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00:00 En plateau avec nous Jean-Claude Félix Tchikaya. Bonjour. Merci d'être sur France 24,
00:04 vous êtes chercheur à l'Institut de prospective et de sécurité en Europe.
00:07 D'abord, une nouvelle suspension de l'Internet mobile ce matin par les autorités.
00:11 Ça donne quel signal selon vous ?
00:13 Ceci est vécu comme une volonté de freiner, c'est un euphémisme,
00:18 voire d'entraver la volonté populaire et civique du peuple sénégalais.
00:25 C'est bien le creuset du peuple sénégalais, le creuset démocratique du peuple sénégalais
00:30 qui s'organise de manière multiforme, multidimensionnelle.
00:36 L'organisation de la société civile a décidé, devant ce frein ou cette entrave,
00:43 chacun le verra et le considérera comme il le veut, comme il le souhaite,
00:47 mais en termes de responsabilité, de repousser la date.
00:52 Mais ça ne repousse pas le creuset sénégalais qui est dans la rue,
00:56 pas seulement aujourd'hui, ce n'est pas une éruption comme certains voudraient le faire croire,
01:01 mais au contraire, il démontre que la démocratie,
01:05 ils en sont fervents pour beaucoup, pour la majorité,
01:08 et organisent une manifestation qui est aujourd'hui repoussée
01:13 avec certaines lignes du communiqué du ministère de la communication ou du préfet
01:20 qui quand même sont assez sibylins ou vont sûrement dans les conférences de presse de l'opposition,
01:27 de la société civile, vont sûrement être mis en exergue et contesté
01:32 avec un argumentaire intellectuel, citoyen et politique.
01:35 Mais on voit bien que tout ce qui est fait de la part du pouvoir
01:40 et même de cette alliance un petit peu baroque entre le pouvoir et un parti de l'Assemblée nationale
01:45 ne suffit pas à convaincre un Sénégal qui est vend-debout devant un report avec un fond d'écran qui est plus politique.
01:52 Donc il y a vraiment un face à face, un bras de fer qui s'installe et qui va s'installer dans la durée selon vous,
01:57 ou est-ce que le match est plié ?
01:58 Alors, qui s'installe dans la durée ?
02:00 C'est que ce report l'installe, voire l'instaure dans la durée.
02:05 Parce que les élections, on était à quelques encablures le 25 février,
02:11 donc là le 15 décembre, premier tour, donc le deuxième tour en 2025,
02:17 la passation de pouvoir un peu plus vers le février, mars 2025.
02:24 Donc on voit bien que ça va prolonger une crise qui ne date pas d'aujourd'hui,
02:28 qui date de 2020, 2021, avec des victimes, des blessés, des morts.
02:35 J'en profite pour présenter mes condoléances aux familles épleurées.
02:38 C'est bien le Sénégal qui vit dans sa chair.
02:43 Les jeunes lycéens, universitaires, alors souvent on fait part d'une jeunesse qui sortait dans la rue.
02:49 Alors certains sont plus qu'excédés et malheureusement tombent dans des déviances
02:55 en pensant eux aussi que le pouvoir est dans une déviance
02:58 par rapport à des décisions qui contreviennent à la bonne marche de la démocratie.
03:03 Donc ce qu'il faut, je pense, ce qui a été dit ici ou là dans un dialogue,
03:09 mais dans quelles conditions de dialogue,
03:12 quelle va être la décision du Conseil constitutionnel ?
03:17 Alors justement, il y a eu des recours qui ont été déposés par les oppositions
03:20 devant la Cour suprême, devant le Conseil constitutionnel.
03:22 Est-ce qu'il faut en attendre quelque chose, des surprises ?
03:26 Alors il y a tout un débat avec les constitutionnalistes sénégalais.
03:30 Certains pensent que le Conseil constitutionnel ne pourrait pas
03:37 démentir cette dérogation venant de l'Assemblée nationale.
03:43 Mais c'est vécu, ça sonne comme dichotomique dans la population sénégalaise en partie,
03:51 comme est-ce que c'est un prolongement d'un mandat ?
03:54 M. Makissa l'a mis trois ans pour dire qu'il allait être en phase avec la loi,
03:58 c'est-à-dire ne pas se représenter une troisième fois.
04:01 Il a attendu juin et cette attente n'a pas été sans manifestation,
04:05 sans blessés, sans embastillement d'opposants et autres.
04:11 Donc est-ce que c'est un prolongement d'un mandat de fait ?
04:16 Oui, puisque le 2 avril, le mandat s'expire.
04:18 Si le 2 avril, M. Makissa démissionne,
04:23 le président de l'Assemblée nationale va prendre le pouvoir.
04:26 Il a trois mois pour organiser les élections.
04:29 Ce n'est pas ce qui semble se dessiner.
04:30 Ce n'est pas ce qui semble se dessiner.
04:32 Mais en fait, ce qui semble se dessiner, le dessin est de plus en plus confus
04:36 et plus en plus dans le flou.
04:37 C'est un inconnu qui malheureusement se confirme dans le quotidien des Sénégalais,
04:43 qui n'avaient bien sûr au regard des indices économiques et sociaux
04:47 et sur le plan démocratique n'avaient pas besoin de cet épisode
04:50 qui plonge le Sénégal dans une crise.
04:52 Les autorités sénégalaises essayent de faire de la pédagogie,
04:56 d'expliquer le bien fondé de leurs décisions.
05:00 Il semblerait que le président Makissa le pencherait peut-être
05:03 vers une amnistie générale.
05:05 Ce n'est pas du tout confirmé, mais plusieurs médias sénégalais l'évoquent.
05:09 Ça permettrait notamment la libération de l'opposant numéro 1, Ousmane Sonko.
05:15 Vous le voyez comment, cette piste ?
05:17 Comme une manœuvre politique ?
05:19 Comme un geste d'apaisement, de bonne volonté ?
05:21 Certains le voient comme une manœuvre et une manigance de plus.
05:26 Que M. Sonko et M. Diamond recouvrent leur liberté, certes,
05:31 mais ce qu'il se passe là va bien au-delà de ceux qui seraient
05:35 "des militants" de la cause de Sonko et de son collègue partenaire.
05:44 Parce que qu'est-ce qui est démontré ?
05:46 C'est que Sonko a été emprisonné, mais ils avaient un plan A, un plan B, un plan C et même plus.
05:51 Et le second, dans les études et les sondages, démontrait qu'ils étaient toujours aussi forts et populaires.
05:57 Et pareil pour d'autres candidats d'opposition.
06:00 Donc ça ne veut pas dire que les yeux rivés sur les sondages et les études,
06:05 le camp présidentiel avait donc perdu au deuxième tour,
06:09 mais tout concourt au moment où la décision était prise, qu'ils étaient en difficulté.
06:14 Mais cela arrive en politique.
06:16 Donc les remettre en liberté,
06:18 ça remet pourquoi les avoir accusés de tout,
06:24 et certains diraient, et d'aucuns diraient de n'importe quoi, pour les amnistiés ou les graciers.
06:30 Donc ils vont revenir dans le jeu, peut-être dans le jeu démocratique.
06:35 Même s'ils ont été condamnés par la justice sénégalaise.
06:37 Même s'ils ont été condamnés, alors que va dire la justice ?
06:41 Et que vont dire les Sénégalais ?
06:44 Donc ça, ça en rajoute à la confusion.
06:47 Donc voilà, le Sénégal est dans un inconnu.
06:50 Donc c'est pour cela que le creuset, le fait que le creuset populaire et citoyen manifeste,
06:55 pas aujourd'hui, mais peut-être en fin de semaine, c'est bien l'inversion presque.
07:00 C'est bien la démocratie qui s'empare des rues,
07:02 j'espère de manière, comme ça a été dit, pacifiste, voire silencieuse.
07:06 Mais c'est bien, c'est beaucoup plus éloquent en termes de vouloir protéger l'aspect et le creuset démocratique.
07:14 Confusion aussi avec cette lettre, confusion ou pas, vous allez me dire,
07:18 de deux anciens présidents sénégalais, Abdoul Youf et Abdoulaye Wad, qui appellent au dialogue.
07:24 Alors, ça veut dire, voilà la lettre,
07:26 est-ce que ça veut dire qu'ils rejoignent selon vous le camp présidentiel ?
07:29 Est-ce que vous y voyez une alliance ?
07:31 En lisant la lettre, on pourrait le croire.
07:33 Sauf que ce sont nos anciens présidents qui ont connu aussi des crises.
07:38 Pour là, il y a eu parfois des décisions contraires,
07:40 mais qui sont toujours écoutées, voire qui ont à présent,
07:45 ce n'est pas qu'ils soient absous par la société sénégalaise,
07:48 mais qui sont vus comme des sages.
07:50 C'est des personnes qui sont écoutées aussi parce qu'il y a le droit d'honnêteté qui est très fort en Afrique.
07:58 Ça fait partie de l'équation.
08:01 Le dialogue fait partie.
08:02 Mais quelles conditions du dialogue ?
08:05 La majorité de la population, 75% à moins de 35%,
08:10 ça ne veut pas dire que je jette…
08:11 De 35 ans ?
08:12 Voilà, de 35 ans.
08:13 Ça ne veut pas dire que je jette, je vous hégémonie les personnes âgées
08:18 et je couvre de toutes les vertus la jeunesse.
08:21 Mais sauf qu'il y a quand même des aspirations nouvelles.
08:24 On voit bien que l'arrêt d'Internet temporaire, provisoire,
08:27 à cette heure ne va pas freiner.
08:30 Au contraire, va peut-être aiguiser,
08:33 pas les appétits, mais aiguiser peut-être les frustrations.
08:36 Et ceux qui veulent diaboliser une partie de la jeunesse
08:39 qui malheureusement n'est pas toujours organisée comme il le faut sur le plan politique,
08:44 ils font partie de l'équation.
08:45 Et ça, ça a bien été compris par la société civile
08:48 et qui met en exergue la réalité,
08:52 témoigne de la réalité sociale et économique d'une bonne partie de la jeunesse sénégalaise.
08:55 Une dernière question, réponse rapide si vous pouvez.
08:57 On revient peut-être sur le fond de l'affaire.
09:00 Cette tension évoquée par Macky Sall entre le Conseil constitutionnel et l'Assemblée nationale,
09:04 il parle de "différents".
09:05 Est-ce que l'on sait de quoi il s'agit et comment est-ce qu'il compte régler ce différent d'ici au 15 décembre ?
09:10 Encore, il y a un certain flou.
09:14 Est-ce qu'il y a une confusion ?
09:15 On n'a pour l'instant pas les preuves sur les deux juges
09:19 qui ont été stigmatisés par ce propos.
09:22 Un différent entre une Assemblée nationale et un Conseil constitutionnel,
09:26 ça arrive au Sénégal et un peu partout, peu ou prou dans le monde.
09:30 Est-ce que ça suffit à énoncer un report avec tout ce qui s'est passé,
09:35 les semaines, les mois, les années ?
09:37 Le peuple sénégalais répond.
09:40 Certains diront que la bonne réponse est pour la majorité du peuple sénégalais qui dit non,
09:46 ça ne suffit pas à un report.
09:48 Et au sein de la majorité qui a su créer une alliance un peu baroque,
09:53 un peu inattendue avec M. Karimouade.
09:57 Donc, vous voyez, ce qui a pourtant la "majorité" démocratique,
10:03 c'est plutôt le peuple, plutôt que, même si M. Makhissal est bien sûr
10:10 l'élu du peuple et le président du Sénégal, mais il est contesté.
10:16 Il va falloir vraiment trouver les voies et moyens les plus démocratiques
10:21 pour que la paix civile et que le peuple, le creuset du peuple populaire
10:26 qui voulait manifester aujourd'hui soit entendu.
10:29 Merci infiniment Jean-Claude Félix de Chicaya d'avoir répondu à France 24.
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