'est si compliqué
13:31de convaincre collectivement,
13:33malgré des alertes des scientifiques,
13:35depuis, allez, au moins 50 ans ?
13:39Alors, d'abord,
13:40je pense qu'il ne faut pas dire
13:41qu'on n'a rien fait, si vous voulez.
13:43Ah non, je ne dis pas ça.
13:44Le constat, il est quand même
13:46un peu plus complexe
13:47dès qu'on regarde dans le détail.
13:50Je rappelle, 1973,
13:52c'était la première conférence
13:53sur l'environnement à Stockholm.
13:55C'était déjà les Nations Unies
13:56qui faisaient l'alerte.
13:58Et depuis, sur le climat,
13:59il y a eu effectivement
14:00l'alerte du GIEC,
14:01depuis 1990.
14:02pour la partie que je connais
14:05de moins mal,
14:05qui est le changement climatique
14:07et la diversité biologique,
14:09je pense que, en réalité,
14:12la transformation qu'il faut faire,
14:15elle est double
14:15et elle est traumatisante.
14:17Elle est traumatisante
14:18parce qu'elle va nous faire
14:19complètement sortir du cadre
14:21dans lequel on opère aujourd'hui.
14:23Il y a une première transformation
14:25qui consiste à nous libérer
14:27de notre addiction
14:28aux énergies fossiles.
14:31Ça représente 70%
14:33des émissions mondiales
14:35de gaz et de feu de serre.
14:36On n'a aucune chance
14:37de stabiliser le réchauffement climatique
14:39tant qu'on est dépendant
14:41de cette énergie fossile
14:42qui produit aujourd'hui
14:44à peu près 80%
14:48de l'énergie utilisée
14:50dans le monde.
14:51Donc ça, c'est une première transformation.
14:53Elle est énorme.
14:55Et elle consiste en deux mots
14:56à passer d'une logique
14:57de l'addition
14:58dans laquelle on ajoute
15:00de nouvelles sources
15:01d'énergie fossile
15:02à cette déjà existante
15:03à une logique
15:04de la soustraction.
15:06C'est-à-dire qu'il faut retirer
15:07des énergies fossiles
15:08du système énergétique.
15:10Or, notre société
15:12et nos modèles économiques
15:14sont beaucoup plus à l'aise
15:16avec les logiques
15:17de l'addition
15:18qu'avec les logiques
15:19de la soustraction.
15:21Ça, c'est la première transformation.
15:23Il y a une deuxième transformation
15:24qui ne concerne plus
15:25le carbone fossile,
15:27mais le carbone vivant.
15:30Cette transformation,
15:31elle est peut-être
15:32encore plus complexe
15:34que celle
15:34de la sortie
15:36de l'énergie fossile.
15:37Il s'agit là non plus
15:38de créer de la rareté
15:40sur trois produits,
15:41le charbon,
15:41le pétrole et le gaz.
15:42Il s'agit de réintroduire
15:44de la diversité,
15:45mais de la diversité du vivant
15:46pour pouvoir d'abord freiner
15:51puis ensuite reconstituer
15:53cette incroyable richesse
15:57qui est la diversité
15:59des êtres vivants,
16:00végétaux, animaux et autres,
16:01et leur interdépendance
16:03sans lesquelles
16:03l'habitabilité de notre planète
16:06n'est plus là.
16:07Donc, on a cette double transformation.
16:10Cette double transformation,
16:12elle est effectivement
16:13traumatisante
16:15parce qu'elle consiste
16:16à complètement sortir
16:17des schémas
16:18dans lesquels
16:18nous sommes quelque part
16:20emprisonnés.
16:21Avec ces chiffres
16:22qui sont effectivement
16:23assez...
16:25qui nous alertent.
16:26Si des mesures
16:26ne sont pas prises immédiatement
16:27contre le changement climatique,
16:28l'économie mondiale
16:29pourrait subir une perte
16:30de 50% de son PIB.
16:32Alors, on voit très loin.
16:33On dit 2070, 2090.
16:35C'est tellement loin
16:36que souvent,
16:36ça nous permet collectivement
16:38de repousser
16:40des décisions difficiles.
16:42Comment...
16:42Est-ce que c'est un nouveau capitalisme
16:44qu'on doit réinventer ?
16:46Est-ce que c'est les dérives
16:47d'une forme
16:49d'ultralibéralisme
16:50dont il faut se débarrasser ?
16:52Qu'est-ce que vous en dites
16:53Alexia Germont ?
16:54Oui, moi, je pense
16:54que c'est un nouveau capitalisme,
16:56un capitalisme pragmatique aussi.
17:01Vous voyez,
17:01en écoutant
17:03M. de Pertuis aussi,
17:04ce que je me disais,
17:05c'est que peut-être
17:06un des sujets
17:07que l'on a,
17:08c'est qu'on n'a pas
17:09pour rendre ce collectif,
17:11justement,
17:11en fait,
17:13il y a eu beaucoup aussi
17:14d'idéologies au départ
17:15qui ont été mises.
17:16Or, il me semble
17:17que la meilleure façon
17:18d'embarquer tout le monde,
17:19c'est justement
17:20par le pragmatisme.
17:21Vous disiez, Thomas,
17:232070.
17:252070,
17:26rares,
17:27sont ceux d'entre nous
17:29qui ont suffisamment
17:30d'empathie pour les autres
17:32pour se dire,
17:32en fait,
17:33je vais me priver, moi,
17:35pour quelque chose
17:35qui est pour 2070.
17:37alors qu'on peut
17:39très bien s'appuyer
17:40dès aujourd'hui
17:41sur des choses
17:42qui nous parlent
17:43à tous.
17:44On parlait de partie prenante
17:45tout à l'heure.
17:46On est tous partie prenante.
17:48Vous êtes partie prenante
17:49en tant que salarié
17:50dans une entreprise,
17:52en tant qu'investisseur
17:54dans une entreprise,
17:55en tant que fournisseur
17:58dans une entreprise,
18:00en tant que banque,
18:01également,
18:01de quelle façon
18:02vous souhaitez
18:03accompagner le mouvement
18:04de financement
18:05des entreprises.
18:06En tant que client ?
18:07En tant que client.
18:07Le pouvoir de la carte bancaire ?
18:08Et justement,
18:09ça, c'est très important.
18:10Des consommateurs
18:11passés au consom-acteur
18:13qui est quelque chose
18:14qu'on a maintes fois entendu.
18:16Mais le meilleur,
18:17finalement,
18:18la meilleure des transformations,
18:20c'est quand elle vient
18:20de la demande elle-même.
18:23Et on voit bien
18:23qu'aujourd'hui,
18:24quand on discute,
18:26ne serait-ce qu'avec
18:26toutes les entreprises
18:27que vous recevez,
18:29vous voyez bien
18:29que les jeunes
18:30ou les moins jeunes
18:31mais qui se lancent
18:32dans un projet entrepreneurial
18:33aujourd'hui,
18:33ils se projettent
18:36dans quelque chose
18:37qui est environnemental
18:40by design,
18:41comme on dirait,
18:42pour faire une analogie
18:44avec ce qu'on a vécu
18:45avec les données
18:46et avec la protection
18:49des données.
18:50Donc, en fait,
18:51les nouvelles entreprises
18:52qui se lancent
18:53de façon très courageuse
18:54dans le système actuel
18:55ne peuvent pas penser
18:57comme leurs aînés pensaient.
19:00Donc, on sait très bien
19:01qu'aujourd'hui,
19:02la demande est différente.
19:03Donc, pour avoir
19:04un débouché,
19:05il faut se mettre
19:07au diapason.
19:08La difficulté étant,
19:10pour les entreprises
19:11qui fonctionnent,
19:12voire qui fonctionnent
19:12très bien aujourd'hui,
19:13moi, je le vois
19:14en tant qu'avocat
19:15dans les entreprises
19:17que j'accompagne,
19:19ce qui est plus compliqué,
19:20c'est soit
19:20sur des thématiques
19:21réelles,
19:24alors,
19:24ce n'est pas forcément
19:24d'ailleurs l'industrie
19:26qui est...
19:27Ça peut être la finance aussi,
19:28la finance qui a fait sa mue,
19:30mais est-ce une vraie mue
19:32vers la finance durable ?
19:34Mais je vous interromps
19:35parce que ça pose
19:36aussi la question
19:37des réglementations
19:39et de l'ambition européenne.
19:40Est-ce que...
19:41Parce que là,
19:41on voit quand même
19:42soit un coup de frein,
19:44soit un recul
19:44sur...
19:46Que ce soit
19:47la CES,
19:48la 3D
19:48sur la compliance,
19:50que ce soit
19:51la réglementation
19:53sur la déforestation,
19:55on peut prendre
19:55le Green Deal.
19:56Enfin,
19:56je ne vais pas citer
19:57tous les exemples,
20:00mais est-ce que
20:01l'ambition européenne,
20:03d'après vous,
20:03elle est en train
20:04de régresser aujourd'hui ?
20:07En tout cas,
20:08elle a marqué le pas.
20:09Alors,
20:10si c'est marqué le pas
20:11pour une meilleure
20:12acceptabilité,
20:14pour reprendre son souffle,
20:16pour passer la colline
20:16d'après,
20:18à ce moment-là,
20:19ça ira.
20:20Mais on a besoin
20:21de cadres,
20:21ça c'est clair,
20:22de cadres
20:23à la fois qui donnent
20:24une vision.
20:252070,
20:26c'est quand même
20:26très loin.
20:27Quand on parle
20:27d'une vision,
20:28on est en 2025,
20:29une vision à 2035
20:31ou 2040,
20:33je pense que c'est déjà
20:33plus préhensible.
20:35Après,
20:36il ne faut pas
20:37se tirer une balle
20:38dans le pied,
20:38c'est ça qui est compliqué
20:39en fait.
20:40Parce qu'en fait,
20:41si les autres
20:41ne font pas
20:42ce que nous faisons,
20:43nous,
20:43avec le cadre juridique
20:45qui va avec,
20:46c'est là où
20:47l'acceptabilité
20:48est beaucoup plus difficile.
20:49Mais en revanche,
20:51les clients,
20:52eux,
20:52sont toujours là.
20:53Et une fois que
20:53vous les avez habitués
20:54à quelque chose
20:56dans une démarche
20:57de transition
20:57qui donne déjà
20:59des repères
21:00où on voit
21:00que la société,
21:02en l'occurrence,
21:03va vers une démarche
21:05de durabilité
21:06sincère.
21:07Parce que les clients
21:08savent aussi
21:09faire la différence.
21:10Ce n'est pas parce que
21:11après,
21:12les directives
21:14ou la réglementation
21:15va venir marquer le pas
21:17que c'est acceptable
21:18pour des clients
21:19que les sociétés
21:21se désengagent.
21:22donc une fois
21:22que vous avez
21:23en tant qu'entrepreneur
21:24lancé la démarche,
21:26il faut s'y tenir.
21:27En fait,
21:27il faut faire
21:28plutôt moins
21:29mais véritablement
21:31qu'annoncer
21:32de grandes objectifs
21:33sur lesquels
21:34on ne sera pas
21:34au rendez-vous
21:35du point de l'entreprise.
21:37Un mot,
21:37Christian de Pertuis,
21:38là je parlais
21:39de l'Europe
21:39mais si on compare
21:41ce que fait l'Europe
21:41aujourd'hui
21:42et ce que fait la Chine
21:43ou ce que la Chine
21:44a fait depuis
21:45plusieurs années
21:46en matière
21:47de transition
21:48environnementale,
21:49peut-être que c'est
21:50du côté chinois
21:50qu'il faut voir
21:51les accélérations
21:53les plus fortes ?
21:57Si on prend
21:57le système énergétique
21:59et la bascule
21:59du système
22:01d'énergie
22:02basé sur les stocks,
22:03un stock fossile
22:04vers l'énergie
22:05de flux éolien et solaire
22:06c'est évident
22:07que la Chine
22:08a pris une longueur d'avance
22:09parce qu'elle est
22:11devenue
22:12en gros
22:13le centre mondial
22:14de production
22:15des biens d'équipement
22:15et des infrastructures
22:16de tout ce qui est
22:19l'énergie solaire
22:20et de ce qui est
22:21bientôt aussi
22:23la filière
22:24stockage
22:25et l'hydrogène.
22:28Pour autant
22:29la Chine
22:30n'a pas encore passé
22:31son pic d'émissions
22:32elle est probablement
22:32en train de le faire
22:33on n'est pas sûr
22:34mais je voudrais revenir
22:35à votre question
22:36antérieure
22:36une minute
22:38seulement
22:39est-ce que le capitalisme
22:41peut se réformer
22:41spontanément ?
22:42La réponse est non
22:43le capitalisme
22:44a besoin
22:45effectivement
22:45qu'il y ait
22:46des incitations
22:47très fortes
22:47il y a des incitations
22:48réglementaires
22:49mais il faut aussi
22:50des incitations
22:51économiques
22:51et l'incitation
22:53économique
22:54la plus puissante
22:55pour basculer
22:55c'est de tarifer
22:56le carbone
22:57c'est de faire
22:58payer le coût
22:59climatique
23:00des émissions
23:02de CO2
23:03d'origine énergétique
23:04c'est ça qui va faire
23:05accélérer la chose
23:06et tant qu'on n'a pas
23:09trouvé des modèles
23:10économiques basés
23:11sur de nouvelles valeurs
23:13qui sont la valeur
23:13de protection
23:14de l'atmosphère
23:16pour le climat
23:17du vivant
23:18pour la biodiversité
23:19on ne sera pas
23:21dans les temps
23:22et quand vous dites
23:232070
23:25ou 2050
23:26c'est au-delà
23:27de l'horizon
23:29habituel
23:30de la stratégie
23:31d'une entreprise
23:31c'est vrai
23:32mais le GIEC
23:34nous rappelle
23:34depuis maintenant
23:3530 ans
23:36et un peu plus
23:36même que
23:37l'urgence climatique
23:38c'est bien que
23:39les décisions
23:40que nous faisons
23:41que nous prenons
23:42aujourd'hui
23:43font les climats
23:44que connaîtront
23:45nos enfants
23:46et petits-enfants
23:47après 2050
23:48parce qu'on n'a pas
23:50le choix
23:50Merci beaucoup
23:51Christian Depertus
23:52je rappelle le titre
23:53de votre livre
23:53Carbone fossile
23:54Carbone vivant
23:55vers une économie du climat
23:56c'est aux éditions
23:57Gallimard
23:58merci Alexia Germont
24:00et à bientôt
24:00sur Be Smart for Change
24:01c'est l'heure
24:02de notre rubrique
24:02start-up
24:03Smart Ideas
24:10avec Maureen Descombes
24:11bonjour
24:12bonjour
24:12bienvenue
24:13vous êtes la fondatrice
24:13d'Adapt & Joy
24:14vous l'avez créé
24:15l'an dernier
24:15votre associé
24:17s'appelle
24:17Annaëlle Vinarzik
24:18c'était quoi le déclic
24:20l'idée de départ ?
24:21alors l'idée de départ
24:22elle est venue
24:22de ma cousine
24:23qui est en situation
24:24de polyhandicap
24:25et ma tante
24:26avait toujours
24:26beaucoup de problèmes
24:27pour l'habiller
24:28lui trouver des vêtements
24:29adaptés
24:30donc en fait
24:30on a commencé
24:31à penser
24:31à adapter ses vêtements
24:33donc les vêtements
24:33qui sont dans sa garde-robe
24:35d'accord
24:35donc c'est une offre
24:37de couture sur mesure
24:39d'adaptation des vêtements
24:40c'est ça ?
24:40c'est ça oui
24:40alors du coup
24:41on offre un service
24:42d'adaptation sur mesure
24:44par rapport
24:45on va vraiment s'adapter
24:47aux besoins spécifiques
24:48des personnes
24:49en situation de handicap
24:50et en perte d'autonomie
24:51ça veut dire que
24:52fermer une chemise
24:54enfiler un pantalon
24:55ça peut devenir un geste
24:57pour nous
24:57c'est un geste du quotidien
24:58extrêmement compliqué
24:59ça peut devenir très compliqué
25:00oui
25:01ça peut devenir très compliqué
25:02en fonction des maladies
25:04des accidents de la vie
25:05ou de la vieillesse
25:06tout simplement
25:07donc comme vous le disiez
25:08fermer votre chemise
25:10les petits boutons
25:11ça demande une préhension
25:12qui est quand même
25:12une motricité
25:13qui est très fine
25:14et on va pouvoir
25:15remplacer par exemple
25:16ces boutons
25:17par des adaptations aimantées
25:18oui
25:18et donc ça veut dire
25:20que l'industrie du vêtement
25:23ne tient pas compte de ça
25:24alors que
25:25vous dites
25:26des personnes âgées
25:27le troisième
25:28le quatrième âge
25:30c'est des millions
25:30et des millions de personnes
25:31oui
25:32alors il existe
25:33des collections
25:34de vêtements adaptés
25:35mais le choix
25:36est très restreint
25:37et du coup
25:38notre mission
25:39c'est vraiment
25:39de rendre la mode accessible
25:40que tout le monde
25:41puisse s'habiller
25:42comme il en a envie
25:43et de faire les choix
25:44comme tout le monde
25:45le matin
25:46ça veut dire
25:46que ce sont des vêtements
25:48quasi sur mesure
25:48que vous faites à chaque fois
25:49c'est ça ?
25:50on va vraiment
25:51les personnes vont nous envoyer
25:52en fait
25:53leurs vêtements
25:54à adapter
25:54et nous
25:56on va pouvoir adapter
25:57ces vêtements là
25:58les vêtements qu'ils ont choisis
25:59en magasin
26:00sur internet
26:01ou des vêtements
26:01qu'ils avaient déjà
26:02dans leur garde-robe
26:03et ils avaient perdu l'espoir
26:04de pouvoir les remettre un jour
26:05mais ils vous disent quoi ?
26:06ils vous disent
26:07tenez voilà
26:07telle chemise
26:09tel pantalon
26:09telle veste
26:10etc
26:10voilà mon handicap
26:11voilà le geste
26:13que j'ai du mal à
26:13vous voyez ce que je veux dire ?
26:15on travaille vraiment
26:16sur les gestes difficiles
26:17si c'est boutonné
26:19le geste difficile
26:20on va avoir des adaptations
26:21si c'est tiré
26:23le geste difficile
26:23on va avoir des solutions
26:24etc
26:25donc en fait
26:25on essaye vraiment
26:26de trouver des solutions
26:27pour faciliter ce geste d'habillage
26:29alors vous en êtes où
26:30du développement
26:31d'Adapt & Joy
26:32c'est un atelier
26:34où est-ce que vous êtes basé
26:37tiens d'ailleurs ?
26:37alors nous
26:38on est basé à Lyon
26:39on travaille par correspondance
26:40dans toute la France
26:41on a un bureau
26:44et atelier
26:47où on fait des prototypes
26:48et sinon
26:49on va travailler
26:49avec des couturières
26:51en externe
26:52pour faire les retouches
26:54voilà
26:55on leur apprend
26:55à faire les retouches
26:56selon notre cahier des charges
26:58et ensuite
26:58on passe par eux
26:59c'est quoi le modèle économique
27:01d'Adapt & Joy ?
27:02alors on fait à la fois
27:03du coup
27:04des adaptations vestimentaires
27:05donc là
27:05ce sont les personnes
27:06qui payent leurs adaptations
27:07et on fait aussi
27:09de la sensibilisation
27:10et de la formation
27:11au sein des instituts
27:13au sein des centres spécialisés
27:14pour refaire naître
27:16ce besoin-là
27:18qui est souvent oublié
27:19ou passé de côté
27:19puisque plus d'espoir
27:21de pouvoir s'habiller
27:22comme on le souhaite
27:24oui l'idée c'est de pouvoir
27:25aussi bien s'habiller
27:27c'est-à-dire que
27:27c'est de la mode
27:29c'est mettre des vêtements
27:31dont on est fier
27:31qu'on a envie de porter
27:33c'est une question de dignité
27:35c'est tous les matins
27:37on a plaisir
27:38à choisir le vêtement
27:40que l'on va vouloir porter
27:41c'est un droit
27:43pour tout le monde
27:44tout le monde
27:44à ce droit au look
27:45en fait finalement
27:46c'est un bon slogan
27:47ça le droit
27:48le droit au look
27:49et ça concerne
27:50combien de millions
27:51de personnes en France
27:52finalement ?
27:52alors on va parler
27:53donc il y a des millions
27:54de personnes
27:55qui sont en situation
27:56de handicap
27:56il y a des millions
27:57de personnes
27:57qui sont dans ces situations
27:58de perte d'autonomie
27:59nous on cible plutôt
28:01des milliers de personnes
28:03donc on est autour
28:03de 70 000 personnes
28:05pour un premier essai
28:07des personnes
28:08qui sont vraiment touchées
28:09par ces difficultés
28:09là au quotidien
28:10merci beaucoup
28:11Maureen Descombes
28:12bon vent à votre marque
28:13Adapte & Joy
28:14voilà c'est la fin
28:15de ce Smart Impact
28:16je voudrais remercier
28:17Alexis Mathieu
28:18Marie Billat
28:19Juliette Miliérina
28:20à la programmation
28:21et à la production
28:21le réalisateur
28:23Angel Jandira
28:24aujourd'hui
28:25et Saïd Mamou
28:26l'ingénieur du son
28:26salut
28:27merci