- 24/10/2023
Avec Jean-Pierre Jouyet, haut fonctionnaire et auteur de “Est-ce bien nécessaire monsieur le Ministre ?" publié chez Albin Michel.
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NewsTranscription
00:00 Bercoff dans tous ses états.
00:02 Le face à face.
00:04 Et dans le face à face aujourd'hui André Bercoff reçoit Jean-Pierre Jouyé,
00:07 au fonctionnaire et auteur de ce nouveau livre "Est-ce bien nécessaire monsieur le ministre ?"
00:11 C'est publié chez Albin Michel.
00:13 Alors Jean-Pierre Jouyé,
00:15 au fond vous avez connu, vous avez connu et travaillé sous quatre présidents de la République.
00:20 - Oui.
00:20 - C'est bien ça, hein ?
00:21 - Oui.
00:21 - Et à des postes non négligeables, je rappelle que vous avez été pendant trois ans secrétaire généralisée,
00:27 que vous n'avez pas été ministre.
00:29 - Si, également.
00:31 - Vous avez été ministre.
00:31 - Oui.
00:32 - Voilà.
00:32 - Des affaires européennes.
00:33 - Voilà, des affaires européennes.
00:35 Et vous publiez ce livre, qui est un livre assez passionnant,
00:39 j'ai l'ai dire, et ce n'est pas du tout une pique parce qu'il ne dit pas.
00:43 Il est passionnant parce que vous dites vous-même, et vous commencez d'ailleurs,
00:48 et vous vous battez la coulpe Jean-Pierre Jouyé.
00:50 Vous avez commencé vraiment, c'est pas le bourgeois de Calais,
00:53 vous ne revêtez pas votre air avec votre discipline,
00:56 mais quand même vous dites "attendez, on a essayé de faire des choses".
01:00 Et franchement, je vous connais assez pour savoir que s'il y a une chose qu'on ne peut pas reprocher à Jean-Pierre Jouyé,
01:06 c'est son intégrité, sa sincérité et sa compétence.
01:10 Mais vous dites vous-même, justement, et c'est d'autant plus intéressant,
01:14 que j'irais presque, j'exagère à peine,
01:18 Simon Bolivard disait, vous savez, "à la fin de sa vie, j'ai labouré la mer".
01:22 Est-ce que c'est un peu ça qu'on a l'impression devant ce système ?
01:27 Parce que tout votre livre, c'est absolument, vraiment, je dirais passionnant et en même temps préoccupant,
01:34 c'est que vous dites "oui, on essaie de faire des choses",
01:36 "oui, il y a des gens qui sont au pouvoir",
01:38 bon, vous parlez aussi de la consanguinité, vous parlez du milieu,
01:41 mais au fond, la machine est tellement forte que c'est très difficile.
01:45 - Oui, c'est que la machine est très forte et, comme vous le savez,
01:49 elle l'a toujours été. C'est-à-dire que nous sommes dans un État très centralisé,
01:57 nous sommes dans un État qui se prononce sur tous les sujets
02:03 et qui veut intervenir dans tous les domaines.
02:08 Et nous allons, dans notre État, de la réponse aux questions d'actualité,
02:14 puisque vous avez cité comme exemple, en ce qui concerne le fait qu'on ne peut pas renvoyer les locataires
02:20 qui ne payent pas, c'est pas nouveau, ça existe depuis un certain temps,
02:24 mais enfin, c'est un problème pour tous nos concitoyens quand même.
02:29 Et donc, on comprend qu'après, il se demande ce que fait l'État.
02:36 Et enfin, c'est un modèle qui, à mon avis, existe depuis très longtemps
02:46 et où on a conservé certaines traditions d'ancien régime encore aujourd'hui.
02:54 C'est-à-dire que tout remonte au monarque républicain.
02:58 - Voilà, et vous dites monarque républicain, effectivement,
03:01 et c'est ça qui est passionnant, c'est-à-dire qu'on se dit, au fond,
03:04 et je vous assure, quand on vous lit, on se dit, voilà, mais au fond,
03:08 on ne peut rien faire, ou presque, mais c'est vrai, parce que vous avez toujours des gens qui arrivent au pouvoir,
03:13 puis après tout, on ne va pas leur faire des procès d'intention,
03:17 je vais changer ceci, je vais changer cela.
03:19 Alors justement, je voudrais que vous nous expliquiez, Jean-Pierre Jouyé,
03:22 parce que c'est ça, que les gens arrivent, je ne sais pas si l'enfer est pavé de bonnes intentions,
03:27 mais eux, ils ont des bonnes intentions, et puis la machine administrative est là,
03:32 vous la connaissez, vous êtes zénarque, vous êtes inspecteur des finances, etc.
03:36 et vous dites, oui, oui, ben écoutez, les ministres passent, puis l'administration reste.
03:40 Est-ce que ce n'est pas quelque part un problème, je dirais presque mental,
03:44 plutôt qu'autre chose, enfin mental, vous voyez, je veux dire, un problème,
03:47 voilà, on a pris, comme vous dites, depuis longtemps, ce n'est pas nouveau,
03:50 et puis, écoutez, tout ça continue, pour le moment ça va,
03:53 après moi le déluge, est-ce qu'il n'y a pas de ça, quand même ?
03:56 - Il y a deux phénomènes, il ne faut pas mettre tout sur l'administration,
04:02 les politiques ont aussi beaucoup de responsabilités,
04:07 parce que, ce que je dis également dans le livre, c'est que vous avez beaucoup d'annonces,
04:13 et que ces annonces ne sont pas, par la suite, forcément appliquées ou appliquées en temps.
04:22 Je prends un exemple, vous avez eu plus de dix lois sur l'immigration,
04:28 regardez où nous en sommes aujourd'hui, et sur les procédures de renvoi et tout,
04:32 je ne vous reviens pas sur l'actualité, et tout,
04:36 bon, et tous les présidents et tout ont dit qu'il fallait véritablement changer nos règles.
04:46 Donc, il y a des effets d'annonce politique qui ne sont pas suivis.
04:51 Deuxième point, vous avez raison, c'est qu'avec le quinquennat,
04:56 il faut véritablement aller plus vite,
05:01 et vous avez des changements de gouvernement, des changements de ministre,
05:07 ce qui fait qu'à chaque fois qu'un nouveau ministre arrive, il dit "je vais réformer cela,
05:12 je vous prends ce qui se passe aujourd'hui sur l'éducation nationale,
05:16 ça ne s'est pas fait avant, on a déjà eu deux ministres de l'éducation nationale,
05:20 bon, et après l'administration se demande elle où elle va,
05:25 est-ce qu'on va lui mettre comme réforme ?
05:31 Donc il y a vraiment un partage de responsabilité entre les politiques
05:37 qui ne suivent pas toujours l'application des réformes,
05:41 les politiques qui font beaucoup d'effets d'annonce,
05:45 - De manche on va dire - De manche, et moins concrets,
05:49 et troisièmement, aujourd'hui on le voit dans un contexte international et économique qui est difficile,
05:55 vous avez également des revirements politiques,
06:01 c'est-à-dire qu'on ne fait pas ce qui a été annoncé,
06:04 vous regardez le nucléaire, de 2017 à 2021,
06:09 on a fermé des centrales, on n'a pas réparé de réacteurs,
06:13 et maintenant ça devient une priorité, ça c'est politique,
06:17 c'est pas l'administration qui en est responsable.
06:20 Après, là où vous avez raison, c'est que l'administration,
06:24 ensuite, sur tout ce qui est application des lois,
06:31 normes, instructions circulaires, peut parfois en rajouter,
06:37 ou même prendre des dispositions qui ne sont pas toujours prévues dans les lois.
06:44 - Oui, vous en parlez d'ailleurs beaucoup de cette France normée, et normée jusqu'à l'os,
06:48 et normée jusqu'à la moelle, mais deux choses,
06:51 alors justement, vous avez côtoyé les politiques,
06:54 vous n'avez pas été justement, non seulement vous avez côtoyé,
06:59 vous avez travaillé avec eux de façon très proche, Jean-Pierre Jouyé,
07:03 mais deux choses, d'abord vous dites les politiques et les annonces,
07:06 est-ce que les politiques ne sont pas, encore une fois, pas généralisés mais quand même,
07:11 et ne pensez qu'à la prochaine élection, vous savez c'était Churchill qui disait
07:17 "un homme d'état pense aux futures générations, un politique pense à sa prochaine réélection".
07:22 Donc, est-ce qu'il n'y a pas ce côté des politiques où on dit
07:26 "allez, on va faire des annonces parce que ça va faire bien ce que vous disiez",
07:29 mais d'un autre côté, vous pouvez en parler dans votre livre, je prends tous les exemples,
07:33 c'est très intéressant quand on vous dit que les administrations disent
07:35 "oui mais allez, vous allez faire un budget parce qu'il faut que notre budget à nous, à l'administration, soit en os".
07:40 Alors vous allez nous faire un bon petit rapport de façon à ce qu'on dise aux politiques
07:44 "allez, ossez-nous un peu, parce que regardez, on fait un travail formidable,
07:48 mais on a besoin d'effectifs, mais on a besoin de ceci, de cela".
07:51 Est-ce qu'il n'y a pas cette espèce de double ambition ou de double désir,
07:56 d'un côté des politiques en disant "attendez, il faut que je flatte mes électeurs",
08:00 l'écologie, au moment de l'Univers, c'était parfait,
08:03 et d'un autre côté, l'administration qui dit "oui mais nous on est là,
08:06 il faut quand même aller, essayons un peu d'améliorer un peu le quotidien".
08:10 - Vous avez tout à fait raison, c'est-à-dire que,
08:13 et pour les politiques, et pour les différentes administrations,
08:17 vous avez, et c'est en cela que vous n'avez pas de changement
08:23 et que vous restez avec un État très puissant et avec des dépenses de fonctionnement
08:28 qui sont considérables, parce que, en France,
08:31 sont considérées comme les deux leviers de pouvoir,
08:34 un, les effectifs, donc les ministères et cimes qui n'en ont jamais assez.
08:42 - Plus on a des effectifs, plus c'est mieux.
08:45 - Mieux c'est en termes de pouvoir, et deux, effectivement, les crédits.
08:52 Parce que, et ça je l'ai vécu, lorsque vous perdez des crédits
08:57 ou lorsque vous réduisez vos effectifs, vous vous retrouvez avec vos subordonnés et tout,
09:03 et on dit "mais vous n'avez pas défendu votre administration, M. Jouyet".
09:09 Et puis, les ministres qui ne le font pas, se retrouvent, eux aussi,
09:14 on dit "ben écoutez, vous voyez bien, vous n'avez pas d'augmentation de crédit,
09:17 vous n'avez pas d'augmentation d'effectifs et tout,
09:20 à quoi en gros vous servez, vous ne défendez pas votre administration".
09:26 - Alors justement, c'est très... Jean-Pierre Jouyet, vous avez été effectivement dans ces deux mondes,
09:30 enfin, vous l'êtes, et au fond, je ne dis pas dans cette lutte,
09:35 mais dans cette espèce de course d'obstacles, qui a le plus d'influence ?
09:40 Les politiques ou les administrations ?
09:42 - C'est difficile à dire. Pour moi, ce sont quand même les politiques
09:47 qui ont quand même le plus d'influence. Et ça dépend des politiques.
09:52 C'est-à-dire que quand vous avez des grands responsables politiques,
09:56 et des hommes politiques et des femmes politiques fortes,
10:00 là, vous avez des réformes qui se font et qui sont suivies.
10:04 Ça dépend beaucoup. Et puis après, dans l'administration,
10:08 il y a une séparation trop grande entre l'administration centrale dont j'ai fait partie
10:14 et les administrations qui se trouvent sur le terrain.
10:17 Et là, vous avez peu de liens entre les deux, donc là, il y a une responsabilité également administrative.
10:22 - C'est très très important ça, excusez-moi. Pour ça, vous soulignez vraiment les mots MAUX,
10:27 et vous mettez les mots MOTS dessus. On va en parler juste après cette petite pause,
10:32 toujours avec Jean-Pierre Jouyé. A tout de suite.
10:34 - Et avec vous surtout au 0826 300 300 sur Facebook et sur Youtube.
10:38 A tout de suite sur Sud Radio.
10:40 - Et avec Jean-Pierre Jouyé, est-ce bien nécessaire, monsieur le ministre ?
10:46 Ça vient de paraître, chère Elisabeth Michel, et c'est un tableau absolument,
10:52 je ne dirais pas effrayant, mais c'est un tableau très lucide sur ce mal français
10:58 qu'on a dénoncé depuis longtemps. Mais ce qui est intéressant dans le livre de Jean-Pierre Jouyé
11:02 est que lui, il l'a vécu, et d'ailleurs, il reconnaît sa part de responsabilité
11:06 comme tout le monde dans cela.
11:10 Et ce qui est étonnant, c'est qu'on se dit, à un moment donné vraiment,
11:16 et vous l'avez esquissé Jean-Pierre Jouyé, c'est que c'est une question aussi
11:20 de courage et de volonté. Vous disiez que quand il y a un vrai homme d'État,
11:24 en tout cas un vrai politique, il va l'imposer, mais quand il dit "oui, mais je vais flatter ceci ou cela",
11:30 et vous ne parlez pas dans votre livre, moi je vais vous dire un exemple qui m'a...
11:34 beaucoup de gens ont été absolument frappés quand même, il faut en parler,
11:38 parce qu'on dit "bon, on a une administration, elle est en principe compétente,
11:42 elle est là pour conseiller, pour agir, pour appliquer".
11:44 Et voilà-t-il pas qu'il y a encore un an ou deux ans, est apparu
11:48 les Einstein du conseil, MacInsey.
11:52 Et on a dit "attention, nos concursionnaires ça va, mais il faut quand même un peu hausser le niveau".
11:58 Et nous avons vu MacInsey s'intégrer dans presque toutes les politiques de la République,
12:02 du Covid à l'Ukraine, mais on va vous conseiller.
12:06 Alors Jean-Pierre Jouy, je vous pose la question, où nos fonctionnaires,
12:10 ou en tout cas la haute fonction publique, ça manque un peu de compétence,
12:14 alors peut-être qu'on peut pratiquer, alors je sais que c'est difficile,
12:18 à peut-être quelques épurations, ou en tout cas quelques diminutions,
12:20 ou alors, pourquoi MacInsey ? Vraiment, j'avais envie d'avoir votre avis sur la question.
12:26 - Vous allez la voir, et ce que je pense, c'est que les fonctionnaires,
12:34 en ce qui concerne les conseils et les audits, sont en France compétents.
12:40 Et ça j'ai pu le voir, parce que j'ai eu des responsabilités européennes et tout,
12:44 et par rapport à d'autres administrations... - Nous n'avons pas à rougir.
12:48 - Ah, on n'a pas à rougir par rapport à l'administration britannique,
12:52 ou par rapport à l'administration allemande, pour être très clair avec vous.
12:56 Et ce que je trouve anormal, c'est que par exemple, on dise qu'on supprime l'inspection des finances,
13:02 et qu'on fasse appel partout à MacInsey, ce qui coûte beaucoup plus cher,
13:08 alors que l'inspection des finances date du début du 19ème siècle, après l'Empire,
13:16 et on avait créé ça justement pour qu'il y ait des audits sur tout ce qui n'allait pas au niveau de l'État.
13:24 - C'est la création, c'est pour ça que ça a été fait.
13:26 - Et au moment... et donc c'est pas lié à l'ENA, contrairement à ce qu'on croit à l'inspection des finances,
13:31 c'est un corps d'audit qui existe au niveau de l'État,
13:37 et qui a été fait pour voir ce qui n'allait pas, ce qui coûtait trop cher,
13:41 ce qui devait être fait à moyen et à long terme.
13:44 Dans le livre, comme vous l'avez vu, en annexe, je cite un rapport que j'avais fait avec Boris Lévy,
13:52 sur tout ce qu'était, parce que c'était pas pris en compte par les administrations illimatérielles,
13:56 bon, on n'a pas eu besoin de MacInsey, on n'a pas besoin de MacInsey.
14:00 Lorsque j'ai vu qu'on faisait appel au plus haut niveau de l'État,
14:06 c'est-à-dire même au niveau de l'Élysée à MacInsey, ça ne s'était jamais fait auparavant.
14:12 - C'est la première fois.
14:13 - Ah c'est la première fois !
14:14 Et je n'ai... je veux dire, vous voyez, j'en ai pas après les conseils privés et tout ça.
14:21 Mais enfin, on n'utilise pas non plus les compétences que l'on a dans l'administration,
14:28 et vous l'avez également souligné, admettons qu'on dise "voilà, on va utiliser MacInsey et tout",
14:38 on ne suit pas toujours les rationalisations qui seraient nécessaires dans l'administration,
14:44 on dit "bon, si c'est pas compétent, on va supprimer les postes et tout ça".
14:48 Or, on ne le fait pas, parce qu'on ne veut pas non plus avoir d'ennuis avec le syndicat de la fonction publique.
14:55 En fait, on ne veut avoir d'ennuis avec personne, et le quoi qu'il en coûte, ça ne fait rien,
15:00 et comme disait quelqu'un que nous connaissons bien tous les deux, c'est pas cher, c'est l'État qui paye.
15:05 - Oui.
15:06 - Donc voilà. Et alors justement, mais au fond, vous parlez du nucléaire, vous parlez effectivement...
15:14 et pourquoi ? Pour satisfaire les écologistes, vous le dites dans votre livre, on a dit "on va arrêter Fessenheim",
15:19 alors que Fessenheim, ça pouvait marcher encore bien.
15:21 - Bien sûr !
15:22 - Voilà. Et ceci, effectivement, fait quoi ?
15:28 Est-ce qu'au fond, c'est une question de manque de courage, Jean-Pierre Jouyé, c'est quoi ?
15:34 C'est quoi qui fait que ce que vous décrivez, qui existe depuis des décennies, sinon des siècles,
15:40 qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné, il n'y a pas des gens qui secouent le cocotier, pour mon dire ?
15:45 - Eh bien, il y a deux éléments. Le premier, ce que je vous ai dit, c'est qu'il y a des féodalités politiques et administratives
15:57 qui sont très importantes. Je veux dire, le ministère des Finances d'Oujevien est une puissance quand même considérable,
16:05 les autres ministères ne peuvent rien faire sans...
16:08 - C'est Bercy qui décide, quoi.
16:10 - Exactement. Et en tout cas, qui paye et qui suit ce qui vous est donné.
16:17 Deux, vous avez tout ce qui est l'intérieur en termes de sécurité, des choses comme ça.
16:24 Trois, vous avez bien sûr tout ce qui est le Quai d'Orsay, qui est également une féodalité très importante,
16:33 et vous avez bien sûr tout ce qui est défense, tout ça.
16:37 Bon, ben, ces quatre ou cinq grands ministères, on n'y touche pas, et ils dominent les autres, si vous voulez.
16:47 Et deuxièmement, c'est vrai qu'il n'y a pas toujours le courage qui est voulu pour s'attaquer à tout cela et pour réformer à fond.
17:00 Parce que pour faire cela, il faut qu'on ait le courage d'abandonner un certain nombre de compétences au niveau central
17:09 et de les décentraliser au niveau local.
17:13 - Alors, le Jacobin Jouyé est-il devenu Gironda ?
17:16 - Le Jacobin, j'ai évolué sur ce point, vous avez tout à fait raison,
17:22 je n'étais pas comme ça il y a une quinzaine d'années ou une vingtaine d'années,
17:27 mais je suis effectivement devenu Gironda.
17:32 Et je considère, par exemple, sur la santé, sur l'éducation,
17:37 vous avez tellement de compétences entre l'État, les régions, les départements et tout ça,
17:42 que les Français ne savent plus à qui s'adresser quand il y a une école qui ne marche pas,
17:48 quand on ne prend pas leur enfant,
17:53 de quand vous avez des accidents et tout ça,
17:57 et qu'on vous dit "voilà, les urgences, ça ferme à 18h30,
18:01 vous allez maintenant, pour un traumatisme crânien, vous faire hospitaliser à 70 km",
18:07 bon c'est pareil, on demande aux collectivités, aux départements et tout ça de financer,
18:11 mais ils n'ont pas de pouvoir sur les directions hospitalières ou sur les directions d'enseignement.
18:16 Et ça, je considère que c'est tout à fait anormal aujourd'hui.
18:21 - Alors, ce qui est étonnant, c'est qu'on le sait, vous le savez, vous le dites,
18:24 et encore une fois, je repose la question, enfin, elle est l'incinente,
18:28 c'est-à-dire, on le sait, et puis ça ne bouge pas.
18:33 Les autorités régionales de santé, vous en parlez dans votre livre,
18:37 c'est quand même quelque chose d'hallucinant.
18:39 Il y a 33%, je ne sais pas, c'est 30% du corps médical
18:43 qui est autorité régionale de santé.
18:46 - Oui, oui, ce qui me frappe,
18:49 il avait fallu réorganiser le système de santé,
18:55 et les autorités régionales de santé ont plutôt bien fonctionné durant le Covid,
18:59 mais enfin, vous regardez, c'est des dépenses de fonctionnement en plus,
19:04 par rapport à l'administration hospitalière,
19:07 et vous avez donc des fonctionnaires hospitaliers ou autres,
19:10 qui au lieu d'être opérationnels,
19:13 contrôlent ce qui se fait dans les systèmes de santé,
19:16 et dans les hôpitaux, ou dans les centres de handicap,
19:21 et parfois plus ou moins bien,
19:23 et deuxièmement, ils recrutent des médecins
19:26 pour surveiller l'action des médecins sur le terrain,
19:30 alors que nous avons des déserts médicaux,
19:32 et principalement dans les zones rurales.
19:35 Bon, ben là, il y a quand même un vrai sujet !
19:40 - Et on fait quoi ?
19:41 - Et alors, on manque de médecins.
19:44 - Mais alors, Jean-Pierre Jouyé, on fait quoi ?
19:46 - Eh bien, comme vous avez créé...
19:48 Mais là, c'est un très bon exemple,
19:50 comme vous avez créé de nouvelles structures,
19:52 comme vous avez une nouvelle fédéralité avec les directions régionales de santé,
19:57 les agents régionales de santé,
19:59 on ne se dit pas, ben tiens, on va modifier ce que l'on a créé,
20:03 il y a trois ans ou quatre ans !
20:06 - Ben oui, on va rester là-dessus !
20:08 - On va rester là-dessus, et puis, voilà, on ne va pas bouger !
20:13 - On va reparler à tout ça,
20:16 y a-t-il un pilote dans l'avion, faut-il un pilote dans l'avion,
20:19 juste après cette petite pause.
20:21 - Oui, avec Jean-Pierre Jouyé, et avec vous aussi,
20:23 au 0826 300 300, on prend tous vos appels, à tout de suite sur Sud Radio.
20:28 On est ensemble jusqu'à 14h avec Jean-Pierre Jouyé,
20:31 aujourd'hui, qui vient nous présenter son livre
20:33 "Est-ce bien nécessaire, Monsieur le Ministre ?"
20:35 C'est aux éditions Albain Michel.
20:37 - Alors, Jean-Pierre Jouyé, on parlait effectivement,
20:39 hors antenne, mais aussi sur antenne,
20:42 et c'est dans votre livre,
20:44 c'est-à-dire, on se dit, au fond,
20:47 si je suis entrepreneur, allez, Elon Musk,
20:51 je fais exprès de prendre les enjeux,
20:53 mais je dis, mais c'est quoi ce...
20:55 mais foutez-moi la porte, tout ce genre-là,
20:57 ou au moins, je vais être vulgaire,
21:00 comme peut l'être un businessman américain,
21:03 mais il va dire, et je ne dis pas qu'il faut prendre un exemple,
21:06 mais il y a une administration qui a fait cet État,
21:09 et comme vous le dites, il y a eu pendant des siècles,
21:11 cet État français, il ne faut pas choter le bébé administration avec l'eau d'humain,
21:15 mais, et qu'il y a eu, et qu'il y a eu ce qu'il y a eu,
21:18 et la France est devenue ce qu'est la France.
21:20 Mais on a l'impression que les mêmes qualités
21:23 qui faisaient ce que la France est devenue,
21:26 par des siècles, etc.,
21:28 J.Colbert et compagnie, depuis 2014, il y a même avant,
21:31 sont devenus des défauts.
21:32 Qu'est-ce qui a fait que ces signes positifs,
21:35 et Dieu sait si nous en étions positifs,
21:37 se sont transformés depuis, allez, 40 ans, 50 ans, en négatifs ?
21:41 - C'est transformé en négatif parce que nous sommes
21:45 dans un monde qui est aujourd'hui beaucoup plus complexe,
21:50 où il y a quand même des révolutions technologiques qui sont importantes,
21:54 où il y a des rapports entre les, je veux dire,
21:59 les Français, les Européens, et autres,
22:03 qui se sont développés,
22:06 où notre jeunesse, quand même, est beaucoup plus mobile
22:10 qu'elle ne l'était auparavant,
22:12 vous remarquez qu'aujourd'hui, les jeunes, ils restent moins longtemps
22:16 en emploi que ce qu'ils pouvaient être auparavant.
22:20 Mais il n'y a pas eu d'adaptation par rapport à toutes ces évolutions,
22:25 et au fait aussi que vous avez en plus des normes nationales,
22:31 maintenant des normes européennes, et que l'Europe, on le voit,
22:34 depuis avant le Covid, et compte tenu de ce qui se passe
22:39 en Ukraine et des actes terroristes en Israël,
22:42 on voit bien que tout cela, l'Europe, maintenant aussi,
22:48 a influencé fortement notre manière d'être.
22:52 Mais on ne l'a pas pris en compte,
22:56 et au niveau politique, et au niveau administratif.
22:59 On surajoute des normes, par exemple françaises,
23:03 aux normes européennes.
23:04 Vous voyez, nos amis agriculteurs, par exemple,
23:09 un jour on leur dit qu'ils peuvent prendre tel pesticide,
23:12 puis cinq mois après on leur dit qu'ils ne peuvent pas,
23:16 puis après les français vous disent "bah non, on ne le fera pas quand même".
23:19 Comment vous voulez vous y retrouver dans tout ça ?
23:23 C'est quand même...
23:24 - Oui, c'est à les normes européennes surajoutées.
23:27 Alors justement Jean-Pierre Jouy, vous avez été un des bâtisseurs,
23:30 en tout cas, vous avez assisté au passage de l'euro,
23:32 vous le racontez, quelques dîners de fin d'année,
23:35 notamment le fameux fin d'année.
23:38 Vous êtes très sincèrement, aujourd'hui, avec le recul,
23:42 considéré que l'Europe, le bénéfice-risque a été plutôt bénéfique,
23:47 ou plutôt risqué ?
23:49 - Non, je crois que c'est bénéfique,
23:52 mais je crois que l'Europe a besoin d'être réformée.
23:56 Mais je prends l'euro, c'est une des réformes réussies,
24:01 et aujourd'hui, par rapport aux craintes que l'on avait,
24:05 je veux dire, au début du XXIème siècle, en 2000,
24:09 puisque c'est là que ça date,
24:11 on s'aperçoit aujourd'hui que c'est un élément de stabilité et de sécurité important.
24:16 Je ne sais pas si vous voyez, si on n'avait pas l'euro,
24:19 aujourd'hui, compte tenu de notre niveau de dette,
24:22 des niveaux de déficit,
24:24 des niveaux de dépenses publiques que l'on a
24:27 par rapport à notre richesse nationale,
24:30 j'ai mieux dire qu'on ne serait pas bien en termes monétaires.
24:34 - Donc ça, ça a été plutôt, enfin pour vous, c'est clair,
24:37 mais est-ce que c'est normal aux européennes, cette espèce de...
24:40 je vais dire, quand l'Europe intervient, regardez, prenons les questions de l'immigration,
24:45 les questions du droit d'asile, etc.,
24:47 le droit européen, aujourd'hui, surmonte le droit national.
24:50 Est-ce que c'est une bonne chose ?
24:52 - Il faut regarder les domaines où cela intervient,
24:57 parce que vous avez beaucoup de... là aussi c'est pareil,
25:00 vous avez beaucoup de déclarations européennes,
25:03 et notamment sur l'immigration,
25:06 la politique européenne n'est pas, quand même,
25:09 et c'est une méthode la plus forte,
25:12 je veux dire, Schengen n'a jamais eu d'administration forte,
25:17 là maintenant on nous dit depuis un an, mais tout ça va se renforcer,
25:20 on va renforcer les contrôles et tout ça,
25:22 je l'ai déjà vécu, moi en faisant la présidence française de l'Union Européenne en 2008,
25:27 on avait le même discours, il ne s'est pas...
25:29 - Il y a 15 ans !
25:31 - Il y a beaucoup évolué, il y a 15 ans !
25:33 Bon, et on est toujours avec le même discours.
25:35 Après, où vous avez raison,
25:37 c'est que vous avez la Cour de justice européenne
25:41 et la Cour des droits de l'homme,
25:43 et là, puisque maintenant tout le monde fait du contentieux
25:47 et tout ça pour ne pas retourner dans ses pays d'origine,
25:51 et bien là, je crois aussi qu'il y a un problème,
25:56 et il faut aussi que ces cours et que la justice européenne évoluent,
26:01 ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui.
26:03 - Esteban, je crois que nous avons des auditeurs.
26:06 - Exactement, nous avons Claude qui nous appelle depuis Perpignan.
26:09 Bonjour Claude.
26:10 - Oui, bonjour André Bercoff, bonjour Jean-Pierre Jouyet,
26:14 voilà, moi je vous ai écouté depuis le début de votre intervention,
26:19 je dois dire que je suis 100% pratiquement d'accord avec ce que j'ai entendu
26:24 et je suis sûr que votre livre sera passionnant,
26:28 mais ma question porte sur un passé récent.
26:31 Vous avez été secrétaire d'État de François Fillon, si je me souviens bien,
26:35 donc vous le connaissiez, surtout vous deviez connaître le programme
26:38 qu'il avait proposé en 2017,
26:40 or, bon, le battement d'aile de Papillon auquel vous avez été un peu mêlé
26:45 et qui a contribué au tremblement de terre
26:47 qui ne lui a pas permis finalement de poursuivre et éventuellement de passer,
26:51 est-ce que vous ne pensez pas que c'est un peu dommage au fond
26:54 que ce soit Hollande et Macron qui succédaient à cette hypothèse
26:57 et à ce programme de François Fillon ?
26:59 - Je veux dire, déjà j'ai beaucoup de respect pour François Fillon
27:05 et j'ai vu qu'on allait reconsidérer son dossier,
27:11 ce qui me paraît important.
27:14 Deuxièmement, je veux dire,
27:18 François Hollande et Emmanuel Macron ont quand même également fait un certain nombre de réformes.
27:26 Vous voyez, François Hollande, il a quand même stabilisé ce qui s'est passé en Europe avec la Grèce,
27:33 il a été sur le plan de la politique internationale
27:36 un des premiers à voir les menaces qu'il posait sur l'Ukraine
27:40 et à défendre l'Ukraine.
27:44 Troisièmement, il a vu tous les risques de Daech en Afrique subsaharienne, au Mali et tout,
27:52 il a pris les interventions nécessaires.
27:56 Et enfin, en ce qui concerne Emmanuel Macron,
27:59 vous voyez que la crise du Covid, je veux dire, dans l'ensemble, en France,
28:04 elle a été bien gérée.
28:08 Donc, et dernier point que je connais,
28:12 sous François Hollande, vous avez eu une réforme importante
28:15 à laquelle l'administration n'a pas cru pendant 30 ans,
28:18 et Jean faisait partie,
28:20 qui est la retenue à la source,
28:22 et qui est sans doute une des réformes fiscales les plus simples qui étaient mises en place.
28:30 - Donc, vous défendez vos amis ?
28:33 - Je défends et mes amis,
28:38 et je respecte les personnes que j'ai servies,
28:42 comme François Fillon.
28:45 - Eh bien, nous avons Guy, je crois.
28:47 - Oui, Guy, qu'on va retrouver dans un instant après cette courte pause.
28:50 A tout de suite, restez avec nous, Guy.
28:52 13h46 dans ce Face à Face, on est toujours avec Jean-Pierre Joulier,
28:55 et on accueille Guy de Paris au 0826-300-300.
28:58 Bonjour, Guy.
28:59 - Bonjour, Guy.
29:00 - Bonjour, monsieur André Bercoff, bonjour, monsieur André Joulier.
29:03 - Jean-Pierre, Jean-Pierre.
29:05 - Jean-Pierre, pardon.
29:06 - Je vous en prie.
29:07 - Oui.
29:08 - J'ai toujours été mon propre patron dans ma vie, chef d'entreprise.
29:10 J'ai eu dans ma vie à redresser deux entreprises,
29:13 obligation d'utiliser les moyens que l'on possède pour pouvoir travailler,
29:17 et les entreprises ont été redressées.
29:20 J'ai 73 ans, et j'ai toujours œuvré de cette façon auprès de mes clients, etc.
29:26 J'ai toujours mis en œuvre les moyens que nous avions
29:28 et la richesse des dons et des charismes.
29:31 Depuis 50 ans, nous avons eu des présidents
29:34 qui n'étaient pas à la hauteur pour la gestion d'un pays.
29:37 La gestion d'un pays n'a nul besoin d'avoir une couleur politique.
29:40 Je m'explique.
29:41 Est-ce qu'un chef d'entreprise a besoin d'avoir une couleur politique
29:44 pour mener à bien son entreprise ?
29:46 Est-ce qu'un père et une mère de famille ont besoin d'avoir une couleur politique
29:49 pour mener à bien leur famille ?
29:51 Or, la nation est formée de familles et d'entreprises,
29:54 et surtout l'obligation de respecter les entreprises.
29:57 J'ai appartenu à un syndicat de chefs d'entreprises
30:00 qui, pendant des années, s'est battu contre le ministère des Finances,
30:04 contre les ministres, pour exiger que les impôts,
30:08 ces lourdeurs d'impôts, ces taxes énormes,
30:11 soient enlevées sur les entreprises, pour garder les entreprises.
30:15 Parce que les entreprises, c'est le travail.
30:18 Les entreprises, ce sont des chefs d'entreprises qui risquent leur argent,
30:21 qui investissent.
30:23 Vous avez de l'argent en stock,
30:26 vous achetez de l'immobilier, vous êtes sûr de pouvoir retomber sur vos pattes.
30:29 Vous avez des moyens financiers, vous investissez dans une entreprise,
30:33 vous n'êtes pas sûr de gagner jusqu'au bout.
30:36 Comprenez-vous ? Il n'y a pas eu de respect des entreprises.
30:39 Ces présidents que nous avons eus, de Giscard jusqu'à maintenant,
30:42 n'ont pas eu le respect de l'entreprise,
30:45 n'ont pas été de bons gestionnaires.
30:48 C'étaient des financiers, c'étaient des idéologues,
30:51 mais pas des gestionnaires.
30:53 - Vous voulez une phrase gestionnaire, Guy ? On l'a bien compris.
30:55 On va demander à Jean-Pierre Jouillet de vous répondre.
30:58 - Je crois qu'il faut distinguer deux choses.
31:02 La politique reste un métier,
31:07 et un métier difficile.
31:10 Et c'est quand même un des fondements
31:14 de la démocratie et des démocraties occidentales.
31:17 Ce n'est pas qu'en France où vous avez des personnes
31:21 qui se consacrent à la politique
31:26 et qui la font.
31:28 C'est vraiment des responsabilités publiques
31:30 qui sont très particulières,
31:32 avec des débats d'idées ou de lignes directrices,
31:35 ce qu'il faut donner à un pays.
31:38 Mais deuxièmement, là je vous comprends,
31:41 c'est-à-dire que, compte tenu de tout ce qui est
31:45 l'inflation des normes, de l'inflation des taxes,
31:47 d'ailleurs réduite sur les entreprises,
31:50 là les politiques ont fait des efforts.
31:53 L'impôt sur les sociétés a été réduit.
31:55 Emmanuel Macron l'a fait et tout.
31:58 Donc vous avez également des informes
32:01 qui ont profité aux entreprises.
32:02 Mais là, vous avez raison,
32:04 c'est que pour les entreprises,
32:06 vous avez de plus en plus de personnes
32:09 dans les entreprises qui sont chargées
32:12 du fonctionnement,
32:14 et qui sont chargées de voir si les normes sont respectées,
32:17 si tous les formulaires sont remplis,
32:19 si vous avez répondu à toutes les administrations,
32:21 si vous ne risquez pas un contrôle fiscal et tout ça.
32:24 Donc, ce n'est pas seulement l'État
32:27 qui est régi par les dépenses de fonctionnement,
32:31 c'est toute l'économie.
32:33 Et c'est en cela qu'il faut réformer profondément
32:37 notre système, parce que ça touche effectivement
32:40 et l'économie et les entreprises,
32:42 qui dépensent elles aussi davantage en fonctionnement
32:45 qu'en investissement ou en production.
32:47 - C'est vrai que, non mais c'est...
32:49 D'ailleurs, ce que disait notre auditeur,
32:51 c'est tout le problème, c'est...
32:53 Allez, je vais dire, parce qu'Antigone et Crayon,
32:55 si on considère que les gens...
32:57 C'est qu'effectivement, il y a deux domaines régaliens,
32:59 vous savez, qui ne sont pas...
33:00 L'entreprise est faite pour faire du profit.
33:02 Sinon, l'État, il y a des domaines
33:04 où ce n'est peut-être pas le profit qui devrait tomber,
33:07 c'est là où l'hospitalisation et la santé
33:09 ne devraient pas être un équivalent de profit.
33:11 Tout le monde a besoin de la santé.
33:13 C'est tout le problème de l'équilibre
33:15 entre... voilà, des services publics.
33:17 Mais est-ce que vous ne croyez pas, quand même,
33:19 Jean-Pierre, je vous pose la question,
33:21 vous êtes un homme libre et vous regardez tout cela,
33:23 est-ce que, franchement,
33:25 il faut garder, mais je vous pose la question,
33:27 je n'ai pas du tout...
33:28 La garantie de l'emploi pour tout ce qui est fonction publique,
33:31 par rapport... Est-ce qu'il n'y a pas cette espèce de...
33:34 de France ?
33:36 Elle existe depuis toujours, mais je crois qu'il faut se poser la question.
33:39 Garantie de l'emploi.
33:40 Certains métiers, on dit que c'est garantie de l'emploi,
33:42 parce que justement, ils peuvent être corrompus,
33:44 d'intérêt...
33:46 Mais, je veux dire, pardon,
33:48 conflit d'intérêt, etc.
33:50 Et le pantouflage.
33:51 Comment on peut faire pour empêcher
33:53 que ces deux mondes ne se réfracent pour le mauvais ?
33:57 Pour le mauvais plutôt que pour le bien.
33:59 - Alors, c'est une...
34:01 C'est une vraie question
34:03 et fondamentale.
34:05 Parce que vous ne réformez pas,
34:07 vous ne diminuez pas les effectifs
34:09 de l'État,
34:11 vous ne les faites pas bouger
34:13 entre des administrations qui en auraient besoin aujourd'hui,
34:15 type la santé, l'éducation nationale,
34:17 vous avez peu de fonctionnaires des finances
34:19 qui vont à la santé
34:21 ou à l'éducation nationale.
34:23 Parce que vous avez deux sujets.
34:25 Un, vous avez le problème du statut,
34:28 effectivement, et donc l'emploi à vie.
34:30 Et par conséquent, là aussi,
34:32 les responsables politiques
34:34 et les ministres ne veulent pas
34:36 réduire tous leurs effectifs,
34:39 sauf peut-être à Bercy,
34:41 qui est le seul ministère à les avoir réduits,
34:43 parce que vous touchez,
34:45 effectivement, au statut
34:47 et tout ça.
34:49 Deuxième point,
34:51 je pense qu'il devrait y avoir
34:53 une évolution en recrutant
34:55 davantage de contractuels.
34:57 Et ce que l'on observe
34:59 aujourd'hui, mais à un rythme
35:01 trop modéré, c'est
35:03 que l'on recrute des contractuels
35:05 et on doit aller dans ce sens-là.
35:07 - On accueille Philippe, qui nous appelle
35:09 depuis le camp. Bonjour Philippe. - Bonjour Philippe.
35:11 Philippe.
35:13 - Oui, bonjour.
35:15 - Bonjour M. Jouyé.
35:17 Bon, je ne suis pas très content, moi je vais pousser
35:19 un petit coup de gueule, mais gentil.
35:21 Moi je dirais qu'on a un Etat
35:23 pléthorique
35:25 et vraiment qui n'est pas
35:27 à la hauteur.
35:29 On n'a pas des hommes d'Etat
35:31 avec ce profil-là.
35:33 Je ferai référence, mais
35:35 excusez-moi M. Jouyé, je ferai référence à un livre
35:37 que j'invite vos éditeurs à parcourir
35:39 qui est "Mafia d'Etat" de Vincent Jauvet.
35:41 Vous avez 40% actuellement
35:43 des entreprises du CAC 40
35:45 et qui sont managées
35:49 par des fonctionnaires d'Etat.
35:51 Vous avez des passages obligés dans les cabines
35:53 ministérielles où, après
35:55 un certain temps,
35:57 ces gens-là passent dans le privé,
35:59 repartent avec leur
36:01 bouc
36:03 et vont servir
36:05 les intérêts qui ne sont pas les intérêts de l'Etat.
36:07 Moi aussi, il y a un gros
36:09 problème, là, le livre
36:11 de Charles Pratt, notamment
36:13 quand il est édité. Je vous rappelle
36:15 quand même que c'est entre
36:17 40 et 50 millions de fraudes sociales
36:19 et fiscales qui posent problème
36:21 à la France. - Milliards, milliards.
36:23 - D'après Charles Pratt.
36:25 - Et on voit
36:27 que des gens, des fonctionnaires
36:29 qui sont à la tête de la caisse
36:31 d'assurance maladie, notamment, qui sont
36:33 des issus du CERAIL,
36:35 de la fonction publique, ne se déplacent pas
36:37 et n'y vont pas. Pourquoi ? Parce qu'ils savent
36:39 qu'ils doivent rendre compte. Alors, M. Jouyé,
36:41 je vais vous dire une chose,
36:43 les Français n'en veulent plus de ce système
36:45 et cette mafia d'Etat,
36:47 je dirais, dans laquelle vous avez
36:49 côtoyé ce milieu-là,
36:51 n'est plus
36:53 à la hauteur. On a...
36:55 Alors, la politique, je vous reprends juste
36:57 sur une petite chose, la politique n'est pas
36:59 un métier, mais une vocation.
37:01 - Alors, Jean-Pierre Jouyé.
37:03 - Alors, je vois
37:05 que monsieur, comme moi,
37:07 entend ce qui se dit
37:09 et ce qui se passe en Normandie,
37:11 où je vais souvent,
37:13 donc, ça, je comprends
37:15 parce que je l'entends.
37:17 Et,
37:19 ce qui est vrai, c'est que pour...
37:21 On a l'impression que
37:23 les Français
37:25 ont le sentiment qu'ils n'ont pas accès
37:27 à tous les services publics qu'ils doivent
37:29 payer et que ça reste
37:31 difficile pour eux.
37:33 Et, le point
37:35 que je veux souligner,
37:37 c'est qu'il est vrai que vous avez
37:39 trop de responsables politiques.
37:41 Je prends l'exemple actuel,
37:43 vous avez plus de 40 ministres
37:45 dans un gouvernement,
37:47 dans ce gouvernement.
37:49 Donc, plus de 40 ministres,
37:51 ça fait un peu beaucoup parce que
37:53 ils ne peuvent pas être identifiés
37:55 par les Français. Et, les Français
37:57 ne savent pas quel responsable
37:59 ou quel ministre se pose. Au début
38:01 de notre entretien,
38:03 sur le squatteur,
38:05 le propriétaire
38:07 et le locataire, on s'aperçoit qu'aujourd'hui,
38:09 c'est un problème fondamental,
38:11 le logement. Vous n'avez pas
38:13 un ministre de temps plein qui s'occupe
38:15 du logement dans ce pays. - Mais, juste un mot,
38:17 Jean-Pierre Joué, par rapport à ce que disait Philippe,
38:19 est-ce qu'on n'a pas un problème, et encore une fois, il n'est pas nouveau,
38:21 il n'a pas à écriviner x ou y,
38:23 mais quand même, est-ce qu'il n'y a pas un problème
38:25 qui s'appelle le pantouflage et le capitalisme
38:27 de collivance ? On ne va pas faire "on n'a pas une heure,
38:29 on a hélas une minute", mais est-ce qu'il n'y a pas
38:31 quand même, à un moment donné,
38:33 qui, encore une fois, qui n'est pas d'ailleurs
38:35 l'apanache français, mais
38:37 cette espèce de
38:39 circulation comme ça, qui quelquefois
38:41 prend une tournure, "Allez, c'est les copains,
38:43 on va s'occuper de ce que Poniatowski a appelé
38:45 les copains et les coquins." - Alors,
38:47 ce qui est vrai, c'est qu'il y a
38:49 un entre-soi
38:51 politico-économique et financier
38:55 qui existe, c'est-à-dire
38:57 que
38:59 les grands
39:01 responsables d'entreprise, les responsables
39:03 financiers et tout, ont accès au président,
39:05 ont accès au ministre de l'économie,
39:07 ont accès, se connaissent
39:09 bien et peuvent faire valoir
39:11 leurs, je veux dire,
39:13 leurs difficultés, leurs intérêts, oui.
39:15 Mais tout
39:17 en étant, tout ça
39:19 est respecté, il n'y a pas de
39:21 conflit d'intérêts.
39:23 Et, deuxièmement,
39:25 ce qui est
39:27 important aussi, c'est que
39:29 le fait que
39:31 vous alliez du public
39:33 dans le privé
39:35 ou du privé dans le public, ce qui
39:37 est plus difficile,
39:39 bon, normalement, c'est pas une mauvaise chose,
39:41 ça existe dans d'autres pays,
39:43 parce que c'est une collaboration
39:45 justement entre secteur public
39:47 et secteur privé. Mais le problème, c'est
39:49 l'entre-soi central
39:51 entre les mondes financiers, économiques et politiques.
39:53 - C'est ça, il ne faut pas les ménines de la Velazquez,
39:55 en tout cas, je ne sais pas si c'est bien
39:57 nécessaire, monsieur le ministre, mais
39:59 votre livre, allez, Jean-Pierre Jouy.
40:01 - Merci beaucoup. Merci Jean-Pierre Jouy d'avoir
40:03 été avec nous. On rappelle ce livre,
40:05 Est-ce bien nécessaire, monsieur le ministre,
Recommandations
1:44:04
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À suivre
2:42:02
1:26:49