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Les Vraies Voix avec

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##LE_COUP_DE_PROJECTEUR_DES_VRAIES_VOIX-2024-10-08##

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News
Transcription
00:00Les Vraies Voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:04Des violences commises dans un contexte de guerre pour le contrôle des points de deal
00:08du troisième arrondissement de Marseille entre le clan d'Idées Black et la DZMafia.
00:12Sa mission pour 2000 euros, incendier la porte d'un membre du gang adverse dans cette cité,
00:17mais il est vite repéré.
00:18Lui va être lardé de 50 couteaux et conduit à la cité Fontcolombe
00:24où selon les résultats de l'autopsie, il va être brûlé vif.
00:28Point échaudé par cet échec, le commanditaire veut se venger.
00:31Le mineur de 14 ans sort son 357 magnum qu'il avait à la ceinture
00:37et lui tire une balle mortelle à l'arrière du crâne.
00:41Ces gamins-là ne connaissent pas la vie.
00:43Et en fait, voler la vie de quelqu'un, ça ne représente rien pour eux.
00:48On progresse avec des jeunes de plus en plus violents et de plus en plus déterminés.
00:51Les patrines et d'enfants.
00:56Les règlements de comptes liés au trafic ont fait 42 morts en France
01:01sur ces six derniers mois de l'année.
01:03Dernière victime en date, vous l'avez entendu, à Marseille.
01:05Un ado de 15 ans et un chauffeur de VTC abattu par un jeune.
01:08Un autre jeune de 14 ans recruté sur les réseaux sociaux.
01:11Alors parlons vrai.
01:12Est-ce que ces criminels, puisque ce sont des criminels sans limite,
01:16est-on en train d'assister à une colombianisation de la France
01:19comme avec les cartels de la drogue à Medellin ou à Cali ?
01:22Il y a cette question.
01:23Faut-il une justice d'exception pour les narcotrafiquants,
01:26quel que soit leur âge ?
01:27Vous dites oui à 89%.
01:29Vous vivez dans un quartier où vous avez quitté un quartier
01:32qui est gangréné par le narcotrafic.
01:34Venez témoigner au 0826 300 300.
01:37Notre invité pour en parler, Jean-Christophe Couvé,
01:39secrétaire national du syndicat de police unité.
01:40Bonsoir. Merci d'avoir accepté notre invitation.
01:43Philippe Bilger.
01:45Je continue à dire que ce prurisque qui consiste à chaque fois
01:50à proposer des justices d'exception lorsqu'on est confronté à des criminalités
01:56dont la gravité augmente au fil des années est une mauvaise idée
02:00parce que ça permet à la justice en général de noyer ses imperfections
02:06dans une sorte de spécialisation délétère.
02:09Mais si ça veut dire que la délinquance des mineurs
02:13est de plus en plus précoce et de plus en plus violente,
02:16c'est une évidence.
02:18La loi 2021 est une catastrophe sur ce plan-là.
02:22Et je serais tout à fait partisan,
02:26si c'est le sens de votre question,
02:28d'aller non pas, comme le dit Michel Barnier,
02:32vers une atténuation de l'excuse de minorité,
02:35mais vers sa suppression si on réfléchit bien
02:39à ce qui pourrait permettre, en effet, de l'abolir
02:43pour des mineurs de 16 à 18, où elle est aléatoire.
02:47Et en tout cas, avant on le fait devant.
02:50– En clair, on le fait ou on le fait pas, c'est ça.
02:52Philippe, François.
02:53– En une seconde, moi j'ai été frappé,
02:55je ne pensais pas que ça arriverait en fait.
02:56Je me souviens d'un voyage il y a 15 ans à Sao Paulo
02:59où l'ambassadeur nous avait dit
03:00il faut que vous ne sortiez pas parce que,
03:02ou alors vous avez le portefeuille du voleur,
03:04c'est-à-dire que vous vous faites braquer au feu rouge
03:06et vous donnez un faux portefeuille
03:08dans lequel vous avez mis un peu de pièces de monnaie
03:09pour pas vous faire buter parce que les armes circulent
03:12et à 9 ans vous avez déjà des 357 madames,
03:14vous avez déjà des assassins.
03:16Et ce que m'avait dit Martha Spicci à l'époque,
03:18la maire de Sao Paulo, c'est qu'en réalité
03:20la répression en fait ne fonctionnait pas.
03:23Il fallait trouver d'autres moyens, notamment des encadrements,
03:27ne pas mettre tout de suite des mobs en prison
03:29parce que la prison ne fait qu'aggraver en réalité la dangerosité.
03:32Et donc je ne suis pas en train de vous dire
03:35qu'il faut passer par le social,
03:36mais je pense qu'il y a les deux volets.
03:37Donc la sévérité de la peine.
03:39Et il y a aussi quelque chose de plus intéressant
03:42sur comment on les encadre,
03:44comment on les incarcère, mais hors de la prison
03:47et comment on les réinsert.
03:48Loïc Guérin.
03:49En fait, en écoutant le résumé et les échanges à l'instance,
03:52je venais en paraphrasant la phrase de Zelinsky
03:54qui disait « I don't need a ride, I need ammo ».
03:58C'est la même chose.
03:58Je n'ai pas besoin d'un taxi, j'ai besoin de munitions.
04:00Là, on n'a pas besoin de réformes ou de textes supplémentaires.
04:03On en meurt déjà.
04:05On a besoin de moyens, tout simplement.
04:07Et les moyens, c'est toute la chaîne.
04:08Le préventif, le curatif, la sanction des policiers,
04:11des magistrats, des greffiers, que la chose fonctionne.
04:14Mais pour ça, il faut mettre des moyens et y mettre des moyens.
04:17Jean-Christophe Covid, on vous entend assez régulièrement,
04:20en tout cas le syndicat Unité, dire
04:23quand un jeune fait une bêtise,
04:26en fait, finalement, la justice fait son travail un an après
04:30et pas immédiatement.
04:31Est-ce que si, effectivement, la réponse était immédiate,
04:34ça pourrait éventuellement changer quelque chose ?
04:37Alors moi, je m'appuie sur le rapport aussi de Maurice Berger,
04:40qui est pédopsychiatre et qui n'arrête pas de le dire, d'ailleurs,
04:42qui crie tout ce qu'il peut pour dire
04:43« la sanction doit être concomitante à l'action ».
04:48C'est comme dans une famille,
04:49quand vous avez vos enfants qui font une bêtise,
04:51est-ce que vous allez le punir dans six mois
04:52pour la faute qu'il a faite aujourd'hui ?
04:54Non.
04:55Donc, en fait, il faut par contre le prévenir à l'avance.
04:57C'est le contrat, entre guillemets, qu'on a tous dans nos familles.
05:00Dire voilà, si tu fais cette bêtise-là,
05:01attention, derrière, tu auras une sanction.
05:03Mais ce n'est pas la peine de compter jusqu'à trois.
05:04Moi, je vois des parents qui comptent jusqu'à trois.
05:06Ils n'y arrivent jamais, d'ailleurs,
05:07parce que soit le gamin a fait une rigolade ou alors une crise,
05:10et puis les parents ont des armes.
05:11Nous, ce qu'on voit aujourd'hui, et ça nous fend le cœur,
05:13parce que des gamins de 14 ans,
05:1514 ans, c'est l'âge, vous savez, où vous jouez encore au Big Jim,
05:17enfin, vous regardez un peu les dessins animés,
05:20et en même temps, vous rentrez un peu dans l'âge adulte,
05:21vous êtes un peu déniésés.
05:23Et là, aujourd'hui, on voit que c'est des gamins
05:24qui ont déjà des armes, des armes létales,
05:26qui connaissent les codes des quartiers, des cités.
05:29Et les parents, les premiers, des fois, nous écrivent,
05:31nous appellent dans les commissariats pour nous dire
05:33« Mon gamin, il est en train de m'échapper.
05:34Je ne peux plus rien en faire. »
05:36Parce que le réseau, c'est une pieuvre,
05:38a pris la main sur le gamin.
05:39C'est une nouvelle famille, une famille de substitution.
05:42Et les parents, j'allais dire biologiques,
05:43ne peuvent plus rien faire.
05:45Donc ça, pour partie, c'est vrai, on le voit.
05:47Et aujourd'hui, dans la tête de ces gosses,
05:49ils savent pertinemment qu'ils vivent au jour le jour
05:51et que de toute façon, ils ne dépasseront pas la trentaine.
05:53C'est un mode de vie.
05:54C'est leur mode de vie.
05:55C'est intéressant, ils ont conscience de leur mort préventionnée.
05:57Oui, ils ont conscience que de toute façon,
05:58en fait, ils n'arrivent pas à se projeter dans un avenir.
06:00Quelqu'un qui est normalement inséré dans une société,
06:03vous, par exemple, vous pouvez dire dans l'année qui vient,
06:06dans les deux ans, tiens, je veux faire ça,
06:07je veux changer, je veux faire un voyage, etc.
06:09Ces gamins, aujourd'hui, c'est le jour le jour.
06:12Vous voyez, moi, ça m'avait choqué.
06:13Par exemple, j'avais été à Cuba il y a une vingtaine d'années.
06:15Et par exemple, quand vous donnez des bonbons à des gamins,
06:17ils mangent tout d'un coup.
06:18Ils n'essaient pas de dire, tiens, je vais en garder pour demain.
06:20Non, c'est impossible.
06:21Ce qu'il veut dire, Jean-Christophe, c'est que la courrige rebondit.
06:24Ça veut dire que, que ce soit la vie des autres ou la leur,
06:26elle n'a aucun intérêt.
06:27Elle n'a aucun intérêt, puisque de toute façon, vous savez que
06:30dès lors qu'à un moment donné, ils ont renversé le tablier,
06:32enfin, le sablier, pardon.
06:33Et ils savent très bien qu'à un moment donné, de toute façon,
06:35ils vont mourir, mais ils veulent vivre dans l'instant
06:38avec de l'argent, des fringues, de la voiture,
06:40des pépettes autour d'une piscine.
06:43C'est ce qu'on véhicule aussi dans les clips de rap.
06:46Enfin, je veux dire, ils sont nourris à ça, les gamins, aujourd'hui.
06:48Vous regardez un clip de rap, tout ce qui entoure les quartiers,
06:51c'est quoi, la réussite sociale ?
06:52Le fric, la piscine, les nanas autour de la piscine.
06:56C'est très réducteur, mais malheureusement, c'est ce qui les fait rêver.
06:58Je me demande, je vous écoutais, Loïc, il faut les moyens,
07:04mais il faut surtout une volonté politique et judiciaire
07:09qui accepte le constat un peu triste que l'éducatif a complètement échoué.
07:15Il faut accepter le fait que lorsqu'un mineur de 14 ans
07:20assassine un autre, un chauffeur de taxi,
07:26c'est qu'on ne se trouve plus dans le schéma classique
07:30que les juges des enfants ont cultivé avec volupté.
07:33On est confronté à une nouvelle société
07:37dans laquelle il faut accepter de changer les règles
07:40et de sortir de l'idée du vert paradis des amours enfantines
07:45pour accepter l'idée qu'on a des mineurs qui sont gangrenés à vie.
07:49Et à 14 ans.
07:51Mais la difficulté va au-delà du mineur,
07:53parce que là, on centralise sur le mineur,
07:54parce que ça fait 10 ans qu'il est piqué.
07:56Mais c'est toute la cité qui vit de ça,
07:58c'est tout un trafic qui rapporte beaucoup d'argent,
08:00et je suis d'accord, ils ont une tendance à avoir très court terme,
08:02ils s'en foutent, ils préfèrent vivre très bien maintenant plutôt qu'au projet.
08:06Le rôle de la famille, des parents, là, on en est où ?
08:09À mon avis, ils sont parfois des missionnaires parce qu'ils ont débordé,
08:12mais moi, ce qui m'intéresse, c'est ce que vous avez dit justement sur ces enfants.
08:17Est-ce qu'il y a une capacité, par exemple,
08:19je pense, je suis de gauche, donc je parle de la police de proximité,
08:23est-ce que si la police de proximité était remise ou s'il avait été maintenue,
08:27est-ce que vous pensez qu'il y avait une capacité de prévenir
08:30tout ou partie de ce genre de dérapage ?
08:33En partie, oui, parce que nous-mêmes, notre syndicat,
08:35on prône pour un retour justement sur une police de proximité,
08:38mais pas la police de proximité comme on pourrait l'imaginer.
08:41Comme on pourrait l'imaginer ? De toute façon, on ne pourra pas.
08:43Là, aujourd'hui, même si vous mettez une police de proximité, dès demain,
08:46le nouveau ministre le fait, c'est impossible de revenir dans un quartier.
08:49Moi, je vous mets au défi de voir des policiers se balader tranquillement
08:51dans un quartier ou 3 000 ailleurs, c'est pas possible.
08:55Donc, en fait, il va falloir regagner du terrain.
08:57Regagner du terrain, c'est un peu, on a l'impression de faire, vous savez,
08:59c'est un peu les Américains, quand ils sont arrivés en Afghanistan,
09:02faire des OPEX, c'est-à-dire gagner les cœurs.
09:04Donc, c'est-à-dire aller au contact des habitants,
09:06leur montrer que les policiers, ce n'est pas des méchants, etc.
09:09Alors, il y a une attente de la population envers la police.
09:11Ils nous demandent d'intervenir parce qu'eux-mêmes sont des victimes.
09:14Sauf qu'en fait, vous avez un réseau, effectivement, par quartier.
09:16C'est un territoire et c'est très difficile d'y rentrer.
09:18C'est très difficile d'en sortir.
09:20Une fois que vous avez mis un pied dedans, même les gamins, souvent,
09:23on les filme en train de faire des fellations, des viols, etc.
09:26Eux-mêmes sont violés et tout.
09:27Et en fait, après, on les fait chanter.
09:29Ah oui, il ne faut pas croire, ce n'est pas angélique.
09:31On les oblige à taper sur d'autres gamins et on les filme.
09:33Il faut casser cette espèce de syndrome.
09:38On dit que les narcotrafiquants dans les quartiers font vivre un quartier.
09:43C'est un peu les robins des bois qui redistribuent.
09:45Non, non, non, c'est du capital.
09:47Je veux gagner de l'argent à tout prix.
09:49Eux-mêmes, d'ailleurs, sont en danger tout le temps.
09:50D'ailleurs, ça se voit, ils sont hyper parano parce que la bande rivale
09:54veut les buter, entre guillemets, pour récupérer le terrain, la place.
09:59Et donc, en fait, ils ont aussi des vies minables, il faut le dire.
10:02Et après, les vraies têtes de réseau, ils ne sont même pas en France.
10:04Jean-Christophe Kouvi, quand on voit un gamin de 14 ans
10:07qui met de sang froid une balle de 357 magnums dans la tête de quelqu'un,
10:12est-ce qu'il est récupérable ?
10:14On aimerait bien y croire, on aimerait bien y croire.
10:16Parce que déjà, le surmoi, il n'y en a aucun.
10:18Déjà, c'est un gamin...
10:18Et à qui on a demandé de le faire ?
10:20Et à qui on a demandé de le faire ?
10:21C'est un gamin, imaginez.
10:22Et à 14 ans, on sait ce qu'on fait, désolé.
10:24Un gamin de 14 ans, déjà, il va prendre une peine divisée par deux
10:27parce qu'il y a l'excuse de minorité, entre guillemets.
10:29Normalement, c'est 30 ans à peu près.
10:31Et là, il prendra 15.
10:32Donc, en fait, c'est un gamin qui sortira, dans tous les cas, avant 30 ans.
10:35Il va aller en prison.
10:36Il va être endurci à la prison.
10:37Il va s'endurcir en prison.
10:38Alors déjà, la prison, même, ça va être...
10:40Enfin, en dessous de 15 ans, même, ça va être...
10:41Je ne suis même pas sûr qu'il aille tout de suite en prison.
10:43Mais bon, admettons, il va en prison.
10:46Soit, effectivement, on est en capacité d'avoir des places de prison
10:49qui peuvent réinsérer réellement les prisonniers, seuls, dans une cellule
10:53où il faut qu'ils réfléchissent.
10:54On va les éduquer, on va leur donner toutes les bases.
10:56Je ne sais pas si c'est possible, mais au moins, on peut essayer.
10:58Mais l'idée, ce n'est pas de parquer des gens pour les parquer.
11:01C'est aussi, derrière, d'en faire des citoyens qui redeviennent des citoyens normaux.
11:05Donc, ces gamins-là, en fait, il faut agir très tôt.
11:07Il faut les détecter.
11:08Enfin, moi, en plus, quand on regarde un petit peu,
11:10il était placé à l'aide sociale à l'enfance et il est en foyer.
11:12Qu'est-ce qui s'est passé pendant ces cinq ans dans le foyer ?
11:14En fait, si vous voulez, les foyers, ils sont sécurisés.
11:16On n'a même pas assez d'éducateurs la nuit.
11:18Donc, on y met des gardes de sécurité pour ne pas qu'ils fuguent.
11:21Mais en fait, tout est, encore une fois, tout tient, c'est très fragile.
11:26Il y a des gamins qui fuguent, qui s'en vont.
11:27On n'a pas la possibilité de les punir derrière.
11:29Enfin, je veux dire, encore une fois, on dit aux citoyens,
11:32ne vous inquiétez pas, tout est carré.
11:34Dormez tranquille, l'État veille.
11:36Et quand on commence à rentrer dans le moteur,
11:38on se rend compte qu'il n'y a que des défaillances et des fuites de partout.
11:41Surtout que la prison, aucun angélisme, évidemment.
11:44Aucun individu qui agit de cette manière-là, c'est son destin.
11:47Il va y terminer.
11:48Mais effectivement, ça ne marche pas bien.
11:50C'est-à-dire que moi, j'aimerais que ça marche.
11:51Franchement, j'aimerais, mais ça ne marche pas.
11:53Parce qu'on n'y met pas les moyens humains.
11:55Mais oui, il faut demander à la prison ce qu'elle peut donner.
11:58Exactement.
11:59Elle ne rééduque pas.
12:00Elle n'est pas faite pour ça.
12:01Mais en plus, on n'en est même plus du tout là.
12:05On est dans des prisons.
12:06La surpopulation carcérale, c'est un lieu commun.
12:08On le sait tous, mais il faut voir ce que c'est un pays aussi.
12:10Pourquoi il y a une surpopulation carcérale ?
12:12Parce qu'il n'y a pas eu de prison.
12:14Parce qu'en fait, quand on regarde le taux d'incarcération européen,
12:17on est dans la moyenne en France.
12:18Donc, on ne punit pas plus que les autres.
12:21On n'a pas assez de prisons, on n'a pas assez de bâtiments.
12:23Sauf qu'on n'a pas construit assez de prisons.
12:24Et surtout, c'est que la peine, on n'arrête pas de le dire,
12:27la peine arrive trop tard dans le cursus délinquant.
12:29Et donc, forcément, c'est des peines plus longues.
12:31Mais si on punit dès le départ, si on prend en main dès le départ.
12:33Moi, les gamins, comme je dis, quand on voit qu'ils sont déviants,
12:35il faut faire des opérations au chlorophylle.
12:37Vous les envoyez à l'autre bout de la France, à la forêt,
12:39avec des instructeurs, avec des personnes qui leur apprennent le matin
12:42à faire leur lit, à se lever tôt, à étudier, etc.
12:45Il faut les changer de paradigmes et d'endroits.
12:46Une fois qu'on aura fait ça, c'est un investissement pour le futur.
12:49Là, aujourd'hui, on n'investit rien.
12:50Est-ce que je peux me permettre de dire que c'est extraordinaire
12:52d'entendre un policier parler comme ça ?
12:54Moi, ça me touche vraiment parce que je trouve que vous avez
12:56le regard sur l'ensemble des lames de l'éventail.
12:59Je suis père de famille aussi, donc je mets à la place aussi des parents.
13:03Et beaucoup de policiers, je pense, pareil.
13:05Oui, bien sûr, mais c'est intéressant d'entendre, d'évoquer.
13:08Vous avez la capacité de détecter ces idées avec votre expérience ?
13:12Il faudra du monde !
13:14On les détecte, bien sûr, parce que malheureusement,
13:17comme disent les collègues, souvent, quand ils sont mutés,
13:19vous savez, comme à Périgueux, où je suis de Périgueux,
13:21les collègues, l'autre jour, ils me disaient
13:22je connais plus facilement le nom des délinquants
13:24que le nom de mes propres collègues quand j'arrive.
13:26Parce qu'en fait, c'est toujours les mêmes qu'on voit.
13:28C'est toujours la même famille, toujours la même délinquante,
13:29toujours les mêmes qui ont piqué des bagnoles,
13:31toujours les mêmes qui font des conneries, etc.
13:33Et donc, du coup, en fait, on sait que les gamins, ils sont déviants.
13:35L'école est aussi faite pour ça.
13:36L'école, elle est aussi faite pour, à un moment donné,
13:38voir que le gamin, il n'évolue pas bien dans son foyer,
13:41dans sa société et qu'il va être en danger.
13:43Mais il faut que l'État ait le courage de dire
13:44OK, ces enfants, on les sort du système.
13:47On va leur donner aussi une autre chance
13:50pour en faire des citoyens modèles plus tard.
13:52C'est ça, en fait.
13:53Une note d'atténuation sur la réponse parquet.
13:55Il y a une réponse 100% pour les mineurs.
13:57Ça ne marche pas nécessairement, mais il y a une réponse 100%.
14:00Merci beaucoup, Jean-Christophe Kouvis,
14:01secrétaire national du syndicat de Police Unité.
14:03Merci, Philippe Bilger.
14:04Merci, Françoise Degoy.
14:06Merci beaucoup, Loïc Grain, avocat pénaliste.
14:08Dans un instant, Philippe David va vous parler citoyenneté.
14:11Les vraies voix citoyennes.
14:13Eh bien, vous savez, on va parler...
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