- 08/10/2023
"C'est excellent" avec Judith Beller.
Au programme :
▶️ Michaël Cohen acteur, réalisateur et écrivain.
▶️ Bruno Fuligni, essayiste et conseiller à l'Assemblée Nationale
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##C_EST_EXCELLENT-2023-10-08##
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PersonnesTranscription
00:00 - Bonsoir, bonsoir les copains, c'est excellent sur Sud Radio, votre rendez-vous du dimanche
00:07 avec ceux qui vont chercher toujours plus loin.
00:09 Son univers artistique est un kaléidoscope d'expressions allant du théâtre au cinéma,
00:14 de l'écriture à la mise en scène.
00:16 Mikael Cohen est en ce moment à l'affiche de bungalow 21 de Eric Emmanuel Schmitt dans
00:20 une mise en scène de Jérémy Lipman au théâtre de la Madeleine, notamment aux côtés des
00:24 sœurs Saigny, mais aussi le 16 octobre prochain dans Destins de Femmes, une lecture féministe
00:28 tirée du livre de Valérie Pérez-Enochy au théâtre du Rompoint à Paris.
00:31 Sans oublier un nouveau livre à sortir tout bientôt.
00:33 Quel programme ! Bienvenue dans cet excellent Mikael Cohen.
00:36 - Bonsoir.
00:37 - Bonsoir.
00:38 Il fait partie de ces érudits infatigables qui nous éclairent sur des trésors oubliés
00:41 de notre histoire.
00:42 Bruno Fuligny est notamment conseiller chargé des discours de l'histoire, de la mémoire
00:45 et du patrimoine auprès de Yael Brun-Pivet à l'Assemblée Nationale.
00:49 Mais il ne s'arrête pas là, il publie aux éditions Grund.
00:52 Le 12 octobre prochain, un atlas secret du renseignement en partenariat avec le Bureau
00:56 des légendes, sans oublier que vous revenez aujourd'hui des rendez-vous de l'histoire
00:59 de Blois où des passages d'un manuscrit inédit, les confessions de Madame Sanquilo
01:04 par U.C. Jean-Claude Lattès ont été lues.
01:07 Et cela grâce à vous.
01:08 Bienvenue sur Sud Radio Bruno Fuligny.
01:10 - Et bonsoir.
01:11 - C'est excellent.
01:12 Bienvenue chez vous chers auditeurs.
01:13 Alors messieurs, une fois n'est pas coutume dans cette émission, avant d'aborder vos
01:20 actualités et vos parcours dans cet excellent.
01:22 Ce soir on va évoquer forcément l'actualité, la guerre en cours en Israël à l'instant
01:27 où nous parlons contre les terroristes du Hamas.
01:30 Je vais commencer tout simplement par vous demander vos réactions à tous les deux.
01:33 Michael Cohen.
01:34 - C'est compliqué, c'est même très difficile de venir parler après d'autres choses et
01:38 tout ça.
01:39 Mais bon voilà, la vie continue ici.
01:40 J'ai une pensée pour les familles qui n'ont toujours pas de nouvelles de leurs enfants
01:45 enlevés.
01:46 C'est surtout à eux que je pense ce soir.
01:48 - Bien sûr.
01:49 Et vous Bruno Fuligny, qu'est-ce que ça vous évoque ?
01:51 - C'est la preuve que nous vivons une époque où l'histoire est loin d'être arrêtée.
01:56 L'histoire se fait au jour le jour.
01:58 On a assisté à des craquements très importants ces derniers mois, que ce soit en Ukraine,
02:02 récemment le Haut-Karabakh.
02:03 Aujourd'hui c'est un épisode nouveau mais aussi un nouveau type d'attaque qui a été
02:10 peu ou pas anticipé par les services de renseignement.
02:13 Ce qui doit nous interroger, c'est une nouvelle façon de combiner, je dirais, discipline militaire
02:18 et action terroriste.
02:20 Là aussi ça rebat les cartes.
02:22 On a vu aussi des images très choquantes.
02:26 Ce sont des images qui ont été sciemment diffusées.
02:29 Il y a la dimension psychologique de propagande, de terreur.
02:32 Autant de questions qui nous montrent que l'action violente n'est plus forcément une action
02:40 clandestine ou une action secrète aujourd'hui.
02:42 C'est vraiment un bon résumé de ce que nous vivons aujourd'hui du point de vue des conflits
02:53 entre États.
02:54 Il n'y a plus vraiment de conflits entre États classiques façon Seconde Guerre mondiale.
02:57 En revanche, par toutes sortes de groupes armés, de groupes informels, de troupes irrégulières,
03:03 les affrontements sont d'une extrême violence et on peut s'inquiéter pour l'avenir.
03:07 - Et alors vous qui êtes un spécialiste, Bruno Fugni, des services secrets, je rappelle
03:10 votre atlas secret du renseignement à sortir tout bientôt chez Grund.
03:13 On va y revenir tout à l'heure.
03:15 Comment est-ce qu'un service de renseignement intérieur tel que le Shin Bet en Israël
03:18 a pu laisser passer ça ? Il y en a qui disent que c'est une faillite totale du renseignement
03:22 israélien.
03:23 - Il est certain que les services israéliens vont être sur la sellette.
03:28 Alors après, est-ce qu'ils n'ont rien vu ou est-ce qu'on n'a pas pris au sérieux
03:34 un certain nombre de signes ? Vous savez, parfois c'est aussi l'autorité politique
03:38 qui sous-estime des désinformations.
03:42 On sait aujourd'hui par exemple que les services de renseignement français pendant les années
03:46 30 n'ont pas arrêté d'alerter les politiques sur ce qu'était Hitler, le NSDAP et puis
03:52 on a sous-estimé la menace.
03:54 Donc là-dessus, il est beaucoup trop tôt pour avoir un avis.
03:57 Ce qui est certain, c'est que cette attaque a été d'un type nouveau et clairement n'a
04:04 pas été anticipée.
04:05 - Bien sûr.
04:06 Michael Cohen, vous qui êtes artiste mais français aussi et d'origine juive, est-ce
04:11 que vous avez peur d'importation de ce conflit en France ? Comment vous le vivez cette situation
04:14 ?
04:15 - Déjà pour l'instant, je ne pense pas du tout à ça, même si je ne suis pas naïf.
04:20 Je sais que ça peut arriver, mais je pense vraiment à ceux qui le vivent sur place.
04:25 Je ne m'intéresse pas du tout à savoir s'il fallait allumer la tour Eiffel en bleu, en
04:29 noir ou si tel homme politique aurait dû dire ça ou ça.
04:33 Je trouve ça indécent de polémiquer là un dimanche, le lendemain de tout ça, où
04:40 on vit encore, on se réveille à peine d'un cauchemar éveillé et qui continue, qui est
04:47 loin d'être fini.
04:48 Donc l'importation, si certains veulent récupérer ça pour créer d'autres tensions inutiles
04:56 en France, on devra faire face à ça.
04:58 Je fais confiance à nos concitoyens pour ne pas le faire.
05:04 - Oui, bien sûr.
05:05 Finalement, Bruno Fulini, ce que vous nous dites, c'est que c'est un nouveau monde qui
05:10 nous fait face aujourd'hui.
05:11 Un nouveau monde avec des nouveaux pôles de pouvoir aussi, quand on voit ce qui se passe
05:15 avec la Russie, l'Ukraine, et puis ça s'importe plus loin, il y a la Chine, tous les conflits
05:20 dont on entend parler actuellement, on se demande, on est en mesure de se demander ce qui peut
05:25 se passer ensuite et qu'est-ce que ça va être ce nouveau monde.
05:27 Est-ce qu'on en a une vision potentielle ?
05:29 - Alors je ne suis pas prophète ni divin et personne ne l'est.
05:33 L'intérêt des services de renseignement, c'est d'essayer d'anticiper les choses, de
05:37 bâtir des scénarios.
05:38 Mais on est souvent surpris.
05:39 Qui avait vraiment anticipé le 11 septembre, par exemple ? C'est-à-dire qu'il y a des
05:46 conflits qui sont très anciens, voire totalement archaïques.
05:49 Mais les moyens d'action, les moyens de porter le fer, de combattre, de tuer, eux sont en
05:58 train de changer.
05:59 Non seulement, je dirais, sur le terrain, avec les drones, avec les nouveaux types d'équipements,
06:07 l'utilisation à des fins militaires d'objets civils, voire de loisirs type ULM par exemple,
06:13 ce genre de choses-là.
06:14 Mais aussi toute la dimension, à la fois bien sûr cyber, toute la dimension propagande,
06:23 action psychologique, tout ça est en train d'évoluer et d'évoluer extrêmement vite.
06:27 Ce qui fait qu'aujourd'hui, on a de plus en plus de mal à discerner ce qui relève,
06:31 je dirais, d'une initiative incontrôlée, incontrôlable, d'une initiative étatique,
06:38 réfléchie, avec un commandement, avec un ordre politique qui est donné.
06:41 Et c'est ça qui fait peur, parce que la conséquence c'est qu'au fond, il n'y a plus de droit
06:46 de la guerre.
06:47 Si les États s'affrontent par troupes irrégulières, groupes, milices incontrôlées ou faussement
06:56 incontrôlées...
06:57 - C'est plus une guerre franche, c'est ça que vous voulez dire ?
06:58 - Non seulement il n'y a plus de guerre franche, mais il n'y a plus les garanties minimales,
07:02 par exemple sur les prisonniers.
07:03 Bon, il y avait quand même eu un effort, d'abord à la fin du 19e siècle avec l'arbitrage,
07:09 au 20e siècle avec la Société des Nations, puis surtout après la Seconde Guerre mondiale,
07:15 pour essayer de créer une communauté internationale organisée, pour prévoir des forums, pour
07:20 prévoir un minimum de règles en matière de guerre et de traitement des populations
07:26 civiles et de traitement des prisonniers.
07:28 Tout ça en éclat.
07:29 - On a l'impression qu'il n'y en a plus en tout moment.
07:30 - Voilà, exactement.
07:31 - En tout cas, le fameux monde d'après dont on nous parle souvent, il n'est pas près
07:36 d'arriver.
07:37 Je suis enfant, jeune, j'ai l'impression de ne vivre que des conflits dans le monde,
07:43 ou en France, ou des attentats, ou des pandémies, et je ne vois pas à quel moment on tire
07:51 vraiment des leçons du passé.
07:53 J'ai l'impression qu'on se répète inlassablement et qu'on est encore étonné de ce qui se
07:58 passe et bizarrement qu'on n'anticipe pas assez ces événements alors qu'on les a déjà
08:03 vécus, entendus, ressentis.
08:06 Je ne comprends pas.
08:07 - Bruno Funini, tirez les leçons du passé, vous travaillez beaucoup sur notre passé,
08:10 justement, est-ce que c'est aussi pour ça que vous le faites ? Pour qu'il finisse par
08:15 nous marquer finalement ce passé et qu'on en tire conséquences ?
08:18 - Bien sûr, nous sommes les héritiers d'un passé, mais d'un passé qui se réinvente,
08:23 qui est vivant.
08:24 C'est-à-dire que ce qui se produit aujourd'hui, c'est la continuation par d'autres moyens
08:32 de mouvements de fond et parfois de rivalités qui sont très anciennes.
08:38 Et moi c'est ça qui me passionne, c'est de voir comment, que ce soit en Europe de l'Est,
08:43 dans le Caucase, au Proche-Orient, comment des conflits qui ont 100 ans, 500 ans, 1000
08:49 ans, et bien tout à coup vont s'emparer de techniques complètement nouvelles pour se
08:54 prolonger et pour devenir encore plus meurtriers aussi.
09:00 - C'est propre à l'histoire de l'humanité finalement, on est en conflit depuis la création.
09:05 - Oui, bien sûr, l'histoire de l'humanité nous donne aussi des fois des raisons d'espérer,
09:09 c'est-à-dire qu'elle nous montre aussi comment parfois des gens un peu sensés réussissent
09:13 à réunir des belligérants autour d'une table et à discuter et à aboutir à un accord.
09:19 Mais ça n'est possible que si on a des belligérants eux-mêmes un tout petit peu rationnels et
09:24 un tout petit peu organisés.
09:25 - Oui, parce que Michael Cohen, finalement le problème en particulier dans ce conflit-là,
09:29 c'est qu'on a des fanatiques en face.
09:30 Donc on n'a pas d'endroit où se positionner finalement parce que de toute façon le cycle
09:38 il est trop engagé.
09:39 - Il y a du lavage de cerveau aussi, il y a de la souffrance certainement, il y a beaucoup
09:45 de choses.
09:46 Mais j'ai l'impression, encore une fois, moi ce conflit par exemple israélo-palestinien,
09:49 je l'entends depuis que je suis enfant.
09:51 - Bien sûr.
09:52 - Rien n'a évolué et je trouve ça dingue de me réveiller encore un matin et de voir
09:55 ces atrocités-là comme si c'était normal.
09:58 Et bon, peut-être qu'il y a quelque chose que je ne comprends pas là-dedans, mais je
10:03 n'arrive pas à croire, je me pince encore pour me dire "mais je le vis encore, je le
10:06 vois encore, je le subis encore".
10:08 Ça me paraît dingue.
10:09 Surtout, encore une fois, après tout ce qu'on a vécu ces dernières années, et puis encore
10:15 dernièrement la guerre en Ukraine, et puis on a l'impression qu'une nouvelle vie est
10:20 sur le point d'arriver.
10:21 Et on la sent, on la pressent, on l'attend et puis non.
10:25 - Ça vous touche personnellement ça Michael Cohen ?
10:27 - Oui bien sûr que ça me touche, mais ça nous touche tous.
10:30 - Ça nous touche tous, bien sûr.
10:32 Finalement, les polémiques vides dont vous parliez tout à l'heure, je voudrais dire
10:36 deux mots sur la réaction des membres.
10:37 Alors je sais que Bruno Fulini, ici présent, a un droit de réserve et il ne peut pas s'exprimer
10:40 là-dessus, mais Michael Cohen quand même, la réaction des membres des partis LFI ou
10:46 du NPL, nouveau parti anticapitaliste, qui ne condamnent pas le Hamas, qu'ils soutiennent
10:51 face à ce qu'ils appellent le colonisateur israélien.
10:53 On est un peu dans l'apologie du terrorisme.
10:55 Est-ce que vous pensez que ça peut emmener des mouvements de foule ? Est-ce que ça vous
10:59 inquiète ça vous ?
11:00 - Non, encore une fois non.
11:02 - Vous faites confiance aux citoyens français ?
11:04 - Oui, oui, et puis ça ne m'intéresse pas.
11:05 C'est vraiment des phrases, enfin c'est vraiment des polémiques politiques.
11:08 On a l'impression qu'ils n'attendent que ça pour pouvoir exister.
11:10 Et je trouve que d'en parler, on nourrit une bête qui n'a aucun intérêt.
11:18 Et puis on va répondre à leur réponse.
11:21 - Ça détourne aussi le sujet.
11:22 - Ça détourne complètement le sujet.
11:23 Enfin imaginez les familles israéliennes qui n'ont pas de nouvelles de leurs enfants.
11:28 Qu'est-ce qu'ils ont à foutre de savoir ce que pense ou dit Mélenchon ?
11:31 Est-ce qu'il a répondu borne ?
11:32 Et nous ce qu'on va dire là ce soir à Sud Radio par rapport à ce qu'on dit, je trouve
11:38 ça très indécent.
11:39 Après on peut chacun avoir un avis, mais il n'a aucun intérêt pour l'instant je trouve.
11:45 - Parlons vrai sur Sud Radio dans cet excellent "Ce soir avec vous", le comédien, metteur
11:49 en scène et écrivain Michael Cohen et l'essayiste conseiller de Yael Bron-Pivot entre autres,
11:54 mais surtout écrivain aussi Bruno Fulini.
11:56 Vous restez avec nous sur Sud Radio, on a parlé d'actu, maintenant on va parler un
11:58 peu de culture tout de suite.
12:00 Vous êtes bien sur Sud Radio et nous aussi avec vous chers auditeurs.
12:03 C'est excellent avec l'écrivain, acteur et metteur en scène Michael Cohen et le conseiller
12:06 à l'Assemblée nationale, mais pas que, surtout écrivain et essayiste Bruno Fulini.
12:10 Alors messieurs, on a parlé de l'actualité, maintenant on va passer à un autre sujet,
12:14 les actualités, vos actualités respectives.
12:16 Michael Cohen, on commence avec vous.
12:19 Alors vous êtes à l'affiche en ce moment de "Bungalow 21".
12:23 Pour ceux qui nous regardent sur Youtube, l'affiche va s'afficher.
12:26 C'est logique en même temps.
12:28 C'est une pièce de Eric-Emmanuel Schmitt qui est mise en scène par Jérémy Lippmann
12:33 au théâtre de la Madeleine, notamment aux côtés d'Emmanuel et Mathilde Saigny qui
12:37 jouent respectivement Simone Signoret et Marilyn Monroe.
12:41 Et vous vous êtes Yves Montand.
12:42 Et puis il y a Vincent Winterhalter.
12:45 Merci.
12:46 Qui joue Arthur Miller.
12:49 Alors interpréter Yves Montand, je sais que pour vous ça a du sens, que c'est un peu
12:53 un rêve parce qu'il fait partie de votre enfance, Yves Montand, à part entière, j'ai
12:57 envie de dire.
12:58 C'est ce que j'ai lu en tout cas.
13:00 Non, je ne me suis jamais dit que j'allais jouer un jour Yves Montand en fait.
13:05 Non, mais c'est un personnage et un artiste que j'aime depuis toujours, où effectivement
13:09 j'étais nourri par exemple de César et Rosalie, c'est un film que je regarde pratiquement
13:13 tous les ans, et puis ses chansons et puis ses engagements et puis sa vie tout simplement,
13:18 son parcours.
13:19 Et jamais, non jamais j'aurais imaginé jouer Yves Montand comme jamais j'aurais imaginé
13:24 jouer un jour Jacques Chirac.
13:26 Mais bon, voilà, c'est l'avantage de mon métier, c'est de vivre des choses extraordinaires.
13:29 Mais en tout cas, quand j'ai reçu la pièce de théâtre et que j'ai lu cette pièce d'Eric
13:34 et Emmanuel Schmitt, j'ai adoré, j'ai adoré ce personnage.
13:37 Il me faisait penser beaucoup au César, de César et Rosalie, avec toute sa complexité,
13:43 toute sa mauvaise foi, ses colères, sa tendresse, son côté enfantin, son côté très amoureux
13:51 et puis sa drôlerie.
13:53 Et j'ai eu immédiatement envie de faire ce rôle et j'ai été chercher le rôle.
13:58 J'ai fait plusieurs lectures-auditions avec Jeremy Lippman et Mathilde Saignet et après
14:03 Mathilde Emmanuel.
14:04 Mais quand j'ai lu la pièce, je savais que c'était pour moi, je savais que...
14:08 - Vous le vouliez quoi ? - Oui, oui, et chose très étrange que j'avais
14:10 jamais fait avant, c'est que quand j'ai eu la pièce, avant de savoir que j'étais choisi,
14:14 un mois plus tard, j'ai commencé à la travailler.
14:16 C'est-à-dire que quand on m'a dit "c'est toi qui as le rôle", j'avais déjà tout,
14:20 j'étais prêt.
14:21 - Et comment vous l'avez bossé ? Parce que c'est quand même un personnage très emblématique,
14:24 c'est pas n'importe qui.
14:25 Yves Montand, comment est-ce qu'on rentre dans la peau de Yves Montand ? Est-ce qu'on
14:27 rentre dans la peau déjà ? - Oui, oui, on essaye de trouver un lien,
14:32 un tunnel entre lui et moi, entre lui et soi.
14:37 J'ai travaillé beaucoup la nuit, j'aime bien travailler la nuit, donc j'essaye de faire
14:42 appel aux fantômes, des esprits, parfois j'allais Place Dauphine, j'essayais de voir si on
14:48 m'envoyait des signes comme ça.
14:49 - Pourquoi Place Dauphine ? - Parce qu'ils ont vécu Place Dauphine avec
14:53 Signoret pendant 40 ans, dans un appartement qu'ils appelaient La Roulotte.
14:57 Et puis après, bien sûr que j'ai regardé, revu, revu plein plein de choses, des documentaires,
15:04 ses spectacles, ses films, ses chansons. - Vous avez aimé la gestuelle aussi ?
15:07 - Oui, mais alors je ne voulais pas l'imiter, je ne voulais pas le s'ingester, je voulais
15:11 retranscrire son énergie et encore une fois faire moitié-moitié avec la mienne.
15:17 Je voulais qu'on avance main dans la main, lui et moi, et je crois que c'est ce qui se
15:22 passe sur scène.
15:23 Et donc voilà, j'ai travaillé effectivement, j'ai mangé, j'ai dormi, j'ai respiré du
15:30 montant pendant 4 mois, 5 mois, tellement que c'est très naturel maintenant pour moi.
15:38 Et puis voilà, travailler les situations, ce que ça raconte, ça raconte quand même
15:43 un homme qui part à Hollywood, un fils de paysans italiens qui a fui le fascisme, qui
15:49 est arrivé à Marseille et qui a rêvé de s'en sortir à travers le cinéma, le music-hall,
15:55 la danse, le chant, un autodidacte, il ne savait faire absolument rien de tout ça.
15:59 Et bref, un jour, après quand même avoir eu quelques succès en France, beaucoup de
16:04 succès en France, il était très connu, il est engagé pour aller jouer avec Marilyn
16:07 Monroe, la plus grande star du monde à Hollywood.
16:10 Moi j'adore ça, ce petit fils de paysans comme ça, et puis il débarque avec sa femme,
16:17 sa femme qu'il aime, mais vraiment, il n'y a aucune zone d'ombre.
16:20 Donc Simone Signoret, qui elle, a tourné un film qui est nommé aux Oscars et elle
16:24 risque d'avoir l'Oscar et elle va avoir l'Oscar.
16:25 Donc ils sont au firmament de leur amour, de leur art, de leur travail, ils ne peuvent
16:31 pas aller plus haut.
16:32 Alors souvent, quand on est très haut, on ne peut que redescendre et c'est ce qui
16:36 va se passer parce que le film, ça va être que des problèmes avec Marilyn et puis il
16:42 va y avoir une grève à Hollywood comme il y a eu en ce moment, qui va stopper le tournage.
16:46 Donc les conjoints respectifs, Arthur Miller et Signoret, vont devoir partir et laisser
16:50 ces deux animaux dans un hôtel à deux bungalows, donc il n'y a qu'un payasson qui les sépare.
16:57 Voilà, il va se passer ce qui va se passer.
16:59 Ça va être un événement mondial, c'est-à-dire que c'était vraiment les premières paparazzades
17:05 mondiales comme ça.
17:06 Donc Simone Signoret va la prendre dans un journal en Italie, ça va la dévaster.
17:11 Et puis leur couple va quand même perdurer malgré ça et tout.
17:17 La pièce raconte tout ça, ça a été initié par Benjamin Castaldi qui est le petit fils
17:22 de Signoret de mon temps.
17:23 Donc il y a beaucoup de choses véridiques qui sont vraiment passées dans ce bungalow
17:27 à ce moment-là.
17:28 Donc c'est un peu aussi une pièce historique et c'est ça qui est intéressant.
17:32 Il y a une dernière partie qui est un peu inventée, romancée par Eric et Emmanuel
17:37 Schmitt, mais toute la première partie est vraiment des répliques qui se sont envoyées,
17:41 des situations qui ont vraiment lieu.
17:43 On est comme une petite souris dans ce bungalow avec ses quatre icônes.
17:49 - Et alors en plus vous travaillez avec les sœurs Saigné, je crois que c'est la première
17:54 fois qu'elles sont sur scène.
17:55 - C'est la première fois qu'elles jouent ensemble au cinéma ou sur scène, n'importe
17:58 où.
17:59 - Et qu'est-ce que ça donne ça ?
18:00 - C'est très étrange mais c'est tellement simple.
18:03 - Emmanuel joue Marilyn.
18:04 - Emmanuel joue Marilyn et Mathilde joue Signoret.
18:08 Déjà elles n'ont pas de problème d'égo d'actrice entre elles et puis surtout elles
18:13 n'ont pas de problème, enfin moi si je jouais, mes frères ne sont pas acteurs, mais si je
18:16 jouais avec mes frères on passerait notre temps à s'engueuler ou à se prendre la tête.
18:19 Et en fait elles ont une complicité, un amour mutuel, une tendresse, elles se portent l'une
18:26 l'autre, c'est un bonheur.
18:28 On s'est dit ça hier, le samedi on joue deux fois et à la fin de la représentation
18:32 on a bu un petit verre tous ensemble dans la loge et on s'est dit mais quelle chance
18:36 on a de...
18:37 Et c'est vrai, moi j'ai rarement, et Mathilde disait pareil, j'ai rarement vécu une pièce
18:42 de théâtre où tout le monde est si bienveillant et où il n'y a eu aucun problème entre nous,
18:49 aucun, même pendant les répétitions, même après la première, tout ça.
18:52 Voilà, on est heureux d'être ensemble et on est très heureux de vivre cette pièce.
18:56 - Alors vous êtes aussi à l'affichant le 16 octobre prochain de "Destin de femmes",
19:02 c'est une lecture féministe qui est tirée du livre de Valérie Pérez-Oumelouchi qui
19:04 sera au Tha Duron Point à Paris, qui est mise en scène aussi par Jérémie Lipman avec
19:07 un très très beau casting.
19:09 Alors il y aura notamment Emmanuel Berm, il y a aussi Marie Gilin, on a Fanny Cotanson,
19:14 il y a Stéphane de Groot, Axel Lafon, Christophe Halévec, Nicoletta, Oxmo Puccino, etc.
19:22 Qu'est-ce qui vous a motivé justement à vous appliquer dans un spectacle qui promeut
19:26 les droits des femmes et le féminisme, alors attention, en collaboration avec les hommes,
19:30 je crois que c'est très important ça.
19:31 - Et bien tout simplement parce que les textes qu'on va lire sont absolument magnifiques
19:37 et c'est des textes de femmes qui subissent beaucoup de choses, dont leur simple fait
19:47 d'être une femme, et parfois dans des pays très pauvres, etc.
19:50 Mais les textes sont d'une grande dignité, d'une grande force, d'une grande puissance,
19:55 ils sont universels et je trouve ça...
19:58 Voilà, moi on peut me demander ce genre de...
20:00 - Et donner votre voix à une femme, ça a du sens aussi.
20:03 - Oui bien sûr, ça ce genre de choses on peut me demander tous les jours, je le ferai
20:06 avec plaisir et tant qu'on peut rajouter des petites graines dans la tête des gens,
20:14 dans l'esprit, dans l'air même, on le fait.
20:18 - Bien sûr.
20:19 Bruno Funini, comment est-ce que vous voyez le rôle des hommes dans la promotion de cette
20:23 égalité des sexes ? Est-ce qu'il ne faudrait pas qu'on leur redonne un rôle justement ?
20:26 Parce qu'on entend beaucoup les féministes un peu radicales en ce moment, le but est
20:29 de recréer le lien, qu'est-ce que vous en pensez ?
20:31 - Il faudrait surtout éviter que le féminisme devienne la guerre des sexes.
20:35 Si on regarde dans notre histoire, il y a eu bien sûr des femmes mais aussi des hommes
20:41 qui ont milité pour que les femmes aient des droits, y compris des droits politiques.
20:47 Il y a quelques années je m'étais penché sur les débats...
20:50 En 1919 on l'a complètement oublié mais les députés dans une chambre qui était à
20:57 100% masculine ont voté en faveur du droit de vote des femmes et même de l'éligibilité.
21:03 Ça a été bloqué par le Sénat.
21:04 - Et ça arrivait beaucoup plus tard.
21:05 - Mais il y a eu une majorité et à six reprises sous la Troisième République, on est arrivé
21:10 à cela, on l'a complètement oublié mais en 1936 dans la chambre du Front Populaire,
21:14 des communistes ou royalistes, à l'unanimité, ont voté pour.
21:18 Alors certains très sincèrement, d'autres en se disant "bon les sénateurs vont faire
21:22 le sale boulot et vont bloquer la réforme", n'empêche que c'est voté à l'unanimité
21:25 et c'est bloqué.
21:26 Et c'est pour ça qu'il y aura une ordonnance du général de Gaulle après la guerre parce
21:29 que ça n'a pas, comme dans d'autres pays, franchi la navette si je puis dire.
21:34 Mais c'est intéressant de voir que sur ce combat il y a eu des femmes et des hommes.
21:40 Si je fais un parallèle je dirais qu'il ne faudrait pas dire que l'abolition de l'esclavage
21:46 ça a été uniquement des hommes de couleur qui ont combattu.
21:50 Vous savez, moi je crois beaucoup à l'universalité des droits de la personne humaine et homme,
21:58 femme, quelle que soit notre histoire, si on veut que ces droits soient des réalités,
22:02 il faut se battre sans se poser des questions d'ordre génétique.
22:05 - Très bien.
22:06 Eh bien c'est excellent sur Sud Radio ce soir.
22:08 Vous le savez, chers auditeurs, on revient tout de suite avec le comédien réalisateur
22:11 écrivain Michael Cohen et le haut fonctionnaire qui écrit Bruno Fellini.
22:14 Restez avec nous tout de suite.
22:16 Merci d'écouter Sud Radio, c'est excellent jusqu'à presque 20h.
22:19 Ce soir avec Michael Cohen, comédien, metteur en scène et écrivain et Bruno Fellini, notamment
22:23 conseiller chargé des discours de l'histoire, de la mémoire et du patrimoine à l'Assemblée
22:26 Nationale, mais aussi et je crois avant tout écrivain.
22:29 Bruno Fellini, sans oublier la liste impressionnante de vos parutions.
22:34 Il y a votre Atlas secret du renseignement qui sort le 12 octobre chez Grund.
22:39 C'est un beau bébé.
22:40 C'est vraiment sur le mystère, le secret.
22:44 C'est un domaine très mystérieux tout ça, que vous rendez accessible au grand public
22:48 malgré l'omerta quand même.
22:50 Alors comment vous y arrivez ?
22:51 - Tout le pari du livre, c'est à travers des infographies, des cartes, essayer de rendre
22:57 visible ce qui normalement ne l'est pas, c'est-à-dire l'univers complètement opaque et mystérieux
23:01 du renseignement.
23:02 Opaque d'abord parce que c'est l'univers du secret et du cloisonnement, mystérieux
23:07 parce que dans la tête de tout le monde se mélangent des informations à peu près solides
23:13 et puis tout ce qu'on a pu glaner dans la fiction, y compris des choses complètement
23:16 fantaisistes, évidemment qu'on est tous James Bond.
23:18 James Bond est le pire espion au monde, le type qui donne son nom, qui se fait remarquer.
23:25 Bon voilà.
23:26 Il y a un ancien patron du Mossad, Issa Harrell, qui avait dit que jamais il n'emploierait
23:32 un aventurier de ce genre dans son service parce que ce serait une catastrophe et qu'il
23:37 serait obligé de le quitter au plus vite.
23:38 - Qu'est-ce que c'est la définition d'un bon espion Bruno Fulini ?
23:41 - Alors j'ai rencontré de bons espions, ce sont de parfaits inconnus, c'est-à-dire
23:45 des gens qui ne se sont jamais fait prendre et que franchement on ne remarque pas.
23:50 Des gens discrets, qui ont expliqué que la meilleure façon par exemple de mener une
23:57 mission dans une rue c'est d'attendre un autobus.
24:00 Si vous êtes assis ou debout à un arrêt de bus, personne ne fait attention à vous
24:03 quoi que vous fassiez.
24:04 - D'accord, c'est beau à savoir, merci pour le tuyau.
24:07 - Donc regardez autour de vous quand vous prenez le bus, il peut y avoir un excellent
24:10 espion.
24:11 - De toute façon il y en a partout.
24:12 Et au cinéma, le meilleur espion ?
24:13 - Alors on peut dire, je parlerais plutôt d'une série, effectivement l'Atlas est fait
24:19 en partenariat avec le Bureau des Légendes parce que là on a une série qui rompt avec
24:24 toute la présentation un petit peu fantaisiste pour montrer à quoi ressemble effectivement.
24:28 - Elle est vraiment réaliste ?
24:29 - Oui, elle est réaliste, bien sûr l'histoire elle-même heureusement est une fiction.
24:35 Je dirais que c'est l'hypothèse haute des manquements à la sécurité au sein d'un
24:41 service de renseignement.
24:42 En revanche, tout ce qui est montré dans la formation, dans les lieux, les locaux,
24:46 les techniques, le vocabulaire, tout ça s'inspire effectivement assez directement d'une réalité
24:52 qui d'ailleurs est validée par des pros ou d'anciens pros de ces services.
24:57 Tout ça s'appuie sur une documentation importante.
24:59 - Et précise.
25:00 - Voilà, exactement.
25:01 Et l'idée avec le Bureau des Légendes et les éditions Grunes, ça a été de se dire
25:07 voyons, imaginons que ces agents aient besoin d'un manuel de formation, à quoi ça ressemblerait.
25:13 Et c'est ce livre-là, donc des organigrammes, des cartes.
25:18 - Oui c'est très bien fait, c'est très ludique, j'en montre pour ceux qui nous voient sur
25:21 Youtube mais c'est avec beaucoup de schémas et c'est avec peu de textes finalement mais
25:25 des choses assez précises qui permettent.
25:27 - On peut réussir l'examen d'entrée là sur le livre.
25:30 - Mais il y a vraiment un concours.
25:32 - Vous voulez rentrer à la DGSE ?
25:33 - Ça m'intéresse, oui.
25:34 - Alors il y a plein de façons d'entrer dans les services de renseignement mais la meilleure
25:38 voie c'est effectivement, ça paraît pas très glamour, là on est très loin de James Bond,
25:42 mais les concours administratifs si vous regardez, la DGSE a un site internet avec la liste des
25:48 postes à pourvoir et vous pouvez présenter votre candidature.
25:51 - Et est-ce que c'est vrai cette légende qui dit que parfois on peut être approché
25:55 dans la vie de tous les jours par des gens qui vont vous recruter comme un civil mais
26:02 travaillant pour la DGSE ?
26:03 - Alors ça dépend, tous les services de renseignement et donc tous les officiers de
26:08 renseignement, ceux dont c'est le métier, qui ont été formés, qui sont des fonctionnaires
26:13 travaillant pour un service, et bien évidemment on cherche ce qu'on appelle des agents.
26:16 Et l'agent c'est pas du tout glamour, c'est quelqu'un qu'on va manipuler, c'est quelqu'un
26:20 qu'on va tenir d'une manière ou d'une autre, soit par de l'argent, soit en le faisant chanter,
26:24 soit en jouant sur ses motivations profondes, l'ego, les choix idéologiques.
26:29 - Donc c'est un métier que vous le conseilleriez ou pas ?
26:31 - On est vendu comme ça, on n'a pas envie là, c'est sûr.
26:33 - Disons qu'il vaut mieux éviter d'être un agent manipulé, parce que vous êtes dans
26:38 la main de quelqu'un d'autre, ce qui n'est pas agréable, et puis il y a toujours un moment
26:42 où vous avez franchi un point de non-retour.
26:45 Donc si vraiment vous voulez travailler dans les services de renseignement, il vaut mieux
26:47 être officier de renseignement, ou alors, ce qui est beaucoup plus chic, vous êtes
26:51 honorable correspondant, c'est-à-dire quelqu'un qui, de façon désintéressée, par patriotisme,
26:56 donne parfois un coup de main dans son domaine de compétences.
27:01 - Comment vous avez eu toutes ces infos ?
27:04 - En fait, toutes ces infos, d'un certain point de vue, sont accessibles, mais de façon
27:10 totalement dispersée, mélangée.
27:12 Et comme me l'a dit un vieux de la vieille, un ancien des services, qui est un bonhomme
27:16 extrêmement avisé, il m'a dit "Vous savez, réunir des sources ouvertes en un seul document,
27:22 c'est déjà faire du renseignement".
27:23 Voilà ce que j'ai fait.
27:24 - Donc vous faites du renseignement, Bruno Frenier.
27:26 Michael Cohen, vous aviez une question ?
27:27 - Non, non, vous disiez "il vaut mieux pas être manipulé", mais on a l'impression, quand
27:30 on lit "Le Bureau des Légendes" et puis d'autres ouvrages, on a l'impression que vous êtes...
27:35 Enfin, je ne vous parle pas, vous.
27:37 Ils sont tous manipulés à un certain niveau, à chaque échelon.
27:40 - Même sans les chefs, quoi.
27:43 - C'est ça qui est fascinant, bien sûr, alors qui est très très bien pour le cinéma,
27:48 les séries, le théâtre aussi.
27:50 Bon, mais qu'il faut savoir, c'est que c'est un univers de faux-semblants, c'est un univers
27:57 dans lequel tout est un petit peu à double tranchant.
28:00 C'est un univers compliqué.
28:02 Autant, ma foi, quand on est policier à la poursuite du crime, il peut y avoir des indics,
28:10 mais enfin, la zone grise est relativement étroite.
28:12 Dans le monde du renseignement, tout le monde espionne, tout le monde.
28:15 Par exemple, il n'y a pas d'alliance.
28:17 Deux pays qui militairement sont alliés pour être sûrs...
28:20 - Ils vont s'espionner quand même.
28:21 - Ils vont s'espionner quand même pour être sûrs qu'on n'a pas misé sur...
28:24 - Vérifier que c'est des bons alliés, quoi.
28:25 - Vérifier que l'allié est solide à tout point de vue.
28:28 - Oui.
28:29 Et alors, justement, vous avez un autre projet qui reste un peu dans le même univers.
28:33 C'est "Madame 100 kilos" que vous avez fait éditer chez Grund aussi.
28:35 C'est le fruit d'un travail méticulé autour d'un manuscrit qui a été acquis, vous m'arrêtez
28:39 si je me trompe, auprès d'un collectionneur.
28:41 Et ça nous transporte dans l'univers intrigant aussi d'une époque révolue où les espionnes
28:45 et les criminels se côtoyaient dans l'ombre.
28:47 Est-ce que c'est ça ? Est-ce que j'ai bien résumé ?
28:48 - Quasiment, en fait.
28:49 C'est juste aux éditions Lattesse.
28:50 - Pardon, j'ai mélangé les deux.
28:51 - Mais sinon, effectivement, il s'agit d'une drôle de femme, "Madame 100 kilos".
28:56 Alors, c'est un surnom, évidemment.
28:58 On est à la belle époque.
29:00 Donc, pour une femme, être bien en chair, c'était plutôt valorisant à l'époque.
29:03 C'est une Parisienne un peu truculente qui s'est beaucoup enrichie par toutes sortes
29:13 d'escroqueries.
29:14 Elle était un peu cocotte, mais surtout, elle montait des fiançailles.
29:19 C'était une sorte de marieuse.
29:21 Elle faisait miroiter à des messieurs qui avaient une particule des bâtards de la haute
29:27 aristocratie anglaise avec la perspective d'une dote importante.
29:31 À l'époque, évidemment, quand on épousait une femme, il y avait une dote qui était
29:34 versée par les parents.
29:35 Donc, il y avait des coureurs de dotes.
29:36 Et donc, elle montait ce genre de choses.
29:38 Évidemment, il fallait payer pour être mis en relation avec ces dotes potentielles.
29:43 Il fallait faire des cadeaux, des bijoux, des robes.
29:45 Elle, elle empochait tout.
29:46 Puis, bizarrement, au dernier moment, les fiançailles étaient toujours rompues.
29:48 Et puis, à un moment, elle est allée un peu loin parce qu'elle avait des rabatteurs.
29:52 Elle et son amant ont essayé de liquider un rabatteur.
29:55 Et là, il y a eu tentative d'assassinat.
29:57 Elle s'est retrouvée en prison.
29:58 Et cette femme très maligne et très active, en prison, tout à coup, s'ennuie.
30:03 Et comme elle a lu Rousseau dans sa jeunesse, elle décide d'écrire elle-même ses propres
30:08 confessions.
30:09 Et donc, j'ai trouvé ce manuscrit.
30:11 - C'était son manuscrit ?
30:13 - C'est son manuscrit.
30:14 Et donc, ce n'est pas un livre.
30:15 - Vous l'avez trouvé où ?
30:16 - En fait, c'était à vendre.
30:17 Je suis assez attentif à tous les documents qui peuvent passer, soit en salle des ventes,
30:22 soit dans des catalogues de libraires en chambre, des gens qui vendent un petit peu confidentiellement
30:26 des livreurs-arts, des manuscrits.
30:28 Et là, des fois, on trouve des petites choses.
30:30 Vous voyez, une photo, une fiche anthropométrique, une lettre.
30:33 Mais là, c'était 850 pages.
30:35 C'était la vie entière d'une femme criminelle de la belle époque.
30:38 Et en plus, c'est bien écrit.
30:39 C'est-à-dire qu'au départ, je l'ai acheté.
30:40 - Vous l'avez bien réécrit, vous ?
30:41 - Non.
30:42 Enfin, moi, j'ai écrit une introduction, des notes.
30:44 J'ai travaillé pour essayer de comprendre qui elle était.
30:46 J'ai retrouvé ses descendants, qui eux-mêmes avaient également des archives.
30:49 Mais sur le fond, au départ, quand j'ai acheté ce document, je pensais l'utiliser
30:53 comme un document pour un livre de moi.
30:55 - Un sujet de film génial.
30:56 - Exactement, c'est ce que je vous avais jamais vous dit.
30:58 C'est filmique, ça, Michael Cohen.
30:59 - Elle est extraordinaire.
31:00 Et d'ailleurs, le début de ses mémoires, elle l'a intitulé "Scénario".
31:04 Et ça démarre de façon très cinématographique, puisqu'elle décrit sa fuite dans la forêt
31:08 juste après la tentative de meurtre.
31:10 Elle a une maison à Bois-le-Roi, près de la forêt de Fontainebleau.
31:13 Elle s'enfuit et on dirait vraiment un scénario, alors qu'elle écrit ça en 1907, que le cinéma
31:19 en est à ses balbutiements.
31:20 Et puis après, il y a un superbe flashback et elle raconte toute sa vie incroyable.
31:25 - Et comment ça se fait, à votre avis, qu'elle n'a jamais été publiée et que vous avez
31:29 retrouvé ça dans un coin poussière aussi ?
31:31 - Elle a été publiée déjà une première fois ?
31:33 - Non, non, non.
31:34 - C'est écrit à la main ?
31:35 - C'est vraiment un manuscrit, donc elle rédige ça à la main dans sa cellule.
31:39 - Incroyable.
31:40 - En prison, elle l'a écrit.
31:41 - En prison, dans sa cellule.
31:43 Elle a l'espoir que ce soit publié dans un journal à l'époque, parce que son affaire
31:47 a fait un peu de scandale à ce moment-là.
31:49 Mais comme c'est vraiment des confessions, comme elle raconte vraiment tout, mais tout
31:53 quoi.
31:54 - Il y avait trop de monde dedans à priori, c'est ça ?
31:55 - C'est pas ça, mais c'est trop intime, c'est trop scandaleux, c'est impubliable en 1907.
31:59 - À l'époque, elle est tombée, tout ce qu'elle dit.
32:00 - Oui, parce que j'ai vérifié, par exemple, elle dit à un moment que sa famille, elle
32:04 a eu une éducation bourgeoise, puis elle a été ruinée parce que son père était
32:06 un venteur.
32:07 J'ai regardé, il y a bien des brevets déposés par son père à cette époque-là.
32:11 Et puis bon, on a des archives policières, judiciaires, il y a la presse de l'époque,
32:15 elle n'invente pas.
32:16 Par contre, elle va raconter des choses extrêmement intimes.
32:19 Elle va raconter sa nuit de noces ratée, par exemple.
32:22 Il y a un chapitre entier sur sa nuit de noces ratée.
32:24 - C'est une très belle femme, c'est magnifique.
32:26 - Sachant que c'est une femme qui va se marier trois fois, et quand je dis trois fois, c'est
32:30 pas successivement.
32:31 - C'est scandaleux à l'époque aussi, ça ?
32:32 - Oui, parce que c'est pas successivement, elle ne divorce pas.
32:33 Elle a trois maris en même temps.
32:36 - Pour vous donner une idée.
32:37 - À qui on achète les droits ?
32:38 - Voilà, Bruno, finiez, Michael Cohen, vous avez un projet, ça s'appelle "Créer le lien".
32:43 C'est excellent, quand ça marche comme ça, on est content.
32:46 Finalement, Michael Cohen, ce genre de sujet, effectivement, comme je vois que ça vous
32:50 percute tout de suite, c'est ce genre de sujet qui donne envie de faire partir aussi avec
32:54 vous, parce que ça vous crée tout de suite des rêves, des images.
32:56 C'est comme ça que vous fonctionnez en général, quand vous écrivez aussi, ou quand vous tombez
33:00 sur un sujet, comme vous parliez de mon temps tout à l'heure, finalement, vous incarnez,
33:03 c'est un truc qui vous emporte.
33:04 - Oui, j'adore partir de la vraie vie, comme on dit, et d'être dans des choses parfois
33:10 insolites, et qu'on romance, et qu'on exploite.
33:14 Moi, j'écris aussi, j'écris des pièces de théâtre, des romans.
33:19 J'ai un troisième roman qui va sortir en février, qui s'appelle "L'attraction du désordre".
33:24 Bon, c'est des choses inventées, mais quand même...
33:28 - Très inspirées.
33:29 - Inspirées de choses que j'ai ou vécues, ou entendues, ou vues, et j'aime bien m'imprégner
33:36 de tout ça, et de me balader.
33:38 J'écoute très très bien, je retiens très très bien.
33:42 J'ai pas peur aussi parfois de me lancer dans des histoires où je sais que ça va être
33:45 très compliqué, mais je vais pouvoir peut-être comprendre quelque chose d'eux.
33:48 Donc voilà, oui oui, mais dès que j'entends une histoire comme celle-là...
33:54 Bon déjà, l'espionnage...
33:55 - C'est passionnant.
33:56 - C'est passionnant.
33:57 J'ai un projet peut-être un jour qui va se faire, qui s'appelle "GSR", tiré de roman,
34:03 ou donc pour jouer à un espion français comme ça, oui c'est un peu un rêve.
34:07 Alors effectivement, je sais peut-être pas le physique de l'emploi, parce que c'est peut-être...
34:14 - Vous êtes trop beau, c'est ça ?
34:16 - Non mais peut-être que je me bombe pas assez dans la masse, mais je vais travailler là-dessus.
34:21 - Je suis sûre que vous allez y arriver.
34:22 On est bien sur Soudradio, vous êtes au bon endroit avec nous, chers auditeurs.
34:27 C'est excellent avec Michael Cohen, acteur et écrivain, et Bruno Fulini, essayiste et
34:32 écrivain et haut fonctionnaire.
34:34 On revient tout de suite, restez là.
34:35 C'est excellent sur Soudradio et c'est le cas de le dire.
34:37 Il nous reste un petit quart d'heure ensemble avec l'acteur qui réalise et qui écrit,
34:40 Michael Cohen, et le haut fonctionnaire qui écrit lui aussi, Bruno Fulini.
34:44 Michael Cohen, avant de continuer à échanger, je vous propose de vous écouter un petit peu.
34:47 - C'est toi qui finiras seul.
34:49 Tout le monde partira un jour ou l'autre.
34:51 - T'as souffert pendant 12 ans, ça te suffit pas ? Tu veux remplir les poids en 12 ans encore ?
34:55 - Je sais pas, ça se taise pas l'amitié.
34:57 Je suis pas débile.
34:58 J'avais juste envie de vous voir et de rigoler un peu.
35:00 Moi, j'avais envie de dormir, tu vois.
35:01 - Ben, va te coucher.
35:02 - Tu es exactement comme ton pote Léo.
35:08 Tu es incapable de t'engager dans quoi que ce soit.
35:09 Lui, il se marre, il sort, il se crame.
35:12 Mais bon, voilà, ça le mérite d'être clair.
35:14 - T'avais besoin de moi, c'est ça ?
35:15 - Michael Cohen sur Soudradio.
35:23 Alors, Michael, j'ai choisi trois extraits.
35:25 Il y a "Une vie à t'attendre", qui est sorti en 2003 de Thierry Cliffa.
35:29 Il y a "L'invitation", qui est sorti en 2016, que vous avez mis en scène.
35:32 Et puis, il y a "Maison Clos", saison 2, qui est sorti il y a quelques années aussi.
35:36 Alors, je les ai choisis ces extraits parce qu'ils reflètent votre savoir-faire, à part le théâtre et l'écriture, évidemment.
35:41 Dans "Une vie à t'attendre", le film, c'est celui qui, finalement, vous a vraiment révélé au public, aussi au cinéma.
35:46 Donc, c'est un film important pour vous.
35:48 Il y a aussi "L'invitation", que vous avez réalisé, où vous jouez également.
35:52 Donc, c'est encore un autre sujet.
35:54 Et puis, il y a "Maison Clos", la série "Succès de Canal", et on est dans la télé.
35:57 Donc, déjà, je voulais savoir sur les trois types de jeux, de supports, de manières...
36:02 Parce qu'il y a aussi "se mettre en scène" dans l'histoire.
36:05 Est-ce que vous faites différence, dans votre manière de jouer, finalement ?
36:10 - Alors, moi, à la base, à 13 ans, j'ai eu une révélation.
36:14 J'ai su que je voulais être comédien.
36:15 - Bravo !
36:16 - Je voulais ni être ni scénariste, ni réalisateur, ni auteur.
36:19 Je voulais être comédien.
36:20 Et en fait, dès que j'ai commencé à prendre des cours de théâtre, ou cours fleurants,
36:23 j'ai vu qu'on était quand même beaucoup à avoir ce même rêve.
36:26 Et je me suis dit "pourquoi on va venir me chercher, moi, et pas d'autres ?"
36:28 Donc, très vite, je me suis mis à écrire et à...
36:30 et à... comment dire ?
36:33 - Pour être force de proposition, quoi.
36:34 - Ouais, mettre en place mes propres projets, etc.
36:36 Et puis, petit à petit, l'écriture s'est mêlée avec mon travail d'acteur.
36:42 Et dès que je ne travaillais pas comme comédien,
36:44 ce qui est quand même plus difficile pour un acteur, c'est d'être dans la tente,
36:48 et bien, je me mets à écrire, et puis je me mets à réfléchir à un projet.
36:50 Donc, ça me permet de survivre pendant ces moments d'accalmie.
36:54 Et voilà...
36:56 - Et puis ça devient des passions, aussi, finalement.
36:58 - Bien sûr, et puis maintenant, ça fait partie...
36:59 - Vous y avez pris goût, quoi.
37:00 - Oui, ça fait partie de mon travail.
37:02 Et donc, voilà, j'ai écrit des pièces que j'ai mises en scène, dans lesquelles j'ai joué,
37:07 et puis après, j'ai réalisé deux films, dans lesquels je joue aussi.
37:12 - Alors, justement, sur le fait de se mettre en scène soi-même quand on joue,
37:15 c'est pas forcément chose aisée.
37:16 Vous avez quoi ? Vous avez un très bon assistant ? Vous regardez derrière ?
37:19 - Non, c'est pas ça. C'est déjà, comme j'écris les scénarios,
37:21 je sais exactement de quoi je parle, et d'où partent les personnages, où ils arrivent.
37:26 Et puis, en fait, c'est assez agréable, aussi, parfois, de ne pas avoir le regard du metteur en scène.
37:30 Ça permet peut-être de lâcher un peu plus prise.
37:33 Pour mes partenaires, aussi, qui jouent avec moi dans mes films,
37:35 parce qu'ils n'ont pas, derrière, le combo, donc on est à armes égales.
37:39 Et non, ça permet, justement, de se lâcher encore plus.
37:42 Et c'est des expériences formidables que j'espère reproduire bientôt.
37:47 - Donc, vous avez la télé, le théâtre, le cinéma, l'écriture, aussi, et la mise en scène,
37:54 finalement, que ce soit mise en scène ou réalisation.
37:57 Ces cinq médiums qui se complètent totalement chez vous,
38:00 et qui sont, en fait, comme les cinq doigts de votre main, maintenant, aujourd'hui.
38:03 - Pas mal, ouais, c'est ça.
38:05 Je ne fais pas de différence, en tout cas.
38:06 J'essaye d'être le témoin de ma vie, ou de la vie des gens qui m'entourent.
38:12 J'essaye de raconter quelque chose de notre époque,
38:15 de quelque manière que ce soit, de quelque support que ce soit.
38:19 J'ai toujours envie de raconter des choses.
38:21 Je suis, encore une fois, une éponge, je prends beaucoup, beaucoup,
38:25 et j'arrive à le retranscrire, soit dans le jeu...
38:28 - C'est presque nécessaire, si on vous écoute vraiment.
38:30 Parce que sinon, ça serait compliqué de tout garder.
38:32 - Oui, oui, oui.
38:33 Et puis, ça ne se sent peut-être pas là, parce qu'aujourd'hui, c'est un peu lourd,
38:36 mais j'essaye de faire ça aussi avec un peu de légèreté.
38:38 C'est pas que...
38:40 J'essaye d'apporter de...
38:41 Il y a souvent une ironie, un peu du désespoir dans ce que j'écris, ou dans ce que je fais.
38:45 - Vous l'avez dit, un nouveau roman qui sort en février, "L'attraction du désordre".
38:50 "L'attraction du désordre", ça vous résume bien aussi, j'ai envie de dire.
38:53 - Oui, c'est parfait.
38:54 Je me suis trouvé un bon titre.
38:56 C'est l'histoire, en gros, d'un homme qui tombe amoureux d'une femme.
39:01 Tout se passe très, très bien.
39:02 Un jour, elle lui raconte une passion qu'elle a vécue juste avant lui.
39:05 Mais comme ça, pour être en toute...
39:09 - Franchise, honnêteté.
39:10 - Franchise, honnêteté avec lui.
39:11 Et puis, lui, d'abord, il le reçoit avec beaucoup d'amour et d'empathie.
39:13 Puis, petit à petit, c'est comme un virus, une mauvaise graine qu'elle a mis dans son crâne.
39:17 Il commence à nourrir une jalousie rétrospective de plus en plus forte.
39:21 Et il n'arrive pas à s'en débarrasser.
39:22 Il va avoir des hypnotiseurs, plein de choses, il n'y arrive pas.
39:25 Et donc, il décide un jour d'aller voir cet homme-là, cet homme du passé,
39:29 pour arrêter de le fantasmer.
39:32 Et quand il va le rencontrer, il va avoir un coup de fou dans la micale pour lui.
39:36 Et puis, ça va foutre trop bien sur le bordel.
39:39 Voilà, ça, ça, ça...
39:41 - C'est du vécu ou pas ?
39:42 - C'est plein de choses.
39:44 - C'est plein de choses vécues en même temps.
39:45 - Mais je parle autant de l'amour entre deux personnes de sexe différent ou du même sexe,
39:51 et l'amour dans l'amitié, et la passion dans tout ça.
39:54 Et aussi, de se dire que tous nos ex, je pense que s'ils se retrouvaient ensemble...
39:59 - Ils devraient être les copains.
40:00 - Mais bien sûr, ils ont forcément des points communs,
40:02 alors qu'on passe souvent notre temps à essayer de les dénigrer.
40:05 - Donc, ils n'étaient pas si mal, les ex ?
40:07 - Moi, j'aime toutes les femmes qui ont eu la gentillesse de m'aimer un peu.
40:15 - Bruno Fulini, vous avez écrit, on l'a dit tout à l'heure aussi, des scénarios de films,
40:20 puis des pièces de théâtre.
40:21 Alors, ce que j'ai remarqué dans toute cette œuvre, c'est qu'il y a la séparation,
40:25 c'est avec Pierre Arditi, il y a "La Française doit voter" avec Thierry Frémont,
40:29 il y a deux pièces de théâtre dont par exemple "La Valise de Jaurès".
40:31 En fait, on est sur des thèmes de société ou des thèmes d'histoire en récurrence,
40:35 la fiction pour vous, elle a un vrai rôle dans la création d'un dialogue,
40:38 aussi sur les enjeux sociaux, politiques, c'est pour ça que vous le faites ?
40:41 - Un dialogue, et puis aussi un dialogue entre le passé et le présent.
40:46 Ça aide à comprendre aussi, nos parents, grands-parents, arrière-arrière-arrière-grands-parents,
40:51 souvent on a un peu tendance à diffamer un peu nos ancêtres,
40:54 à leur prêter des choses qui n'étaient pas forcément dans leur tête.
40:57 Alors moi à la base, je suis surtout et avant tout historien,
41:00 mais je me rends bien compte que lorsqu'on publie un ouvrage très savant
41:04 sur un débat d'il y a 150 ans, 200 ans, on va toucher 1000, 2000 personnes, 3000 personnes,
41:10 on est très contents, et que lorsqu'on passe par la médiation,
41:14 parce que c'est de ça qu'il s'agit, de la scène ou de l'écran,
41:18 eh bien avec les mêmes sources, avec les mêmes documents, avec les mêmes personnages,
41:22 on va toucher évidemment un public beaucoup plus large qui va être étonné,
41:25 parce que les gens ont des fois des préventions.
41:27 - Parce que ça devient ludique en fait, c'est ça non ?
41:29 - En fait c'est la vie, c'est vivant.
41:31 Je ne sais pas pourquoi, mais moi je n'ai jamais ressenti ça,
41:35 mais beaucoup de gens ressentent l'histoire comme quelque chose d'écrasant,
41:37 voire d'hostile, de lointain, de poussiéreux.
41:40 Moi j'ai eu la chance d'avoir un grand-père qui était simple marchand forain,
41:44 chaque fois qu'on passait dans une ville, il me disait "ben là il y a Napoléon qui est passé,
41:48 là il y a Louis XIV qui est venu là", j'avais l'impression qu'il était à côté de moi vous voyez.
41:52 Et donc enjambé comme ça à la barrière du temps,
41:55 c'est ce que permet l'écriture bien sûr, et encore plus la magie de la scène,
42:00 la magie de la caméra.
42:02 Donc par exemple les pièces que vous avez citées,
42:04 en fait je suis parti de ce qu'il y a de plus austère au monde,
42:07 des vieux numéros du journal officiel.
42:09 Franchement il n'y a pas de quoi s'amuser.
42:11 Sauf que si vous les épluchez,
42:13 et bien vous trouvez des comptes rendus de débats magnifiques,
42:16 avec des gens comme la Martine, Victor Hugo, Jaurès, Clémenceau,
42:20 qui se sont exprimés,
42:22 et c'est comme si on avait des enregistrements sonores,
42:25 tellement leur parole a été recueillie au mot près.
42:29 Et quand on commence à travailler avec des comédiens,
42:31 le comédien repère tout de suite la respiration dans la phrase.
42:34 Et donc voilà, c'est ce genre de choses que j'aime bien faire,
42:37 c'est faire revivre au fond, et un petit côté aussi magique,
42:40 faire revivre comme cela des personnages, des épisodes du passé,
42:44 et évidemment pas uniquement pour le goût du passé,
42:48 mais parce que ça répond à des thématiques d'aujourd'hui,
42:51 qu'il s'agisse effectivement de la laïcité,
42:54 qu'il s'agisse des droits, qu'il s'agisse de la répartition des rôles entre mes femmes.
42:57 Ce sont des débats d'une actualité totale,
43:00 et il ne faut pas oublier que ces débats, nos grands-parents, nos arrière-grands-parents,
43:03 les ont eus aussi à leur manière et dans leur langage.
43:06 - Bien sûr, c'est passionnant tout ça.
43:08 Est-ce que vous avez un moment précis, Bruno Filigny,
43:10 où vous avez su que vous vouliez devenir historien, essayiste, etc. ?
43:14 Est-ce que c'est des choses que vous êtes prédestinées,
43:16 ou ça vous est tombé dessus ? Comment ça s'est passé ça ?
43:18 - En fait, je n'ai jamais pris la décision.
43:20 Je crois que d'aussi loin que je me souvienne,
43:23 à partir du moment où j'ai su lire, j'ai lu,
43:26 et à partir du moment où j'ai su écrire, j'ai écrit.
43:29 Alors je pense que les premiers essais devaient être un peu laborieux,
43:32 et pas forcément publiables.
43:34 - Vous n'avez pas gardé ?
43:35 - J'ai beaucoup déménagé, donc je pense qu'il y a eu pas mal de pertes,
43:37 c'est pas plus mal.
43:39 - C'est un petit peu en histoire à l'école ?
43:41 David Bonnet en histoire à l'école ?
43:43 - Oui, oui, oui.
43:44 Et puis très vite, je me jamais bien écrire de façon générale,
43:48 et pour moi l'histoire c'est une analyse, mais c'est aussi un récit.
43:51 C'est pas simplement des dates, des trucs qu'on apprend par cœur,
43:55 c'est d'essayer de reconstituer,
43:58 et donc de narrer quelque chose, et aussi pour le partager.
44:01 Et j'ai eu la chance d'avoir des bons profs d'histoire là-dessus aussi,
44:04 qui savaient nous faire revivre tout ça.
44:06 Je crois qu'on est bon en histoire quand on comprend
44:09 que c'est l'histoire des êtres humains dont on parle.
44:12 - Oui, dans l'histoire c'est intéressant quand on raconte une histoire.
44:15 - Et je lui mets vos paroles sur Montand,
44:18 parce que c'est vrai que Montand, Yves Montand, c'est un personnage historique aujourd'hui.
44:21 Qui ne connaît pas Yves Montand en France ?
44:23 C'est une époque, c'est une génération, il signifie plein de choses.
44:26 C'est un parcours aussi qui est très intéressant, à la fois atypique.
44:29 - Avec des contradictions.
44:30 - Eh oui, exactement.
44:31 Le communisme aussi, enfin toutes sortes de choses.
44:35 - Mais ça fait partie de notre histoire,
44:37 et c'est bien de le raconter comme une histoire aussi.
44:39 - Alors il nous reste assez peu de temps, Michael,
44:41 je vais quand même vous demander à vous aussi, Michael Cohen,
44:44 vous avez dit que vous avez décidé à 13 ans d'être comédien,
44:46 mais est-ce qu'il y a un élément déclencheur en particulier ?
44:49 - Non, j'aimais pas la vie dans laquelle j'étais,
44:53 j'avais besoin d'en vivre d'autres.
44:56 Et il me semblait que...
44:58 J'adorais le cinéma, à 13 ans, j'avais déjà vu tous les films de Truffaut,
45:03 de Sauter, même de Pialat.
45:06 Le cinéma me permettait d'aller ailleurs,
45:09 donc je me disais peut-être qu'en étant comédien,
45:11 ça me permettrait de vivre d'autres vies.
45:14 Et j'ai eu cette illumination,
45:16 mais un peu comme une personne qui rentre dans les ordres.
45:20 Je sais pas si vous le savez,
45:21 j'avais personne dans ma famille qui était là-dedans.
45:23 - C'est une vocation.
45:24 - Oui, c'est ça, j'ai mis un pas sur une scène du Cours Florent.
45:28 - À 13 ans ?
45:29 - Non, à 15 ans.
45:30 - Ah oui, très tôt.
45:31 - J'ai 12 ans à trouver le chemin.
45:34 Et puis là, j'étais chez moi.
45:37 Toujours chez moi, et tous les soirs, je suis chez moi, sur scène.
45:40 Je suis à la maison.
45:41 - Donc finalement, pour faire bien les choses,
45:43 parce qu'on va quand même parler de deux secondes d'excellence avant de se laisser,
45:46 il faut être passionné.
45:47 C'est un peu le cercle.
45:49 - C'est ce que je souhaite à tout le monde, à tous les enfants en tout cas,
45:51 à tous les adolescents, c'est de trouver une passion, ça c'est sûr.
45:54 - Bruno Fuligny.
45:55 - Une grande espionne, Ida St-Elme,
45:57 qui a écrit ses mémoires à la fin de sa vie,
45:59 et qui dit qu'elle ne regrettait rien de ce qu'elle n'avait fait,
46:01 elle ajoutait "les passions nous font vivre double".
46:04 - J'adore, ça me va très bien ça aussi.
46:06 Merci à tous les deux,
46:07 Michael Cohen et Bruno Fuligny, d'être venus par ici.
46:10 Alors Michael Cohen, je rappelle, vous êtes à l'affiche de Bengalo 21,
46:13 mise en scène par Jérémy Lippmann au théâtre de la Madeleine.
46:15 C'est du mercredi au samedi à 21h.
46:17 Il y a aussi une matinée le samedi à 16h, attention.
46:19 Et puis vous êtes aussi le 16 octobre prochain dans "Destin de femme".
46:22 Ça sera à 20h au théâtre du Rond-Point à Paris.
46:24 Bruno Fuligny, on vous retrouve aux éditions Grund,
46:27 le 12 octobre prochain avec votre "Atlas secret du renseignement".
46:30 Attention à ne pas rater, pour ceux que ça intéresse, c'est vraiment passionnant.
46:33 En partenariat avec le bureau des légendes,
46:35 et puis sans oublier le manuscrit inédit "Les confessions de Madame Sanquilo".
46:38 Ça a l'air pas mal aussi.
46:39 Et c'est chez Jean-Claude Lattès, je ne me suis pas trompée cette fois-ci.
46:42 Ça a été édité grâce à vous.
46:43 Merci à Quentin Cabanise, votre réalisateur du jour.
46:46 À Sud Radio, ses équipes.
46:47 Toutes vos émissions sont sur le site, la chaîne YouTube de Sud Radio,
46:50 et les réseaux sociaux.
46:51 A dimanche prochain, je vous embrasse les copains.
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