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00:00C'est donc jour de vote en Irak. Aujourd'hui, élections législatives qui ont démarré tôt ce matin.
00:05Plus de 21 millions d'électeurs sont appelés à départager plus de 7700 candidats.
00:10Ça fait beaucoup. Tous espèrent pouvoir décrocher l'un des 329 sièges de députés.
00:14Les femmes doivent obtenir, selon des règles de quotas fixées en amont,
00:19au moins un quart des fauteuils de la future Assemblée qui va siéger pendant les 4 prochaines années.
00:24Quels seront les enjeux de ce rendez-vous ?
00:26Boudé, on va le voir dans quelques instants par les Irakiens.
00:28Pourquoi intéresse-t-il autant Washington et Téhéran ?
00:33Bonjour David Rigoulet-Rose et merci d'être avec nous.
00:36Rédacteur en chef de la revue Orient Stratégique, chercheur spécialiste du Moyen-Orient
00:41rattaché à l'Institut français d'analyse stratégique.
00:44Merci d'être là aujourd'hui.
00:46En un mot peut-être, c'est vrai qu'on n'a plus parlé d'Irak depuis longtemps sur ce plateau.
00:52C'est le sixième scrutin organisé depuis la chute de Saddam Hussein.
00:55Oui, et puis c'est vraiment un scrutin particulièrement sensible.
00:58Après la guerre des 12 jours contre l'Iran.
01:01Et on sait à quel point l'Irak est évidemment un pays très très lié à l'Iran.
01:08Donc l'enjeu de ces élections, paradoxalement, il y a une désaffection effectivement de l'opinion publique.
01:13Vous évoquiez la possibilité d'un taux de participation très faible.
01:16Il était déjà faible lors du dernier scrutin en 2021, puisqu'il était à moins de 41%.
01:20Il risque d'être encore plus faible, puisque Mokhtad al-Sadr, un des leaders chiites, boycotte les élections.
01:29Donc c'est une hypothèque sur la légitimité potentielle du scrutin.
01:33C'est donc très très très important.
01:35On a son tweet à Mokhtad al-Sadr, leadership, il a tweeté il y a deux jours, n'allez pas voter, je résume le propos, n'allez pas voter, ils sont tous corrompus, l'issue est déjà jouée d'avance.
01:49Oui, il considère que l'élection est bancale, qu'elle est dominée par des intérêts à la fois sectaires et économiques, ce qui est largement vrai.
01:57Mais du coup, effectivement, comme c'est un poids lourd quand même de la scène chiite et de l'équilibre, justement, électoral, ça pose un problème pour la suite, justement, pour les résultats qui sont très incertains aujourd'hui.
02:11Et puis il y a l'opinion publique, effectivement, qui a l'impression que rien ne va véritablement changer, que c'est finalement la possibilité de reconduire un statu quo,
02:18et que les réformes qui sont attendues sont toujours différées, justement parce qu'elles sont embolisées par ces jeux, ces arbitrages, ces équilibres internes entre communautés.
02:28On a le chiffre, le taux de participation, comme on dit, à la mi-journée qui s'établit à 23,9%.
02:35Ce qui est faible.
02:36Ce n'est vraiment pas beaucoup.
02:36Très faible.
02:37Et c'est un mauvais indicateur parce qu'évidemment, le scrutin électoral s'inscrit dans la démocratisation sur le long terme de l'Irak.
02:48Donc, ça dévalue en réalité la valeur du scrutin électoral, ce qui n'est pas bon sur le fond, même s'il y a des raisons profondes, évidemment, qui expliquent cette désaffection de l'opinion publique.
03:00Voilà.
03:00Les Irakiens, sans grande illusion, finalement, quant aux espoirs de changements, de bouleversements.
03:05Et pourtant, les enjeux ne manquent pas, les défis ne manquent pas à relever.
03:09On va voir cela en images tout de suite.
03:10Explication signée Léo Péchard.
03:12Regardez.
03:14Ce sont les septièmes élections législatives irakiennes.
03:17depuis le renversement de Saddam Hussein par les Américains en 2003.
03:22Et pour l'heure, il n'y a pas foot dans les bureaux de vote.
03:26Nous avons déjà enregistré une vingtaine d'électeurs durant la première heure.
03:32Nous espérons que dans les prochaines, tous les Irakiens se rendront aux urnes pour voter.
03:37Avec 329 députés, dont au moins un tiers de femmes, le nouveau Parlement, élu pour 4 ans, est chargé de désigner son président,
03:47post-obligatoirement occupé par un sunnite.
03:50Mais aussi d'élire un nouveau chef d'État, post-largement honorifique, réservé à un kurde.
03:55Et enfin, de choisir un premier ministre qui doit être chiite.
03:59L'actuel titulaire, Mohamed Shia al-Soudani, espère d'ailleurs briguer un second mandat.
04:04J'adresse mes félicitations au peuple irakien, résilient et courageux,
04:12qui a consenti de grands sacrifices pour que le pouvoir et la prise de décision lui appartiennent,
04:17lui permettant ainsi de forger son propre destin et son avenir politique.
04:23Le futur gouvernement devra tenter de maintenir la stabilité actuelle du pays,
04:28tout en conservant un équilibre dans ses relations avec l'Iran et les Etats-Unis.
04:32La population irakienne espère également que des investissements seront réalisés
04:38sur les infrastructures vieillissantes du pays.
04:41Mais le peu de confiance accordée à la classe politique en Irak
04:44laisse craindre une faible participation,
04:47peut-être même en dessous des 41% enregistrés en 2021,
04:51déjà au plus bas depuis la chute de Saddam Hussein.
04:55Voilà, c'est dire, en dessous des 41%, peut-être à l'issue de cette journée.
04:58D'ailleurs, au vu de ce qu'on a à la mi-journée,
05:0023%, ça vous paraît bien parti ou plutôt mal engagé ?
05:04En tout cas, ce n'est pas bon signe de ce point de vue-là.
05:06C'est clair que ça confirme les craintes qu'on a pu évoquer justement avant le scrutin.
05:12Les Irakiens aujourd'hui, on l'y voit, ils sont pleins de douze,
05:15ce qui n'était peut-être pas le cas après la chute de Saddam Hussein.
05:19Qu'est-ce qui s'est passé depuis ?
05:21Il y a eu une situation chaotique immédiatement après la chute de Saddam Hussein.
05:27Il y a eu malgré tout, paradoxalement, la mise en œuvre des différents scrutiens,
05:33puisque c'est le sixième que vous évoquez.
05:35Donc ça prouve que quand même, sur la longue durée,
05:38ça s'inscrit dans le paysage politique irakien.
05:42Mais évidemment, ce système électoral, il est parasité par à la fois des divisions internes
05:47entre communautés que vous évoquiez.
05:49D'ailleurs, il y a une répartition effectivement à la fois ethno-confessionnelle
05:52du président, du président du Parlement, du premier ministre, qui est forcément chiite.
05:57Et là, on retrouve des ingérences externes, évidemment, avec le poids de l'Iran.
06:02Ces milices, notamment à travers les Ashd al-Shabi,
06:05justement, le poids de ces milices est posé dans le cadre de ce scrutin,
06:10puisqu'il y a la rivalité, évidemment, avec les États-Unis,
06:13qui maintiennent encore 2500 soldats,
06:14et surtout, qui ne veulent pas que ces groupes armés aient un rôle sur le scrutin.
06:23Et d'ailleurs, il y a un nouveau Marc Savaya, qui est d'origine irakienne,
06:28qui est le nouveau envoyé spécial de Trump,
06:30a dit que, justement, il s'agissait de libérer l'Irak des ingérences étrangères malveillantes,
06:34sous-entendu celles de l'Iran, évidemment.
06:36Donc on voit à quel point ce scrutin est, on va dire, pris en otage
06:39entre des fractures internes et des rivalités externes.
06:43L'administration Trump, qui en nommant cet envoyé spécial,
06:47essaie de faire quoi, au juste ?
06:48Il veut peser, c'est-à-dire qu'il veut capitaliser sur l'affaiblissement de l'Iran,
06:53justement, sur tous les théâtres régionaux,
06:56en sachant que l'Irak est le glacis géopolitique de l'Iran.
07:00Et surtout, que l'Irak est le pays où se trouvent encore des proxys iraniens
07:07qui n'ont pas été attaqués durement, comme m'ont pu l'être d'autres proxys,
07:12que ce soit, évidemment, le Hezbollah au Liban ou les Houthis,
07:16parce que, par intérêt bien compris, les deux avaient fait comprendre au gouvernement irakien
07:21qu'il fallait, effectivement, geler l'activisme de ces proxys,
07:25faute de quoi l'Irak sera un nouveau théâtre de guerre.
07:29On va revenir, peut-être, aux enjeux internes, avant de reparler, évidemment,
07:33de ce qui se passe autour, parce qu'il y a un scrutin, quand même,
07:36boudé par les Irakiens et qui intéresse beaucoup les voisins.
07:39C'est quand même assez intéressant. Il y a Marie-Charlotte Roupy qui est avec nous.
07:42Bonjour, Marie-Charlotte, notre correspondante en Irak.
07:45On va voir, dans quelques instants, un extrait de votre grand format, le focus du jour.
07:50Avant cela, on prend le pouls à vos côtés. Vous êtes à Bagdad.
07:53Vous suivez pour nous le bon déroulement de cette journée, de cette élection.
07:57Comment ça se passe ? On communiquait, il y a quelques instants,
07:59le très faible taux de participation.
08:05Écoutez, dans le bureau de vote qui se trouve derrière moi,
08:08on voit un peu plus de gens venir depuis le début de l'après-midi.
08:12Donc, il y a un peu plus de mouvements que ce matin.
08:16Mais, effectivement, le taux de participation à la mi-journée est particulièrement faible.
08:21Et on s'y attendait. On s'y attend parce que, depuis 20 ans, à chaque nouvelle élection,
08:26l'auto baisse fortement. En 2021, il avait atteint 41 %.
08:31On devrait atteindre un nouveau bas historique aujourd'hui.
08:36À voir si d'autres électeurs irakiens viennent au fur et à mesure de l'après-midi.
08:41Mais on se rapproche de la fermeture des bureaux de vote.
08:44Et les électeurs irakiens boudent cette élection pour plusieurs raisons.
08:48Il y a une lassitude de la classe politique qui ne se renouvelle pas depuis 20 ans.
08:53Beaucoup des personnes avec lesquelles on discute nous expliquent que,
08:56de toute façon, peu importe leur vote,
08:59les députés élus au Parlement choisiront entre eux qui représentera réellement le pays.
09:06Et cette décision n'appartient pas, selon eux, à la population irakienne.
09:10Il y a aussi eu cet appel au boycott du leader chiite, Murtada Sader,
09:15qui a une base très forte dans le pays et qui a réitéré tout au long de la journée cet appel au boycott.
09:22Alors, restez avec nous, Marie-Charlotte, parce qu'on va proposer à nos téléspectateurs,
09:26on vous a de nouveau à l'écran, on va leur proposer un extrait de votre grand format que j'évoquais à l'instant.
09:31Ça fait trois ans, depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement de Mohamed Shia al-Soudani.
09:36Après une grave prise politique, l'Irak vit l'une des périodes les plus calmes et stables de ces 20 dernières années.
09:43Le pays s'est tenu relativement éloigné des conflits régionaux, on va y revenir aussi,
09:47et priorité a été donnée au développement de projets urbains, économiques et culturels.
09:52Bagdad est en pleine métamorphose.
09:55Des travaux de rénovation d'un patrimoine historique et symbolique laissé à l'abandon avancent à grande vitesse,
10:00tout comme des ensembles d'immeubles grand standing.
10:02Mais ces changements semblent n'être qu'un coup de peinture sur des fissures profondes.
10:06C'est ce que vous nous racontez dans ce reportage, on en regarde tout de suite un extrait.
10:10À cinq kilomètres de là, l'ouest de la capitale irakienne voit apparaître de nouveaux ensembles résidentiels.
10:19Selon le ministère du Logement, plus de trois millions d'habitations sont nécessaires à Bagdad.
10:24L'afflux constant de populations venues des zones rurales,
10:27conjuguées à une forte croissance démographique, a provoqué une grave pénurie.
10:32Le besoin en logement et la rareté de terrains urbains viabilisés ont conduit à la création de tels projets.
10:39Mais ils présentent de nombreux inconvénients pour ces quartiers résidentiels.
10:42Car les infrastructures, eau, électricité, assainissement et autres services sont tous affectés.
10:49Et ils posent également des problèmes sur le plan social,
10:52en raison du manque d'intégration entre les habitants des immeubles et ceux des maisons.
10:56Il existe un isolement social entre ces deux groupes.
11:05Le prix du mètre carré de ces futurs appartements avoisinera 2000 dollars,
11:10alors qu'en Irak, le revenu moyen atteint à peine 500 dollars par mois.
11:14Le citoyen moyen ne peut pas avoir de logement ici.
11:19Et rien qu'à Bagdad, il existe plus de 1000 bidonvilles.
11:23Une personne vivant dans un bidonville pourrait-elle habiter ici ? Impossible.
11:27Voilà, Marie-Charlotte, je ne sais pas si vous êtes toujours avec nous.
11:32Liaison compliquée depuis ce matin avec l'Irak.
11:34On vous voit de nouveau.
11:35On comprend bien au travers, dans le biais de votre reportage,
11:39cette fracture qui se dessine en Irak aujourd'hui
11:43entre la volonté des autorités d'aller de l'avant
11:46et cette réalité que connaît la population.
11:49Oui, en fait, il y a plusieurs facteurs pour expliquer cette fracture
11:55qui est véritablement représentée par ces grands immeubles
12:00qui apparaissent à côté de quartiers résidentiels plus traditionnels.
12:05Il y a un facteur qui est notamment des années de négligence.
12:09Il y a énormément de travaux à mener sur les différentes infrastructures
12:14pour restructurer réellement l'approvisionnement en électricité,
12:17l'approvisionnement, le traitement des eaux usées en Irak.
12:22Et donc, il y a des années de négligence à rattraper.
12:25Beaucoup des Irakiens que j'ai rencontrés en préparant ce reportage
12:28m'ont dit que le fait de voir ces ensembles naître dans Bagdad
12:32et certains projets d'ailleurs à destination de personnes
12:35ayant des moyens un peu plus faibles, mais en dehors de la capitale,
12:39donnent un certain espoir.
12:40On voit que l'Irak avance, que l'Irak est suffisamment stable
12:43pour avoir des investissements privés qui se font dans sa capitale.
12:48Mais les populations plus défavorisées ne voient pas encore les effets
12:53de cette stabilité et espèrent cependant que ça va contaminer,
13:00en tout cas se répandre dans toute la société irakienne.
13:03Mais on n'y est pas encore.
13:04Il y a un véritable décalage actuellement.
13:06Voilà, il y a cet réel espoir de pouvoir un jour profiter évidemment
13:11de cette capitalisation.
13:14Merci beaucoup Marie-Charlotte en direct de Bagdad,
13:16qu'on retrouvera un peu plus tard d'ailleurs pour voir
13:18si effectivement il y a un peu plus de monde qui se presse
13:20dans les bureaux de vote.
13:21Là, c'est intéressant parce qu'on vient de dire beaucoup de choses.
13:24Il y a une volonté d'un côté, alors on dit un coup de pinceau,
13:26un coup de peinture pour masquer les gros problèmes.
13:30Et en même temps, il y a cette population qui continue de souffrir
13:32et qui se dit mais je ne vais jamais profiter de tout ça.
13:34je ne serai pas en mesure d'en profiter.
13:36Oui, c'est très intéressant d'avoir parce que ça montre qu'il y a de l'argent.
13:39Potentiellement, il y a un capital financier, c'est la main pétrolière.
13:43Et il y a des attentes de ruissellement, entre guillemets,
13:46comme on dit en économie, pour la population,
13:48mais qui ne se fait pas sentir.
13:49Et c'est la déconnexion de nos caractères dysfonctionnels
13:51qui est en partie liée au système de corruption généralisé
13:55et qui effectivement, il n'y a pas de transparence, etc.
14:00Et paradoxalement, il y a des progrès quand même qui apparaissent,
14:04mais qui ne s'inscrivent pas dans une logique structurelle.
14:08Et c'est ça qui, évidemment, fait les frustrations de la population.
14:13Est-ce que vous diriez aujourd'hui que les Irakiens, finalement,
14:15sont en plein paradoxe ?
14:16Parce qu'on boude un scrutin alors qu'il n'y a jamais eu autant d'enjeux,
14:20finalement, autant de défis à relever.
14:21Voter, c'est important, là, pour le coup.
14:23Oui, c'est presque un symptôme de maladie démocratique
14:27qu'on retrouve ailleurs,
14:28alors que c'est une très jeune démocratie par rapport à son passé.
14:32Mais ça explique, en tout cas,
14:34ça montre le poids de l'opinion,
14:37enfin, en tout cas, de la population.
14:39Et les élites auraient intérêt à la prendre en compte.
14:44Déconnecter les élites, là aussi,
14:46parce que vous faites le parallèle avec d'autres démocraties ?
14:47Oui, mais en tout cas, les élites, là,
14:49sont prises dans des enjeux qui les dépassent,
14:50à la fois intérieure et du fait des ingérences extérieures.
14:53Donc, c'est une situation très particulière
14:55qu'il n'y a pas forcément ailleurs.
14:56Mais incontestablement, elles sont dépassées.
14:59Parce qu'il y a eu un changement de monde
15:02et puis, il s'est passé 20 ans
15:05depuis la chute de Saddam Hussein.
15:07Et donc, la population, on dit,
15:09il y a un dynamisme démographique, les jeunes.
15:12Et les jeunes, ils ont des attentes
15:15qui, manifestement, ne sont pas satisfaites,
15:17d'où les frustrations
15:18et le danger de ne pas répondre à ces frustrations.
15:22Marie-Charlotte, elle aussi, reprenait
15:24et est témoigné de cet appel au boycott,
15:27on va peut-être l'appeler comme ça,
15:28lancé par Mokhtar Assad,
15:29de dire, n'y allez pas,
15:30ils sont tous corrompus.
15:32Il a une chance de faire écho
15:33auprès de la population ?
15:35Auprès de qui, d'ailleurs ?
15:35Il embarrasse notamment le bloc chiite,
15:37ce qu'on appelle le bloc chiite,
15:38notamment du Premier ministre,
15:40Mohamed Shia al-Sidani,
15:42qui est qualifié d'intendant, en réalité.
15:45Justement, faute de mieux, d'une certaine manière,
15:48il a géré, dans une situation moins conflictuelle,
15:51le pays, mais en même temps,
15:52sans faire de réformes structurelles,
15:54sans régler les problèmes de fond,
15:55le poids des milices armées,
15:57la question de la corruption.
15:59Donc, on est dans une phase très incertaine,
16:02entre deux eaux.
16:02Ça peut peser, vraiment, sur ce scrutin,
16:04cet appel à ne pas aller voter ?
16:06Ah ben, ça peut peser,
16:07parce que, comme elle a été rappelée,
16:08la base sociale de Mokhtar al-Sadr
16:10est très importante.
16:12Et il peut se créditer,
16:13en plus, il a un statut de Sayed,
16:14au niveau religieux,
16:15et il peut se créditer, effectivement,
16:18d'avoir, depuis longtemps,
16:20critiqué le système de corruption généralisée.
16:23Donc, il risque de faire écho
16:24auprès de cette population.
16:26On entend aussi beaucoup dire,
16:27les Irakiens,
16:27il y a 7700 candidats,
16:31pas de jeunes,
16:32la jeunesse n'est absolument pas représentée.
16:347 744 candidats.
16:36C'est considérable, quand même,
16:37il faut expliquer,
16:38j'ai 7700 candidats
16:39pour une élection comme celle-ci.
16:40Pour 329 sièges.
16:41Donc, c'est un système assez complexe,
16:43électoral,
16:44parce que, justement,
16:44il y a un problème de répartition.
16:46Vous avez évoqué le quota
16:47réservé aux femmes, 25%.
16:49Il y a 9 sièges
16:50qui sont réservés aux minorités,
16:52chrétiennes et kurdes,
16:54yézidis, etc.
16:55Enfin, oui, yézidis, etc.
16:58Et donc, c'est très complexe.
16:59Mais, effectivement,
17:00on va dire,
17:01la dimension visuelle
17:04des élus potentiels
17:06n'est pas le reflet
17:08de la population,
17:09incontestablement,
17:09et notamment
17:10de cette population jeune.
17:11Ce qui peut expliquer aussi
17:13ce faible taux
17:14de participation annoncé.
17:17On parlait des voisins,
17:17on va y revenir,
17:18parce qu'évidemment,
17:19ça fait partie des grands enjeux.
17:20Les Irakiens qui ont du mal
17:21à se mobiliser pour ce scrutin,
17:23malgré tout,
17:24important pour eux.
17:26les proches alliés de l'Irak,
17:29l'Iran,
17:30les Etats-Unis,
17:32eux,
17:33regardent attentivement
17:34ce qui va se passer
17:34à l'issue de cette journée.
17:36Qui redoute quoi, au juste ?
17:38Très attentivement.
17:39D'abord, pour l'Iran,
17:40parce que j'évoquais le fait
17:41que géopolitiquement,
17:43c'est le glacis.
17:43dans la projection géopolitique
17:47de l'Iran.
17:48C'est le voisin direct,
17:49en même temps.
17:49Pardon ?
17:50C'est le voisin direct.
17:51C'est le voisin direct,
17:51avec une population chiite
17:53majoritaire.
17:54Un grand pays arabe,
17:56mais majoritairement chiite.
17:58Donc évidemment,
17:58pour l'Iran,
17:59l'enjeu est capital.
18:00Il est d'autant plus
18:01qu'il y a un affaiblissement
18:02de ses proxys régionaux,
18:04les autres.
18:05Et donc,
18:05il ménage,
18:06il veut capitaliser
18:07sur ce qui reste,
18:08effectivement,
18:08de ce qu'on a appelé
18:09l'axe de la dite résistance,
18:11Moukawama,
18:12dont font partie
18:13les Asht al-Shabi,
18:14c'est-à-dire les groupes
18:15armés pro-iraniens,
18:16notamment des groupes
18:17comme Kaltav al-Hezbollah,
18:18etc.
18:19Et dont le poids
18:20sur le système politique,
18:22évidemment,
18:22est omniprésent.
18:23C'est bien ça
18:24qui gêne les Américains
18:25et qui voudraient
18:26justement dévaluer ce poids
18:28en les inscrivant
18:30dans une logique
18:30d'inclusion politique
18:32et de désarmement.
18:34On retrouve les mêmes paramètres
18:35qu'au Liban,
18:36avec le Hezbollah,
18:36toutes choses égales,
18:37par ailleurs.
18:38Et donc,
18:38la tension entre les deux
18:39parrains ribaux
18:41sur un même pays
18:43se fait sentir,
18:44évidemment,
18:44dans les enjeux
18:45électoraux actuels.
18:46Comment fait l'Irak
18:47dans cet entre-deux ?
18:49L'Irak,
18:50notamment son Premier ministre
18:52que j'évoquais,
18:52l'intendant,
18:53a une position d'équilibriste.
18:55Il est obligé
18:55de ménager les deux
18:56pour des raisons
18:58évidentes avec l'Iran
18:59parce qu'il y a
19:00une proximité
19:01à la fois historique,
19:02confessionnelle,
19:02politique,
19:03mais avec les Américains aussi
19:04parce qu'il y a
19:05la question des sanctions
19:06qui pèsent indirectement
19:07sur l'Irak,
19:08dès lors que,
19:09notamment le pétrole,
19:10il y a du trafic pétrolier
19:11qui est utilisé
19:14au profit de l'Iran
19:15en contrebande.
19:17Et donc,
19:18il y a des relations
19:20très complexes
19:20qui se jouent
19:21entre les trois partenaires.
19:23Et on l'a vu,
19:24notamment,
19:24avec la question
19:25des groupes armés
19:25puisque le Premier ministre
19:27a fait en sorte
19:28qu'il n'y ait pas
19:28d'engagement
19:29proactif de ces groupes armés
19:31en solidarité
19:32avec les autres,
19:33que ce soit les Houthis,
19:34le Hezbollah,
19:34au moment,
19:35effectivement,
19:35de la confrontation
19:36avec Israël.
19:37Est-ce qu'on sait justement
19:38quels ont été les mots
19:39et les arguments
19:40surtout pour les convaincre
19:41de rester à distance ?
19:43Du côté israélien,
19:44c'est si vous vous engagez,
19:47l'Irak sera bombardé.
19:48Le message a été passé
19:49au Premier ministre
19:49qui l'a transmis
19:51à Téhéran.
19:52Et donc,
19:53chacun a évalué
19:54la situation
19:55pour que le statu quo
19:56perdure
19:57tel qu'il est aujourd'hui.
19:58Et l'Irak
20:00a réussi ce défi
20:01qui était quand même
20:02un défi de taille
20:03de se maintenir à distance
20:04et maintenir cet équilibre
20:06extrêmement fragile.
20:08Extrêmement fragile
20:08et difficile
20:09avec quand même
20:11une pression
20:12de plus en plus forte
20:12de la perte des Américains
20:13qui notamment
20:14ont mis leur veto
20:16sur l'attribution
20:17de ministères potentiels
20:19à l'issue des élections
20:20justement directement
20:22à des personnalités
20:23émanant de ces groupes.
20:25Ça peut durer
20:26combien de temps
20:26comme ça ?
20:27Parce qu'on a résisté
20:28en Irak aujourd'hui
20:29à la pression
20:30des Israéliens.
20:32C'est vrai que l'Irak
20:33a été relativement...
20:36Elle s'est tenue
20:37éloignée
20:38des conflits.
20:39Il n'y a pas eu
20:39de frappe
20:40notamment.
20:42On sait que
20:43l'Iran
20:43fait pression
20:44et continue
20:45de faire pression.
20:45Les Américains aussi.
20:46Vous le dites.
20:47Il y a cet envoyé spécial
20:48qui vient d'être nommé.
20:50Ça peut tenir
20:50combien de temps
20:51comme ça ?
20:52Ça va dépendre
20:52en réalité
20:53de l'évolution
20:53de la situation
20:54des deux parrains.
20:54En tout cas,
20:57régional,
20:57le poids de l'Iran
20:58et les velléités
21:01par rapport
21:01aux négociations
21:02sur le nucléaire.
21:03Ça va être déterminant
21:04parce qu'évidemment,
21:07il y a un affaiblissement
21:08aujourd'hui avéré
21:09de l'Iran
21:10qui a besoin
21:11de maintenir
21:12justement ce glacis
21:13avec l'Irak.
21:15Mais ça profite
21:17aux pressions
21:18qui sont faites
21:18de plus en plus importantes
21:19de la part
21:20des Américains.
21:21Ce qui leur permet
21:22indirectement
21:24des pressions sur l'Irak,
21:25c'est aussi des pressions
21:26sur l'Iran.
21:26Et donc,
21:27on voit que c'est
21:28un jeu complexe
21:28mais à plusieurs bandes.
21:32Mais pour l'instant,
21:34la situation
21:35tient telle qu'elle est.
21:36On va voir le résultat
21:37des élections
21:37et surtout la composition
21:38du futur gouvernement
21:39parce que ça va être
21:40le reflet justement.
21:40Ça va être le prochain défi,
21:41ça.
21:42Ça va être le vrai défi.
21:42La coalition,
21:43il y en a beaucoup
21:43qui disent
21:43que ça va être une impasse,
21:44ça va durer des plombs
21:45mais on ne va pas y arriver surtout.
21:46Alors, ça a déjà été
21:47le cas précédemment
21:48puisqu'on sait qu'en 2021,
21:50il y avait eu la victoire
21:52notamment de Mokhtar Al-Sader
21:53qui s'était retirée,
21:54etc.
21:54De toute façon,
21:56structurellement,
21:56le pays est un pays
21:57de coalition.
21:59Encore faut-il former
22:00une coalition.
22:00Alors voilà.
22:01Et là,
22:02il y a l'arbitrage
22:03notamment au sein
22:04même du bloc chiite
22:05puisque comme on évoque
22:07actuellement
22:08Mokhtar Al-Sader
22:08qui n'est pas forcément...
22:11Il y a une forme
22:12de nationalisme chiite
22:13qui n'est pas pro-iranien.
22:15Et là,
22:15cette tension,
22:16évidemment,
22:16elle est aussi instrumentalisée
22:17à l'extérieur.
22:19Cette coalition,
22:20est-ce qu'elle n'est pas
22:21vouée à l'échec
22:22compte tenu de tout
22:23ce qu'on vient de dire là ?
22:25Pas forcément,
22:26mais il faudra que...
22:28D'abord,
22:28le choix du Premier ministre
22:29va être très important.
22:31Alors savoir si,
22:32par exemple,
22:32l'actuel peut être conduit
22:33ou pas.
22:34Et puis,
22:35des décisions
22:35qui ont été différées
22:37pour l'instant,
22:37effectivement,
22:38sur le poids
22:39ou l'intégration
22:40de ces milices
22:40au sein de l'État
22:41et non pas parallèle
22:42à l'État.
22:44Et donc là,
22:44on va retrouver
22:45les tensions
22:45avec Téhéran.
22:46donc c'est très difficile
22:48de présumer
22:50de ce qui va se passer.
22:51Mais incontestablement,
22:52l'Irak,
22:53aujourd'hui,
22:53est une pièce essentielle
22:54qui a été un peu oubliée,
22:55effectivement,
22:56ces derniers mois,
22:57mais qui est la caisse
22:58de résonance
22:59de tous les équilibres
23:00régionaux
23:00qui se mettent en place
23:02aujourd'hui.
23:02Et si le pays
23:03a été oublié aussi
23:04ces derniers mois,
23:05c'est peut-être bon signe,
23:05c'est parce que le pays
23:06vit l'une des périodes
23:06les plus calmes
23:07et stable
23:08de ces 20 dernières années.
23:09Le paradoxe,
23:09effectivement,
23:10c'est pour ça que j'évoquais
23:11le Premier ministre
23:11qui se fait qualifier
23:12d'intendant
23:13pour gouverner
23:15sans véritablement décider,
23:18mais qui,
23:19pour l'instant,
23:20a préservé
23:20une certaine stabilité
23:21en termes de paix globale
23:24par rapport aux années
23:25terribles
23:25que l'Irak a pu connaître
23:26par le passé.
23:27Ça n'avance pas,
23:28mais ça ne se dégrade pas non plus.
23:29C'est pour ça qu'on parle
23:30de statu quo,
23:31mais qui est insatisfaisant
23:32parce que les attentes
23:33ne sont pas...
23:33On ne répond pas
23:34aux attentes de la population.
23:35Ça ne peut pas durer
23:36comme ça dans le temps.
23:37Merci beaucoup,
23:37David Rigolero,
23:38d'avoir été l'invité
23:39de l'Info du jour.
23:40Voilà pour ce focus
23:41sur ces élections
23:42irakiennes
23:43qui se poursuivent
23:44avec ce faible taux
23:45de participation
23:45qu'on évoquait,
23:46un peu plus de 23%
23:47en cette mi-journée.
23:48Évidemment,
23:49on prendra la tendance
23:49à l'issue de cette journée
23:51de vote.
23:52On se retrouvera
23:52Marie-Charlotte Roupy
23:53dans quelques instants.
23:54Ce sera le journal.
23:55Restez avec nous.
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