L’utile leçon du dernier prix Nobel

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00:006h-9h, Europe à Matin.

00:04Et à 7h20, Jacques Serret, c'est l'heure de l'édito éco.

00:08Avec Olivier Babaud. Bonjour Olivier.

00:10Bonjour Jacques, bonjour à tous.

00:12Olivier, ce matin, vous revenez sur le prix Nobel d'économie décerné à un Français, Philippe Aguillon.

00:17Et vous nous dites que nos politiques feraient bien de retenir ces leçons.

00:21Oui Jacques, un prix à l'Académie royale des sciences de Suède, c'est d'abord une fierté nationale, évidemment.

00:25Mais au moment où la France semble plus divisée, incertaine que jamais, sur l'avenir qu'elle veut se donner,

00:30c'est aussi l'occasion d'écouter les leçons de ses travaux.

00:32Alors qu'a-t-il apporté de si essentiel à la science économique ?

00:36Alors Philippe Aguillon, avec Ovid, a renouvelé la théorie de la croissance,

00:40en la fondant sur ce que Schumpeter appelait la destruction créatrice.

00:44Cette sorte de dialectique économique par laquelle la prospérité naît de l'innovation,

00:49du renouvellement permanent des technologies, des entreprises, des idées.

00:52La croissance ne résulte pas d'un simple empilement de capital et de travail,

00:57mais d'un processus désordonné et concurrentiel où les nouveaux acteurs remplacent les anciens.

01:01Et en quoi cela nous concerne-t-il, nous, Européens ?

01:05C'est une leçon directe pour nos économies fatiguées.

01:08On doit redécouvrir le moteur de la prospérité dont l'affaissement nourrit toutes les tensions actuelles, celles qu'on vit.

01:13Ce ne sont pas des plans d'investissement planifiés par l'État qui créent la richesse,

01:16mais la liberté d'inventer et d'entreprendre.

01:18À trop vouloir réduire l'incertitude et les tensions en contrôlant et en protégeant,

01:23on tue le ressort même de la richesse future.

01:25La croissance vient de l'innovation, pas de la dépense publique.

01:28Et d'où vient l'innovation ?

01:30L'innovation vient de la concurrence.

01:32Quand les entreprises sont protégées, elles cessent de chercher, malheureusement, on le voit tout le temps.

01:36Les subventions et les monopoles endorment les idées, c'est la rivalité, pas la rente, qui pousse à innover.

01:41Et la place de l'État dans tout ça, Olivier ?

01:43L'État doit créer les conditions favorables à l'innovation, l'éducation, la recherche, la mobilité sociale,

01:49les infrastructures, mais sans se substituer au marché.

01:52L'Europe adore planifier, subventionner et réguler.

01:55Aguillon nous rappelle que l'État stratège doit rester un arbitre et pas un joueur.

01:59Certains diront pourtant qu'il faut davantage redistribuer les fruits de la croissance.

02:04Justement Jacques, Aguillon montre que la vraie justice passe par la mobilité, pas par la confiscation.

02:08Les incitations à entreprendre, à investir, à prendre des risques déterminent le niveau de vie collectif.

02:14Vouloir corriger, exposte les inégalités en punissant les réussites, c'est condamner la croissance elle-même.

02:19Ainsi, vous deviez résumer ce Nobel en trois idées, Olivier.

02:231. La croissance vient de l'innovation.

02:262. L'innovation vient de la concurrence.

02:293. L'État doit garantir la liberté d'innover, pas la remplacer par la bureaucratie.

02:34Signature Europe 1, Olivier Babot.