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  • 13/10/2023
Avec Guillaume Durand, journaliste

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##SUD_RADIO_MEDIA-2023-10-13##

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News
Transcription
00:00 10h30 Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Gansman
00:04 Bonjour à toutes et à tous, heureuse de vous retrouver, nous sommes le vendredi 13 octobre
00:09 Bonjour Gilles Gansman
00:10 Bonjour Valérie, vous avez vu, ma voix est revenue
00:14 Vous vous préparez pour Halloween ?
00:15 Alors je pensais que vous m'auriez complimenté
00:19 Oui votre voix est revenue, vous êtes superstitieux ou pas ?
00:22 Je joue au loto
00:23 Ah très bien, pas étonnant
00:24 Et vous ?
00:25 Non je n'ai pas joué au loto mais on va...
00:28 Vous savez comment ça s'appelle les gens qui ont peur du vendredi 13 ?
00:31 Non
00:32 C'est un nom très compliqué, regardez sur internet
00:34 Ah bon, très bien, vous nous posez une question et il n'y a pas la réponse
00:36 Non mais je voulais la rechercher et puis j'ai oublié de le faire
00:40 Bon, dans un instant nous devrions être avec Guillaume Durand qui ne devrait pas tarder
00:44 à arriver, on va parler livre avec lui et puis avec vous Gilles, on va tout de suite
00:50 commencer par le zap
00:51 Oui, juste avant, deux précisions d'audience Valérie, le président de la république a
00:56 été suivi par 11 millions 1 de téléspectateurs, ça fait 57,6% de part du marché, son allocution,
01:05 c'est un bon score parce que les scores des chaînes d'information vont se rajouter,
01:10 là je vous ai donné les scores pour les chaînes nationales, TF1, France 2 et M6,
01:15 donc sur les trois chaînes le total c'est 11 millions 1, je pense que ça a monté à
01:19 12-13 millions ce qui est un score
01:20 Oui, il y avait beaucoup de monde et nous évidemment on va y revenir tout à l'heure
01:24 au moment des débats
01:25 Et puis nos amis hier, on recevait mercredi Pascal Bataille et Laurent Fontaine pour le
01:30 retour de
01:31 Y'a que la vérité qui compte sur C8
01:33 C'est un énorme carton, 1 million 17 téléspectateurs sur C8, 1 million en règle générale ça
01:41 fait 800 000, bon, un très très bon score et c'est les scores que fait la série, je
01:49 oublie, La Fiction qui marche bien, Mangeville, on fera entre 1 million et 1 million 2, donc
01:54 c'est un très bon score pour du divertissement et un programme qui revenait
01:58 Bravo à eux, on va passer tout de suite aux Zapping
02:02 On en parlait il y a un instant Valérie, hier l'allocution d'Emmanuel Macron était très
02:11 attendue, des familles françaises en Israël dont certains membres ont disparu, c'est le
02:15 cas de Céline Ben David qui a disparu après l'attaque du Hamas, son frère a réagi au
02:21 micro de BFM juste après l'intervention du président
02:24 La Fiction, vous attendez d'Emmanuel Macron ou de la France ?
02:28 J'espère que comme il a parlé fort, il a montré qu'il est vraiment avec le peuple
02:33 juif, j'espère qu'il va vraiment s'occuper de ça avec les pays comme il a dit tous les
02:37 pays alentours et qu'on va avoir des preuves, il n'a pas dit qu'il allait emmener des preuves
02:41 de vie, des photos pour nous rassurer, pour savoir ce qui se passe, j'espère qu'il va
02:49 vraiment travailler là-dessus pour les enfants de la France, pour Céline, pour la petite,
02:53 il faut que tous les français reviennent tous
02:58 Et puis hier le Hamas a fait croire qu'il avait libéré trois otages, je ne sais pas
03:02 si vous avez suivi ça également, ce n'était que de la manipulation d'images qui est devenue
03:07 une arme dans cette guerre, l'image va devenir quelque chose d'important, Quotidien est revenu
03:13 hier sur cette fausse information
03:15 Et l'information provient d'un communiqué du Hamas, d'un communiqué accompagné de
03:20 cette vidéo très floue diffusée sur la chaîne arabe à Jazeera
03:23 Je vous prie de m'excuser docteur, on me dit que nous allons transmettre maintenant des
03:27 images qui montrent la libération d'un otage avec ses deux enfants au kiboutz olit, on
03:33 voit bien sur ces images cette dame avec ses deux enfants que le Hamas a libéré au kiboutz
03:36 olit
03:37 Les articles de propagande du Hamas on ne les a pas vu à la télé israélienne car
03:40 les médias locaux ont tout de suite dénoncé une manipulation, selon eux les images dateraient
03:45 du week-end dernier, les otages n'auraient jamais été amenés à Gaza et seraient repartis
03:50 juste avant la zone frontière, la femme en question serait une israélienne qui a déjà
03:54 raconté son histoire à de nombreuses télévisions dont CNN
03:57 Nous avons traversé la frontière avec mes deux enfants, nous étions environ à 2 km
04:02 de Gaza, je voyais déjà les maisons et ils m'ont dit de partir, ils nous ont libérés
04:06 Il faut faire attention Valérie sur les images, sur ce qui se retrouve, on ne le dira jamais
04:12 assez souvent, sur la manipulation possible des images
04:16 Alors une petite parenthèse, deux auditeurs Stéphane et une autre auditrice me disent
04:24 ça s'appelle la parakevideka triophobie, la peur du vendredi 13
04:31 Vous voyez que ça avait un nom
04:33 Héloïse merci, merci à Stéphane, je vous remercie de m'avoir fait dire ce mot très
04:39 compliqué parakevideka triophobie, voilà on continue le zapping
04:44 Vous ce n'est pas votre phobie à vous
04:47 Non, vous voulez que je vous raconte ?
04:49 Non, non, l'homme le plus recherché évidemment est Mohamed Def, c'est le commandant de la
04:57 branche militaire du Hamas, mais voilà Valérie il n'a pas été vu depuis de très très
05:02 nombreuses années, on ne sait pas s'il est vivant, on ne sait pas si le message qui a
05:06 été diffusé était sa voix, une ancienne voix ou un montage avec l'IA, il serait diminué
05:13 il a été amputé des deux jambes et d'un bras, mais est-il vraiment en vie ?
05:18 Georges Malbrunot était hier dans cet avou
05:21 C'est un fantôme aussi, à l'époque où j'étais correspondant dans les années 90,
05:25 Mohamed Def on ne le voyait déjà plus, à partir de 96 il est rentré sous terre, il
05:31 a été blessé, en 2014 Benny Gantz l'a annoncé mort, est-ce qu'il est encore en vie ?
05:39 Peut-être, mais enfin il a quand même pris des coups, on dit qu'il serait sur un fauteuil
05:46 roulant, donc probablement...
05:48 Il a une bonne voix là !
05:49 Oui, mais est-ce que c'est sa voix ?
05:51 Et si c'est sa voix, peut-être qu'elle est...
05:53 C'est un ancien enregistrement
05:56 C'est un mystère, parce que courir après un fantôme c'est un peu compliqué
06:01 39 ans après Valérie, 39 ans après la mort du petit Grégory, un de ses corbeaux a été
06:07 identifié, celui qui avait écrit à la famille Villemin "je vous ferai de nouveau votre peau
06:13 prochaine victime, Monique", on sait désormais qui se cachait derrière ce message anonyme
06:19 Thibault Solano de Marianne a mené l'enquête et a donné sa réponse
06:23 Cette femme ne connaissait pas qui que ce soit au sein de la famille Villemin, elle
06:28 n'était pas du tout dans la région, elle habitait à Paris au moment de l'affaire
06:33 Grégory Villemin, elle était originaire de Guadeloupe, effectivement c'est quelqu'un
06:37 qui était on va dire désœuvré à l'époque, et simplement elle l'a dit elle-même devant
06:42 les enquêteurs, elle s'était passionnée pour le dossier, elle s'était en quelque
06:46 sorte laissée emporter
06:48 C'est incroyable, vous avez suivi l'histoire, j'imagine
06:50 Oui, bien sûr
06:52 C'est incroyable que ce corbeau soit une personne qui n'est pas liée à l'affaire
06:54 J'imagine qu'il y a toujours dans ce type d'affaires des gens qui profitent du malheur
06:59 des gens pour surenchérir
07:01 Et cette triste nouvelle qui doit être confirmée, donc je mets un peu vraiment, je fais attention
07:07 à ce que je dis, c'est sans doute une fin tragique pour l'acteur de "Plus belle la vie"
07:11 Marouane Béréni, une dépouille d'un homme a été découverte dans la commune de Courcel
07:16 en Beaujolais, il s'agirait peut-être du corps du comédien qui se serait suicidé,
07:23 tout ça vraiment conditionnel, l'ironie du sort c'est que dans 15 jours tous les comédiens
07:27 de "Plus belle la vie", enfin la plupart des principaux comédiens vont se retrouver
07:31 pour tourner la nouvelle version de TF1 de "Plus belle la vie" et on voulait évidemment
07:36 faire un clin d'œil à Marouane avec le générique de "Plus belle la vie"
07:39 *Musique*
07:50 Voilà, et on se retrouve nous dans un instant, oui c'est très triste, mais c'est vrai que
07:55 Nathalie Marquet-Pernaud avait évoqué une discussion qu'elle avait eue avec lui en parlant
08:04 de l'affaire Palmad et en disant "moi je ne supporterai pas cette situation et je me
08:07 foutrai en l'air" donc issue vraisemblablement tragique pour le jeune comédien.
08:13 Dans un instant...
08:14 Sachant que là il n'y a pas eu de décès, de morts, pas d'enfants tués...
08:18 Oui oui bien sûr.
08:19 C'est simple, après...
08:20 Oui oui la personne a été très très blessée, renversée...
08:24 Donc se suicider pour quelque chose qui pouvait se régler dans les tribunaux et autres, je
08:30 pense qu'elle a eu peur pour sa réputation et qu'il était aussi perturbé par la mort
08:35 de son frère, c'est ce que disent aussi beaucoup de personnes qui l'ont connue.
08:38 On se retrouve dans un instant avec Guillaume Durand, au Bonheur des Livres sur Public Sénat,
08:43 c'est à suivre dans un instant, à tout de suite.
08:45 Sud Radio Média, l'invité du jour.
08:49 L'invité du jour c'est Guillaume Durand, bonjour Guillaume Durand.
08:53 Bonjour Valérie.
08:54 Merci d'être avec nous ce matin, on va parler de votre nouvelle émission, au Bonheur des
09:02 Livres sur Public Sénat, c'est à 23h ce soir, on va parler de la place du livre à
09:07 la télévision, c'est vrai que 23h c'est tard, alors c'est vrai que sur Public Sénat
09:11 c'est aussi multi-diffusé, néanmoins le livre n'a pas beaucoup de fenêtres.
09:18 Peut-être première question sur vous et sur votre santé, vous avez quitté la matinale
09:21 de Radio Classique après 14 ans d'antenne, comment vous allez déjà vous, au niveau
09:29 santé ?
09:30 Eh bien, ce qui est complètement dingue avec le recul, et là je parle à quelqu'un
09:35 qui connaît bien la radio, à savoir vous, c'est que je me rends compte que sur l'ensemble
09:39 de ma vie j'ai fait 27 ans à 5h du matin ou 3h du matin quand j'ai commencé à
09:46 Europe 1.
09:47 Je veux dire qu'avec le recul, je me dis mais je suis totalement fou d'avoir fait
09:50 ça et je l'ai fait jusqu'en juin dernier avec beaucoup de plaisir, beaucoup de bonheur,
09:57 un peu évidemment déopé par la rénaline de l'actualité, de l'élection présidentielle,
10:02 etc.
10:03 Mais en fait c'était à la fois une aventure personnelle extraordinaire mais totalement
10:11 irraisonnable.
10:12 Quelle vie on a justement quand on se lève à 3h, enfin quand on va travailler à 3h
10:17 du matin ?
10:18 Vous savez les gens ont toujours une vision des journalistes qui sont des grandeurs, les
10:23 gens qui ont un recul, c'est pas important, aller déjeuner.
10:26 Moi j'ai pas déjeuné depuis 10 ans avec qui que ce soit.
10:29 Vous allez voir les gens évidemment du monde politique pour avoir des informations dans
10:35 la journée mais j'ai pas dîné non plus en dehors du vendredi et du samedi soir.
10:39 Je suis pas une victime.
10:41 C'est une vie, la vie de matinérier qui est absolument exaltante.
10:45 On n'est pas les seuls, il y a des boulangers, il y a des gens qui ramassent les ordures,
10:49 il y a plein de gens qui travaillent très tôt le matin.
10:51 On l'a choisi donc il faut l'assumer.
10:54 Mais c'est normal qu'au bout, mon fils quand il était jeune pour arriver à la littérature
11:00 a été un très beau prêbe qui s'appelle Eladie, dixième des délus.
11:04 C'est pas étonnant qu'au bout d'une expérience pareille, pourtant je suis hyper sportif,
11:09 je fume pas, je bois pas etc. et je me couche tôt, c'est pas étonnant que j'ai eu quelques
11:13 problèmes de santé.
11:14 Mais à quel moment vous trouvez le temps de lire alors ?
11:16 Ah bah lire on a la journée, c'est l'avantage.
11:20 Le grand avantage de ce système là, c'est qu'à dix heures du matin vous êtes étudié,
11:29 donc normalement c'est là qu'intervient la sieste, parce que c'est un peu obligatoire.
11:37 Malheureusement avec les années on en fait de moins en moins, parce qu'on dort moins,
11:43 c'est presque biologique.
11:45 Et on lit, et dans mon cas non seulement je lis, mais j'ai fait des livres, l'année dernière
11:51 j'ai lu Renaudot, qui n'a pas été vraiment préduit.
11:54 Donc si vous voulez, ça n'empêche pas de lire, mais il y a des choses qu'on ne peut
11:58 plus faire, donc moi j'ai gardé le sport, la lecture, les tableaux.
12:02 Et est-ce que ça vous manque ? J'ai envie de vous poser la question, le jour de la rentrée,
12:12 il ne vous a pas manqué quelque chose ou vous êtes content finalement d'avoir tourné
12:15 cette page ?
12:16 Je pense que c'est un mélange des deux, pour être honnête.
12:19 Il ne faudrait pas par exemple que pour des raisons sordides on se dise...
12:29 J'ai un ami par exemple qui justement est un peu, enfin qui est beaucoup plus jeune
12:34 que moi, mais qui est un peu en dehors du système actuellement, il me dit "qu'est-ce
12:38 qui se passe en Israël, genre je ne vais pas être sur une antenne etc."
12:42 Mais je lui dis "mais t'es totalement babou".
12:44 Je veux dire, on ne consiste pas à se rouer sur le malheur du monde pour essayer d'exister.
12:51 Je sais que c'est une chose très importante, mais moi je me souviens par exemple au tout
12:56 début de ma carrière, j'étais en Irak sous les bombes au moment de la guerre Iran-Irak,
13:01 avant même l'intervention américaine.
13:03 Ma fille est née à ce moment-là, j'ai appris ça, j'étais à Bassora au fin fond d'Irak,
13:09 je travaillais à l'époque pour Europe 1 et j'ai dit aux autorités de tutelle que le
13:15 remportage avec une fille, après j'allais avoir 4 autres enfants, c'était bel et bien
13:19 terminé.
13:20 Il faut savoir adapter sa vie au risque, il ne faut pas que tout soit dédié entièrement
13:29 à l'actualité, autrement on a le risque de se faire développer complètement.
13:32 Oui mais c'est aussi une passion, on en parlait avec Michel Cotta la semaine dernière, qui
13:37 était venu nous parler de Jean-Pierre Elkabbach.
13:40 Jean-Pierre Elkabbach vivait, mangeait, dormait, actualitait, c'était un véritable drogué
13:45 à l'actualité.
13:46 Il est bien connu.
13:47 Oui je sais que vous l'avez bien connu.
13:49 Donc c'est aussi cet aspect-là qui peut manquer à votre jeune confrère.
13:53 Si vous voulez Jean-Pierre, maintenant que ces objets sont passés, je dois dire pour
14:00 avoir travaillé avec lui que c'était à la fois un passionné et d'une certaine
14:05 manière un modèle, mais avec quand même un certain nombre de défauts.
14:09 Parce que c'était quand même quelque chose que moi je n'ai jamais pratiqué, lui devait
14:15 me prendre pour un grand désinvolte, mais moi je n'ai jamais accepté le côté commission
14:24 totale avec le monde politique, ce qui ne l'empêchait pas d'être indépendant.
14:29 Je les activais avec eux comme s'ils étaient députés RPR avec Chirac et députés socialistes
14:36 avec Mitterrand.
14:37 Ce n'est pas tout à fait mon genre.
14:39 Et je pense que les livres par rapport à ça, la littérature, le reste, vous avez
14:43 présenté Valérie de Moussan sur le livre, c'est quand même un moment où on s'abstrait
14:49 de tout ça pour sortir de cette passion qui est une véritable passion.
14:55 Mais c'est comme les militaires, ils prennent leur retraite à 50 ans.
15:00 Pour les légionnaires, sauter sur Colvésie, ça devait être enthousiasmant, mais à un
15:05 moment il faut savoir s'arrêter et ne pas sauter sur Colvésie toute la journée.
15:08 Mais j'imagine que lorsque vous regardez la télévision, si vous avez le temps actuellement,
15:13 ça doit vous rappeler la 5 et la guerre du Golfe.
15:15 Vous avez été longtemps à l'antenne avec des spécialistes militaires, je me souviens
15:20 de cette table en forme de 5 avec votre baguette et vous montriez les camps.
15:27 Et puis à l'époque on parlait déjà des leurs avec des ballons gonflables qui ressemblaient
15:33 à des tanks.
15:34 Aujourd'hui c'est des images qui sont manipulées.
15:36 Est-ce que ça vous rappelle cette période ?
15:37 Il y a une chose à laquelle je pense, le côté sérieux et le côté pas sérieux.
15:42 Je vais commencer par le côté pas sérieux pour que tout le monde se déclare.
15:46 Je recommande à tous vos auditeurs de regarder un sketch des inconnus qui s'appelle Guillaume
15:51 Truant où on me voit avec les généraux et c'est une caricature qui est à hurler
15:58 de rire de cette situation mais qui était dramatique.
16:02 La seule chose que je peux dire par rapport à ça, c'est que les gens qui me connaissent
16:06 savent très bien qu'avant de m'asseoir sur une chaise, j'ai fait beaucoup de choses.
16:09 A commencer justement par avoir spionné pas mal les Proches-Orient, Beyrouth et tout ça.
16:16 Alors évidemment on nous prend connaissance de l'existence d'un journaliste que quand
16:21 il a une vision ou qu'il donne une vision publique de lui-même.
16:24 Moi il s'est passé dix ans de ma vie avant que je fasse une sondage télévisée ou que
16:29 je fasse une émission.
16:30 Et le reste c'était reporter, etc.
16:36 C'est absolument cul-de-riole mais je n'ai eu aucune autre oublie avant ça.
16:40 Ce qui était le cas d'Anne-Claire Coudray aussi par exemple qui a été grand porteur
16:44 avant et qui incarne ce journal.
16:49 Pour ce qui est de la 5, vous disiez ?
16:51 Alors pour ce qui est de la 5, c'est-à-dire qu'à un moment ma génération, je suis un
16:56 peu plus âgée de vous, a été totalement culpabilisée par l'arrivée de CNN.
17:01 C'est-à-dire que quand CNN est arrivé, vous savez combien il y a actuellement sur
17:07 le territoire israélien ? Moins les techniciens 45.
17:11 Et nous on était encore avec un agra et un téléphone qu'on cassait pour brancher ça
17:17 et pour avoir des...
17:19 Nous on avait arrivé les gens de CNN, c'est l'aventure de ma génération à la date.
17:24 Ils avaient des téléphones satellites, ils arrivaient avec des hélicoptères particuliers.
17:28 Donc on se disait, le journalisme qu'on pratique est un journalisme qui n'a plus aucun sens.
17:35 Il est en direct de partout.
17:36 Donc avec tous les aléas, et Dieu sait qu'il suffisait de les nier, ce serait absurde,
17:43 mais la 5 est née de ça.
17:45 De cette idée qu'une génération de petits français dans une chaîne un peu improbable
17:50 qui a obtenu un destin que tout le monde connaît voulait essayer de prendre le direct, de faire
18:00 du vrai qui dit ce qu'on dit partout, ce qui ne se faisait absolument pas, ou ce qui
18:03 avait été fait pour la tentative d'assassinat par le pape par les grandes chaînes, mais
18:09 qui ne se faisait pas auparavant.
18:11 Et puis après, si on est les chaînes d'information, tout a changé.
18:14 Avec tous les défauts que nous avions, on a eu l'avantage de commencer.
18:18 - De commencer une nouvelle...
18:20 Oui c'est ça, de commencer autre chose et une nouvelle forme de télévision.
18:24 - De toute façon, vous imaginez aujourd'hui que, étant donné ce qui se prépare et ce
18:28 qui a eu lieu actuellement en Israël et dans la banque de Gaza, imaginez qu'il fallait
18:32 simplement attendre le journal de 20h pour être informé.
18:35 Plus personne ne l'accepterait.
18:37 - Bien sûr.
18:38 Parlons livres avec vous, Guillaume Durand.
18:40 Nouvelle aventure au bonheur des livres.
18:42 Donc nouveau rendez-vous qui commence ce soir, vendredi 13.
18:46 - Tous les vendredis.
18:48 - A 23h, tous les vendredis.
18:50 Vous allez ce soir donc démarrer avec une émission Paris-New York, drôle de lieu de
18:55 mémoire.
18:56 Racontez-nous un petit peu comment vous avez imaginé, est-ce qu'on va pouvoir voir ce
18:59 soir, quel type de rendez-vous littéraire vous allez proposer ?
19:03 - Moi ce que j'espère, pas sur la première, mais sur les prochaines, enfin sur, disons
19:08 jusqu'à Noël, c'est d'arriver à retrouver une liberté que j'avais il y a 15 ans et
19:15 que forcément par manque d'habitude de faire des émissions sur les livres, il est toujours
19:20 difficile de reconquérir au début.
19:21 Je me souviens que quand j'ai commencé à faire ça sur France Télévisions et avant
19:26 même à Nulle Par Ailleurs, sont arrivés Wellebecq, Anglo, Florian Gélaire, Fulkinos,
19:34 Grégoire Boulier, toute une génération d'autres écrivains après la génération
19:38 Pivot, la génération Modiano, Jean-Marc Robert, etc.
19:42 Donc premier objectif, c'est-à-dire de choisir les gens, et ce sera le cas dans les prochaines
19:49 émissions, qui ont 25 ans aujourd'hui et qui feront ou qui feront des carrières équivalentes
19:54 à celles des élaires ou de ceux dont on vient de parler.
19:56 Ça c'est le point numéro un.
19:59 Deuxièmement, il faut toujours s'améliorer.
20:02 Rien de ce que j'ai fait dans ma vie n'a été parfait, que sans une première conscience,
20:08 donc pas plus tard que, en vous quittant tout à l'heure, je vais aller à une séance
20:14 de debriefing et on va voir ce qui va et ce qui ne va pas.
20:18 Je pense que ce qui ne va pas, c'est que dans les... il faut toujours être critique,
20:24 c'est qu'en fait en général dans les émissions, je vois ça par rapport à d'autres choses,
20:30 on a tellement la culpabilité de rater quelque chose, qu'on est envahi par les notes et qu'on
20:36 n'arrive pas toujours au bout du propos qu'on voulait tenir.
20:38 Je vais vous donner un exemple.
20:39 Il y a un excellent livre de mon frère Clément Guise du Monde qui s'appelle "Le passant du
20:45 Bohoiri".
20:46 Clément a retrouvé un immeuble au sud de Manhattan qui s'appelle le 222 Bohoiri, c'est
20:52 un immeuble en briques dans le quartier les plus mal famé de Manhattan des années 50-60,
20:59 où ont vécu successivement Fernand Léger, Marc Rothko, Williams Burrough, John Giorno
21:06 où sont passés Jagger, Bowie, etc.
21:08 En fait, il a exhumé quelque chose qu'on ne connaissait pas, c'est une sorte de factory
21:13 numéro 2, vous allez voir, il y a trois endroits pour la factory, etc.
21:17 Et donc moi je ne connaissais pas du tout cette histoire et c'est une histoire incroyable,
21:21 c'est un marchand de biens juif new-yorkais qui est abrité pendant des années des dizaines
21:28 d'artistes célèbres qui ont révolutionné la littérature, la peinture, je ne vais pas
21:33 vous raconter le détail.
21:35 Avant de me noyer dans le détail justement au début, j'en ai oublié au fond ce qui
21:42 est un peu la thèse de Clément qui cite une très belle phrase de D.H.
21:46 Lawrence sur le personnage qui flâne un peu comme Baudelaire et Manet dans le Paris de
21:54 la fin du 19e siècle, c'est que la thèse de Clément c'est peut-être que ce New-Yorker
21:59 on ne le reverra jamais.
22:00 C'est-à-dire que celui dont on parle tout le temps, David Vandergaarde, David Harri,
22:06 etc.
22:07 Un mélange entre les banquiers, les rockfellers au nord et les artistes au sud.
22:11 Clément se pose la question, moi je suis rentré dans le détail de la vie de Rocco,
22:16 de la vie de John Giorno, de la vie de Williams Grove qui vient d'accompagner, mais j'ai
22:21 oublié, voilà, erreur.
22:23 Et ça je pense qu'on est très culpabilisé, moi en tout cas, par l'idée de vouloir bien
22:31 faire et du coup comme on a un temps limité, une demi-heure, et plus le fils de Marc Rocco
22:37 qui a eu la chance de me voir.
22:38 - Qui sera avec vous, c'est incroyable ce soir.
22:41 - Et du coup j'ai zappé l'intuition de son livre en me laissant noyer dans les détails.
22:49 Ça c'est une chose importante.
22:51 - Oui, mais c'est important et c'est aussi utile.
22:53 Nous aussi on est tenus par le temps, donc on va marquer une petite pause et on va revenir
22:58 avec vous, Guillaume Durand, pour évoquer les livres à la télévision et les livres
23:03 en général parce qu'on est inondé aussi de livres.
23:07 Vous allez me raconter, ça m'intéresse, comment vous faites pour choisir les livres
23:12 que vous lisez.
23:13 A tout de suite.
23:14 - D'accord.
23:15 - Bonjour à tous.
23:16 - Bien sûr, ravie de vous retrouver.
23:17 Le supplément média.
23:18 - Le supplément média avec notre invité aujourd'hui, Guillaume Durand, que vous allez
23:21 retrouver ce soir pour la première de cette nouvelle émission, au bonheur des livres,
23:27 où vous allez recevoir, entre autres, vous nous l'avez dit, le fils de Marc Rodco et
23:33 puis également Agnès de Sartre pour le Château des Rentiers et puis Clément Guis.
23:36 - C'est un bon livre.
23:37 - Oui, je l'ai lu et effectivement c'est un livre assez remarquable aux éditions de
23:42 L'Olivier et Clément Guis pour Le Passant du Beau Huir dont vous nous avez parlé.
23:46 Alors comment vous faites pour choisir les livres dont, peut-être pas dont vous parlez,
23:50 mais que vous lisez, parce qu'on en a reçu comme chaque année à la rentrée près de
23:55 500.
23:56 Qu'est-ce qu'il dit ? Vous l'éliminez, comme disait Patrick Poivre d'Arvord ?
24:00 - Je peux vous dire que Valéry, un petit secret pour Guillaume Durand, moi qui travaille avec
24:04 Valéry, il présente donc une émission sur les livres le samedi ou le dimanche, le samedi
24:09 sur Sud Radio et donc c'est un chariot qui lui est attribué dans la station ou sur son
24:15 chariot elle a tous les livres qu'elle reçoit.
24:18 - Bah Guillaume aussi j'imagine, vous en recevez beaucoup.
24:20 Mais comment faites-vous ?
24:21 - Écoutez, je vais vous dire, ça va paraître bizarre aux gens qui nous écoutent, c'est
24:26 que c'est assez simple en fait.
24:28 J'en ai fait expérience cet été puisque je fais partie du prix de la Maison Rouge
24:34 à Biarritz, où il y a Dian, Big Bd, Frédéric Schiester, Isabelle Hupert, etc.
24:42 Donc on reçoit tous, non pas les 500 livres, mais soyons honnêtes, on en reçoit 100 sur
24:50 les 500.
24:51 D'abord on n'en reçoit pas 500, on en reçoit 100 sur les 500.
24:56 Donc je parle de la partie littéraire et c'est important.
25:00 Donc ça c'est pas la même proportion.
25:03 Deuxièmement, avec l'expérience, alors dans le rush final, la bagarre fait rage.
25:10 Mais par expérience, c'est ça qui est étonnant après des années, c'est quand même l'avantage
25:17 d'avoir un peu de bouteille.
25:19 Par expérience, vous prenez les personnages dont je vous ai parlé, vous les laissez
25:26 un mois et demi avec les 100 livres, ils sortent tous la même liste des 10.
25:32 Tous.
25:33 Tous.
25:34 Et après entre en ligne de compte ce que Soller s'appelait la guerre du goût, c'est-à-dire
25:40 le fait qu'on n'a pas la même appréciation, ni vous, ni votre libraire avec qui vous avez
25:49 travaillé pendant des années sur NCI, ni moi.
25:53 Après on entre dans des enregistres différents.
25:57 Je vais vous donner un exemple.
25:59 Quand Houellebecq a émergé sur la scène littéraire, Pivot a dit un certain mal de
26:04 lui, si ma mémoire est bonne, avant de lui attribuer un concours.
26:07 Lunel a écrit des choses qui n'étaient pas forcément agréables.
26:10 Idem Géraud Piarchin, idem Pierre Assouline.
26:15 Et pourtant maintenant, on peut toujours contester, mais ce que je veux dire, ce n'est pas un
26:19 reproche qu'il aurait fait, c'est simplement que le titre du célèbre livre de Soller,
26:29 face à l'art, la musique, on n'a pas la même perception les uns les autres.
26:34 Donc on trouve très vite la liste des choses de ceux qui dominent, mais après, et c'est
26:39 le rôle des jurys littéraires, dans les 10 ou 15 qui jouent un rôle dans la rentrée,
26:45 alors là effectivement il y a des vraies différences.
26:48 Mais quand on a de l'expérience, vous savez, je serais ravi d'emmener tous les auditeurs
26:54 de Radio, on s'installe dans un grand loft blanc et on vous présente des tableaux les
26:59 uns après les autres.
27:00 Ils auront beau avoir très peu de tableaux dans leur vie, je vous garantis qu'un petit
27:06 peu coachés par moi, ils feront un tri extrêmement vite.
27:09 Alors je ne sais pas si c'est pareil pour les livres, mais l'expérience joue un rôle
27:13 énorme.
27:14 - Mais dans les livres, pardon, il y a quand même un, enfin moi c'est le sentiment que
27:18 j'ai, un côté assez moutonnier et copinage dans le milieu littéraire.
27:24 - Oui, il faut s'en apprendre.
27:27 - Oui, mais je vois par exemple la sélection des Inrecuptibles, c'est pas parce que c'est
27:32 eux, mais c'est vrai que je suis un peu étonnée.
27:35 Après c'est les goûts, effectivement, mais c'est vrai que c'est un petit peu toujours
27:38 les mêmes qui ressortent et qui ne sont pas forcément des cadeaux qu'on fait aux lecteurs
27:45 parce qu'ils sont parfois difficiles ou pas lisibles.
27:48 - Mais je vais vous donner un exemple historique.
27:52 Gide a fait tout ce qu'il pouvait à NRS pour refuser d'en faire le poste.
27:59 Et en 1932, Malraux et ses amis ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour éviter de donner
28:05 le Renaudot à Céline.
28:08 Ils l'ont donné à un illustre inconnu.
28:10 Donc cette histoire-là, elle n'est pas nouvelle.
28:13 Il y a un point de vue idéologique, il y a un point de vue littéraire, il y a un point
28:17 de vue de jalousie, il y a un point de vue de gauterie, c'est toujours pareil.
28:23 Moi par exemple, je ne sais pas encore te le dire, j'ai lu que Le Monde, que j'aime
28:27 beaucoup, avait mis à la une la jeune Alice Renard qui a écrit un premier livre dont
28:32 tout le monde parle en disant "c'est la nouvelle prodige de la littérature française".
28:37 J'ai lu ce livre qui m'a prodigieusement ennuyé.
28:40 - Vous avez lu Western ?
28:43 - Oui j'ai lu Western, bien sûr.
28:46 Moi ça m'a horripilé, agacé, insupporté.
28:49 Pourtant c'est un des livres qui fait partie des recommandations.
28:52 - Mais vous avez le droit.
28:54 - Oui, je suis d'accord.
28:55 Mais je trouve que l'unanimité et que tous les gens "normaux" qui ne font pas partie
28:59 du milieu qui l'ont lu, n'ont pas pu arriver au bout.
29:02 Donc ça me met parfois en colère aussi.
29:04 - Mais gardez votre colère pour vous, comme ça vous allez plus écoloniser.
29:08 Parce qu'encore une fois, si vous voulez, par exemple moi je n'ai jamais supporté
29:11 la peinture surréaliste.
29:12 Et cependant le surréalisme existe sans moi.
29:14 C'est une question de goût.
29:17 Donc il ne faut pas s'en rentrer.
29:19 Il y a des choses qui sont différentes.
29:22 Pour un rebours de ça, j'ai lu, mais je suis resté ascotché par le livre d'un jeune
29:29 homme qui s'appelle Victor Dumueau, qui s'appelle Acide.
29:32 C'est donc le premier rendement d'un jeune homme dont personne n'a jamais entendu parler.
29:36 Il se trouve qu'il est normalien, il a le même âge qu'Alice Renard.
29:39 C'est l'histoire d'une jeune fille qui se fait malheureusement dit crioler, qui s'appelle
29:44 Annie, à un soir où elle sort à Saint-Germain-des-Prés pour rejoindre des amis.
29:49 C'est un livre de 150 pages, 180 pages, peut-être même 200.
29:54 Je me suis accroché à la rambarde de mon fauteuil pour lire ça jusqu'au bout.
30:01 Tellement c'était sans concession, puissant et incroyablement mûr pour un type de 24 ans
30:08 qui justement pratique une littérature qui est une littérature qui veut arriver à la
30:15 fin de la plainte.
30:16 Il y a un très célèbre livre d'un psychanalyste qui s'appelle François Roustan, qui a été
30:22 un des grands critiques de Freud et qui dit maintenant, il faut en finir avec la plainte.
30:27 C'est vrai qu'une partie de la littérature, ces dernières années, a été quand même
30:31 envahie par cette idée de la plainte.
30:33 Et quand c'est quelqu'un qui fait ça, j'allais dire en premier, en goût, elle
30:39 se mérite ça, avec l'Inceste, avec Pourquoi le Brésil ? On peut ou pas aimer ce qu'a
30:45 fait Françine, moi j'aimais beaucoup ses premiers livres.
30:47 Mais elle a représenté dans sa génération quelque chose qui après est archi copié
30:53 25 fois.
30:54 Donc évidemment Picasso c'est bien, mais Picasso par Durand ou par Wallis Nixon, c'est
31:01 quand même beaucoup moins bien.
31:02 - Je vous permets pas.
31:04 - Non, je plaisante.
31:06 - Oui, mais je comprends ce que vous dites effectivement.
31:08 - C'est vrai que quand vous avez quelque chose qui commence à marcher ou dont on parle,
31:13 vous avez une génération entière de gens, garçons, filles, qui s'engouffrent dans
31:20 quelque chose qu'ils n'empilageaient pas.
31:23 Par exemple l'autofiction.
31:24 Je veux dire, tout le monde n'est pas Emmanuel Carrère.
31:27 Donc quand c'est Emmanuel Carrère qui fait de l'autofiction, c'est à la limite du génie.
31:32 Quand c'est Paul Trouchemut ou Durand, c'est moins bien.
31:35 - Moi je voulais savoir, on n'a pas réussi sa vie si on n'a pas lu quel livre ?
31:42 - Quel livre ? Alors si j'étais Axel Yéa, je dirais Paul Rolex.
31:51 Mais en fait, pour moi, en dehors de la poésie, qui est une chose sublime, Nerveval par exemple,
32:02 qui est moins connue, Baudelaire et Verlaine, mais c'est magnifique.
32:05 Non, il y a une chose pour moi qui est l'œuvre que j'emporterais, comme on dit dans mon
32:12 ville, c'est Joseph Corrad.
32:14 C'est très bien de parler de Corrad ce matin, parce que les gens oublient qu'il a écrit
32:22 des romans énormes, comme l'Anthime, mais il a écrit Au cœur des ténèbres, qui a
32:27 donné Apocalypse Now, qui fait 120 pages, ou par exemple Karen, K-A-R-E-N, qui est dans
32:35 le livre de poste, ça doit coûter 6 euros et ça fait 150 pages.
32:40 Pour moi, c'est Proust avec de l'action, Corrad.
32:43 C'est absolument sublimement écrit.
32:46 Le début, vous êtes pris, vous savez, Au cœur des ténèbres, c'est l'histoire
32:52 d'un capitaine qui ne trouve plus d'engagement et on lui propose simplement de remonter le
32:56 fleuve Congo pour aller déloger un dingo qui est tout à fond du fleuve.
33:00 Dans le cas de Coppola, c'est Brando, dans le cas de Remrade, c'est un trafiquant d'ivoire.
33:07 C'est une poésie mais extraordinaire, c'est à la fois l'histoire d'un Polonais, puisqu'il
33:13 était Polonais d'origine, qui vivait à Lombe qui a fini sa vie en lisant Proust,
33:19 Conrad, Joseph Conrad.
33:20 - Oui, oui, mais c'est magnifique.
33:21 - Je vous respecte Conrad.
33:22 - C'est magnifique, il y a l'ange, l'ange, l'ange.
33:23 - Je suis votre conseil.
33:24 - Une question, j'aurais peut-être dû commencer par ça, c'est une auditrice qui la pose.
33:28 En fonction de quoi est-ce que vous choisissez les livres ? Est-ce que vous pensez au lecteur
33:32 ou simplement à vos propres goûts ? Et même en fonction du média, c'est une très complète
33:37 question sur laquelle vous travaillez.
33:39 Ça rejoint un petit peu ma question, c'est-à-dire est-ce qu'on se fait plaisir quand on choisit
33:42 un livre, on aime, mais est-ce qu'on pense aussi à ceux à qui on le recommande ?
33:46 - Vous savez, il y a deux fictions, celle qu'on écrit et celle qu'on croit imaginer
33:52 qui s'appelle Le Public.
33:54 Si Rimbaud avait écrit en pensant au lecteur de la fin du XIXe siècle, il n'aurait pas
33:59 été très loin.
34:00 Et si Manet avait peint des tableaux pour faire plaisir aux gens qui rôdaient autour
34:04 du Champs-de-Mars en 1850, il n'aurait pas fait la même carrière.
34:08 Donc Le Public, il vient, mais le principe de l'art...
34:13 Je vais vous citer justement une phrase de Rodko, qui est archi-célèbre, c'est "le
34:23 pire chemin pour un artiste, c'est de vouloir plaire".
34:25 Et pourtant, maintenant, c'est un des artistes qui plaît le plus au monde.
34:28 Mais ce n'est pas le chemin de l'écriture.
34:31 Je ne parlais pas de l'écriture, je parle de votre chemin à vous, c'est pareil.
34:38 Mais nous, c'est pareil, on doit choisir des choses qui nous versent, qui nous plaisent.
34:45 Quand vous travaillez pour les Inrocks, vous savez très bien que vous ne travaillez pas
34:49 pour les Figaro littéraire, donc déjà c'est un choix.
34:51 Quand vous travaillez pour le Figaro littéraire, vous ne travaillez pas pour Paris Match.
34:55 Il y a des journaux où on va trouver que Blondin, Pascal Jardin et Henri-Hubert Larenchel ont
35:03 un talent fou, d'autres où on va considérer que ce sont des nombreux réactionnaires.
35:08 Tout est possible dans la vie, mais à un moment, il y a un jugement avec les années
35:13 qui intervient, et c'est le pari d'éternité pour les artistes, que ce soit les écrivains
35:19 ou les peintres.
35:20 Personne aujourd'hui, dans la vie des chauves-ronnues, ne considérait qu'Albert Camus n'est pas
35:25 un grand écrivain et que Marc Rothko n'est pas un grand peintre.
35:28 Donc nous ce qu'on fait très modestement dans nos journaux et aussi en écrivant des
35:33 livres, c'est qu'on essaye de ne pas se tromper.
35:37 Et quelquefois on se trompe.
35:39 Oui mais bon, l'homme n'est pas parfait.
35:44 Justement, c'est ce qui est bien.
35:46 Au bonheur des livres donc.
35:47 Non, non, mais je voulais simplement vous embrasser.
35:51 On vous embrasse Guillaume, on rappelle votre livre également, "Déjeunons sur l'herbe
35:55 ", pour lequel vous avez eu le Renaudot Essai.
35:58 Je suis très fier.
36:00 Oui, oui, il y a de quoi.
36:03 Le livre était formidable, tout comme le livre précédent que vous aviez écrit et
36:09 dont le titre m'échappe.
36:10 C'est pas bien.
36:11 "Mémoire d'un arithmique".
36:12 "Mémoire d'un arithmique" que j'avais absolument adoré.
36:15 Ce soir, Public Sénat, au bonheur des livres et quand on entend votre passion, je pense
36:19 que c'est ce qui fait la qualité d'une émission littéraire, c'est quand on est passionné,
36:23 qu'on aime le livre et qu'on a envie de le faire partager.
36:25 C'était autre chose qu'une émission avec Fontaine et Bataille.
36:27 Merci Guillaume, on vous embrasse.
36:29 Et on vous retrouve nous, vous, le samedi.
36:31 Merci, vous passez la meilleure matinée possible.
36:34 Et bien vous aussi Guillaume, on pense à vous.
36:36 Et nous on vous retrouve sur Sud Radio et évidemment tous les samedis avec Gérard Collard
36:39 pour les livres, c'est aussi votre passion.
36:41 Absolument.
36:42 A lundi.
36:43 On est nous, dans un instant, on débat et à lundi, Gilles, merci.
36:45 Merci.
36:45 [Musique]

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