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Le management peut-il et doit-il repenser son rapport au vivant [Aurélien Acquier]
Xerfi Canal
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il y a 1 an
Xerfi Canal a reçu Aurélien Acquier, professeur, habilité à diriger des recherches à ESCP Business School, pour parler du management et de son rapport au vivant.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
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Bonjour Aurélien Ackier. Bonjour Jean-Philippe Denis. Aurélien Ackier,
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Anthropocène limite planétaire et nouvelles frontières des sciences de gestion. Nouvelles
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au pluriel, frontières au pluriel des sciences de gestion. C'est l'introduction du numéro spécial
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de la rue française de gestion, organisation et sciences de gestion à l'épreuve de l'Anthropocène
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que vous avez coordonné avec Julie Maillère. CREM, Université de Rennes, ICUB-CRG, École
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Polytechnique et Bertrand Vallure, Guillaume Lion Business School. Vous êtes professeur à l'ESCP
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Business School. Moi je suis à l'ESCP. C'est ça la recherche scientifique, c'est la coopération
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entre des institutions différentes. On voit l'importance des communs comme la revue
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française de gestion pour porter ce type de débat. Il y a un point de bascule que vous identifiez,
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c'est finalement le rapport du management au vivant. Et là, vous pointez un point,
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c'est la question du naturalisme. Expliquez-nous. La question du naturalisme interroge notre rapport
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au vivant, mais pas seulement du point de vue du management, c'est d'un point de vue plus
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culturel et social. Effectivement, dans cet article, on a essayé d'identifier plusieurs
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points de bascule théoriques qui sont à la fois des opportunités théoriques pour les sciences de
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gestion et aussi des sources de déstabilisation. Et le lien au vivant, c'en est un. Alors pourquoi ?
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Parce que nos sociétés se sont construites sur ce qu'on appelle le naturalisme. Ce n'est pas de
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nous, le terme vient plutôt de Descola, qui est un anthropologue de la nature et qui décrit la
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manière dont les sociétés envisagent le rapport au vivant. Il dit qu'il n'y a pas qu'une seule
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manière d'envisager le rapport au vivant. Et nos sociétés occidentales, elles ont un rapport au
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vivant qui est très particulier, qu'il appelle le naturalisme, et qui consiste à dire que la
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nature est extérieure à l'homme, elle est en quelque sorte inanimée, c'est-à-dire qu'elle
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est dépourvue de sensibilité, et c'est un objet qui, quelque part, est appropriable.
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Un objet à dominer, quelque part. C'est un rapport de domination avec la nature,
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entre l'homme et la nature.
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Et c'est effectivement très important de nos sociétés, c'est-à-dire qu'on voit que,
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notamment même dans la philosophie des lumières, par exemple, il y a cette vision…
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Descartes, se rendre maître et possesseur de la nature.
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Absolument, c'est ça. Il y a cette vision de se rendre maître et possesseur de la nature,
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qui décrit parfaitement ce que Descola dit lorsqu'il parle du naturalisme. Et donc,
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dans cette vision-là, on a un rapport parfaitement utilitariste qui s'est
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développé à la nature. Et alors, quand on y réfléchit, même sur les sujets de biodiversité,
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par exemple, comment est-ce qu'on parle des sujets de biodiversité et d'effondrement
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de la biodiversité pour sensibiliser le public à cette importance ? Eh bien,
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on parle des services écosystémiques. C'est quoi les services écosystémiques ? Et d'ailleurs,
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on essaye de les monétiser pour montrer quelle est la part de PIB représentée par les services
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gratuits donnés par les écosystèmes. Alors, ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas s'occuper de la
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biodiversité, bien sûr, mais ça montre bien cette approche naturaliste et le fait qu'on a
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un rapport très utilitariste à la nature et qu'on gère la nature comme un objet en quelque
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sorte inanimé. Alors, évidemment, cette vision de la nature comme objet extérieur inanimé,
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elle est en tension aujourd'hui. Alors, on le voit déjà, elle est en tension à l'intérieur de
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chacun de nous. Par exemple, le fait qu'un animal peut être un animal domestique, auquel là,
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dans ce cas-là, on va accorder en quelque sorte une sensibilité. Et souvent, les animaux
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domestiques font vraiment partie de la famille. Et de l'autre côté, on a un rapport totalement
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productiviste aux animaux d'élevage. Donc là, on voit déjà qu'il y a des craquellements qui se
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produisent. Je vous interromps derrière. D'ailleurs, vous l'ai cité, on retrouve toutes les nouvelles
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causes, le véganisme, la défense de la cause animale, les ADE même. Oui, L214, c'est un
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mouvement social aussi qui vise à questionner cette frontière qu'on établit entre le vivant
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humain et le vivant naturel. Tout à fait. Et du coup, aujourd'hui, on est dans une situation
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très paradoxale. Ce qu'on dit notamment dans l'article, c'est que l'anthropocène, c'est à
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la fois la crise et l'aboutissement du naturalisme. Alors, c'est la crise parce que c'est en mettant
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sous gestion la nature qu'on a déstabilisé à une échelle globale les dynamiques du système Terre.
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Donc, c'est une manifestation des crises produites quelque part par l'action humaine. En même temps,
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c'est aussi l'aboutissement du naturalisme. Parce que comment est-ce qu'on va gérer cette
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situation aujourd'hui ? Il y a un fort risque qu'on ait beaucoup de mal à remettre en cause le
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naturalisme. Est-ce qu'une part de la réponse, ce n'est pas finalement de rentrer dans une logique,
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j'évoquais l'idéologie d'une domination de la nature, dans une logique de respect,
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c'est-à-dire une forme d'amour de la nature ? Est-ce que ce n'est pas ça une part de la réponse ?
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Alors certainement, il est sûr que la question de l'amour de la nature, c'est un aspect très
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important aussi dans le fait de questionner notre rapport au vivant. Et donc ça, c'est aussi un
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élément clé pour amener les gens, même si on ne développe pas dans l'article la question de
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l'amour, mais en fait, amener les publics à se soucier de l'environnement, le ressort émotionnel
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qu'on a avec le vivant, c'est un élément absolument clé à mobiliser. Et effectivement,
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comme vous le dites, la question de trouver une sorte de naturalisme aménagé, de trouver une
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forme d'équilibre avec le vivant, ça paraît absolument clé. Mais il y a une question très
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profonde, je pense, c'est que pour la gestion, on est aussi devant un défi absolument colossal.
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La gestion, ça consiste à manipuler des objets. Et d'ailleurs même, il y a une critique de la
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gestion qui est faite sur l'humain lui-même, lorsque des gens vous disent « en fait, j'ai
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l'impression d'être un objet ». Est-ce qu'on peut penser la gestion tout en faisant sortir la nature
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du statut d'objet pour le penser comme sujet ? Alors là, on est devant un chantier colossal,
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dont on n'a pas les réponses, mais on pense qu'une partie de ce travail de refondation passe
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par le fait de poser ce type de questions. Merci à vous Aurélien Ackie.
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