Aujourd'hui, dans « Les 4V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen et candidat au poste de premier secrétaire du Parti socialiste.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00Bonjour M. le maire, qui espère qu'on l'appellera M. le Premier Secrétaire dans quelques jours.
00:06On verra ça, en tout cas on va revenir sur cette élection interne au Parti Socialiste.
00:09Mais d'abord peut-être une réaction à l'un des sujets qu'on a évoqué dans le journal,
00:12c'est le vote hier des députés sur la suppression des zones à faible émission.
00:15Il se trouve que vous, en tant que maire de Rouen, vous en avez eu, sauf erreur, de zones à faible émission.
00:20Comment vous accueillez ce vote ? Est-ce que vous le regrettez ?
00:24Je pense qu'il ne faut pas faire l'autruche sur le sujet principal, qui est d'abord la qualité de l'air.
00:28Alors, est-ce que la loi ZF est bien fichue ? Non.
00:32Vous l'avez dit, moi je suis maire à Rouen, il y a une ZF qui a été imposée parce qu'il y avait des questions de qualité de l'air.
00:37Vous savez, les problèmes de qualité de l'air derrière, c'est des centaines et même des milliers de morts par an.
00:42C'est des affections respiratoires chroniques, c'est un coût social très important.
00:47Le problème, c'est que la loi a été très mal faite parce qu'elle a créé des énormes contraintes,
00:51contraintes sociales sur les personnes qui ont des voitures anciennes, pour le dire rapidement.
00:54C'est extrêmement humiliant aussi, sans prévoir des mesures incitatives de compensation.
01:00Vous saviez tout ça quand vous avez, enfin pas vous, mais quand la loi a été votée, quand vous l'avez mis en place.
01:04Oui, enfin moi je ne l'ai pas voté.
01:05Je sais, c'est ce que je dis, pas vous, mais vous, vous l'avez mis en place dans votre mairie, vous auriez pu ne pas le faire.
01:10Ne pas voter la loi, ne pas mettre en place la loi.
01:12Non mais...
01:13Vous êtes en train de me demander, moi, merde, ne pas mettre en place la loi.
01:15Non, ça n'existe pas.
01:17Il y a plein de villes qui ne l'ont pas encore fait.
01:18Non, non, non, attendez, excusez-moi, là il y a une erreur.
01:21La loi prévoyait des mesures différentes selon la qualité de l'air différente des territoires.
01:25Et donc vous avez une dizaine de grandes villes au départ, puis là il y en a eu un peu plus,
01:28qui étaient directement concernées pour des questions de qualité de l'air.
01:31Donc évidemment que comme maire, je me dois d'appliquer la loi.
01:34Simplement, là où il y a un problème, c'est que la loi ne prévoyait pas suffisamment, par exemple,
01:38de moyens pour changer sa voiture, de moyens pour mettre en place des transports en commun,
01:43de moyens pour mettre en place du covoiturage, vous voyez ce que je veux dire.
01:45Et c'est là où ça ne va pas.
01:46Est-ce que cette affaire n'en dit pas long tout de même sur la rupture entre la gauche,
01:50qui a largement soutenu cette loi, et les classes populaires qui se sont senties, vous l'avez dit,
01:55exclues, voire humiliées par cette affaire de ZFE ?
01:58Non, je ne peux pas être d'accord avec vous.
02:00Quand la loi a été votée, elle a été votée par la majorité macroniste.
02:04Elle n'a pas à l'époque, c'était il y a quelques années, il y a trois ans, de mémoire, quatre ans.
02:08Elle a été votée par la majorité macroniste.
02:11L'opposition de gauche s'est opposée à cette loi pour cette raison-là.
02:14Il faut aussi, si on est précis, dire que c'est la transposition d'une réglementation européenne.
02:20Et moi, j'essaye d'être honnête, il y a de vrais enjeux de qualité de l'air.
02:23Donc ça ne sert à rien de faire l'autruche en disant, on va supprimer la loi,
02:26vous pouvez supprimer le thermomètre, il y a quand même la fièvre,
02:28vous pouvez supprimer la loi, il y a quand même des problèmes de qualité de l'air.
02:31Ce que je dis, c'est qu'il faut des mesures pour les gens,
02:35et en particulier les gens qui ont des voitures anciennes, qui n'ont rien demandé,
02:38et qui ont dit tout d'un coup, vous ne pouvez plus rentrer dans le centre-ville
02:40parce que votre voiture est ancienne.
02:41Ça, c'est injuste. Et le problème de cette loi, telle qu'elle a été conçue par le gouvernement,
02:46c'est qu'elle est injuste.
02:47Alors, la compétition interne au PS, vous êtes arrivé en deuxième position,
02:5140% à peu près, Olivier Faure, lui, est à 42%.
02:55Ça ne va se jouer à rien au second tour, cette affaire, à quelques centaines de voix peut-être ?
02:59Ah oui, ça ne se joue à rien du tout, tout est absolument possible,
03:02nous, on est très satisfaits du score, parce que normalement,
03:04et c'est logique, une direction sortante, normalement majoritaire,
03:08ou en tout cas, bon, là, on voit que ça se joue à touche-touche,
03:10comme vous venez de le dire, donc tout est possible.
03:13En fait, la question, elle est assez simple, il faut être honnête,
03:15il y a de moins en moins de militants.
03:17Le PS, c'est ce qui va bien ?
03:19Franchement, il y a de moins en moins de militants.
03:21Si vous allez dans la rue, à Rouen ou ailleurs,
03:23et que vous posez la question aux gens, qu'est-ce que pense le Parti Socialiste,
03:27on peut faire beaucoup mieux.
03:27Moi, j'appelle à une direction collégiale, avec les amis de Boris Vallaud,
03:31avec toutes celles et ceux, parce que Boris l'a dit, nous, nous le disons,
03:34il faut remettre ce parti au travail, on a besoin de plus de milieux.
03:36Vous avez vu Boris Vallaud hier, vous lui avez parlé ou pas ?
03:38Oui, bien sûr, bien sûr.
03:38Alors, continuez, vous avez échangé sur quoi ?
03:40Est-ce que vous l'avez convaincu, est-ce qu'il va vous rejoindre ?
03:41Non, ça, c'est à lui de dire, je pense que le point important sur lequel...
03:44Vous le sentez comment ?
03:46Le point important sur lequel on se rejoint, je crois,
03:49c'est qu'on ne se satisfait pas de l'état du Parti Socialiste aujourd'hui.
03:52On veut un parti qui travaille beaucoup plus sur le fond, sur les idées.
03:56Vous savez, moi, je me suis engagé dans la vie publique pour cette raison-là.
03:59Qu'est-ce que pense le Parti Socialiste ?
04:00Que les militants soient plus associés, respectés, écoutés.
04:03Mais on a l'impression que vous n'êtes pas très optimiste sur un éventuel ralliement,
04:06contrairement à Olivier Faure, dans Le Parisien ce matin...
04:08Je suis très optimiste, mais ce n'est pas une question de ralliement.
04:11Je ne crois pas du tout que l'attitude...
04:12Non, pas de ralliement, mais regardez ce que dit Olivier Faure,
04:14qui est votre concurrent, évidemment.
04:16Nous avons le même horaire, il parle de Boris Vallaud.
04:18Sur la perspective d'une censure, c'est ce qui me distingue de Nicolas Maillard-Rossignol,
04:21qui est prisonnier de certains de ses soutiens de poids.
04:24Vous lui répondez quoi ?
04:25Je ne veux pas rentrer dans les polémiques.
04:27Pendant longtemps, il pourrait se poser la question encore aujourd'hui,
04:31Olivier était un peu prisonnier de Jean-Luc Mélenchon.
04:33Bon, donc, ne cherchons pas les polémiques de ce style-là.
04:36Je crois que ce n'est pas vraiment la bonne approche.
04:40Il vous a dit qu'il allait se prononcer, Boris Vallaud, ou pas ?
04:42Il s'est, je crois, déjà, comment dire, rassemblé avec ses amis.
04:48Et je crois que ce qu'il a dit dans le premier tour est très important.
04:53Il faut rénover ce parti.
04:55Ce parti, aujourd'hui, est devenu très rétréci.
04:58La grande différence, sans doute, entre les deux lignes qui maintenant s'opposent,
05:02c'est celle-là.
05:03Est-ce qu'on veut un parti qui reste, en réalité, tout petit ?
05:06On n'a jamais eu aussi peu de militants dont la ligne n'est pas jugée claire aux yeux des Français ?
05:10Ou est-ce que l'on veut un grand parti avec l'union de la gauche ?
05:13Évidemment, on est tous pour l'union de la gauche, mais avec un parti qui s'affirme sur le fond.
05:17Pas du tout la même union de la gauche, c'est ça le problème.
05:19Et c'est là-dessus peut-être que la différence se joue.
05:21Même si vous avez raison, les Français, ils ont du mal à avoir la différence.
05:25D'ailleurs, toujours cette interview ce matin d'Olivier Faure, il dit
05:27le tout sauf fort, ça ne fait pas un projet.
05:29C'est ça votre ligne, le tout sauf fort, point final ?
05:31Non, pas du tout. Je viens de vous le dire, moi j'appelle à une direction collégiale
05:34avec toutes celles et ceux et Olivier Faure.
05:35Mais aussi, il appelle au rassemblement, dans l'interview ce matin, il dit…
05:39Je n'ai pas entendu de direction collégiale dans l'interview d'Olivier Faure.
05:43Il dit que les Français de Boris Vallaud auront leur place de l'organigramme, etc.
05:46Ça, c'est des habitudes politiques.
05:48Peut-être, mais je veux être précis.
05:50Olivier Faure et la direction sont en place depuis sept ans.
05:53Est-ce que le parti est au travail ? Est-ce que sa ligne est claire ?
05:56Est-ce qu'on a plus ou moins de militants ?
05:58On a moins de militants.
05:59Moi, je suis inquiet pour ma famille politique.
06:01Et ce qu'a dit Boris, c'est qu'il faut qu'on forme des militants.
06:03Il faut qu'on ait plus de militants.
06:04Il faut qu'on travaille sur le fond.
06:06Et moi, c'est ce que je veux faire.
06:07Et je pense que beaucoup, beaucoup de militants et de sympathisants attendent cela.
06:11Il n'y a pas de réponse d'Olivier Faure sur un éventuel débat.
06:13Vous l'appelez à ce débat ou pas ?
06:15Mais bien sûr.
06:16Là encore, si on veut un parti socialiste qui s'affirme,
06:18dont les Français comprennent ce qu'il a à dire, il faut un débat.
06:22Je dois dire, je ne comprends pas ce refus de débattre.
06:26On veut s'affirmer ou on veut au contraire se cacher ?
06:28Moi, je veux un parti socialiste qui soit fier, qui puisse débattre avec des sensibilités,
06:32qui intellectuellement turbine et qui ne soit pas dans le louvoiement ou l'effacement.
06:39Au contraire, il ne faut pas avoir peur de nous-mêmes.
06:41Je pense que, vous voyez, sur cette histoire de débat, on a un test très clair.
06:45Moi, je souhaite qu'on ait un débat.
06:47N'ayons pas peur du débat.
06:48En plus, ce sera un débat apaisé, puisqu'on a évidemment plein de convergences.
06:51Pour éclairer les Français sur vos divergences, par rapport au gouvernement,
06:54vous êtes dans quel état d'esprit ?
06:55Est-ce que sur le budget, par exemple, vous êtes favorable à la censure ?
06:58Dans l'état actuel des choses, même si on ne connaît pas encore bien les pistes.
07:01Mais bon, il y a des ballons-sondes qui sont envoyés ici et là.
07:04On est sur la même ligne.
07:06L'opposition, nous ne sommes pas au gouvernement.
07:08On a été démarché, pour dire les choses clairement.
07:11Mais nous ne sommes pas rentrés au gouvernement, nous sommes dans l'opposition.
07:15Mais je le dis, l'opposition doit aussi proposer, on revient sur le même débat,
07:19un parti de responsabilité doit être capable de s'opposer et de proposer.
07:25Et ce qui caractérise, malheureusement, les mesures ou les annonces de ce gouvernement,
07:29c'est quoi ? C'est de l'injustice.
07:31Ce que me disent les gens à Rouen, vous parliez de la ZFE tout à l'heure,
07:34c'est qu'on a toujours l'impression que c'est toujours sur les mêmes que ça tombe.
07:37Les impôts, la fiscalité, regardez la TVA sociale.
07:40On va encore demander à celles et ceux qui ont les revenus les plus modestes
07:44de contribuer le plus.
07:45Et fort pour tous les Français, a dit le Premier ministre.
07:47Tous les Français, on pourrait peut-être commencer par ceux qui ont les plus hauts patrimoines,
07:51ceux qui y vont bien, ceux qui ont les plus hauts revenus.
07:54Juste un mot pour conclure.
07:56Le mot, c'est l'injustice ou la justice ?
07:58Nous, on demande plus de justice.
07:59Il vous a donné une échéance, Boris Vallaud ou pas ?
08:01Il vous a dit qu'il y aura une réponse d'ici ce week-end ?
08:02Il y a un vote le 5 juin.
08:05Moi, je pense qu'il faut qu'il se prononce vite.
08:08Mais encore une fois, il ne faut pas d'oukaz.
08:10Ce que j'appelle, moi, c'est une direction collégiale, où chacun a ses responsabilités
08:15et permet de rénover ce parti.
08:17Est-ce qu'on veut un statu quo ou est-ce qu'on veut rénover ce parti ?
08:20Second tour, le 5 juin.
08:21Merci beaucoup, Nicolas Maillard.
08:21Merci à vous.